Traitemment de la paille de brousse à l'urée 4 et utilisation pour l'entretien en saison séche et pour l'embouche.


TRAITEMENT
DE LA PAILLE DE BROUSSE
A L’UREE 4 % ET UTILISATION
POUR
L’ENTRETIEN
DES ANIMAUX EN SAISON
SECHE ET POUR L’EMBOUCHE

Résumé
Ces fiches illustrées sont destinées au vulgarisateur et à l’éleveur La tech-
nique de traitement des pailles à l’urée doit être scrupuleusement respectée pour
obtenir de bons résultats. L’utilisation des pailles traitées à l’urée présente des avan-
tages considérables. Elle permet de maintenir les animaux en bon état corporel
pendant la longue période de saison sèche, à des coûts modérés. La paille traitee
constitue également un excellent aliment de base pour l’embouche.
Introduction
Les pailles de brousse ou de céréales sont des fourrages de faible valeur nutri-
tive, généralement pauvres en azote, riches en parois lignifiées donc très peu digesti-
bles, et faiblement appétées par les ruminants. En particuliec la consommation
de
paille de brousse, qui est le pâturage naturel de saison sèche, entraîne un état de sous-
nutrition et un amaigrissement plus ou moins prononcé des ruminants à la fin de cette
saison. Il en résulte une baisse des performances de reproduction surtout, et de pro-
duction laitière, une fragilisation de l’organisme, voire même une certaine mortalité.
Le problème de l’amélioration
de la valeur nutritive des pailles moyennant un
traitement chimique a été depuis longtemps pris en compte par les spécialistes de la
nutrition animale, et les méthodes de traitement des pailles sont aujourd’hui large-
ment documentées. Certaines de ces méthodes n’ont qu’une valeur théorique et
d’autres, de par la complexite de leur préparation, ne peuvent être envisagées qu’à
l’échelle industrielle.
Il existe enfin d’autres méthodes, comme le traitement à l’urée, qui peuvent
trouver une application utile et facile même dans les élevages traditionnels. Ce traite-
ment enrichit les fourrages en azote et permet de valoriser les quantités importantes
de pailles disponibles en début de saison sèche (paille de brousse), et après les récol-
tes (pailles de céréales) dans les zones céréalières : par exemple la vallée du fleuve
Sénégal et la Basse-Casamance avec la culture du riz, et le Bassin arachidier avec la
culture du mil et du maïs. La technique consiste à mélanger une solution eau/urée
avec le fourrage à traiter dans une enceinte hermétique, et le principe repose sur la
décomposition de l’urée en ammoniac gazeux grâce à l’eau et à la chaleur L’ammo-
niac diffuse, se fixe sur les pailles et enrichit leur teneur en matière azotée totale, mais
aussi “ dissout ” la lignocellulose et améliore ainsi la digestibilité et l’ingestibilité
des pailles. De plus, l’action de l’ammoniac sur la paille est favorisée par la chaleur
Des travaux récents ont permis d’évaluer, chez les ovins, les avantages
zootechniques et économiques liés à l’utilisation de la paille de brousse traitée à la
3

dose de 4 % d’urée sur une période assez longue de la saison sèche (de février à mai).
La technique et les résultats trés intéressants obtenus méritent d’être portés à la con-
naissance des structures de vulgarisation et du développement. Ils sont consignés sur
les fiches suivantes :
Fiche no 1 : Matériel nécessaire au traitement de la paille
Fiche no 2 : Récolte de la paille
Fiche no 3 : Préparation de la solution d’urée
Fiche no 4 : Technique de traitement de la paille
Fiche no 5 : Durée de l’incubation et conservation de l’a paille traitée
Fiche no 6 : Utilisation de la paille traitée comme aliment d’entretien
Fiche no 7 : Utilisation de la paille traitée comme aliment de base
pour l’embouche
Fiche no 8 : Rentabilité financière du traitement de la paille
Fiche no 9 : Précautions à prendre.

Fiche no 1:
Matériel nécessaire au traitement
de la paille à l’urée
1. La paille
Elle doit être de bonne qualité. Il est conseillé de la faucher sur les pâturages
naturels au plus tard en début de saison sèche (entre octobre et décembre). Les pailles
de céréales hachées (mil, riz, maïs) peuvent également être utilisées. La quantité de
paille à traiter dépend du nombre d’animaux et du temps pendant lequel ceux-ci rece-
vront cette paille. Par exemple, il a fallu traiter 2 tonnes de paille pour nourrir 24
béliers de 27 kg pendant 3 mois et demi. Leur niveau de consommation
était en
moyenne de 0,8 kg brut de paille/animal/jour.
2. La fosse ou silo
Elle peut être entièrement creusée au sol ou légèrement surélevée avec un mur
Il est conseillé de la cimenter pour éviter les pertes de solution par infiltration dans le
sol. Les dimensions de la fosse dépendent de la quantité de paille à traiter Par exem-
ple, pour traiter les 2 tonnes de paille, la fosse avait les dimensions suivantes: 4 mè-
tres de large, 6 mètres de long et 2 mètres de hauteur. On prévoira 2 silos pour pou-
voir traiter un nouveau stock de paille avant de terminer le premier.
3. Les bâches ou toiles en plastique
Elles servent à recouvrir la paille une fois la fosse remplie. On peut utiliser de
larges toiles en plastique en bon état pour assurer une parfaite étanchéité.
4. Les fûts
Pour la préparation de la solution d’urée, il est recommandé de disposer d’ 1 ou
de 2 fûts de grande capacité (200 litres ou plus), en métal ou en plastique et d’y
adapter un robinet.
5. Les arrosoirs
Pour l’aspersion de la paille avec la solution d’urée, on peut utiliser 2 ou 3
arrosoirs, en fonction de la quantité de paille à traiter.
5

6. L’urée
L’urée 46N en pastilles peut être employée. On l’appelle communément
« en-
grais » en milieu rural. Elle est commercialisée par la SENCHIM
(Sénégalaise des
produits chimiques).
7. Le peson
Il permet de peser la paille à traiter pour ajuster la dose d’urée. Sa portée peut
varier de 50 à 200 kg. Adéfaut de peson, une tare peut être utilisée, par exemple un
sac de sable ou tout autre objet lourd de poids connu.
8. Les fourches (ou rateaux)
Elles permettent de bien étaler la paille dans la fosse et de bien la retourner
pendant le traitement.
9. L’eau
L’eau du robinet, du puits ou de toute autre source potable peut être utilisée.
6

Batterie de 2 silos en briques de banco
avec faces internes recouvertes de ciment
arrosoir
Fût
sceau
sac d’urée
fourche
toile en plastique
peson

1. La fauche
I-
Elle peut se faire de fa-
çon artisanale,
avec
des faucilles, ou méca-
nisée avec des engins
équipés de faucheuse
mécanique.
La fau-
cheuse à traction ani-
male, plus accessible
en milieu rural, peut
être utilisée.
Sur ce cliché, la fauche
a été effectuée au mois
de novembre,
sur les
pâturages naturels de la
ferme de Sangalcam.
2. Le transport
Le transport
de la
paille jusqu’au lieu de
traitement peut s’effec-
tuer par une charette ou
tout autre moyen de
transport plus efficace,
un camion par exemple
si la quantité de paille
est très importante.
8

3. La pesée
Un peson dynamomé-
trique d’ 1 kg de préci-
sion et de 100 kg de
portée a été employé. Il
faut noter que la paille
mise en bottes est plus
facile à manipuler que
celle en vrac.
Sur la photo : 25 kg de
paille ont été pesés à
chaque opération.
4. La mise en fosse
Après la pesée, la
paille est versée dans
une fosse. Elle est en-
suite bien étalée sur
toute l’étendue
de la
fosse. Un rateau peut
servir à cette opération.
9

4
B
Fiche 11’ 3 :
Préparation de la solution d’urée à 4 p. 100
%
9
1. Pesée de l’urée
L’urée doit être appor-
tée à la dose de 4 kg
pour 100 kg de paille à
traiter. Le peson dyna-
mométrique peut servir
à la pesée de l’urée. Par
exemple, pour traiter
200 kg de paille, on uti-
lise 4 kg x 2, soit 8 kg
d’urée.
2. La dilution de
l’urée
La quantité d’eau à ap-
porter doit être égale à
la quantité de paille à
traiter. Par exemple,
pour traiter 200 kg de
paille, il faut verser
8 kg d’urée dans un fût
contenant
200 litres
d’eau, puis bien remuer
le fût jusqu’à la disso-
lution
complète
de
l’urée.
La solution
d’urée sera récupérée
dans des arrosoirs.
10

Fiche no 4 :
Technique de traitement de la paille
k
Le traitement s’opère en 4 étapes renouvelables pour constituer des couches succes-
sives de paille jusqu’à la réplétion totale de la fosse.
lère étape
Etaler une couche de
SO kg de paille et l’ar-
roser sur toute son
étendue avec 25 litres
de solution d’urée, soit
la moitié de la quantité
prévue.
2ème étape
Bien mélanger
l’en-
semble “ paille-solu-
tion d’urée ” en la
retournant
avec les
rateaux ou fourches.
11

3ème étape
Arroser une 2蔑e fois la
paille avec les 25 litres
complémentaires
de
solution d’urée.
#me étape
/i
Retourner à nouveau le
“i
mélange
avec
les
.>
rateaux et bien piétiner
’ la paille pour la com-
pacter en la tassant.
12

Fiche no 5 :
Durée de l’incubation et conservation
de la paille traitée
l Lorsque la fosse est
bien remplie, étaler la
bâche ou toile en
plastique sur la paille
pour bien la recou-
vrir.
l
Des briques ou du
sable sont ensuite dé-
posées sur la toile qui
recouvre entièrement
la fosse. Au bout de
14 jours d’incuba-
tion, la paille sera
prête à l’emploi. La
fosse doit être hermé-
tiquement
refermée
apès chaque usage
pour éviter de perdre
de l’ammoniac
par
évaporation
dans
l’atmosphère.
13

l Une vue de la couleur
de la paille avant le
traitement à l’urée.
l
A l’ouverture
de la
fosse, on constate un
brunissement
et un
ramollissement
de la
paille, et une forte
odeur d’ammoniac
qui pique les yeux.
Ces signes sont ca-
ractéristiques
d’un
traitement réussi.
14

Fiche no 6 :
Utilisation de la paille traitée paur la survie
et l’entretien des animaux en saison skhe
ai
J.
A l’ouverture de la fosse, la paille traitée peut être distribuée aux animaux après une
journée de séchage à l’ombre. Dans un test réalisé pendant 3 mois et demi (de février
à mai), dont 15 jours d’adaptation
au régime, pour mettre en évidence l’intérêt
zootechnique de la paille traitée, les constats suivants ont été faits sur 22 béliers
répartis en 2 lots de 11 sujets, le lot 1 recevant de la paille en l’état, et le lot 2 de la
paille traitée :
Consommation
:
l
Le traitement à l’urée 4 % a
augmenté le niveau d’inges-
tion moyen quotidien de la
1 (kg MWanimaVjour)
1
077
paille, exprimé en matière
sèche (MS), de 22 % par rap-
Consommation
port à celui de la paille non
moyenne de pierre à
traitée. Il a également accru
lécher* (g/animal/jour)
le niveau d’ingestion
de
pierre à lécher.
* Un bloc à lécher du commerce pesant 10 kg a été mis à la
disposition de chaque lot.
Performances
zootechni-
l
ques :
L’utilisation de la paille trai-
tée à l’urée a significative-
ment augmenté le gain pon-
déral
moyen
quotidien
(GMQ) des ovins. A la fin de
l’opération,
les béliers ali-
mentés avec la paille traitée
ont gagné 0,6 kg de poids
nique : g MS1 / g de
vif. Par contre, ceux nourris
avec de la paille non traitée
ont perdu 1,3 kg de poids vif
I Nombre de morts
I
3
I
‘8 -*’
en moyenne. De plus, 3 bé-
liers sont morts dans ce lot.
* effet significatif : p<O,O5
15

c
l Etat corporel
(ou état
d’embonpoint)
:
Paille non traitée PwUe traitée
Note d’état initial
23
2,9
La paille traitée a permis
de maintenir les animaux
Variation de la note
en bon état corporel. Les
d’état corporel
- 0,9*
- ü,2
béliers consommant de la
(note finale-note
paille en l’état ont mai-
initiale)
gri à la fin de l’essai, au
mois de mai.
* perte significative (p<O,O5) sur une échelle de notation de 6 points :
0 = condamné, 1 = très maigre, 2 = maigre, 3 = moyen,
4 = gras, 5 = très gras.
6~ L’utilisation pendant 3 mois et demi de la paille de brousse
traitée à l’urée 4 % a eu des effets bénéfiques sur les quan-
tités consommées, sur la croissance et sur l’état d’embon-
point des moutons.
16

Fiche no 7 t
Utilisation de la paille traitée en embouche
La paille de brousse traitée à l’urée est un bon aliment de base pour l’embouche
qui peut valablement se substituer aux matières premières habituellement
utilisées
(fanes d’arachide et de niébé). Les tableaux ci-dessous consignent les résultats
zootechniques d’une opération d’embouche ovine conduite pendant 3 mois et demi
sur 22 béliers répartis en 2 lots de 11 sujets recevant de la paille traitée ou en l’état, et
la même quantité de concentré (500 g/animal/j) composé de 250 g de tourteau d’ara-
chide et de 250 g de graine de coton.
. Consommation:
Aliment de base
Paille non tI .aitée
Les quantités de concen-
Concentré, g/animal/j
500
tré ingérées ont été iden-
Ingestion moyenne de
tiques dans les 2 lots. Ce-
paille (kg MS/animal/j)
pendant, le traitement
à
0,55
l’urée a augmenté le ni-
Ingestion de concentré
veau de consommation de
(kg MS/animal/j)
0,47
paille de 38 %. Il en est
Ingestion moyenne de
de même pour l’ingestion
pierre à lécher*.
de pierre à lécher.
(g/animal/j)
* Un bloc à lécher du commerce pesant 10 kg a été mis à la
disposition de chaque lot.
l
Performances
zootechniques
:
Les béliers nourris à base
de paille traitée ont gagné
plus de poids vif que les
autres. Sur la période to-
tale, les gains pondéraux
ont été de 11,5 et 7,4 kg
chez les lots 3 et 4, res-
pectivement.
Le traite-
ment à l’urée a augmenté
l’efficacité
zootechnique
de la ration de 27 %.
17

l Etat corporel :
Aliment de base
Paille non traitée
Les béliers du lot rece-
vant la paille traitée ont
Apport de concentré,
gagné plus d’état d’em-
g/animal/j
bonpoint
(+0,7 point)
que les autres (+0,3
Note* d’état intial
point), à la fin de I’opé-
ration d’embouche.
Note* d’état final
* Sur 1 échelle de 6 points :
0 = condamné, 1 = très maigre, 2 = maigre, 3 = moyen,
4 = gras, 5 = très gras.
w Les meilleures performances zootechniques ont été enre-
gistrées chez les béliers regevant de la paille traitée comme
aliment de base.
18

f/
3
Fichen” 8:

Rentabilité financibe du traitement
L’évaluation de la rentabilité financière du traitement des pailles à l’urée est détermi-
nante pour avoir une idée du niveau espéré d’adoption de la technologie. L’approche
diffère néanmoins entre l’essai conduit en station expérimentale et l’opération menée
en milieu paysan (différence dans le coût des matériaux utilisés, main d’œuvre sala-
riée ou familiale, etc.).
1. EVALUATION
DU COÛT DES ALIMENTS
Dans l’hypothèse d’une exploitation familiale en milieu paysan, les dépenses seront
liées à l’acquisition des intrants (matériel de traitement, aliments concentrés, paille,
urée) et à la main d’œuvre pour la préparation de la fosse, la récolte, le transport, le
traitement de la paille, et le gardiennage des animaux.
Le coût de la paille de brousse fauchée est estimé à 15 F CFAle kg. L’estimation s’est
faite sur la base du prix du gazoil pour la faucheuse mécanique, ou du manque à
gagner si l’éleveur se consacrait à une autre activité (coût d’opportunité).
Le prix de l’urée commercialisée par la SENCHIM était de 178 F le kg.
Pour traiter 1 kg de paille, il faut 0,04 kg d’urée, soit 6,86 E
L’investissement en temps de travail et l’amortissement
du matériel utilisé a été es-
timé à 3 F par kg de paille.
Le coût de la paille traitée à 4 % d’urée était donc égal à 15 +7+3 F, soit 25 F CFA
le kg.
Le complément composé de 50 % de graine de coton et de 50% de tourteau d’ara-
chide a coûté 78 F le kg.
19

2. ANALYSE
FINANCIÈRE
DE L’EFFET
DU TRAITEMENT
À L’URÉE
(EN F CFA)
I ENTRETIEN
I
EMBOUCHE
I
I
1 Lot 1
1
Lot2
Lot 3
Lot4
Ration de base
paille non
paille non
paille trait&
traitée
traitée
Apport de concentré,
g/animal/j
0
500
500 -
nombre d’animaux
11
11
11
I
Dépenses totales
mimaux’
303.000
305.500
298.5ol 0
3aille*
11.731,5
8.910
26.811, 2
:oncentré*
0
33.41: 2,5 1 33.412,5
Gerre à lécher*
160,5
160,4
400
Frais vétérinaires3
4862
4862
4862
:Ota1
319.765
352.855,9
363.996 37
Recettes (totales)
mimaux
232.100
455.8r 30.
496.400
Bénéfice (ou perte) total
-87.665'
102.944,l
132.403,3
Ratio6
)énéfice/paille
-7,5
11,6 ,
439
)énéfice/concentré
indéterminé
321
470
)énéfice/paille +Concentré
-7,5
234
272
I
I
I
Les béliers ont été achetés à 1000 F le kg de poids vif.
2 Le coût tient compte des quantités ingérées sur la période totale de l’opération.
3 Les frais vétérinaires concernent l’achat des déparasitants (Ivomec, ND).
4 Les animaux d’un poids vif inférieur à 3.5 kg ont été vendus à 1 100 F le kg vif à la veille de la fête de
Tabaski. Pour valoriser le gain d’embonpoint, ceux dont le poids était supérieur à 35 kg ont été cédés à
1200 F le kg vif.
5 Les pertes financières liées à la mortalité de 3 béliers dans ce lot ont été prises en compte.
6 C’est le rapport bénétïce/coût de l’aliment considéré.
20

3. INTERPRETATION
l Utilisation de la paille traitée à l’urée pour l’entretien des animaux
La perte financière enregistrée à la vente des animaux recevant de la paille en l’état
(lot 1) a été plus importante qu’avec ceux nourris à base de paille traitée àl’urée
(lot 2).
Ce travail a été conduit sur des moutons mâles. Il est important de noter que :
E-S? les avantages zootechniques
liés à l’utilisation
des pailles traitées en saison
sèche seront en réalité plus sensibles chez les femelles.
En effet, l’amélioration
du taux de survie et le maintien de l’état cor-pore1 et du poids
vif, observés chez les animaux nourris avec de la paille traitée (cf. fiche no 6), auront
un impact positif considérable sur :
- les performances production laitière et de reproduction des femelles qui sont en
général confrontées à des problèmes d’infertilité
en période de soudure,
- la survie et la croissance des jeunes non sevrés.
l Utilisation de la paille traitée à l’urée comme aliment de base
pour l’embouche
Le montant des recettes liées à la vente des béliers à la veille de la fête de labaski a
été plus élevé pour le lot recevant de la paille traitée (lot 4) comparé au lot 3. Cepen-
dant, le calcul du ratio “ bénéfice/paille ” montre un avantage financier de la paille
non traitée par rapport à celle traitée.
Ce résultat appelle les remarques suivantes :
@T l’utilisation
de la paille traitée à l’urée comme ration de base pour l’embou-
che a permis une croissance plus rapide (cf. fiche n”7).
Pour en tirer un meilleur avantage financier, on peut :
- réduire la durée de l’embouche,
ou
- diminuer l’apport en concentré pour minimiser les dépenses d’alimentation.
21

Fiche no 9 :
Pr6cautions à prendre
@? L’urée est un produit toxique pour l’homme et pour les animaux.
L’emploi de l’urée présente des risques et nécessite quelques précautions. Il faut la
mettre hors de portée des enfants. Les pailles traitées à l’urée peuvent être très toxi-
ques pour l’animal dans certaines conditions :
l si on se trompe dans le dosage en apportant trop d’urée
l si la dissolution de l’urée dans l’eau est incomplète
l si on ne donne pas assez à boire à l’animal. La consommation
d’eau n’a
pas été chiffrée mais on a constaté au cours du test qu’elle a été plus élevée
chez les béliers recevant de la paille traitée.
US La paille de brousse traitée peut être utilisée seule comme ration de survie
et d’entretien
des ovins en saison sèche mais elle ne permet pas de couvrir
plus que le besoin d’entretien
des animaux.
U3F Il faut obligatoirement
l’accompagner
d’une supplémentation
minérale,
même en alimentation
d’entretien.
Ci3F Il faut également la complémenter
en énergie et en protéines pour couvrir
les besoins de production
(lait et viande) des animaux.
22

Pour en savoir plus
CALVET H., BOUDERGUES
R., FRIOTD.,
VALENZA J., DIALLO
S., CHAM-
BON J. La paille de riz dans l’alimentation
animale au Sénégal. II. Biochimie du
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362.
CHENOST
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Traitement des tiges de maïs à l’urée et utilisation pour la production laitière en ré-
gion productrice de café et de banane en Tanzanie. Rev. Elev. Méd. Vét. Pays trop.,
46,597-608.
CISSE M., FALL S.T., KORREA
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l’état corporel des zébus Gobra au cours d’une opération d’embouche à base de sous-
produits agro-industriels. Fiches techniques ISRA, vol. 6, n”1, 18 p.
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CISSE M., FALL A., SOW A.M., GONGNET
P., KORREA
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traitement de la paille de brousse à l’urée et de la complémentation
sur la consomma-
tion de paille, le poids vif et la note d’état corporel des ovins sahéliens en saison
sèche. Vth International Symposium of Herbivores Nutrition, Septembre 1995, Mont-
pellier, France. Ann. Zootech., 45, suppl. 1, 124.
CISSE M., GUERIN
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Sénégal. Comment corriger ce déficit nutritionnel en élevage? Etudes et Documents
ISRA, ~01.7, n”1, 33 p.
FALL S.T., GUERIN H., SALL C., M’BAYE ND., 1989. Les pailles de céréales
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ments., vol. 2, no 1, 38~.
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taire de la paille de riz par le traitement à l’urée et la complémentation
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capacité de travail. Commissions techniques spécialisées des productions animales.
Session de Mars 1990. Programme conjoint INRZFWCIPEA,
INRZFH, Mali
23

Glossaire
appétés : consommés.
efficacité zootechnique : quantité d’aliment ingéré par unité de gain de poids
vif (ou par unité de production laitière).
GMQ : gain de poids vif moyen quotidien.
MS : Matière sèche.
MS1 : Matière sèche ingérée.
notes d’état corporel : elles sont attribuées selon une échelle de notation préa-
lablement définie, et sur la base de l’observation et de la palpation : état géné-
ral, creux du flanc, degré de couverture au niveau des côtes et de la région
lombaire.
parois lignifiées : parois converties .en bois par modification des membranes
de certaines cellules par association de la lignine à la cellulose (ou lignification).
24

Remerciements
Ce travail a été réalisé dans le cadre du PRODEC (projet de développe-
ment des espèces à cycle court) grâce au soutien financier du Fonds
d’aide et de coopération française (FAC). Les auteurs expriment leur
profonde gratitude aux Docteurs Ahdoulaye Bouna Niang, directeur de
1’Elevage; Didier Rouillé et Jean Paul Pradère, coordonnateurs
du
PRODEC; et Soulèye Diouf, directeur du PRODEC, pour leur appui
constant, à M. Mabousso Thiam, directeur général de la SOCA (société
agro-alimentaire),
pour sa contribution
effective à la réalisation de
l’étude, et à M. Jean-Pierre N’Diaye, directeur scientifique de 1’ISRA
pour ses précieux commentaires.

ISRA
Institut Sénégalais de Recherches Agricoles
Route des Hydrocarbures
B.P. 3120
DAKAR, Sénégal
w 832.24.301832.24.31
Télex 61117 SG
TLC (221) 32.24.27
Document réalisé par :
La Direction des Recherches sur la Santé et les Productions
Animales
Route du Front de Terre
B.P. 2057
Dakar Hann
e 832 51 46
Maïmouna Cissé
Dr vétérinaire, Dr d’Université ès PhysiologieAnimale
Chercheur nutritionniste au LNERV/ISRA - B.P. 2057, Dakar
Abdoulaye Fall
Dr vétérinaire, stagiaire au Service d’ Alimentation-Nutrition
du LNERV/ISRA, B.P. 2057, Dakar
Alpha Mamadou Sow
Dr vétérinaire, Directeur de la Production
Société agro-alimentaire (SOCA), B.P. 8403, Dakar
Moustapha Kébé
Chercheur en économie
ISRA/PASE, B.P. 3120, Dakar
Pafou Gbeukoh Gongnet
Professeur en zootechnie
Ecole Inter-Etats des Sciences et Médecinevétérinaire
(EISMV) B.P. 5077, Dakar
Ibrahima Ly
Chimiste, Technicien supérieur au Service d’Alimentation-Nutrition
du
LNERV/ISRA, B.P. 2057, Dakar
Antoine Korréa
Ingénieur des travaux d’élevage, Technicien supérieur à la station de Sangalcam
LNERV/ISRA, B.P. 2057, Dakar
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