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L
REPUBLIQUE DU SENEGAL
DEPARTEMENT DE RECHERCHES
___-------
SUR LES PRODUCTIONS
’ MINISTRE DU DEVELOPPEMENT RURAL
ET LA SANTE ANIMALES
ET DE L’HYDRAULIQUE
INSTITUT SENEGALAIS DE RECHERCHES
A G R I C O L E S ( I . S . R . A . )
- - - - - - - - - - - -
LABORATOIRE NATIONAL DE L’ELEVAGE
ET DE RECHERCHES VETERINAIRES
.-
DAKAR-HANN
RAPPORT SUR UNE MISSION EFFECTUEE
A KOLDA (PROGRAMME TRYPANOTOLERANCE)
Par M. SEYE et A. MANE
REF. No 71 /PARASITO.
NOVEMBRE 1990

IWTRODUCTION
Une équipe du service de Parasitologie du Laboratoire National
de IIE levage et de Recherches Vétérinaires s’est rendue à Kolda du
12 au 22 octobre 1990. Cette mission, effectuée à la demande du
Coordonnateur du Programme Trypanotolérance, avait pour objet de
renforcer Ic personnel du Programme à la suite du départ de certains
C~C? ses agents.
Durant son séjour l’équipe a pris part aux différentes activités
menées sur le terrain et en laboratoire.
Le présent rapport relate cette participation. Dans une première
partie, sont indiqués le travail effectué et les résultats obtenus. Une
deuxième partie fait état de quelques réflexions et suggestions relatives
à l’application des techniques de collecte des données.
I - TRAVAIL EFFECTUE ET RESULTATS
1.1 - Entomologie
Les travaux d’entomologie ont comporté trois volets : capture
de glossines à écraser sur papier-filtre pour étude des repas de sang ;
dissections pour établir les taux d’infection des glossines
par des trypanosomes ; enfin décompte des mouches capturées
pour calculer la densité apparente des populations (d.a.p.), e t e x a m e n
des ailes pour déterminer l’âge approximatif.
- Repas de sang
12 pièges ont été déployés le 15 octobre, dont 4 dans la savane
avoisinant le village de Yassiriba et les 8 autres tout au longdu cours
d’eau Bondiéwol qui jouxte le même village. Le relevé des captures
a été effectuée le 15 octobre, mais aucune des glossines capturées
n’était gorgée.
. . . / . . .

-2-
- Dissections
Les 12 pièges ci-dessus ont été laissés sur place les 16-17
et 18 octobre, avec des relevés quotidiens des captures a partir du
17 octobre. Parmi les glossines disséquées au cours de ces trois jour-nees,
‘I seule s’est révélée infestée de trypanosomes, au niveau de la trompe
et de l’intestin. II s’agit probablement de T. congolense.
‘- Densité apparente des populations et âge alaire
Une baisse des populations de mouches est notée, qui est
due à la saison qui est favorable à la dispersion des tsé-tse et au%LjI,
sans doute, aux effets d’un piégeage continu depuis près de trois C~ns.
L’âge alaire de chaque mouche a été apprécié et informatisé.
1.2 - Trypanosomes
Aucun cas de trypanosomiase n’a été diagnostiqué sur les 21 bovins
examinés à Yassiriba.
1.3 - Hématocrite
L’hitmatocrite du mois d’octobre a été mesuré sur ces 21 bovins
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clans les tubes “vacutainer” héparinés,
qui étaient immediatemeflt
jztc~c:~bs clans un container renfermant de la glace. Au laboratoire, clcss
microtubes CI hématocrite ont été remplis avec ce sang jugulaire, ccritri-
fugés 5 mn puis lus à l’échelle hématocrite. Le traitement statistique
des valeurs obtenues a donné les résultats suivants :
- Nombre d’animaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
2 1
- Amplitude de I’hématocrite . . . . . . . . . . . . .
20 à 37 p 100
.. Variante
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
21,93
- M o y e n n e % .’
intervalle de confiance à 5 %
27,14 1 1,13
I
. . . . . .

,.,...,&“l.
._.A
.
-3-
L’hématocrite moyen calculé par FRIOT et CALVET pour le bétail
Ndama du Sénégal est égal à 34 p 100.
Les bovins examinés à Yassiriba
semblent donc souffrir d’une forte anémie.
1 . 4 - Traite laitière
Le relevé mensuel de la quantité moyenne journalière de lait
produit par les vaches encadrées à Yassiriba a été effectué. Nous
ne disposons pas encore des chiffres.
1.5 - Coprologie
Les mêmes animaux ont fait l’objet de prélèvements de selles
pour les examens coprologiques mensuels. Là aussi, les résultats ne
sont pas encore disponibles.
1.6 - Pesées
L’évolution pondérale des 21 bovins concernés à Yassiriba a
été appréciée par pesée à l’aide d’un équipement électronique très
sensible. Les données recueillies ont été informatisées.
II - COMMENTAIRES SUR LA METHODOLOGIE
2.1 - Repas de sang
On l’a vu : aucune des glossines capturkes n’était gorgi’e ~ICI
moment du dépouillement. Deux raisons peuvent expliquer cette situation :
- les glossines gorgées au moment de la capture sont restées
près de 24 heures dans le piège ;
ce temps est suffisant pour digérer
le sang absorbe.
II convient d’effectuer désormais les relevés quelques
heures seulement après la pose des pièges ;
l
. . . . . .

-4-
- les pièges, placés tot le matin, attirent beaucoup de glossines
affamées,
donc non gorgées. II y a lieu d’attendre que les tsé-tsé
aient eu le temps de se nourrir sur les animaux avant de déployer
les pieges I
2.2 -.- Milieu de montage pour dissections
L’eau du robinet utilisée comme milieu de montage pour l’examen
des organes des glossines après dissection offre un pH inférieur à 6.
Ce milieu acide peut compromettre la vie des trypanosomes éventuellement
presents dans ces organees,
surtout quant il s’écoule du temps entre
!e montage et l’examen. II est préférable d’utiliser un milieu de montage
isot.onique f NaCI 9 p 1000 dans l’eau distillee) ou glucosé (Glucose à 5 p 100) rl
2.3 -.. Appréciation de l’anémie par la mesure de I’hématocrite
La moyenne de I’hématocrite des bovins prélevés à Yassiriba
semble traduire une forte anémie. Cela est paradoxal pour plusieurs
r a i s o n s : aucun cas de trypanosomiase n’est relevé ; ces bovins font
l’objet d’un encadrement sanitaire permanent ; cette étude est faite
dans Oe poct-hivernage immédiat, au moment où les bovins bénéficient
encore des effets positifs de la saison des pluies (alimentation et abreu-
vement suffisants). Par ailleurs et à titre de comparaison, une étude
faite en 1987 sur les bovins de la même zone, à la même période de
l’année,
avait donnée une moyenne de I’hématocrite égale à 35,8 !. 1 ,O p 100,
donc significativement supérieure au chiffre de 27,9 p 100 trouvé
cette fois-ci. II faut toutefois rappeler que les prélèvements de 1987
avaient été faits au niveau des capillaires de l’oreille, directement
dans des microtubes héparinés, qui étaient centrifugés sur place,
sans délai.
. . . / . . .

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Pour améliorer la précision de cette méthode, on pourrait procéder
comme suit :
- remplir deux tubes par animal et retenir la moyenne des deux
mesures (I’hématocrite d’un même échantillon sanguin peut varier d’un
tube à un autre) ;
- lorsqu’un lot d’animaux est étudié périodiquement, effectuer
autant que possible les prélèvements à la même heure chaque fois :
des variations importantes peuvent intervenir au cours d’une même
journee t
.- dans l’exploitation des données,
vérifier également la signification
des différences dues à des facteurs autres que la maladie : saison,
race, sexe, âge, stress (traite laitière, état de captivité, etc.. .)
2.4 - Diagnostic des trypanosomiases
En matière de diagnostic des trypanosomiases animales, i’ucur”8
des techniques utilisées à l’heure actuelle ne suffit à elle seule. Elles
se sont révélées complémentaires et devraient être associées autant
que possible. Compte tenu du protocole défini dans le manuel du pro-
gramme, on devrait :
- réintroduire la confection des frottis de sang, qui permettent
de vérifier le diagnostic de l’interphase et de déceler d’autres hémo-
parasites (Babesia, Anaplasma, Theileria, etc.. .). De plus, un frottis
intéressant peut subir un montage spécial, être marqué et gardé aux
archives pour plusieurs décennies.
Enfin, un tel frottis peut faire
l’objet de microphotographie (l’équipement existe au LNERV) pour des
diapos outet pour illustrer des publications ;
- si un examen de l’interphase doit suivre la mesure de I’hémato-
crite,
remplir des microtubes héparinés directement au niveau des
. . . I . . .

-6-
capillaires de l’oreille (et non à la jugulaire). Le sang des capillaires
offre en effet plus de chances de retrouver les trypanosomes ;
- examiner avec une vigilance accrue l’interphase des prélèvements
effectues en zone où prédomine 7”. congolense, et compléter les anlayses ,
par une lecture minutieuse des frottis.
En effet, cette espèce de trypano--
some a une gravitation spécifique très proche de celle des hématies.
Ainsi, lorsqu’il est rare dans le sang, T. congolense peut sédimenter
en totalité en même temps que les hématies au cours de la centrifugation.
II ne sera alors pas retrouve au niveau de l’interphase, d’où une sous-
évaluation de son véritable taux ;
- procéder à une chromatographie sur échangeur d’ions (DE 52)
lorsqu’une microscopie négative à Trypanosoma correspond à un hematocrite
trop bas (< 20 p 100). C’est une technique très sensible, qui peut
détecter de très faibles parasitémies : 18 trypanosomes par ml de sang.
L’équipe en mission a réalisé une épreuve de démonstration pour les
agents du programme et a redigé à leur intention un protocole pratique.
L’éyuipement et les réactifs existent également sur place.
- effectuer des récoltes trimestrielles de sérum pour des épreuves
ELISA de détection d’antigène trypanosomiens. Ce criblage sérologique
peut être réalisé par le service de Parasitologie du LNERV.
Enfin, une source non négligeable d’imprécision réside dans
la lecture tardive des prélèvements sanguins. En période de forte
chaleur, différer les examens peut conduire à des faux négatifs dûs
à la mort des trypanosomes ou à un ralentissement important de leurs
mouvements.
L’idéal serait de disposer d’un petit générateur transportable
pour effectuer les centrifugations et les lectures sur le terrain, aussitôt
après les prélèvements.
. . . / . . .

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CONCLUSION
A l’issue de cette mission, on retiendra que le personnel en
place à Kolda s’évertue à recueillir avec régularité des données sur
la plupart des paramètres retenus par le programme, Cependant, certaines
des techniques mises en oeuvre demandent à être affinées pour gagner
en précision et accroi’tre la fiabilité des résultats.
L’équipe de la section “Glossines et Trypanosomiases” du LNERV
travaille dans ce domaine depuis une vingtaine d’années. Son apport
pourrait s’avérer utile à ce sujet.
R E M E R C I E M E N T S
Au cours de son séjour à Kolda, l’équipe en mission a bénéficié
de l’attention constante du Coordonnateur du Programme Trypanotolérance
ainsi que des autorités du C.R.Z. de Kolda. De même, les agents
du programme ont fait preuve d’une grande hospitalité à son endroit.
Le service de Parasitologie du LNERV adresse aux uns et aux
autres,
ses sincères remerciements.