C. R. Acad. SC. Paris, t. 264, p. 1297-1300 (6 mars...
C. R. Acad. SC. Paris, t. 264, p. 1297-1300 (6 mars 1967).
Série D
I’AKASITOLOGIE. - l+&ence de Trichinella spiralis (Owen, 1835) chec les
ca.rniwres et sui& sauvages de la région du delta du fleuve Sénégal.
Note (* j de MM. S‘~ION GROTILLAT et GEORGES VASSILIADES, présentée
par M. Clément Bressou.
t>ar infestations expérimentales d’animaux de laboratoire, l? présence de Trichi-
nellu spiralis est. signalée et confirmée chez Phacochœrus e et Th0.s adustus
dans le delta du fleuve Sénégal.
aathiopiCu5
Le Chat semble trés réceptif pour cette souche alors que le Rat et la Souris
seraient beaucoup moins sensibles.
1i:n mai 1966, neuf Européens de Dakar furent atteints simultanément
de myalgies et d’oedèmes de la face et des membres, avec absence de
troubles gastro-intestinaux. Ils avaient tous consommés quelques jours
auparavant du jambon d’un phacochère (Phacochcerus zthiopicus) abattu
à Boundoum (delta du Sénégal).
L’examen microscopique de ce jambon révéla la présence en nombre
variable suivant les plans musculaires de kystes larvaires de nématodes
de 500 à 850 y de long sur 240 à 270 ;J. de large, à parois très minces ren-
fermant une larve de 800 p. à I mm de longueur sur 22 à 32 p d’épaisseur
(densité allant de -/I à 50 kystes par gramme de muscle). La’ plupart des
larves étant mortes, il fut impossible, de réaliser des infestations sur
animaux de laboratoire.
Lors de la réouverture de la chasse en décembre 1966, le Service
tl’Helminthologie du Laboratoire national dc Recherches vétérinaires de
Dakar entreprit une série d’enquêtes ayant pour but dc déterminer quelle
pouvait être la nature de ces formes larvaires. Grâce au concours bénévole
d’un certain nombre dc chasseurs, 45 phacochères jeunes et adultes furent
abattus dans la région du delta du fleuve Sénégal. (Saint-Louis, Ross-
Béthio, Savoigne, Richard-TOI]).
Les régions musculaires suivantes ont été examinées (trichinoscopie
ou Quetschpraparat des auteurs allemands) : diaphragme, piliers du dia-
phragme, cuisse, épaule, intercostaux, masseters, muscles du cou, langue,
muscles du larynx.
Sur (15 phacochères abattus et examinés, 4. ont été reconnus parasités
à raison de I à 57 kystes par gramme de muscle suivant l’animal et la
région anatomique considérée.’
D’autre part, l’examen des muscles d’un chacal tué au cours d’une
battue a révélé une infestation moyenne par kystes larvaires allant de o
à 31 larves par gramme de muscle suivant la région examinée.
Morphologie des kystes rencontrés. - a. Chez le Phacochère (Phacochcerus
zthiopicus, Pal].). Il s ont une paroi généralement très mince : 1 à 5 p
d’épaisseur (photos I et 2). Ces kystes mesurent de 450 à 800 p de long

i-
‘*
.
(4
sur 200 B 250 p de large. Ayant .très souvent la forme d’une navette plutôt
que celle d’un cintrons 1 BILY’S deux pôles arrondis sont parfois recouverts
par quclqucs pet& globules graisseux. La larve occupe la rt3gion centrale
ou est repoussée à l’un des pôles. Elle es-t en général fortement enroulée
sur elle-même et baigne dans un liquide d’apparence Jincbment granuleuse.
Elle mcsrrre dc: 8Go p. à I mm de longueur sur 22 à 30 1~~ dc large, a une
extrémité postéricurc arrondie et un anus twminal.
6
7
8
1 et 2 : kystes de T. spirulis chez Phacocherus sthiopicus; 3, 4 et 5 : kystes de T. spiralis
chez Thos adustus (chacal); 6 : T. spiralis femelle adulte dans la sous-muqueuse de
l’intestin d’un chat infesté expérimentalement; 7 : extrémité postérieure de la même
femelle; 8 : utérus de T. spiralis avec larves de premier stade A l’intérieur. (Grossis-
sement : 1, 2, 3, 4, 5 et 6 : x 53; 7 et 8 : x 210.)
6. Chez le Chacal (ï’hos dustus, Sund). Ils sont en général beaucoup
moins longs et plus arrondis que ceux rencontrés chez Phncochœrus
zethiopicus.
En forme de citron de Lt35 à 585 k de longueur sur 180 à 230 p
de largeur, leur paroi est épaisse et a l’apparence d’une coque de 5 à 15 y
d’épaisseur (voir ph.otos 3, 4 et 5). Les pôles sont en général coiffés par
quelques globules lipidiques,

(3)
Les symp-tômes observés chez les malades (myalgies et cedémes) ainsi
que Ja présence de kystes larvancs
’ a>- de nématodes dans les muscles de la
viande consommés pouvaient faire penser à un parasitisme par Tricizznella
spirulis (Owen, 1835). Il y avait cependant lieu dc le contrôler. Une série
d’infestations expérimentales au laboratoire permc-t de confirmer la
présence de ce nématodc chez les suides‘7 et les carnivores sauvages de la
région du delta du fleuve Sénégal.
Essais d’infestation expérimentale réalisée sur souris, rats, chats, chiens
et porcs. - Le 30 decembrc 1~166, infestation dc 2 chats, 6 souris et 6 rats
avec un fragment de masseter de phacochère infesté à raison dc 7 kystes
par gramme de muscle. Les resul-tats dc ces essais sont donnés dans lc
tableau.
Contrôle : (nombre de kystes par gramme de muscle).
Animaux d’expérience.. .
6 souris.
6 rats.
Chat.
Chat.
Infestation
(nombre de kystes.. . . . de 3 à IO
de 8 B 15
65
65
Autopsie après n jours. . .
34. à 47
38 a 47
42
4:
Diaphragme.. . . . . . . . . . . .
néant
néant
30
32
Piliers du diaphragme. . .
»
»
36
24
Intercostaux. . . . . . . . . . . .
»
»
41
18
Cuisse.. . . . . . . . . . . . . . . . .
)J
»
34
32
Épaule. . . . . . . . . . . . . . . . .
»
n
40
16
Masseter.. . . . . . . . . . . . . . .
»
,j
39
36
cou.. . . . . . . . . . . . . . . . . . .
))
n
/íO
36
Larynx.. . . . . . . . . . . . . . . .
D
»
5)
x (5
Langue.. . . . . . . . . . . . . . . .
»
»
28
4s
Conjonctif sous cutané. . .
)j
»
14
0
Muscles oculaires. . . . . . . .
»
,,
0
28
Cœur.. . . . . . . . . . . . . . . . . .
n
1,
0
0
Foie. . . . . . . . . . . . . . . . . . .
»
»
0
0
Intestin grêle. . . . . . . . . . .
1)
8
0
0
Le 24 janvier 1967, infestation de 0 rats, 3 chats et 2 chiens avec des
fragments de jambon de phacochères infes-tés à raison de 57 larves par
gramme.
Le premier lot expérimental infesté le 30 décembre 1966 ne l’a été
que très légèrement à raison de 60 kystes par chat et de 3 à IO kystes
par souris et par rat. Les rats, chats et chiens infestés le 2JI janvier 1967,
l’ont au contraire été massivement (rats : 250 à 1400 kystes/roo g de
poids vif; chats : 2 ooo à 6 500 kystes par animal; chiens : 5 250 à
15 ooo kystes par animal). Les résultats finaux de ces derniers essais
seront donnés dans une note ultérieure.
Troubles observés chez les animaux infestés expérimentalement. - Aucun
trouble morbide n’a été observé dans le premier lot d’animaux. Dans le
second lot, les chats et les chiens présentent dès le 4e jour et jusqu’au

(4)
I’Le jour suivant I’in~eslation dc l’inapptitence allant jusqu’à l’anorexie
et une diarrhée sanguinolente avec hypothermie vers les se et TON jours.
Contrôles d’infestation.
- L’examen des fi:ces pratiqué Ics ye, 8e ct <le jolws
apr&s I’infestation permet de mettre CI~ évidence quelques Icmellcs imma-
turcs de Trichinelln ainsi qu’un mâle adulte dc Trichnella spiralis.
A l’&utopsie de l’un des chats infesté 10 24 janvier 1967 avrc (i 320 kystes
(soit 316 larves/Ioo g poids vif), il a été &olté des femelles mûres de
T. spimlis dans la SOI~S muqueuse du gros intestin. Ces vers mesurent
de I ,7 à 1,:~ mm de long sur 38 à (lo 1~. de large avec quelques dizaines
dc jeunes larves in utero dc TOO p environ de long (cf. photos C;;?, 8).
Interprétation des rhultats.
- Le chat domestique semble être un hôte
expérimental excellent pour la souche de 1’. spiralis du Sénégal, puisqu’il
est possible de retrouver des kystes larvaires jusque dans la musculeuse
de l’intestin et le tissu conjonctif sous-cutané et qu’il sufE-t de faire absorber
à un jeune chat de I kg, 6;o kystes larvaires pour obtenir 110 jours après
une infestation moyenne de 30 à 40 kystes par gramme de muscle. Le rat
et la souris sont au contraire beaucoup moins sensibles à l’infestation par
cette souche.
Conclusion. - Trichinella spiralis est signalée pour la première fois
chez le phacochère et le chacal au Sénégal.
Si l’on se réfère aus travaux de Forrester, Nelson el; Sander en ~C$I ('),
puis de Nelson, Guggisberg e.t Mukundi en IC$~ (“) (présence, épidémiologic
et répartition géographique de T. spiralzs au Kenya), lc Sénégal est donc
le deuxième pays d’Afrique au Sud du Sahara ou la trichinose a été mise
en évidence.
c) Séance du 27 février 1967.
(l) A. T. T. FORRESTER, G. S. NELSON et G. SANDER, ï’ram. Roy. Soc. Trop. Med.
Nyg., 55 (6), 1961, p. 503-513.
(?) G. S. NELSON, C. W. GUGGISBERG et MUKUNDI, J. An. Trop. Med. Paras., 57(3),
1963, p. 332-346.
(Insf. Elev. Med. véf. Pays tropicaux,
Laboratoire National de I’Élevage et de Recherches véférinaires,
B. P. 2057, Dakar, Séndgal.)
174581. - Imp. GAUTHIER-VILLARS. - 55, Quai des Grands-Augustins, Paris (69.
Imprimé en France.
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