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LES AFFECTTOIJS bfICR031EJfJNES
par G. MEMERY
Laboratoire Central de lIElevage
"Georges Curasson"
Dakar-Hann
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LES AFFECTIONS MICROBIENNES
Les affections microbiennes communes aux pays tempérés et
aux pays tropicaux, tel l'Ouest Africain, sont superposables dans
leurs manifestations. Les différences, qui sont l'objet de nos préoc-
cupations, tiennent,dans le second cas, au milieu particulier dans
lequel elles évoluent.
D'autres sont specifiques du continent africain ou du moins
des régions tropicales.
La pathologie est dominne par quelques enzooties majeures,
qui, par suite de leurs incidences géographiques, économiques et
sociales, tendent à préoccuper plus particulièrement le chercheur,
au détriment d'une foule d'affections mineures mais qui ne doivent
pas pour autant %tre négligées; certaines,peut-être pour cette
raison, n'ont encore jamais été diagnostiquées.
Nous envisagerons , parmi les maladies qui sont l'objet
de travaux dans notre laboratoire, seulement celles présentant des
problèmes à résoudre sur la plan strictement africain, ne faisant
que citer les autres, bien que certaines, du fait de leur expansion,
donnent lieu à une prophylaxie mgdicale intensive.
Le charbon bactéridien, ou fièvre charbonneuse, très répandu dans
ces régions intertropicales, ne préoccupe plus le bactériologiste.
Son degré d'infection est irrégulier selon les territoires ou les
pays envisagés : conséquence des caractéristiques épidémiologiques
de cette maladie, mais aussi des facteurs climatiques, géographiques,
et zoologiques. Son importance énonomique demeure relative. Les
vaccins actuels , qui offrent toute satisfaction, permettent par un
emploi judicieux de réduire considérablement et même de faire dispa-
raître la mortalité dans un cheptel. Son incidence humaine assez
particulière à ces régions tropicales mérite d'être citée. Les nom-
breux cas de charbon chez l'homme, dont certains sont connus et
d'autres restent non contrôlés, sont toujours d'origine animale,
De nombreux groupes ethniques, plus ou moins carencés en aliments
protéiniques, inconscients du danger, consomment les carcasses
(accompagnées le plus souvent de la peau) des animaux morts de
fièvre charbonneuse, après une cuisson insuffisante ou nulle et des
manipulations favorables à la contagion.
Le charbon symptomatique ou oedème malin hémorragique, ne soulève
pas de problème specifique dans ces territoires. Son incidence géogra-
phique est identique à celle de la fièvre charbonneuse avec cependant
une répartition plus régulière et un taux de mortalité plus élevé.
Les recherches à ce sujet tendent principalement à des améliorations
dans les techniques de préparation du vaccin, qui donne déjà satisfac-
tion quant à l'efficacité et à la durée d'action.
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Les pasteurelloses, trés répandues , provoquent rarement dans les
régions qui nous préoccupent une mortalité importante. La pasteurello-
se bovine, ne sévit sous forme de septicémie hémorragique, que dans des
zonesbien localisées à climat humide et dont la saison sèche est de
courte durée. Aussi son incidence économique est-elle loin d'être aussi
dramatique que dans les pays d'Indo-Malaisie
par exemple. Elle ne
pose pas ici de problème particuliers, et le vaccin classique, malgré
la courte immunité conférée, permet, apparemment mieux qu'en d'autres
lieux, une lutte efficace contre cette affection.
Les salmonelloses, declarées ou le plus souvent occultes, n'ont pas
l'importance économique qu'on leur attribue en Europe.
La salmonellose bovine, due à Salmonella dublin, fait, cependant
exception dans les zones humides qui bordent le golf du Benin, causant
une morbidité et une mortalité la plupart du temps méconnues, mais
réelle dans les jeunes effectifs. Les études les plus complétes
(8I.W. KENNING d'0nderstepoort) ont jeté toute la lumière sur cette
question. Seules les applications pratiques des techniques de diagnos-
tic sont à l'étude , pour permettre un dépistage rapide sur le terrain
de la maladie et surtout des porteurs sains chroniques, réservoirs
de germes et agents disséminateurs, dont l'état le plus souvent
excellent ne permet pas d'en soupçonner le rôle néfaste.
La salmonellose aviaire, voit son incidence croftre rapidement
avec le développement de l'aviculture rationnelle dans les régions
avoisinant quelques grands centres tels que Dakar, Abidjan, ou
Brazzaville. L'acclimatement, qui est toujours une rude épreuve
pour le poussin d'un jour expédié par avion de la métropole, est
vraisemblablement le facteur révélateur essentiel de cette affection,
qui dans d'autres circonstances passe totalement inaperçue. L'étude
de l'étiopathogénie
de la pullorose semble donc devoir être complé-
tée à la faveur des observations faites en Afrique.
Le farcin du boeuf ou nocardiose bovine, due à Nocardia farcinica,
est une maladie à évolution généralement chronique sévissant certai-
nement depuis longtemps dans l'Ouest africain. De diagnostic assez
récent et souvent méconnue, elle semble se localiser principalement
dans les régions sub-sahéliennes bien que sa répartition géographique
exacte soit diffile à établir. Son incidence économique est importan-
te dans certains troupeaux mais, de même que pour sa répartition, ne
peut encore être appréciée à sa juste valeur.
Deux problèmes importants demeurent entre autres à résoudre :
le diagnostic exp&rimental sur l'animal vivant et le diagnostic diffé-
rentiel par rapport à la tuberculose.
Le premier permettra une étude épidémiologique indispensa-
ble, le second dictera la conduite à tenir en diverses circonstances :
- les lésions de nocardiose, fussent-elles importantes et ouvertes,
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ne constituent pas, 2. llopposé de la tuberculose, des foyers de
contamination directe pour l'homme.
- les mesures sanitaires à appliquer dans un troupeau atteint de
nocardiose sont totalement différentes de celles qu'exige la tuber-
culose
- l'inspection sanitaire des viandes aura à tenir compte du carac-
tère non pathogène pour l'homme des lésions de nocardiose.
Le diagnostic différentiel est délicat, l',analyse bactériolo-
gique est toujours longue et présente parfois des difficultés, du
fait de la coexistence reconnue des deux affections en certaines
régions et sur le même animal. Les recherches sont donc poursuivies
dans le but de mettre au point un diagnostic précis sur l'animal
vivant et une thérapeutique efficace.
La streptothricose cutanée bovine, est une maladie saisonnière
à évolution chronique ou subaiguë due à un miaroorganisme dont la
position dans la classification bactérienne n'est pas encore bien
définie. Elle sévit en Afrique occidentale française en zone sub-
sahélienne. Elle n'a pas été signalée dans les régions sèches tels
le nord du Soudan ou la Mauritanie, ou en régions plus humides comme
le sud du Dahomey, Côte d'ivoire, Guinée etc...
Son incidence n'a pas échappé dès 1938 à MALFROY qui recher-
che un traitement pour en débarrasser les troupeaux de l'Office du
Niger, La morbidité atteint environ 10% de l'effectif, maintenant
les animaux en très mauvais état à la saison où ils devraient être
les plus florissants, aggravant le pronostic de toute affection
intercurrente, et enlevant toute valeur aux cuirs. La mortalité,
exclusivement due à cette affection, demeurecependant faible. Dans
certains territoires (Haute Volta) les animaux de trait sont les
plus atteints et deviennent inutilisables à la seule époque où ils
pourraient rendre service à l'agriculture.
Cette affection nécessite un certain nombre de recherchez.
Son étiopathogénie inconnue ou mal connue fait l'objet d'abservations
constantes, d'expérimentations nombreuses, dans l'espoir d'établir
les bases d'une prophylaxie rationnelle et efficace. Son agent causal,
donne lieu à des études intéressantes, afin de pou:-oir lui donner la
place qui lui revient dans la classification bactérienne, de fixer
sa sensibilité aux antibiotiques divers, de définir son pouvoir
pathogène et infectant vis-à-vis des diverses espèces animales.
En marge de ces maladies d'intéret majeur, un certain
nombre d'affections sporadiques à évolution faiblement cnzootique,
généralement bien étudiées et apparemment banales, retiennent l'atten-
tion du fait de leurs particularités étiopathogéniques ou symptomato-
logiques, conséquence de leur apparition et de leur evolution dans
les régions tropicales africaines.
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Ce trop bref aperçu de l'orientation générale de la recher-
che bactériologique vétérinaire en Afrique (nous n'avons pas mention-
né la brucellose et la tuberculose qui sont traitées dans la note
"Zoono-
doit être complété par un exposé des principales carac-
téristiques de cette recherche dans l'Ouest africain français.
La recherche est essentiellement et avant tout immédiate-
ment utilitaire. fille est impérativement orientée par les problèmes
qui se posent au& praticiens et à l'éleveur et qu'ils ne peuvent
résoudre eux-mêmes sur place faute de connaissances, de moyens ou
de temps. Aussi toutes les questions, envisagées au laboratoire, le
sont sous cet angle et leurs résolutions tendent toujoursà permettre
une application immédiate, utile et pratique.
Le Laboratoire est et doit donc être en relation constanke
avec la "brousse". De nombreuses expérimentations, pour avoir toute
leur valeur (traitements, immunisations, épreuves etc...), doivent
%tre faites ou contrôlées sur des animaux neufs, sensibles et récep-
tifs,vivant dans leur milieu et dans les conditions où se développe
l'affection naturelle, souvent à des milliers de kilomètres du labora-
toire et sous des climats totalement différents.
Ces expérimentations ne peuvent être confiées qu'à des
vétérinaires ayant suivi un stage de formation pour approfondir
leurs connaissances sur la ou les affections dont ils devront
sloccuper,
et pour se familiariser avec les diverses techniques
qu'ils seront appelés à employer sur le terrain. Cette formation
n'excluant pas les missions sur place, toujours fort intéressantes
i tous les points de vue, du spécialiste muni d'un matériel d'inves-
tigation approprié.
Ce contact permanent peut se faire par l'intermédiaire de
laboratoires secondaires, disséminés dans les différents territoires,
servant de relais parfois indispensables entre le terrain et le
Laboratoire Central trop éloigné, et au niveau desquels certaines
opérations peuvent 8tre effectuées, évitant les envois de prélève-
ments longs et coGteux dans des conditions défavorables et néfastes
à une interprétation des résultats.
Les affections microbiennes qui préoccupent le bactériologis.
te dans l'Ouest africain, sont donc généralement les mêmes que celles
rencontrées en Europe, mais du fait de leur développement en pays
intertropicaux elles présentent certaince particularités et posent
certains problèmes liés à ces régions. Leur étiopathogénie, leur
incidence énonomique sont souvent très différentes, et les méthodes
prophylactiques instituées n'ont souvent rien de commun avec celles
employées en métropole. Enfin les méthodes de travail,les moyens
utilises, et l'orientation de la recherche ne sont pas les m@mes,
c'est dire que la recherche microbiologique en Afrique ne peut être
logiquement et utilement conçue que par des spécialistes qui ont eu-
la possibilité de faire un séjour plus ou moins prolongé sur ce conti-
nent.