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REPUBLIQUE DU SENEGAL ,/
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' MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR
ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
\\
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SECRETARIAT D'ETAT A LA RECHERCHE
SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE
_----------
INSTITUT SENEGALAIS DE RECHERCHES
AGRICOLES (I.S.R.A.)
_----------
LABORATOIRE NATIONAL DE L'ELEVAGE
ET DE RECHERCHES VETERINAIRES
DAKAR-HANN
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‘,
IMPLANTATION D'UNITES DE FABRIQUE
D'ALIMENTS DU BETAIL - REPARTITION REGIONALE,
COUTS DES PRODUITS FINIS, IMPACTS SUR L'ELEVAGE
----w-m-
Par Ndiaga MBAYE
N o 109/Physio.
Octobre
1981

L'intensification des productions animales passe nécessairement par une
amélioration de l'alimentation des animaux. L'absence des aliments ou leur
existence en quantité insuffisante, constitue un important goulot d'étrangle-
ment dans le développement de l'élevage. La productivité du cheptel risque
de rester à son niveau qui est très faible, si une exploitation rationnelle
et optimale des sous produits agricoles et agro-industriels n'était envisa-
gée.
L'idée d'une implantation d'unités de fabrique d'aliments du bétail, si
elle se concrétisait, pourrait contribuer de façon significative au dévelop-
pement de l'élevage.
Dans le cadre de cette étude, nous allons essayer brièvement de voir
les aspects techniques et économiques liés à la création des usines, avant
de dégager les impacts sur l'élevage.
A/ SITUATION ACTUELLE
A . 1 - Les caractéristiques des matières premières susceptibles d'être utilisées
Les produits et sous-produits agro-industriels susceptibles d'être uti-
lisés
ont fait l'objet d'un recencement dans la troisième partie de l'étude
qui nous est demandée (cf. G. ROBERGE et Nd. MBAYE). Pour nous résumer, nous
distinguerons quatre groupes ou types d'aliments utilisables en alimentation
animale. Il s'agit :
a) Aliments azotés : les tourteaux;
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les issues de meuneries, de rizeries et
de brasseries ; la graine de coton ; les sous-produits de la pêche : fa-
rine de poisson ; les sous-produits des abattoirs : farine de sang.
b) Aliments énergétigues: -
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ce sont les produits de l'agriculture : céréales.
Là il se posera le problème de la compétition avec les humains. Aussi, il
serait judicieux de promouvoir un développement des cultures céréalières
spécifiquement destinées à l'alimentation animale. On donnera une place
de choix au Sorgho.
- Les sous-produits de sucrerie : principalement la mélasse.
- Les sous-produits de rizerie : farine de cône.
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t
c) Les matières minérales : ce sont les sous-produits d'origine animale : la
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poudre d'os, les coquilles d'huitre broyées.
d) Les aliments de leste
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: il s'agit des pailles de céréales
: riz, sorgho,
maïs ; des fanes : d'arachide et de niébé ; les coques : d'arachide et de
coton.
Les disponibilités dans le temps et dans l'espace,
les caractéristiques
bromatologiquesj
les prix actuels et raisonnables des différents sous-
produits énumérés ont fait l’objet d’une étude.
La mise au point de rations efficaces impliquent des formulations qui
tiennent compte de l’ensemble des types de produits cités. Le Laboratoire
national de 1’Elevage a mis au point un certain nombre de formules qui
peuvent être vulgarisées.
A.11 - Les types d'aliments susceptibles d'être produits
La politique du Sénégal en matière d'élevage est basée sur une strati-
fication du secteur compte tenu de facteurs biologiques et écologiques :
- l'élevage de naissage en zone sahélienne ;
- le réélevage en zone soudanienne ;
- la finition en zone agro-industrielle.
Les régions de Casamance et du Sénégal-Oriental réunissent les trois ty-
pes d'élevage.
En matière d'alimentation, on assiste à une période d'abondance pendant
la saison des pluies et le préhivernage ; suivie d'une pénurie qui fait per-
dre tout le bénéfice acquis pendant la période précédente.
Le problème posé est donc de maintenir aux animaux leur poids,sinon de
réduire les pertes pendant la saison sèche.
Ceci implique la constitution de réserves fourragères importantes d'une
part et d’autre part l’utilisation optimale des sous-produits de récolte et
sous-produits des industries.
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,
Compte tenu de la politique de stratification de l’élevage et des espè-
c e s intéressGes, 1.a vocation dc l’ai iment ou des aliments sortis des unités
de fabrique, sera multiple .
- Pour les bovins en extensif : il s’agira de mettre a la disposition des
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Eleveurs un aliment d’entretien susceptible B partir du mois de decembre
de maintenir le poids des animaux.
- Pour les leunes au réélevage
_-------w. - - - - - - - - - - - -- - - - - : il s’agira d’un complément au pâturage, per-
mettant d’assurer une croissance normale. L’aliment préconisé sera donc le
plus équilibré possible aux plans Energétique et azotB.
- Pour les bovins à l’engrais :
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il s’agira d’un aliment de finition, la pré-
pondérance ira à l’énergie.
- Pour la production laitière :
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les tourteaux produits au Sénégal et qui sont
de bonne qualité seront d’un apport considérable.
- Pour les Eetits ruminants : pour l’essentiel,
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il s’agira d’un aliment per-
mettant d’améliorer le système extensif qui est encore le système de pro-
duction le plus prépondérant. On peut envisager l’élaboration d’un aliment
de complément ; et pour les unités d’embouche, des aliments complets,
La disponibilité en pailles de céréales et de légumineuses (fanes) offre
des possibilités énormes.
Il est en effet possible de fabriquer soit des aliments de compl&ments
soit des aliments complets.
A.III - Connaissance des unités existantes
1) Inventaire
- - - - - - - - - - : il existe a l’heure actuelle deux unités de production
réellement susceptibles d’être citées. Il s’agit de la SSEPC (marque
SANDERS) et des Moulins Sentenac.
On pourrait citer la décortiquerie de Fatick qui a eu à fabriquer un
aliment de survie pour le compte de la SSEPC.
La SEIR à Diourbel a eu à fabriquer ce même type d’aliment.
On peut citer pour mémoire la petite unité quasi artisanale de la
SODEVA b Kaolack.
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2) Importance des unités :
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- La SSEPC : le volet alimentation animale ne représente qu'une partie
des activités de la société. Les aliments du bétail représentaient en
1979 5,4 % de l'activité financière.
La capacité de production est de 13.000 tonnes par an.
- Les Moulins Sentenac : Cette société a une capacité de broyage de 20
tonnesjjour.
En 1977, sa capacité de production était de 9.500 tonnes/an,
ainsi réparties :
75 p.100 alimentsponte,
20 p.100 aliments poulets de chair,
5 p.100 aliments ovins et bovins.
- Les unités de Fatick et Diourbel citées ont une importance négligeable,
leur activité était plutôt conjoncturelle.
3) Les formules utilisées
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Les principaux aliments fabriqués s'adressent surtout aux volailles. Les
formules utilisées sont caractérisées par l'incorporation importante de
maïs et de sorgho. Ces deux denrées représentent jusqu'à 58 voire 60 %
des rations proposées.
On utilise aussi du tourteau : 15 à 20 % ; du son de blé : 20 à 26 % et
la farine de poisson : 3 %.
Pour les bovins l'élément essentiel est le son de blé : 60 à 65 % ; et les
sons gras d"arachide : 20 %.
Il faut remarquer que les sons de blé sont des sous-produits du blé importé.
Cette obligation d'importer pose un problème, et dans l'avenir il faudra
envisager une utilisation accrue des produits locaux parallèlement à une
intensification des cultures céréalières qui permettrait de dégager des
surplus utilisables en alimentation animale.
Les techniques utilisées sont classiques : broyage et mélange, donnant
des formes pulvérisantes pour les volailles ; présentation en granulés
pour le bétail, diminuant les pertes en favorisant l'ingestion.

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4) Prix des produits finis
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- Pour les moulins Sentenac, la moyenne des prix :
. pour les volailles était de 68,6 F.CFA en 1979 ;
. pour la vache laitière de
42,88F.CFA ;
. pour les chevaux
37,92F.CFA ;
. pour les bovins
37,45F.CFA.
- Pour la SSEPC : la moyenne des prix volailles était de 69,04 F.CFA, 35,50
pour les moutons, 42,50 pour le cheval de selle et 35,50 pour le cheval
de calèche.
Ces prix ne peuvent être rentables pour un éleveur que dans le cadre
d'un élevage hautement spécialisé à but lucratif.
Pour un éleveur de bovins, le sytème extensif ou même extensif amélioré
ne peut en aucune façon rentabiliser ces aliments à leur coût actuel.
Enfin, la production actuelle des usines Sentenac et SSEPC ne couvre
que 7,5 % des besoins de l'élevage sénégalais qui sont estimés à 300.000
tonnes d'aliments par an.
B/ IMPLANTATION DE NOUVELLES USINES
B.1 - Justifications techniques
Dans la partie du présent document, consacrée aux sous-produits agro-
industriels,
il a été fait mention de la possibilité de formulation de ra-
tions adaptées à toute sorte de production.
Sur le plan technique, il n'existe donc aucune contrainte majeure : les
procédés de broyage, de granulation, de fragmentation ou de mélassage,sont aux
points. Le Laboratoire national de lIElevage et le CNA de Bambey constituent
des outils qui peuvent à tout moment apporter leurs concours soit à la mise au
point de formules soit au contrôle de qualité des produits finis.
B.11 - Justifications économiques et politiques
Du fait de la faible productivité du cheptel (taux de croissance 2,5X,
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taux d'exploitation 10 à 11 % ; poids moyen carcasse 120 kg), le Sénégal est
encore fortement tributaire des importations de bétail pour couvrir ses be-
soins en viande.
Le déficit actuel est estime* à 8.000 tonnes de viande par an et pourrait
passer en 1982 à 12.000 tonnes.
Il apparait donc urgent pour pallier à cet état de fait d'accélérer les
.
.
processus d'intensification dont l'alimentation. Ceci est possible car du fait
de la disponibilité des sous-produits variés, le Sénégal dispose d‘un atout
exceptionnel.
l3.111 - Type d"unit& à promouvoir et la répartition régionale
Du fait de la diversité des produits et sous-produits disponibles,
on peut penser à une spécialisation des régions et dès à présent on peut con-
cevoir le schéma suivant :
- développement d'une technologie simple en milieu paysan (broyage des pail-
les, mélassage, mélange à des concentrés) ;
- technologie plus élaborée (traitement physico-chimique des pailles,fabri-
cation d'aliments complets).
1) La Région du CaE-Vert serait
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plutôt spécialisée dans la fabrication d'a-
liments complets pour volailles et d'aliments complémentaires pour l'em-
bouche et la production laitière.
Les Grands Moulins de Dakar envisagent une extension en vue d'entrepren-
dre la fabrication d'aliments pour le bétail à partir du son et de la mé-
l a s s e .
Si cette unité venait à voir le jour, e:Ile compléterait ce1 le déjà exis-
tante (Moulins Sentenac et SSEPC).
2) La Région du Fleuve :
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les aménagements hydro-agricoles ouvrent de grandes
perspectives pour cette région. On peut penser qu'avec les possibilités
d'irrigation,
la production laitière, l'embouche et même le réélevage peu-
vent être envisagés. Les disponibilités en paille de riz, mélasse, farine
de riz, doivent permettre l'élaboration d'aliments divers.
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3) La Région de Diourbel : les disponibilités en tourteau, son gras, coque
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d'arachide ; les possibilités d'obtention de mélasse depuis la Région du
Fleuve, offrent des possibilités d'élaborer une gamme d'aliments très di-
versifiée.
Cette unité devrait davantage se spécialiser dans la fabrication d'ali-
ments de complément. La proximité de la zone sylvo-pastorale la destine
à cela.
La SEIB envisage d'ailleurs très sérieusement la mise en route d'une
unité de production. Les études de factibilité sont en cours.
4) La Région du Sine-Saloum est sans
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doute l'une des régions les plus aptes
à produire des aliments du bétail. Les sous-produits agricoles et indus-
triels disponibles peuvent permettre de satisfaire les besoins des agro-
pasteurs. Jusqu'à présent la disponibilité sur le marché d'aliments à bon
prix a été une entrave au développement de l'embouche paysanne.
5) Enfin pour les Régions du Sénégal-Oriental et de la Casamance où les trois
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types d'élevage peuvent CO-exister, la culture du riz et du coton per-
mettent la mise sur le marché des produits utilisables.
B.IV - Coût des produits finis
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Il est difficile de déterminer le coat des produits finis. La fixa-
tion des prix de matières premières est un préalable auquel il est urgent
de s'attaquer.
Le prix du produit fini sera fonction de la production visée : viande,
1.ait ou oeuf.
Il appartiendra à la commission nationale des productions animales
de proposer un prix de la viande au consommateur et par corollaire un prix
au producteur à ne pas dépasser.
D'après les premières études menées un prix moyen de 25 F.CFA par kg
d'aliment au niveau de l'éleveur producteur, serait raisonnable.
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Pour obtenir ce prix, les sous-produits devront nécessairement être
vendus sur la base de leur valeur nutritionnelle.
B.V - Commercialisation
Il ne serait pas souhaitable de créer une structure de commercialisa-
tion. Une telle entreprise risquerait d'augmenter les coûts sans garanties
d'efficacité.
Il serait judicieux que les sociétés (fabricants) assurent en
collaboration avec les SRD et les coopératives d'éleveurs la distribution
des aliments produits. En effet, des sociétés comme la SERAS, la SODESP, la
SODEVA etc..., qui disposent de parcsautomobiles importants peuvent apporter
leur contribution.
CONCLUSION
L'impact sur l'élevage de l'implantation d'unités de fabrique d'aliments
du bétail sera éminemment favorable.
Sur le plan zootechnique, l'amélioration de l'alimentation contribuera
à hausser les taux de fertilité et de fécondité, les taux de croissance.
Sur le plan économique, l'amêlioration du taux d'exploitation et du
poids moyen carcasse améliorera les revenus des éleveurs.
Sur le plan purement nutritionnel, l'augmentation de la production de
viande pourra améliorer la consommation de produits carnés q,ui de 12 kg de
viande carcasse par personne et par an, pourra atteindre 16, voie 18 kg.