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REPUBLIQUE DU SENEGAL
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MINISTERE DU DEVELOPPEMENT RURAL
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INSTITUT SENEGALAIS DE RECHERCHES
A G R I C O L E S ( I . S . R . A . )
LABORATOIRE NATIONAL DE L’ELEVAGE
ET DE RECHERCHES VETERINAIRES
BP 2057
DAKAR-HANN
LES INFECTIONS PAR LE VIRUS PARA-INFLUENZA
TYPE III CHEZ LES PETITS RUMINANTS
EN ZONE SAHELIENNE
J. SARR, M. DIOP, S. CISSOKHO
R E F . No 49/VIRO.
JUIN 1987.

MOTS CLE!S : Virus para-influenza II 1, pneumopathies Petits Ruminants.
RESUME
La présence du virus para-influenza III comme composante dans les
pneumopathies des Petits Ruminants en zone sahélienne est souvent
méconnue au profit du virus PPR, des pasteurelles et des mycoplasmes.
Une enquête sérologique portant sur 385 prélèvements de sérums
et des isolements du Virus PI3 à partir d’écouvillonnages nasaux et
d’organes d’animaux autopsiés, montrent bien le rôle que peut jouer
ce virus dans les maladies respiratoires des Petits Ruminants.
SUhAMARY
In Small Ruminants infections in the Sahelien zone, PI3 virus is
not often mentionned in the etiology. It is rather hidden by other
infectious .organisms such as PPR virus, mycoplasma and pasteurella.
A serological survey has been made with 385 samples and virus
isolation has been attempted on Small Ruminants nasal swabs and on
specimen collected b y autopsy. They show the role which cari be
played by PI3 virus in Small Ruminants respiratory diseases.

Les infections par le virus Para-influenza I Il sont bien établies chez
le veau (1). Mais leur existence chez les Petits Ruminants est souvent
méconnue,
notamment en zone sahélienne où les affections respiratoires
constituent la dominante pathologique en dehors des maladies parasitaires.
Sur le plan clinique, ces infections peuvent être confondues avec la
Peste des Petits Ruminants ou masquées par d’autres affections respira-
toires où interviennent à la fois d’autres virus en association avec des
bactéries et/ou des mycoplasmes (2).
Dans ces conditions, la présence du virus para-influenza III (PI3) ccmme
composante virale dans les pneumopathies des Petits Ruminants ne peut
être confirmée que par des études systématiques : enquête sérologique
et isolement de virus à partir d’animaux malades.
Ce travail a été réalisé au niveau du foirail des abattoirs de la
Ville de Dakar.
MATERIEL ET METHODE
1) Les sérums
Les échantillons de sang sont prélevés au vacutaner et après coagula-
tion, les sérums sont décantés, centrifugés à 1 500 trs/mn à + 4OC pendant
15 minutes, décomplémentés à 56OC pendant 30 minutes puis conservés à
- 20°C en attendant d’être testés.
Au total ,175 sérums de chèvre et 210 sérums de mouton ont été ainsi
prélevés au niveau du foirail des abattoirs de la Ville de Dakar.
. . . / . . .

5.
- 2
2) Test sérologique
La séroneutralisation cinétique (4) en microplaque virus constant -
sérum variable a été utilisée pour l’ensemble des sérums.
Le virus para-influenza III de référence est développé sur cellules
rénales de foetus de veau.
Un sérum est considéré comme positif s’il neutralise une CT 50 de
virus à une dilution d’au moins égale ou supérieure à 1/40eme.
Les intervalles de confiance des différents pourcentages sont calculés
au coefficient de sécurité de 95 %.
3) Prélèvements en vue d’isolement de virus
240 prélèvements ont été réalisés au niveau du foirail et du Labora-
toire (Salle d’autopsie) sur des moutons et des chèvres présentant un
tableau clinique de type pneumopathique.
Ils se répartissent de la manière suivante :
- écouvillonnage nasal profond ; 221
- prélèvement d’organe (rate, ganglion, muqueuse intestinale) ; 19.
4) Isolement de virus
Chaque écouvillonnage est repris dans 2 ml d’une solution de Hank’s
pH 7,2, préalablement refroidie, centrifugé à 4 500 trs/mn pendant 30 mn,
filtré sur millipore 0 0,2 u puis inoculé à 5 tubes de culture de 24 heures
de cellules rénales de foetus de mouton et de veau.
Les tubes sont placés au “rollet-” à 37OC et sont examinés tous les
jours pendant une semaine pour la recherche d’un effet cytopathogène.
. . . / . . .

- 3
Les prélèvements d’organes sont broyés sous froid au mixer, suspendus
à 10 % en solution de Hank’s, centrifugés à 10 000 trs/mn pendant 45 mn à
+ 4OC.
Les surnageants sont additionnés de 1 000 UI de pénicilline et inoculés
à des cultures cellulaires dans les mêmes conditions que pour les écouvillon-
nages.
Chaque prélèvement subit au moins cinq passages sur cellules de rein
de veau et sur cellules de rein de mouton sans donner de lésions avant
d’être considéré comme négatif.
5) Identification de virus
La méthode de séroneutralisation cinétique en microplaque à l’aide
d’un immun-sérum spécifique fourni par les Labortoires EUROBIO (France),
est utilisée.
Tableau no 1 : Résultats sérologiques
Moutons
Chèvres
TOTAL
Animaux positifs
901210
107/175
1971385
% de positifs
4 3 * 6,8
61 1: 7,4
51 i 5,8
. . . / . . .

- 4
Tableau no 2 : Isolement et identification de virus PI3
T-
Nombre de pré-
Nombre de
Nature des
Nombre de virus
Ièvements par
prélèvements
prélèvements
espèce animale
P13 isolés
221
Ecouvillonnage
Mouton
98
1
Chèvre
123
7
19
Prélèvements
Mouton
14
3
d’organes
Chèvre
5
0
TOTAL
1 1
RESULTATS
1) Sérologie
Sur 210 sérums de mouton testés, 90 sont positifs, soit 43 k 6,8 %.
Chez les chèvres, ce pourcentage est relativement plus élevé ;
61 k 7,4 % (tableau 1).
2) Isolement et identification du virus PI3
Sur 240 prélèvements, 11 ont permis l’isolement du virus P13, soit un
rapport de 4,6 * 2,6 % (tableau 2).
16 % des isolats proviennent d’organes contre 3,6 % seulement pour
les écouvillonnages.
. . . / . . .

- 5
Les isolements sur chèvre représentent 63,6 % pour 128 prélèvements
analysés.
36,4 % des isolats proviennent de moutons pour 103 prélèvements
réa1 isés .
DISCUSSION
Les résultats sérologiques montrent des taux relativement élevés d’anti-
corps neutralisants le virus PI3 aussi bien chez les moutons 43 17 6,8 % que
chez les chèvres 61 + 7,8 %.
Ces pourcentages peuvent s’expliquer par une large diffusion du virus
favorisée par une grande promiscuité des animaux au niveau du foirail des
abattoirs.
Les isolements à partir d’écouvillonnage ne donnent pas de très bons
résultats, du moins pour le virus P13. II est probable que les complications
bactériennes etlou mycoplasmiques prennent très tôt le relais alors que le
virus a disparu des voies respiratoires supérieures.

Cependant, le virus se retrouve plus facilement chez la chèvre que
chez le mouton.
L’établissement d’une relation entre le taux d’anticorps neutralisants
et la fréquence des isolements du virus PI3 dans la population caprine
d’une part et ovine d’autre part, semble difficile à faire.
II est vraisemblable que la chèvre soit plus sensible aux infections à
Para-influenza III tout comme elle l’est pour le virus PPR (3).
Le virus PI3 en association avec Pasteurella haemolflica peut provoquer
chez le mouton une bronchopneumonie
(2) dont le tableau clinique ne peut
être distingué de la Peste des Petits Ruminants.
. . . / . . .

- 6
Des enquêtes précédentes menées au Sénégal (5) ont montré I’impor-
tance du virus PI3 chez les Petits Ruminants.
Le rôle joué par ce virus dans les pneumopathies des Petits Ruminants
en zone sahélienne est certainement beaucoup plus important dans ce qui
est souvent décrit par les services vétérinaires de terrain comme étant la
Pasteurellose ovine ou encore la Peste des Petits Ruminants.

- 7
B I B L I O G R A P H I E
1 - ANDREWES (C.) and PEREIRA (H.G.) - Viruses o f v e r t e b r a t e s .
p. 233. Third Ad. Baillière Tenddall 1972.
2 - DEVIS (D.H.), HERCEG (M.), JONES (B.A.H.) and THURLEY (D.C.) -
The pathogenesis of sequential infection with para-influenza virus type
3 and Pasteurella haemolytica in sheep.
Vet. Microbio., 1981, 6 : 173-l 82.
2 - LEFEVRE (P.C.) - La Peste des Petits Ruminants et infection bovipes-
tique des ovins et des caprins.
Maisons-Alfort : Institut d’Elevage et de Médecine Vétérinaire des Pays
tropicaux, 1982.
PLOWRIGHT (W.) and FERRIS (R.D.) - Studies with rinderpest virus
in tissue culture : Ill. The stability of cultured virus and its use in
virus neutralization tests.
Arch. ges. virusforsh, 1961, 2 : 516-523.
-
SARR (J.), DIOP CM.), CISSOKHO (S.) - Situation épidémiologique
des principaux virus à tropisme respiratoire chez les Petits Ruminants
du Sénégal.
Rev. Elev. Méd. Vét. Pays trop. (à paraître).