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LES AFFECTIONS PARASITAIRES
Les vecteurs
par P,C.MOREL
Laboratoire Central de lIElevage
"Georges Curasson"
Dakar-Hann

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*
?
LES AFFECTIONS PARASITAIRES
Les vecteurs
I- PROTOZOOSES
Les protozoaires pathogènes sont extrêmement abondants en
milieu inter-tropical. L'importance nosologique et économique des affec-
tions qu'ils déterminent est très variable selon l'espèce en cause. De
plus, l'étude de cette pathologie pose des problèmes particuliers tou-
chant la formation des chercheurs et les techniques utilisées. Si on met
à part le domaine des trypanosomoses (11, les protozooses des animaux
domestiques n'ont jamais fait l'objet, en A.O.F., de recherches systé-
matiques. On ne pourra donc pas faire état dans ce domaine des études
passées. Les projets de recherches ne s'appliqueront qu'à quelques unes
de ces protozooses, parmi les plus curieuses ou les plus importantes.
COCCIDIOSES
Incidence
Les coccidioses les plus graves se rencontrent chez les rumi-
nants et les volailles. On les trouve dans toutes les régions d'A.0.F.
L'absence d'un vecteur ne conditionne pas leur extension. Seule importe
la présence d'un milieu favorable au développement des oocystes pendant
les jours qui suivent leur rejet dans la nature avec le contenu intesti-
nal, afin de permettre leur maturation avant d'être ingérés à nouveau
par un autre vertébré réceptif. Les espèces responsables sont nombreuses
mais n'ont pas été recer saes. En fait, si l'identité des plus pathogènes
a été reconnue (elles sont également cosmopolites), on ne sait rien des
espèces secondaires qui, d'une virulence variable dans les infections
pures, et souvent à peine pathogènes, voient leurs effets aggravés dans
les infections multiples en raison des lésions provoquées simultanément
tout au long du tractus intestinal.
Dans le cas des coccidioses bovines, l'affection peut apparaî-
tre spontanément ou pour une cause secondaire, à l'occasion de toute
maladie intcrcurrente, notamment la peste bovine, ce qui aggrave consi-
dérablement les symptômes intestinaux de cette dernière.
Les coccidioses aviaires, h la maturation extrêmement rapide
dans le fumier des poulaillers sous les climats chauds, sont le danger
permanent des élevages de volailles, que l’on ne peut mener à bien sans
des mesures de prophylaxie très rigoureuses, sans que pour cela les mé-
thodes hygiéniques ou la chimioprophylaxie puissent donner entière sa-
f
tisfaction.
.
. . / 0..
-------------------------------------------------------------------------
(1) Traitees sous la rubrique "PANZOOTIES1'.

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.
Recherches à entreprendre
Il conviendrait en premier lieu d'identifier les espèces de
coccidies, en ayant soin de bien déterminer leur lieu d,élection et
l'importance des lésions causées, afin d'avoir une idée juste des syner-
gies pathogènes lors des infections par plusieurs espèces.
Il serait très important d'autre part d'établir les facteurs
conditionnant la pathogénie de ces affections, en rapport avec d'autres
maladies intercurrentes, des infestations par dds helminthes ou des
.
carences alimentaires.
On ne saurait établir des plans de prophylaxie raisonnables
sans connaître les conditions de maturation des oocystes aux températu-
res enregistrées dans divers points de l,A.O.F., en liaison avec les
hygrométries concomitantes.
Les essais sur les médicaments nouveaux doivent être poursui-
vis.
PIROPLASMOSES
Incidence
Des agents de pisoplasmoses au sens large sont couramment
rencontrés sur les animaux domestiques d'A.O.F., tels que Piroplasma
Anaplasma marginale et Gonderia mutans des bovins
r%!???%.besia motasi), Babesiella ovis, Anaplasma ovis, Gond~k?%?s"
desovins et caprins, RuttaIKa equi des équins. Les manifestations pa-
thologiques de ce parasitisme paraissent cependant moins courantes que
dans d'autres régions du monde où ces espèces ont été signalées. Il faut
dire en effet que leur présence a été surtout confirmée par L'inte??rné-
diaire des splénectomies qui , partout où elles ont été pratiquées sur
des ruminants, ont révélé les piroplasmes sus-nommés*
Les formes pathologiques ne se manifestent que d'une manière
accidentelle, lors de maladies intcrcurrentes
ou de certaines vaccina-
tions (contre le charbon, la peste bovine etc..); les sorties de parasi-
tes intéressent surtout Piroplasma bigeminum et Anaplasma marginale chez
les bovins, Piroplasma ovis chez les ovins; la piroplasmose ou l'anaplas-
mose, aiguë ou chronique, p eut atteindre tout un effectif, mais la mor-
talité est très variable,, Lorsque le diagnostic est posé, les traitements
appropriés se révèlent efficaces. La plupart du temps l'affection se
présente sporadiquement, sans que le clinicien ait l'occasion d'examiner
le malade; le diagnostic est alors fait sur l'examen des frottis d'orga-
nes effectués lors de l'autopsie.
L'incidence économique des piroplasmoses ne peut pas, à l'heure
actuelle, être estimée exactement en ce qui concerne 1'A.O.F. Les para-
sites responsables doivent en principe être présents sur tout le terri-
toire; les résultats des splénectomies le prouvent, ainsi que la répar-
tition des tiques vcctrices (qui est de son côté bien connue). Ce que
..O /
.."

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l'on ignore, par contre, c'est le pourcentage de mortalité chez les
jeunes de moins d'un an, ainsi que la cause exacte de bien des décès
isolés de sujets adultes, relevant peut-être des piroplasmoses, mais
dont le diagnostic n'est jamais fait, car les affections ne présentant
pas un caractère enzootique net inquietent peu le propriétaire qui ne
recherche pas, pour de tels cas, les soins du Service de 1'Elevage. Il
est fort possible qu'après enquête on puisse reconnaître aux piroplas-
moses une grande part dans la mortalité des jeunes, en relation avec
les infections contractées à la suite des premières piqûres par les
tiques; il pourrait en être de même pour la léthalité mal élucidée des
animaux adultes.
Recherches à entreprendre
a) identification des parasites rencontrés, car il doit s'en
trouver d'autres que ceux que nous avons cités; il s'agirait par exemple
de préciser la nature et la répartition de la Babesiella sp. (B,bovis ?>
signalée de temps à autre de divers points d'A.O,F., de s'assurer que
Piroplasma caballi n'est pas présent, à côté de XTuttaUia equi, chez le
cheval, de reconnaitre les espèces parasites du pcrc. Du point de vue
de l'incidence géographique, le problème est simple, car chaque piroplas-
me doit se trouver très probablement sur toute la surface de coïncidence
des aires d'extension de l'hôte et du vecteur.
b) étude épidémiologique, avec établissement de la gravité de
l'infection soit chez les jeunes (cas de la primo-infection) soit chez
les adultes (avec mise en évidence des causes occasionnelles de la mala-
die : vaccinations,
affections intercurrentes, perturbations météorolo-
giques, etc..,),
c) étude étiologique , par découverte des vecteurs effectifs,
ou confirmation des cycles pour les vecteurs déjà reconnus responsables
en d'autres régions (gar exemple en Afrique orientale ou australe, où
la plupart de ces cycles ont été mis en évidence, en ce qui concerne les
tiques africaines). Ces travaux seront entrepris d'ailleurs en relation
avec les résultats des enquêtes sur la répartition des tiques et les
données de leur biologie dans la région où s'effectuent ces recherches.
d) étude de la pathogénie des piroplasmoses, eu égard aux
faits acquis par les chcrchcurs d'autres territoires, notamment le
Maghreb (école d'Alger) et 1'Afriquc du sud (école d'0ndcrstepoort).
Dans ces pays en effet les piroplasmoses au sens large constituent un
obstacle majeur à l'élevage. Il faut dire tout d'abord que certaines
espèces très pathogènes y sont présentes, qui n'ont pas encore été
retrouvées jusqu'à ce jour cn A.O.F,;
ce sont Thcilcria parva (agent de
l'East toast fever) et Gonderia annulata (agent de la theilériose médi-
terranéenne et iranienne), Comment expliquer d'autre part que les affec-
tions bovines à Piroplasma bigeminum etJnaplasma marginale soient gra-
ves au Maghreb et en Afrique australe, et apparemment moins en A.O.F. ?
Il semble que l'on puisse proposer plusieurs solutions, qui pourraient
fournir l'occasion de recherches :
..* f . . .

II?
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t
1) il existe un élevage amélioré en Afrique du sud et au Maghreb,
et il n'en existe pas en A.O,F, jusqu'à présent. Dans le premier cas,
les piroplasmoscs se révèlent graves chez les bovins européens importés
ou le bétail local sélectionné, tous animaux élevés dans des conditions
particulières,
tandis que le bétail autochtone, qui n'est l'objet d'au-
cunes mesures spéciales, manifeste une moindre sensibilité. Dans le
second cas, celui de l'A.O.F.,
il n'existe qu'un élevage non amélioré,
pratiqué par les propriétaires locaux. Ainsi les différences apparentes
dans les comportements des piroplasmes suivant les pays disparaissent
lorsqu'on prend soin de préciser la qualité du bétail en cause, Tout
ceci reste cependant à confirmer.
2) Les notions acquises sur la prémunition dans les maladies à
protozoaires devraient servis à éclaircir le problème, à la lumière de
ce qu'on sait sur la biologie des theiléries, telle qu'elle ressort des
études faites à Alger, en Iran, en Israel ou en Afrique orientale et
australe, notamment dans la mise au point d'une méthode de prémunition
artificielle par des souches atténuées, Il s'agira de déterminer les
conditions de la primo-infection des jeunes par les piroplasmes, anaplas-
mes et theiléries, qui doit se traduire soit par de la mortalité, soit
par l'installation d'un état de prémunition. Il ne pourra s'agir d'im-
,
munité veritable, puisque les splénectomies révèlent la persistance du
parasite chez les sujets guéris.
3) Etude de la pathogénicité réelle de Gondcria mutans qui, dans
certaines affections fébriles, a été trouvée en grande abondance. Le
bétail de 1'A.O.F. semble particulièrement utilisable pour un tel trr-
vail,
~8x1 il n'héberge pas les autres theilérics (jusqu'à preuve du
contraire) o
Infusoires parasites du tractus digestif
Les flagellés et ciliés de l'intestin et du rumen des herbi-
vores interviennent, au mc^me titre que les bactéries, dans le métabolis-
me des aliments. Si des recherches de physiologie mettent en évidence
des aptitudes particulières du bétail africain à l'assimilation de subs-
tances difficilement digestes, telles que la cellulose (ou même la
lignine, que digèrent les flagellés des termites), il serait important
de s'assurer que cette aptitude ne tient pas à une activité particulière
de la faune intestinale, avant de l'attribuer aux dégradations bacté-
riennes ou à des possibilités accrues des secrétions digestives des
races bovines locales.
II - HELMINTHOSES
Incidence
Les ouvrages ou publications traitant des helminthes et de
leur importance dans la pnthologic des animaux domestiques d'A,O.F. sont
très peu nombreux. Les plus importants sont ceux de PECAUD (1912), de
JOYEUX, GENDRE et BAER (7928).
. . /
. . . .
- ancylistomosc
canine
- échinococcose des herbivores
- ascaridioses aviaires

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Aucun travail d'ensemble n'a été entrepris sur le sujet, soit
du point de vue de l'inventaire exact de la faune parasitaire, de sa
répartition géographique (qui très certainement entre dans les cadres
des régions définies par la climatologie), ou du point de vue de leur
importance dans la pathologie du bétail et de son exploitation économi-
que, Les vers parasites sont toujours très abondants, surtout dans les
régions sahélienne et soudanienne qui sont les régions d'élevage prin-
cipales), en raison des modalités d'abreuvement à des mares temporaires,
de plus en plus fréquentées à mesure que s'avance la saison sèche et
que les points d'eau moins importants ont disparu.
Le polyparasitisme est de règle. Si on s'accorde à lui attri-
buer unetrès grande importance dans le mauvais état d'entretien des
troupeaux, avec toutes les conséquences économiques qui en découlent,
on n'a pas encore précisé la part qui revient à chaque espèce parasite
dans la pathologie,ni
défini l'importance exacte de ce parasitisme par
les helminthes en face des protozooses et des carences alimentaires di-
verses. Il est en tout cas certain que ces trois facteurs interviennent,
simultanément ou à tour de rôle.
Les helminthoses du bétail les plus importantes sont les sui-
vantes :
- strongyloses gastro-intestinales des ruminants (trichostrogyloses,
oesophagostomoses)
- ascaridose bovine,trichuroses des ruminants
- distomatoses bovines (à Fasciola gigantica), ovines (à Dicrocoelium
hospes)
- paramphistomoses des ruminants (dues à de nombreuses espèces)
- ccstodoses des ruminants (dues aux Anoplocephalidae)
- cysticercose bovine (très importante partout, beaucoup plus que la
cysticcrcose porcine)
- strongyloscs équines, oxyurose
- paramphistomoses équines
- cestodoses équines (dues aux anoplocéphales)
- cysticercose pcrcine
- ancyl3stomose
canine
- échinococcose des herbivores
- ascaridioses aviaires
- hétérakidoses aviaires
- capillarioses aviaires
..* / . . .

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6
*
Recherches nécessaires
Les cycles de la plupart des parasites en présence ont été
éclaircis par des chercheurs dkautrcs régions d'Afrique ou d'autres
continents, car les helminthes des animaux domestiques sont pour la
plupart cosmopolites.
Cola ne doit pas dispcnscr pour autant de déterminer les cy-
cles évolutifs réalisés en A.O.F.
et éventuellement les hôtes intermé-
diaires précis. En effet, chaque région, en raison de facteurs climati-
ques, géologiques, floristiques, conditionne les modalités particulières
de ces cycles ainsi que les interventions des vecteurs, compte tenu des
habitudes pastorales des éleveurs du lieu.
Si les règles générales de prophylaxie des helminthoses sont
applicables à l'A.O.?.,
il importo de bien connaître les modes particu-
liers de l'infestation
dans une région donnée lorsqu'il s'agit d'établir
un plan de prophylaxie, afin de déterminer les mesures adéquates,
qu'elles soient d'ordre hygiénique ou chimique.
Du point de vue de la thérapeutique les essais de traitements,
des médicaments nouveaux, doivent avoir pour but l'établissement de
méthodes économiques, à nombre réduit d'interventions, d'administration
facile, notamment vis-à-vis des strongyloses gastro-intestinales. Ces
affections sont particulièrement graves après les pluies chez les trou-
peaux transhumants, donc difficiles à atteindre par une éa,uipe de trai-
tement, même mobile, et chez lesquels on ne peut espérer pratiquer une
série suivie d'interventions, en dépit de la bonne volonté éventuelle
des éleveurs.
III - LES VECTEURS
LES GLOSSINES
Importance
Depuis un demi-siècle les glossines sont reconnues comme les
vecteurs des trypanosomoses de l'homme et des animaux domestiques. Pour
cette raison les problèmes de recherches dolvont $tre abordés à la fois
par las organismes scientifiques médicaux et vétérinaires. La connais-
sance précise de la répartition des cspècos de glossincs et de leur
biologie est nécessaire à plusieurs titres.
Les diverses espèces, du fait de leur particularités biologi-
ques, ne se rencontrent pas dans le même biotope, au sein d'une aire
donnée de leur répartition; la conséquence en est des affinités diffé-
rentes envers les mammifères qui frequcntcnt ces divers biotopes, c'est-
à-dire, du point de vue qui nous intéresse, les hommes ou les herbivores
.
domestiques ct sauvages. On assiste alors à une certaine spCciali.sation
dans la transmission des trypanosomes vis-à-vis de chacune des catégories
nommées. Dans un but de prophylaxie il importera donc de savoir, dans
..* /
*o.

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une région donnée , quelle espèce ou quelles espèces sont les vecteurs
effectifs de la trypanosomose humaine ou animale. La répartition et la
biologie permettront de décider des moyens à utiliser afin de lutter
efficacement contre les vecteurs.
La connaissance de l'aire de répartition générale des glossi-
nes, qui sont toutes potentiellement vectrices, permet de préciser les
facteurs épidémiologiques des trypanosomoses animales, dont certaines
sont parfaitement transmissibles en l'absence de glossines, telles
celles qui sont provoquées par Trypanosoma evansi, et, dans beaucoup
de cas, T.vivax, Interviennent alors d'autres diptères, comme les taons
et les stomoxes, contre lesquels une lutte chimique ou écologique sem-
blable à celle qu'on pratique contre les glossines estinjustifik?.
Recherches à entreprendre
Une enquête sur la répartition gknérale des glossines est
absolument nécessaire en A,O.l?. En effet, les données dont on dispose
sont anciennes, assez fragmentaires, et ont été recueillies surtout par
des chercheurs médicaux qui ont donc prospecté surtout la forêt et les
galeries forestières. Le laboratoire d'entomologie du Service des
Grandes Endémies, à Bobo-Dioulasso avait entrepris ces dernières années
une enquête générale. Elle a été malheureusement interrompue. Elle
était d'ailleurs orientée dans le même sens que les recherches précéden-
tes, c'est-à-dire qu'elle risquait de se révéler insuffisante en ce
qui concerne les régions d'élevage, à moins de s'étendre sur de longues
années de prospections et de faire porter son effort sur les limites de
répartition, qui intéressent surtout les espèces ordinairemont vectriccs
des trypanosomes du bétail. Elles remplissent en effet cette fonction
en raison de leur moindre hygr6philie
, qui assouplit leurs relations
avec le biotope à forte hygrométrie nécessaire au développement des
pupes et leur permet d'envahir les savanes de s'attaquer ainsi aux
mammifères qui y séjournent le plus fréquemment, les herbivores domes-
tiques et sauvages. Cette double nature des hôtes explique d'ailleurs
le rôle de réservoir de trypanosomoses que jouent les ruminants sauvages
vis-à-vis du bétail,
En conséquence, une enquête sur les glossines vectrices des
trypanosomoses du bétail doit être menée sur plusieurs années, du fait
de la surface du pays à prospecter et, pour étudier les variations de
cette répartition des glossines, d'une saison à l'autre. Toute la diffi-
culté de la prospection tient aux fluctuations de ces limites et à leur
caractère discontinu. Elles épouseront inevitablement
les divers acci-
dents géographiques et floristiques qui se présenteront, poussant en
tous sens des expansions le long des cours d'eau; de plus, au-delà de
cette ligne plus ou moins capricieuse, les glossines seront Concentrées
en aires restreintes, rattachées à l'aire générale une partie de l'an-
née, ou définitivement séparées; d'année en année, selon la pluviométrie
ces aires distinctes pourront diminuer ou au contraire s'étendre et se
joindre à d'autres. Dans cette zens limite le prospecteur aura donc des
difficultés de tous ordres pour établir la répartition réelle, qui va
0.0
/ l . .

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nécessiter le parcours du pays pour ainsi dire kilomètre carré par
kilomètre carré, et ceci plusieurs fois l'an et plusieurs années de
suite dans la zone critique.
On conçoit aisément l'ampleur d'un tel travail, qui ne peut
être qu'une oeuvre d'équipe et de longue haleine. C'est l'exemple d'une
recherche qui intéresse plusieurs domaines de l'activité scientifique,
médicale ou vétgrinaire,
et ne peut être entreprise qu'en commun, apres
établissement d'un plan général de travail.
Les études sur la biologie des glossines devront tenter de
préciser le comportement de l'insecte au sein de son aire de réparti-
tion, ses déplacements, ses gîtes de repos, de pupaison, ses heures
d'activité, ses préférences trophiques, ses exigences du point de vue
de l'hygrométrie, de l'ensoleillement, sa longévité, et ceci pour cha-
que forme distincte, quo ce soit espèce,
sous-espèce ou race géographi-
que. La connaissance de toutes ces données est on effet indispensable
soit pour la mise sur pied d'un élcvagc artificiel (nécessaire dans
les rccherchcs sur la transmission cyclique des trypanosomes), soit
lors de l'établissement de plans de prophylaxie des trypanosomoses
par la lutte contre le vecteur (par déboisement, débroussaillement,
destruction du gibier, épandages d'insecticides,
etc...). Aucunc forme
zoologique n'est complètement équivalente à un autre point de vue de sa
biologie. Il serait donc illogique de baser les moyens à mettre en oeu-
vre, dans une règion donnée, contre ure espèce do glossine définie, sur
les résultats des études mcnees dans une autre région contre la mGme
espèce. Il faut faire intervenir alors la notion de forme biologique
et admettre la possibilité dc variation dans le comportement par adap-
tation à des milieux géographiques différents. De telles rccherchcs ne
peuvent d'ailleurs se concevoir sans une étude précise du milieu végé-
tal.
TAONS ET STOMOXES
L'étude de ces familles de diptères trouve son application,
en pathologie vétérinaire africaine, dans l'épidémiologie
des trypano-
somoses et dans la transmission de divers nématodcs (Hnbronema SP.,
Setaria sp.). C'est surtout comme vecteurs mecaniques de trypanosomes
que leur rôle est important. Il est primordial pour Trypanosoma cvansi,
qui ne peut être transmis que de cette façon; ce sontdes vecteurs
secondaires de T.vivax, dans toute la zone d'extension de ce protozoaire
qui déborde l'aire de répartition des glossines. Les données que l'on
possède à ce sujet sont assez nombreuses, mais beaucoup consistent en
fait on suppositions basées sur la difficulte d'envisager l'intervention
des voctours principaux que sont les glossines. Il est certain que bien
de ces arguments tomberont d leu~-mêm~~ quand on connaîtra la répartition
exacte de ccs 1-iouch~(i,probabl2riicnt
plus étenduc qu'on nc le pense habi-
tucllement. Il n'en reste pas moins que dans beaucoup de cas,l'action
des taons et des stomoxes est indsninble, mais il importera d'en recon-
naître les modalités exactes.
*a. / . . .

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MOUSTIQUES ET AUTRES NEMATOCERES
Ils interviennent dans la transmission de certains helminthes
(Dirofilnria sp. par les moustiques, Onchoccrcz sp. par les culicoïdes),
certains protozoaires (lcishmanies canines par les phlébotomes, Plasmo-
dium sp. des oiseaux par les moustiques, Leucocytozoon par les simulîes,
etc,. > , certains ultra-virus. C'est à propos de cc dernier groupe d'a-
gents pathogènes qu'il demeure beaucoup de points à élucider, Telleestla
situation qui se présente pour la peste bovine, la bluc tongue ovine
et l'hépntite enzootique ovine (Rîft Valley fever).
Il s'agit, dans ces
trois cas, de découvrir un vecteur dont l'intervention apparaît comme
nccessaire à la lumière des considérations épidémiologiques, mais dont
l'identité exacte n'est qu'entrevue, Les suspicions relatives aux vcc-
teurs ne sont orientées qu'à l'aide d'un très petit nombre de transmis-
sions expérimentales dont l'întcrprétatîon n'est pas sans obscurités.
LES TIQUES
Ces arthropodes, en dehors des accidents toxiques dûs a leur
salive, et des paralysies on relation avec leurs points d'implantation,
sont les vecteurs do divers agents infccticux du bétail, appartenant
à divers groupes : protozoaires (piroplasmes, anaplasmes, theîléries,
rîckcttsics),
bactéries (Pasteurella tularens& salmonellcs diverses),
spirochètes (Borrelîa gallinarum),
ultra-virus (maladie de Nairobi,
L,oyi.ng ill, sweatîng sickness, encephnlites, etc...). La plupart des
affections causées par ces agents ont Ct6 signalées en Afrique, car
beaucoup sont typiques de ce continent. Pour certaines, leur existence
en A.O.F. est moins sûre du fait du mode d'élevage qui maintient le
cheptel la plus grandc partie de l'année en dehors de la surveillance
du Service de 1'Elevage;
il faut ajouter également que ce bétail rus-
tique présente une moindre sensibilité vis-à-vis de certaines de ces
maladies. Le recensement des diverses affections des animaux domestiques
d'A.0.F. est pour ces raisons plus difficile qu'en d'autres régions où
un bétail sélectionné, issu d'importations et de croisements avec les
races locales, maintenu en conditions artificielles, manifeste au con-
traire une extrême réceptivité.
Les tiques constituent des vecteurs privilégiés des enzootîes.
Leur connaissance est nécessaire pour expliquer llépidémiologie
de ces
affections. Un recensement des espèces parasites et la mise au clair de
la biologie de chacune d'elles est indispensable avant d'aborder l'étu-
de des maladies et de leur transmission.
Les recherches sur la distribution géographique des tiques,
leur biologie, les divers facteurs climatiques, écologiques, trophiques,
etc D.., qui conditionnent leur développement, ont été entreprises de-
puis plusieurs dizaines d'années d Afrique orientale ou australe; les
tiques d'A,O.F.
n'étaient connues que par des données éparses dans les
travaux de NEUMANN et par les publications de ROUSSELOT, qui ne concer-
naient que B,amako et Ségou. Il faut ajouter à cela des enquêtes, ancien-
nes ou récentes, uenecs dans les territoires étrangers enclavés : Guinée
..d
/. . .
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‘i
Portugaise (TENDEIRO), Sierra Leone (SIMPSON), Liberia (BEQUAERT), Ghana
(SIMPSON), Nigeria (SIMPSON, UNSWORTH),
Le travail de la section d'entomologie du Laboratoire Central
de lIElevage a porté sur ce sujet depuis l'annec 1956. Une notice compor-
tant les renseignements nécessaires aux prélèvements, à leur conâerva-
tion et leur expédition, ainsi que des modèles de fiches-r6ponses,
ont
été diffusées dans les postes ou circonscriptions du Service de l'Ele-
vagc des divers territoires, Il a Gt6 adressé au Laboratoire de Dakar
environ un millier de prélèvements. A toutes ces récoltes s'ajoutent
celles du chef du Service de Parasitologie,
effectuhcs en de nombreux
points d'A.O.F.,
à l'occasion de tournees,
ses observations personnelles,
les élevages pratiques en laboratoire. L'enquête est menée conjointement
sur les animaux domestiques et sauvages; il était illogique de procéder
autrement, car la plupart des espèces sont communes aux deux groupes,
et les conclusions qui se dégagent de cette comparaison sont très impor-
tantes.
Une première expression des renseignements obtenus a été pu-
bliée dans la Revue de l*Elcvage et de Médecine Vétérinaire des Pays
Tropicaux (1958, 11 (2) : 153-189). Des publications complémentaires
doivent paraître dans les années à venir.
On a ainsi pu établir les bases de la distribution géographi-
que des tiques en Afrique occidentale (compte tenu des territoires bor-
dants ou enclavés), qui correspond aux zones climatiques. Les isohyètes
aident à définir aisément certaines limites de répartition, par exemple
ceux des 500 et des 1.000 mm de pluies annuelles, qui se trouvent jus-
tement delimiter la r6gion d'3lcvage
sahdlo-soudanienne.
L'influence
de l'altitude ne semble pas se traduire par des particularites
de dis-
tribution; la seule rhgion montagneuse, celle du Fouta Djallon, ne se
diffdrencie pas notablement des régions avoisinantes, au contraire de
ce qui se passe sur le plateau central nigérien, au Cameroun et en
Oubangui-Churi.
L'étude de lu biologie des formes immatures a rélévé les re-
lations entre le parasitisme des animaux domestiques (par les adultes)
et de la faune sauvage : oiseaux, rongeurs myomorphes (qui servent
d'hôtes aux larves et aux nymphes). Ceci est particulièrement net pour
les espèces du genre Hyalomma et les Rhipicephalus.
Rhipicephnlus appcndiculatus n'a pas 6th trouv8 en A.O,F,;
c'est le vecteur naturel, cn Afrique orientale et australe, de maladies
graves du bLtni1 comme l'East const fever,
la maladie do Nairobi (Nairo-
bi shecp disease) et lc louping ill.
Cette constatation permet de supposer que l'A,O.F. est indemne
de certaines affections, quoique des vecteurs secondaires (dans les
conditions expérir:entales) y soient prGsents : Rh.evertsi et Rh.simus
14algr6 tout, comme la gravité d'une maladie transmise dépend pour bcau-
coup de la nature meme de son vecteur,
il est possible que ceux-ci la
.*. / . . .

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Il
4.2
maintiennent sur le territoire à l'état potentiel, que certaines condi-
tions imprévues pourront rompre un jour ou l'autre. Il ne semble pas à
craindre, d'autre part, q UC Rh.appendiculatus
envahisse l'Afrique occi-
dentale, car c'est typiquement une tique d'altitude, commune à partir
de 1.000 m sur le plateau montagneux oriento-austral; il faudrait pour
cela que des importations de bétail de ces régions apporte on abondance
la tique en A.O.F., et que l'espèce, pour s'y maintenir, adapte sa bio-
logie aux conditions nouvelles. Il n'en va pas de même pour l'Oubangui.-
Chari et le Tchad qui presentcnt à l'est des plateaux assez élevés en
continuité avec le plateau oriental. Rh.nppendiculntus
y a d'ailleurs
été signalé quelquefois; il y a là un danger certain.
Projets de recherches
a) biologie des tiques d'k.0.F.
: continuation de cette étude,
à l'aide d'observations sur le terrain et d'elevages en laboratoire;
étude des variations de la population de tiques sur des troupeaux,
suivies au cours d'une année (dans quelques établissements d'élevage
de notre Service).
b) étude de l'action des insecticides sur les tiques d'A.0.F.;
tests de sensibilité aux insecticides in vitro; usages des divers in-
secticides purs et en présentation comwrcialc sur des troupeaux dans
les conditions naturelles; essai des diverses modalités d'application :
bains, pulvérisations.
c) établissement de mcthodes de dètiquage adaptées aux différentes
régions d'élevage,
selon les espèces en prGsencc, la climatologie, les
habitudes pastorales, etc...