C. R. Acad. SC. Paris, t. 268, p. 1511-1514 (17 mars...
C. R. Acad. SC. Paris, t. 268, p. 1511-1514 (17 mars 1969)
Série D
-
PARASITOLOGIE. - Remarques concernant l’infestation expérimentale du cobaye
par la souche ouest-africaine de Trichinella spiralis. Note (*) de MM. Simon
Gretillat et Georges Vassiliades, présentée par M. Clément Bressou.
Chez le cobaye, une « barrière musculaire » ralentit l’enkystement normal des formes larvaires
de la souche ouest-africaine de T. spiralis sans toutefois entraver leur développement biologique
normal. Les examens trichinoscopiques faits de 35 à 100 jours après I’infestation révèlent la pré-
sence de très nombreuses larves libres voisinant avec des formes larvaires normalement enkystées
et des kystes en voie de calcification.
La souche de T. spiralis isolée en janvier 1967 à partir d’un chacal et de pha-
cochères abattus dans la région du Delta du fleuve Sénégal, est entretenue depuis
cette date sur chat, les autres animaux de laboratoire habituellement employés
à cet effet (rat, souris) s’étant révélés de trop mauvais hôtes [(l), (“)].
Sur les conseils de Nelson qui, à Londres, entretient sur cobaye la souche de
T. spiralis qu’il a isolée du Kenya en 1963 (3), nous avons essayé d’infester ce rongeur
avec notre souche ouest-africaine.
PROTOCOLE EXPÉRIMENTAL. - 120 cobayes adultes sont répartis en quatre lots
égaux (1, II, III, IV) infestés chacun à raison de 40, 80, 200 et 400 kystes larvaires
par animal (administration par tubage gastrique d’une suspension de larves dans
du sérum physiologique obtenue par digestion artificielle de viande de chat parasité).
Dans chacun de ces lots, 5 cobayes sont gardés comme témoins non infestés.
17 cobayes (14,l %) meurent en cours d’expérimentation, ce qui réduit à 103
le nombre d’autopsies de contrôle réalisées 35, 42, 50, 60, et 75 jours après l’infes-
tation. A partir de 2 cobayes du lot no IV, deux lots de 12 cobayes chacun sont
infestes à raison de 700 et 1 000 kystes larvaires par cobaye, qui sont autopsiés 40,
50, 60 et 100 jours après leur infestation. Trois témoins non infestés sont ajoutés
à chaque lot. La mortalité en cours d’expérimentation est de 1 pour 30 (3,33 %)
(lots V et VI).
Dans chacun de ces tests, les taux moyens de parasitisme musculaire sont
établis d’après les résultats trouvés après examens trichinoscopiques de 1 à 2 g
de viande prélevée au niveau du diaphragme et de la cuisse.
RÉSULTATS. - Contrairement à ce qui a lieu chez un hôte normalement réceptif
et malgré un taux d’infestation musculaire moyen sensiblement proportionnel
à la dose infestante (ef graphiques 1 et 3), l’enkystement larvaire est très tardif
(présence de larves libres entre les fibres musculaires 75 jours après l’infestation)
et un processus de calcification précoce détruit dès le 42e jour un nombre important
de formes kystiques (cJ tableau et graphiques 2 et 4).
Le pourcentage de larves enkystées est inversement proportionnel au nombre
total de formes larvaires présentes dans les muscles (kystes calcifiés compris). Il aug-
mente progressivement du 50e au 75e jour alors que celui des larves libres diminue
sîns pouvoir s’annuler, même au 100e jour après l’infestation.
--
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40 60
8 0
40 60 80
1
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. ..-.... . . . . r:: . . . . . . . . . .
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. . . . . . ,
40 60 80
100
40 60 80
100
3
4
Graphiques 1 et 3. - Y = Nombre moyen des formes larvaires (kystes, larves libres,
kystes calcifiés) pour 1 g de muscle, dénombrées aux autopsies de contrôle
(1, II, III, IV : lots premier passage ; V, VI : deuxième passage)
Graphiques 2 et 4. - Pourcentages des diverses formes larvaires (kystes, larves libres
et kystes caIcifiés) en fonction du temps écoulé depuis l’infestation
(1, II, III, IV : lots lcr passage ; V, VI : lots 2c passage)
o ~- o larves enkystées
x - - - - - x
larves libres
e . . . . . . 0 larves calcifiées

( 3 )
TABLEAU
Résultats des autopsies de contrôle
1 .~
Dose infestante
Nombre de jours écoulés depuis l’infestation
(n. de kystes
Lot
par animal)
Formes larvaires
35
42
50
60
65
15
100
(6)
(12)
(8)
(5)
(5)
1 ,
/
40
Nombre total/g ....
30
17,7
20,5 28
33,6
% kystes . . . . . . . . .
37,3
28,l
48,5 58
66,2
‘A libres . . . . . . . . . .
60,6
41,3
49,9 38
16,5
‘A calcifiés . . . . . . . .
231
30,6
1,6
4
17,3
(6)
(12)
(2)
(6)
(6)
II
80
Nombre total/g
49
54,4
67,5
81,5
115,9
% kystes . . . . . . . .
28
22,6
36,3
46,7
43,4
% libres . . . . . . . . .
70,5
64,l
57,3
49,l
47,9
93
‘A calcifiés . . . . .
12,7
6,4
4,2
897
’ 2 _,
(2)
(y
(6)
(3)
III
$
200
Nombre total/g
. . .
160
176
112
396
% kystes . . . . . . . .
0
9
1 6
20
‘A libres . . . . . . . . .
100
8 8
15
80
‘A calcifiés . . . . . . .
0
$1
(5:
ci
I V
400
Nombre total/g ....
680
935
1 083
% kystes . . . . . . . . .
11
19
20
‘% libres . . . . . . . . . .
88,75
80
80
\\
% calcifiés . . . . . . . .
0,25
1
0
(2)
(4)
(4)
(2)
V
700
Nombre total/g ....
3 3 1
491
220
1 9 1
% kystes. . . . . . . . . .
25
30
45
5 3
‘A libres. . . . . . . . . . .
12,5
69
65
34
‘A calcifiés . . . . . . . .
1
1 3
;;
(4)
(4:
(2)
Nombre total/g ....
553
560
685
420
% kystes . . . . . . . . .
1
25
3 5
3 5
‘A libres . . . . . . . . . .
9 3
15
60
6 3
‘A calcifiés . . . . . . . .
0
0
2
Les nombres entre parenthèses (12), indiquent pour chaque lot de contrôle, le nombre de cobayes autopsiés.
Le taux des kystes calcifiés est trop variable aussi bien au premier qu’au
deuxième passage pour pouvoir être interprété.
Au deuxième passage, le degré de maturation des larves encore libres entre
les fibres musculaires 75 jours après l’infestation a été contrôlé. Administrées en sus-
pension dans du sérum physiologique à 2 jeunes chats et à 0 cobayes, elles se révèlent
tout aussi infestantes que les formes enkystées. Chez ces 6 cobayes (3e passage), le
taux des larves libres est de 40 à 50 %, 52 jours après l’infestation.
INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS. - Un taux d’infestation musculaire en aug-
mentation constante du 40e au 75e jour après le début de l’expérimentation est
une preuve de la présence tardive de larves migratrices dans le sang circulant.
--

c
(4)
11 existe chez le cobaye, pour la souche ouest-africaine de T. spiralis, une sorte
de (( barrière musculaire 1) ralentissant le processus d’enkystement et provoquant
la calcification précoce d’un certain nombre de kystes qui aboutit dès le deuxième
passage à une diminution progressive du taux moyen d’infestation musculaire.
Le pourcentage des formes libres non enkystées est toujours très élevé, même au
troisième passage. Ces larves infestant le cobaye, le développement larvaire est
normal et ce n’est que la phase d’enkystement qui est perturbée.
En comparant les résultats trouvés chez le cobaye avec la souche du Kenya
en 1966 par Nelson (“) (83 kystes/g de muscle pour une dose infestante de 200 kystes)
avec les nôtres, ce rongeur semble beaucoup plus sensible à la souche ouest-africaine
(396 formes larvaires/g de muscle pour une dose infestante de 200 kystes).
(*) Séance du 17 février 1969.
(1) S. GRETILLAT et G. VASSILIADES, Comptes rendus, 264, Série D, 1967, p. 1297-1300.
(1) S. GRETILLAT et G. VASSILIADES, Rev. Elev. Med. vet. P. trop., 21, 1, 1968, p. 85-99.
(3) G. S. NELSON et J. MUKUNDI, J. Helminth., 37 (4), 1963, p. 329-338.
(4) G. S. NELSON et E. J. BLACKIE, Truns. R. Soc. trop. Med. hyg., 60 (4), 1966, p. 471-480.
(Institut d’Elevage et de Médecine vétérinaire des Pays tropicaux,
10, rue Pierre-Curie, 94-Maisons-Alfort, Val-de-Marne ;
Laboratoire national de I’Elevuge et de Recherches vétérinuires, Dakar, Sénégal.)
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