Imprimé avec le périodique Bullrtin de fa ...
Imprimé avec le périodique Bullrtin de fa SociCtt! de Pathologie exotique.
Extrait du tome 45, no r, Janvier-Février 1952 (pages 51 à 55).
T R Y P A N O - P R É V E N T I O N CHlMlOTHÉRAPlQUE
D E S Z É B U S E N A . 0 . F .
Par 1’. RIOKNET,
A. LALANNE et hI. CISSOKO (*)
II n’est pas dout,eux que la trypano-prévention chimiothhapique
des bovins aurait,, en A. 0. li’., un gros intérht social et i:conomi-
que.
Elle permettrait, d’une part de favoriser l’exportation des ~Abus
du Nord qui parcourent ;i pied des centaines de kilomhes à travers
des zones inf’estties de hé-tsi:s, pour le ravitaillemeut des régions
Sud peu riches en bétail, d’autre part d’aider à l’extension tic I’éle-
vage en ces mêmes régions par la protection des « noyaux d’élevage »
qu’on essaie de créer.
Nous avons mis sur pied en rg5r deux expérirnenlHtions que
nous allons brièvement résumer. Leur but essentiel était d’établir
pour des troupeaux de &US partant d’un Territoire du Nord et
se rendant dalrs un centre d’abatage du Sud : n) la valeur chimio-
tliérapicIue préventive de certains médicaments ; 0) l’index d’infes-
talion des animaux témoins.
I’REhIIÈI3E EXPERIMENTATION
Protocole : II fut ainsi fixé : rno &II~, adultes, de formit à peu
IwCs semblable, eii I)on état de snnti:, numhtés et I~esés, vacciiiés
contre cliver ses maladies infectieuses, furent divisés en deux lots
de 50 hufs.
10p LOT (50 bœufs) : 5 groupes de 10 : rCr groupp (Nos I à 10) trait&
par la trypdine (chlorure de dimidium), en intraveineuse, à rai-
son de 2 mg. :‘kz~. (solution à I ojo); 2? groupe (N”s I I $1 20) traité
par la lomidine, en intramusculaire, à la dose de 5 mg. /kg. (ampou-
les de 5 cm3 contenant o g. 125 dclomidine) ; 3egrozzpp (N”s 21 à 30)
trait& par I’émétic/ue de potassium, en intraveineuse, à la dose de
5 mg./kg. (solution ti I ojo citratée) ; 4” grolzpe (Yos 31 à 40) traité
par I’nntrycide (prosalt) A la dose de 3 g. 50 pour les animaux de
200 à 350 kg., 4 g. 6 pour ceux d’un poids suphieur à 350 kg. ;
5e gronpe (Nos 41 à 50). Témoins.

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BrJLLETIN DE LA SOCIÉTti DE PATUOLOGIE EXOTIQZJE
2e LCI’P (50 lH33lfs) : 5 groupes de 10, identiques au 1”~ lot, subis-
sani exactemeut le méme traitemcnl au deparI rirais par contre nne
drnxiPme irljection du merne produit t!tcIit prhue ci mi-chemin.
IJ’.cfrme/ls irPmntolo~ir/rrrs
: Devaient &tre pratiqués an d&pclrt, ti
mi-clremin et ci IIwr*itx+. Détermination de l’espke de trypanosome
par le I,aboratoire Central de I’Eier-age h Dakar.
/thhire : d e Tougau (lIme-Voltaj ;i 1)alon (Cdte d’ivoire),
soit I .ooo km. environ, parcourus en 51 jours.
B~.ficaltés et contretemps : Par suite de nombreuses difficultés
rencontrées, les rksulhts ne furenl que partiels et il fut impossible
de tirer une conclusion sur la valeur préventive des divers produits
ct~imiothérapiques utilisPs, mais qrielques renseignements intéres-
sant,s furent obtenus.
iiésallnts.
- i o lhns If$s traitements c~ollwtifs, les irlCjcctions
inl,raveiiwuses sont h proscrire. LTn personnel nouhreus et cspc:-
rimeu(i~ ne peut guhre traiter plus de 80 ICtes par jour, cn raison
de l’indocilité des animaux et. de la nécessit4 absoluo de les coucher
un à un.
De plus, malgré les précautions prises, les iti,jcctious périveineuses
sont, int$itables. II en résrrlle des trdPmes 111~s ou moins envahis-
sants, des phlébites parfois, qui impressinnuent défavorablement les
proprihaires.
Seules 1~s injections sous-cutanées, ou intramusculaires à la
rigueur, sont, à retenir cl les rnidicameiil~s doivent pouvoir hre
employch3 sous :III faible volume. l.‘nntrycid~~ remplit. ces conditions.
2O lJ’r’mktiqrre de potclssirrm est ri pr~oscr~il,P~~(~rrnpfCmrnt.
- Hieu
que I’ir~Jwlioit elit Cti: faite très lentemeut avec uue solution A
J 0,‘o cl cilral~e, d e u x auimaux moururent lwusqucment, eu
quelques niiuule4 , 4 ct 6 heures ill)ri:S 10 Ir;iilemenl. lACs sympt’imes
suivants furelit rlotth : ;~tfaissemerrl hrusq~ic sur le sol, ‘eux rérul-
sés, mlichoirw conlriictfks, Ireint~lements musculaires, mouwments
disordouu~s des memhs, gC:ile lY%~)iril~OiJX:.
M o r t cl1 m o i n s d e
5 minutes. L’IJu d’eux, Siligrlé in e:xtrPmis, ne livra fp’llll quart de
litre de sang, h peine. I,‘autopsie rkvéla, sur les deux sujets, de la
congestion mrtsculaire, un foie trt:s congest.ionné dfl couleur bruu
foncé avec une vésicule biliaire auormofement distendue, et, chez
l’un cieux, de la congestion aigui; du poumou avec wdhme trh
accuse.
Au surplus, les doses à injecter soni trop élevhs (145 à 230 cm3
dans nos expériences) et condamnent la méthode, l’injection devant
être faite très lentement.
,1prGs le trnitemcn t ri /‘un trycidp, nous avons notC sur quelques
animaux, a0 minutes A a heures aprh I’ii~~~ection, des treml~le-
_
. . .
,

?L!?ANCES DES 9 aJANVIER ET 13 FÉVRIER rg5a
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finissant par se coucher, mais se relevant au bout d’un quart d’heure
ou 20 minutes. Localement,, il se produit une tuméfaction cedéma-
teuse plus ou moins volumineuse, disparaissant lentement, sans
tendance A l’ahcédation, ne semblant pas douloureuse et ne parais-
sant nullement gêner les animaux. Chez certains d’entre eux, elle
était encore apparente au bout de 51 ,jours, dure et indolore.
30 Au départ des zones de production des zébus IP pourcentage
des animaux trypanosomés est faible (I O/C) dans notre expérience)
alors qu’il est élevé à l’arrivée (42 010).
40 Quant aux espéces de trypanosomes en caisse, l’examen des
frottis faits A l’arrivée à Daloa a permis l’identification de T. brucei
(6 sur 33, soit 18,2 ojo), T. conpdensc (CJ sur 33, soit 27,3 o/o) et
T. vivat-casalboui (18 sur 33, soit 54,5 oio), ce dernier étant
de beaucoup lc plus fréquent. Nous verrons avec les résultats de la
deuxi&me expérience quelles conclusions on peut tirer de ces cons-
tatations (‘).
J~EU~IEXE EXPÉRIMENTATION
En raison de l’échec partiel de la première espérimentation, il
fut décidé d’en entrclwentlrc une seconde, sur des troupeaux tout
venant appartenant à des exportateurs africains.
Protocole : Il fut le suivant :
:Ipr&s vaccination contre la peste Ilovine, un lot d’animaux com-
prenant. 120 têtes fut divist? en 6 groupes de 20 têtes, numérot+s de
1 A 120, pesds et examinés au point de vue hénnatolo@que.
1”’ lot (Nos T à 20) Iraité J)ar le chlornrr de dimidum.
2e lot (No” 21 A 40) traité par la lomidine.
3e lot (Nos lir à 60) traité par l’éméfir/nr.
4” lot (Nos 61 A 80) trait4 par l’arrtr?cide, exactement. dans les
mêmes conditions que dans la I’~ expérience.
.5e lot (XoS 81 à zoo) traité par le nnganol (en solution à ro o/o)
à la dose de 4 mg./kg., par voie sous-cutanée.
0 lot (Sas 101 à 120). Tehoins.
E,xamens hènzatologiqucs : Pratiqués au départ et ;i l’arrivée.
Détermination de l’espbce de trypanosome par le Laboratoire Cen-
tral de I’Elevage, à Dakar.
Itinèrwire : I~Je Sikasso (Soudan) à Bouaké (Côte d’ivoire) soit
500 km. environ parcourus en 31 jours.
RPsultats. -- r” En ce qui concerne la valeur protectrice des pro-
duits chimiothérapiques employés, il apparaît que :
(‘) Sur 37 frottis positifs à l’examen direct entre lame et lamelle. A Daloa.

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AULLBTIN DE LA SOt:IÉTk DE PA TJIOI.OGJE ESOTIQLX
I,‘nntrycErlP s’est mont.ri: le meilleur, puis le chlorure tir dimi-
dirzm (un senl animal trypanosomé à l’arrivk), le nngonol présente
kgalement, mais de fac;on moins évidente, un certain intéri9. Par
contre I’émétique et la lomidine n’onl. prati.qnement aucune action.
.Après /e traitement ri l’c!mr’tic/ue, un boeuf (Nu 50) est mort durant
la nuit, environ 8 heures apr& l’injection. L’autopsie, pratiquée le
matin vers 9 licures, w permis de constater des lksions comparables
à celles déja signalées.
.
20 Il est difficile dc tenir compte, pour jnger de la valeur des
prodnits utilisk, de l’angmcntation dt: poids des ailimaux en cours
de route car les timoins sont arrivks plus posanis, au mème titre
que ceux iraités par I’antrycide (‘). Cependant, un fait domine et
doit être retenu : (1 une exception prf;s, fous Ifs oniman.r traitès
pnr I’nntrycide ont angmenté de poids et ufzcun n’êloit trypnno-

somè à I’arrivèe.
30 Les espèces de trypanosomes décelkes au cours tic cette expé-
rience sont :
rzn d+czrt (L;&asso) :
4. T. z!ir)frs-crrrtrlborri.
sur un total de 7
I . T. congohse.
(soit 5,s o/o)
i 2. indéterminés.
U I’arrioc’c : sur un total de 48 40. 1’.virlcr.~-ca-crl/)oui(X3,3:Sn/o).
(sur I 16 examinks)
5. 7’. conlgolense
(10,42 o/o).
(soit 41,4 o/o).
! 3. 7’. brucei (6,~s o/o).
Les trypanosomes appartenant à l’espéce 7’. rlicrax-copalbonisont
donc nettement les plus nombreux et il est possible que I’infesta-
tion massive constatée à l’arrivbe soif, t n grande partie, la consé-
quence dc la fatigue du voyage favorisant CC la sortie )) de trypano-
somes existant à I’éiat latent, les T. congolense et. ï’. hzcri au
conkaire, étant C( nouveaux » et inoculés par les tsé-tsésen cours
de route (**).
CONCLUSIONS
Les conclnsions générales à dégager sont ainsi résumées :
IO Ilans les conditions actuelles d’exploitation du cheptel de
1’A. 0. IT., les zébus exportés sur les territoires ctitiers accomplis-
sent ;i pied des déplacements considérables.
A l’alimentation et I’abreuwment. insuffsants, Cl la fatigue du
voyage s’ajoutent les effets morbides des trypanosomiases CC desortie »
(*) La saison était plus favorable que lors de la première expérience (oii
certains avaient perdu 20 o/o de leur poids-départ) et Ic trajet, plus court.
(‘*) Cette bypothhe est d’autant plus plausible que les zébus d’exportation
.7D nnnt :nfnc.t,;~ A.,nu lo.,nn.Tnn nnnmnl~rf’Al.,.,onn In*cr,,I’;lc En”, o,toi”tu ,,,,P

SEANCES DES g JANVIER ET 13 F&VRIEH 1952
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(& T. vivax-cazalboui surtout) et les infestations nouvelles contrac-
tées en cours de route.
Cet hémoparasitisme constitue donc un facteur supplémentaire de
déchéance organique.
20 Le pourcentage des animaux trypanosomes est insignifiant au
départ des zones de production, mais il est très élevé à l’arrivée
dans les centres de consommation des territoires côtiers.
3” Des médicaments employés, seul l’antrycide a assuré une pro-
tection absolue des animaux pendant la durCe de l’observation (un
mois) (*) alors que les animaux témoins étaient infestés ,à ,l’arrivée
par les trypanosomes dans la proportion de 70 o/o.
Le chlorure de dimidium vient en seconde position.
L’avantage de l’antrgcide tient à son administration facile, la fai-
ble intensité des réactions locales ou générales.
Cependant ce médicament a un inconvénient non négligeable :
son prix actuellement trop élevé, la dose de 3 g. 5 pour un animal
de 200 a 350 kg. (15 cm3 de la solution) valant 300 francs environ.
Le nfrganol, la lomidine, l’ém&tiyue ont peu ou pas d’intérêt.
L’e’me’tique est, en plus, à condamner à cause des accidents mor-
tels qu’il peut entraîner.
40 11 semble indiqué dc traiter préventivement tous les bc-eufs de
boucherie destinés à l’exportation vers les territoires cotiers, l’ope-
ration devant être pratiquée aux postes de sortie des territoires de
production.
Service de 1’Elevage du Soudan
et Laboratoire Central de L’Elevage Dakar.
(‘) Il n’est tenu compte que des résultats de la deuxième expérience, les
seuls complets.