Observation dans les Niayes du Sénégal d’une...
Observation dans les Niayes
du Sénégal d’une souche
de Tuypanosoma (Duttonella) vivax

transmissible d’un bovin à des souris
par la seringue
A. Diaite l* A. Gueye l Y. Thiongane 2
M. Lo 2 T. Nd. Dieye l G. Vassiliades *
Mots-clés
Résumé
Trypanosoma vivax - Bovin - Souris -
Une souche de Trypanosoma (Duttonella) vivax isolée dans la région des
Caprin - Animal de laboratoire -
Niayes du Sénégal a pu être transmise à des souris de laboratoire (Balbk). La
Infection expérimentale
- Transmission
parasitémie a été suivie après son apparition pendant plus de 100 jours chez
des maladies - Sénégal.
l’une des souris. Cette observation confirme que T. vivax peut être spontané-
ment transmissible aux rongeurs.
%
i H INTRODUCTION
Du sang récolté sur cette vache dans un tube hépariné a été ramené
I
au laboratoire et inoculé à cinq souris mâles adultes (Balb/c)
à raison de 200 ~1 par voie intrapéritonéale.
En septembre 1997, des cas de mortalité ont été enregistrés à
Diacksao-Peulh chez des bovins de races locales (zébus Gobra,
La biométrie, technique de mensuration des trypanosomes qui peut
métis Djakorés), élevés à proximité d’une grande ferme laitière.
donner des éléments d’appréciation pour la différentiation des
Afin de parer à toute extension de cette épizootie, des investiga-
espèces (6), a été faite sur 100 individus répartis en deux lots de
tions ont été menées rapidement pour établir le diagnostic de la
50 en utilisant un microscope Leitz (Dialux 20 EB) muni d’une
maladie.
chambre claire. L’échelle de mesure a éié obtenue grâce à un mi-
cromètre (Nachet, France). La lecture de la parasitémie a été faite
Diacksao-Peulh est situé dans les Niayes du Sénégal où une cam-
selon le barème de Murray et coll. (9).
pagne de lutte contre les glossines (12) avait entraîné la disparition
apparente de ces vecteurs, révélée par des prospections entomolo-
giques ultérieures négatives. Les cas de mortalité observés
à Diacksao-Peulh ont ainsi été à l’origine de recherche de trypano-
n RESULTATS
somes, en plus des analyses de bactériologie et de virologie.
Les résultats des frottis de sang ont montré que l’animal était for-
m MATERIEL ET METHODES
tement parasité par Rypanosoma vivat Zieman, 190.5. Les souris,
à partir de ce moment, n’ont plus présenté beaucoup d’intérêt
puisque 7’. vivat ne se développe presque jamais chez les rongeurs
.
,
Des frottis de sang ont été faits sur place à partir de sang prélevé
de laboratoire.
,-’ sur un animal (vache zébu) qui a présenté des signes de prostration
,
et de larmoiement ; une légère anémie a complété le tableau cli-
Cependant, quatorze jours après l’inoculation une souris est morte.
; nique. Aucun examen direct (goutte de sang entre lame et lamelle)
Les quatre autres souris ont alors été observées par examen direct.
n’avait été fait à ce stade.
Pour les identifier, elles ont été marquées T (tête), D (dos),
Q (queue), TD (tête et dos). Une des souris était positive. Les try-
panosomes ont eu un mode de déplacement (d’un bout à l’autre du
champ du microscope) qui a fait penser à celui de T. vivat. La sou-
ris Q a été la première positive (14 jours), suivie un jour après par
1. lsca-Lnerv, Service de parasitologie, BP 2057. Dakar Hann, Sénégal
la souris T. La souris D a été positive 25 jours plus tard, tandis que
2. ha-Lnerv, Service de microbiologie, BP 2057, Dakar Hann, Sénégal
la souris TD est morte 47 jours après l’inoculation sans avoir été
* Auteur pour la correspondance
positive à l’examen direct.

Strain of T. vivax transmissible from a bovine to mice
De nouveaux frottis de sang ont alors été effectués ;l partir du sang
Parasitémie de la souris T (Balb/c) inoculée avec T: vivax
de la souris positive T. Les résultats (gros kinétoplaste terminal,
flagelle libre bien développé) ont clairement indiqué qu’il s’agis-
:I:II
sait de Z’. vivux.
La parasitémie ayant été suivie de manière quotidienne chez ces
souris, cela a permis de constater de faibles taux chez les souris D
et Q et une parasitémie forte intermittente et durable chez la souris
T (figure 1). La souche retransmise à la chèvre s’est avérée très vi-
rulente. Elle a été aliquotée et cryopréservée sous la dénomination
LN 97-l.
Les résultats de la biométrie ont indiqué une longueur totale
moyenne des trypanosomes de 251 f 1,96 pm et de 22,2
f 2,29 pm pour un échantillon de population provenant respecti-
vement du bovin et de la souris.
Jours après inoculation par voie intrapéritonéale
Figure 1 : suivi de la parasitémie chez la souris T.
n
DISCUSSION
L’observation de ce cas a semblé importante aux auteurs pour trois
la transmissibilité à de nouveaux hôtes. Même si les longueurs
raisons. D’abord, parce que la plupart des observations antérieures
totales moyennes des deux populations de trypanosomes sont
sur ce même type de phénomène rapportent des cas où 7’. vivat a
comprises dans la fourchette admise pour l’espèce (18-3 1 pm) (6),
été adapté aux rongeurs après immunosuppression de ces derniers
on constate une légère différence entre la moyenne des longueurs
grâce à des irradiations sublétales aux rayons gamma (4), ou alors
des trypanosomes provenant de la souris et de ceux provenant du
des cas de maintenance grâce à des transmissions en série à la se-
bovin, mais cette différence n’est pas significative. Il faut tol.tefois
ringue à des rongeurs ou par cryopréservation, comme par
être prudent dans l’application de cette technique à la différentia-
exemple le stock de T. Gvax Y486 isolé à Zaria au Nigeria (8). Ce
tion des trypanosomes, car elle peut être source d’erreur du fait de
même stock s’est montré létal dans une étude différente chez de
la très grande variation quelquefois observée entre les popul.ltions
jeunes rats avec cependant la guérison spontanée chez les rats
d’une même espèce (l(5).
adultes au bout de 15 jours maximum (7). Des travaux antérieurs
ont fait état de la possibilité de maintenir T. vivm chez les rats
L
blancs à condition d’inoculer aux rongeurs du sang ou du sérum de
bovin ou de petits ruminants mais avec, là aussi, des parasitémies
n CONCLUSION
qui ne durent pas plus d’un mois (2, 3). Dans cette étude, cette
souche s’est maintenue chez une des souris blanches (Balb/c) sans
i
intervention et même avec des parasitémies notées à quatre croix,
Cette observation semble intéressante à plus d’un titre. Des études
ce qui correspond à une infection à 1 04, voire 5.1 05, trypanosomes
de caractérisation de la souche pourraient être envisagées pour
par millilitre lors de l’observation de l’interphase (9).
tirer davantage d’informations sur ses particularités biologiqws.
Les souris n’ont pas été prostrées et n’ont pas semblé présenter
d’altération de l’état général. Les périodes de parasitémie ont été
suivies de périodes de rémission et même d’épisodes aparasité-
miques sans toutefois aboutir à une guérison spontanée.
BIBLIOGRAPHIE
Ensuite, si ce phénomène se produisait dans la nature de la même
manière qu’au laboratoire, il pourrait prendre une nouvelle dimen-
sion dans l’épidémiologie de la trypanosomose à T. vivm dans
1. DAVIES B.S., 1952. Studies on the trypanosomes of some Calif>rnia
mammals. Univ. California Pub. ZOO~., 57: 145.
cette région des Niayes. En effet, les animaux de race locale à
priori plus résistants à cette affection étaient maintenus dans des
2. DESOWITZ R.S., WATSON J.H.C., 1951. Studies on Jrypano:;oma
exploitations de type extensif et côtoyaient des exploitations de
vivax: Susceptibility of white rats to infection. Ann. trop. Med. Parahitol.,
45: 207-219.
type intensif où l’on trouvait des animaux plus sensibles à cette af-
fection. Les animaux de race locale, en cas d’alerte de trypanoso-
3. DESOWITZ R.S., WATSON J.H.C., 1951. Studies on Jrypano-orna
mose, peuvent toujours être traités, permettant l’extinction du
vivax: Susceptibility of white rats to infection. Ann. trop. Med. Para!it&
foyer infectieux. Ce ne serait pas le cas avec des rongeurs infectés
46: 92-100.
ci
mais apparemment porteurs sains d’après les observations de cette
4. GATHUO H.K.W., NANTULYA V.M., CARDINER P.R., 1987. -
étude. L’importante question à élucider alors serait l’identité des
Trypanosoma vivax: Adaptation of two East African stocks to laboratory
arthropodes qui seraient responsables de la transmission entre les
rodents. /. Protozool., 34: 48-53.
rongeurs et les bovins.
5. HOARE
C.A., 1972. The trypanosomes of mammals: a zoological
monograph. Oxford, UK, Blackwell Scientific, 749 p.
Enfin, des études anciennes (10) rapportent que la très longue
maintenance de T. vivat, dans des conditions où seule la transmis-
6. HOARE C.A., 1956. Morphological and taxonomie studie- on
sion mécanique est possible, entraîne la perte de sa transmissibilité
mammalian trypanosomes. VIII. Revision on Trypanosoma evansi.
par Glossinapalpalis s.l. On pourrait, par analogie à cette observa-
Parasitology, 46: 130.
tion, s’interroger ici sur les relations de causalité entre la transmis-
7. JOSHUA R.A., 1987. Infectivity and virulence of Trypanosoma vivax
sion mécanique stricte, situation probable dans les Niayes, et
to rats of varying ages. Bull. Anim. Health Prod. Afr., 35: 201-205.
1 2 8

Souche de T. vivax rraasraissible d’un bovin ci des souris
8. LEEFLANC P., BUYS J., BLOTKAMP C., 1976. Studies on
11. TOURE S.M., 1974. Bilan de trois années de lutte contre les glossines
Trypanosoma vivax: Infectivity and serial maintenance of natural bovine
dans la région des Niayes du Sénégal. In : Actes du colloque sur les
isolates in mice. Int. 1. Parasitol., 6: 413-417.
moyens de lutte contre les trypanosomes et leurs vecteurs, Paris, France,
9. MURRAY M., TRAIL J.C.M., TURNER D.A., WISSOCQ
Y. EDS, 1983.
12-I 5 mars 1974. Maisons-Alfort, France, Gerdat-lemvt,
p. 355-356.
Productivité animale et trypanotolérance : manuel de formation pour les
12. TOURE S.M., 1980. Rapport sur l’exécution du projet de lutte contre
activités du réseau. Addis Abeba, Ethiopie, CIPEA, 221 p.
les glossines dans les Niayes et la petite côte du Sénégal. Dakar,
10. RODHAIN J., CODSENHOVEN C.V., HOOF L.V., 1941. Etude
Sénégal, Lnerv, 13 p.
d’une souche de Trypanosoma cazalboui
fvivaxl du Ruanda. Mém. ht.
R. Colon. Belge, Sect. Sci. nat. Méd., 11 : 1.
Reçu le 2.2.98, accepté le 8.9.98
.
Summarv
Resumen
Diaite A., Gueye A., Thiongane Y., 10 M., Dieye T.Nd.,
Diaite A., Gueye A., Thiongane Y., 10 M., Dieye T.Nd.,
Vassiliades C. Observation of a strain of Trypanosoma
Vassiliades G. Observation, en 10s Niayes de Senegal, de una
(Duttonella) vivax transmissible by syringe from a bovine to
cepa de Trypanosoma (Duttonella) vivax, transmisible de un
mice in the Niayes of Senegal
bovino a ratones, por medio de la jeringa
A strain of Trypanosoma (Duttonella)
vivax isolated in the
Una cepa de Trypanosoma (Duttoneila)
vivax aislada en la
Niayes region of Senegal was successfully transmitted to
region de Niayes en Senegal fue transmitida a ratones de
laboratory mice (Balbk). Parasiternia was monitored in one
laboratorio (Balb/c). En uno de 10s ratones, se sigui la
mouse at first appearance for more than 100 days. This
parasiternia después de la aparicion, durante mas de 100 dias.
observation confirmed that T. vivax may be spontaneously
Esta observaci&
confirma que T. vivax puede transmitirse
transmissible to rodents.
espontaneamente a 10s roedores.
Key words: Trypanosoma vivax - Cattle - Mouse - Goat -
Palabras C/ave: Trypanosoma vivax - Ganado bovino - Raton -
L a b o r a t o r y a n i m a l - E x p e r i m e n t a l i n f e c t i o n - Disease
Caprino - Animal de laboratorio - Infection experimental -
transmission - Senegal.
Transmision de enfermedades - Senegal.

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