Annales de Parasit&@e OParis), t. 47, 1972, no...
Annales de Parasit&@e OParis),
t. 47, 1972, no 4, pp. 569 à 579
Trois espèces d’oxyures parasites de Poissons
en Afrique
par Annie-J. PETTER, Georges VASSILIADES et Pierre-Maurice TRONCY
Laboratoire de Zoologie (Vers), associé CLU C.N.R.S. (P’ A.-G. CHABAUD),
Muséum national d’Histoire naturelle, 57, rue Cuvier, 75005 Paris
Laboratoire national de Recherches vétérinaires, Dakar, Sénégal,
et Laboratoire de Furcha, B.P. 433, Fort-Lamy, République du Tchad
ReSumé
Trois espè’ces d’Oxyures ont été trouvées dans les tubes diges-
tifs de Poissons d’eau douce en Afrique:
- Cithariniella citharini Khalil 1964 trouvée chez Cithurinus
citharus (Geoffroy) et Distichodus brevipinnis Giinther au Sénégal.
- Cithariniella khalili n. SP., trouvée chez Synodontis sorex
Günther E+U Sénégal et Synodontis gambiensis latifrons Blache au
Tchad. Elle se distingue de 81’espèce précédente Principale[ment par
sa queue plus courte et sa vulve plus antérieure.
- Synodontisia thelastomoides n. g., n. SP., trouvée
chez
Synodontis sorex (au Sénégal et Synodontis ocellifer Boulenger au
Tchad. Le genre est caractérisé principalement par 3 paires de
petites papilles concentrées autour du cloaque et une papille dou-
ble impaire sur la queue.
Les deux genres Cithariniella et Synodontisia présentent beau-
coup de ressemblances avec certains Thelastomatidae et n’eus sup-
posons qu’ils représentent une lignée issue par capture de ceux-ci
et ayant peu évolué depuis. Nous considérons que l’ensemble des
Pharyngodoninae groupe en réalité des genres polyphylétiques
issus à plusieurs reprises des Oxyures d’Insectes.
Sumwary
Three species of Oxyuridae were found in the gut of fresh-
water fishes in Afr.ica:
- Cithariniella citharini Khali,l 1964, from Citharinus citha-
rus (Geoffroy) land Distichodus brevipinnis Giinther.
. -

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A.-J. PETTER
- Cithariniella khalili n. SP., from Synodontis sorex Gün-
ther and Synodontis gambiensis latifrons Blache. It is distin-
guished fro’m Cithariniella citkarini by its shorter tail and more
anterior vulva.
- Synodontisia thelastomoides n. g., n. SP., from Synodonti.y
sorex Giinther an#d Synodontis acellifer Boulenger. The genus is
chlaracterized by three pairs of sImal papillae gathered around the
cloaca and one double papilla on the tail.
The two genera Cithariniella and Synodontisia show similari-
ties with some Thelastomatisdae
and we suppose they are issued
from them by «capture » land have evolved but little sin’ce. Pha-
ryngodoninae are considered as a group of polyphyletic genera
issuemd at different times from Insect Oxyurids.
Le matériel étudié provient des tubes digestifs de Poissons pêchés respectivement
dans le lac de Guiers (Sénégal) et dans le fleuve Chari à Fort-Lamy (Tchad).
NOUS avons trouvé trois espèces différentes d’oxyures, dont deux cohabitent chez
le même hôte.
1. -
Cithariniella citharini Khalil 1964 If&. 1)
Cette espèce a été trouvée au Sénégal (lac de Guiers), chez Citharinus citharus
(Geoffroy) et Distichodus brevipinnis Günther.
MATÉRIEL ÉTUDIÉ.
Chez Distichodus brevipinnis 292 BA : plusieurs femelles adultes.
Chez Citharinus citharus 293 BA : quelques femelles juvéniles sans œufs, et deux
larves mâles du quatrième stade préparant la dernière mue.
Khalil décrit, en 1964, au Soudan, chez Citharinus citharus, une espèce, Cithari-
niella citharini, dont les femelles, quoique légèrement plus grandes que les nôtres, pré-
sentent les mêmes proportions relatives et les mêmes caractères morphologiques ; le
D’ Khalil a eu l’obligeance de nous envoyer quelques-uns de ses spécimens, et nous
avons pu vérifier l’identité des deux lots.
--_-
FIG. 1. - Cithariniella cithavini Khalil, 1964. - A. - femelle, vue latérale. B. - femelle, vue api-
cale superficielle. C. - femelle, coupe optique au niveau des pièces chitinoïdes striées de la cavité buc-
cale. D. - femelle, extrémité antérieure, vue latérale. E. - portion distale de l’ovéjecteur. F. - œuf.
G. - ébauche génitale chez une larve femelle. H. - région anale d’une larve m&le montrant les
papilles de l’adulte sous la cuticule larvaire. 1. - épaississement cuticulaire de la queue du mâl:, vue
ventrale (dessin effectuéSur un spécimen, confié par Khalil). (A,: échelle 500 I* ; 6, C, H : echelle
u ; E, G, 1: echelle 100 IJ. ; D, F : echelle 50 u).

OXYU RES PARASITES DE POISSONS AFRICAINS
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A.-J. PETTER
L’espèce étant déjà décrite, nous donnons simplement quelques compléments mor-
phologiques pour faciliter la comparaison avec les espèces suivantes.
L’extrémité antérieure, conique, est légèrement enflée par rapport au reste du
corps, formant une « tête » globuleuse, elle-même divisée en deux transversalement par
un léger sillon ; la bouche présente six lèvres, quatre larges lèvres submédianes et deux
étroites lèvres latérales parcourues sur toute leur longueur par les amphides allongées ;
il existe quatre grosses papilles submédianes ovalaires doubles.
Nous avons observé d’étroites ailes latérales (larges de 10 p) qui débutent environ
au niveau du quart antérieur de I’œsophage, et s’étendent jusqu’un peu en dessous de
l’anus chez les femelles.
L’une des larves du quatrième stade, longue de 1.650 p, montre sous la cuticule
Larvaire une région cloacale, portant deux grosses paires de papilles allongées enca-
drant l’ouverture cloacale, située à 450 p de l’extrémité ; à 70 p en dessous du cloaque,
on observe ventralement sous la cuticule larvaire une paire de papilles arrondies
contiguës.
Principales dimensions d’une femelle longue de 4 mm.
Largeur maximum : 300 u ; cavité bu~ecale : 30 u de profondeur : œsophage: 450 u ;
anneau nerveux et pore ex,créteur situés respectivement à 180 u et 675 u de l’extrémité
antérieure ; queue : 1 100 n ; vulve située à 180 11 en avant de l’anus ; œufs : 110 n/ 35 n.
II. -
Citbariniella khalili n. SP. (fig. 2)
Cette espèce a été trouvée associée à l’espèce suivante, au Sénégal (lac de Guiers)
chez Synodontis sorex Günther, et au Tchad (fleuve Chari, Fort-Lamy) chez Synodontis
gambiensis latifrons Blache.
MATÉRIEL ÉTUDIÉ.
Chez Synodontis gambiensis 295 BA (matériel type) : un mâle et quelques femelles.
Chez Synodontis sorex 291 BA : un mâle et quelques femelles.
DESCRIPTION.
Oxyures de petite taille, à corps cylindrique, à queue effilée dans les deux sexes.
La striation cuticulaire est fine et peu marquée (interstries de 2 p), et on n’observe pas
d’annélation superficielle visible ;’ il existe d’étroites ailes latérales (larges d’environ
10 Pl.
FIG. 2. - Cithariniella
khnlili n. sp. A. - femelle, vue latérale. B. - femelle, vue apicale superfi-
cielle. C. - femelle, coupe optique au niveau des pièces chilinoïdes striées de la cavité buccale. D. -
femellc, extrémité antérieure, vue latérale. E. - male, vue latérale. F. - mâle, vue apicale supertï-
cielle. Ci. - male, régiorr cloacale, vue latérale. H. - male, extrémité cauclalc, vue ventrale. 1. -
portion distale de l’ovéjecteur. J. - œuf. (A, E : échelle 500 ,I ; B, C, D, F : échelle 20 u ; G, H, J :
échelle 50 u ; 1 : échelle 100 t,.)

OXYURES PARASITES DE POISSONS AFRICAINS
513
.

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A.-J. PETTER
La bouche présente six lèvres, quatre submédianes et deux latérales qui sont plus
étroites et parcourues sur toute leur longueur par les amphides allongées ; les quatre
Fosses papilles submédianes portent un petit mamelon à leur sommet. La bouche
s’ouvre dans une cavité buccale au fond de laquelle se dressent trois pièces chitinoïdes
striées.
(Esophage cylindrique, avec isthme court et bulbe sphérique valvulé.
Femelles.
La vulve est située environ aux deux tiers de la longueur du corps ; l’ovéjecteur,
dirigé vers l’extrémité antérieure, comprend une première portion à paroi épaisse
(longue de 400 p environ), terminée par un sphincter, et une deuxième portion à paroi
mince emplie d’œufs, qui se divise à son extrémité en deux utérus opposés.
Les œufs sont allongés ; à chacun de leurs pôles s’insèrent cinq filaments relative-
ment épais ; ces filaments sont très longs, et l’ensemble des filaments de tous les oeufs
se rassemble pour former des écheveaux qui parcourent les utérus et la deuxième partie
de l’ovéjecteur.
La queue est longue et effilée.
Principales dimensions d’une femelle longue de 2.300 p.
Largeur maximum : 160 II ; cavité buccale: 20 p de profosndeur ; oesophage: 400 11:
anneau nerveux et pore excréteur situés respectivement à 1.50 w et 540 u de l’extrémité an%
rieure ; vulve située à 860 v de l’extrémité postèrieure ; queue : 500 u : ailes latérales débu-
tant à 40 u de l’extrémité anttrieure et se terminant au niveau du re’ctum ; ceufs : 110 11135 w.
Mâles.
La queue des mâles porte, environ au quart antérieur de sa longueur, une paire de
papilles contiguës ; au-delà de ces papilles, la queue devient très effilée ; il existe deux
grosses paires de papilles cloacales, une paire large immédiatement au-dessus du
cloaque. et une paire allongée immédiatement en dessous ; le spicule est long et acicu-
laire, avec un capitulum recourbé dorsalement ; il existe un petit gubernaculum accolé
dorsalement au spicule, dans sa région distale.
Principales dimensions d’un mâle long de 1.550 p.
Largeur maximum : 100 p ; cesophage : 275 p ; anneau nerveux et pore excréteur situés
à 110 v et 440 u de l’extrémité antérieure ; queue : 2860 p awc papilles caudales situées à
200 p de l’extrémité ; spicule : 85 u ; gubernacululm : 25 u ; ailes latérales débutant à 40 1-1
de l’extrémité antérieure et se terminant au niveau du cloaque.
DISCUSSION.
Notre espèce présente avec Cithariniella citharini de grandes affinités : même
structure apicale, mêmes pièces chitinoïdes striées dans la cavité buccale, même aspect
des papilles caudales chez le mâle avec deux paires de grosses papilles autour du

OXYURES PARASITES DE POISSONS AFRICAINS
51.5
cloaque et une plus postérieure saillante, spicule recourbé en crosse à son extrémité
proximale, vulve située postérieurement et œufs munis de filaments ; nous plaçons donc
notre espèce dans le genre Cithariniella ; elle présente cependant, avec l’espèce de
Khalil, un certain nombre de différences : plus petite taille, queue plus courte dans les
deux sexes, vulve moins proche de l’anus, absence d’épaississement cuticulaire sur la
face ventrale du mâle. L’espèce est donc nouvelle et nous la nommons Cithariniella
khalili
n. sp.
III. - T$wwdontisia thelastomoides n. g., n. sp. (fig. 3)
Cette espèce a été trouvée à la fois au Sénégal (lac de Guiers), chez Synodontis
sorex Günther, où elle était associée à l’espèce précédente, et au Tchad (fleuve Chari,
Fort-Lamy) chez Synodontis ocellifer Boulenger.
MATÉRIEL ÉTUDIÉ.
Chez Synodontis sorex 291 BA (matériel type) : deux femelles mûres et un mâle
en mauvais état.
Chez Synodontis ocellifer 294 BA : quelques femelles dont plusieurs juvéniles et un
mâle dont la région cloacale est abîmée.
DESCRIPTION.
Oxyures de petite taille à corps en fuseau, à queue très longue et effilée dans les
deux sexes. La cuticule présente une striation transversale très marquée, à stries rela-
tivement espacées (interstries de 20 p à 30 k) formant une annélation superficielle
nette ; cette striation débute à 40 tu. de l’apex ; il existe des ailes latérales étroites (une
vingtaine de p) débutant un peu en avant de l’anneau nerveux et se terminant à peu
près au niveau de l’anus chez les femelles et à peu près au milieu de la queue chez les
mâles.
La bouche présente six lèvres : quatre lèvres submédianes larges et deux lèvres
latérales plus étroites. On observe quatre grosses papilles submédianes ovalaires et deux
amphides allongées qui parcourent toute la longueur des lèvres latérales. La bouche
s’ouvre dans une petite cavité buccale limitée par les parois amincies de l’œsophage ;
l’œsophage présente un corpus cylindrique, un isthme court et un bulbe sphérique
valvulé.
Femelles.
Le diamètre des femelles varie beaucoup suivant l’âge, les femelles mûres et pleines
d’œufs ayant le corps très élargi.

A.-J. PETTER
.-
FIG. 3. - Synodontisia thelastomoidrs n. g., II. sp. A. - femelle, vue latérale. B. - femelle,, vue api-
cale superficielle. C. - femelle, extrémité antérieure, vue submédiane. D. - femelle juvenile, vue
latérale. E. - œuf, F. - mâle, extrémité postérieure, vue latérale. G. - mâle, r6gion cloacale, vue
ventrale. (A, D: échelle 500 u; B, C : échelle 20 u.; E, F: échelle 7.5 u ; G : échelle 50 U)
La vulve est située un peu en avant du milieu du corps ; l’ovéjecteur est d’abord
dirigé vers l’avant, puis il se recourbe en crosse et se dirige vers l’arrière ; il comprend
une première partie à paroi épaisse, puis une deuxième partie à paroi mince emplie
-

OXYURES PARASITES DE POISSONS AFRICAINS
511
d’oeufs ; celle-ci se divise en deux utérus dirigés vers I’apex ; les extrémités des ovaires
se trouvent au voisinage du bulbe œsophagien ; les ceufs, ovales et aplatis sur une face,
sont embryonnés au moment de la ponte.
Le corps des femelles s’amincit brusquement légèrement en dessous de l’anus
et se prolonge par une queue très longue et effilée.
Principales dimensions d’une femelle mûre longue de 2.560 p.
Largeur maximum : 375 11; cavité buccale: 10 n de profondeur ; œsophage : 370 n ;
anneau nerveux, pore excréteur et vulve situés respectivement à 175 n, 525 ~1 et 920 u de
I’extrémité antérieure ; queue : 1 000 u ; ailes latérales débutant à 140 u de l’extrémité anté-
rieure et se termsinant à 960 u de l’extrémité postérieure ; œufs : 150 u/6.5 u.
Chez le Synodontis ocellifer 294 BA, nous trouvons des femelles jeunes beaucoup
moins grosses et possédant seulement deux ou trois œufs.
Mûles.
Comme celui des femelles, le corps des mâles se rétrécit brusquement en dessous
de l’anus pour se terminer en une queue très longue et effilée. Environ au quart anté-
rieur de sa longueur, la queue porte ventralement une grosse papille double qui est
très saillante en vue latérale ; le cloaque se trouve à l’extrémité d’un gros mamelon
saillant ; ce mamelon porte trois paires de petites papilles arrondies, concentrées autour
de l’ouverture cloacale (voir fig. 3, G).
Le spicule est court et aciculaire.
Principales dimensions d’un mâle long d’environ 1.150 p (l’extrémité antérieure
étant coupée, nous ne pouvons donner sa longueur exacte).
Largeur maximum : 200 u ; œsophage : un peu plus de 210 u ; pore excréteur situé à
un peu plus de 245 u de l’extrémité antérieure ; spicule : 60 n ; quene : 460 u ; papille cau-
dale située à 340 n de l’extrémité postérieure ; ailes latérales débutant à environ 60 u de
l’extrémité antkrieure et se terminant à 300 n de l’extrémité postérieure.
DISCUSSION.
L’espèce rappelle beaucoup, en particulier par la disposition et la forme des
papilles cloacales, les Thélastomes parasites d’Invertébrés ; par contre, la structure
céphalique est identique à celle des Cithariniella et voisine également de celle
d’lchthyouris ou de certains Thelandros (voir Thelandros meridionalis Chabaud et
Brygoo, 1962) ; le genre le plus proche reste donc Cithariniella, mais l’aspect des
papilles cloacales est différent et nous n’avons pas ici de dents pharyngiennes striées ;
nous pensons donc qu’il est nécessaire de créer un nouveau genre que nous nommons
Synodontisia.
Annales de Parasitologie humaine et comparée (Paris), t. 47, no 4.
3 8

5 7 8
A.-J. PETTER
DMGNOSE.
Synodontisia n. g. : Oxyuridae, Pharyngodoninae. Bouche avec six lèvres, quatre
lèvres submédianes larges et deux lèvres latérales étroites ; quatre grosses papilles
submédianes et deux amphides pédonculées ; petite cavité buccale limitée par les parois
amincies de l’cesophlage ; cloaque placé sur un gros mamelon saillant ; trois paires de
petites papilles arrondies concentrées autour du cloaque et une grosse papille caudale
double sur la queue. Parasite de Poissons.
Espèce type unique : Synodontisia thelastomoides n. sp.
Conclusions
Les deux genres Cithariniella et Synodontisia possèdent un certain nombre de
caractères en commun : d’une part, Ia structure apicale, avec six lèvres dont deux laté-
rales plus étroites, quatre papilles submédianes ovalaires et deux amphides pédonculées ;
d’autre part, la queue très longue et effilée portant chez le mâle une paire de petites
papilles contiguës ou fusionnées en une papille double impaire ; elles appartiennent
donc à un même groupe qu’il s’agit de placer dans la classification des Oxyuroidea.
II existe actuellement à notre connaissance seulement trois autres espèces d’Oxyu-
res de Poissons : toutes trois américaines, appartenant à trois genres différents.
Parmi celles-ci, l’espèce Travnema truvnema Pereira, 1938, est très différente des
espèces décrites ci-dessus par son aspect général trapu avec queue #courte et sa structure
œsophagienne : œsophage en deux parties d’égales &kensionls et sans appareil valvulaire ;
de plus, la queue du mâle ne possède pas sur l’extrémité caudale la paire de petites papil-
les contiguës si caractéristique de ces espèces.
L’espèce Laurotravassoxyuris travassosi Vigueras en est plus proche par I’extré-
mité caudale du mâle et les œufs munis de longs filaments ; cependant, l’extrémité api-
cale est très différente.
.
L’espèce Zchthyouris ro Inglis, 1962, possède une extrémité apicab à six lèvres et
des amphides pédoncukks rappelant celles de Cithariniella et Synodontisia, mais I’extré-
mité caudale du mâle présente de larges ailes et des pièces chitinoïdes tout à fait parti-
culières et on ne retrouve pas la paire de papilles caudales de ces genres.
En conclusion, il n’existe donc pas de raison particulière de réunir toutes les
espèces parasites de Poissons dans un même groupe et nous considérerons seulement
les deux genres Cithariniella et Synodontisia.
Ils présentent, surtout Synodontisia, beaucoup de ressemblances avec certains
Thelastomatidae d’Insectes : la cuticule à stries espacées et fortement marquées, pro-
duisant une annélation superficielle, l’extrémité postérieure du mâle très fine avec une
paire de papilles caudales très proches ou fusionnées, situées sur une petite éminence.
La disposition et la forme des papilles cloacales de Synodontisia thelastomoides rap-
pellent beaucoup ‘celles que l’on rencontre chez certains Thelastoma ou Cephalobellus
(voir, par exemple, Thelastoma periplaneticola Basir, 1942 OU Cephalobellus potosiae
Leibersperger, 1960 dans Leibersperger, 1960). Enfin, des œufs munis à leurs pôles de

OXYURES PARASITES DE POISSONS AFRICAINS
519
longs filaments formant des écheveaux qui emplissent les utérus se trouvent, par
exemple, chez certains Binema.
Ceci nous a fait supposer un instant que nous avions affaire en réalité à des
Oxyures d’Insectes ingérés par les Poissons, en même temps que leurs hôtes, mais les
deux genres présentent une structure apicale qui n’a pas été rencontrée, à notre
connaissance, chez les Thelastomatidae ; ceux-ci ont, en effet, en règle générale, huit
3
papilles au cycle externe ; de plus, comme le signale Khalil, la localisation intestinale
des parasites et leur abondance font écarter cette hypothèse. Enfin, certains Poissons
parasités, comme Citharinus citharus et Distichodus brevipinnis, ont un régime ali-
mentaire herbivore (voir Blache, 1964).
Nous considérons donc que ces espèces sont bien des Oxyures de Poissons. Leur
aspect général, et principalement la forme de la queue du mâle, les place dans les
Pharyngodoninae. En raison de leurs grandes ressemblances avec les Oxyures d’Insectes,
nous supposons qu’elles représentent une lignée indépendante issue par capture des
Thelastomatidae et ayant peu évolué depuis.
Nous remarquons que certains Pharyngodoninae de Reptiles carnivores, apparte-
nant au genre Thelandros, par exemple, présentent des ressemblances avec nos espèces
et ont également un aspect qui rappelle les Oxyures #Insectes par leur striation cuti-
culaire annelée et la forme de la queue du mâle ; nous supposons donc qu’ils forment
également un rameau dérivant directement de Thelastomatidae. On sait que la sépara-
tion entre Thelastomatidae d Pharyngodoninae, basée, en principe, sur le nombre de
papilles céphaliques, n’est admise que par raison de commodité, certains Oxyures
dkvertébrés pouvant n’avoir que quatre papilles céphaliques ; les Pharyngodoninae
forment en réalité un ensemble de genres polyphylétiques, réunissant des rameaux issus,
à plusieurs reprises, des Oxyures d’Insectes.
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