” REVUE D’ÉLEVAGE ET DE MÉDECINE...
” REVUE D’ÉLEVAGE
ET DE
MÉDECINE VÉTÉRINAIRE
DES PAYS TROPICAUX
EXTRAIT
Hématologie, histopathologie et histochimie
de la peste bovine
par G. THIERY
Tome IX
N” 2 - 1956
VIGOT FRÈRES, l?DITEURS, 23, rue de l’École-de-Médecine, PARIS-6’

Hématologie,
histopathologie et histochimie
de la peste bovine
Intérêt de l’étude histochimique des inclusions
cellulaires de la peste bovine pour la signification
générale des inclusions dans les maladies à virus
par G. THIERY
Lors d’une précédente publication, nous avons
animales envisagées. Les prélèvements de sang ont
rapporté les particularités anatomo-pathologiques de
été effectués depuis l’avant-veille de l’inoculation
la peste bovine en fonction du type de virus et
infectante, tous les jours chez les bovins jusqu’au
de l’espèce affectée. Nous avons séparé les lésions
moment de la mort, toutes les 6 heures chez les
spécifiques de cette maladie de celles qui ne le
lapins jusqu’au cinquième jour, tous les jours ensuite
sont pas. Cette distinction ne prend toute sa valeur
pendant un mois. Les techniques appliquées au sang
que par l’étude microscopique ; bien plus, l’histo-
sont classiques : numérations globulaires à l’aide de
pathologie et l’histochimie permettent de connaître
la cellule hématimétrique de Noël Fiessinger, colo-
les conditions de vie du virus, c’est pourquoi
ration des frottis par la méthode de May Grünwald
nous allons nous efforcer de les préciser au
et Giemsa.
maximum. Nous pourrons dès lors envisager les
Les prélèvements tissulaires destinés à l’&ude
besoins du virus, concevoir son mode d’action dans
histologique et histochimique ont toujours été effec-
l’organisme et prévoir un milieu de culture, le
tués dans les instants qui ont suivi la mort, excep-
tout devant faire l’objet d’une prochaine publication.
tionnellement apres quelques heures. L’examen
L’examen des lésions microscopiques de la
topographique et histopathologique général a été
peste bovine révèle l’existence de nombreuses
pratiqué après fixation au formol à 12 90 ou au liquide
inclusions cellulaires et de figures de dégéné-
de Bouin et coloration à l’hématoxyline-éosine et au
rescence nucléaire spécifiques. Leur Etude histo-
trichrome de Masson. La détermination de certaines
chimique montre une parenté assez étroite du
cellules a été faite après coloration des coupes au
virus qui les engendre avec d’autres virus. Leur
May Grünwald-Giemsa, Les neurones et la réticuline
connaissance approfondie dépasse donc le cadre
ont été mis en évidence par nitratation, et les fibres
de l’affection qui nous occupe ici, aussi mention-
élastiques par le Weigert 6 de Cretin et Mahot.
nerons-nous les particularités qui les rapprochent
L’étude bactérioscopique a été faite après coloration
des autres inclusions virales.
à la thionine phéniquée ou au Gram-Weigert. La
myéline et les corps de Nissl ont été identifiés sur
coupes à congélation, respectivement par la méthode
~mxraQms HOÉMATOL~GIQ~S,
de Weigert ou de Baker et par la thionine tamponnee
HISTOPATHOLOGIQUES ET HISTOCHIMIQUES
(méthode dérivée de celle de Feyrter).
La recherche des inclusions cellulaires a éte faite
Nous avons mentionné précédemment, lors de la
sur des pièces fixées de diverses manier-es, mais
relation des particularités anatomo-pathologiques de
incontestablement, la fixation au liquide de Flemming
la peste bovine, les conditions expérimentales
suivie de la coloration du même auteur nous a fourni
d’étude de la maladie chez les diverses espèces
les résultats les plus beaux et les plus démonstratifs.
117

La méthode de Mann ou, mieux, la technique de
même un certain nombre d’enzymes protéoly-
mise en évidence du chondriome de Gabe à la
tiques et la ribonucléase en vue de la détermination
fuchsine d’Altmann après fixation au liquide de
de certaines protéines. Il ne nous a malheureu-
Bouin, les met également en évidence d’une manière
sement pas été possible de poursuivre plus avant
fort démonstrative. Sur coupes à congélation, la
l’étude des protéines et des enzymes par manque
coloration d’une minute par le vert lumière à 1,5 y&
de. certaines substances chimiques indispensables.
légèrement acétifié, suivie, après lavage à l’eau
Cette étude sera entreprise dès que nous serons
acétifiée, d’un traitement de 30 secondes par la
en mesure de la mener à bien.
fuchsine acide à 1 Oh, montre des inclusions noires
C’est en effet par la multiplicité des réactions que
sur fond rose ou rouge.
l’on peut déceler les modifications du substrat
Le chondriome a été mis en évidence selon la
engendrées par le virus. Celles-ci, malgré leur
méthode de Gabe après fixation au liquide de Regaud
nombre, ne permettent que l’obtention de résultats
et postchromisation, et par le vert Visba employé
encore fra,gmentaires. Elles devront donc être
supravitalement. L’appareil de Golgi a été révélé par
complétées par l’étude microchimique quantita-
la technique de Da Fano et, supravitalement, au bleu
tive et l’expérimentation.
de méthylène et au rouge neutre.
Au cours de l’étude des lésions, nous avons été
conduit a considérer le rôle important joué par les
HEMATOLOGIE DE LA PESTE BOVINE
polynucléaires neutrophiles, c’est pourquoi nous
L’étude hématologique de la peste bovine a été
avons cherché un moyen de mise en évidence de ces
poursuivie chez les bovins et chez les lapins. Elle
cellules dans les lésions. Nous avons constaté qu’ils
‘permet de mettre en évidence les réactions non
sont électivement colorés sur les coupes à congéla-
spécifiques d.e la maladie dues au stress et les
tion par la méthode de Baker pour la détection
réactions p’ropres engendrées par le virus. C’est
histochimique des phosphoamino-lipides. En effet, les
pourquoi l’examen du sang revêt une grande impor-
polynucléaires neutrophiles et pseudo-éosinophiles
tance pour la compréhension des phénomènes que
de toutes les espèces de mammifères, sur coupes
l’on a décelés à l’autopsie, de plus il est poursuivi
tissulaires à congélation après fixation au formol,
du vivant d,a l’animal, ce qui lui confère un intérêt
présentent un cytoplasme bourré de petites sphérules
supplémentaire; c’est cette dernière raison qui nous
Baker positives. Chez le lapin, ce sont ces sphérules
a incité à séparer l’hématologie de l’histopathologie.
qui prennent le colorant acide sur les frottis en
raison de leur nature lipoprotéique. Chez les autres
1" Bovins.
mammiferes, ces sphérules ne sont pas colorées
Nos constatations, effectuées journellement au
sur les frottis, les agents tinctoriaux se déposent sur le
cours de la maladie mortelle, sont en accord avec
cytoplasme persistant dans les espaces situés
celles des auteurs classiques: cependant, les
entre eux et forment les granulations E d’Ehrlich
résultats exprimés ne traduisent pas toujours les
seules visibles. L’augmentation de taille de ces
réactions de i’organisme. En effet, on mentionne la
granulations indique une diminution de taille des
plupart du ternps les variations de la formule leuco-
sphérules traduisant le métabolisme actif des cellules.
cytaire qui s’opposent parfois aux variations du
Chez le lapin, la propriété qu’ont les sphérules de
nombre absolu des divers leucocytes. Nous parlerons
fixer les colorants acides permet une caractéri-
donc ici de:; nombres absolus par millimètre cube
sation aisée des polynucléaires sur les coupes à
de sang des diverses cellules, en signalant toute-
la paraffine après fixation au formol et coloration
fois les valeurs relatives puisqu’elles ont été
par la technique de Gabe.
exprimées an général de cette manière.
La qualité histochimique des tissus et de leurs
Pendant 183s deux ou trois premiers jours après
composants a été révélée, après fixation appro-
l’inoculation, on remarque une leucocytose parfois
priée, par les méthodes de Hotchkiss-Mac Manus
importante, accompagnée de lymphocytose absolue
(polysaccharides acides), de recherche de la baso-
correspond?.n.t à la période de choc de la réaction
philie et de la métachromasie au bleu de toluidine
d’alarme; 1~s autres globules blancs ne sont prati-
(polysaccharides), au carmin de Best avec contrôle
quement pas affectés. Par la suite, il se produit une
a la salive (glycogène), au Soudan III et au noir
baisse du rwmbre des leucocytes coïncidant sensi-
Soudan B (lipides), de Baker (phosphoaminolipides),
blement avec l’apparition de la fièvre. Il s’agit
de Feulgen (désoxyribonucléoprotéines), de Brachet
d’une lymphopénie absolue avec polynucléose
(ribonucléoprotéines), de Joyet Lavergne au nitro-
neutrophile marquée et éosinopénie totale tradui-
prussiate de sodium (Radical -SH), de Millon selon
sant la décharge en glycocorticoïdes surrénaliens.
Pollister et Ris (protéines et histones), et par la
On note, peu avant l’apparition des lésions épithé-
réaction xanthoprotéique. Il a été employé de
liales macrcscopiques,
une chute du nombre des
118

polynucleaires qui ne persiste qu’un ou deux jours.
Lorsque l’animal est en mauvais état, princi-
Il lui fait suite une polynucléose neutrophile relative
palement en cas d’hydrohémie, les réactions
considérable,
principalement
chez les zébus,
sanguines sont peu marquées, si bien qu’il est
coïncidant avec une polynucléopénie et une lympho-
difficile de donner une courbe moyenne des varia-
pénie absolues Il s’agit ici de la phase d’épuisement,
tions sanguines au cours de la maladie. La figure 1
l’organisme n’ayant pu s’adapter.
présente les variations habituelles du sang d’un
Signalons enfin que le zébu manifeste une lympho-
zébu en bon état. Les courbes sont valables pour le
pénie plus accusée et plus importante que le taurin.
taurin dans leur forme générale.
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Figure 1.
Courbes représentatives des variations des divers leucocytes par
mm3 de sang chez des zébus, lors d’une infection mortelle 7 jours
après l’inoculation virulente. Elle ne traduit que le choc et le
1000
Ieucccyrcs
contre-choc du stress.
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6
15
24
30
39
4.3
54
63
7 2 3 5 h e u r e s

JL

choc
contre choc
résistance
Figure 2.
Courbes représentatives des variations des divers leucocytes par mm3 de sang chez le lapin dans
les 75 premières heures après inoculation intraveineuse du virus lapinisé.
119

L’inoculation de sang virulent à un animal réfrac-
pratiquemert plus (2 à 4 YO en moyenne soit 800
taire entraîne une lymphocytose accusée débolant
à 1.600 par nrr? de sang), celui des polynucléaires
déjà vers la sixième heure, persistant quaire à
pseudoéosinophiles atteint à nouveau sa valeur
cinq jours et s’atténuant pour tendre vers la normale
normale de 4.000 par mm3 de sang (son taux est
du septième au dixième jour. La monocytose est
de 94 à 90 OdJ. Nous avons pu constater la stabi-
discrète, il existe une légère polynucléopénie. Il
lité de ces chiffres un mois après le début de l’infec-
s’agit ici de la réaction générale classique d’un
tion,
sujet immunisé vis-à-vis de l’agent pathogène
Signalons enfin que, pendant la période fébrile,
correspondant.
les polynucléaires pseudoéosinophiles renferment
Lorsque la maladie évolue lentement, la lympho-
des granulations bleu-noir de grosse taille que l’on
pénie est moindre et les courbes se prolongent
pourrait rapprocher des granulations toxiques des
dans leur forme générale. Si la maladie n’est pas
polynucléair’as neutrophiles vrais. Les polynu-
mortelle, la chute des leucocytes est plus tardive,
cléaires éosinophiles, qui disparaissent vers la
la lymphopénie est bien moins marqu4e et le taux
240 heure, réapparaissent vers le 6~ ou 7’ jour.
des leucocytes se relève vers le 15” jour. Après
Ainsi, les courbes représentatives des variations
une oscillation la courbe des leucocytes redevient
des divers leucocytes présentent, l’échelle des
c.
normale, sa forme est semblable à celle observée
temps mise ,i part, une première portion de même
chez le lapin (figure 2) mais avec une échelle de
aspect. Cette zone semblable ne paraît pas spéci-
temps différente. Ceci montre bien la lenteur des
fique ainsi qle nous en donnerons la démonstration
réactions hormonales chez les bovins. Lors d’affec-
ultérieurement, elle n’est que la traduction du choc
tion chronique, après un mois, le nombre des
et du contre-choc de l’adaptation au stress viral,
leucocytes atteint le quart de la normale, celui des
mais il apparaît en outre un fait important, c’est la
polynucléaires est diminué légèrement et il n’existe
disparition d’un très grand nombre de lymphocytes,
que très peu de lymphocytes (500 à 600 par mm3),
on devrait dire de la presque totalité de ceux-ci.
le nombre total des leucocytes est lui-même nette-
Ceci laisse prévoir, puisqu’ils ne réapparaissent
ment abaissé (3.500 à 6.000 par mm3).
pas chez les ,inimaux qui survivent, que le virus
Nous n’avons pas fait état du nombre des hématies,
va attaquer (et détruire les lieux où ils se forment,
car leur nombre ne subit qu’une très discrète oscil-
c’est-à-dire les follicules lymphoïdes partout où ils
lation au cours de l’affection classique et l’anémie
existent. La lyrmphopoïèse ne doit persister que dans
n’est que faible lors de maladie chronique.
un très petit nombre de follicules epargnés. On
est ainsi natu-ellement conduit à penser que cette
2O Lapins.
variété de leucocytes joue un rôle important dans
la vie du virus, c’est ce qui permet de supposer
L’étude du sang est des plus expressives.
qu’un anima! <guéri offrira pendant le reste de sa
L’image est semblable lorsque les animaux sont en
vie une résistance au virus puisqu’il ne possede
bon état, sinon les variations individuelles sont
plus une variété de cellules qui lui est nécessaire,
assez importantes. Nous avons réuni les résultats
ainsi qu’il ser.a précisé au cours de l’étude histo-
des divers examens sur des courbes (figure 2)
pathologique. Dès lors, on doit distinguer, dans
qui montrent, mieux que de longs discours les
cette résistaice au virus, les phénomenes immu-
oscillations de la formule sanguine. Les diverses
nitaires vrais, relativement courts, et les pheno-
cellules sont comptées en valeur absolue par milli-
mènes de carence nutritive du virus qui eux sont
mètre cube de sang, la formule leucocytaire seule
longs, et durent sans doute le reste de la vie. Nous
i
étant peu significative.
n’osons géneraliser ce point de vue a d’autres
Les courbes figuratives des cellules sanguines
types de virls, mais il semble que des recherches
montrent bien, au début, la réaction peu spécifique
devraient ê, re entreprises dans ce sens pour
de l’organisme à l’agent stressant. Par la suite, le
d’autres viroses.
virus agit directement sur la lignée lymphoïde. Les
variations des polynucléaires seront interprétées à
la faveur de l’histopathologie. Ici encore, il existe
HISTOPATHOLOGIE ET HISTOCHIMIE
des variations individuelles assez nettes. Chez les
sujets anémiés, en mauvais état, les courbes s’apla-
L’etude qui va suivre repose sur l’examen de
tissent considérablement, principalement celles des
30 bovins (taurins et zébus) affectés et de 4 témoins
polynucléaires.
indemnes, da 7 caprins inoculés et de 2 témoins,
Apres la 75~’ heure, le nombre des 1eucoc:ytes
de 43 lapins infectés et de 8 témoins.
diminue encore, ainsi que celui des lymphocytes,
L’examen ,anatomopathologique
a permis deja de
mais tandis que le taux des lymphocytes ne remonte
noter une difforence entre les lésions de certains
120

épithéliums et celles des organes hémolympho-
très rapidement, souvent même avant l’apparition
poietiques, aussi allons-nous examiner successi-
des inclusions cellulaires, par l’arrivée de poly-
vement les tissus épithéliaux de revêtement, des
nucléaires neutrophiles qui traversent tres rapi-
parenchymes sécréteurs et excréteurs, les organes
dement le chorion de la muqueuse pour venir
hematopoietiques et les autres tissus, en traitant à
s’accumuler dans les foyers épithéliaux (figures 3
part le problème des lésions spécifiques en raison
et 4). On constate régulierement le passage des
de !eur importance dans cette maladie.
polynucléaires neutrophiles dans le chorion lorsque
les cellules épithéliales manifestent les premiers
A. - Lésions créées par le virus bovipestique
signes de l’atteinte virale. On peut, des lors, se
adapté à l’espèce animale étudiée.
poser la question du transport du virus et se
demander s’il n’est pas apporté par les polynu-
1,’ Bovins.
cléaires neutrophiles. Nous nous proposons de
Les lésions les plus importantes visibles sur
séparer les polynucléaires des autres leucocytes
l’animal vivant siégent au niveau des muqueuses
afin de vérifier directement cette hypothese.
recouvertes d’un épithélium de type malpighien et
Ensuite, la lésion va se constituer rapidement, à
.a
au niveau de la peau, aussi allons-nous commencer
la fois par l’extension et par l’évolution du stade
cette étude par la description de leurs lésions.
primitif. Le foyer initial siège en général en zone
a) Tissus épithéliaux stratifiéspavimenteux (malpi-
profonde du corps muqueux. Il s’étend peu à peu
ghiens et para-malpighiensj.
latéralement tandis que les polynucléaires affluent.
La muqueuse bucco-pharyngienne présente une
La technique de Baker permet d’observer ce
atteinte de même type quel qu’en soit le siège,
phénomène d’une manière remarquable en raison
avec de petites variations d’intensité. Nous étudie-
de la présence des sphérules Baker-positives que
rons à part l’épithélium malpighien de l’amygdale
renferment les polynucléaires. L’infiltration se
en raison de ses particularités. La lésion débute
poursuit également vers la surface tandis que les
tres peu de temps avant que le nombre des poly-
cellules épithéliales dégénerent et que les plasmodes
nucléaires sanguins commence à diminuer. Elle
disparaissent. A partir de ce stade, un assez grand
n’est encore qu’histologique à ce stade. Elle
nombre de mastocytes du chorion perdent leurs
n’intéresse alors que l’épithélium, principalement
granulations et la libération d’histamine et d’hépa-
dans le corps muqueux de Malpighi. Il s’agit d’une
rine entraîne une congestion locale, Le chorion
viciation du métabolisme des cellules qui perdent
papillaire s’infiltre également de cellules inflam-
leur acide ribonucléique (d’où perte de la baso-
matoires : polynucléaires neutrophiles, histiocytes
philie). Les cellules deviennent plus ou moins
et quelques lymphocytes.
turgescentes et subissent parfois une stimulation de
Peu à peu, toute la partie de l’épithélium qui
reproduction intense qui aboutit à la formation de
recouvre l’assise génératrice se trouve plus ou
plasmodes, que l’on observe en tous les points
moins nécrosée et infiltrée de polynucléaires
mais avec une plus grande fréquence dans la région
(figure 5). A ce moment, la lésion n’a plus tendance
pharyngienne. Dans les cellules qui ne subissent
à s’étendre latéralement, mais de nouveaux foyers
pas cette stimulation, il peut apparaître de petites
apparaissent qui vont peu à peu confluer avec les
,
formations irrégulieres acidophiles que l’on peut
plus anciens. Ainsi se trouve constitué l’enduit
interpreter comme des inclusions cellulaires. Celles-
pultacé, plus ou moins abondant selon les zones
ci seront étudiées en un chapitre particulier étant
épithéliales. Lorsqu’il est éliminé, il persiste un
w
donnée leur importance pour la compréhension de
ulcère (figure 6) dont le fond laisse voir par trans-
la réaction organique vis-à-vis du virus. Notons
parence le chorion légèrement congestionné. La
toutefois que ces inclusions cellulaires ne sont que
lésion est ainsi constituée, l’ulcère apparaît à bord
peu fréquentes au niveau de l’épithélium bucco-
net, ce bord étant limité par un épithélium normal
pharyngien banal, tandis qu’elles sont abondantes,
et au fond par l’assise génératrice, si bien qu’il
comme on le verra, au mveau de l’amygdale. En
peut guérir sans laisser de cicatrice.
outre, dans les cellules apparaissent en très petite
En général, si la maladie évolue un peu, on
quantité des lipides donnant la réaction de Hotchkiss-
constate la culture de nombreux germes micro-
Mac Mannus, faiblement positive. Lorsque les
4.
biens dans la zone ulcérée, d’où une inflammation
inclusions n’apparaissent pas, on peut déceler une
secondaire du chorion (qui s’infiltre de nombreux
dégénérescence nucléaire spéciale, paraissant
polynucléaires neutrophiles.
spécifique, que nous étudierons à part pour cette
On n’observe la formation de telles lesions que
raison.
là où l’épithélium est riche en ribonucléoprotéines.
Ce stade lésionnel est extrêmement court, c’est
Sur la face inférieure de la langue, qui en est pauvre,
pourquoi il est difficile à saisir. Il se complique
il ne se produit pas d’ulcère. Les localisations des
121

Figure 3.
Stade initial de l’atteinte d’un épithélium malpigh;en. Les polynucléaires
neutrophiles dont les granulations apparaissent en noir infiltrent le foyer

d’altération du corpsmuqueux de Malpighi. Coupe à congélation de gencive,
technique de Baker. Photomicrographie non retouchée x 100.
.
Figure 4.
Autre aspect du stade initial en région supenïcielle de l’épithélium
malpighien dans une région voisine, Technique de Baker.
Photomicrographie non retouchée x 100.
122

Figure 5.
L’enduit pultacé qui recouvre la muqueuse buccale est constitué par ies
débris nécrotiques infiltrés de polynucléaires neutrophiles. Noter l’intégrité

de l’assise génératrice. Technique de Baker.
Photomicrographie non retouchée x 100.
Figure 6.
Petite ulcération de la gencive résultant de l’élrmination des cellules en vole
de dégénérescence. Technique de Baker.
Photomicrographie non retouchée x 100.
1 2 3

ulceres paraissent conditionnées par ce facteur. Par
digestifs presente, lorsqu’elle est atteinte, des
contre, le pigment mélanique ne paraît avoir aucune
lésions semblables aux lésions buccopharyngées
influence.
mais les inclusions cellulaires y sont rarement
Lorsque la lésion est assez ancienne, on note
rencontrée:, Nous avons noté, en dehors des zones
une réaction de Millon positive, ce qui traduit une
où siegent des ulcères macroscopiquement visibles,
libération de protéines à chaînes aromatiques. De
des micro-,*lcères de même type de la gouttière
même, la nitroréaction est un peu plus intense,
œsophagienne,
du réseau et, plus rarement, du
ce qui est en accord avec le fait précédent.
feuillet.
L’épithélium amygdalien mérite une mention à
Sur la peau de la face externe de la levre infé-
part. En effet, si la lesion est semblable dans son
rieure, on constate la présence de petites ulcérations
aspect général, c’est-à-dire si l’on observe une
qui se forment de la même manière (figure 7).
transformation des cellules du corps muqueux, la
Ces ulcérations sont pratiquement constantes au
diapédèse de nombreux polynucléaires et la forma-
voisinage de l’extrémité du bord libre de la levre,
-*
tion de quelques ulcères, principalement dans le
elles sont plus rares ailleurs. On note également
canal cryptique, quelques points de détail méritent
leur présence au niveau de la zone malpighienne
d’être mentionnés. Il s’agit, en premier lieu, de
de l’orifice nasal. Nous avons enfin décelé chez
la multiplication importante des cellules qui dilatent
quelques taurins des micro-ulcères sur la peau du
les cryptes, de la diapédèse dans un certain nombre
flanc et des côtes, là où le tégument semblait normal.
d’entre elles d’un grand nombre de polynucléaires
Ces petite:; ulcérations siègent en genéral au
et de la perte considérable des cellules épitheliales
sommet de,; papilles dermiques mais on peut les
en acide ribonucléique. En outre, il apparaît dans
noter aussi sur leurs faces latérales et même dans
les cellules de très nombreuses inclusions cellu-
les gaines des poils, principalement sur la lévre
laires spécifiques acidophiles, parfois au sein des
inférieure et à l’orifice du canal des glandes sudo-
plasmodes épithéliaux. Leur nombre est toujours
ripares. La lesion se complique par une exosérose
plus élevé chez les taurins que chez les zébus,
notable qui produit des croûtes par simple dessi-
Elles siègent principalement au fond des cryptes et
cation. Ces constatations montrent bien le tropisme
parfois, chez les taurins, leur nombre est considé-
ectodermiqre
du virus, plus accusé d’ailleurs
rable. Les lésions de dégénérescence nucléaire
chez le taurin.
s’observent plutôt à l’orifice du canal cryptique
L’orifice nasal et le cornet nasal inférieur
principal. II semble d’ailleurs que, chez ces am-
présentent les mêmes lésions que la muqueuse
maux, la teneur de l’épithélium en acide ribonu-
buccale. L’nfiltration du chorion par les polynu-
cleique soit plus élevée que chez les zébus; la
cléaires peut être importante, comme elle s’observe
vérification histophotométrique de ce point sera
par la technique de Baker.
effectuée aussitôt que possible. Ainsi l’amygdale
La muqueuse du fourreau permet d’observer des
possède un épithélium qui renferme un élément
lésions de même nature, mais ici, en certaines
spécifique du diagnostic, à savoir des inclusions
zones, la formation des plasmodes est très importante
cellulaires,
en nombre variable, mais toujours
et les inclusions cellulaires sont habituellement
présentes chez les taurins, présentes également
nombreuses. On peut les retrouver sur les frottis
chez les zébus lorsque l’on n’a pas effectué un
de la muqueuse colorés par la méthode de Sellers,
trop grand nombre de passages expérimentaux,
préconisée pour la mise en évidence des corps de
Lors d’affection chronique, évoluant depuis un
Négri. Leur recherche peut être parfois assez
mois, la lésion classique ulcéreuse est très réduite
longue car leur répartition n’est pas uniforme dans
k
et microscopique. Elle s’observe principalement au
l’épithélium. En général, on note des zones riches
niveau du pharynx. Par contre, les inclusions
en inclusiocs et pauvres en polynucléaires, souvent
cellulaires sont rares dans l’amygdale et abon-
au voisinage des plasmodes, d’autres où les poly-
dantes dans le pharynx au niveau de petits foyers
nucléaires forment de véritables micro-abcès intra-
épithéliaux. Les cellules du corps muqueux
épithéliaux, enfin des zones où les deux phenomènes
.
renferment de 1 à 4 inclusions et souvent des
s’intriquent.
vacuoles situées au centre de la cellule près du
Nous n’avons pu étudier l’épithélium vaginal,
noyau. Les tonofibrilles sont repoussées à la péri-
n’ayant pas eu de femelles malades à notre dispo-
*
phérie formant ainsi un exoplasme dense et épais.
sition mais, etant donnée l’uniformité des lésions
11 semble que la desquamation épithéliale ait évacué
des épithéliums stratifiés pavimenteux, il est
la majorité des inclusions cellulaires de l’amygdale
probable c,ue l’on aurait fait des constatations
et que celles qui persistent soient de formation
semblables,
récente.
Enfin, la conjonctive palpébrale présente, elle
La muqueuse de l’œsophage et des réservoirs
aussi, des .ésions, mais toujours très discrètes et
124

sans ulcération. On observe une infiltration de
parfois le siège d’une congestion intense et de
polynucléaires supérieure à la normale et surtout
petites hémorragies. Dans ces cas, on observe la
la présence, principalement au voisinage des
dégranulation des mastocytes. Il semble bien
formations lympho-histiocytaires du chorion, de
s’agir ici encore d’une libération d’histamine et
petites inclusions cellulaires dans les cellules super-
d’héparine. Comme les mastocytes sont particu-
ficielles de l’épithélium. Nous avons pu les retrouver
lièrement nombreux, l’histamine et l’héparine
sur les frottis effectués sur des animaux vivants.
peuvent être brutalement déversées en grande
Mais ici, contrairement a ce que nous avons vu
abondance dans le chorion de la muqueuse, d’ou
précédemment, les lésions sont plus accusées chez
les phénomènes vasculaires, Il s’agit d’une lésion
le zébu que chez le taurin.
non spécifique comme nous l’avons déja signale.
Ainsi, les lésions des épithéliums malpighiens et
Par contre, on observe assez souvent, même en
Figure 1.
Ulcération de la peau de la lèvre inférieure. Les versants des papilles
épidermiques er les gaines des poils participent au processus. Technique de
Baker. Photomicrographie non retouchée x 50.
paramalpighiens sont caractérisées par une forma-
l’absence de lésion macroscopique, la présence de
tion de micro-abcès intraépithéliaux avec ulcération
micro-foyers nécrotiques infiltrés de nombreux poly-
secondaire.
Si les polynucléaires neutrophiles
nucléaires neutrophiles et, dans quelques rares
jouent un rôle important au début du processus,
cellules des cryptes ou du collet des glandes
la présence d’acide ribonucléique paraît condi-
gastriques, la présence de grosses inclusions acido-
tionner l’apparition de la 16sion elle-même. C’est
philes. En outre, quelques noyaux cellulaires
pourquoi cette variété d’épithélium, toujours riche
présentent de la caryorrhexis. Ces inclusions se
.
en acide ribonucléique, est tellement affectée dans
retrouvent lors de la forme chronique de la maladie.
la maladie naturelle. Par ailleurs, la répétition des
Il semble bien, à la lecture de la description
passages expérimentaux entraîne une diminution du
histologique faite par Arloing et Bal1 (1) que les
tropisme du virus pour les épithéliums malpighiens,
auteurs ont envisagé presqu’exclusivement les
Y
ce qui laisse supposer une modification importante
lésions non spécifiques car ils mentionnent essen-
de son métabolisme.
tiellement les hémorragies locales et les phénomènes
nécrotiques qui en sont la conséquence. Cependant,
b) Muqueuses à épithélium cylindrique simple.
leurs préparations histologiques comportaient des
Parmi les muqueuses de ce type, seules les
petits foyers nécrotiques spécifiques puisqu’il
muqueuses digestives sont lésées, La caillette est
est signalé en certains points l’arrivée de « cellules
125
3

rondes » qui effacent la structure glandulaire.
inclusions cellulaires sans présenter d’autres lésions.
L’intestin grêle présente, lui aussi, des phéno-
Ils en renferment d’autant plus que la maladie
mènes congestifs et, en outre, une surcharge du
évolue plus lentement. Elles sont ovoïdes et de taille
chorion muqueux en polynucléaires éosinophiles. Il
variable mais en général assez grandes. Elles
s’agit ici de la conséquence du stress avec fuite
siègent dans le bassinet, sur les versants des calices.
de ces cellules hors du torrent circulatoire. Dans
Nous ne les avons jamais rencontrées dans la vessie.
l’iléon, au voisinage de son extrémité, on peut
On les retrouve lors de forme chronique de l’affec-
observer, mais tres rarement, quelques petites
tion, égalen.ent dans les cellules des canaux papil-
inclusions cellulaires ovoïdes ou sphériques dans
laires. On doit les différencier d’un pigment
les cellules épithéliales des villosités ou des glandes.
protéique b:-un jaune pâle que l’on observe parfois
Ce point est important 5. considérer, non seulement
chez les suiets en mauvais état.
pour l’étude de la peste bovine, mais surtout par
comparaison avec la peste des petits ruminants,
d) Autres épithéliums.
comme il sera précisé à propos de l’étude de
Les autres epithéliums sont normaux et présentent
cette maladie. L’action du virus se manifeste encore
tout au plus une légère congestion.
par une induction mitogénétique comme nous
l’avons observé pour les épithéliums malpighiens.
e) Parenchymes glandulaires.
Ici, elle ne se traduit pas par des plasmodes mais
Les glandes salivaires et le pancreas
sont
simplement par des figures de mitose, nombreuses
d’habitude légèrement appauvris en produit de
vers le fond des glandes intestinales. Ce phéno-
sécrétion mais il s’agit d’une modification peu
mène s’observe avec une intensité moindre au
significative Par contre, le foie présente parfois
niveau des glandes gastriques.
une dégénc rescence de quelques cellules, princi-
On retrouve, au niveau de l’extrémité de l’iléon,
palement périlobulaires,
se traduisant par la
quelques très petites hémorragies sous-épithéliales.
pycnose nucléaire et une acidophilie cytoplasmique
Celles-ci sont en général importantes au niveau
prononcée, plus rarement des micro-foyers de
de l’épithélium cæcal, au pourtour de la valvule
nécrose. Or note une surcharge glycogénique vers
iléo-cæcale ; elles peuvent s’étendre jusque dans
le 4? jour.
la sous-muqueuse. Ici encore, on constate la dégra-
Nous n’al’ons jamais observé les phenomènes de
nulation des mastocytes. On verra les relations de
dégénéresctance
graisseuse signalés par Arloing et
ces lésions avec la décharge des glycocorticoïdes
Ball.
surrénaliens. Dans le colon et le rectum, les mêmes
Les diverses glandes endocrines présentent
phénomènes s’observent.
habituellement des signes d’activité accrue : légère
Nous avons volontairement laissé de côté les
hyperacidophilie
d e
l’hypophyse
antérieure ;
formations lymphoïdes, comme nous l’avons déjà
congestion et augmentation du nombre des vacuoles
fait à propos des amygdales, afin de grouper
de résorption de la colloïde thyroïdienne, augmen-
l’étude des tissus qui présentent des lésions de
tation des granulations acidophiles du cortex
même nature.
surrénal, accompagnés d’une légère congestion.
Enfin, on peut observer quelquefois des hérnor-
ragies de la vésicule biliaire. Lors d’affection
f)
chronique on décèle quelques rares inclusions dans
Organ2s excréteurs.
les cellules épithéliales et même dans quelques
Le rein présente parfois une très légère néphrite
canaux biliaires. Il est rare de déceler une lésion
épithéliale. Il est souvent le siège d’une filtration
6
des points lymphoïdes. Elle est de même nature
glomérulaire de protéines due sans doute à l’état
que celle que l’on observe sur l’intestin et nemérite
fébrile de ‘animal.
pas une description particulière.
Les lésions de la muqueuse digestive apparaissent
g) Organes hématopoïétiques.
beaucoup plus discrètes que celles des épithéliums
Ils sont :rès intéressants à envisager chez les
.
malpighiens, si l’on excepte les lésions non spéci-
zébus, aussi allons-nous les examiner chez cette
fiques, Les phénomènes congestifs sont parfois à
espèce animale et comparer ensuite les lésions
peine marqués, voire absents sur l’intestin grêle.
chez les taurins.
Les inclusions cellulaires sont rares, en général
Avant d aborder cette étude, il convient de
*
difficiles à observer, contrairement à ce que l’on
mentionner 1.a stase lymphatique très importante
constate au niveau de l’amygdale.
dont sont le siège les divers ganglions.
Lors de .a section, la lymphe s’écoule en entraî-
c) E?pithélium wolffïen.
nant les cellules mobiles. Pour pouvoir interpréter
Les épithéliums wolffiens peuvent renfermer des
l’aspect des sinus, il est indispensable de fixer le
126

ganglion dans sa totalité pendant un petit laps de
décèle une faible quantité de phosphoammolipides.
temps avant de le sectionner.
Le follicule est entouré, selon son siège, par un
Les divers organes hématopoïétiques présentent
tissu rétkulolymphocytaire ou myélocytaire ou par
des lésions que l’on peut rapprocher les unes des
un tissu conjonctif plus ou moins apparenté au
autres, aussi allons-nous considérer isolément les
système réticule-histocytaire (SRH).
lésions des follicules lymphoïdes; ensuite, nous les
Le stade 1 : est assez fugace. Il apparait dès le
rapporterons aux divers types de tissus qui les
début de la chute du nombre des polynucléaires
renferment. La lésion des follicules peut être consi-
sanguins. Il s’agit d’une infiltration de la périphérie
dérée comme la lésion lymphoïde élémentaire.
du follicule par des polynucléaires neutrophiles
Figure 8.
Zone périphérique d’un ganglion lymphatique. On observe le centre d’un
follicule lymphoïde dont les cellules réticulaires forment une masse claire

libérée des cellules de la lignée lymphoïde. Hématéine-éosine.
Photomicrographie non retouchée x 160.
La lésion élémentaire lymphoïde.
apportés par le sang, tandis que la sortie des
Nous allons, à la manière des cancérologues,
lymphocytes se ralentit. Les cellules réticulaires
chiffrer les stades successifs de l’évolution de
manifestent des signes légers d’hyperactivité se
l’affection.
traduisant par leur légère hypertrophie, l’irrégula-
Le stade 0 : correspond au follicule normal. Il
rité de la membrane nucléaire et l’augmentation de
est constitué par un stroma réticulaire à disposition
volume du nucléole.
générale rayonnée enserrant dans ses mailles des
Le stade 2 ne diffère du précédent que par le
moyens et grands lymphocytes et des lymphoblastes,
passage d’un certain nombre de polynucléaires au
parfois en mitose, en partie centrale et des petits
centre du follicule où certaines cellules réticulaires
lymphocytes à la périphérie. Le centre clair, dit
se libèrent et commencent à phagocyter les poly-
centre germinatif de Flemming, renferme en outre
nucléaires, les moyens et grands lymphocytes et
quelques macrophages, parfois libérés du réti-
les lymph.oblastes. En général, les cellules subissent
culum, recélant quelques rares débris nucléaires
la caryorrhexis, la phagocytose s’exerce ensuite,
(corps tingibles). En général, chez les bovins que
Le stade 3 correspond au nettoyage des débris
nous avons étudiés, les cellules réticulaires renfer-
cellulaires au centre du follicule par les macro-
maient quelques grains pigmentaires brun clair
phages tandis que les cellules réticulées semblent
apparentés aux chromolipoïdes; en outre, on y s’hypertrophier et s’hyperplasier légèrement pour
127

remplir complètement la partie centrale du follicule
cytes et lymphoblastes n’est jamais totale, l’hyper-
dès lors pratiquement vide des cellules de la lignée
plasie rétiwlaire n’est que peu marquée Ou
lymphoïde (figure 8). Les cellules réticulaires
absente. Il paraît ainsi exister encore un paral-
forment parfois de petits plasmodes. C’est à partir
lélisme entre l’intensité des lésions et l’importance
de ce stade que se forment, dans les cellules réti-
de l’apport des polynucléaires neutrophiles. Ainsi
culaires de la périphérie du foyer d’hyperplasie,
se pose a nouveau la question du transport du virus
là où persistent quelques lymphocytes, les inclusions
par cette varieté de leucocvtes.
8 we des qanqlions lmatiques est condi-
Figure 10.
Section dans l’épithélium amygdalien. Les inclusions celltilaires apparaissent
ici en noir. On remarque leurnombre considérable et la variété de leur forme.
En général elles sont beaucoup moins nombreuses. Technique de Sellers,

fixé au formol et différencié à l’orange G dans l’alcool.
Photomicrographie non retouchée x 5’00.

.
des thymocytes peuvent renfermer un grand
d’autres inclusions virales cytoplasmiques, notam-
nombre d’inclusions cellulaires. Il existe un paral-
ment les corps de Négri de la rage et les inclusions
lélisme étroit entre leur présence dans les centres
de la peste des petits ruminants. Nous mettons à
des follicules lymphoïdes et dans les cellules
part les inclusions virales intranucléaires car leur
réticulées du thymus.
morphologie et leur composition les rapprochent
Les divers organes lymphoïdes, dans la peste
tellement des nucléoles que l’on est en droit de se
bovine, apparaissent d’autant plus affectés qu’ils
demander s’il ne s’agit pas d’une variété parti-
renferment plus de follicules lymphoïdes. Il est
culière d’évolution de ces derniers constituants du
curieux de noter que les lésions de ces tissus, si
noyau. Cn verra d’ailleurs les rapports des nucléoles
l’on met à part les plaques de Peyer et les folli-
nucléaires et des inclusions cytoplasmiques.
cules clos, sont, jusqu’à présent, pratiquement
Les inclusions de la peste bovine présentent des
passées inaperçues. On doit, néanmoins, tenir
aspects divers. Elles sont sphériques ou ovoïdes
compte du fait que le virus naturel est peu mésen-
dans le cas des cellules épithéliales de la conjonc-
chymotrope, tandis que le virus de passages le
tive, des cellules du bassinet et des cellules
devient. De plus, les polynucléaires ne deviennent
gastriques; elles montrent, en plus des aspects
I
bien visibles qu’avec la technique de Baker, sans
précédents, des formes variables : en granulations,
quoi les lobes nucléaires peuvent être confondus
en haltère, en boudin régulier ou bosselé, etc.,
avec les débris que l’on trouve normalement dans
dans le cas des cellules malpighiennes bucco-
les centres germinatifs.
pharyngiennes, amygdaliennes et du fourreau, et
des cellules réticulaires des ganglions. Lorsqu’elles
h) Autres tissus.
sont très petites, elles sont régulièrement sphé-
Les lésions que l’on observe au niveau du
riques et comportent une partie centrale habituel-
système nerveux sont en général discrètes. Il
lement moins colorable que la périphérie. Par la
s’agit d’une congestion de la substance grise,
suite, lorsque la taille augmente, on constate la
d’une chromatolyse et d’une pycnose nucléaire avec
présence de plusieurs sphérules internes. On peut
hyperacidophilie de quelques cellules pyramidales
aisément les mettre en évidence par les colorations
corticales et du bulbe.
faisant appel à plusieurs colorants acides et, dans
Les muscles présentent parfois, en certains
le cas de la coloration de Mann, un artifice photo-
points, une dégénérescence cireuse de Zenker, en
graphique permet souvent de bien les identifier :
général discrète, ce qui montre le très faible pouvoir
il suffit, en effet, de photographier la préparation
toxigéne du virus. Le myocarde ne montre que très
à un grossissement suffisant, avec un écran vert,
rarement les lésions précédentes, cependant il
sur une plaque orthochromatique (le temps de pose
existe une congestion ou des micro-hémorragies
est nettement prolongé). Par ce moyen, les corpus-
d’origine capillaire sous l’épicarde et l’endocarde.
cules élémentaires des inclusions apparaissent en
Les autres tissus sont normaux.
noir sur le fond gris de l’inclusion (figures 10 et 11).
Ainsi, au cours de cette description, il apparaît
Avant d’aborder le problème de l’histochimie, il
nettement une différence entre les zébus et les
convient encore de signaler l’analogie morpholo-
taurins. La difference de réceptivité de ces deux
gique des nucléoles nucléaires avec les inclusions
types d’animaux semble bien correspondre à une
cytoplasmiques. Les nucléoles se colorent habituel-
affinité particulière du virus pour tel ou tel tissu,
lement, sur les pièces fixées, par les mêmes
l’affinité pour le système lymphoïde traduisant une
colorants que les inclusions. Lorsqu’ils sont petits,
.
virulence moindre. On verra l’importance de cette
ils ne renferment généralement qu’une petite
notion lors de l’étude des lésions chez le lapin,
sphérule interne; lorsqu’ils sont de grande taille,
notamment dans les cellules des ganglions nerveux,
Les lésions spécifiques.
on peut déceler de petites sphères internes ana-
logues à celles que l’on rencontre dans les inclusions;
*
Comme nous l’avons signalé au cours de la
elles forment un amas mûriforme interne. Il s’agit
description des images histologiques, on peut
ici d’un point important car l’analogie de ces deux
observer deux types de lésions spécifiques, les
sortës d’éléments cellulaires n’est pas seulement
inclusions cytoplasmiques et les lésions nucléaires,
.
morphologique ainsi que nous allons le constater
maintenant.
a) Inclusions cellulaires cytoplasmiques.
Les diverses réactions histochimiques que nous
L’étude qui va suivre a été faite à propos des
avons appliquées aux inclusions ne sont vraiment
diverses inclusions cellulaires de la peste bovine
démonstratives que pour les grosses inclusions.
chez les bovins, mais nous avons contrôlé qu’elle
Elles sont à la limite de la sensibilité ou négatives
s’applique également, jusque dans les détails, à pour les petites.
131

L’affinité des inclusions pour certains colorants
gros nucléoles ne possède pas d’inclusions ou n’en
acides tels que la fuschine acide, augmentée lors
renferme que de minuscules; inversement, si les
de fixation au liquide de Bouin par rapport à la
inclusions sont énormes, le nucléole n’est que
fixation au formol, oriente les recherches vers le
petit et pâle lors des fixations habituelles; bien
-nrine d e s hQOIflt&ES o u d e s hlntomoour
plus, le centre du noyau semble renfermer une
-
-
-
dont la basophilie augmente légèrement. Lapolychro-
virus bovipestique lapinisé, on constate l’atteinte
matophilie s’explique par la diffusion des histones
considérable des organes lymphopoïétiques et la
du nucléole qui s’absorbent sur la chromatine et
discrétion des lésions de l’épithélium malpighien.
sans doute à la surface des chromosomes avant
TOUS les au.tres tissus sont normaux. On relève
que ces derniers dégénèrent à leur tour, pour
simplement les signes de l’hyperactivité du couple
former ces masses plus ou moins acidophiles
hypophyse-cortex surrénal, avec la fuite des polynu-
dans la cellule. Parfois, la dégénérescence est
cléaires éosinophiles hors du sang et la surcharge
plus rapide et la chromatine forme alors une pous-
glycogénique temporaire du foie.
sière ou de tout petits blocs représentant encore
a) Tissus épithéliaux.
la disposition du noyau avant de se répandre dans
le reste du cytoplasme. Dans ce cas, la chromatine
Les seules lésions que nous ayons observées
ne devient pas polychromatophile, le processus
siègent sur l’œsophage et dans les amygdales, Elles
étant trop rapide.
rappellent celles que l’on décèle chez les bovins et
L’étude des lésions spécifiques de la peste bovine
correspondent à l’accumulation progressive de
apparaît ainsi particulièrement intéressante à plu-
polynucléaires pseudoéosinophiles dans les couches
sieurs points de vue. Elles permettent en premier
superficielles de l’épithélium de manière à former
r;
lieu de montrer le lien de cette maladie avec les
un micro-abcès intraépithélial. On note toujours
autres viroses. En effet, on y rencontre des inclusions
l’appauvrissement des cellules en ribonucléopro-
cellulaires et des figures de multiplication et de
téines mais il n’y a pas de plasmodes épithéliaux.
dégénérescence nucléaire. L’existence des lésions
Dans les amygdales, on note la présence de quelques
nucléaires montre bien l’importance des acides
inclusions cellulaires dans la région de l’orifice des
désoxyribonucléiques dans la maladie. On est en
cryptes. Elles sont petites et très peu nombreuses,
droit de se demander, étant donnée la parenté des
On les rencontre principalement chez les sujets
figures de dégénérescence nucléaire avec celles
âgés.
que produit le virus rabique fixe, si le virus de la
b) Tissus hémolymphopoïétiques.
peste bovine ne pourrait pas lui aussi se fixer sur
La lésion élémentaire lymphoïde est la mème
certains tissus épithéliaux. Mais ceci semble sans
que celle des bovins dans son aspect général, mais
intérêt chez les bovins puisqu’il s’agit d’une maladie
il faut mentionner ici un certain nombre de particu-
toujours mortelle quelles que soient la voie d’inocu-
larités tenant à l’abondance de l’infiltration par
lation et la répétition des passages, en raison du
les polynucléaires pseudoéosinophiles (homologues
tropisme multiple du virus pour les tissus. Par ail-
des polynucléaires neutrophiles des autres espèces
leurs, les examens supravitaux permettent de
animales).
comprendre le mode de formation des inclusions
Les stades 0 et 1 ne diffèrent sensiblement pas
qui, dès lors, semblent un moyen de défense de la
de ce que l’on a vu chez les bovins.
cellule pour s’isoler d’un virus qu’elle enrobe
Le stade 2 est caractérisé par une infiltration
dans une gangue protéique particulière. On verra,
périfolliculaire de polynucléaires plus importante,
dans un prochain article, les conclusions qu’auto-
accompagnée d’une phagocytose très marquée par
risent les constatations précédentes,
des cellules réticulaires du centre germinatif. Ainsi
sont phagocytés des lymphocytes alteres dont le
2O Caprins.
noyau est pycnotique mais aussi d’autres de morpho-
Les prélèvements effectués à divers stades de
logie normale. Certaines cellules réticulaires se
l’infection par le virus capripestique considéré
libèrent de leurs voisines et deviennent des macro-
(souche de Bamako) se sont montrés normaux.
phages phagocytant de 4 a 10 lymphocytes, ce qui
Il n’existe pas de lésion histologique. Nous n’avons
les rend énormes et bien visibles. Il résulte de
meme pas noté l’apparition de polynucléaires
cette phagocytose une kg&-e raréfactjon des
éosinophiles dans le thymus et dans la paroi de
lymphocytes, Quelques cellules reticulaires par
l’intestin, ce qui montre que le stress a été on ne peut
endoamitose deviennent des plasmodes pourvus
plus discret. Ceci semble assez paradoxal si l’on
de 3 ou 4 noyaux.
considère que l’on a affaire à un virus engendrant
Le stade 3 montre une dégénerescence de la
une réaction thermique élevée. Aussi nou.s nous
plupart des lymphoblastes et de nombreux lympho-
proposons d’étudier les lésions provoquées par
\\
cytes dans tout le folli+e : leurs noyaux sont parfois
la souche de virus de Niamey lorsqu’elle sera
pycnotiques, le plus souvent en caryorrhexis.
expérimentée au Laboratoire.
La carvolvse est moins fréauente. Les cellules

L’affinité des inclusions pour certains colorants
gros nucléoles ne possède pas d’inclusions ou n’en
acides tels que la fuschine acide, augmentée lors
renferme que de minuscules; inversement, si les
de fixation au liquide de Bouin par rapport a la
inclusions sont énormes, le nucléole n’est que
fixation au formol, oriente les recherches vers le
petit et pâle lors des fixations habituelles; bien
groupe des lipoprotéines ou des histones pour
plus, le centre du noyau semble renfermer une
lesquelles les caractères précédents sont prati-
grosse vacuole non colorable; Il y a donc passage
quement constants. La légère réduction du tétra-
très net de substance nucléaire dans le cytoplasme
oxyde d’osmium, la très légère coloration par le
lorsque se forme l’inclusion. Ceci est particuliè-
noir Soudan B montrent la présence de complexes
rement net dans les cryptes amygdaliennes de
lipidiques dans l’inclusion. Ils siègent essentielle-
certains sujets. On pourrait même être tenté de
ment à sa surface. Lorsque les inclusions sont assez
parler d’inclusions cellulaires nucléaires tellement
volumineuses, on peut déceler à l’intérieur de fines
le nucléole est volumineux dans certaines cellules
granulations de lipides figurés.
de l’épithélium amygdalien dans les zones d’action
Les réactions appropriées montrent qu’elles ne
du virus. Il semble s’agir ici d’une stimulation
renferment pas de polysaccharides. Le test de
métabolique avec mise en réserve d’histones et
Brachet à la ribonucléase révèle la présence d’une
de ribonucléoprotéines.
petite quantité d’acide ribonucléique dont une
Comme nous l’avons signalé au début de ce
partie est condensée à la surface de l’inclusion.
travail, nous n’avons pu étudier les enzymes
Il paraît néanmoins difficile d’affirmer que la fixation
renfermés dans les inclusions. 11 est vraisemblable
n’a pas modifié, au moins partiellement, la répar-
que certains se trouvent accrochés à leur surface;
tition de cet acide dans la cellule et qu’il ne s’agit
ce point est d’autant plus probable que l’inclusion
pas d’un phénomène de surface entre deux milieux,
dérive d’organites cellulaires qui en renferment
d’autant plus que la cellule où se développe
une grande quantité. En effet, les inclusions ne se
l’inclusion est normalement riche en cet acide.
constituent pas dans une zone quelconque de la
Cette réaction permet de comprendre la coloration
cellule. Ceci est surtout net dans certaines viroses
des inclusions par certains colorants basiques
où les cellules affectées ont une polarité bien définie
ayant une affinité pour les ribonucléoprotéines, et
(cellules bronchiques dans les pneumonies à virus
la basophilie relative des inclusions à certaines
des caprins, cellules intestinales dans la peste des
périodes de l’évolution de la maladie.
petits ruminants, cellules wolffiennes et des glandes
La réaction de Feulgen est négative pour
digestives dans la peste bovine). Dans ces cas,
l’inclusion, ce qui laisse à penser qu’elle ne paraît
les inclusions se constituent en premier lieu dans
pas renfermer d’acide désoxyribonucléique ou n’en
la zone de Golgi aux dépens à la fois de l’appareil
possède que des quantités inférieures à la limite
de Golgi et du chondriome. Par la suite, elles
de sensibilité de la réaction. Toutefois, dans de
apparaissent en des points plus éloignés, mais
très grosses inclusions, on peut déceler de très
toujours au contact d’éléments du chondriome. On
fins granules Feulgen-positifs au contact des petites
peut dès lors comprendre les formes allongées
spheres internes. Mais en disant que les inclusions
des inclusions lorsqu’elles dérivent d’un chondrio-
ne paraissent pas renfermer d’acide désoxyribo-
conte ou d’un chondriomite. Lorsqu’elles se forment
nucléique, nous ne voulons pas dire qu’elles ne
simultanement sur de nombreuses mitochondries,
recèlent pas les nucléotides dérivés de cet acide,
elles peuvent se fusionner en des aspects tres irre-
ce qui semble au contraire vraisemblable; mais à
guliers. Si la cellule n’a pas un appareil de Golgi
notre connaissance, pour l’instant tout au moins, il
situé en une zone bien définie (cellule nerveuse,
n’existe pas de réaction histochimique valable
cellule epithéliale malpighienne, etc.), les inclu-
permettant de le vérifier.
sions se forment au contact des dictyosomes et des
Les réactions histochimiques des protéines
mitochondries comme le revèlent les colorations
mentionnees précédemment ne permettent l’iden-
vitales au bleu de méthylène et supravitales au
tification que d’un nombre réduit de substances.
rouge neutre et au vert Janus. On constate ainsi la
Néanmoins, nous avons pu mettre en évidence la
présence d’inclusions dont la périphérie est encore
presence d’histones dans les inclusions, ce qui
colorée par le vert Janus, ce qui indique, comme
permet d’expliquer encore les analogies de colo-
l’ont bien démontré Hirsch puis Worley et ses
ration avec le nucléole. Les histones ne sont pas
collabora.teurs, le rôle simultané de l’appareil de
decelables dans les sphérules internes. Leur pré-
Golgi et du chondriome.
sence pouvait se prévoir par l’étude morphologique.
On peut dès lors considérer les inclusions cellu-
En effet, on note un balancement cellulaire entre
laires envisagées comme une élaboration cellulaire
les nucléoles nucléaires et les inclusions cytoplas-
à laquelle participent le chondriome et l’appareil
miques
: une cellule dont le noyau renferme de
de Golgi, mais aussi le noyau, principalement par
132

sa réserve d’histones et de ribonucléoprotéines.
sans prendre le temps d.‘isoler les cellules filles,
Nous n’avons pu déterminer si les ribonucléopro-
comme en témoignent les amorces de division
téines de structure interne des inclusions dérivent
cytoplasmique sur les bords des plasmodes
du nucléole ou des microsomes, on peut simplement
(figure 12). Ils peuvent renfermer un nombre
dire qu’il y a une consommation importante de ces
considérable de noyaux, jusqu’à 25 sur une coupe,
substances. 11 semble bien, comme nous l’avons
ce qui correspond au moins à 200 dans l’ensemble
déjà mentionné, que le virus en est la cause essen-
du plasmode. Mais, en général, les plasmodes
tielle, mais on ne peut dire si elles sont utilisées
sont plus petits et ne renferment guère qu’une
pour sa constitution propre ou pour la synthèse
dizaine de noyaux en tout. Notons enfin que certains
Figure 12.
Plasmode épithélial dans l’épithélium malpighien du fourreau. On observe
des inclusions cellulaires dans les cellules voisines. Hématoxyline-éosine,
Photomicrographie non retouchée x 600.
d’autres protéines. Signalons enfin que la cellule
plasmodes renferment ‘des inclusions cytoplas-
qui renferme des inclusions cellulaires présente
miques typiques.
encore, en général, les caractères d’un métabo-
Cette formation de plasmodes est à rapprocher
lisme particulièrement intense, de même que la
de ce que l’on observe dans un certain nombre
cellule qui vient d’être atteinte par le virus; mais
d’autres viroses : broncho-pneumonies diverses,
si les inclusions sont élaborées, la cellule survit
notamment chez le chien, les caprins; hépatites a
au moins un certain temps tandis qu’elle dégénère
virus etc.
et meurt lorsqu’elle n’en forme pas.
Les
figures
de dégénérescence
nucléaire
correspondent à une altération que nous avons
b) Les lésions nucléaires spécifiques.
observée dans diverses maladies à virus. Il s’agit
Elles sont de deux types, l’une consiste en la
d’une dégénérescence nucléaire spéciale avec
formation de plasmodes épithéhaux, l’autre rappelle
formation dans le noyau de mottes de chromatine
la lésion nucléaire du virus fixe de la rage.
polychromatophiles qui semblent dessiner au début
Les plasmodes épithéliaux s’observent au niveau
les prochromosomes. Par la suite apparaissent des
des épithéliums malpighiens. Ils correspondent à
sphérules polychromatophi!es
ou légèrement acido-
une stimulation intense de la fonction de repro-
philes tandis que la membrane nucléaire disparaît.
duction de la cellule qui se multiplie par endoamitose
Le suc nucléaire se répand alors dans le cytoplasme
133

dont la basophilie augmente légèrement. La polychro-
virus bovipestique lapinisé, on constate l’atteinte
matophilie s’explique par la diffusion des histones
considérable des organes lymphopoïétiques et la
du nucléole qui s’absorbent sur la chromaline et
discrétion des lésions de l’épithélium malpighien.
sans doute à la surface des chromosomes avant
Tous les autres tissus sont normaux. On relève
que ces derniers dégénèrent a leur tour, pour
simplement les signes de l’hyperactivité du couple
former ces masses plus ou moins acidophiles
hypophyse-cortex surrénal, avec la fuite des polynu-
dans la cellule. Parfois, la dégénérescence est
cléaires éosinophiles hors du sang et la surcharge
plus rapide et la chromatine forme alors une pous-
glycogénique temporaire du foie.
sière ou de tout petits blocs représentant encore
a) Tissus épithéliaux.
la disposition du noyau avant de se répandre dans
Les seules lésions que nous ayons observées
le reste du cytoplasme. Dans ce cas, la chromatine
siègent sur l’œsophage et dans les amygdales. Elles
ne devient pas polychromatophile, le processus
étant trop rapide.
rappellent celles que l’on décèle chez les bovins et
correspondent à l’accumulation progressive de
L’étude des lésions spécifiques de la peste bovine
apparaît ainsi particulièrement intéressante a plu-
polynucléaires pseudoéosinophiles dans les couches
sieurs points de vue. Elles permettent en premier
superficielles de l’épithélium de manière à former
un micro-abcès intraépithélial. On note toujours
lieu de montrer le lien de cette maladie avec les
l’appauvrissement des cellules en ribonucléopro-
autres viroses. En effet, on y rencontre des inclusions
cellulaires et des figures de multiplication et de
téines mais il n’y a pas de plasmodes épithéliaux.
dégénérescence nucléaire. L’existence des lésions
Dans les amygdales, on note la présence de quelques
inclusions cellulaires dans la région de l’orifice des
nucléaires montre bien l’importance des acides
cryptes. Elles sont petites et très peu nombreuses.
désoxyribonucléiques dans la maladie. On est en
droit de se demander, étant donnée la parenté des
On les rencontre principalement chez les sujets
figures de dégénérescence nucléaire avec celles
âgés #
que produit le virus rabique fixe, si le virus de la
b) Tissus hémolymphopoïétiques.
peste bovine ne pourrait pas lui aussi se fixer sur
La lésion élémentaire lymphoïde est la même
certains tissus épithéliaux. Mais ceci semble sans
que celle des bovins dans son aspect général, mais
intérêt chez les bovins puisqu’il s’agit d’une maladie
il faut mentionner ici un certain nombre de particu-
toujours mortelle quelles que soient la voie d’inocu-
larités tenant à l’abondance de l’infiltration par
lation et la répétition des passages, en raison du
les polynucléaires pseudoéosinophiles (homologues
tropisme multiple du virus pour les tissus. Par ail-
des polynucléaires neutrophiles des autres espèces
leurs, les examens supravitaux permettent de
animales).
comprendre le mode de formation des inclusions
Les stades 0 et 1 ne diffèrent sensiblement pas
qui, dès lors, semblent un moyen de défense de la
de ce que l’on a vu chez les bovins.
cellule pour s’isoler d’un virus qu’elle enrobe
Le stade :Z est caractérisé par une infiltration
dans une gangue protéique particulière. On verra,
périfolliculaire de polynucléaires plus importante,
dans un prochain article, les conclusions qu’auto-
accompagnée d’une phagocytose très marquée par
risent les constatations précédentes.
des cellules réticulaires du centre germinatif. Ainsi
sont phagocytés des lymphocytes altérés dont le
2” Caprins.
noyau est pycnotique mais aussi d’autres de morpho-
Les prélèvements effectués à divers stades de
logie n0rmaJ.e. Certaines cellules réticulaires se
l’infection par le virus capripestique considéré
libèrent de leurs voisines et deviennent des macro-
,
(souche de Bamako) se sont montrés normaux.
phages phagocytant de 4 a 10 lymphocytes, ce qui
Il n’existe pas de lésion histologique. Nous n’avons
les rend énormes et bien visibles. Il résulte de
même pas noté l’apparition de polynucléaires
cette phagwytose une legere raréfaction des
éosinophiles dans le thymus et dans la paroi de
lymphocytes. Quelques cellules reticulaires par
l’intestin, ce qui montre que le stress a été on ne peut
endoamitose deviennent des plasmodes pourvus
.
plus discret. Ceci semble assez paradoxal si l’on
de 3 ou 4 noyaux.
considère que l’on a affaire à un virus engendrant
Le stade 3 montre une dégénérescence de la
une réaction thermique élevée. Aussi nous nous
plupart des lymphoblastes et de nombreux lympho-
proposons d’étudier les lésions provoquées par
cytes dans tout le follicule : leurs noyaux sont parfois
,
la souche de virus de Niamey lorsqu’elle sera
pycnotiques, le plus souvent en caryorrhexis.
expérimentée au Laboratoire.
La caryolyse est moins fréquente. Les cellules
réticulaires deviennent, pour la plupart, des macro-
3” Lapins.
phages assurant le nettoyage du follicule, mais
Lorsqu’on étudie les lésions provoquées par le
elles sont incapables de tout englober malgré
134

une augmentation marquée de leur taille. L’infil-
peuvent tout au plus elaborer quelques rares
tration périphérique par les polynucléaires est
lymphocytes dans le lieu où ils se trouvent.
intense et quelques-uns pénètrent dans le follicule
Les lésions des organes hémolymphopoïétiques
où s’opère la destruction de la lignée lymphoïde.
ne sont appréciables qu’a partir de la 24e heure
Le stade 4 n’est que la complication du stade
bien qu’il existe déjà dans la moelle osseuse une
précédent par l’envahissement de la zone centrale
décharge de polynucléaires perceptible sur le
par un nombre considérable de polynucléaires
myélogramme à partir de la 6e heure.
pseudoéosinophiles qui en masquent l’aspect. Ces
On peut suivre chronologiquement l’atteinte des
polynucléaires commencent à dégénérer également
follicules des divers tissus hémolymphopoïétiques.
si bien que l’intrication des débris nucléaires et
Vers la 40e heure, certains follicules des ganglions
des noyaux polylobés dans une masse acidophile
mésentériques apparaissent aux stades 1 à 3 et
constituée par les granulations des polynucléaires
même parfois 4, tandis que, dans les autres ganglions,
**
fait penser à une nécrose banale de la zone centrale
le stade 2 est habituellement atteint, moins souvent
des follicules. Seule l’étude de l’évolution des lésions
le stade 3. Dans les formations lymphoïdes intes-
ou l’examen de préparations traitées selon la tech-
tinales, les stades 1, 2 et même 3 sont décelables
nique de Baker permet directement de se rendre
au niveau du sacculus, de la tonsilla et de l’appendice
compte du phénomène.
tandis que les plaques de Peyer de l’intestin grêle
Le stade 5 présente la vraie nécrose du centre
ne sont qu’aux stades 1 et 2.
du follicule, mais il s’agit de la dégénérescence essen-
Vers la ?OC heure, les follicules atteignent pour
tiellement des polynucléaires, et des quelques
la plupart au moins le stade 4 et un assez grand
lymphocytes qui ont persisté. La nécrose correspond
nombre le stade 5. Au niveau du tractus digestif,
pratiquement à celle des cellules d’importation pour
les follicules du sacculus, de la tonsilla et de 1 ‘appen-
le follicule. Une partie des macrophages de la zone
dice sont pratiquement aux stades 3 et 4, quelques-
centrale succombe apparemment par excès de
uns au stade 5 Mais dans les plaques de Peyer , certains
phagocytose. Par suite de la lyse d’un grand nombre
follicules sont encore au stade 1 tandis que d’autres
de débris nucléaires, le follicule apparaît plus clair
ont déjà évolué jusqu’au stade 4. Il est très rare
sur les coupes histologiques.
de noter les stades 1 et parfois 2 dans les corpus-
Le stade 6 correspond à un nettoyage déjà poussé
cules de Malpighi spléniques.
des éléments mortifiés. La zone périphérique, libérée
A partir de ce moment, les follicules lymphoïdes
des débris cellulaires, est constituée de cellules
atteignent rapidement, sauf exception, au moins
réticulaires anastomosées. Le centre renferme des
le stade 5 tandis que ceux qui étaient à ce stade
débris cellulaires et de rares macrophages.
évoluent vers le suivant. Cet aspect persiste du
Le stade 7 montre un follicule complètement
4e au 6~ jour.
nettoyé et atrophié. Il ne reste plus qu’un réseau
Après Ie 6” jour, il ne persiste que de rares
de cellules anastomosées qui prennent peu à peu
foyers de nécrose et tous les follicules lésés ont
un aspect quiescent. Les cellules se tassent, le
dépassé le stade 5. Le nettoyage s’opère à partir du
follicule est réduit à sa trame cellulaire. Parfois,
centre des follicules par la lyse des éléments
à la périphérie, persistent quelques cellules dont
nécrosés et la phagocytose effectuée par des
la morphologie rappelle les grands lymphocytes,
cellules d’origine réticulaire qui ont échappé au
mais on n’assiste pas à la regénération du follicule.
processus.
La lytnphopoïëse est disparue ti son niveau, d’où le
Le lZc jour, le nettoyage est pratiquement
f
nombre infime de lymphocytes du sang circulant.
complet, les follicules sont tous au stade 7. Il n’en
L’évolution que nous venons de présenter
persiste que de rares, incomplets.
correspond à la forme habituelle. Toutefois, quelques
Il s’agit ici d’une d.escription volontairement
rares follicules ne sont pas touchés par le processus
schématisée. En effet, les images indiquées à chaque
et restent
intacts, d’autres, également tres peu
période ne sont que les plus couramment observées.
1
nombreux, ne présentent qu’une nécrose centrale
De même, l’absence de rogénération des follicules
discrète et se régénèrent, atrophiés légèrement
est le phonomène habituel, mais chez certains sujets,
après l’atteinte virale. Nous n’avons jamais pu
moins sensibles, lors d’infection peu sévere, un
tl
assister aux phénomènes de régénération signalés
nombre relativement réduit de follicules se trouve
par divers auteurs et pourtant les photomicro-
lésé; 1eJr régénération est possible lorsque le
graphies des follicules en nécrose montrent des
centre germinatif n’est pas totalement détruit.
aspects analogues à ce que nous observons nous-
A côté de la lésion des follicules, les divers organes
même : dès que le centre germinatif est dégénéré, le
hémolymphopoïétiques présentent, chacun, quelques
follicule ne peut plus se reconstituer, même lorsqu’il
particularités que nous allons maintenant passer
existe des lymphoblastes à la périphérie. Ceux-ci
en revue.
135

Les ganglions sont affectés à des degrés différents
intestinale, il est indispensable de préciser, sur un
comme il vient d’être signalé. Ce sont les ganglions
schéma, l’anatomie microscopique des tissus lym-
mésentériques qui présentent les lésions les plus
phoïdes intestinaux (figure 13). En effet, on note
précoces et les plus intenses en général. La lésion
avant l’atteinte folliculaire une infiltration de la zone
débute par pénétration des polynucléaires pseudo-
lymphoïde suprafolliculaire par des polynucléaires
éosinophiles dans les sinus vers la 240 heure. Cette
pseudoéosinophiles. Cette infiltration est parfois
infiltration est très intense autour des follicules
considérable, aussi la lésion peut se présenter
et dans les sinus de la périphérie vers la 4OC heure;
tantôt avec un seul foyer nécrotique centrofolliculaire
et de nombreux lymphocytes, hors des follicules,
tantôt avec ce foyer associé à un foyer de dégénéres-
commencent à présenter des signes de dégénéres-
cence des polynucléaires de la zone lymphoïde
cence nucléaire. Cette dégénérescence affecte tous
suprafolliculaire sous-épithéliale (figure 14), ou
les lymphocytes libres dans les sinus vers la ?le
bien encore comme une vaste zone de nécrose
canal Folliculaire
J ‘V
1
crypte folliculaire
z o n e lymphpide
suprafoliculaire
follicule lymphoide
L
J
plaque& PEYER
v
appendice
tonsilla
Figure 13.
Schéma des formations lymphoïdes intestinales du dspin. Les lymphocytes
pour gagner la lumière intestinale doivent traverser la zone lymphoïde
suprafolliculaire, pénétrer dans les cryptes folliculaires et passer par le
canal folliculaire. On trouve très souvent des stades d’évolution de coccidies

dans l’épithélium des parois des cryptes folliculaires.
heure ainsi que les polynucléaires qui s’y trouvent
allongée qui réunit les deux foyers précédents.
également. Fréquemment une hémorragie, parfois
Lorsqu’il en est ainsi, l’épithélium intestinal du
minime, se produit dans les sinus marginaux et
fond de la crypte folliculaire dégénère à son tour
intermédiaires; celle-ci est la règle vers le 4~ ou
et le magma nécrosé est éliminé directement dans
5” jour dans les ganglions mésentériques, et souvent
la crypte. Lorsqu’il existe une forte infiltration par
dans certains autres tels les ganglions préscapulaires.
les polynucleaires
de la zone suprafolliculaire,
Signalons enfin l’intégrité des cordons médullaires
ceux-ci peuvent diapédéser directement dans la
si bien qu’aprés la maladie les ganglions sont
crypte et stibir ensuite les phénomènes dégéné-
réduits à cette zone et aux divers sinus, puisque
ratifs. dès lors la crypte se trouve remplie par les
le tissu réticulé qui remplace les follicules paraît
cellules en voie de nécrose.
peu actif et atrophie,
L’atteinte des follicules entraîne une stase lympha-
Les formations lymphoïdes intestinales sont éga-
tique des villosités intestinales situées au-dessus
lement touchées d’une manière différente selon les
ou au voisinage des formations lymphoïdes. Cette
lieux; ce sont celles que l’on trouve sur le tube
stase se traduit par une dilatation considérable des
digestif à partir et au-delà du sacculus qui présentent
chy!ifères et produit l’obstruction mécanique de
les lésions les plus précoces. Pour concevoir la lésion
nombreuses cryptes folliculaires.
136

On note encore, comme chez les bovins, le passage
ganglions. Après la réparation des lésions, les
de nombreux lymphocytes et polynucléaires au
formations lymphoïdes intestinales se trouvent rédui-
travers de l’épithélium des glandes de Lieberkühn
tes à cette zone lymphoïde suprafolliculaire qui, de
ainsi que de nombreuses figures de mitose dans la
même que la .zone médullaire des ganglions, se
partie moyenne ou le fond des glandes. Les restes
trouve incapable d’élaborer la lignée lymphoïde.
de polynucléaires dégénérés que l’on trouve dans
Signalons enfin la présence dans les follicules,
Figure 14.
Coupe dans la paroi de l’appendice à la 75~ heure. On
note la nécrose centrale d’un follicule lymphoïde et un
foyer nécrotique suprafolliculaire. Le follicule avoisinant

commence à manifester les premiers signes de l’affection,
On observe un léger cedème du sommet des villosités.
Hématéine-éosine. Photomicrographie non retouchée x 45.
les cellules épithéliales peuvent parfois en imposer
principalement ceux qui se trouvent après le sacculus,
pour des inclusions cellulaires, mais un examen
surtout chez les sujets âgës, dans un grand nombre
attentif lève le doute en général sans qu’il soit
de ceMes réticmaires, d’un pigment brun jaune
besoin de recourir aux réactions histochimiques.
dont les caractères sont ceux du pigment céroïde.
Lorsque le nettoyage s’opère, on constate en
Les cellules qui le renferment semblent incapables
dehors des follicules, dans la zone suprafolliculaire,
d’assurer les fonctions de phagocytose et un certain
la participation des cellules réticulaires locales et
nombre disparaît au cours du processus. La présence
la persistance, lorsque la nécrose n’a pas été pronon-
de ce pigment semble traduire des périodes de la
tee dans cette zone, de cellules d’allure lymphoïde
vie où se sont produits des déséquilibres alimen-
rappelant les cellules des cordons médullaires des
taires, sans doute avec carence protidique. Ceci
137

est d’autant plus probable que la répartition de ce
1” Virus caprinisé.
pigment, bien que moindre ailleurs, est générale
dans l’organisme.
L’étude microscopique révèle des lésions épithé-
Les follicules lymphoïdes des amygdales sont
liales de type peste bovine des bovins et des
affectés au même degré que ceux des ganglions.
lésions des organes lymphoïdes de type intermé-
La rate présente, à partir de la 70~ heure, de la
diaire entre la lésion des bovins due au virus
congestion et une légère déshabitation des cordons
bovipestique normal et la lésion des lapins engendrée
de Billroth. Comme nous l’avons mentionné, l’at-
par le virus lapinisé.
teinte des corpuscules de Malpighi est on ne peut
Les lésions épithéliales sont de même type que
plus discrète : infiltration de rares polynucléaires,
celles de la peste bovine classique mais beaucoup
dégénérescence et phagocytose de quelques
moins étendues et moins accusées en général. On
lymphocytes des centres germinatifs. Par la suite
observe la formation de plasmodes épithéliaux, la
persiste une légère réticulose.
perte en acide ribonucléique et la pénétration des
i
Dans la moelle osseuse, les rares lymphocytes
polynucléaires dans l’épithélium où ils forment

disparaissent. La granulopoïèse est très active au
des micro-abcès intra-épithéliaux. Les ulcères vrais
détriment de l’érythropoïése pendant la majeure
sont peu étendus. On constate, au niveau des gen-
partie de la maladie et toujours pendant la p&-iode
cives, la formation de quelques rares micro-abcès
4%
fébrile.
intra-épithéliaux sans ulcération et de petits foyers
Les follicules lymphoïdes des divers paren-
où les noyaux subissent la dégénérescence parti-
chymes, dont le poumon, soni lésés d’une manière
culière mentionnée précédemment. Dans l’amygdale,
variable selon des pourcentages d’atteinte un peu
la lésion est assez peu accusée mais on note, en
moindres que ceux habituellement admis (dans 25’9”
plusieurs points, la présence de quelques inclusions
des cas environ).
cellulaires typiques. Par ailleurs, on constate le
Le thymus enfin est infiltré de polynucléaires
pouvoir miiogénétique du virus tout au long de
éosinophiles très précocement, et, vers la ?OC heure
la muqueuse tapissant le tube digestif, se traduisant
il est envahi par des polynucléaires pseudoéosi-
par de nombreuses figures de mitose dans les
nophiles
tandis que les cellules réticulées
glandes.
phagocytent de nombreux thymocytes dont elles
La lésion &lémentaire des follicules lymphoïdes
sont bourrées (20 & 25 parfois dans une cellule
est caractérisée par la déshabitation des centres
réticulée). La lésion est d’autant plus accusée que
germinatifs ei la pénétration d’une grande quantité
l’involution est moins marquée. Elle peut corres-
de polynucléaires neutrophiles qui subissent la
pondre, déjà à la 5OC heure, à une dégénérescence
nécrose, Le centre des follicules ainsi atteints rappelle
avec pycnose de presque tous les thymocytes de la
en tous points ce que l’on observe chez le lapin. Par
zone corticale tandis que les cellules réticulées
ailleurs,
dans quelques centres germinatifs peu
phagocytent tout ce qu’elles sont capables d’em-
infiltrés par les polynucléaires, on décèle à la
magasiner. Lors d’involution modérée, on peut
périphérie les inclusions caractéristiques. Les
noter une véritable nécrose des polynucléaires
follicules les plus affectés, c’est-à-dire renfermant
et thymocytes dans la zone médullaire. Par la suite,
le plus de polynucléaires, et dont la nécros’e centrale
lorsque le nettoyage des débris cellulaires s’est
est la plus prononcée, sont ceux des plaques de
effectué, le thymus se trouve à un degré d’invo-
Peyer de la région iléo-cæcale. Dans les autres
lution accusée.
plaques de F’eyer, la nécrose est un peu moins
Telles sont les diverses lésions des organes
marquée, de même que dans les ganglions mésen-
1
hémolymphopoïétiques. On remarque leur impor-
tériques, puis par ordre d’importance décroissante
tance par rapport aux tissus épithéliaux, ce qui
de la lésion viennent les ganglions préscapulaires
montre un tropisme particulier du virus par rapport
et précruraux, les autres ganglions et les amygdales.
à ce que nous avons noté chez les bovins, notamment
Mais pour ces dernières, il s’agit d’un simple retard
chez les taurins, animaux particulièrement sensibles
car les vaisseaux sanguins que l’on y rencontre
à la peste bovine.
sont encombrés d’un nombre considérable de
i
polynucléaires neutrophiles. Autour des plaques de
Peyer, la diapédèse des polynucléaires et lympho-
B. - Lésions créées chez les bovins par le
v i r u s b o v i p e s t i q u e a d a p t é à d’autres
cytes au travers des glandes est très importante.
4
Si l’on rapporte les follicules aux divers tissus
animaux.
hémolymphopoïétiques, on peut simplement ajouter
Nous n’avons pu, malheureusement, comme nous
la présence d’œdème et de polynucléaires dans
1 ‘avons déjà précisé, étudier que deux taurins
les sinus, la discrétion de l’atteinte des corpus-
inoculés et sacrifiés le ?e jour après l’inoculation.
cules de Malpj.ghi de la rate. Enfin le thymus, excepté
138

l’infiltration de polynucléaires éosinophiles , est
prochaine publication. Les quelques constatations
normal.
précédentes, bien qu’encore incomplètes, mettent
Il aurait été intéressant d’étudier le devenir de
en lumière l’intérêt des études histopathologique
ces lésions sur d’autres animaux car il paraît probable
et histoch.imique des viroses Iorsqu’on cherche a
étant donnée l’intensité des lésions des follicules
améliorer les conditions de production des virus.
lymphoïdes, que les organes hématopoïéfiques
subiront, comme chez le lapin, une perte accusée
de la lymphopoïèse. Ces animaux, s’ils sont dès
lors solidement immunisés contre la peste bovine,
RI?S&
risquent de ne plus faire d’anticorps ou une quantité
très réduite lors de vaccinations préventives d’autres
L’étude microscopique des tissus d’animaux
affections; de plus, les défenses de l’organisme sont
infectés avec le virus de la peste bovine permet de
très amoindries; et il n’est pas certain qu’il sorte
confirmer la non-spécificité de quelques lésions
vainqueur des agressions multiples qu’il peut subir.
macroscopiques.
Les examens hématologiques
révèlent l’attaque des lymphocytes par le virus.
2” Virus lapin&&
II y a destruction progressive des lieux de leur
Les seules lésions observées sont histologiques
formation.
et, si 1 ‘on excepte la présence des polynucléaires
Sur les coupes histologiques, on peut mettre en
éosinophiles dans les points d’élection à la suite du
évidence le rôle des polynucléaires neutrophiles
stress vaccinal, siegent au niveau des follicules
dans les premiers stades de la maladie. Il apparaît
lymphoïdes. Elles se traduisent par la présence de
ainsi leur rôle de transporteur du virus dans l’orga-
debris nucléaires abondants au sein des cellules
nisme. Les besoins du virus en ribonucléoprotéines
réticulaires des centres germinatifs et un léger
apparaissent clairement lors de I’attaque des épithé-
appauvrissement de ces zones en cellules de la
liums malpighiens.
lignée lymphoïde. La lésion est nettement marquée
L’auteur a, pour la première fois semble-t-il,
au niveau des plaques de Peyer qui entourent la
mis en evidence dans de nombreux tissus des
valvule iléo-csecale, discrete dans les autres plaques
inclusions cytoplasmiques acidophiles. Elles parais-
de Peyer et les ganglions mésentériques, à peine
sent spécifiques de la maladie. Leur siëge principal
décelable dans les autres ganglions et l’amygdale.
est l’épithélium des cryptes amygdaliennes. Elles
Dans quelques ganglions, notamment les pré-
apparaissent comme une élaboration cellulaire qui
scapulaires, on note les séquelles de petites
paraît contenir l’agent virulent.
hémorragies dans les sinus intermédiaires par la
L’injection au taurin du virus lapinisé révèle chez
présence d’hémosidérine se présentant ‘en grosses
cet animal un lymphotropisme exclusif. Les lésions
granulations pigmentaires dans les cellules réti-
traduisent sans doute l’élaboration des anticorps.
culaires.
L’injection au taurin de virus caprinisé montre son
L’existence de ces discretes lésions montre, chez
lymphotropisme accusé et son épithéliotriopisme
cet animal, l’atteinte exclusive du système lymphoïde
réduit. Les lésions sont tres graves et entraînent la
qui traduit la réaction organique génératrice d’anti-
destruction de très nombreux follicules lymphoïdes.
corps
(Travail du Laboratoire F@déraI de I’ÉIevage
Tels sont les divers aspects de l’examen micros-
« G. CWASSON » à Dakar. Directeur, P. MORNET.)
copique des lésions de la peste bovine chez les
animaux étudiés. Si les examens hématologiques
révèlent une attaque particulière des lymphocytes
BIBLIOGRAPHUE
par le virus, avec destruction progressive des
lieux où ils se forment, l’étude histopathologique
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montre le rôle des polynucléaires neutrophiles
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Se reporter en outre à la bibliographie de
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tique vétérinaire et comparée. Vigot Frères,
la peste bovine et virus vaccin. Quelques
Editeurs, Paris 1942, tome 1.
observations en Afrique Orientale. 10 Expé-
SUMMARY
Studies on hematology, histopathology and histochemistry of rinderpest.
Microscopic studies show that some macroscopic lesions due to rinderpest virus are not specific.
The virus affects the lymphocytes and their sites of production are progressively destroyed.
Histological sections show the part played by neutrophils in the development of first stages of the
disease. They are responsible for the transport of virus throughoat the body. The virus requirement
of ribonucleoproteins is clearly shown when the Malpighian epithelium is destroyed.
Acidophil cytoplasmic inclusions were found in many tissues and appear to be specific. These cellular
inclusions are mainly located on epithelium of tonsil crypts and seem to contain the virus.
Lapinised virus inoculated into non-humped cattle exhibits a lymphotropism. Caprinised virus mainly
affects lymphoid tissue and epithelial tissues to a slight degree. Lesions are very acute and many lymphoid
follicles are destroyed.
R!2SUh’IEN
Hematologia, histopatologia e histoquhnica de la peste bovina.
.
El estudio microscopico de 10s tejidos de animales infectados con el virus de la peste bovina permite
confirmar la no especifïcidad de algunas lesiones macroscbpicas. ;OS examenes histologicos revelan el
ataque de 10s linfocitos por el virus. Hay destruction progresiva de 10s lugares de su formation.
En 10s cortes histologicos, se puede poner en evidencia el pape1 de 10s polinucleares neutrofilos
en 10s primeros estados de la enfermedad. Aparece también su pape! de transportador de virus en el orga-
i
nismo. Las necesidades del virus en ribonucleoproteinas aparecen claramente después del ataque de 10s
epitelios malpigianos.
El autor parece ser que ha puesto en evidencia por primera vez en numerosos tejidos inclusiones
i
citoplksmicas acidofilas. Parecen ser especfficas de la enfermedad. Su sede principal es el epitelio de las
criptas amigdalagicas. Aparecen como una elaboracion celular que parece contener el agente virulento.
La inyecciôn a1 toro del virus lapinizado revela en este animal un linfotropismo exclusive. Las lesiones
traducen sin duda la elaboracion de anticuerpos. La inyeccion a1 toro de virus caprinizado muestra su acusado
linfotropismo y su reducido epiteliotropismo. Las lesiones son muy graves y acarrean la destruction de
numerosos foliculos linfoides.
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