INSTITUT D’ELEVAGE ET DE MEDECINE VETERINAIRE DES...
INSTITUT D’ELEVAGE ET DE MEDECINE
VETERINAIRE DES PAYS TROPICAUX
REVUE D’ÉLEVAGE
ET DE
MÉDECINE VÉTÉRINAIRE
DES PAYS TROPICAUX
*
I
Le botulisme équin au Sénégal
Premier isolement
de « Clostridium botulinum » type D
t
par J. CHAMBRON, J. L. MARTEL, P. M. DOUTRE
f
Tome XXIV (nouvelle série)
No 1 - 1971
VIGOT FRERES, EDITEURS
23, rue de I’E’cole-de-Médecine, Paris-VI’
Rev. Elev. Méd. vét. Pays trop., 1971, 24 (1) : 1-7
Le botulisme équin au Sénégal
Premier isolement de Clostridium botuhzum type D
par J. CHAMBRON, J. L. MARTEL, P.M. DOUTRE (*)
RESUME
Après un bref rappel des cas de botulisme équin signalés au Sénégal,
au cours des dernières années, les auteurs rapportent l’existence d’un
nouveau foyer dans ce pays. Une souche de Clostridium botulinum type D
a été isolée du foie d’un cheval sacrifie à la p&iode agonique. Cette
souche constitue le premier isolement pour l’Afrique de l’ouest. Les
méthodes d’isolement, les caractères du germe et de la toxine sont indi-
qués. A la question posée : pourquoi la maladie n’est-elle pas plus souvent
rencontrée en Afrique ? Il est suggéré que certainement le manque
d’observateurs «sensibilisés » à cette affection peut être tenu pour
responsable des cas relatés.
La littérature traitant du botulisme équin
sur un âne exhumé permettent de mettre en
en Afrique occidentale et centrale est prati-
évidence de la toxine C à partir du surnageant
quement inexistante. Les seules observations
d’une culture mixte en bouillon VF d’un mor-
effectuées datent des dernières années et elles
ceau d’anse intestinale (3, 8, 11).
n’intéressent que le Sénégal. En 1941,
DISCHAMPS, à Saint-Louis, devant un cheval
En 1967 et 1968, en début de saison des
présentant des paralysies, pose la question,
pluies, au village de Dara, l’un de nous photo-
sans toutefois apporter de réponse absolument graphie deux chevaux atteints de parésie du
affirmative : (( le botulisme du cheval existe-t-il
train postérieur et d’une paralysie labio-glosso-
au Sénégal ? )) (6). Depuis cette date, les nom-
pharyngée (Photo 1). Les animaux étant appa-
breux exemples rencontrés de l’affection lèvent
remment en voie de guérison, aucun préléve-
toute incertitude.
vement ne peut être rapporté.
Tout d’abord, au cours de l’enzootie qui a
En juillet 1968, au village de Taïba-Thiélène
affecté à partir de 1959 le Ferlo et plus
(département de MBacké), l’eau d’un puits
récemment le sud de la Mauritanie (N-O de
souillé par un cadavre de chat provoque
Kaédi), les éleveurs signalent des cas de mor- l’intoxication de bovins et de chevaux. Le
talité dus au botulisme chez les chevaux et
surnageant d’une culture mixte, en bouillon VF,
chez les ânes. Toutefois, jamais lors des en- de quelques sédiments sableux présents dans
quêtes menées par les agents du Laboratoire un échantillon d’eau toxique se révèle contenir
de Dakar, il n’a été trouvé d’équidés présentant
de la toxine botulique du type D. Malheureu-
des signes caractéristiques de la maladie.
sement, la souche en cause ne peut être isolée.
Néanmoins en 1965, des prélèvements recueillis
Le diagnostic fut confirmé par l’Institut Pas-
t e u r d e L i l l e e t p a r 1’Anaérobic Bacte-
(*) Institut dElevage et de Médecine vétérinaire
riology Laboratory, Communicable Disease
des Pays tropicaux, Maisons-Alfort; Laboratoire natio-
Center (Atlanta, Georgia). Pour le professeur
nal de 1’Elevage et de Recherches vétérinaires, Dakar-
Hann.
BEERENS, la souche perdait son pouvoir
-l-
Photo 1. - Cheval atteint de botulisme avec paralysie
de la langue et de la lèvre inférieure.
toxinogène dès le premier passage sur milieu
ment après avoir présenté des signes de parésie,
artificiel solide (12, 3 3).
puis de paralysie des membres. Le botulisme
En décembre 1968, au village de Gadde
est suspecté, sans plus, par les observateurs.
Boffé, des ânes, des chevaux et des moutons
Fin juillet 1970, dans le même arrondis-
succombent après avoir absorbé l’eau d’un
sement, au village de Faloh, 2 moutons et
puits également contaminé par un cadavre
3 chevaux succombent après avoir montré
de chat. La culture de fragments desséchés de
des symptômes paralytiques. Cette dernière
ce dernier permet de mettre en évidence
observation fait l’objet de la présente publi-
l’existence de toxine botulique de type C (13).
cation, les prélèvements recueillis ayant permis
En janvier 1969, nouvel exemple au village
d’isoler pour la première fois une souche de
de Beytil-Moukhades où un cheval succombe
Clostridium botuiinum de type D au Sénégal (1).
avec de nombreux bovins et moutons. Un
cadavre d’écureuil fouisseur (Xerus erythropus)
est responsable de la pollution du puits de la
(1) Depuis la rédaction de cette publication, un
communauté familiale propriétaire des ani-
autre foyer de botulisme de type D a été observé
(village de Thidia, Sine-Saloum), 4 chevaux ont suc-
maux. La présence de toxine botulique de
combé après avoir absorbé de la paille d’arachide
type C est encore une fois démontrée (13).
souillée par un cadavre de chat. De la toxine botulique
de type D a été mise en évidence dans le surnageant
En juillet 1969, dans la région de Mbour,
d’une culture en bouillon VF de fragments desséchés
au village de Djilakh, un cheval meurt rapide-
de peau et d’os (côtes) du chat retrouvé dans la
paille d’arachide (septembre 1970).
-2-
A. COMMEMORATIFS
Comme à l’ordinaire, 5 lots de 5 souris reçoi-
P
vent par voie intrapéritonéale 0,20 ml du
Les moutons atteints présentent avant leur
mélange toxine-antitoxine de chacun des types
mort une paralysie totale des membres et une
préalablement porté 45 minutes à 37”. Pour
*
salivation intense. La température rectale est
chaque type, une unité antitoxique (U.A.) est
normale. A l’autopsie, l’agent du Service de
mise en présence d’environ 100 DMM de
1’Elevage déclare n’avoir remarqué aucune
toxine.
lésion, mis à part une légère congestion des
muqueuses.
En utilisant une quantité de surnageant cor-
respondant à 100 DMM de toxine, aucun
Quant aux trois chevaux, apparemment la
sérum anti ne neutralise. Mais en réduisant ce
symptomatologie est identique, muqueuse ocu-
nombre, après quelques tâtonnements, les sou-
laire congestionnée, paralysie des membres,
ris protégées par les sérums anti A, B, C et E
décubitus latéral, mouvements de pédalage,
succombent, seules survivent celles protégées
langue pendante à l’extérieur de la bouche,
par le sérum anti D. Ces difficultés seront
respiration difficile, température rectale à 37” 4.
expliquées lors de l’étude de la toxicité de la
PREVOT signale que le botulisme équin de
souche. Le diagnostic de botulisme de type D
type D comporte un symptôme de plus que
est établi. De plus, le germe étant présent dans
les paralysies habituelles : agitation, excitation
le foie, on se trouve en présence d’une toxi-
nerveuse et musculaire (14). Deux chevaux ont
infection.
succombé en 48 heures, le troisième est à
l’agonie lorsque le propriétaire accepte de
b) Isolement de la souche en cause
l’abattre. Des prélèvements de foie, à cœur de
l’organe, sont recueillis.
0 Coloration
Le diagnostic de botulisme étant fortement
La simple coloration par la méthode de
suspecté, une courte enquête tendant à déceler
Gram des germes de la culture primaire fournit
l’origine de la contamination n’aboutit à aucune
déjà, lorsque l’on possède une certaine habi-
conclusion pratique. Pollution d’un aliment ou
tude, une indication des plus utiles quant à la
de l’eau de boisson par un cadavre de chat
richesse en Cl. botulinum. En effet, Cl. botuli-
ou d’un autre petit mammifère, nécrophagie,
num lorsqu’il est sporulé (cas présent) se diffé-
ostéophagie sont successivement examinées
rencie assez nettement par sa morphologie des
sans qu’une réponse satisfaisante soit obtenue.
autres Clostridium contaminants (Photo 2).
Le propriétaire accuse des fanes d’arachide;
L’aspect en bâtonnet assez épais, à bouts arron-
un échantillon de ce fourrage est rapporté au
dis, pourvu d’une spore plus ou moins défor-
laboratoire. Consommé par un mouton, ce mante, subterminale, renseigne, avec une pro-
dernier ne présentera aucun symptôme parti-
babilité assez forte, sur la quantité relative
culier pouvant évoquer le botulisme.
présente du germe que l’on désire isoler.
l
Thermorésistance
B. BACTERIOLOGIE
Les germes contaminants thermosensibles
sont éliminés en chauffant, pendant 10 minutes
a) Ensemencement et confirmation
à 80” C, environ 2 ml de la culture primaire.
du diagnostic clinique
0 Isolement
De petits cubes de foie sont ensemencés en
Pour procéder à l’isolement sur milieu solide,
bouillon viande-foie (VF) glucosé à 10 p. 1000.
Après 4 jours de culture à 370, le surnageant se
il est recommandé d’utiliser directement la
primo-culture soumise à l’action de la chaleur
révèle toxique pour 5 souris à la dilution du
(légèrement diluée en bouillon VF) et de ne
l/ 10.000 (voie intrapéritonéale).
pas procéder à des subcultures en milieu liquide
La dose minimale mortelle souris (DMM)
(VF). En effet, au cours de subcultures :
de ce surnageant est calculée et une séro-
- la richesse en spores botuliques risque fort
neutralisation est effectuée immédiatement sur
de décroître, les contaminants ayant ten-
souris en utilisant les sérums antibotuliques de
dance à envahir la culture aux dépens des
type fournis par l’Institut Pasteur de Paris.
germes recherchés,
-3-
i
c
Photo 2. - Clostridium hotulinum type D.
- la multiplication des passages peut aboutir
envahissement par les germes contaminants.
à l’obtention, par dissociation, de mutants
atoxigènes du type de Cl.
Au contraire, l’isolement a pu être réussi à
botulinum en
cause. Le phénomène a été étudié par
partir d’une gélose au sang VL coulée en
4
C.E. DOLMAN pour les différents types
boîte de Pétri. Sur ce milieu, Cl. botulinum
(A, B, C, D, E, et F). Cet auteur décrit
offrait une mince culture en nappe finement
des colonies transparentes protéolytiques
givrée. Malheureusement de nombreux Clos-
i
(type E) et des colonies opaques sporu-
tridium se développent de la même façon et
lantes (types A, B, E et F), obtenues par
seuls la coloration (valeur de présomption) et
dissociation, devenues atoxigènes (7). A le caractère toxique de la culture en VF du
Dakar, le même phénomène a été observé
repiquage (valeur de certitude) permettent d’af-
avec le type C beta.
firmer que l’on est bien en présence du germe
recherché.
Milieux utilisés
l
c) Caractères culturaux
Deux milieux solides sont utilisés :
- la gélose cœur-cerveau (Brain Heart Infu-
En bouillon VF glucosé à 10 p. 1000, appa-
sion Agar, Difco B 418) répartie en tubes
raît une culture dense floconneuse qui sédi-
de 8/180 mm sur une hauteur de 12 cm.
mente.
- la gélose au sang viande-levure coulée en
En gélose profonde cœur-cerveau (Difco
boîte de Pétri. L’anaérobiose est réalisée
B 418) se développent des colonies flocon-
en utilisant un sachet de mélange réduc-
neuses, toxigènes, pouvant atteindre 1 mm 5
teur (carbonate de potassium + pyrogallol de diamètre à partir du 3’ tube (ensemencement
+ terre d’infusoires) (2).
de 10 tubes par dilution successive avec une
pipette Pasteur), pas de production de gaz
Résultats
fragmentant la gélose.
l
Les tentatives d’isolement en tubes de gélose
En plaque de glose au sang, la culture se
profonde se sont soldées par un échec dû à un
présente sous forme d’un fin givre.
-4-
d) Caraqtères biochimiques
La séroneutralisation avec cette toxine est
de la souche isolée
rendue difficile car elle est accompagnée d’une
substance toxique soluble, non antigénique, qui
L’action sur les sucres a été étudiée en
est un poison convulsivant (14).
utilisant le milieu de base viande-levure auquel
1 p. 100 de sucre est ajouté sous forme de
Pour des raisons d’économie, les doses
solution stérilisée par filtration (2).
minimales
mortelles pour les différentes
Les résultats obtenus sont reproduits dans
espèces domestiques (ovins, bovins, équins)
n’ont pu être évaluées. Une approximation avait
le tableau qui suit par comparaison avec les
caractères biochimiques de Cl. botulinum
été effectuée pour le type C beta (8).
type C beta déjà plusieurs fois isolé au
2” Culture en sac de dialyse :
Sénégal (8, 9, 10).
Cette méthode est couramment utilisée au
Laboratoire de Dakar pour la production de
la toxine C beta permettant la préparation de
l’anatoxine correspondante.
TABLEAU N"I
A titre expérimental, un lot dv toxine de
type D a été préparé par ce procédé de
culture.
La DMM/souris se situe au voisinage de
0,OOOOl ml. Cette valeur peut être augmentée
si l’on provoque l’éclatement des corps bacté-
riens en soumettant la récolte du sac de dialyse
à des cycles congélation-décongélation.
Cette toxine plus pure que celle contenue
dans le surnageant d’une culture en bouillon VF
est facilement neutralisée par le sérum anti D.
.
C. DISCUSSION
.
L’existence au Sénégal du type D de CI.
botulinum à côté du type C beta se trouve
Lait
Coagulé, digéré
Coagulé, digéré
donc confirmée. Déjà au Tchad, J. DEMAR-
A = Acidification; a = Légère acidification.
CHI et collab., en 1958, avaient mis en évi-
dence la responsabilité du type D lors d’un cas
de botulisme humain (5).
Ce tableau met en évidence l’action du
A première vue, il semble paradoxal, qu’en
type D sur certains sucres, alors que le type C Afrique occidentale et centrale, seuls le Sénégal
beta n’en fermente pratiquement aucun. En ce
et la Mauritanie offrent des exemples de botu-
qui concerne le saccharose, la souche isolée à lisme animal : cas dus à l’ostéophagie (Fer10
Dakar fermente ce sucre normalement, par
et sud-mauritanien) ou à la pollution de l’eau
contre DOLMAN note une légère acidification
d’abreuvement (‘). Dans les autres pays de la
(7) et une souche de ce type, étudiée en 1965
zone tropicale, les possibilités de contamina-
par l’un de nous à l’Institut Pasteur de Lille,
tion sont les mêmes : les fourrages, les greniers
n’exerçait aucune action.
à mil ne sont pas plus abrités des rats et des
souris, et un cadavre de rongeur peut toujours
e) Caractères de la toxine
apporter le contage redouté. Pareillement, les
puits ne sont pas plus mal protégés au Sénégal
1” surnageant d’une culture en bouillon VF :
La DMM/souris du surnageant d’une culture
(-) Il a été montré dans une précédente publication
en bouillon VF mise à l’étuve à 33” C pendant
comment le botulisme d’origine hydrique pouvait être
considéré comme responsable de foyers primaires
5
6 jours est de 0,OOOl ml,
même au Ferlo (13).
-5-
qu’ailleurs, un chat peut toujours y être préci-
tion et ce fait suffit pour expliquer la relative
pité, un écureuil fouisseur s’y noyer.. . Alors
fréquence des foyers déclarés.
.
à quoi tient ce CC monopole )) sénégalais ?
Il est difficile d’apporter à cette question une
L’intérêt que revêt l’affection est encore
réponse certaine, toutefois, il est fort probable
rehaussé si l’on a présent à l’esprit le danger
que bien souvent le diagnostic échappe parce que représente le type D pour l’homme. Dans
qu’en pays tropical, en présence de paralysies,
les villages, l’eau du puits sert indifféremment
l’observateur ne pense pas au botulisme. Au
aux habitants et à leurs animaux.. . A quoi
Sénégal, depuis l’enzootie de botulisme bovin
doit-on l’inexistence de relations d’accidents
(CC Maladie des forages N), les agents du Service botuliques humains, nettement caractérisés,
de 1’Elevage sont « sensibilisés » à cette affec-
même au Sénégal ?
SUMMARY
Equine botulism in Senegal.
First isolation of Clostridium botulinum type D
After a brief recall of the various cases of botulism in horses observed
in Senegal during the past years, the authors report a new outbreak of the
disease in this country. A strain of Clostridium botulinunz type D bas
been isolated from the liver of a slaughtered equine. This strain is the
first one obtained in western Africa. Method of isolation. biochemical
characteristics of the germ and the minimum lethal dose in mice of the
toxin are indicated. In a short discussion the authors wonder why the
disease has not been described in other parts of western Africa where
identical conditions of contamination exist. They suggest that this
situation is perhaps due to a lack of observers ” sensibilized ” to the
disease.
RESUMEN
El botulismo del caballo en Senegal.
Primer aislamiento de Clostridium botulinum de tipo D
Despues de una breve revocacion de casos de botulismo del caballo
.
sefialados en Senegal durante 10s nltimos anos, les autores notan la
existencia de un nuevo foco en este pais. Se ais16 una cepa de Clostridium
botulinunz de tipo D a partir del higado de un caballo matado durante el
periodo de la agonia. Dicha cepa constituye el primer aislamiento en
Africa del Oeste. Se indican 10s métodos de aislamiento, el caracter del
germen y de la toxina. A la pregunta hecha: 2 por que no se encuentra
mas a menudo la enfermedad en Africa ? se sugiere que ciertamente la
falta de observadores interesandose con esta enfermedad es responsable
de la ausencia de casos notados.
BIBLIOGRAPHIE
1. BRUYERE (A.), DAVID (A.), « Paralysie labio-
6. DISCHAMPS (A.), «Le botulisme du cheval
elosso-oharvneée et botulisme chez le cheval ».
existe-t-il au Sénégal ? », Bull. Servs Zooteck.
i
km. Méd. ‘vét., 1951, 102: 155-160.
Epizoot. A.O.F. », 1941, 4 (1) : 1-2.
2. BUTTIAUX (R.), BEERENS (H.), TACQUET
7. DOLMAN (C. E.), « Growth and metabolic acti-
(A.), « Manuel de techniques bactériologiques »,
vities of CI. botulinum types. Botulism »,
2~ éd.. Paris. Ed. Médicales Flammarion. 1966.
Proceedings of a symposium, US. Department
3. CALV’ET (IL), PICART (P.), DOUTRE (M. P.)
of Health, Education, and Welfare, Cincinnati,
et CHAMBRON (J.), « Aphosphorose et botu-
dec. 1964, pp. 43-68.
lisme au Sénégal », Rev. Eh. Méd. vét. Pays
8. DOUTRE (M. P.), CHAMBRON (J.), «Le botu-
trop., 1965, 18 (3) : 249-82.
lisme des ruminants et des équidés au Sénégal.
4. DE FAGONDE (A. P.), « Botulismo animal »,
Caractères de la souche isolée de Clostridium
Bull. Off. int. Epizoot., 1963, 59 : 1361-77.
botuhum et de sa toxine ». Rev. EIev. Méd. vét.
5. DEMARCHI (J.), MOURGUES (C.), OR10 (J.)
Pays trop., 196h, 19 (4) : 495-510.
et PREVOT (A. R.), « Existence de botulisme
9. DOUTRE (M. P.),
« Première observation du
humain de type D », Bull. Acad. Nat. Méd.,
botulisme C beta chez le porc au Sénégal », Rev.
Paris, 1958, 142: 580-82,
Eh. Méd. vét. Puys trop.,
c
1967, 20 (2) : 351-53.
-6-
10. DOUTRE (M. P.), « Botulisme de type C chez
notamment le botulisme expérimental provoqué
une tourterelle (Strcptopelia roscogrisca) du Ferlo
à l’aide de la toxine », Bull. Off. Int. Epizoot.,
(Sénégal) », Rev. Eh. Mkd. vét. Puys trop., 1967,
1955, 42 : 473-81.
20 (4) : 601-04.
2 0 . LAPCEVIC (E.), « L’intoxication des chevaux
11. DOUTRE CM. P.), «Le botulisme animal au
var le botulisme ». Bull. Off. Int. Enizoot.. 1954.
Sénégal ». Bull. Off. ht. Epizoot., 3967, 67
42: 507-13.
’
”
-
’
’
(11-12) : i497-1515. .-
21. LE METAYER (E.), NICOL (L.), GIRARD (0.)
12. DOUTRE (M. P.I. « Première observation de
et collab., « Recherches sur le botulisme expéri-
botulisme animal ‘de type D au Sénégal », X~L’.
mental chez le cheval. Discussion », Bull. Acad.
Eleï. Méd. I*ét. Puys trop., 1969, 22 (1): 25-27.
Llét. Frunce, 1953, 26: 391-99.
13. DOUTRE (M. P.), «Fréquence au Sénégal du
22. MÜLLER (J.), « Equine and bovine botulism in
botulisme anima1 .d’originê hydrique », Rev. E/~V.
Denmark », Bu/[. Off. Int. Epizoot., 1963, 59
Méd. vét. Pays trop., 1969, 22 (1) : 29-31.
(9-10) : 1379-90.
14. DUMAS (J.), « Précis de bactériologie médicale »,
23. PREVOT (A. R.), ROSSI (P.), «Recherches sur
Paris, Flammarion, 19.51 (mises à jour p. 705~:
trois souches de Clostridium botulinum D »,
travaux de PREVOT et BRYGOO).
BuU. Acad. vét. Frunce, 1948, 21 : 386-89.
15. HARE CF.). « Botulism and encenhalomvelitis in
24. PREVOT (A. R.), BRYGOO (E. R.), «Etude de
horses »,~ i’ Amer. vet. Med. A.&., 1940, 96 :
la première souche française de Clostridium
101-02.
hotulinum D ». Ann. Inst. Pasteur. 1950. 78:
16. JACQUET (J.), PREVOT (A. R.), «Recherches
274-76.
‘
sur le botulisme équin expérimental », Ann. Inst.
25. PREVOT (A. R.), HUET (M.), TARDIEUX (P.),
Pasteur, 1951, 81 : 334-37.
« Etude de vingt-cinq foyers récents de botulisme
17. JACQUET (J.), PREVOT (A. R.), «Le botu-
animal », Bull. Acud. vét. France, 1950, 23 :
lisme expérimenta1 du cheval provoqué par la
481-87.
toxine D. Evolution et essai de sérothérapie »,
26. PREVOT (A. R.), SILLIOC (R.) et GAY (H.),
Bull. Acad. L,ét. France, 1952, 25: 246-53.
«Etude d’un fover de botulisme éauin de
18. JACQUET (J.), PREVOT (A. R.), «Le botu-
type C », Rec. Méd. vét., 1954, 130: 353-55.
lisme‘expérimental du cheval provoqué par la
27. VERGE (J.). POGGIOLI CC.). «Un fover de
toxine D. Svmotômes. pathogénie, diagnostic,
botulisme équin dans l’ois;. clscussion >>l Bull.
lésions », But?. Àcad. vét. Fiance, 1953, 2 6 :
Acad. vét. France, 1951, 24: 509-17.
135-40.
28. WILLEMS (R.),
« Le botulisme du cheval »,
19. JACQUET (J.), «Sur le botulisme équin et
Bull. Off. Int. Epizoot., 1954, 42 : 482-95.
-7-
VETERINAIRE DES PAYS TROPICAUX
REVUE D’ÉLEVAGE
ET DE
MÉDECINE VÉTÉRINAIRE
DES PAYS TROPICAUX
*
I
Le botulisme équin au Sénégal
Premier isolement
de « Clostridium botulinum » type D
t
par J. CHAMBRON, J. L. MARTEL, P. M. DOUTRE
f
Tome XXIV (nouvelle série)
No 1 - 1971
VIGOT FRERES, EDITEURS
23, rue de I’E’cole-de-Médecine, Paris-VI’
Rev. Elev. Méd. vét. Pays trop., 1971, 24 (1) : 1-7
Le botulisme équin au Sénégal
Premier isolement de Clostridium botuhzum type D
par J. CHAMBRON, J. L. MARTEL, P.M. DOUTRE (*)
RESUME
Après un bref rappel des cas de botulisme équin signalés au Sénégal,
au cours des dernières années, les auteurs rapportent l’existence d’un
nouveau foyer dans ce pays. Une souche de Clostridium botulinum type D
a été isolée du foie d’un cheval sacrifie à la p&iode agonique. Cette
souche constitue le premier isolement pour l’Afrique de l’ouest. Les
méthodes d’isolement, les caractères du germe et de la toxine sont indi-
qués. A la question posée : pourquoi la maladie n’est-elle pas plus souvent
rencontrée en Afrique ? Il est suggéré que certainement le manque
d’observateurs «sensibilisés » à cette affection peut être tenu pour
responsable des cas relatés.
La littérature traitant du botulisme équin
sur un âne exhumé permettent de mettre en
en Afrique occidentale et centrale est prati-
évidence de la toxine C à partir du surnageant
quement inexistante. Les seules observations
d’une culture mixte en bouillon VF d’un mor-
effectuées datent des dernières années et elles
ceau d’anse intestinale (3, 8, 11).
n’intéressent que le Sénégal. En 1941,
DISCHAMPS, à Saint-Louis, devant un cheval
En 1967 et 1968, en début de saison des
présentant des paralysies, pose la question,
pluies, au village de Dara, l’un de nous photo-
sans toutefois apporter de réponse absolument graphie deux chevaux atteints de parésie du
affirmative : (( le botulisme du cheval existe-t-il
train postérieur et d’une paralysie labio-glosso-
au Sénégal ? )) (6). Depuis cette date, les nom-
pharyngée (Photo 1). Les animaux étant appa-
breux exemples rencontrés de l’affection lèvent
remment en voie de guérison, aucun préléve-
toute incertitude.
vement ne peut être rapporté.
Tout d’abord, au cours de l’enzootie qui a
En juillet 1968, au village de Taïba-Thiélène
affecté à partir de 1959 le Ferlo et plus
(département de MBacké), l’eau d’un puits
récemment le sud de la Mauritanie (N-O de
souillé par un cadavre de chat provoque
Kaédi), les éleveurs signalent des cas de mor- l’intoxication de bovins et de chevaux. Le
talité dus au botulisme chez les chevaux et
surnageant d’une culture mixte, en bouillon VF,
chez les ânes. Toutefois, jamais lors des en- de quelques sédiments sableux présents dans
quêtes menées par les agents du Laboratoire un échantillon d’eau toxique se révèle contenir
de Dakar, il n’a été trouvé d’équidés présentant
de la toxine botulique du type D. Malheureu-
des signes caractéristiques de la maladie.
sement, la souche en cause ne peut être isolée.
Néanmoins en 1965, des prélèvements recueillis
Le diagnostic fut confirmé par l’Institut Pas-
t e u r d e L i l l e e t p a r 1’Anaérobic Bacte-
(*) Institut dElevage et de Médecine vétérinaire
riology Laboratory, Communicable Disease
des Pays tropicaux, Maisons-Alfort; Laboratoire natio-
Center (Atlanta, Georgia). Pour le professeur
nal de 1’Elevage et de Recherches vétérinaires, Dakar-
Hann.
BEERENS, la souche perdait son pouvoir
-l-
Photo 1. - Cheval atteint de botulisme avec paralysie
de la langue et de la lèvre inférieure.
toxinogène dès le premier passage sur milieu
ment après avoir présenté des signes de parésie,
artificiel solide (12, 3 3).
puis de paralysie des membres. Le botulisme
En décembre 1968, au village de Gadde
est suspecté, sans plus, par les observateurs.
Boffé, des ânes, des chevaux et des moutons
Fin juillet 1970, dans le même arrondis-
succombent après avoir absorbé l’eau d’un
sement, au village de Faloh, 2 moutons et
puits également contaminé par un cadavre
3 chevaux succombent après avoir montré
de chat. La culture de fragments desséchés de
des symptômes paralytiques. Cette dernière
ce dernier permet de mettre en évidence
observation fait l’objet de la présente publi-
l’existence de toxine botulique de type C (13).
cation, les prélèvements recueillis ayant permis
En janvier 1969, nouvel exemple au village
d’isoler pour la première fois une souche de
de Beytil-Moukhades où un cheval succombe
Clostridium botuiinum de type D au Sénégal (1).
avec de nombreux bovins et moutons. Un
cadavre d’écureuil fouisseur (Xerus erythropus)
est responsable de la pollution du puits de la
(1) Depuis la rédaction de cette publication, un
communauté familiale propriétaire des ani-
autre foyer de botulisme de type D a été observé
(village de Thidia, Sine-Saloum), 4 chevaux ont suc-
maux. La présence de toxine botulique de
combé après avoir absorbé de la paille d’arachide
type C est encore une fois démontrée (13).
souillée par un cadavre de chat. De la toxine botulique
de type D a été mise en évidence dans le surnageant
En juillet 1969, dans la région de Mbour,
d’une culture en bouillon VF de fragments desséchés
au village de Djilakh, un cheval meurt rapide-
de peau et d’os (côtes) du chat retrouvé dans la
paille d’arachide (septembre 1970).
-2-
A. COMMEMORATIFS
Comme à l’ordinaire, 5 lots de 5 souris reçoi-
P
vent par voie intrapéritonéale 0,20 ml du
Les moutons atteints présentent avant leur
mélange toxine-antitoxine de chacun des types
mort une paralysie totale des membres et une
préalablement porté 45 minutes à 37”. Pour
*
salivation intense. La température rectale est
chaque type, une unité antitoxique (U.A.) est
normale. A l’autopsie, l’agent du Service de
mise en présence d’environ 100 DMM de
1’Elevage déclare n’avoir remarqué aucune
toxine.
lésion, mis à part une légère congestion des
muqueuses.
En utilisant une quantité de surnageant cor-
respondant à 100 DMM de toxine, aucun
Quant aux trois chevaux, apparemment la
sérum anti ne neutralise. Mais en réduisant ce
symptomatologie est identique, muqueuse ocu-
nombre, après quelques tâtonnements, les sou-
laire congestionnée, paralysie des membres,
ris protégées par les sérums anti A, B, C et E
décubitus latéral, mouvements de pédalage,
succombent, seules survivent celles protégées
langue pendante à l’extérieur de la bouche,
par le sérum anti D. Ces difficultés seront
respiration difficile, température rectale à 37” 4.
expliquées lors de l’étude de la toxicité de la
PREVOT signale que le botulisme équin de
souche. Le diagnostic de botulisme de type D
type D comporte un symptôme de plus que
est établi. De plus, le germe étant présent dans
les paralysies habituelles : agitation, excitation
le foie, on se trouve en présence d’une toxi-
nerveuse et musculaire (14). Deux chevaux ont
infection.
succombé en 48 heures, le troisième est à
l’agonie lorsque le propriétaire accepte de
b) Isolement de la souche en cause
l’abattre. Des prélèvements de foie, à cœur de
l’organe, sont recueillis.
0 Coloration
Le diagnostic de botulisme étant fortement
La simple coloration par la méthode de
suspecté, une courte enquête tendant à déceler
Gram des germes de la culture primaire fournit
l’origine de la contamination n’aboutit à aucune
déjà, lorsque l’on possède une certaine habi-
conclusion pratique. Pollution d’un aliment ou
tude, une indication des plus utiles quant à la
de l’eau de boisson par un cadavre de chat
richesse en Cl. botulinum. En effet, Cl. botuli-
ou d’un autre petit mammifère, nécrophagie,
num lorsqu’il est sporulé (cas présent) se diffé-
ostéophagie sont successivement examinées
rencie assez nettement par sa morphologie des
sans qu’une réponse satisfaisante soit obtenue.
autres Clostridium contaminants (Photo 2).
Le propriétaire accuse des fanes d’arachide;
L’aspect en bâtonnet assez épais, à bouts arron-
un échantillon de ce fourrage est rapporté au
dis, pourvu d’une spore plus ou moins défor-
laboratoire. Consommé par un mouton, ce mante, subterminale, renseigne, avec une pro-
dernier ne présentera aucun symptôme parti-
babilité assez forte, sur la quantité relative
culier pouvant évoquer le botulisme.
présente du germe que l’on désire isoler.
l
Thermorésistance
B. BACTERIOLOGIE
Les germes contaminants thermosensibles
sont éliminés en chauffant, pendant 10 minutes
a) Ensemencement et confirmation
à 80” C, environ 2 ml de la culture primaire.
du diagnostic clinique
0 Isolement
De petits cubes de foie sont ensemencés en
Pour procéder à l’isolement sur milieu solide,
bouillon viande-foie (VF) glucosé à 10 p. 1000.
Après 4 jours de culture à 370, le surnageant se
il est recommandé d’utiliser directement la
primo-culture soumise à l’action de la chaleur
révèle toxique pour 5 souris à la dilution du
(légèrement diluée en bouillon VF) et de ne
l/ 10.000 (voie intrapéritonéale).
pas procéder à des subcultures en milieu liquide
La dose minimale mortelle souris (DMM)
(VF). En effet, au cours de subcultures :
de ce surnageant est calculée et une séro-
- la richesse en spores botuliques risque fort
neutralisation est effectuée immédiatement sur
de décroître, les contaminants ayant ten-
souris en utilisant les sérums antibotuliques de
dance à envahir la culture aux dépens des
type fournis par l’Institut Pasteur de Paris.
germes recherchés,
-3-
i
c
Photo 2. - Clostridium hotulinum type D.
- la multiplication des passages peut aboutir
envahissement par les germes contaminants.
à l’obtention, par dissociation, de mutants
atoxigènes du type de Cl.
Au contraire, l’isolement a pu être réussi à
botulinum en
cause. Le phénomène a été étudié par
partir d’une gélose au sang VL coulée en
4
C.E. DOLMAN pour les différents types
boîte de Pétri. Sur ce milieu, Cl. botulinum
(A, B, C, D, E, et F). Cet auteur décrit
offrait une mince culture en nappe finement
des colonies transparentes protéolytiques
givrée. Malheureusement de nombreux Clos-
i
(type E) et des colonies opaques sporu-
tridium se développent de la même façon et
lantes (types A, B, E et F), obtenues par
seuls la coloration (valeur de présomption) et
dissociation, devenues atoxigènes (7). A le caractère toxique de la culture en VF du
Dakar, le même phénomène a été observé
repiquage (valeur de certitude) permettent d’af-
avec le type C beta.
firmer que l’on est bien en présence du germe
recherché.
Milieux utilisés
l
c) Caractères culturaux
Deux milieux solides sont utilisés :
- la gélose cœur-cerveau (Brain Heart Infu-
En bouillon VF glucosé à 10 p. 1000, appa-
sion Agar, Difco B 418) répartie en tubes
raît une culture dense floconneuse qui sédi-
de 8/180 mm sur une hauteur de 12 cm.
mente.
- la gélose au sang viande-levure coulée en
En gélose profonde cœur-cerveau (Difco
boîte de Pétri. L’anaérobiose est réalisée
B 418) se développent des colonies flocon-
en utilisant un sachet de mélange réduc-
neuses, toxigènes, pouvant atteindre 1 mm 5
teur (carbonate de potassium + pyrogallol de diamètre à partir du 3’ tube (ensemencement
+ terre d’infusoires) (2).
de 10 tubes par dilution successive avec une
pipette Pasteur), pas de production de gaz
Résultats
fragmentant la gélose.
l
Les tentatives d’isolement en tubes de gélose
En plaque de glose au sang, la culture se
profonde se sont soldées par un échec dû à un
présente sous forme d’un fin givre.
-4-
d) Caraqtères biochimiques
La séroneutralisation avec cette toxine est
de la souche isolée
rendue difficile car elle est accompagnée d’une
substance toxique soluble, non antigénique, qui
L’action sur les sucres a été étudiée en
est un poison convulsivant (14).
utilisant le milieu de base viande-levure auquel
1 p. 100 de sucre est ajouté sous forme de
Pour des raisons d’économie, les doses
solution stérilisée par filtration (2).
minimales
mortelles pour les différentes
Les résultats obtenus sont reproduits dans
espèces domestiques (ovins, bovins, équins)
n’ont pu être évaluées. Une approximation avait
le tableau qui suit par comparaison avec les
caractères biochimiques de Cl. botulinum
été effectuée pour le type C beta (8).
type C beta déjà plusieurs fois isolé au
2” Culture en sac de dialyse :
Sénégal (8, 9, 10).
Cette méthode est couramment utilisée au
Laboratoire de Dakar pour la production de
la toxine C beta permettant la préparation de
l’anatoxine correspondante.
TABLEAU N"I
A titre expérimental, un lot dv toxine de
type D a été préparé par ce procédé de
culture.
La DMM/souris se situe au voisinage de
0,OOOOl ml. Cette valeur peut être augmentée
si l’on provoque l’éclatement des corps bacté-
riens en soumettant la récolte du sac de dialyse
à des cycles congélation-décongélation.
Cette toxine plus pure que celle contenue
dans le surnageant d’une culture en bouillon VF
est facilement neutralisée par le sérum anti D.
.
C. DISCUSSION
.
L’existence au Sénégal du type D de CI.
botulinum à côté du type C beta se trouve
Lait
Coagulé, digéré
Coagulé, digéré
donc confirmée. Déjà au Tchad, J. DEMAR-
A = Acidification; a = Légère acidification.
CHI et collab., en 1958, avaient mis en évi-
dence la responsabilité du type D lors d’un cas
de botulisme humain (5).
Ce tableau met en évidence l’action du
A première vue, il semble paradoxal, qu’en
type D sur certains sucres, alors que le type C Afrique occidentale et centrale, seuls le Sénégal
beta n’en fermente pratiquement aucun. En ce
et la Mauritanie offrent des exemples de botu-
qui concerne le saccharose, la souche isolée à lisme animal : cas dus à l’ostéophagie (Fer10
Dakar fermente ce sucre normalement, par
et sud-mauritanien) ou à la pollution de l’eau
contre DOLMAN note une légère acidification
d’abreuvement (‘). Dans les autres pays de la
(7) et une souche de ce type, étudiée en 1965
zone tropicale, les possibilités de contamina-
par l’un de nous à l’Institut Pasteur de Lille,
tion sont les mêmes : les fourrages, les greniers
n’exerçait aucune action.
à mil ne sont pas plus abrités des rats et des
souris, et un cadavre de rongeur peut toujours
e) Caractères de la toxine
apporter le contage redouté. Pareillement, les
puits ne sont pas plus mal protégés au Sénégal
1” surnageant d’une culture en bouillon VF :
La DMM/souris du surnageant d’une culture
(-) Il a été montré dans une précédente publication
en bouillon VF mise à l’étuve à 33” C pendant
comment le botulisme d’origine hydrique pouvait être
considéré comme responsable de foyers primaires
5
6 jours est de 0,OOOl ml,
même au Ferlo (13).
-5-
qu’ailleurs, un chat peut toujours y être préci-
tion et ce fait suffit pour expliquer la relative
pité, un écureuil fouisseur s’y noyer.. . Alors
fréquence des foyers déclarés.
.
à quoi tient ce CC monopole )) sénégalais ?
Il est difficile d’apporter à cette question une
L’intérêt que revêt l’affection est encore
réponse certaine, toutefois, il est fort probable
rehaussé si l’on a présent à l’esprit le danger
que bien souvent le diagnostic échappe parce que représente le type D pour l’homme. Dans
qu’en pays tropical, en présence de paralysies,
les villages, l’eau du puits sert indifféremment
l’observateur ne pense pas au botulisme. Au
aux habitants et à leurs animaux.. . A quoi
Sénégal, depuis l’enzootie de botulisme bovin
doit-on l’inexistence de relations d’accidents
(CC Maladie des forages N), les agents du Service botuliques humains, nettement caractérisés,
de 1’Elevage sont « sensibilisés » à cette affec-
même au Sénégal ?
SUMMARY
Equine botulism in Senegal.
First isolation of Clostridium botulinum type D
After a brief recall of the various cases of botulism in horses observed
in Senegal during the past years, the authors report a new outbreak of the
disease in this country. A strain of Clostridium botulinunz type D bas
been isolated from the liver of a slaughtered equine. This strain is the
first one obtained in western Africa. Method of isolation. biochemical
characteristics of the germ and the minimum lethal dose in mice of the
toxin are indicated. In a short discussion the authors wonder why the
disease has not been described in other parts of western Africa where
identical conditions of contamination exist. They suggest that this
situation is perhaps due to a lack of observers ” sensibilized ” to the
disease.
RESUMEN
El botulismo del caballo en Senegal.
Primer aislamiento de Clostridium botulinum de tipo D
Despues de una breve revocacion de casos de botulismo del caballo
.
sefialados en Senegal durante 10s nltimos anos, les autores notan la
existencia de un nuevo foco en este pais. Se ais16 una cepa de Clostridium
botulinunz de tipo D a partir del higado de un caballo matado durante el
periodo de la agonia. Dicha cepa constituye el primer aislamiento en
Africa del Oeste. Se indican 10s métodos de aislamiento, el caracter del
germen y de la toxina. A la pregunta hecha: 2 por que no se encuentra
mas a menudo la enfermedad en Africa ? se sugiere que ciertamente la
falta de observadores interesandose con esta enfermedad es responsable
de la ausencia de casos notados.
BIBLIOGRAPHIE
1. BRUYERE (A.), DAVID (A.), « Paralysie labio-
6. DISCHAMPS (A.), «Le botulisme du cheval
elosso-oharvneée et botulisme chez le cheval ».
existe-t-il au Sénégal ? », Bull. Servs Zooteck.
i
km. Méd. ‘vét., 1951, 102: 155-160.
Epizoot. A.O.F. », 1941, 4 (1) : 1-2.
2. BUTTIAUX (R.), BEERENS (H.), TACQUET
7. DOLMAN (C. E.), « Growth and metabolic acti-
(A.), « Manuel de techniques bactériologiques »,
vities of CI. botulinum types. Botulism »,
2~ éd.. Paris. Ed. Médicales Flammarion. 1966.
Proceedings of a symposium, US. Department
3. CALV’ET (IL), PICART (P.), DOUTRE (M. P.)
of Health, Education, and Welfare, Cincinnati,
et CHAMBRON (J.), « Aphosphorose et botu-
dec. 1964, pp. 43-68.
lisme au Sénégal », Rev. Eh. Méd. vét. Pays
8. DOUTRE (M. P.), CHAMBRON (J.), «Le botu-
trop., 1965, 18 (3) : 249-82.
lisme des ruminants et des équidés au Sénégal.
4. DE FAGONDE (A. P.), « Botulismo animal »,
Caractères de la souche isolée de Clostridium
Bull. Off. int. Epizoot., 1963, 59 : 1361-77.
botuhum et de sa toxine ». Rev. EIev. Méd. vét.
5. DEMARCHI (J.), MOURGUES (C.), OR10 (J.)
Pays trop., 196h, 19 (4) : 495-510.
et PREVOT (A. R.), « Existence de botulisme
9. DOUTRE (M. P.),
« Première observation du
humain de type D », Bull. Acad. Nat. Méd.,
botulisme C beta chez le porc au Sénégal », Rev.
Paris, 1958, 142: 580-82,
Eh. Méd. vét. Puys trop.,
c
1967, 20 (2) : 351-53.
-6-
10. DOUTRE (M. P.), « Botulisme de type C chez
notamment le botulisme expérimental provoqué
une tourterelle (Strcptopelia roscogrisca) du Ferlo
à l’aide de la toxine », Bull. Off. Int. Epizoot.,
(Sénégal) », Rev. Eh. Mkd. vét. Puys trop., 1967,
1955, 42 : 473-81.
20 (4) : 601-04.
2 0 . LAPCEVIC (E.), « L’intoxication des chevaux
11. DOUTRE CM. P.), «Le botulisme animal au
var le botulisme ». Bull. Off. Int. Enizoot.. 1954.
Sénégal ». Bull. Off. ht. Epizoot., 3967, 67
42: 507-13.
’
”
-
’
’
(11-12) : i497-1515. .-
21. LE METAYER (E.), NICOL (L.), GIRARD (0.)
12. DOUTRE (M. P.I. « Première observation de
et collab., « Recherches sur le botulisme expéri-
botulisme animal ‘de type D au Sénégal », X~L’.
mental chez le cheval. Discussion », Bull. Acad.
Eleï. Méd. I*ét. Puys trop., 1969, 22 (1): 25-27.
Llét. Frunce, 1953, 26: 391-99.
13. DOUTRE (M. P.), «Fréquence au Sénégal du
22. MÜLLER (J.), « Equine and bovine botulism in
botulisme anima1 .d’originê hydrique », Rev. E/~V.
Denmark », Bu/[. Off. Int. Epizoot., 1963, 59
Méd. vét. Pays trop., 1969, 22 (1) : 29-31.
(9-10) : 1379-90.
14. DUMAS (J.), « Précis de bactériologie médicale »,
23. PREVOT (A. R.), ROSSI (P.), «Recherches sur
Paris, Flammarion, 19.51 (mises à jour p. 705~:
trois souches de Clostridium botulinum D »,
travaux de PREVOT et BRYGOO).
BuU. Acad. vét. Frunce, 1948, 21 : 386-89.
15. HARE CF.). « Botulism and encenhalomvelitis in
24. PREVOT (A. R.), BRYGOO (E. R.), «Etude de
horses »,~ i’ Amer. vet. Med. A.&., 1940, 96 :
la première souche française de Clostridium
101-02.
hotulinum D ». Ann. Inst. Pasteur. 1950. 78:
16. JACQUET (J.), PREVOT (A. R.), «Recherches
274-76.
‘
sur le botulisme équin expérimental », Ann. Inst.
25. PREVOT (A. R.), HUET (M.), TARDIEUX (P.),
Pasteur, 1951, 81 : 334-37.
« Etude de vingt-cinq foyers récents de botulisme
17. JACQUET (J.), PREVOT (A. R.), «Le botu-
animal », Bull. Acud. vét. France, 1950, 23 :
lisme expérimenta1 du cheval provoqué par la
481-87.
toxine D. Evolution et essai de sérothérapie »,
26. PREVOT (A. R.), SILLIOC (R.) et GAY (H.),
Bull. Acad. L,ét. France, 1952, 25: 246-53.
«Etude d’un fover de botulisme éauin de
18. JACQUET (J.), PREVOT (A. R.), «Le botu-
type C », Rec. Méd. vét., 1954, 130: 353-55.
lisme‘expérimental du cheval provoqué par la
27. VERGE (J.). POGGIOLI CC.). «Un fover de
toxine D. Svmotômes. pathogénie, diagnostic,
botulisme équin dans l’ois;. clscussion >>l Bull.
lésions », But?. Àcad. vét. Fiance, 1953, 2 6 :
Acad. vét. France, 1951, 24: 509-17.
135-40.
28. WILLEMS (R.),
« Le botulisme du cheval »,
19. JACQUET (J.), «Sur le botulisme équin et
Bull. Off. Int. Epizoot., 1954, 42 : 482-95.
-7-