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iie?. Elev. Méd. vét. Pays trop., 1976, 29 (4) : 313-316.
Fe
‘.
L
Portage de Salmonella chez Testudo sulcata
tortue terrestre du Sénégal
M. P. DOUTRE (*) et R. BOCHE (**)
(avec la collaboration technique de B. TOURE (* * *) et A. TALL (* * *))
R É S U M É
Une enquête épidémiologique est effectuée sur le portage chronique de
Salmonella chez une tortue africaine Testudo sulcata. 30 prélèvements d’excré-
ments ont permis de mettre en évidence 6 sérotypes : S. oranienburg, S. cor-
vallis, S. durban, S. llandofi, S. bahrenfeld, S. adelaide. S. bahrenfeld
est isolée
pour la première fois au Sénégal.
Les possibilités de contamination de l’homme et d’espéces animales
domestiques sont envisagées.
Ces dernières années, tout particulièrement
différents sérotypes rencontrés, responsables ou
dans les pays anglo-saxons, des responsables de
non d’affections chez l’homme : S. java, S.
la santé publique ont attiré l’attention de l’opi-
isangi, S. newport, S. derby, S. paratyphi B,
nion sur le danger que présentent les tortues,
S. madelia, S. houtens, S. rubislaw (5). A Tanger,
terrestres ou aquatiques, en tant qu’agents pro-
HUET isole les souches suivantes : S. newport,

pagateurs d’entérobactéries pathogènes des gen-
S. canastel, S. paratyphi B, S. brandenburg,
res Salmonella et Arizona.
S. clifon, S. kibusi, S. richmond et une Ari-
De nombreux foyers de salmonelloses humai-
zona (9). En différents lieux, d’autres auteurs
nes, touchant le plus souvent les enfants, ont été
effectuent des observations identiques (4, 10,
rapportés à une contamination provoquée par
13, 18, 19).
les chéloniens ou l’eau des bassins dans lesquels
DELAGE a montré que, lorsqu’une tortue
ces animaux séjournent. La littérature fournit de
s’infeste, elle reste porteuse de germes pendant
nombreux e,xemples (3, 5, 12, 14, 15, 16). En
un temps qui peut atteindre plusieurs années,
i
1973, FOX, aux Etats-Unis, cite 35 cas de sal-
donc pratiquement le reste de sa vie. L’animal
I
monelloses humaines dont l’origine est expliquée
se comporte d’une manière nettement passive
!
par des contacts avec des tortues, 5’. braen-
vis-à-vis des Salmonella. Il semble n’y avoir
derup, S. litchjield, S. typhimurium sont alors
aucun mécanisme d’expulsion ou de neutra-
mises en évidence (8). LAMM et collab. esti-
lisation, même pour des germes introduits
ment que 280 000 cas de salmonelloses infantiles
directement par voie sanguine (1, 2, 6). La per-
sont dus aux tortues (11). En Angleterre, CLEGG
sistance de la présence dans le tube digestif est
faisant l’historique du sujet, dresse la liste de
facilitée par le fait, qu’en captivité tout au moins,
bien des chéloniens sont coprophages et même
coprophiles (6).
(*) Chef du Service de Bactériologie du Laboratoire
national de I’Elevage et de Recherches vétérinaires
En raison de toutes ces données, désormais
(1. S. R. A.), B. P. 2057, Dakar-Hann, Sénégal.
(**) Chef du Service de Bactériologie de l’Institut
bien connues, des mesures législatives ont été
Pasteur de Dakar.
édictées aux Etats-Unis. En décembre 1972,
(***) Technicien supérieur et aide-biologiste au
une loi est promulguée, elle interdit l’impor-
Laboratoire national de I’Elevage et de Recherches vété-
rinaires (1. S. R. A.).
tation de tortues (ou d’oeufs de tortues, ces der-
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i
Testrrdo sulcatn (photo D. FRIOT)
niers pouvant aussi héberger des Salmonella (7))
1. MATÉRIEL ET MÉTHODES
à l’intérieur des frontières, et le transport
inter-Etats, pour des sujets qui n’ont pas été
A. Matériel d’étude
certifiés indemnes de Salmonella ou d’Arizona
30 prélèvements coprologiques sont récoltés
par les autorités du pays expéditeur. Sur le plan
et transportés en tubes stériles au Laboratoire.
bactériologique, des techniques d’isolement plus
sensibles sont mises au point (20).
B. Méthodes
Au Sénégal, une tortue, Testudo sulcata, est
souvent conservée dans les cours et les jardins
Après enrichissement 48 heures en bouillon
de l’agglomération dakaroise à titre de curiosité
sélénite, l’isolement est effectué sur milieu sélec-
(photo). A l’état libre, l’animal vit surtout dans
tif (désoxycholate citrate lactose).
la zone sahélienne et sahélo-soudanienne, fré-
Comme pour toutes les enquêtes épidémio-
quentant souvent des régions excessivement
logiques accomplies jusqu’alors, les souches sont
arides. Cette espèce, la plus grande des tortues
adressées au Centre international des Sal-
terrestres africaines, atteindrait en 18 ans le
monelles (Institut Pasteur de Paris, Profes-
poids de 60 kg pour une longueur de 75 cm, les
seur LE MILNOR) pour confirmation et déter-
habitants du sud de la Mauritanie prétendent
mination des sérotypes.
qu’il existe des individus pesant 150 kg (17).
Dans la nature, Testudo sulcata se nourrit de
feuillages divers et semble affectionner parti-
II. RÉSULTATS
culièrement les feuilles d’lpomea, mais elle ne
refuse pas les herbes les plus sèches. En captivité,
6 sérotypes ont été mis en évidence :
l’animal boit assez fréquemment et par quantité
5’. oranienburg (groupe CI) 6,7 ; m, t ; -
appréciable à la fois.
S. corvalh
(groupe C3) 8,20 ; 24,223 ;(z6)
A titre d’information et dans le cadre des
S. durban
(groupe DI) 9,I2 ; a ; e, n, z15
enquêtes effectuées sur l’épidémiologie des
S. Ilandod
(groupe E4) 1,3, 19 ; 229 ; -
salmonelloses, des excréments de T. sulcata ont
S. balzrenfeld (groupe H) 6,44,24 ;e,h ;I,5
été recueillis dans différents jardins (parc zoo-
S. adelaïde
(groupe 0)
35 : f, g ; -
logique inclus) de l’agglomération dakaroise
pour lenler d’apprGer le portage éventuel de
S. hkrerfeld est observée pour la première
Salmonella. La présente publication se propose
fois au SémSgal, les 5 autres sérotypes ont déjà
de présenter les résultats obtenus.
été rencontrés au moins une fois chez l’homme.
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