INSTITUT D'ÉLEVAGE ET ÎLE MÉDECINE ...
INSTITUT D'ÉLEVAGE ET ÎLE MÉDECINE
VÉTÉRINAIRE DES PAYS TROPICAUX
REVUE D’ÉLEVAGE
ET DE
MÉDECINE VÉTÉRINAIRE
DES PAYS TROPICAUX
Première observation de botulisme
animal de type D au Sénégal
par M. P. DOUTRE
I Tome XXII (nouvelle série)
N” 1 - 1969
p--z VIGOT FRÈRES, ÉDITEURS ~-
23, rue de l’École-de-Médecine. PARIS-VI’

Rev. Elev. Méd. Vét. Pays frop., 1969, 22, 1 (25-27)
Première observation de botulisme animal
de type D au Sénégal
par M. P. DOUTRE
RÉSUMÉ
Un foyer de botulisme animal (équidés, bovins) est apparu dans un village
sénégalais dont l’eau du puits avait été contaminée par des cadavres de chats.
La toxine de CI. bofulinum type D a pu être mise en évidence mais la souche en
cause n’a pu être isolée. Cette observation constitue la première relation de
botulisme animal de type D effectuée en Afrique francophone.
En juillet 1968, le laboratoire de Dakar reçoit
c) Séroneutralisation :
un prélèvement d’eau expédié par l’agent du
La séroneutralisation sur souris entreprise à
Service de I’Elevage de Diourbel ; cet échantil-
l’aide des sérums antibotuliques de type, fournis
lon provient d’un puits du village de Taïba-
par l’Institut Pasteur de Paris, montre que la
Thiékène (département de M’Backé) dont l’eau
toxine est totalement neutralisée par le sérum
se révèle toxique pour les animaux qui la
anti D, ce qui confirme et précise le diagnostic.
consomment.
d) Essais d’isolement de la souche de CI.
Des bovins et des chevaux, dont le nombre
botulinum :
n’est pas précisé, ont succombé après avoir
Un chauffage de 10 minutes à 80 OC permet
manifesté des symptômes paralytiques. De
d’éliminer les bactéries thermolabiles. L’isole-
plus, les commémoratifs précisent que des chats
ment est tenté :
ont été précipités dans le puits (9).
10 Par repiquage de colonies obtenues après
culture sur gélose profonde infusion cerveau
EXAMENS DE LABORATOIRE
cceur (Difco B4i8) (Technique de 1’1, P. de
Paris par épuisement sur série de 12 tubes).
La présence de Clostridia liquéfiants et très
En présence des renseignements fournis, la
gazogènes rend la méthode inutilisable, même
possibilité de l’existence d’un foyer botulique est
en partant d’une dilution de la culture mixte.
envisagée.
20 Par repiquage de colonies obtenues après
a) L’inoculation intrapéritonéale de 2 ml
culture sur gélose au sang en boîte de Pétri
d’eau de puits à des souris donne un résultat
(Technique préconisée par le Professeur H.
négatif.
BEERENS de 1’1. P. de Lille ; anaérobiose réalisée
6) L’ensemencement en bouillon VF anaérobie
par le pyrogallol alcalin).
de quelques sédiments sableux, présents dans le
Aucune colonie isolée ne se révèle toxigène
fond de la bouteille ayant servi au transport du
après 6 jours de culture en bouillon VF anaérobie.
prélèvement, donne une culture dont le surna-
A la suite de ces échecs, la culture mixte dont
geant se révèle toxique pour des souris inoculées
le surnageant contient la toxine botulique de
(DMM/souris = 0,00005 ml), Les souris suc-
type D est expédiée au Service des Anaérobies de
combent en offrant les signes classiques de I’in-
l’Institut Pasteur de Lille (Professeur H. BEE-
toxication botulique.
RENS) et à I<Anaerobic Bacteriology Laboratory,
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Communicable Disease Center, Atlanta, Geor-
De plus, jusqu’à ce jour, dans cette zone,
gia (Professeur R. T. HOWELL). Ces deux jamais le type D n’a été rencontré chez l’animal,
laboratoires ont confirmé le diagnostic de
seul le type C beta a été isolé au Sénégal, de
botulisme de type D, sans toutefois parvenir à
bovins (souche Yaré-Lao, souche Doli) (1, 3, 4),
isoler la souche.
d’une tourterelle (souche Lagbar) (6) et du porc
Parmi les nombreux Clostridia isolés (CI.
(souche Cambérène) (5). Chez l’homme, DE-
fallax, CI. carnofoetidum, etc.), H. BEERENS a MARCHI et coll. ont rapporté qu’en janvier 1958
obtenu une souche dont les caractères biochi-
un foyer de botulisme D était apparu dans une
miques correspondent à ceux de CI. bofulinum
communauté européenne à Moundou (Tchad).
type D, mais cette souche ne produit aucune
L’aliment responsable était du jambon cru,
toxine. Pour cet auteur, la souche en cause perd
salé (2).
son pouvoir toxigène dès repiquage au cours du
premier passage sur milieu artificiel.
REMERCIEMENTS
DISCUSSION
Nous tenons à adresser nos remerciements
Les exemples d’intoxication botulique ani-
aux Professeurs H. BEERENS et R. T. HOWELL
male due à l’ingestion de fourrages ou d’eau
pour avoir confirmé le diagnostic et tenté d’isoler
d’abreuvement souillés par des cadavres, en
la souche en cause.
particulier de chats, ont fait l’objet de nom-
breuses observations de par le monde (7, 8).
Institut d'E/evage et de
Toutefois, le foyer de Taïba-Thiékène constitue,
Médecine Véférinaire des Pays Tropicaux
à notre connaissance, la première relation
Laboratoire National de /‘Elevage et de
pour l’Afrique francophone.
Recherches Vétérinaires, Dakar-Hann.
SUMMARY
First observation of type D animal botulism in Senegal
An outbreak of animal botulism (horses, cattle) was observed in a senegalese
village. Water of a well was contaminated by corpses of drowned cats. Toxin of
CI. botulinum type D was demonstrated but the involved strain was not isolated.
This observation constitutes the first report of type D animal botulism in French
Western Africa.
RESUMEN
Primera observacih de botulismo animal de tipo D en Senegal
Un foco de botulismo animal (caballos, bovinos) ocurri6 en un pueblo de
Senegal, donde cadaveres de gatos habian infectado el agua del pozo. Se demos-
tr6 la presencia de la toxina CI, bofulinum tipo D pero no se pudo aislar la dicha
cepa. Es la primera nota sobre el botulisme animal de tipo D en Africa franco-
fona.
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énigme biologique : chat et botulisme. Ann.
une ,tourterelle (Sfre@opelio roseogrisea bor-
Inst. Pasteur, 1955, 89 : 354-357.
Imprimé en Fronce. - Imp. JOUVE. 12. Rue de Tournon. Paris (6-J