. INSTITUT D'ELEVAGE ET DE MEDECINE VETERINAIRE DES...
.
INSTITUT D'ELEVAGE ET DE MEDECINE VETERINAIRE DES PAYS TROPICAUX
Laboratoire National de 1'Efevage et de Recherches vétérinaîres,Dakar.
"Bilharriose Ouest-Africaine " 21 Schistosoma curassoni Brumpt,I931
( &parti%ion géographique,épidémiologie,a,gent causal)
*
RESUME DES TRAVAUX PUBLIES.
p a r S i m o n G r e t i l l a t ,
Chef du Service
d t Helminthologie ,
Laboratoire
national de lIElevage et de
Recherches vétérinaires
,DakarHann (Sén6gal)
Ces enquêtes faites sur le terrain avaient pour
but
principal la détermination
des hôtes intermediaires I vecteurs de
ces schistosomiases humaine et animale par récolte et dissection des
bulins ,
effectuées sur le terrain, leur
densité et la recherche des
c o n d i t i o n s kcologiques.
Nature
des points d’eau prospectés.
Au Sénégal Oriental,
les g2tes à mollusques sont des mares
pérennes ou semi-pérennes présentant
en leur centre
une source qui
leur
permet
de rester
en eau pendant une grande partie
de la saison sftchc.
En Haute-Casamance, I.es
gîtes à mollusques sont localisés
dans le lit du fleuve Casamance et dans ses marigots
affluents ,principa-
-2ement ceux de la rive gauche, où la perennité des
bulins est assurée
pendant la période des basses eaux ( Gretillat,I963).
Dans la région
du Lac
de Guiers , ce
sont les marigots
affluents du lac qui constituent les principaux
g!Ites à mollusques.
En Mauritanie, sur les hauts plateaux montagneux du
centre , les mares du , -l- de montagne ou “gueltas” ne se dessèchent pas
au cours
de la saison sêche et sont d’excellents g!?tes à bulins
(Gretillat 1961,1963).
Hatos intermédiaires vecteurs i
-.~.-,.,
Les résultats
de ces prospections au cours desquelles
plusieurs milliers de gastéropodes
d’eau douce ont éte disséqués ,
-3-
montrent qu’au Sénegal, c’est Bulinus quemei
, en Casamance Bulinus
jousseaumei
et Bulinus truncatus rohlfsi en Mauritanie
, qui sont les
hbtes intermédiaires
vecteurs de la bilharziose vésicale humaine et
de la bilharziose des ruminants ( Gretillat, 1963).
Ces trois
mollusques vivent dans des gîtes où L’eau est
en général
peu oxygénee de Ph voisin de 6,8/6,9 avec une flore aquatique
représentée surtout par
des nenuphars. Le taux d’infestation par
formes larvaires
de Schistosoma
est très
variable suivant les régions
et la nature
despoints d’eau considérés. En Haute-Casamance, ce taux
varie
de 10 à 80% suivant l’endroit où sont prélevés les bulins. Au
Sénégal Briental , certaines mares
ont jusqu’à 9% de leurs bulins
infestés par des formes larvaires
de schistosomes, En Mauritanie, il
existe des gueltas de montagne où 6% des mollusques sont porteurs
de
formes larvaires ,
dont 10%
emettent des furcocercaires
. Par contre,
dans les régions plus
sêches , telles que le sud-ouest de la
Presqu'île
du Cap-Vert
ou les environs de Rosso en Mauritanie ,
Bulinus quernei
n’est infesté qu’à des taux de 5 b 2% chez lesquels
0,5 à 1 % émettent
des furcoc;ercaires ( Gretillat ,196I et 1963),
Parallèlement à ces enq&tes
épidémiologiques faites
sur le terrain ,
ont été effectués des contriiles parmi les enfants des
,
écoles par les services
médicaux tels
que le Service des Grandes
Endémies et l’Assistance Médicale Indigèhe . Il en a été
de même au
point de vue vétérinaire ,
où dans chaque région prospectée,
ont été
examinés les mésentères
des animaux abattus aux abattoirs
locaux.
-4-
Bilharziose
vésicale humaine et schistosomiase intestinale
animale.
Elles présentent une certaine similitude au point de vue
taux d’endémicité pour
chaque région considérée. En effet, c'est surtout
en Haute-Casamance et sur
les Hauts-Plateaux de Mauritanie
que l’on
trouve le plus gxand nombre
de malades humains et de cas graves de
schistosomiase animale . L'importance de la maladie est fonction en effet,
du nombre de parasites présents
dans le système veineux, vésical ou
mésentérique et
ce nombre est fonction de la quantité et surtout de la
densité de furcocercaires dans les points d'eau, lieux de baignade
et abreuvoirs
fraquentés par
l’homme et ses troupeaux; Les régions où
les mares et marigots
sont de faible volume avec une population malacolo-
-gique très dense , ont en général
un taux très élevé
d’endémicité
b i l h a r z i e n n e . Une grande
concentration en furcocercaires
augmente les
risques et le degré
de contamination de l’homme et des animaux.
A/ Cycle évolutif du schistosome ,
agent causal de la bilharziose des
--------I-----------______I_____________------------------------"-
rumina ts domestiques en Afrique de 1' Ouest.
--__---------------------------------------
Nous avons essayé de réaliser au laboratoire le cycle
évolutif du schistosome agent causal de la bilharziose
intestinale des
ruminants domestiques en Afrique de l'Ouest,
afin de vérifier expérimenta-
-lement l’identité des formes larvaires
obtenues avec celles trouvées à
la dissection des bulins infestés naturellement dans les gPtes.
Travaillant sur
des Bulinus truncatus rohlfsi et des
Bulinus quernei , nous avons infesté
ces gastémpodes d’eau douce avec
des miracidia provenant d'oeufs prélevés dans le tractus intestinal
-FI-
d’ovins, de caprins et de bovins bilharzicns,
?ar dissections échelonnées,
nous avons pu suivre le developpement
et ltfivolution des formes larvaires
chez le mollusque depuis la pénétration du r?iracidfcm jusqu’à la formation
de La furcocercaire mare
infcctante ( Gretillat,I962)
e
r'untrairement à ce
qui a
lieu chez les représentants
du
genre Schistosoma , l’évolution et la multiplication des formes larvaires
de ce schistosome ne se réalise
pas suivant leschema classique. Le
miracidium
au lieu de se transformer
en un sac sporocystique, donne des
formes globuleuses SC muXipli.ant pas bourgeonnement externe;
Nous avons
appelé ces éléments “formes larvaires primaires"
parcequc dérivant
directement du miracidium , dCs la lysa de ses ccllsles cuticulairesh Au
cours des premières vingt
quatre heures , on les trouve
dans le tissu
con jonctif péri-.intestinal
du mollusque d
Leur vitesse
do prolifrkation
est fonction de la tempé-
-rature
du milieu a La température
optima est de 280/29C , A partir de
300, les formes larvaires
se developpent à une telle cadence qu’au bout
de quelques jours, elles envahissent presque
Ycus l e s t i s s u s d u bulin e n
provoquant sa
mort. Dans
une E~U à 241/25e
, la multiplication des formes
larvaires
prima!.res est beaucoup plus lente i Le gaaternpode reagit par
une très forte réaction tissulake à l'invasion de son arganisme; Les
formes larvaires
sont comme engainees par des
amas de cellules rbaction-
enelles qui limitent leur prolif6ration D
Dans les dix
jours suivant la pCn3tration du miracidium
c
deux cas peuvent SS prC-rnter
: ou le mollusque est incr-,pable de lutter
contre le parasitisme dont il est l’cbjet,ou,au contraire, il est
u
capable de limiter le développement et lfenvahissemcnt de ses tissus par
les
formes larvaires
du trématede,
L
-fi-
a/- Dans le premier cas, chaque élément globuleux va par
multiplication cellulaire donner une forme larvaire
longue , mobile qui
en 24 21 48 heures présentera
deux bourgeons postérieurs
,un etranglement
médian , sorte
d’ébauche de la future cercaire.
Nous avons appelé ces
éléments
des pré-furcocercaires.
En trois ou quatre jours, ces pré-furcocercaires se différen-
-tient avec apparition
de ventouses orale et ventrale
dans la partie
antérieure
qui deviendra la tete . La partie postérieure
plus étroite
et longue, va donner la
queue. Les deux bourgeons postérieurs
formeront
la fourche
caudale.
En résumé, l’évolution de ces formes larvaires a
un carac-
-t&re
tout à fait aberrant
par rapport
au cycle classique des trémato-
-des
en général.
Dans le cas présent, il y
a absence de tout stade sporocys-
-tique et les furcocercaires
achèvent leur formation dans les tissus
hépato-pancréatiques en dehors
de toute enveloppe sporocystique.
A ce sujet,nous signalons qu’au cours de nombreuses
proepections que nous avons faites sur le terrain
en Afrique
de
l’Ouest ,
nous avons trouvé des
Bulinus et des Biomphalaria
- -.
parasités
par des formes larvaires
de trematodes à évolution identique à celle
de ce schistosome , c'est à dire sans
stade‘kporocyste” . Il y a donc
un certain nombre
de trématodes où
le mode de multiplication des formes
larvaires
s’accomplit en dehors
de tout sporocyste.
b/Dans le deuxième cas, le mollusque réagit contre
l’envahissement de son milieu interne par les
formes larvaires
du
.
,
-7-
schistosomc
par une intense réaction tissulaire, les isole sous
forme
d’filots , et empêche leur développement en pré-frucocercaires et en
cercaires .
C’est en géneral dans les muscles pédieux que persistent ces
reliquats
plus ou moins importants
de formes larvaires primaires
, qui
résistent aux cellules réactionnelles.
Nous conservons en aquarium , d e s bulins i n f e s t é s naturellcrs
-ment ou expérimentalement pendant plusieurs
mois sans qu’ils émettent
de furcocercaires
alors qu’à la dissection , ils présentent
des masses
de formes larvaires primaires
dans leur
pied ou dans le tissu conjonctif
i n t e r s t i t i e l .
Si le mollusque est placé dans de mauvaises conditions
d’oxygénation, de nourriture ou est
en présence
de facteurs
qui amoindris-
-sent sa résistance ( par
exemple : milieu envahi par les ciliés),les
formes larvaires
qui sont en état de diapause , envahissent les tissus
sains, se transforment
en quatre
à huit jours
en pré-furcocercaires
et furcocercaires
qui parfont leur
développement dans l'hépato-pancréas
du gastéropode.
B/ Cycle évolutif du schis tosome, agent causal
de la bilharziase
génito-
--------------------________________I___--------------------------------
urinaire
humaine en Afrique
Occidentale.
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
Parallèlement
au cycle évolutif du schistosome , agent
causal de la bilharziose des ruminants
domestiques en Afrique
de l’Ouest,
nous avons realisé au laboratoire le cycle du schistosome, agent
causal
de la bilharziose génLto-urinaire
dans ces mêmes régions!
Nous sommes partis
d’oeufs émis dans les urines
d’enfants et d’adultes bilharziens . Des Bulinus
truncatus et
des
I
c
Bulinus
quernei d’élevage ont été infestés expérimentalement puis disséqués
pour observer
et étudier les formes larvaires
du schistosome.
Ces formes se sont révélées
identiques à celles que nous
venons de dkrire pour les
schistosomes des ruminants;
A la suite de ces observations, des tests d’infestation
cmisée o n t é t é t e n t é s .
Des suspensions aqueuses de furcocercaires
émises par
dos
mollusques infestés expérimentalement par des souches de bilharziose génito-
urinaire
humaine ont été administrées per os à 5 mautons et 2 chkres
neufs ;
A l’autopsie d’un mouton fait 36 jours après
l’infestation
par furcocercaires, nous trouvons
dans ses veines mésentériques
135 schistoso-
-mes mbles et 15 schistosomes femelles ( formes immatures)
au m&me stade
de développement.
Les autres
animaux autopsiés 2 ZI 5 mois après leur
i n f e s t a t i o n ?Présentaient
b l’autopsie dans leur réseau mésentérique,
des
schistosomes mâles et femelles. Les formes larvaires
observées chez les
mollusques ne peuvent être rapportées
dans le cas de souche humaine a
Sch.haematobium, ni à Sch.bovis dans le cas de souche animale.
Determination d e l’esotke.
Nous avons examinb en détail, la morphologie des adultes
m%les et femelles trouvés
dans les veines mésentériques des ruminants
bilharziens
ainsi que ceux obtenus par infestation croisbei
I
L
- 9 -
Les dimensions, la morphologie de la ventouse orale et
buccale, la répartition
et les dimensions des tubercules
cutanés présents
SUT les téguments du m%le , la
forme du canal
gynécophore , le nombre
moyen des testicules , la présence de striations cuticulaires
des téguments
de la femelle, nous permettent de rattacher ce trématode à l'espèce
que
Brumpt a décrite
en 1931
sous le nom de Schistosoma curassoni sp. inq.
sur
du matériel
envoyé par Curasson et prélevé aux abattoirs
de Bamako
(Mali) sur
un bovin bilharzien.
D’après ces travaux de biologie et de systématique, la
bilharzie
agent causal des schistosomiases génito-urinaires
humaines et
des ruminants domestiques , est une seule espèce :Schistosoma curassoni
Brumpt, 1931.
Cette schistosomiase qui est une zoonose commune à l’homme
et aux ruminants domestiques, a comme principal réservoir
de virus, le
ruminant domestique.
D'après les r c
é ents travaux faits au laboratoire, il est
possible d'infester expérimentalement la souris
et le lapin, la première
étant meilleur h8te expérimental que lo second 1 Les souches peuvent donc
Btre maintenues par passage sur
souris. La durée d’évolution du parasite
chez la souris est sensiblement la même que chez le ruminant, c'est à dire
deux mois et demi ( Gretillat,I964)
Lésions observées
chez L’animali
Les lésions provoquées
chez l’animal par cette schistoso-
-misse sont seulement des ltkions hépatiques avec cirrhose
envahissante
chez les animaux fortement parasités.
Aucune lésion nr a pu
Etre
tmuvke c au niveau de l’intestin, malgrE la presence de très
-IO-
nombreux amas d’oeufs à éperon terminal dans le chorion et la muqueuse
i n t e s t i n a l e .
Comme l’ont déja montré
Mcleney et coll. en 1953
pour
i/
Schistosoma mansoni
et en 1956 Toshisatta Sadowa
e t c o l l . p o u r
Schis tosoma j aponicum
, la prhence
de nombreux Schistosoma curassoni
dans les veines mesentériques provoque
l’apparition de dépôts de pigment
mélanique dans les cellules de Kuppfer
du foie.
Ces auteurs
ne les mentionnent que dans la glande hépati-
-que , mais dans les schistosomiases 21 Schistosoma curassoni ,
nous
retrouvons
le même pigment au niveau des poumons et parfois dans les
u
t r
u bi
u n
l i a i r e s .
Ce pigment est quelquefois si abondant qu’il colore
C
les lobes pulmonaires
en gris
foncé, allant jusqu’au noir franc. Il est
phagocyté par les
histiocytes et
on le trouve sous forme
de blocs et de
mottes B contours
plus ou moins irr6guliers
dans les capillaires
péri-
alvéolaires.
Par
l’histochimie,
il est possible à l’aide d’une série
de tests différentiels
de mettre
en évidence ce pigment mélanique
dans les
coeca des femelles adultes pubères , alors qu'il
est absent dans le tube
intestinal des schistosomes mâles.
C'est peut-E?tre
un excrétat
de la femelle en période
de
ponte , phagocyté à son passage dans certains organes
par les cellules du
système réticule-endothélial.
L'importance et la densité
de ces dépôts pigmentaires
dans le foie,
le poumon et le rein
sont proportionnels
21 l’importance du
parasitisme ( Gretillat et
Picart, 1964)
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-II-
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Med,Vet. P.Troo.
Lab;nat.Rech.Vet. D a k a r
-w,w _LUI -
Juin 1964,17
pages,3 photos,1 planfnon
publié .)
-