INSTITUT SENEGALAIS DE RECHERCHES AGRICOLES...
INSTITUT SENEGALAIS DE RECHERCHES
AGRICOLES (I.S,RA.)
ISRA-PRODUCTIONS ANIMALES
:1..;+
4
LABCIRATOIRE NATIONAL DE L’ELEVAGE
lb
ET DE RECHERCHESVETERINAIRES
DIAGNOSTIC ET PREVENTION
DE LA PlZRINEUMONIE CONTAGIEUSE BOVINE @‘PCB)
AU SENEGAL
lhcteur Mamady KONTE?
Chef du tkrvice de MimbiOc$e
COMMUNICATION A LA 1Zème CONFERENCE
REGXONALE
DE L’O.LE. POUR L’AFRIQUE
REF. No OWPATHChiNIM.
2831 Janvier lW7 - PRETORIA (Afrkpe du Sud)
NOVEMBRE 1996


*
***
L’auteur donne un apequ sur les acquis enregistrés par le Laboratoire National d’Elevage et de
Recherches Vkkbires de Dakar daus le domaine des connaissances et des te&noi~w
transfbnks en matî&e de diagnostic et de prbv~tion de la pkineumonie contagieuse bovine
(PPCB) a u Sénrigal. IIe nombreux travaux ont ainsi 6th nMis&s dans le cadre de
l’amélioration des techniques de diagnostic et de mise au point et amélioration des vaccins. Les
efkrts ont d’avantage porté sur la prophylaxie médkale que sur la prophylaxie sanitaire pour
des raisons que l’auteur rappelle. Les itx&&ances ainsi relevkes peuvent &e wrrigbs dans le
cadre d”un r&mu national d’kpid&kwurveillance
sptkifique de la PPCB, propose l’auteur ~II
conclusion

DIAGNOSTIC ET PREVENTION
DE LA PERIPNEUMCMIE C!ONTAGIEUSE BOVINE (PPCB)
AU SENEGAL
La péripneumonie contagieuse bovine est en extension en Afkique, selon les indications
données par l’OIE$, la FAO, le PARC et l’OUA. Ces Institutions la considèrent comme la
deuxième epizootie, apms la peste bovine, pouvant être eradiquée du continent.
Dans cette optique, le Sknegal met en pratique le principe qui veut que pour l’Afrique la lutte
contre la PPCB doit reposer essentiellement sur la prophylaxie mkiieale par vaccination
systematique annuelle de toute la population bovine en respectant des mesures sanitaires
mineures telles que l’isolement des malades. Ces actions tendraient a obtenir un taux
d%fection le plus bas possible, dans un premier temps, pour envisager l%radication totale
dans un deuxieme temps. Cette pratique a gener4 des r&wltats tangibles, notamment, une
couverture vaccinale correcte du cheptel attestée par l’absence de foyer de PPCB depuis 1981.
Le foyer de 1993 enregistm d la frontiere sud avec la Cuin4-e Bissau, rapidement circonscrit et
jugule, est comme une alerte a une vigilance soutenue dans l’application des mesums
prophylactiques.
Tous les efforts doivent donc tendre a se doter des techuoLogies les meilleures pour faire fwe
aux besoins d’un diagnostic rapide et fiable et a la production de vaccins efficaces, mais aussi a
la mise en place d’un systeme de surveillance adapté.
DIAGNOSTIC DE LA PPCB
DIAGNOSTIC CLINIQUE
Devant un animal pr&w.utant des troubles respiratoires accompagnée d’une d&&ioration de
l’état g&&al, penser à la PPCB et effectuer alors l’autopsie d’un malade sacrifie pour
rechercher les Msions et fàire des pr&vements d’organes et de sang.. Sur cette base des foyers
ont été identifiés a Kklougou, Fongolembi, Thies, Tivaouane, et plus 16 cxmment (1993) à
Tanaff, Le fayer de Ling&e, au niveau d’un forage situe a 5 km de la ville est du a un bovin
venant de Mauritanie (identifie par DCUTRE).
‘DIAGNOSTIC NECIWPSIQUE
Une atteinte dissymkrique des poumons avec locahsation postérieure pr+fkrentielle, la
présence de liquide pleutique en graude quant& çcragulant rapidement, la pr&ence
d’ »omelettes>z fibrineuses, l’hepatisation pulmonaim particuke donnant une image de
marmorisation, la presence de séquestres encapsules de toutes tailles, signent la PPCB a
l’exclusion d’autres affections sur la base d’un diagnostic dif%émntiel minutieusement établi.
Ces lesions ont été rkguli&ement mis en évidence au niveau des troupeaux des foyers connus
mais aussi au niveau des abattoirs, celui de Dakar en partiwlier où arrivent des bovins de
toutes les rkgions du Sknkgal et des pays limitrophes, de la Mauritanie notamment.

DIAGNOSTIC EXPERIMENTAL
L’isolement et l’identification de l’agent causal sp&fique de la PPC33 @scoplasma myceides
var. mycoides SC biotype bovin) est la metiode det errnhante de diagnostic de la maladie. Pour
un laboratoire entraine, l’execution en est relativement aise. Ainsi, d partir de cadavres des
foyers connus ou de pr&vements d’abattoirs, l’isolement est effitue au niveau du LNERV, la
spktication en etait faite par 1’IEMVT jusqu’en 1985 et depuis au LNERV. Des chercheurs
compktents existe& desormais pour effectuer l’identification complete, tant par les methodes
bacteriologiques classiques que par la technique genetique moleculaire de polym&isation en
chaîne par polymérase (PCR).
Lors de suspicion ou d’tclatement de foyers de PPCB, des enquetes sérologiques sont rnerkes
en vue d’un diagwstic indirect et une etude pr&alence. A cet effet, les techniques
d’agglutination rapide sur lame> applicable et souvent appliquée sur le terrain et de fixation du
complement selon CAMPIBLL et TURNE!R a micromethode ou en tubes sont couramment
utilisees au LNERV. La technique ELISA est bien connue au LNERV, elle y sera appliquee au
diagnostic de la PPC23 dès qu’elle sera standardisée et Valid&e.
PREVENTIONDELAPPCB
Depuis sa orkation et particulikment depuis 1940, les microbiologistes du Laboratoire de
Dakar se sont intéresses 8 résoudre les nombreux problemes poses par le w&r8le et
l’&adication de la PPCB dans Wuest Afkicain. L’eflort a ainsi été mis sur I’amélioration des
techniques de diagnostic et sur la
production en quantité st.rfIisante des vaccins
tIUltipétipIlel.ImOIliqUeS.
La prophylaxie m&dioale est certes essentielle dans la lutte contre la PPCB, mais l’aspect
sanitaire de cette prophylaxie n’en est pas moins important; seul se pose le probl&ne de son
applicabilite dans le contxte atkain
PROPHYLAXIE SANITAIRE
En r&gians indemnes de PPCB : interdiction d’bportation de bovins venant de pays suspeets
ou infectés; surveillance aux fktieres (certificats de santé, quarantaine d’au moins 6
semaines, 2 examens sérologiques B un mois d’intervalle par fixation du eompknent).
En r&ghns accidentellement infectés : abattage des bovins malades et c.ontaminés, avec
indemnisation des propri&aires, recherche active de nouveaux fwers, contr6les sérologiques au
niveau des troupeaux suspects mais jamais controles individuels, immobilisation et
cpmmbine de ceux reconnus positifs;
En rkgîens d’-tic, particulikement en Afiique mtmpicale, et &urs les zones de foyers
actifs : l’abattage intkgral des troupeaux malades et contaminés ne peut &e &alisé pour des
raisons &conomiques ou sociologiques; mettre en oeuvre alors la politique suivante prkwisee
par le groupe d’experts OUA@AoIoIE :

Zaue d’enzatotie : 2 vaccmations au TX à 6 mois d’intervalle puis vaccinations
annuelles au Tl
Foyer actif: 2 vaccinations au Tl a 2 mois d’intervalle, une troisieme vaccination
au T16 mois apnk, puis vac&ations annuelles au Tl.
Dans ce dispositif, les malades cliniques devraient être abattus pour la consommation, et une
indemnite payee aux propri&aires. Tous les bovins doi.vent être vaccin&, y compris les veaux.
LES FAITS:
Le Sènègal se situe en zone d’enzootie pkipneumonique. Les surveillances aux fkontikes avec
pratique de la goantaiïïr sont inop&antes pour diverses raisons, notamment, le caractère
extensif des klevages en géntiral , la porosité des fkonti&es... Ces instiances purront &re
corrigées dans le cadre de la mise en place pmchaine d’un systeme d’ripid&niosurveillance
fyècifique.
PROPHYLAXIE MEIMCALE
La s&ction de souches vaccmaks adaptees à la sensibilité des difBrent.es races boviues
mcontrèes dans la sous-mgion ouest afkicaine, la mise au point de Va=ins efficaces et leur
amélioration constante, ont fait l’objet de nombreux travaux au LNEIIV.
LES SOUCHES VACCINALES
La souche DK : a bté emploiyée pendant de ncrmbreurres ann& avec succès. C’est une souche
sauvage locale atténuée par repiquagea successifs en bouillon. Elle a servi à immuniser des
millions de zébus.
La souche KH3J : isolbe en 1940 au Scmdan (ex. ~%uckm angle-&yptien), envoy6e B Vom
(Nigeria) en 1948 avec d’autres souches soudanaises pour des etudes approfondies d’abord par
GAMBLES puis par LINDLEY; testee ensuite en Australie par ?!IUDSON. Elle est utilisee a
son 86 ème passage sur oeufembryonne.
Les souches Tl, T2 et T3 : sont origmaires de Tanzanie, de virulence naturelle modeme,
adaptée a la culture en oeuf de poule embryonue par SHHUl?.F-PIFXLY et KNIGPLT entre
195 1 et 1957. La souche Tl, seule retenue f%wlement, est utilisée A son 44ème passage sur
cmlf.
Les souches TlSR et KH3J-SR : sont des mutants streptormCno-resistants dérives des
souches TU44 et KH3J/86, respectivem&.
Entre 1367 et 1971, le LNERV a effi&uer 3 expkimentations pour étudier la valeur de
l’immunite conferee par les souches KH3J, Tl et Tl-SR, par la methode australienne dite de
contact.

LES VACCINS
Historiquement, le premier vaccin (empirique, au demeurant, pratique par les Maures et les
Peuh~) utilisé par insertion dans une incision pratiqu&e dans la peau du cha&ein est de la
lymphe pbipnmmmnique avec des germes pleinement virulents. Les r&actions locales sont
parfois tr& importantes, souvent 4 l’origine d’excroissance~cornees au heu d’insertion {< Bos
triceroa senegaiensis », mais l’immun& confikee est excellente.
Avec les travaux de recherche, l’on peut dire, schématiquement, qu’a la p&i&e des vaccins
liquides a suc&dé celle des produits lyophilis8s.
Vaccins liqui&s : ils constituent les pmmiers vaccirts mis au point au LNERV. Ce sont des
vaccins vivants en ampoule (avec adjonction de p&icilhne) obtenus par culture et attknuation
par passages successifs en bouillon soit de la souche IX (vaccins PEWZED et PERITCR) soit
de la souche KH33. Ils prksentent l’inconv&ient de s’acidjfier au bout de 3 semaines, tuant
ainsi les germes, ce qui entrame une perte du pouvoir antigenique des vaccins et donc absence
de protection des aknaux qui les recoivent.
Le recours ti la lyophilisation a permis de pallier cet inconvénient majeur.
Vaccins iy~philis& : les premiers vaccins de ce genre ont 4th des vaccins avianisks avec les
souches T2 et T3 (attenuation sur oeuf, puis broyat du jaune d’oeuf additionné & diluant de
lyophiliaation qui t%ait le skum de cheval en grande quant& (vaccin AVJPER du S&kgal).
Ces vaccins vivants d’ovocuhure ont et4 abandonnes car leur production industrielle est
ditlkile et leur innocuite ircQuli&re.
Les vaccins qui suivirent sont des vaccins vivants de culture en milieu liquide (apr&
attkmation sur oeuf) ) fabriques a partir des souches KH3J/36, TU44 et Tl-SR, avec
-lacement, par le LNERV, du skrum de cheval utlisé ailleurs, au Kénya notamment, par du
lait 4creme stkile, moins cher. La souche Tl-SR sert aussi B fkbriquer b vaccin mixte PB-
PPCB (vaccin BISEC)
Actuellement, seuls les vaccins TU44 et le Bisec font l’objet d’une fabrication constante, celui
pr&pam avec KH3J n’&ant produit qu’a la demande. Pour mpondre aux normea, le vaccin doit
titrer au moins 10 million.s de germes revivifiables. Les epreuves effkctuees entre 1967 et 1971
au LNERV, ont montre qu’une période de protection minimale de un an peut être garantie pour
la Tl et le Tl-SR et 6 mois pour le KH3.I.

LA VAtX!lNATION
Le vaccin TU44 lyophilisé (ou sa variante Tl-SR lyophilise) est quasiment le seul indique pour
les campagnes nationales et internationales de vaccination contre la PPCB.
Son emploi doit, toutefois, être efkctue d’une façon prudente et contilee sur les troupeaux
sensibles et neufs. Les risques sont mineurs en zone d’enzootie.
La voie d”inoculation est le tissu conjonctif lâche &roscapulaire, de p.&férence aux sites du
CQU ou du toupillon de la queue. Des r&actions locales d’apparition differ&e (10 a 20 jours)
peuvent se rwnifkter chez quelques animaux. Il n’y a indication de traitement (tylosine,
captalin lktracycl.ines) que si elles prennent un caractire envahissant.
En vaccination de pkaution (zone exposee), la vaccination devra être etendue A l’ensemble de
la population bovine, y compris les veaux ap&s Page de 6 mois.
La dur& de la protection vaccinale est d’un peu phrs d’un an, la revaccination annuelle est
donc la mgle et les optkations vaccinales devrwt continuer tant qu’existe une menace
phipneumonique.
CONCLUSION
Le Sénegal est en passe de se dklarer pays provisoirement indemne de PPCB, dans l’optique
de son &adication, selon les principes généraux elaboms par 1’OIE pour l’évaluation des
situations sanitaires, sous rt&erves : d’ameliorer l’efficacite des services v&inaires dans la
surveilhnce de la situation zoo-sanitajre du pays, notamment au niveau des fionfi&res,
d’accroître la surveillance au niveau des abattoirs mieux organisés et d’ameliorer le syst&.ne de
déclaration du terrain vers l’adnrinistration veteriuaire centrale.
Cela revient, tout simplement a mettre en place un rçlseau d’epidkuiosurveillance
de la PPCB,
*ifïque et efficace.

BIBLIOGRAPHE
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