INSTITUT SENEGALAIS DE RECHERCHES AGRICOLES ...
INSTITUT SENEGALAIS
DE
RECHERCHES AGRICOLES
ETUDES ET DOCUMENTS
Les systèmes d’élevage
dans la zone des Niayes
au Sénégal

I - L’élevage traditionnel
Maty Ba Diao
ISSN 0850-8933
Vol 4 N” 14 1991

ISRA
Institut Sénégalais de Recherches Agricoles
Rue Thiong x Valmy
BP. 3120
DAKAR, Sénégal
B
212425/211913
Telex 61117 SG

TLC (221) 22 34 13
Document réalisé par
la Direction des Recherches sur la Santé et les Productions Animales
Route du Front de Terre
B.P 2057
Dakar - Hann
m 3 2 1 2 7 5
Maty Ba Diao, ingénieur agronome
Chercheur à I’ISRA
Laboratoire National d’Elevage
et de Recherches Vétérinaires
Dakar-Hann
0c ISRA 1992
Conception et réalisation UNIVALISRA

Les systèmes d’élevage
dans la zone des Niayes
au Sénégal
I - L’élevage traditionnel

Remerciements
L’auteur remercie les agents de la Direction de I’Elevage
pour leur précieuse collaboration dans la phase préparatoire
des enquêtes et notamment :
MM. AIDARA, Chef du Secteur Elevage de Rufisque,
GUEYE et TENDENG, Agents techniques d’éle-
vage dans les CERP de Sébikotane et de Bambilor

ISRA - ETUDES ET DOCUMENTS -Vol. 4.
IF’ 14 - 1991
LES SYSTÈMES D’ÉLEVAGE
DANS LA ZONE DES NIAYES AU SÉNÉGAL
1 - L’élevage traditionnel
Maty B A DL40
Chercheur de I’ISRA
Direction des Recherches sur la Santé et les Productions Animales
RksuMÉ
Les résultats exposes concernent 9 villages et 70 exploitations des communautés ru-
rales de Sangalkam et de Sébikotane de la région de Dakar.
Les caractéristiques des unités de production, le mode d’appropriation et de gestion
des animaux, le mode de conduite, ainsi que les principales contraintes liées au dévelop-
pement de l’élevage dans la zone des Niayes de Dakar sont analysés.
Trois systèmes d’elevage ont été identifiés :
0 le Ouoloff, maraîcher, exploite des ovins et/ou des bovins, mais la conduite des ani-
maux est assurée par le gestionnaire Peulh qui bénéficie de la totalité du lait ;
0 le Peulh, Cleveur traditionnel, devenu agriculteur à cause de l’environnement dé-
favorable de l’élevage extensif, gére lui-meme ses animaux caprins et/ou bovins ;

2
l le citadin, fonctionnaire, commerçant ou homme d’affaire paraît plus ouvert aux
innovations techniques, mais le fonctionnement correct de son exploitation souffre
de son absence quasi-permanente des lieux.
Mots clth : Dakar - Niayes - Système - Elevage traditionnel - Bovins - Ovins -
Caprins.
SUMMARY
Results are from 70 small holder farmers for 9 villages of Sangalkam and Sebikotane
rural communities in Dakar region.
Al1 carateristics of the traditional livestock production system have been analyzed ;
ie : animal ownership management and contraints for livestock development.
Three systcms have been identified :
l the “Ouolofs” legume producers who own sheep and /or cattle and have a “Peulh”
as manager which one get the milk production as a wave ;
l the “Peulh” : traditional livestock herder, they become trop growners because of
degradation of extensive livestock production system environment. They manage
themselves their animals : goats, and/or cattle ;
l the civil servants and businessmen who are open minded about technical innova-
tions but have problem in managing their herd because they seldom corne to the
farm to supervise the work.
Key words : Dakar - Niayes - Farming - Traditional livestock system - Cattle -
Sheep - Goats.

3
INTRODUCTION
Les conditions climatiques particulières de la région des Niayes du Sénégal et sa proxi-
mité de l’agglomération dakaroise lui donnent une grande importance sur le plan agricole et
plus spécialement sur celui de l’élevage.
L’amélioration des productions animales doit permettre de mieux satisfaire les besoins
des producteurs et des consommateurs. Elle passe par une excellente connaissance de la
situation actuelle dans cette zone originale.
C’est ce qui est tenté dans ce document pour ce qui est du secteur traditionnel de l’éle-
vage.
DESCRIPTION DE LA ZONE
La region des Niayes est une bande côtiere de 30 km entre Dakar et Saint-Louis. Elle
est comprise entre les isohyètes 400 mm et 600 mm. Cependant, sous l’influence du
courant froid des Canaries et des alizés qui tempèrent l’aridité du climat genéral de
l’intérieur du pays soumis à l’harmattan, cette zone écologique bénéficie d’un micro-
climat particulier caractérisé par des températures moyennes modérées (24,9”) et une
humidité relative assez élevée (7). La pluviométrie enregistrée à Sangalkam entre 1975
et 1986 est de 378,5 mm avec une forte variabilité interannuelle (34 %), alors que la
moyenne 1941-1970 des observations Ctait de 541 mm avec une variabilité interannuelle
de 14 %.
Les températures atteignent 21,4’C en janvier-février contre 28°C en octobre.
Le relief est caractérisé par une série de bandes dunaires et de cuvettes interdunaires
qui recèlent des groupements végétaux particuliers. Vers le continent, le cordon littoral
se termine par un front élevé où s’accummule le sable. Cette zone surplombe la
“Niaye” proprement dite qui est constituée d’un peuplement de palmiers à huile (Elaeis
guineensis) situé dans un bas-fond inondé par l’émergence de la nappe phréatique en saison
des pluies.
Cette “Niaye” est prolongee par une grande cuvette dans laquelle sont pratiquées des
cultures maraîchères et fruitières. A la lisière de cette cuvette se localisent des Parinari
macrophylla.

Au-delà de cette zone humide, apparaît une végétation de zone plus &che avec un
tapis graminéen composé de différentes espèces (Pennisetum pedicellatum, Cenchrus
biflorus)
et de buissons à Guiera senegalensis.
La végétation est en régression mgulière sous l’action combinée de la sécheresse et de
l’extension du maraîchage. Si quelques espèces plus sensibles, comme le dattier nain,
(Phoenix reclinatu) ont déjà disparu, d’autres comme les palmiers à huile sont en voie de
le faire en raison de la baisse de la nappe phréatique.

4
Zone d’étude
Figure 1 : Carte du S6négal - Zone d’étude
Dhi Youssou
‘ikine
h

/
/
Ndiakhkte

A Villages étudiés
Figure 2 : Carte de la rbgion de Dakar
a

5
Zone essentiellement maraîchère fournissant 65 % de la production nationale de
légumes, la région des Niayes dispose cependant d’un cheptel traditionnel non moins
négligeable et diversifié (8) :
45 000 bovins
96 000 ovins et caprins
24 000
asins et &prins
900 camelins
1 200 porcins
3 17 600 volailles.
Actuellement, ce cheptel est menacé de disparition à cause de la prolifération très
rapide des jardins privés appartenant à des citadins. Ce phénomène a pour conséquence
la réduction considérable de l’espace pastoral.
Les enquêtes menées au sein de ces exploitations traditionnelles ont pour but d’ob-
tenir des éléments d’appréciation de ce système de production, de mieux connaître la
situation zootechnique des troupeaux, de juger du degré d’intensification de cet élevage
ainsi que les principales contraintes liées à son développement.
L’étude n’a concerné que la région des Niayes de Dakar et ses deux communautés
rurales de Sangalkam et de Sébikotane. C’est la zone la plus touchée par l’implantation
des jardins prives et l’intensification des productions animales par l’introduction de races
étrangères.
ORGANISATIONDEL'ENQUf?TE
Après une phase de pr&enquête, l’étude a intéressé 9 villages. Différentes échelles
d’observation ont été utilisées : le village, les troupeaux bovins et caprins, l’exploitation
agricole.
0 A l’échelle villageoise, les informations sont relatives au mode de gestion et d’utili-
sation des ressources disponibles, aux principales activités agricoles, aux rôles du
bétail dans le développement socio-économique des exploitations, aux circuits d’ap-
provisionnement des intrants et de commercialisation des productions ;
0 Pour les exploitations, les informations portent sur la main-d’oeuvre, les activités
extra-agricoles, les cultures pratiquées et les surfaces, l’équipement agricole, les
cheptels bovin, caprin, asin et Aquin et les volailles ;

6
l Concernant les troupeaux bovins et caprins, les informations recueillies sont relatives
à la propriété des animaux, la conduite (alimentation, abreuvement, castration,
sevrage, traite, reproduction, parcage), la commercialisation des animaux et pro-
duits, la structure et la composition des troupeaux.
ANALYSE DES DONNÉES
L’analyse statistique descriptive est utilisée pour l’exploitation des donnfes quantita-
tives relatives aux troupeaux et aux caractéristiques des unités de production.
Les performances zootechniques ne sont pas relatées dans ce travail. Les données
fournies par les bergers sont souvent sujettes à caution car les Peulhs sont peu habitués
à manier les mois calendaires. Il semble que les avortements soient souvent oubliés par les
bergers lors des enquêtes, ce qui fausse la précision des calculs des taux de reproduction.
De plus, dans de nombreuses exploitations le gestionnaire ne reste que très rarement
plusieurs années consécutives à la tête d’un même troupeau, d’où d’énormes problèmes
pour retracer la carrière génitale des femelles.
Le suivi zootechnique systématique démarré en octobre 1989 permet de mieux pré-
ciser ces différents paramètres. Les résultats qui suivent concernent 70 exploitations. Les
modes d’appropriation et de gestion des animaux ont été analysés sur 25 troupeaux
bovins (1 070 animaux) et 30 troupeaux caprins.
CARACTÉRISTIQUES DES UNITÉS DE PRODUCTION
LE MILIEU NATUREL
La région des Niayes de Dakar peut-être divisée en deux zones :
l la sous-zone des Niayes (dépressions interdunaires inondées) destinées surtout aux
cultures maraîchères. Elle est composée de la moitié Nord, Nord-Est de la commu-
nauté rurale de Sangalkam. Les parcelles de cultures sont très morcelées. La su-
perficie moyenne cultivee dans notre échantillon de travail est de 1,2 ha ;
l la sous-zone des sols “dior” occupe 60 % de la région, elle est favorable à la culture
sous pluie: arachide, mil, niébé, manioc, maïs. Zone relativement homogène, on
y trouve cependant des sols ferrugineux a faciès hydromorphe destinés aux cultures
fruitières et à la culture du sorgho. Ce type de sol intéresse le Sud-Est de la com-
munauté rurale de Sangalkam et la communauté rurale de Sébikotane.
Les cultures de saison sèche y sont très peu pratiquées ou sont abandonnées par les
agriculteurs à cause de la baisse sensible de la nappe phréatique. La raison de cette baisse
est l’implantation de onze forages dans un rayon de 10 km (5 pour la SONEES et 6
pour les agro-industries). La superficie moyenne cultivée est de 4,4 ha.

7
Quelle que soit la sous-zone considérée, elle est très sollicitée par les citadins et les
agro-industries.
Dans la communauté rurale de Sangalkam, les citadins détiendraient 60 % des super-
ficies cultivables (900 vergers environ) ne laissant qu’un disponible de 0,27 ha par habi-
tant (1).
Dans la communauté rurale de Sébikotane, six (6) agro-industries regroupent à elles-
seules 1 500 ha et 800 citadins y possédent des vergers couvrant 1 000 ha (2).
LIE MILIEU HUMAIN
l Les ethnies
La population se caractérise par une diversité ethnique, mais la base essentielle du
peuplement de la région est formée par les Ouolofs et les Peulhs.
Les Ouolofs
En provenance du Bassin arachidier et de loin majoritaires, ils sont les premiers colo-
nisateurs de la région des Niayes. Commerçants d’origine, ils se sont vite intégrés au
milieu et sont devenus des paysans. Ils s’adonnent à l’activité dominante qu’est le ma-
raîchage, mais pratiquent la spéculation arachidière et milicole quand le milieu le permet.
Avant la pénétration coloniale, donc de l’échange monétaire, l’unité d’exploitation
économique était la concession, comprenant en moyenne 5 ménages groupés dans la
même grande maison et partageant les mêmes domaines fonciers définis comme les terres
appartenant à la famille (8). De nos jours, la concession a cédé la place au ménage qui
devient l’unité d’exploitation économique et familiale.
Contrairement aux Peulhs, les Ouolofs avaient acquis une longue tradition en matière
foncière durant la colonisation. De sorte qu’à l’avènement de la loi sur le domaine na-
tional, ils ont pu l’exploiter au mieux et à leur profit, contournant ainsi les dispositions
de la loi pour vendre la terre aux citadins.
Les Peulhs
Originaires du Ferlo et de la region de Louga, jadrs semi-nomades, ils se seraient ins-
tallés dans les Niayes à partir de 1915, à la recherche de pâturages et d’eau (14). A leur
arrivée, les Ouolofs déjà installés, leur ont offert l’hospitalité ainsi que des champs. Au
début, ils s’intéressaient peu aux Niayes mais au fur et à mesure que la situation de leurs
voisins s’améliorait, ils décidèrent de cultiver.
D’une manière générale, les Peulhs vivent à la lisière des villages Ouolofs. Aussi, de

8
plus en plus, une similitude des villages Ouolof et Peulh est constatée. En effet, l’éle-
vage est en train d’être relégué au second plan au profit des cultures, du commerce et
du travail salarié. Cette monétarisation se traduit dans la structure familiale par l’ap-
parition du menage comme unité de production économique
l La population active
Le nombre moyen d’actifs par exploitation est environ de 9 personnes. Les femmes
ne s’occupent que des tâches ménagères. Elles ne cultivent pas. L’élevage non plus n’u-
tilise pas la mainld’ceuvre féminine sauf chez les Peulhs où les femmes s’occupent de
l’élevage caprin et de la commercialisation du lait.
l Revenus extérieurs
Concernant l’emploi, près d’une famille sur deux (49 S) a au moins un de ses mem-
bres disposant de revenus extérieurs permanents.
La répartition selon les secteurs est la suivante :
l 52 % sont des salariés du secteur rural c’est-à-dire ouvrier agricole ou
bouvier dans les exploitations intensives (fermes avicoles ou laitières de la
communauté rurale de Sangalkam et les agro-industries de Sébikotane) ;
0 20 % sont des fonctionnaires de 1’Etat ;
0 20 % ont des professions libérales : commerce, menuiserie, maçonnerie,
mécanique.... ;
0 8 % sont des émigrés qui envoient régulièrement de l’argent à la famille.
Dans la communauté rurale de Sébikotane, les femmes et jeunes filles constituent une
réserve de main d’oeuvre temporaire pour les agro-industries surtout pendant la récolte
de légumes.
LES CULTURES
La zone des Niayes est l’une des rares régions du pays où l’agriculture se pratique
toute l’année et où les activités dc saison sèche sont plus importantes que celles d’hivernage.
0 Les surfaces
La superficie moyenne utilisée par exploitation est de 2,5 ha, mais elle est très variable
d’une zone à l’autre.

9
Dans les Niayes proprement dites, la moyenne est de 1,2 ha :
43,4 % des exploitations ont moins de 1 ha (30 % ont moins d’un demi-ha) ;
33,3 % entre 1 et 2 ha;
23,3 % plus de 2 ha.
Dans la zone des diors, les surfaces cultivées sont plus étendues. La moyenne est de
4,4 ha. La répartition des superficies est la suivante :
95 % ont moins d’l ha ;
9,5 % entre 1 et 2 ha ;
38,l % entre 2 et 5 ha ;
42,9 % ont plus de 5 ha.
0 Les cultures
On distingue deux types de culture :
0 les cultures sous pluie ou cultures seches : elles concernent principalement
l’arachide, le mil, le niébé, le manioc, le maïs. Le tonnage obtenu par
rapport à la production nationale est insignifiant ;
l les cultures maraîcheres et fruitières emploient plus de main d’ccuvre. Les
superficies occupées par le maraîchage sont estimées à 3 600 ha dont 1 900
pour le maraîchage traditionnel et 1 700 pour le maraîchage industriel (10).
La région fournit environ 55 % de la production nationale de légumes : chou, carotte,
oignon, pomme de terre, aubergine, oseille, courgette, concombre, haricot vert, etc... Ces
deux derniers sont destinés à l’exportation.
Au niveau des exploitations, il y a peu de spécialisation pour un type de culture donné.
Chacun produit un peu de tout :
l 9,4 % des exploitations nc cultivent pas. Ce sont des Peulhs à qui on a
confié des animaux et qui nc disposent pas de surface à cultiver. Il y a éga-
lcmcnt des citadins ;
l 26,4 % ne font que du maraîchage ;
l 5 1 % associent le maraîchage aux cultures skhes ;
0 13,2 % ne pratiquent que la culture sous pluie. Ils ont abandonné le maraî-
chage à cause de la baisse du niveau de la nappe phréatique très sensible
dans la zone de Sebikotane.

10
l Le matériel agricole
La culture est faiblement mécanisée, ceci est lié au morcellement des parcelles de
cultures.
0 11,3 % des exploitations n’ont pas de matériel. Soit elles ne cultivent pas, soit
elles louent le matériel utilise ;
l 28,3 % disposent de semoir associé ou non à une charrue ou à une houe ;
0 28,3 % disposent de petits matériels : binette, hiler . . . . ;
l 32,l % n’ont que des houes-sine.
La traction équine et asine est utilisée. Ces animaux tirent également des charrettes
qui servent au transport des récoltes, du foin de brousse et des personnes.
LECHEPTEL
l Les ruminants
Ils sont souvent élevés ensemble :
0 79 % des exploitations associent les bovins soit aux ovins chez les Ouolofs,
soit aux caprins chez les Peulhs ;
0 17 % des exploitations n’élèvent que des bovins ;
0 4 % n’ont que des caprins.
Bovins
La moyenne de l’effectif par exploitation est de 31 têtes environ. La répartition de
la taille des effectifs est la suivante pour 67 exploitations :
l
X 5 10 tetes = 23,5 %
0 10 < X I 20 têtes = 19,6 %
0 20 < x I 40 têtes = 33,4 %
l
X > 40 têtes = 23,5 %

11
Les petits ruminants
La moyenne par troupeau de caprins est de 27 têtes pour 51 exploitations concer-
nées :
l
X 5 20 têtes = 53,8 %
020 c X .s 40 têtes = 30,8 %
040 c X I6Otêtes = 7,7%
l
X > 60 têtes = 7,7 %
Nous ne trouvons des ovins que dans 27 exploitations disposant en moyenne de 5
têtes ; mais 60 % d’entre elles en ont moins de 5 unités.
l Le cheptel de trait
Il est constitué d’ânes et de chevaux utilisés pour la traction du matériel agricole.
Ces animaux servent également au transport des personnes, des récoltes et du foin de
brousse :
l 35,8 % des exploitations n’ont ni cheval, ni âne ;
l 45,3 % disposent d’un âne,
l
1,3 % disposent d’un cheval et d’un âne,
l
7,6 % disposent d’un cheval.
l Autres espbces
La volaille est présente dans toutes les exploitations. Les effectifs ne sont pas maî-
trises même par les propriétaires. Ce sont les femmes qui s’en occupent.
La cuniculture est pratiquement inexistante ; une seule exploitation dispose de lapins
mais pas à des fins de spéculation.
CONCLUSION
On constate que les éleveurs de la zone des Niayes sont également des agriculteurs
mais essentiellement maraîchers. Ils ne réalisent pas de cultures fourragères. Il est
habituel cependant de distribuer aux animaux les mauvaises herbes du jardin, les sous-
produits de maraîchage et les écarts de triage, notamment les déchets de navet, chou,
pomme de terre, carotte, tomate.
Dans la suite de l’exposé, nous parlerons seulement de l’élevage des ruminants et de
leurs modes d’appropriation, de gestion et de conduite.

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MODE D’APPROPRIATION ET DE GESTION
LES BOVINS
Les différents intervenants dans la gestion des troupeaux
Nous distinguons dans la région des Niayes de Dakar quatre types d’agents qui in-
terviennent à différents niveaux dans la conduite et la gestion des troupeaux bovins :
l le chef ou responsable du troupeau,
l le gestionnaire ou “Gaynako” en Peulh,
l le (ou les) bouvier,
l les propriétaires.
Le chef ou responsable du troupeau
Il s’agit surtout de chefs d’exploitation qui ont leurs propres animaux dans le trou-
peau, ceux de leurs dépendants, mais également ceux confiés par les voisins du village
ou par des citadins. Il est l’unique responsable auprès duquel les conflits ayant un lien
avec le troupeau sont résolus.
Il participe aux différentes réunions villageoises relatives à l’acquisition de biens
matériels : parcs de vaccination, construction d’abreuvoirs. C’est lui également qui
décide du lieu de parcage des animaux et il constitue le lien entre les propriétaires
des animaux et le gestionnaire.
Le gestionnaire du troupeau ou “Gaynako”
C’est le responsable de la conduite du troupeau. Il implante toujours sa case près
du lieu de parcage des animaux afin de mieux les surveiller la nuit. Il connaît
chaque animal et il est le seul dépositaire des informations zootechniques. Il trait les
vaches, soigne les animaux et s’occupe du ramassage du foin de brousse ou des
déchets de culture pour la complémentation. Il est, en outre, le seul intermédiaire
entre le bouvier et le chef du troupeau. Chez les Ouolofs, le gestionnaire, toujours un
Peulh, bénéficie de la totalité du lait.
Chez les Peulhs, le gestionnaire est soit le chef du troupeau ou son fils, soit un autre
membre de la concession. Il arrive cependant que le gestionnaire Peulh ne soit pas sous
les ordres d’un chef de troupeau mais qu’il s’occupe d’animaux ,qui sont confies direc-
tement par des citadins. Dans ce cas, il a le rang de chef de troupeau vis-à-vis de la
communauté villageoise et bénéficie du lait et du fumier.
Le troisième cas possible est que le gestionnaire bénéficie d’un salaire mensuel et est

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logé par le propriétaire citadin dans sa ferme. Celui-ci bénéficie alors du lait si les
vaches sont traites et utilise le fumier pour le maraîchage et l’arboriculture.
Les bouviers
Ils sont responsables de la conduite des animaux au pâturage, de leur l’abreuvement,
de leur protection contre les vols pendant la journée et de la protection des cultures. 11
y a deux sortes de bouviers : ceux s’occupant des animaux adultes et ceux s’occupant
des veaux. Le bouvier des grands animaux est individuel ; par contre, celui des veaux
est commun à plusieurs troupeaux du village.
Chez les Ouolofs, les bouviers sont payés en argent par le gestionnaire après la
vente de son lait ou celui-ci utilise ses enfants pour la conduite au pâturage.
Avec la scolarisation des enfants, 15 % des Peulhs utilisent un bouvier en perma-
nence et 27,5 % l’utilisent pendant la durée de l’année scolaire. Le mode de rétribu-
tion est soit en argent, soit en nature (lait du soir ou lait trait un jour sur trois...).
Les propriétaires
Il s’agit de différents individus à statuts divers et des deux sexes possédant des ani-
maux dans le troupeau : chefs d’exploitations et chefs de ménages dépendants, femmes
mariees ou veuves, jeunes célibataires, amis citadins, etc... L’exploitation des animaux
à des fins commerciales relève de leur volonté individuelle, sauf chez les femmes
Peulhs qui sont sous l’autorité de leur supérieur hiérarchique (père, frère ou mari).
Appropriation et gestion des animaux
Les animaux du troupeau font l’objet d’une appropriation individuelle par les diffé-
rents membres présents ou absents de l’exploitation. Ils peuvent être également la pro-
priété d’individus étrangers.
Statut des propriétaires
Les femmes ne disposent que de 188 animaux sur les 1 070 recensés, soit 17,6 %
du cheptel (annexe 2). Elles résident toutes dans le village où se wouvent leurs animaux
à l’exception d’une commerçante habitant Rufisque ayant 2 animaux dans un troupeau
villageois. La plupart de ces femmes sont des Peulhes (165 têtes) épouses, mères, sœurs,
filles et autres parentes du chef d’exploitation. Les autres femmes sont généralement
des Ouolofs ayant une ou deux têtes qu’elles confient à un troupeau du voisinage.
Chez les hommes, nous trouvons des résidents et des non-résidents aussi bien au
niveau des chefs d’exploitation que des autres propriétaires.

14
Les résidents
Ce sont les chefs d’exploitation, leurs fils et frères et autres parents de la concession
mais également leurs amis habitant le village et qui leur ont confié des animaux.
Les non-résidents (citadins)
On peut trouver deux possibilités : soit le propriétaire des animaux est également
chef du troupeau, au quel cas il a une autorid sur le gestionnaire qui est son employé,
soit le propriétaire confie directement ses animaux à un “responsable” de troupeau. Il peut
être parent ou non du responsable du troupeau.
Mode de gestion
Globalement, nous distinguons trois modes de gestion : le confiage, la gestion directe
et le placement de bétail (annexe 3).
Le confiage
Il concerne 203 têtes soit 19 % du cheptel bovin. Les propriétaires sont soit des
Ouolofs (voisins du Peulh) détenteurs de quelques têtes ne nécessitant pas la prise en
charge de gestionnaires-bergers, soit des citadins parents ou non des chefs de troupeaux.
La gestion directe
Elle concerne les animaux appartenant aux chefs d’exploitations et ses dépendants :
645 animaux sont gérés par les chefs d’exploitations résidents et 126 par des non-résidents.
Le placement de bétail
C’est la pratique par laquelle un parent résident place son animal dans le troupeau
sous la responsabilité du chef de troupeau, se décharge de la conduite de l’animal,
mais peut b&réfïcier du lait et du fumier. C’est une pratique rencontrée chez les Peulhs
et qui concerne 96 animaux soit 9 %.
Mode d’acquisition des animaux
Sur les 1 070 têtes, la propriété des 897 animaux nés dans les troupeaux respec-
tifs découle de l’appropriation de leurs mères. L’analyse du mode d’acquisition ne
portera que sur les 173 têtes restantes du cheptel.

15
L‘achat
C’est le mode privilégié d’accession à la propriété. L’achat est le seul mode d’ac-
quisition de bovins pour les chefs d’exploitation non résidents et les propriétaires qui
confient leurs animaux.
L’achat des bovins est une forme traditionnelle d’épargne. Les ressources finan-
cières sont mobilisées à partir de la vente de produits agricoles ou des revenus extra-
agricoles pour les villageois, ou à partir des salaires ou des revenus de commerce pour
les citadins.
Les autres modes d’acquisition
Ils représentent moins de 10 % et n’existent que chez les Peulhs. Le plus impor-
tant est la dot qui est versée en nature même si parfois de l’argent y est ajouté.
Concernant les dons, ils sont rares et concernent ici deux (2) individus ayant reçu
des animaux de leurs parents.
Un Cleveur a repris deux animaux qu’il avait confié à Kébémer. Un autre a échan-
gé un taurillon plus de l’argent contre une femelle que le propriétaire d’#origine voulait
vendre.
Tableau 1 : Répartition de l’effectif suivant le mode d’acquisition
Mode
Achat
Dot
Don
Héritage Transfert Echange
Totaux
d’acquisi
tien
Nombre
157
8
3
2
2
1
173
%
90,7
4,6
1,7
12
12
096
100
DISCUSSION
L’analyse des modes de gestion des bovins révèle une grande complexité dans les rela-
tions entre les différents intervenants. Elle est liée au caractère collectif des troupeaux
et à la dispersion des centres de décisions. Toute action d’intensification qui suppose une
contribution financière de la part des éleveurs se heurte à ce problème d’appartenance
des animaux.

16
De 1976 à 1979, le Laboratoire National d’Elevage et de Recherches Vétérinaires
(LNERV) avait initié un programme d’amélioration de la production laitière locale autour
de la ferme de Sangalkam. L’exécution du programme nécessitait l’achat d’aliments par
les éleveurs pour les femelles traites et les veaux.
Les problèmes rencontrés se situent à deux niveaux :
0 le propriétaire Ouolof ne désire qu’une chose : que son cheptel existe, la
production laitière ne l’intéresse pas. Les gestionnaires par contre sont
payés’ par le lait uniquement. Lorsque le programme a démarré, une ques-
tion s’est posée : qui va payer ces aliments ? Tous les essais de concilia-
tion entre les 2 parties ont abouti à des échecs ;
l chez les éleveurs Peulhs, le problème se pose différemment puisque c’est
en général la famille qui bénéficie du lait. Cependant, il existe quelque-
fois une difficulté à trouver un interlocuteur pour appliquer les techniques
proposees, chacun vaquant à ses occupations dans l’exploitation.
LES PETITS RUMINANTS
Le cheptel des petits ruminants est dominé par les caprins. Contrairement au cheptel
bovin conduit dans des structures collectives, les petits ruminants sont conduits dans
des troupeaux individuels (un troupeau par ménage ou par concession à ménages dé-
pendants).
Les caprins
Appartenant exclusivement aux Peulhs, les caprins sont la possession des femmes.
80 % des animaux leur appartiennent. Elles soignent et font la traite des femelles.
Le confiage y est rare et concerne 13 % des 687 caprins recensés (annexe 4). Les
propriétaires sont les membres de la famille et des parentes ou amies du village voisin.
A part la propriété d’un animal expliquée par celle de sa mère, les autres modes d’ac-
quisition sont l’achat (4,2 %), l’héritage (2,2 %) et le don (0,6 %>.
Les ovins
L’élevage des ovins est structuré en troupeaux de petite taille (3 - 5 têtes) et n’existe
pratiquement que dans les villages à dominante. ethnique Ouolof. Ce sont les femmes et
les enfants qui s’en occupent. Le contiage est pratiquement inexistant sauf le cas d’un
noyau de têtes confié par un citadin à un berger Peulh demeurant à Nguendouf.

17
CONCLUSION
L’analyse du mode d’appropriation et de gestion s’avère extrêmement fertile en in-
formations. Il permet entre autre de préciser les cadres et les formes de toutes actions
d’amélioration de la production, notamment en permettant d’identifier les unités de dé-
cisions, les objectifs et stratégies des divers intervenants, etc...
La pratique du confiage observée chez les bovins risque de compromettre toute action
d’intensification qui supposerait la vente d’animaux improductifs et/ou une contribution
financière des éleveurs.
De manière générale, cette contrainte liée au mode de gestion s’observe avec plus
d’acuité chez les Ouolofs que chez les Peulhs.
MODE DE CONDUITE
LE SYSTÈME ALIMENTAIRE
Les pâturages naturels constituent l’essentiel de l’alimentation des bovins et des
caprins. Les ovins ne vont pas au pâturage et trouvent la base de leur alimentation dans
les déchets de cuisine autour des concessions (*).
Les résidus de maraîchage ne font pas l’objet de stockage et sont ramassés en partie
par les propriétaires qui disposent d’ovins ou par les gestionnaires des troupeaux bovins
pour la complémentation des jeunes animaux.
L’accès des zones de maraîchage par les animaux est quasi-impossible à cause de la
disposition spatiale des parcelles très morcelées et souvent clôturées par des haies vives.
La disponibilité des pailles et fanes d’arachide est très limitée d’autant que les surfaces
allouées aux céréales sont faibles.
Dans les conditions climatiques, l’eau est le principal facteur limitant, seules les fanes
d’arachides font l’objet d’un ramassage syslematique et d’un stockage. Elles sont utili-
sées génCralement pour les ovins.
L’utilisation des sous-produits agro-insdustriels (son de blé, SENAL (ND) c’est-à-dire
son de blé mélasse) est liée aux opérations de sauvegarde consécutives à la sécheresse.
L’achat des intrants n’est jamais spontané et, s’il a lieu, est très négligeable pour avoir
* Les pâturages naturels sont très limités à cause du manque de terres et de l’existence de dunes
où les potentialités pastorales sont nulles.

18
des conséquences significatives sur la productivité du cheptel (surtout bovin). La spé-
culation autour de ces intrants est telle que les prix sont prohibitifs,
D’une manière génerale, les caprins ne sont jamais complémentes parce que plus
rustiques que les autres espèces d’après les propriétaires. 52 % des éleveurs de bovins
prétendent les complémenter mais seulement pendant la saison sèche chaude d’avril à
juillet (seules les “malades” et quelques laitières font l’objet de plus d’attention). Ils sont
complément& à partir de sous-produits de l’exploitation ou d’aliments achetés. La prin-
cipale spéculation est l’engraissement d’animaux sacrifiés lors des baptêmes ou des fêtes
religieuses (Tabaski). 60 % des détenteurs d’ovins les complémentent régulièrement et
30 % seulement avant les fêtes de Tabaski.
L’ABREUVEMENT
Dans toute la zone des Niayes de Dakar, il n’existe que 6 abreuvoirs à bovins avec
une certaine disproportion dans la répartition : 5 dans la communauté rurale de Sébiko-
tane et 1 dans celle de Sangalkam.
Pour les bovins, le problème hydrique se fait surtout sentirpendant la saison chaude
lorsque les mares temporaires s’assèchent. Les difficultés sont liées, dans les endroits où
il n’y a pas d’abreuvoir (le centre et le nord de la Communauté rurale de Sangalkam),
a l’exhaure au niveau des puits traditionnels : il faut 2 à 3 heures pour faire boire un
troupeau dune trentaine de têtes.
L’abreuvement des petits ruminants et des veaux est effectué par les femmes ou les
enfants à partir de puits traditionnels ou de bornes-fontaines pour les villages qui en dis-
posent.
L’HABITAT DES ANIMAUX
Les bovins et les caprins sont parqués au piquet pendant la nuit et en toute saison
derriere les concessions (bovins) et à l’intérieur de celles-ci (caprins) pour permettre une
surveillance plus rapprochée à cause des vck Cette situation constitue une contrainte
majeure pour l’utilisation rationnelle du funfer. En effet, celui-ci est transféré du lieu
de parcage aux champs par charrette.
Les ovins par contre, disposent très souvent d’enclos à l’intérieur de la maison ou
passent la nuit sous les verandas.
SEVRAGE ET CASTRATION
Le sevrage est naturel et par conséquent très tardif (18-24 mois). Mais si la mère est
pleine et en gestation avancée, l’éleveur utilise des épines sous forme d’anneaux ami-tétée
pour sevrer les veaux.

19
La castration n’est pas systématique et n’est observée que dans 6 troupeaux appar-
tenant à des Peulhs. Elle est pratiquée soit par la méthode traditionnelle avec l’écrasement
du cordon testiculaire à l’aide de tige de bois, soit à la pince Burdizzo.
LATRAITEl
Elle est pratiquée quelle que soit la saison, deux fois par jour, le matin et le soir,
pour les bovins et une fois par jour pour les caprins. Elle nécessite la présence du veau
ou du chevreau qui déclenche le processus.
Elle est pratiquée par les femmes pour les caprins et par les hommes (gestionnaire
ou vacher) pour les bovins.
Les jeunes ont actes à la mamelle 2 fois par jour, le matin et le soir.
LA REPRODUCTION
Les mâles et les femelles vont ensemble au pâturage ; la reproduction est naturelle.
32 % des troupeaux n’ont pas de taureaux de reproduction, ce qui aura certainement
des cons6quences sur les taux de reproduction des femelles.
Le choix du geniteur rclèvc dc la competence du chef de troupeau avec avis du ges-
tionnaire. Il porte sur des animaux à croissance rapide et dont les mères ont de bonnes
aptitudes laitières. D’autres critères secondaires peuvent intervenir : largeur de la tête,
longueur de la queue, couleur de la robe, caractère de l’animal.
Concernant l’achat du reproducteur :
l 11 % des éleveurs l’ont dejà effectué pour apporter du sang nouveau
dans l’elevage, l’achat porte surtout sur la race Gobra ;
0 19 % en ont acheté parce qu’ils n’avaient pas de taureau de remplacement
issu du troupeau ;
l 70 % n’en ont jamais acheté.
LA COUVERTURE SANITAIRE
Les bovins sont les seuls animaux vaccinés contre la peste et la péripneumonie conta-
gieuse. La prophylaxie contre les autres maladies bovines et la peste des petits ruminants
est encore timide. Les Niayes offrent des conditions favorables à l’existence de tiques
vectrices. Les épizooties périodiques dc cowdriose qui affectent surtout les jeunes pro-
voquent beaucoup de mortalité chez les petits ruminants (6).

20
L’existence de la distomatose chez les ovins et caprins a été déjà signalCe (4). Elle
est suspectée chez les bovins par les agents de terrain (2) mais elle reste à etrc confirmée
par le service de Parasitologie du LNERV de Dakar-Hann.
LA COMMERCIALISATION DES PRODUCTIONS
Le lait
Le lait est commercialisé par les femmes Pculhcs sous forme de lait caillé dans les
grands centres de Sébikotane, Rufisque et Dakar. Dans beaucoup de cas, le lait de chèvre
est mélangé à celui de la vache sauf à NdoyCne et Deni Youssou (Sebikotane) où le lait
de chèvre est vendu aux moines de Keur Moussa (Pout) qui en font du fromage.
Les recettes de la vente du lait constituent un appoint à la dépense quotidienne de
nourriture et permettent à la femme de s’equiper en ustensiles de cuisine.
Les animaux
La commercialisation des animaux n’est pas planif&. Ils sont vendus chaque fois
qu’un besoin se fait sentir dans l’exploitation.
La vente de bovins est dicde par des événements nécessitant d’importantes sommes
d’argent (mariage, baptême, construction, frais médicaux, voyage à la Mecque...).
Les petits ruminants constituent le “compte courant” de l’éleveur et sont mobilisés
pour des dépenses telles qu’achat de nourriture, d’habits, paiement de main-d’œuvre,
etc...
L’acheteur est souvent le boucher du village ou celui du centre le plus proche (San-
galkam, Bambilor, Sébikotane, Diamniadio...).
Pour les petits ruminants, à la veille de la Tabaski, les téfankés font le tour des vil-
lages pour acheter des mâles destinés au sacrifice.
Le fumier
Le fumier est vendu au niveau d’un seul village Pculh (Guendouf) qui ne dispose pas
de beaucoup de terres ; les surfaces cultivees sont tres faibles (0,5 ha par exploitation
en moyenne : de 60 m2 à 1 ha maximum).
Ce fumier est vendu à des citadins installés autour du village et pratiquant I’arbori-
culture fruitière et le maraîchage.

21
C O N C L U S I O N
L’analyse du mode de conduite des animaux a mis en évidence plusieurs contraintes :
Contrainte alimentaire
Elle est liée au manque d’espace pastoral et au caractère saisonnier de la qualité du
I-outrage disponible. Pendant la saison sèche, à partir des mois de janvier, février, le ma-
tériel végétal devient sec et très pauvre en énergie et en azote. La consommation
volontaire et la digestibilité se trouvent réduites*. La sous-alimentation qui s’en suit
favorise une plus grande sensibilité au ralentissement de la croissance des jeunes et ne
permet pas une production laitière élevée.
La prolifération des “jardins du dimanche” devrait attirer l’attention des autorités dans
le sens d’une intégration de leurs activités au niveau des communautés rurales. Sinon,
on assistera à la disparition de l’élevage traditionnel et à la prolétarisation des popula-
tions concernées.
Pour la recherche, l’élaboration d’un système alimentaire adéquat est une priorité.
Jusqu’à présent, les sous-produits du maraîchage n’ont pas fait l’objet d’une étude par-
ticulière. Leur disponibilité, leur valeur nutritive ct les possibilités de stockage dcvraicnt
être analysccs de manière approfondie.
Des formules alimentaires à base de sous-produits agricoles et agro-industriels ont été
étudiées mais la spéculation autour de ces intrants est telle que leur utilisation devient
difficile pour les éleveurs.
Contrainte hydrique
La baisse de la nappe phréatique et le nombre très limité de points d’eau, surtout pen-
dant la saison sèche, posent des problèmes aux éleveurs. Les difficultés sont liées à
l’exhaurc au niveau des puits traditionnels.
La construction d’abreuvoirs alimentés par l’eau de la SONEES est une solution
possible mais le Conseil Rural chargé de la mise en place de telles infrastructures n’a
pas les ressources nécessaires en raison des difficultés liées à la récupération des taxes rurales.
Contrainte sanitaire
La contrainte sanitaire majeure a été pendant longtemps la trypanosomiase. Zone
propice au développement de cette maladie, les Niayes ont été l’objet plusieurs cam-
pagnes de lutte contre les glossines vectrices (11, 12, 13), préalable à l’introduction de
races et d’espèces sensibles à cette infestation.
Actudlemcnt, les maladies les plus fréquentes sont celles transmises par Ics tiques.
Les bovins ne manifestent généralement pas de signes cliniques attribuablcs à ces proto-

2 2
zoaircs. Par comte, des mortalités importantes, qui compromettent la rentabilité écono-
mique des exploitations, sont observées chez les jeunes caprins (6).
Les autres affections rencontrées sont le charbon symptomatique, la pasteurellosc bo-
vine le botulisme chez les chevaux. Chez les petits ruminants, surtout les caprins, la peste
des petits ruminants est très sévère.
Les coûts élevés des produits vctérinaircs constituent des facteurs limitants pour une
couverture sanitaire efficace.
Les vols
Ils constituent une contrainte majeure à l’utilisation rationnelle de la fumure orga-
nique. Les animaux sont parqués en permanence près des concessions. Le ramassage,
le transport et l’epandage de cette fumure dans les champs sont des travaux supplé-
mentaires nccessitant beaucoup de main-d’œuvre et de disponibilité. C‘est pourquoi,
la fumurc est sous-utilisée malgré les énormes possibilités de valorisation par lc ma-
raîchage et l‘arboriculture fruitière.
CONCLUSION GÉNÉRALE
L’encluetc a permis de préciser les caractéristiques gcnéralcs dç l’élevage traditionnel
dans la région des Niayes de Dakar.
Elle a Cgalemcnt souligné les différences de comportement entre les Ouolofs ct 1~s
Pculhs, mais aussi entre citadins et ruraux.
Les deux sous-systcmcs Ouolof ct Peulh se rapprochent beaucoup, mais SC diflcrcn-
cicnt quant aux cspEces exploitées ct au mode dc gestion des bovins.
l Le Ouolof, maraîcher, exploite des ovins et/ou des bovins ct jamais dc ca-
prins mais se décharge de la gestion quotidienne des bovins sur lc gcstion-
naire Peulh qui bcnéficie du lait.
0 Lc Pculh, Clcveur traditionnel, devenu agriculteur à cause de l’cnvironnc-
ment dcfavorablc à l’elevage extensif, gEre lui-même ses animaux caprins
et/ou bovins et paraît être ouvert aux innovations techniques.
Face à cc système villageois, nous observons de plus en plus l’installation d’éleveurs
de type nouveau : des citadins (fonctionnaires, commerçants ou hommes d’affaires). Ce
sont des individus souvent ouverts aux innovations techniques mais le fonctionnement
correct de leur exploitation souffre de leur absence quasi-permanente des lieux. En effet,
lorsqu’il y a des décisions importantes à prendre qui nécessitent par exemple l’achat dc
produits vCtCrinaires ou l’abattage d’urgence d’un animal, le proprictairc n’est jamais
prescrit ct Ic gestionnaire n’a pas le moindre pouvoir de décision. Cette situation devient
souvent inquiétante surtout pour l’élevage intensif laitier ou avicole.

23
BlBLIOGRAPEUE
ANONYME, 1988. Plan de développement des communautés rurales. CERP Bam-
bilor, 84 p.
ANONYME, 1988. Plan de développement des communautés rurales. CERP Sébi-
kotane, 90 p.
DENIS J.P.. 1981. Le projet de promotion laitière chez les paysans du Cap-Vert.
No 127/ZOOT/LNRV, 12 p.
DIRECTION DE L’ELEVAGE. Rapport annuel 1986,96 p.
GAUCHET D., GASSAMA I., GUEYE D., DENIS J.P., 1976. Résultats des en-
quêtes effectuees dans les troupeaux de la région du Cap-Vert. LNERV, 65 p.
GUEYE A., MBENGUE M., DIOUF A., SEYE, M., 1986. Tiques et hémopara-
sitoses du bétail au Sénégal. 1. La région des Niayes. Rev Elev Med Vét Pays trop ,
1986 39 (3-4) : 381-‘383
PERROT C.,1986. Analyse des données climatiques recueillies à Sangalkam de
1975 à 1986.1. Tableaux et graphiques. LNERV - C.F, 12 p.
SONED-AFRIQUE, SODETEC, 1980. Etude de développement régional intégré du
Littoral-Nord (Niayes). Annexe II : Le milieu humain. Minist&re du Plan et de la
Coopération, 27 p.
SONED-AFRIQUE, SODETEC - Etude de développement régional intégré du
Littoral Nord (Niayes). Annexe IV - Les activités de pêche et d’élevage, 62 p.
10 SONED-AFRIQUE, BCEOM, 1982. Etude du plan directeur d’urbanisme de Dakar.
Synthèse des données urbaines 1980-1981. 3. Bilan géographique, historique et
institutionnel. Site naturel. Agriculture et végétation. Structure spatiale. Ministère
du plan et de la Cooperation, 105 p.
11 TOURE S.M., 1973. Lutte contre Glossina palpalis gambiensis dans la région des
Niayes du Sénégal. Rev. Elev. Med. vet. Pays trop., 1973 ; 26 (3) : 339-347
12 TOURE S.M., 1981. Lutte contre les glossines par application terrestre d’endo-
sulfan. LNERV - No 99/PARASITO, 5 p.
13 TOURE S.M., 1983. Utilisation de pièges et d’ecrans pour lutter contre les glos-
sines. Rapport de situation et essais réalisés au Sénégal. LNERV - No 18/PARASITO,
7 P.
14 WADE MB.Th., 1975. Problème d’amenagement des Niayes. Mémoire ENEA.
Archives Nationales No POI 4437, 120 p

ANNEXES

21
Annexe N” 1: Caractéristiques des unités de production
Caractéristiques
Minimum Maximum Moyenne(l)
Ecart-type
Nombre
Nombre d’actifs
3 2
24
8,7
62
60
Surfaces cultivées (ha)
0,005
10
2,5
2,4
51
Cheptel bovin
2
91
30,6
23,6
67
Cheptel ovin
1
15
52
336
27
Cheptel caprin
1
147
26,9
28,7
51
(1) Les valeurs zéro (0) sont exclues du calcul de la moyenne

Annexe N” 2 : Mode d’appropriation des bovins selon le statut du propriétaire et son sexe
HOMMES
FEMMES
Mode d’ap-
Chef’
Fils
Frères
Autxes
Connaissances Totaux
Zpouses A m i s
Filles
Autres Connaissances Totaux
Total
propriation
exploitation
parents
extérieures
Sœurs
parents
extérieures
général
-~-
-~~
Propriété de la
512
8
45
68
96
729
64
23
19
44
18
168
897
mère
Achat
76
2
6
10
54
148
2
-
1
-
6
9
157
Dot
0
7
-
1
8
8
Don
2
2
1
-
1
3
Transfert
2
-
_
_
2
0
2
Héritage
0
1
-4
1
2
2
Echange
1
-
-
-
1
0
1
TOTAUX
591
10
51
80
150
882
74
23
21
45
24
188
1 070
Pourcentage
67
1.2
5,8
9
17
100
35,9
12,3
11.3 24
12,9
100

29
Annexe N” 3 : Constitution des troupeaux bovins
Nombre
Pourcentage
Résidents
Animaux appartenant :
l aux chefs de troupeau résidents
465
43,4
e à leurs dépendants résidents
180
16,8
0 aux autres parents rksidents
96
98
0 aux voisins résidents (amis)
92
896
sous totaux
833
77,8
Non résidents
l aux parents non résidents
2 9
297
l aux amis non résidents
82
797
l aux chefs de troupeaux non résidents
126
11,8
sous totaux
237
22,2
Total général
1070
100
Annexe No 4 : Mode d’appropriation des caprins
Mode
Résidents membres
Animaux confiés
Totaux
d’appropriation
de la famille
Nés dans le troupeau
557
82
639
Achetés
21
8
29
Hérités
15
15
Dons
4
4
Totaux
597
9 0
687
Pourcentage
86,9
13,l
100

Isra
bp 3120
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