INSTITUT D’ÉLEVAGE ET DE MÉDECINE VÉTÉRINAIRE...
INSTITUT D’ÉLEVAGE ET DE MÉDECINE
VÉTÉRINAIRE DES PAYS TROPICAUX
D’ÉLEVAGE
ET DE
- MÉDECINE VÉTÉRINAIRE
DES PAYS TROPICAUX
I
I
La péripneumonie bovine.
Traitement par le Novarsénobenzol
Conséquences épidémiologiques et prophylactiques
paT ORUE J. et MÉMERY G .
T o m e X I V (n»uvelle série)
N’4 - 1 9 6 1
vIGoT FRÈRES, EDITEURS
23, rue de l’École-de-Médecine, PARIS-VI”

La péripneumonie bovine.
Traitement par le Novarsénobenzol
Conséquences épidémiologiques et prophylactiques
s
par ORUE J ef MEMERY G.
Les recherches sur de nouveaux procédés
RAPPEL SUR LE TRAITEMENT
d’immunisation contre la péripneumonie bovine
A U N O V A R S E N O B E N Z O L
semblent avoir, depuis quelques années, relégué
au second plan celles concernant le traitement.
Préconisé par WITT (5) dès 1925, le Novarsé-
Depuis la dernière publication de MORNET (l),
nobenzol a fait l’objet, par la suite, d’un certain
en 1954, aucune acquisition nouvelle n’a été
nombre d’expérimentations, (CURASSON (6-
révélée dans ce domaine, malgré les travaux de
7-8) ; GARDADENNEC (9) MORNET, ORUE
HYSLOP et coll. (2) et de HALL et LAWS (3)
et MARTY (10) etc...) avant d’être largement
sur certains antibiotiques.
vulgarisé dans tout l’Ouest-Africain. Les résul-
Néanmoins, l’utilisation de certains produits,
tats obtenus contre l’affection naturelle sont très
et plus particulièrement du Novarsénobenzol,
spectaculaires dans la majorité des cas. La guéri-
s’est rapidement généralisée dans I’Ouest-Afri-
son est d’autant plus certaine et rapide que le
tain. II nous paraît donc nécessaire de rappeler
traitement est plus précoce. Mais même à la
les raisons justifiant cette thérapeutique et sur-
période d’état de la maladie on constate, après
tout de préciser les conséquences immédiates et
injection de doses suffisantes de Novarsénoben-
lointaines ainsi que les répercussions fâcheuses
zol, une amélioration rapide suivie généralement
qu’un tel traitement peut avoir sur la prophy-
d’une guérison clinique inattendue, apparem-
laxie, malgré les résultats spectaculaires qu’il
ment totale.
permet, et la faveur qu’il connaît auprès des
MORNET, ORUE et MARTY (10) préconisent
agents des services de I’Elevage et des éleveurs.
avec juste raison, 9 grammes en trois injections,
à intervalle de deux jours.
IVANOFF et TARANTUK (4) ont été les pre-
miers à signaler l’insuffisance de l’action cura-
Les effets de cette thérapeutique se caracté-
tive du Norvarsénobenzol dans le traitement
risent principalement par une baisse rapide de la
de la péripneumonie, qui ne permet pas d’obtenir
température, et surtout par une amélioration
la stérilisation totale de l’organisme, même après
spectaculaire de l’état général des malades, rai-
guérison clinique des malades. Par la suite, cette
son pour laquelle cette pratique connaît une telle
idée a été reprise, mais à notre connaissance
faveur auprès des éleveurs.
aucune expérimentation n’a été réalisée pour
Cliniquement, la guérison est, en fait, plus tar-
véritÎer l’exactitude de ce phénomène, pour en
dive. La régression des signes pulmonaires se fait
préciser les conditions d’existence et enfin pour
lentement. Elle peut être totale, mais parfois, des
en évaluer les répercussions exactes sur la pro-
zones de submatité, perceptibles à l’auscultation,
phylaxie de l’affection. Ce sont ces différentes
demeurent.
questions que nous nous sommes attachés a
Comme le signale déjà CURASSON (9), le
résoudre dans ce travail.
Norvarsénobenzol se révèle aussi d’une acti-
vité remarquable pour le traitement des réac-
tions expérimentales ou vaccinales de type wil-
Reçu pour publication : juillet 1961.
lemsien.
Rev. Elev. Méd. vét. Pays trop,, 1961, 14, no 4.
Entre nos mains, généralement, une seule
-
405

injection suffit à arrêter une réaction de WIL-
sentent pas ou peu d’amélioration. Ils sont sacri-
-
LEMS, même de forte ampleur. Une deuxième
fiés une quinzaine de jours seulement après la
et une troisième intervention sont rarement
fin du traitement.
I
nécessaires, lorsqu’on a pris soin d’injecter en
*
une seule fois la dose préconisée. La tempéra-
Autopsie ef examens divers.
ture baisse en 24 à 48 heures et la persistance de
- Des hémocultures sont effectuées sur tous
l’élévation thermique indique la nécessité d’une
les animaux au cours de leur mise en observa-
intervention supplémentaire. L’oedème réaction-
tion et au moment du sacrifice.
nel ne régresse que lentement et, contrairement
- A l’autopsie. - L’état des organes thora-
à l’amélioration clinique constatée dans la mala-
ciques ainsi que la présence ou l’absence de
4i
die naturelle, on observe souvent une baisse de
lésions sont notés.
l’état général après toute réaction vaccinale trop
- Des prélèvements histopathologiques de
sévère. La résorption d’un cedème important est
contrôle sont effectués ainsi que des adénocul-
.
en effet toujours accompagnée d’un amaigrisse-
tures sur un des ganglions des différents groupes
ment assez considérable des animaux. La dis-
suivants :
parition du placard fibreux est lente et le traite-
ment n’évite pas chaque fois, au niveau de la
- ganglions trachée-bronchiques gauche et
lésion, l’apparition de nécrose cutanée accompa-
droit,
gnée de perte de substance.
- ganglions médiastinaux antérieurs et posté-
rieurs,
- ganglions iliaques,
OBSERVATIONS CLINIQUES ET NÉCROPSIQUES
- ganglions poplités,
D’ANIMAUX TRAITÉS AU NOVARSÉNOBENZOL
- ganglions précuraux,
-.
- ganglions préparotidiens.
Nous avons réunis, avec de grandes difficul-
tés, une quinzaine d’animaux péripneumoniques
Ces organes sont prélevés stérilement avec le
ayant ou n’ayant pas été traités au Novarséno-
tissu péri-ganglionnaire. Au laboratoire, ils sont
u
benzol, et provenant des régions de Thiès,
débarrassés de ce conjonctif et broyés au mixer
Kaolack et Dakar.
en présence de bouillon-cœur-sérum. Le broyat
Après examens cliniques, ces animaux ont été
est ensuite ensemencé dans une série de cinq
classés en trois lots selon les commémoratifs
tubes de bouillon additionné de 200 U. de péni-
pathologiques et thérapeutiques.
cilline par millilitre.
-
- le premier lot comprend des bovins (zébus
Enfin, des ensemencements directs en bouil-
et métis N’Dama) qui auraient été assez grave-
lon-cœur-sérum sont effectués à partir des lésions
ment atteints, mais dont nous n’avons pu contrô-
pulmonaires, lorsqu’elles existent, en présence
ler, ni le diagnostic, ni l’intensité des signes cli-
ou non de pénicilline.
niques. Appartenant à des troupeaux dans les-
quels des animaux sont morts de péripneumonie,
RÉSULTATS
ils ont subi le traitement au Novarsénobenzol,
selon les prescriptions classiques (9 g en trois
Premier lot.
fois) 6 mois environ avant leur mise en observa-
II comprend cinq bovins, zébus ou métis
tions et l’autopsie.
N’Dama dont l’état général est bon ou moyen.
-- le deuxième lot est constitué de zébus pro-
L’examen clinique ne révèle aucune élévation
venant de troupeaux contaminés et présentant
thermique anormale et aucun signe pulmonaire,
,
une atteinte aiguë de péripneumonie. Isolés en
sauf sur l’un d’eux, où une zone de sub-matité,
étable, ils sont traités au Novarsénobenzol
assez mal délimitée, peut être décelée légèrement
.
(9 g en trois fois), maintenus en observation pen-
en avant de la pointe du coude droit.
dant trois mois, puis sacrifiés et autopsiés.
l F
- le dernier groupe comprend des animaux
A I’aufopsie :
de même provenance, plus ou moins gravement
a) Deux animaux, dont ce dernier, sont por-
atteints, qui, traités au Novarsénobenzol, ne pré-
teurs de séquestres nécrosés et infectés, entourés
406
I

d’un sillon fibreux induré, et d’une zone irré-
tale, de I’essouflemenf et certains même de la
gulièrement étendue de péripneumonie clas-
discordance facilement exacerbée par un léger
sique. Ils sont situés au niveau des lobes car-
effort, Le quatrième semble moins atteint mais
diaque et apical gauche pour l’un, et de la par-
présente de la sensibilité intercostale, de I’essou-
tie antérieure du lobe diaphragmatique droit
flement et une certaine difficulté respiratoire.
pour l’autre. Ces lésions sont accompagnées de
Sur l’un des deux animaux dont la tempéra-
séquelles de pleurésie avec des zones d’adhé-
ture est subnormale, on constate quelques signes
rence totale (entourées de nombreuses brides
atypiques, un jetage mousseux, une submatité
fibreuses), intéressant parfois tout un lobe.
pulmonaire presque générale sans sensibilité
Les ganglions trachée-bronchiques et médias-
intercostale. Enfin, sur l’autre, on ne peut obser-
tinaux sont hypertrophiés et indurés.
ver que des signes très discrets, ne permettant
Les différentes cultures révèlent la présence de
pas de confirmer le diagnostic qui reste basé
M. rnycoides dans les séquestres, les lésions pul-
seulement sur les commémoratifs épidémiologi-
monaires, les ganglions trachée-bronchiques et
ques.
médiastinaux.
Les ganglions précruraux, poplités, préparo-
Traifemenf :
tidiens et iliaques se révèlent stériles et I’hémo-
Ces animaux sont isolés et soumis à trois in-
culture négative.
jections intraveineuses de 3 g de Novarséno-
b) Deux autres bovins présentent des séquelles
benzol à 2 jours d’intervalles.
de pleurésie droite et gauche, avec de nom-
Deux d’entre eux meurent avant la fin du trai-
breuses brides fibreuses. Chez l’un d’eux, on
tement. On relève sur le premier une pleurésie
observe même une plage d’adhérence totale,
double classique, avec épanchement pleural
large comme la paume de la main, au niveau du
abondant et placard fibreux épais. Le poumon
lobe cardiaque droit.
gauche est atteint dans sa totalité.
Aucune lésion pulmonaire macroscopique
L’autre, dont la température était normale et
spécifique ne peut être relevée, si ce n’est des
les signes cliniques atypiques, présente un
cicatrices fibreuses non évolutives au niveau des
cedème pulmonaire bilatéral plus accusé à
points d’adhérence.
droite qu’à gauche. Les poumons sont « farcis »
Toutefois, M. mycoides est isolé d’un ganglion
de nodules identiques, de taille variant de la tête
trachée-bronchique et du ganglion médiastinal
d’épingleà la grosseurd’une noisette, brunâtres,
postérieur.
entourés d’une coque fibreuse jaunâtre, puis
Les autres ganglions sont stériles et I’hémo-
d’une zone réactionnelle hyperhémiée. Aucune
culture est négative,
trace de lésion péripneumonique n’est constatée.
Les examens histologiques confirment le dia-
C) Le cinquième animal n’est porteur que de
gnostic nécropsique d’amibiase pulmonaire,
quelques ponts fibreux au niveau du lobe dia-
affection que nous avons déjà rencontrée au
phragmatique droit, sans aucune lésion pulmo-
Sénégal et qui a été décrite par THIERY et
naire.
MOREL (12) en 1956.
L’hémoculture et toutes les adénocultures sont
Les quatre autres bovins sont gardés à l’étable
négatives.
pendant trois mois. L‘amélioration est rapide et
concorde avec les observations classiques anté-
Deuxième lot.
rieures des auteurs ayant expérimenté cette
II groupe six bovins d’âge différent, tous
thérapeutique (CURASSON (7), MORNET et
atteints cliniquement à des degrés divers.
coll. (Il), etc...). Toutefois, l’un de ces animaux
On constate une élévation générale de la tem-
apparemment le plus atteint parmi les survi-
pérature qui atteint 400 ou 410 le matin, sauf sur
vants a présenté un amaigrissement sensible
deux d’entre eux, dont l’un présente, néanmoins,
après le traitement.
des signes pulmonaires très accusés,
Parmi les premiers, trois animaux présentent
A I’aufopsie :
des zones de matité dues à des épanchements
a) Sur ce dernier, on note des séquelles im-
pleuraux caractérisés, de la sensibilité intercos-
portantes de pleurésie, à droite, avec adhérence
.
401

.
totale des deux plèvres sur la plus grande partie
sente une baisse de température caractéristique
_
du lobe cardiaque. Ce lobe est, d’autre part,
et une amélioration de l’état général.
envahi presque en totalité de lésions péripneu-
moniques classiques avec des zones de nécrose,
A I’oufopsie :
d’hépatisation grise et d’hépatisation rouge,
Ils sont sacrifiés et autopsiés quinze à vingt
Aucun liquide pleural n’est observé. L’ensemble
jours après la dernière injection de Novarséno-
du système lymphoganglionnaire pulmonaire
benzol.
est réactionnel : ganglions hypertrophiés, indu-
rés et succulents à la coupe. M. mycoides est
a) On constate chez les deux premiers des
isolé à partir des lésions et de tous les ganglions
lésions pulmonaires et pleurales classiques.
pulmonaires.
Aucune différence n’est observée entre ces Ié-
i
L’hémoculture est cependant négative ainsi
sions et celles d’un bovin malade non traité,
aussi bien au niveau des plèvres, placard fibreux,
que les adénocultures poplitée, iliaque, précru-
lymphe coagulable, etc... qu’au niveau des pou-
sale et préparotidienne.
c
mons.
b) Deux aufres sont porteurs de brides fibreuses
Toutes les cultures sont positives, et démontrent
et de petites zones d’adhérence totale, séquelles
l’existence d’une septicémie générale, telle
de pleurésie droite ou gauche. En outre, l’un
qu’elle est classiquement observée chez des ani-
d’entre eux présente des lésions péripneumo-
maux non traités.
niques discrètes de faible étendue et dégressives
b) Sur le troisième animal on n’observe pas
autour d’une zone d’adhérence.
d’épanchement pleural, mais la plèvre pariétale
Certains ganglions sont encore hypertrophiés.
est particulièrement épaissie, opaque, enflammée
M. mycoides est isolé des ganglions trachéo-
avec des zones de tissus de granulation. Les
bronchiques et médiastinaux antérieurs chez l’un,
lésions pulmonaires, peu étendues au lobe dia-
des ganglions trachéobronchiques, du ganglion
phragmatique gauche, sont nettement localisées
médiastinal postérieur, ainsi que des lésions pul-
et compactes.
monaires, chez l’autre.
M. mycoides est isolé du poumon, des ganglions
L’hémoculture et les autres adénocultures
pulmonaires et des ganglions iliaques.
sont négatives,
L’hémoculture est négative ainsi que les adéno-
c) Enfin le dernier, chez lequel les signes pul-
cultures des ganglions poplité, précural et prépa-
monaires étaient très discrets, se révèle à I’au-
rotidien.
topsie indemne de toute séquelle d’affection pul-
DISCUSSION
monaire ou pleurale. L’hémoculture et toutes les
adénocultures sont négatives.
De ces observations, deux faits essentiels
retiennent l’attention :
Troisième lot.
10 La persistance prolongée de M. mycoides
Ce lot est constitué de trois zébus, dont deux
dans l’organisme des animaux traités. Elle
présentent une température élevée (4005), de la
dépasse 6 mois et s’observe même en absence de
difficulté respiratoire, de la discordance et à
toute lésion macroscopique de péripneumonie.
l’auscultation, une matité thoracique bilatérale.
Le germe peut donc survivre très longtemps à
Le troisième semble moins gravement atteint
l’état « cryptique » dans certains organes, sans
et les signes pulmonaires sont plus discrets.
pour autant provoquer de lésions.
On peut supposer que ce phénomène se pro-
Traifemenf :
duit après des contaminations qui ne sont pas
Ces trois animaux sont traités au Novarséno-
suivies de maladie : infestations occultes, mécon-
benzol.
nues et durables qui seraient à l’origine des cas
Sur les deux plus malades on n’observe
de maladies apparaissant sur un troupeau sup-
aucune amélioration satisfaisante, cependant,
posé sain, immédiatement après une campagne
leur état ne s’aggrave pas comme dans I’évolu-
de vaccination, processus que nous avons décrit
tion normale de la maladie. Le troisième pré-
précédemment (13-14).
408
l
I

20 La présence sur un nombre important d’ani-
Le traitement au Novarsénobenzol constitue
maux de séquelles lésionnelles parfois étendues,
une arme à double tranchant qui, malgré les
1
mais non évolutives : séquestres, adhérences
résultats spectaculaires qu’elle permet et les
c
pleurales, brides fibreuses, mais aussi lésions
pertes qu’elle évite dans l’immédiat, est, dans les
pulmonaires typiques dans lesquelles M. mycoides
régions où elle est appliquée systématiquement,
est régulièrement isolé. Or ces lésions riches en
une des principales causes de la persistance de la
virus sont généralement ouvertes à l’extérieur
péripneumonie.
par l’intermédiaire de l’arbre broncho-alvéo-
Ces conséquences néfastes sont considérable-
laire.
ment aggravées, en zones sahélienne et sub-
Ainsi, à l’exception de deux bovins dont l’un a
sahélienne, par la transhumance qui permet
pu ne pas être atteint de péripneumonie (symp-
aux animaux excréteurs de germes de conta-
tômes frustes et atypiques), tous les malades
miner les régions qu’ils traversent.
traités sont restés porteurs de germes. Le Novar-
L’épidémiologie classique de la péripneumo-
sénobenzol, aussi efficace qu’il soit cliniquement,
nie en est même modifiée. Cette affection sévit
ne permet donc que très rarement la stérilisa-
actuellement en foyers disséminés, apparem-
tion de l’organisme. Et si celle-ci survient, il
ment isolés, inattendus et parfois longtemps
s’écoule toujours (voir lot 3) un intervalle de
méconnus. Dans ces régions, la vaccination
temps assez long entre la fin du traitement et la
donne toujours des résultats décevants qui déso-
guérison totale, période au cours de laquelle le
rientent l’éleveur et les agents des services de
malade est porteur de lésions ouvertes viru-
I’Elevage,
insuffisamment avertis. Nombreux
lentes.
sont, en effet, les troupeaux qui, ayant subi une
Ces animaux sont donc non seulement des por-
contamination occulte, deviennent de véritables
teurs de germes, mais aussi des disséminateurs
foyers ouverts de péripneumonie, après une
dangereux en excellent état, et par conséquent
campagne de vaccination (14) : phénomènes qui
méconnus.
discréditent les méthodes vaccinales trop sou-
Ceux qui n’ont plus de lésions pulmonaires
vent incriminées pour cette raison de disséminer
n’exécrètent
certainement plus de germes, mais
la maladie.
ils recèlent toujours M. mycoides dans quelques
Cette thérapeutique, ainsi que tout traitemenf
ganglions pulmonaires. Ils sont des facteurs de
chimique apparemment efficace (sulfamides,
conservation du micro-organisme qui peuvent
antibiotiques), favorise donc, non seulement la
aussi, occasionnellement, devenir des vecteurs
persistance de la maladie, mais également sa
nuisibles à la prophylaxie.
dissémination. Elle assure la pérénité de I’affec-
Les contrôles sérologiques par agglutination
tion en conservant les porteurs sains excréteurs
rapide sur lame que nous avons effectués sur
de germes, rend illusoire tout règlement de
tous ces animaux n’ont pas donné de résultats
police sanitaire, complique la prophylaxie mé-
suffisamment concordants pour que nous puis-
dicale et s’oppose à la vulgarisation de méthodes
sions en tirer le moindre enseignement. Dans
vaccinales, qui, rationnellement appliquées,
l’état actuel de nos connaissances, cette méthode
donnent les meilleurs résultats.
sérologique ne peut permettre de dépister à
On conçoit facilement les conséquences éco-
coup sûr les animaux porteurs de germes.
nomiques d’un tel processus.
CONS ÉQUENCES ÉPIDÉMIOLOG~QUES
APPLICATION RATIONNELLE
ET PROPHYLACTIQUES
DU TRAITEMENT ANTIPÉRIPNEUMONIQUE
DU TRAITEMENT
CONTRE LA PÉRIPNEUMONIE
Malgré les résultats favorables obtenus par de
nombreux expérimentateurs et l’engouement des
On conçoit aisément les conséquences désas-
éleveurs dont on ne peut nier le sens aigu de
treuses qu’une telle thérapeutique peut avoir sur
l’observation, dans l’état actuel de nos connais-
I’épidémiologie de la péripneumonie et sur sa
sances, et aussi longtemps qu’aucun traitement
prophylaxie médicale.
ne permettra la disparition certaine de M. my-

coides de l’organisme de l’animal traité, on peut
c) Les animaux demeurés en bonne santé
se demander s’il est conseillé d’instituer un trai-
sont revaccinés après trois mois et soumis à une
tement contre la péripneumonie. Nos conclu-
nouvelle période de sur;eillance.
sions, en effet, sembleraient proscrire actuelle-
ment tout traitement, et en particulier toute
utilisation du Novarsénobenzol.
III. - Les animaux indemnes.
En réalité, cette thérapeutique peut rendre de
a) Ils sont vaccinés par une méthode efficace
grands services à condition, toutefois, qu’elle soit
el marqués.
incluse dans le cadre d’une prophylaxie géné-
rale, organisée et strictement dirigée.
b) En aucun cas, un animal traité ne pourra
Grâce à ses propriétés thérapeutiques, le
être conservé dans le troupeau.
Novarsénobenzol permettrait de différer I’élimi-
Ainsi nous pensons qu’il sera possible de Iut-
nation immédiate des animaux cliniquement
ter plus efficacement contre la péripneumonie,
atteints, qui ne seraient abattus obligatoirement
tout en sauvegardant les intérêts de l’éleveur.
r(
et livrés à la consommation qu’après avoir récu-
II est évident que l’expansion actuelle et sou-
péré un état d’entretien normal et une valeur
vent méconnue de cette affection dans les Etats
marchande convenable. On pourrait ainsi évi-
de l’Ouest-Africain ne permet pas d’envisager
ter des mesures draconniennes
tel le « stamping-
son éradication immédiate, et des résultats satis-
out » qu’il est très difficile d’appliquer pour des
faisants ne pourront être constatés qu’après un
raisons évidentes, malgré son efficacité certaine,
délai de plusieurs années de l’application conti-
dans des pays sous-développés dont le cheptel
nue, rigoureuse et sans défaillance de mesures
paie déjà un lourd tribut à la maladie.
qui ne peuvent être imposées que par le Iégisla-
En conséquence, nous préconisons les règles
teur. Elle serait facilitée par l’octroi aux proprié-
suivantes qui devraient être appliquées obliga-
taires se soumettant au contrôle sanitaire, d’une
toirement lors du traitement contre la péripneu-
indemnité compensatrice.
monie et qui devraient même s’inclure dans les
II ne faut pas oublier en effet, que les difficultés
dispositions de la police sanitaire :
rencontrées et que les échecs constatés, dans
l’éradication de la péripneumonie en Afrique au
sud du Sahara, sont moins dues à la défaillance
des méthodes vaccinales qu’à l’inapplication de
1. - Les animaux cliniquemenf offeinfs.
toute police sanitaire et de tout contrôle théra-
a) Ils sont traités au Novarsénobenzol, mar-
peutique. Aucune méthode de prophylaxie médi-
qués, séparés du reste du troupeau et isolés sous
cale, aussi efficace soit-elle, ne peut et ne pourra
surveillance des services de I’Elevage.
permettre, à elle seule, l’éradication d’une affec-
tion aussi insidieuse et décevante que la périp-
b) Ils sont obligatoirement abattus et livrés à
neumonie des bovidés.
la consommation après avoir récupéré un bon
état d’entretien, sans que le délai puisse excéder
soixante jours. Les viscères thoraciques sont inci-
CONCLUSION
nérés ou détruits suivant les possibilités locales.
Des examens cliniques et nécropsiques ont été
effectués sur des animaux péripneumoniques
ayant été traités au Novarsénobenzol depuis
II. - Les animaux confaminés.
plus ou moins longtemps.
a) Ils sont vaccinés par une méthode reconnue
Ces animaux sont généralement porteurs de
efficace et soumis à une surveillance sanitaire.
séquelles de pneumonie et de pleurésie, et
-ecèlent M. mycoides dans les lésions et les gan-
b) Les animaux qui, à la suite de la vaccina-
glions pulmonaires.
tion (porteurs chroniques et les animaux en
Les conséquences épidémiologiques et pro-
incubation), font la maladie, sont traités, marqués
,hylactiques sont décrites, et une utilisation
isolés, puis abattus comme précédemment.
-ationnelle du Novarsénobenzol préconisée.
4 1 0
, I
.

%
SUMMARY
,
Contagious Bovine Pleuropneumonia. Treatment with Novarsenobenzol.
x
Epizootiologie and prophylactic sequelae
*
Animals believed infected with C. B. P. P. wich had been treated with Novarsenobenzol, at various
earlier periods were subjected to clinical and post-mortem examinations.
These animals generally showed evidence of earlier pneumonia and pleurisy and harboured
M. mycoides, in lesions and pulmonary ganglia.
The consequences of a treatment policy are discussed and indications stated where treatment
would be acceptable.
RESUMEN
La perineumonia bovina. Tratamiento por el Novarsenobenzol
consecuencias epidemiologicas y profilacticas
I
Los examenes clinicos y necropsicos han sido efectuados en animales perineumonicos que habian
sido tratados anteriormente con Novarsenobenzol durante mas o menos tiempo.
Estos animales son generalmente portadores de secuélas pneumonicas y pleuriticas, y albergan
el M. mycoides en las lesiones y ganglios pulmonares.
Se describen las consecuencias epidemiologicas y profilacticas y se preconiza una utilizacion
racional del Novarsenobenzol.
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