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RAPPQRTD'ENQUElXEFFECTUEET>ANSLE
D E P -
DE KOLDA A PROWS DE PLUSIEURS CAS DE MORTS
BRUTALES SURVENUES SURLE BETAIL
e--m-
Par lettre no634 du 8 avril 1975, Nonsieur le Directeur de lIElevage &.l
Sénégal demandait à Monsieur le Directeur du Laboratoire de bien vouloir envoyer
une mission dans le départemnt de Kolda aux fins d'études et enqustes sur les
causes de mortalités survenues swn le bétail et qui seraient dues à l'ingestion de
vieux cotonniers et d'herbe ayant germé sur les champs de coton en début d'hiver-
nage.
Cette mission effectuée en m&ne temps qu'une visite du CRZ de Kolda par
&ssieurs Labouche, Denis et Calvet a eu lieu le 15/4/1975.
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Elle a comporté les points suivants :
- Information auprk du petionnrl du Secteur dsElw.zgz de Kolda
- Visite au responsable de la SODEFITEX de Kolda
- Enquête dans le village de l<issira El Hadji Oumar KANDE, armndissernent de
Medina Youro Foulah 02 se sont produits des accidents.
l/ SECTEUR ELEVAGE DE KOLDA
Le chef du secteur de l'élevage nous corrununique le rapport adressé à !.a
Direction de IfElevage en date du 17 février 1975.
Ce rapport teDigne d'une part des craintes de certains éleveurs qui
attribuent des effets maléfiques à la consommation par les animawc des vieux co-
tonniers non arraches. Des effets fkheux surviendraient également lorsque, en
hivernage, les troupeaux pâturent sur des anciens champs de coton dont l'herbe
serait toxique.
Il rapporte d'autre part un fait Pr&is survenu au village de Missira
oùl; chef de secteur a constaté lui-Gme la m3rt de sept animaux et la rraladie de
trois autres le 21 janvier 1975.
Le document décrit soigneusemnt les symptômes observés et les constata-
tions effectuées après autopsie des cadavres.
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11 est décidé d'effectuer un déplacement dans ce village pour tâcher
d'obtenir des paysans eux-aes, des précisions sur les circonstances de cet ac-
cident. Un agent d'élevage doit nous accompagner dans l'après-midi à Missira.
2,' SECTETJI? SODEFITEI(
b société SODEFITEX est chargée de promouvoir la culture du Coton et
d'encadrer les cultivateurs qui S'y COnsaCrwt*
Durant la dernière C*ampagne, 570 hectares de coton ont été CiltiVh
dans le département de Kolda.
Les cotonniers sont mise en place en début d'hivernage et SubisSent en-
suite tous les 15 jours à partir du 45ème jour après le semis des traitements aux
insecticides, Ces traitements sont arrêtés environ trois semaines avant la récolte.
Les paysans sont guidés dans leurs travaux par des encadreurs (1 agent pour 300
planteurs).
Le produit utilisé pour les traitements insecticides est le PQWIT-IIOi\\T,
émitsion composée de 25 p.100 de DM', 12,5 p.100 d'endosulfan, 6,25 p.100 de . .
m&hyl parathion. Ce produit est r&wti entre les cultivateurs qui font eux-&mes
le traitement des cotonniers à l'aide de pulv&isateurs transportés 2 dos d'homims.
Après la récolte, les pieds de coton desséchés et dépourvus de feuille
doivent être règle,mMzirement arrach&, laculture de l'année suivante se faisant
sur un autre champs.
Le responsable de la SODEFITEX de Kolda a évidemment entendu parler des
accidents toxiques survenus sur les animaux. Il nous dit que de tels faits, SCIU-
vent amplifiés, se. sont produits uniquement dans le département de Kolda alors
que ailleurs, à Vélingara par exemple où la culture du coton est plus ancienne et
occupe des surfaces beaucoup plus importantes aucun incident n'a jamais été si-
gnàlé. Pour lui,il s'agit d'actions de malveillance, le développement du coton
semble se heurter à lGolda. à certains int&Gts particuliers qui tiraient tradi-
tionnellement un grand profit de leur situation d'inter&diaires dans la ccxnmer-
cialisation de l'arachide et du mil, ce qu'ils ne peuvent faire avec celle du
coton.
3/ DEPLACEMETJT A MISSIRA EL WI OUMAR KANDE
Ce village est distant d'une trentaine de kilomètres de Solda. A notre
arrivée et à la demande de l'infirmier qui nous accompagne, les notables et une
partie de la population sont rassemblés sur la place du village pour répondre 2
nos questions, ce qu'ils vont faire sans aucune réticence mais pas toujours awc,
une cohérence parfaite. Ce village est un village peulh dans lequel on ressent
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que la coexistence entre la vocation éleveur vivace chez les anciens et le rktier
de cultivateur qui semble attirer davantage les jeunes n'est pas toujours facile.
Après de multiples explications, nous croyons pouvoir accréditer la ver-
sion suivante des faits. En 1974, dix agriculteurs-&veurs du village avaient
été volontaires pur entreprendre, à titre expérimental, la culture du coton. Cha-
cun devant s'occuper d'une parcelle équivalente du champ expérimental. Les divers
tr&tements des cotonniers ont été fait suivant les directives de l'encadreur qui
apportait au village chaque fois et distribuait les quantités de produits néces-
saire, aucune surveillance n'étant effectuée sur l'usage qui était fait de ces
prcduits.
Lorsque le momnt de la rkolte est venu, 9 des cultivateurs l'ont ef-
fectuée en temps voulu alors que le di.xi?m, pour des raisons indéterminées,
refusait de le faire et effectuait par contre une dernière pulvérisation sur ses
cotonniers.
@, PW COTISènSUs de tous les habitants du village, il est une sgle
qui veut que pendant la période des cultures tous les animwx fassent l'objet
d'un gardiennage étroit, Cette contrainte cesse dès l'enlèvement des IYécoltes:
Donc, dès la fin du rassage du coton dans les neuf parcelles, les animaux ont
été libérés et n'ont pas manqué de se précipiter dans le champ de coton pour
dévorer la parcelle non rkoltée tout fralchement pulvérisée de pétrothion.
Il est indubitable que les mortalités et les maladies décrites par le
chef du secteur de l'élevage sont survenueLlc à ce n-ment et qu'elles sont dues S
l'intoxication des mtiux par lvinsecticide &pandu sur les cotonniers peu de
temps avant.
Durant la discussion, les anciens du village soulignent le danger qu'i:
y a laisser à la portée des individus, souvent incapables d'en mesurer exactemen-
le danger, un produit toxique qu'ils peuvent utiliser à d'autres fins que le
traitement des cotonniers.
Dans cet ordre d'idée, un élevew signale qu'un propriétaire, après
avoir ax~~sé d'insecticide un tas de fanes d'arachide l*avait disposé au bord du
sentier qui conduit à sa rizière pour la protéger de l'inversion des troupeaux.
Les villageois se plaignent encore du manque de contr6le effectué par l'agent
technique. D'après eux, il ne devrait pas se contenter de distribuer le produit
mais il devrait encore s'assurer qu9il est employé en temps voulu et en totaliti
pour le traiterrent des champs.
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Devant le danger que représente pour la communauté tout enti&e la pré-
sence et la libre disposition d'un toxique les sages du village déclarent qu'ils
p&f&ent renoncer à la culture du coton plutôt que de craindre en permanence le
renouvellement des faits qui se sont déjà prcduits,
LE PRODUIT INSECTICIDE
tim il a déja été dit le peprothion,
insecticide utilisé pour la pro-
tection des cotonniers contient les produits actifs suivants : 25 p.100 de DDT,
12,5 p.100 d'endosulfan et 6,25 p.100 de méthyl parathion. Voyons ce qu'il en est
de chacun de ces composants.
LE DDT : est le type des insecticides organe-chlor&. Il agit par contact et par
ingestion. Il est employé à une large échelle depuis 1942. Récemment, plusieurs
pays,dont la FMnce,viennent dsen interdire l'usage.
En &lange avec une huile végétale, la dose mortelle par voiebucc‘aeest
d'environ 200 mg/kg chez la plupart des mammifères (DL 50 pour le rat = 250 mg/kg).
Dans les conditions habituelles dsemploi, cesdoses sont exceptionnellement absor-
bées par les animaux de sorte que les risques d'accidents aigus paraissent négli-
geables.
Par contre, le DIYI jouit de propriétés résiduelles qui exposent les ani-
maux à des absorptions r&pétées suite à la consommation d'aliments souillés, à la
pénétration transcutanée ou au léchage. La notion d'intoxication chronique est
donc ici importante, car le DM' est susceptible de s'accumuler dans les carzasses,
particulière~nt dans le tissu adipeux. On peut également en retrouver dans le
lait produit.
ENWSULFAN
L!endosulfan est un insecticide qui agit par contact ingestion et par-
fois par vapeur. L'efficacité globale de l'endosulfan ne varie pas lorsque la tem-
pérature se situe entre 6 et 23OC. Par contre, la rapidité d'action croît avec
la température et légèrement avec le degré hygroktrique.
Par forte température, il y a fomration sur les végétaux, 10 à 12 jours
apr& le traitement d'endosulfan sulfateScomposé oxydé dont la remanence est supé-
rieure à celle des deux isomères de base. Son activité biologique et sa toxicité
vis-à-vis de l'homme sont identiques à celles de l'endosulfan.
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La DL 50 chez le rat est par la bouche de 110 mg/kg. Sa toxicité pour
les mannnifères est donc le double de celle de DlYlY.
METHYL PARATJXION : Insecticide organe-ptisphor6, le méthyl parathion est le com-
posant le plus toxique du mélange. Il agit par ingestion contact et vapeur. Sa
pénétration dans la plante est notable.
Le méthyl parathion est &.ns toxique pour les mananifères que le para-
thion.
Ia DL 50 chez le rat n'est cependant que de 15 à 20 mg/kg.
Les symptômes aigus qui débutent t&s rapidement après l'ingestion se
traduisent par de la salivation des convulsions et des paralysies.
Les lésions se traduisent par des h&rorragies de la congestion et des
oedèmes au niveau des divers organes.
L'empoisonnement chronique provoque une sécr&ion intestinale accrue
de la faiblesse générale, des contractions musculaires, un amaigrissement progres-
sif.
L'antidote de ce produit comne celui de tous les organo-phosphor& est
le sulfate d'atropine.
CONCLUSIONS
3./ Concernant l'intoxication aiguë
Etant donné les circonstances,les symptômes et les lésions observées,
il est indubitable que les accidents décrits par le chef de secteur d'élevage de
Kolda sont liés à une intoxication par le pétrothion, et en particulier
t
*:par &w&thyl-parathion qui est un des constituants de ce produit.
Ces intoxications ont pu se produire grâce à la non-observance des rè-
gles prescrites par la SODEFITEX concernant l'utilisation des insecticides et en
particulier l'arrêt de tout traitement un mis environ avant la récolte. Dans le
cas pr&ité, il semble bien qu'il ssagisse d'un fait tenant A la malveillance et
à ce sujet, il semble possible de recommander qu'une surveillance plus étroite
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soit effectuée quant à l'usage des insecticides distribu& ,?ux producteur%
. . / . .

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2/ Concernant les effets 3 long terme
Dans ce domaine, il ne nous est pas possible de nous prononcer. Mais il
ne paraît pas invraisemblable qu'il demeure sur le sol d'un ancien champ de
coton traité abonmnt lvannée précédente des ??&anences de IXE ou dsendosulfan
sulfate capable de produire des intoxications chroniques de l'animal com les
évoquent les paysans.
Il ne faut cependant pas oublier que les allégations concernant ces trou
bles chroniques sont vagues et indéterminées et qu'elles mssotiissent probable
à une campagne organisée par certains éleveurs pour combattre le développement de la
culture du coton dans le département de Kolda.
A titre de prudence et jusqu'à plus ample informe, il faut donc con-
seiller d'écarter les animaux des anciens champs de coton en début d'hivernage
lorsque l'herbe est courte et que les animaux lèchent le sol pour la consomer.