107 LA PESTE BOVINE par P.MORMET Vétérinaire...
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LA PESTE BOVINE
par P.MORMET
Vétérinaire Inspecteur Général
Directeur du Laboratoire Central de 1fElevage
"Georges Curasson"
Dakar-Hann

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r.6
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P
La Peste Bovine
-=-=-s-=-=-
Elle sévit chaque année dans tout le groupe de territoires,
sauf en Guinée. Mais elle n'affecte une forme enzootique que dans les
régions sshdliennes,
du fait de la transhumance : Mauritanie, Sénégal
(pro parte), Soudan, Haute Volta, Niger.
En Côte dPIvoire et %u Dahomey, pays d'élevage semi-sédentaire,
elle procéde par petits foyers cre&s par les troupeaux de zébus impor-
tés.
En Guince,
elle est exceptionnelle.
Il est difficile d'établir exactement l'incidence de cette
affection sur la morbiditb et la mortalité du cheptel bovin, car un
certain nombre de foyers ne sont pas déclarés et les chiffres donnés
pour une partie importante d'entre eux ne doivent être acceptés qu'avec
réserve, les déclarations des éleveurs étant souvent sujettes à cau&ion.
Pour llannee 1955, la morbidité "officielle" porte sur 15.000 bovins
et la mort-lité sur 6.300. Elles sont certaincment supérieures et
nous estimons que la seconde doit atteindre 10.000 animaux. Cette
affection est donc économiquement grave et constitue encore à l'heure
actuelle une menace permanente pour la santé 'du cheptel.
Orientation et évolution des recherches
La peste bovine est l'affection la plus importante par son
extension et ses répercussion économiques à laquelle se soient heurtés
les vétérinaires.
Elle a, pour cette raison, fait l'objet de multiples recher-
ches portant sur l'épizootologie,
les espèces affectées, la symptoma-
tologie, les lésions, le diagnostic, la pathogénie, l'étude expérimen-
tale du virus et de la maladie, la prophylaxie.
C'est évidemment la prophylaxie qui retient surtout l'atten-
tion, cette mr'thode étant la seule jusqu'à maintenant à donner, en
A.O.F.,
des resultats intéressyints. Les mesures sanitaires, quoique
efficaces, sont appliquées de façon intermittente et ne peuvent
d'ailleurs p,as toujours être utilisées.
Les premières recherches originrles sont celles de CURASSON
et DELPY (1926) qui, à B,amako, a côté de la mise au point d'un s6rum
xntipestique à qualités curntives (faibles) et préventives (transi-
toires} découvrent un vaccin de pulpes d'organes formolées qui connut
et connaît encore un grand succès et une large vulgarisation.

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Il a s u b i , d e p u i s s o n o r i g i n e , d i v e r s e s m o d i f i c a t i o n s ( e n
particulier addition de substances adjuvantes de l’immunité : gel
d’alumine ou saponine), mais le principe demeure inchangé.
PUS, peu à peu, du fait de la courte d.urée de l’immunité
confér6e p a r c e v a c c i n , o n c h e r c h e à l u i s u b s t i t u e r -partiellement-
c e r t a i n s v i r u s attenués.
C ’ e s t a i n s i q u ’ o n experimente d ’ a b o r d l e v i r u s b o v i p e s t i q u e
c a p r i n i s é , qu’Edwards e t s e s c o l l a b o r a t e u r s btudient l e s p r e m i e r s
au Laboratoire de Muktessvar, dans l’Inde, en 1930.
S i l ’ a p p l i c a t i o n e n A . O . F . de ce vaccin a été très étendue,
les recherches proprement dites, en ce qui le concerne, sont peu
nombreuses.
Citons cependant l’établissement, à Dakar, d’une nouvelle
méthode économique de préparation du virus caprinisé en utilisant
le boeuf réagissant (un seul passage) comme producteur de vaccin.
Du point de vue pratique l’abaissement du prix de revient est très
important.
Par contre un autre virus atténué, le virus bovipestique
l a p i n i s é , mis au point par Xakamura, au Japon, en 1938, a fait à
Dakar aussi l’objet de recherches approfondies. Son intérgt vient de
ce que son atténuation, superieure à celle du précédent, permet une
v a c c i n a t i o n d e l a q u a s i - t o t a l i t é d e s b o v i n s , q u e l l e q u e s o i t l e u r
s e n s i b i l i t é .
Les principales recherches effectuées au Laboratoire Central
d e lIElevage p o r t e n t s u r : l ’ é v o l u t i o n d e l ’ i n f e c t i o n c h e z l e l a p i n ,
l ’ é t u d e s t a t i s t i q u e d e l a r é a c t i o n t h e r m i q u e , l’histopathologie d e s
lésions,
l a t e n e u r d e s d i f f é r e n t s o r g a n e s e n v i r u s , f r a i s o u lyophi-
lisés, l ’ é t u d e c r i t i q u e d e s r é a c t i o n s c h e z d i f f é r e n t e s r a c e s b o v i n e s .
La technique de préparation du virus vaccinal est très étudiée, de
même sa conservation, le rendement moyen en doses vaccinales des
l a p i n s , l e t i t r a g e s u r l a p i n e t s u r b o e u f d u v a c c i n f r a i s o u lyophili-
s é . L a t e c h n i q u e d e l y o p h i l i s a t i o n elle-meme r e ç o i t b e a u c o u p d ’ a t t e n -
t i o n e t d e s o b s e r v a t i o n s i n t é r e s s a n t e s s o n t e n r e g i s t r é e s .
Recherches en cours :
E l l e s p o r t e n t s u r :
I” l a p e s t e d e s p e t i t s r u m i n a n t s , affection que nous avons pu rappro-
c h e r , g r â c e a u x é t u d e s experimentales, c l i n i q u e s , h i s t o p a t h o l o g i q u e s ,
s é r o l o g i q u e s , de la peste bovine.
. . . / ..*
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2O llimmunite Crois&e
entre la maladie de Carré et la peste bovine.
On sait que, en 1937, POLDING et SIMPSON, au Kenya, remarquent que
les chiens alimentes par la viande de bovins infectés expérimentale-
ment de peste bovine ne contractent habituellement pas la maladie
de Carré, appelée aussi maladie dl: jeune $ge des chiens, et dûe
comme elle à un virus.
En collaboration avec le Professeur GORET, d'Alfort, (1 et
2), nous avons voulu non seulement contrôler cette observation mais
l'étendre.
Pour cela nous nous sommes servis, comme sujets d'expérien-
ce, de furets, animaux besucoup plus sensibles que le chien au virus
de Carré dans les conditions naturelles et experimentales.
Il était, en outre, indiqué de rechercher si les bovins
inoculés avec le virus de Carré présentent une résistance à l'épreuve
ultérieure par le virus de la peste bovine. Les résultats de ces
immunisations croisées sont très encourageants.
Nous avons l'intention de répéter ces cxperiences en titrant
le virus de Carré pour connaître la quantité minima de ce virus capa-
ble d'immuniser les bovins contre l'inoculation ultérieure de virus
de peste bovine.
Le virus de Carre utilisé est obtenu du cerveau ou de la
rate de furets infectés ou encore d'oeufs embryonnés infectés.
Cette curieuse parent6 immunologique entre deux virus, qui
devraient en principe être d'affinités ires hypothétiques, a un
intérêt double :
a) elle pourrait permettra d'immuniser contre une maladie infec-
tieuse et contagieuse grave -la peste bovine- avec un virus vivant
mais non infectant pour les bovins, tout en présentant les qualités
immunigènes des virus non inactivés.
b) du point de vue immunologique, cette "allicnce" inattendue
ouvre une voit peut-être féconde à l'étude des relations entre
certains virus que rien ne permettrait a priori de rapprocher
3" la sérologie de la peste bovine : fixation du complément sur pla-
wes, séro-neutralisation sur lapin
/
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.?
(1) GORET (P.), MORNET (P.), GILBERT (Y.) et PILET (Ch.).- Immunité
croisée entre la maladie de Carré et la peste bovine.- C.R.hcad.Sciences
1957, &Q., 2564
(2) GORET (P.), MORNET (P.), GILBERT (Y.) et PILET (Ch.).-Une curieuse
parenté immunologique : constatation d'une immunité croisée entre la
maladie de Carre et la pestv bovine.-
Bull. Off. Int. Epizooties 1958,
3.2, 501

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4” la culture sur oeufs embryonnés de virus bovipestique LA (lapinisé
avianisé)
5” la multiplication du virus bovipestique en culture de tissus
(méthode des tubes roulants , m é t h o d e d e Maitland - c e l l u l e s e n survie-
multiplication en couches monocellulaires de cellules de rein embryon-
naire de bovin -action cytopathogène-)