REPUUL t QUE DU SENEGAL MINISTERE DE LA RECHERCHE ...
REPUUL t QUE DU SENEGAL
MINISTERE DE LA RECHERCHE
SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE
-.“.--m.--m---
INSTITUT SENEGALAIS DE RECHERCHES
AGRICOLES (I.S.R.A.)
--~--~l-~~.~.*~
i%EIORATO I RE NAT IONAL DC L y ELEVAGE
ET DE RECHERCHES VETER I NA 1 RES
6.
DAKAR-HANN
U N E N O U V E L L E AFSPROCPE D E L ’ A M E L I O R A T I O N
L)ES PRODUCT l ONS AN 1 MALES
t - L E S P R I N C I P E S D E L ’ O U T I L : L A C E T R A
P a r J.P. D E N I S
“Tan-ha@ M o l is Erat.. .‘l
V i r g i l e I’Eineide 1 . 3 3
3
,
./
R E F . N077/ZOOT,
O C T O B R E 1 9 8 4 ,

INTRODUCTION
Le problème du transfert des gonnées de la recherche vers le monde rural
n’est pas nouveau ce qui s’explique par le fait que les r6sulta-ts obtenus
sur le terrain n’ont pas toujours Eté positifs dans le temps. Cette remarque
est particulièrement vraie dans la domaine de l’élevage où Ifévolution,
c’est-
à-dire l’existence de changements notables, apparait comme extrêmement faible.
II en résulte que, bien qusoccupant théoriquement une grande place dans I?éco-
nomi e du pays, l ’ e f f i c a c i t é d e l’élevage est de moins en moins grande, puis-
.
qu’en définitive ii couvre de moins en moins le& besoins des populations : on
importe en effet de plus en p us de viande bovine et de moutons (sur pied
surtout), de plus en plus de
a i t e t d e p r o d u i t s l a i t i e r s .
On peut sq interroger sur les causes de ces difficultés de transferi
efficace
: diaucuns pr6tendent que les recherches réalisées sont inadapt&s,
d’autres que f e “déve I oppement I7 (1). ne tient pas compte des résultats de
recherches quels qu’ils solent. En fait, on remarque bien cette bipolarit6
des organismes tourn$s vers le. monde rura I : recherche et développement sont
quasiment independants,
et en cons6quence il ,n’est pas étrange que l’impact
sur ce monde rural soit faible. Impact faible mais aussi et pourtant, ciGpeil,=
ses considérables, ce qui est un non sens dans un pays aux moyens limit6s
certainement plus utiles si employés différemment. Des essais ont é-t& faits,
visant à rapprocher les frères ennemis, mais sans Ssultats probants car
s’il est possible de se mettre d’accord sur des idées au cours d’une réunion,
il est presque Impossible de réaliser des travaux pratiques communs sur le
terrain tant sont finalement Bioignés les préoccupations, les princ i pes, les
approches.
La seule solution est u n e structure qui regroupe toutes ces activi-k,
c’est-à-dire qui assure la recherche et son application sur le terrain. C’est
cette organisation que nous allons assayer de décrire dans cg document où
0
seront exposés successivement sa dsfinition, sa philosophie, ses principes
et son évolution.
/
. . . . . .
(1) Les soci6tSs de développement.

-2
D E F I N I T I O N
: Cette structure est denommée CETRA c’est-à-dire Cellule dvEncadroment
,tempora i re et de Recherches d1 Accompagnement.

.’
.’
Elle a eté créée au Laboratoire national de IvElevage et de Recherches
I
.

.
vétérinaires de Dakar nour les besoins’ de fonctionnement dYune opération
dvamélioration de la production de lait au Sénégal. Ce &.ont les chercheurs
qui’ sont à I.‘origin.. 9 ‘de cette création ma’is rapidement ils ont fait appel 5
un représentant des structures administrative3 i du pays concernant ie’s produc-
tions animales et un représentant des éleveurs encadrés.
PH 1 LOSOPH I E ET PRJ NC I PES
1 - Approche globalisée des problèmes
.,
--_-
-
Trop souvent, les approches dans le domaine de. ifélevage ont été ponc-
tuel les et insuffisamment foui 1 Iées. Ponctuel les, car, par exemple, on ‘siest, \\
dvabord intéressé aux prob I èmes de pathologie dans les troup&ux, ce qui en
soit ét6i-t fort judicieux car bien évidemment, aucun élevage sérieux ne peut
se réaliser avec des,animaux malades. Cette option a conduit aux campagnes
de vaccination ou de prophylaxie antiparasitaire que nous connaissons.
Les resultats ont ét6 très favorables et certaines maladies ont é-t-6
él iminées, parce que les méthodes ont et-6 bien étudiées, les vaccins efficaces,
l e s h o m m e s s u r le t e r r a i n competents e t devou&.
:
Pourtant, à côté de cette action sanitaire d’irectement appliquée, I ‘SS-
pect alimentaire de IVentretien des animaux n’a pas 6té abordé de la m6ma
‘< façon. Bien sûr des rations ont été étudibes, donc les aliments possibles
o n t é t é i d e n t i f i e s , analyses,‘comparés,
apprQci&s mais toutes ces donnees
n’ont pas atteint les animaux dans les troupeaux faute pour les eventuels
vulgarisateurs d!autres connaissances relatives par exemple à la disponibi-
lité réelle des ailments, à leur prix de revient, aux problèmes de fabrica-
.
tion, de transport, de distribution aux animaux... En fait, il manquait là
des éléments indispensables 2 Ivapplication sur le terrai.!?.
.
.
.
.
/ 1..

- 3
II est donc nécessaire de revoir la'conception trop limitée préc6den-te.
Ce qui existe c'est l'exploitation ; ou le troupeau p car il convient de le
considerer comme un type particulier d'exploitation, la question de savoir
d'un point de vue analytique la dimension et la déflnition de ce troupeau qui
préoccupe tant certains chercheurs semblant secondaire puisqu9ii suffit de
se mettre d'accord sur cette dCSfinition avec le propriktai'ré d&ns un but
pratique : combien d'animaux à nourrir, a vacciner... Cette exploitation donc
doit permettre d\\Gbtenir un certain nombre de produits : du lait, de la
viande, éventuellement des peaux, et... un proflt pour le propriétaire qu'il
soit utilisf5 en autoconsommation ou commercialisé.
L'interrogation de depart essentielle consiste à identifier tous les
facteurs qui interviennent dans la marche de Irexploitation. D'une manière
caricaturale, pour obtenir de la viande et du lait, ii faut que les animaux
mangent, boivcnt,

i
soient sains, se reproduisent. Ce constat ne suffit evidem-
ment pas 'et chacun des points doit être finement analysé mais toujours dans
une perspective pratique.
Une.exploitation ne peut fonctionner indépendamment de son environnement.
Si on prend le cas de la production laitière, les Composante5 de cet
environnement sont les suivantes :
-- l'alimentation
-. la pathologie

- la reproduction
- le

traitement du lait
- sa commercialisation
- son transport avant et.aprèS traitement

- l'assurance des animaux
- le personnel

- le propriétaire
i
- transport des matières premières et des produits finis
- gestion d e I'explcita-tion
- financement (propre, prêts, dons, subventions...).

:
:
.'
.,
/
. . . l . .
.
:
,’
/

- 4
2 - Analyse de lsenvironnemcnt des exploitations
-1 'efficacité de Isencadrement repose sur la necessaire mise 21 la dispo-
sition des animaux de. l'environnement propice à Ivapplication de la total ité
des mesures proposees. En poussant I'analysc un peu plus avant,,on s'aperçoit
quoen fait il existe.deux facettes des facteurs dlenvironnement des animaux :
le.5 facteurs externes et Internes. La précédente liste correspond b celle
-:
des facteurs externes, mais au sein de I~exploitation existent les facteurs
internes de fonctionnement correspondant 3 la plupart des mêmes crlteres
mais vus sous un jour différent. Les exemptes peuvent être les suivants :
- lvalimentation : sur le plan externe il s'agit.in fine de mettre 5 la dis-
position, de s éleveurs des rations alimentaires d'un certain type et d'un
certain prix. Le sac d?allment livre *? la ferme est le fruit d'une longue
chaine de problèmes 2 riisoudre quj peuvent être schetnatisés comme IllustrG

à la figurv nQ1.
Chacune des "actions élémentaires" de la chaine constitue un'stade de reso-
lution nécessaire dans la maitrise de l'environnement alimentaire de Itex-
ploitation. E?ien entendu, ii ne s'agit pas ici, sauf dans le domaine du
calcul de la ration, de recherche, mais plutôt d'une mise en ordre des
différents problèmes et dFune organisation des differents facteurs avec
pour unique but la satisfaction des besoins de Vanimal

- sur le plan interne, une ,fois le sac d'aliment arrivé 3 la porte de I'ex-
ploitation, encore faut-il lautiliser de facon correcte : la distribution
doit-elle être réaliseo en 2 fois dans la journee ? Quelle quanti-l-e doit-

on donner en fonction de iîétat physiologique de la femelle (tarie, lac-~
tante, en gestation.,, 1. Lvaliment se conserve-t-il et combien de temps ?
Doit-on le compléter ou non ? Les questions sont nombreuses mais re}knt
toutes d'abord d'une information bien élaborée par Igencadrement et ensuite
transmise au responsable du troupeau, Dans le cas présent, ces facteurs
internes se contondent donc avec la formation 21 donner aux eleveurs mais
_
le terme un peu vague.de formation trouve, dans cette vision, son contenu
utile
.a
:.
- la pathologie : sur le plan externe, il est necesssire de prévoir une phar-
macie vétérinaire bien achalandée et des hommes compétents pour réaliser
des diagnostics précis ct des traitements appropriés sur les plans purement
pathologtque et éccnomique
*.. /
. . .

. .
- 3
- sur le p Ian interne, si I ‘encadrement se charge d?assurer la prévent’icn
et le traitement des diffet-entes maladies qui surviennent, c’est bien au
niveau de l’exploitation que la surveillance doit être attentive. Par
exemple ta quantité de lait produite par un animal journalièrement est en
,grande partie tributaire do son &Fat de santé. La moindre diminution de
production doit Gtre considerée comme un signe inquiétant. Cn fait, dYune
manière plus générale, les bergers doivent savoir reconnaître un %tat
possible de maladie” chez
‘animal et aviser immédiatement le responsable
t r a i t a n t .
I i conv ient de remarquer a ce stade l’apparition d’une médecine qui cesse
d’être purement prophylact que comme dans le cas des élevages extensifs
( l e s s o i n s i n d i v iduels y sont malheureusement souvent rares) pour devenir
une medecine ind i v i d u e l l e c u r a t i v e , c a r 19individu e n slevage i n t e n s i f
IaltIer acquiert une personnalIté.6conomique
importante
‘.
“.
-‘la reproduction : sur le plan externe, il est nécessaire
.
d ’ o r g a n i s e r 1;:
conservation de la semence et de disposer d’agents insem i nateurs comp6tents
- sur le plan interne : le berger doit savoir reconnaître
es signes de cha-
leurs même discrets le plus rapidement possible. Dans lq exploitation, wtt9
dernière remarque peut imposer la prksence d!un moyen de locomotion, une
bicyclette par exemple.
D’une manière génerale,
il faut aller jusqu’au bout de la chatne on
amont et en aval des consoquence ou des tenants d’une action proposée, c’est-
a-dire la presque infinité dos actions élémentaires obscures, modestes, mais
qui peuvent arrêter le mksnisme d’ensemble si elles ne sont pas réalisees.
3- Le problème de l’identification des contraintcs et lYaction
Lvun des principes directeurs de cette approche est l’action, car il
nous semble que desorrnais il est temps d’agir, de creer, dventreprendre. II
est peut-être bon de méditer ce passage d’Alain !‘la paresse consiste à d6li-
bérer sans fin, car, quand on réf Ikhit, tous les possibles sont équivalents.
I I faut donc savoir se tromper, savoir tomber et ne pas s’en étonner.. .09 et
d’en conclure qu’il faut donc agir, I es cowld i 3jw-kw= actue I 1 es pouvant por-
mettre de se tromper le moins possible. Cependant, si un problème aPr--it
/
..e

a..

- 6
Figure na1
: La chalne alimentaire (exemple d'analyse des probl6mes)
Sous-produits
Cu.ltures
agro-industriels
f,out-rageres
--l---I
l
identification
Identification
Identification
-
-
-
l
I
-
Mobilisation
Gobi I isation
Etude et developpement
(problèmes des
(concurrence
des plantes utilisa-
util Isations
homme-animai
bles (ncrmes tcchni-
alternatives
dans le cas
ques, coût...)
des céréa,es)
-
-
l
T
-
/
-
-
Formes dtutilisation- I
1
Prix
I
1
II_/
Problëmes de
transport
Calcul de la ration (en fonc-
tion desbesoins des animaux,
,des prix, des disponibles.,.)
Combinaison des différentes
sources

7------
Fabrication des
a! iments
I-
-.-ii-l--.--
Transport et
livraison
-
-
Exploitation
l

. . . 7
et C’est prGbab le, il constituera la trame des thèmes de travail de la
recherche, thèmes qui seront donc parfaitement adaptes aux besoins exprimes
mais qui, en fonction de leur possible contenu scientifique, pourront Pi-w
plus ou moins d&eloppés.
Ces réflexions nécessitent que soient exam in6es 2 importantes quest i on5 :
3.1 - L’identification des contraintes n’est ququne partie infime du
travail ZI réaliser pour améliorer les productions animales. 11
s*agit d’un premier stade, certes nécessa i t-e mai s trop souvent les
opérations de recherches sgarrêtent à ce niveau et un foisonnement
de recommandations sert de conclusion.
3 . 2 - Mais, et c’est le plus grave, ces recommandations préconisent des
6vsntuelles solutions aux contraintes actuelles de l’élevage. On
doit pourtant s7apercevolr, que dans une perspective globale, IV5 e-
vage dans s es structures presentes ne peut plus répondre aux besoi ns
de la populatIonO
II doit donc évoluer et ce sont les contraintes à
son évolution (toutes) qui doivent être levées. II n’est bien ente n-
du pas question d! imposer une quelconque îVvoIe royale” et obl iga.-
toire mais de rechercher dans la masse des solutions possibfos
celles qui sont progressivement applicables. Mais encore ici, il
ne faut pas rechercher n’ importe comment, une méthodologie particu-
lière d’approche adaptée doit être propos&e (4).
4 - Différents types dPexploi4ations et modaIit6s d”lntervention
- - .
-_
Les autorités sénggalaises, dans un premier temps, ont pensé que lPamG-
lioration de la production laitière pour la consommation de la ville dc: Dakar
reposait sur la mise en plat e de très grosses exploitations de production
inténsive. Ceest pour apprécier les capacités d’adaptation de -la race montbé-
I larde, d’abord, que fût donc coriçu le projet de Stingal kam. Après 5 ‘années
dsobservations,
il a été decidé de sortir les animaux dans des exploitations
privées. Mais l’analyse des différents problèmes de la production laitière
a conduit à distinguer 3 types d’exploitations :
.Y.
/
l . .

-- 8
- les premières (A) sont dz taille moyenne, uniquement habitées par des ani-
maux importés (Montébfiards et Pakistanais), car le proprietaire, fcnction-
r-taire, medecin,
retraité, homme d'affaires ne poss&de.pas de troupeau ini-
tiai. Son étable est mc:nGe par un berger qu?il rémunerB, et qui a la respon-
sabilitb journalière de IF1?xpIoitation
=' les secondes (6) appartiennent 2 des paysans, modestes 3 tr&s modestes,
qui disposent déjà d'Ln troupeau traditionnel. Dans un premier temps, ils
ne reçoivent que des animaux pakistanais
- enfin, Iss dernières sxploitations (CI sont de grandus dimensions et cor-
respondent à celles prévues au départ,
Four le moment, seuls les 2 premiers types ont vu le jour (A et Fi) et
se différencient par la plus ou moins grande intensification de l'exploita-
tion. II est important de préciser ~texpIoitation"i

car pour l'animal, les
prestations sont absolument identiques. Las exploitations de type A sont
d'emblées
intensives pour la totatité du cheptel. Au contraire, dans le type
:B, l'intensification de Igaxploitation
wl- beaucoup plus progressive, En uf-
fet, les animaux mis 5 la risposition des paysans ont d'abord un r5le de
.démonstration. LYenvironnsment 3tant bien maîtrise, Io paysan dispose dc la
toi-alite des intrants pouvant lui permettre d'obtenir la productivit6 maxia-
mate de ces animaux. Cqest Ic paysan qui, d> ses propres mains, recolle le
lait:après avoir distribu< les quanti-t-es convenables dçalimonts et d'eau<
après avoir assuré les soins indispensables. II peut ainsi mesurer Iui-
même le rapport entre ce typ-(1 dsentretien et une production plus importante.

C'est à partir de cette sHuation que peut se développer te processus dYin-
tensification
d'autres animaux de l'exploitation. Comme il a 3-é dit PIUS
haut, I.e chem inemcnt de IYintensification doit être raisonne, progressif
"ne serait-ce

que parce qu?apprendre,
c'est souvent reinventer" (3).
Dans cet optique,' le paysan
doit petit 6 petit introduire dans la par-
tie intensive de son exploitation les femelles de son troupeau traditionnel
qui en valent la peine sur le plan laitier. Les autres animaux, en commentant
par les plus vieux, .1es plus improductifs, doivent Gtre psu' 5 peu Qlimines,
A la fin de ce processus, 10 paysan doit' donc se retrouver avec une exploita-
tion intensive uniquomsnt.

Cette évolution n'est pas contraire'2 I~évolution
/
l 00 . . .

prévisible à moyen terme pour le troupeau, dans les conditions actuelles,
puisque les terres échappent de plus en plus aux petits exploitants. Ces
mesures permettent d’essayer de tirer le meilleur profit de cette tendance
en conservant les animaux les plus Intéressants. Cette position bien entendu
ne doit pas faire penser que ce mouvement dans I’attr?bution ne devrait pas
être stoppé et à cet égard nous pensons quIune limite de 5 à 10 ha de la
surface des terrains alloués serait indiscutablement justifibe.
En conclusion donc, les interventions doivent être fonction au moins de
la forme de départ des exploitations.
5 - La CETRA et les éleveurs
Une des idées de base est qu’il ne do it pas exister de relations hiérar-
chiques structurelle,c entre les éleveurs e t I lencadrement, en d’autres termes
il y a indépendance entre les 2 structures
La CETRA est un catalyseur de situations nouvelles ou vues diun point
de vue différent, un conseiller pour toutes les questions possibles, un sti-
mulant, mais jamais une structure de direction, elle ne prendra pas une
décision à la place d’un eleveur, quel que soit son statut.
Et pourtant il faut bien que le transfert des connaissances se fasse
entre membres de la ce,llule et les éleveurs.
I c i t r o i s polntssont 2 e x a m i n e r :
5 . 1 - La composition de la CETRA
El le n’est pas figée, mais elle a cependant 3 cléments de base :
- les chercheurs, dans le cas present ceux du Laboratoire de lIElevage. En
principe ce sont ceux plus particulièrement impliqués dans I’opOration S
savoir le service de Zootechnie, maitre d’oeuvre, les services d’Alimenta-
tion et des Cultures fourragères (Ministère de la Recherche scientifique
et technique) ;
- un représentant de 190rganisme administratif officiel chargé du développe-
ment des productions animales tf-rirection de la Sante et des Productions
animales du Ministère du Developpement rural) ;
..* /
. . .

-‘” 10
- un repr&.entant du groupement des eleveurs (groupement d'in-terîit konomique),
ce personnage revêtant' une très grande importance‘car participant des 12
*
debut à le totalité des decisions relatives au fonctionnement de 190péra-
tlon.
En plus de cè,,groupe de pot-sonnes, il peut être fait, en cas de beSGin;
appel à des specialistes de i-et ou tel problème : sociologue, Économiste,
maraicher, arboriculture, amenagiste,'etc...
Lïimportant est que les spkia-,
listes en question n'alent pas de contact direct avec les eleveurs en dehors
de la cellule, il est necessaire qu'il en soit ainsi pour éviter la rnultisli-
cation des interlocuteurs et surtout des méthodes d7approche.
5.2 - Le dispositif relationnel entre la cellule et les éleveurs
-
-
La figure no2 montre, et c'est là un de ses caractères originaux, qu:il
est évolutif et que'3 stades ou mieux 3 etats peuvent être distingues :
- nO1. Au départ, la cellule prend en charge la recherche des solutions
visant à la maitrise des differents facteurs externes d'une part p et la
formation des bergers et des propriétaires (facteurs internes). Les ele-

veurs ne sont pas encore regroupes d'une manière formelle, mais ils sont
cependant associés aux dkisions, à l'examen des problèmes par

e biais
de leur representant. Celui-ci ne sert pas de support de transfert mais
s'initie au contact des autres membres du groupe de travail de la cellule
- n"2. Le groupement des Qleveurs prend une structure plus formalisee
COPLAIT par exemple) et surtout prend en charge progressivement la gestion
des facteurs
externes pour lesquels des solutions satisfaisantes ont et-6
trouvées (le processus nvempêche pas qulelle soient améliorées ultérieure-
ment). L'intervention de la CE-IRA dans cet Qtat ne se fait quFZ travers
COPLAIT ou plutôt son bureau directeur. Par contre, pour les facteurs

internes, la liaison passe en partie encore directement
- n"3.‘Tout d'abord, II n'y a plus de liaison directe entre I'eleveur et la
CETRA, ensuite, il ne s'agit plus que do transfert dcinformation, reçue,
appréciée,

selectionnée par la.COPLAIT pour ses adhérents.
Evidemment, du début à la situation finale, il doit s'agir'd'une évolu-
tion continue dans son ensemble, les sauts de changement de responsabilil-6
(par exemple prise en charge de la gestion des commandes de médicaments)
etant ponctuels et bien definis,

- 11
Figure no2 : Evolution des relations CETRA - Eleveurs
G Facteurs
Etat na1
externes
--r---
l!l
-
Exploitation
LA
I
-1
1 CETRA
> Format;on
1
Facteurs
internes
Etat no2
I COPLAIT .
-...=~~3,
Facteurs
----7r--
externes
II_----,
‘1
‘,
I
A_
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CETRA
Format i ai-i
ExploitsSion
I
Facteurs
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Etat no3
-
-
-
-
-
1 CETRA [-------j 1 'nfo,;ion
_ ':
Facteur-s
e x t e r n e s
------Ï-
,tj
-e
Exploitation
Fwteurs
>
internes

5.3 - Les rencontres entre CETRA et éleveurs
.-
5
Un certain nombre de rencontres sont prevues entre les éleveurs et leur
personnel éventuel et la CETRA. Elles revêtent plusieurs formes et reptisent
sur un choix deliberé de communication interactive.
5.3.1 - Les rbunions
A - Des réunions mensuelles ont li.eu, durant Issqueiles
-
-
sont examines les problemes genéraux et des dkisions d'assemblée plénièra
prises. Au cours de ces réunions, peuvent être invitees des personnalites

extérieures reconnues pour leurs compétences particulier-es. A ce sujet, il
est bon de remarquer que certains signes proxemiques ou spatiaux sont pris
en compte, à savoir quPintsntlonnellement

encadremont et éleveurs sont rn&iGs
de maniere à illustrer le sens de la collaboration intime entre les deux
groupes (c'est un exemple),
B -' @s réunions à pêriodicité souple-sont organisees dans
le but d'examiner un probl&me technique ou économique bien particulier : ;Jsr
exemple l'hygiene de la traite, la gestion financiere de'l'exploitation...
Sur le plan technique, elles s'adressent p
I u
s p artitulierement aux bergers en
contact direct avec 10s animaux, mais sont fortement conseillées aux proprie-
taires dont l'initiation, du moins dans les principes, est aussi necesseire.

C- Reunions propres aux éltiveurs.
Les éleveurs peuvent avoir, entre eux, des réunions sur les problèmes
qui les pr6occupûnt : I"encadremont peut y être convié ou non.
5.3.2 - Les diagnostics techniques d'exploitations (DTE)
Lsencadrement, plus psrticulierement dans les exploitations dans
lesquelles existent des difficultés, peut être amen6 à effectuer un DTE,
c9est-à-dire au cours d'une visite bien préparée 6 Ifavance, examiner en
detail avec le propriétaire et les bergers les problèmes e-t les solutions

immêdiafs possibles, A la suite de cette visite, un compte rendu est réalisé
et remis à l'éleveur. Cette m&i-hode tient ainsi compte des specificités de
I 'expioitation,
de la personnalité des participants, de leurs motivations,
critiques et difficuli-6s particulières.
..r /
. . .

- 13
5.3.3 - Les bul letins de I'ialson
ils rapportent tes débats des differentes assemblées et réunions, font
atat des nouvelles fiches techniques, des solutions a des problèmes particu-
liers dignes d'être génkalis~es,.. Ces bulletins son-t ouverts non'séu'Ièment
à la CETRA mais aussi B tout Eleveur qui le juge utile.
6 - La CETRA et ses qua1 il%
Pour que le dispositif dfencadrement puisse pleinement jouer son rôle,
il doit répondre 2 une certain nombre de caract&ristiques qui vont être
successivement examinées.
6.1 - _L'encadrement doit être compétent_
En effet, très souvent, les problèmes dgineffIcacité reconnue de cer-
taines sociétés de développement résident dans la comp4tence pour le moins
approximative des agents vutgarisatours au contact des paysans. Ils sont en
géneral au bas de la hierarchie ("encadreurs de base"); leur formation est
insuffisante quvil s'agisse de celle de départ ou de celle acquise dans iu
soci&té, et iIs ne disposent pas d'un cadre conceptuel capable de hiérarchiser
et d'organiser leurs interventions. Ils ne sont donc que des vecteurs de
l'information "descendante" c-t très souvent les "encadr6s" après les avoir
“p i égésis un certain nombre: de fois sur des erreurs ou plus souvent sur urie
incapacité à expliquerde façon cohérente le llpourquoif'
d'une action,proposGe,
ne les écoutent plus, ou s'ils les écoutent, n'appliquent pas ce qui est
proposé.
II importe donc que les agents d'encadrement soient :Je haut niveau tech-
nique et bien formes. Ce fait a dPailleur s8 une conséquence psychologique
inattendue mais très fructueuse : en effet, ces agents sont capables sur le
terrain d'avouer leur ignorance à résoudre rapidement sur place tel ou tel
.
problème. LMÏ réponses peuvent ainsi être étudi&es, discutees, mut-les 6t
mises en forme pour servir 3 la totalijé des éleveurs encadrés.

.
0.2 - Les effectifs
-
Les effectifs de 17encadrement doivent être raisonnab I ement Ijmit2s.
II est d'abord difficile d!avoir des agents de haut' niveau trop ncmbreux sur
un même projet, ensuite il est bon que le nombre des inter locuteurs des
exploitants ne soit pas excessif pGur éviter une certaine jdispersion du ca9 i-
tal de confiance et d8intérâ-l- de I!encadrement.
Cette option a 2 consiSquences sur la suquence hiérarchique. On doit ic i
distinguer : , d'une part son envergure, c'est-j-dire à un niveau hiérarchi-
que donné le nombre d'agents de même activlt6.

Elle sera fonction des bescins
réels et donc ajust6e ;
. d'autre part sa profondeur, cfest-a-dire
le nombre de niveaux
iérarchiques,
Là aussi elle sara la plu,- faible possibl ep la conscquence
irecte étant une grande cohkion de Isencadrement dans le temps et dans
'espace. Dans cet esprit, 10s relaxions informelles uti les entre les membres
sont plus f3ciies et plus frQuentes. De plus, sur le plan formel, il est
ainsi plus aisé de tenir par exemple une kunion hebdomadaire au cours de
laquelle des décisions fermes peuvent être prises.
6.3 - Remise en question des idées et des actions
La CETRA doit être tr&s owerte à la critique construct i ve, mais dans
un souci dPefficacit6 pratique elle ne peut tenir compte des pktitions de
principe. Elie doit être ennemie de I a routine si celle-ci doit progressive-.

ment conduire à la cécitb devant les problèmes.
6.4 - Les intensi-tk dPintervention
-
-
-
Dans tout processus de développement, tous les indivi.dus
ne peuvent pas
évoluer de Ic? mt%w facon et avec la même vitesse dans 15 sens de I'améliora-
tion de la production choisie. CIest ainsi que les 6lcveurs les p4us dynsmi-
=
ques, les plus efficaces dsvicnnent plus oxigea,nts 2 tous les points de vue
et ont tendance eux-mjmes 2, consid&sr ceux qui fonctionnônt moins bien comme

i
des poids morts quvil peut devenir nécessaire d'éliminer purement et simple-
ment. Pour l'encadrement, il convient de no pas tomber dans ce piège qui a


les attraits de la facilite et ds la bonne conscience. En effet, cela Bqui-
vaudrait à cultiver une 6litisme qui serait contraire au but fixe, cfest-à-
dire l'implantation dVune production (par exemple laitière) dont Is impact
doit être de plus en plus sensible dans lV6ccnomie au pays ; sans bien entendu

tomber dans lrexces inverse qui consisterait à faire appliquer à tous une
spkulai-ion unique sans tenir compta d=-
ti3 goûts et des capacités individuelles.
II s'agit donc pour l'encadrement de moduler ses interventions au mieux
de I'efficacite globale en portant la ?~US grande attention 6 ceux qui trtibu-.
chent, qui ne peuvent résoudre leurs difficultés (de quelque crdre que ce
soit), qui délaissent, qui se decouragent,
car là est le problème ("hic
Jacet lepus"). Biw entendu tout ceciy!G?lappIique qu'aux exploitants fermement
décidés à faire quelque chose de positif.
Une conséquence de cette attitude est que Ifencadrement ne doit pas
critiquer, dans le sens du jugement de valeur, le fonctionnement dlune explci-
tation et se contenter d'un constat d'échec. La raison de certaines difficul-m
t&s tenant souvent au fait que l'encadrement a tendance à ne pas Cire assez

explicatif et assez détail16 car pensant 3 tort que beaucoup d'idées sont
acquises. Si entre deux ind.ividus
de même niveau la compr5hension peut st!
faire & demi mot, c'est-à-dire que les "attentes" sont tres importantes., ii
n'en est pas de meme entre des personnes de niveaux (technique et %uItut-el"
au sens large) différents p puisque la nature des attentes est fonction du
champ d'expérience de chacun.

Il faut donc recommsncer
à expliquer, mais aussi Qlargir le champ explicatif.
7- La CETRA est un outil de recherche:
La cellule est un outil de rechercha très privilégik dont le champ
d'action est triple.
7.1 - Les donn6es scientifiques issues de l'observation
Un réseau dense d'informations est mis en place et g&-G par la cellule.
Ce rkeau porte sur les données techniques (performances laitières, de rept-o-
duction, morbidité et mortalite... ) économiques (bilan des exploitations,
prix de revient, influence des facteurs de changement...) sociologiques

(Iféleveur et son troupeau traditionnel, le rôle de la femme, le propri&tairo
et I'employ6...).
. ../...

- 10
Toutes ces données collectQes peuvent servir à prévoir des productions,
;
des mises en jeu financibres (crbdit agricole) et peuvent donc être dz outils
utiles de planification.
7.2 - L'amelioraticn des techniques appliquées
-..-11.
.-*-*
Les sclutions propostks
peuvent devenir obsol&tes compte tenu des wu-
velles connaissances et de l $4volution propre de la filiere de production.
Il convient donc de perfectionner sans cesse pour rendre les rksultats les
plus proches possibles de la 'lperfectionqi..
7.3 - La prise en compte des problemes et des difficultés
---.
-
-
-
L'encadrement doit être -l-r& attentif aux problemes qui SC? posent et
savoir reccnnaltre (identification) une carence dans les connaissances
actuelles techniques, sociales et economiques (par exemple dans le cas de la

production laitigre,
les prcblèmes de maitriso de la reproduction). II dc;it
être capable de programmer et de suivre des recherches dfaccompagnement en
s'entourant de toutes les ccmp6tences necessaires. En agissant ainsi, l+sc.
difficultés r&lles dans le développement des productions animales constitu..nt
bien la substance des travaux de recherche r6alises.


- 17
Cc)NCLUSION
La cellule d?Encadrement Temporaire et de Recherchas d'Accompagnemenl
(CETRAI nous semble pouvoir repondre correctement aux problemes posés par
l'amélioration des productions animales. Son met-ii-e est d9être appliquée sur
le terrain depuis maintenant deux années avec semble-t-il un certain SUC&S

dans le cadre de la pr~iducticn laitière. La demarche est Evidemment utilisa-
ble dans d'autres spéculations : il est en particulirr prevu de creer une
CETRAOVIN travaillant de concert avec un graupoment de producteurs de viande
ovine en intensif (COPOVIN~ dans un avenir proche.
RESUME
La cellule dvEncadrement Temporaire et de Recherches d'Accompagnemen-t
est chargee d9assurer un "passage protegBY des informations disponibles dans
Iti domalne de Ifélevage vers le monde rural. Le présent document donne une
analyse de la philosophie et des princ ipes qui la regissent 2 savoir une
approche globalisée des prob Ièmes, une analyse de Ipenvironnsment des exploi--,

tations,
la mise en pratique dc>2 I"'actionl',
une approche adaptée des diffe-
rents types d?exploitai-ions,
des relations bien adaptées avec les Eleveurs
faisant intervenir de nombreuses rencontres et discussicns. Cette cellule
doit être competente, dPeffectif raisonnable, ouverte à la discussion et

aux critiques construc-tlves ; elle est on outre un instrument de recherche
privilbgih dans le domaine des productions animales.

/
/

DOCUMENTS CONSULTES
-1_
.
I
1 - ANONYME - Ouvrage collectif sous la direction de THOMAS (L.V.). Prcspcc-
tive.du développement en Afrique Noire, Un sc$naric.
: Ic Senégsl..
Editions
complexe, 1978.
2 - ANONYME - Formation des agriculteurs et apprentissage de la décision.
Actes de la journée d'etude du 21.01.81 ENSSAA, INPSA, INRA, INRA,P. Dijon,
1981.
3 - COUTY (Ph.1 =- Le temps, I'hisicire et le planificateur Cah. ORSTOM.Sci.
Hum.Vcl. XVIII n"2, 1981-82 : 261-OtjQ
4 '- 'DENIS (J.P.1 - Hierarchisation des interventions en matière dsaméliorg-
tien de l'élevage (A paraitre).
5 - KEPFENER (J.N,) v-v Les chemins de la persuasion. Le mode d'influente des
médias et de la publicite sur les comportements. GAUTIER-VILLARS, 1978.
6 - KOESTLER' (A.1
- Le cheval dans la locomotive. CALMANN-LEVY, 1971.
7 - LENOIR (R.1 - Le Tiers Monde peut se nourrir. Rapport au Club de Rome
FAYARD, 1984.'
8 - MALASSIS (L.1
- Agriculture et processus de développement. Essai
d'orientation pédagogique. UNESCO - Paris, 1973.