L P. MORNET, J. ORCJE ET L. DIAGNE ...
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P. MORNET, J. ORCJE ET L. DIAGNE
Permanence in uiuo, dans le tissu conjonctif
sous-cutané, du virus péripneumonique
de culture et vaccinations différées,
avec vaccins vivants
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Extrait
du
BULLETIN DE L'ACADÈMIE VÈTÈRINAIRE
Tome XX - 1947 - No 10
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Permanence in duo, dans le tissu conjonctif sous-
cutané,
du virus péripneumonique de culture et
vaccinations différées, avec vaccins vivanta
par P. ?~ISIST, d. &?IX et Lamine DIAGME (1)
Depuis 4941, en Afrique Occidentale Frnn@e, un des moyens:
,de lutte contre la péripncumcmie bovine est constitub par le vaccin
culture dont l’un de nous (2) a exposé le mode de préparation cl-
d’utilisation.
Il s’agit lR, cn fait, d’une a~@icnl~ion pn.rticuliPre du phéno-
mène de WIU~E~~S. Ce derniw a monir6 que l’injection de sérositt:
du poumon hépatisé ambne chez Ici; hocnfs des accidents diff&eni*
suivant l’endroit de l’injection. ~Uors que sur lc tronc les engw
gements s’etendent ct entraînenl In plus souvent In mort, au con-
traire, ü l’extrémité de la queue, il n’y a en génBra1 pas de suite<
graves. Bien au contwir(‘, l’imrnunitt! s’établit sans que la maladif>
se manifeste.
A cette règle il y a d’ailleurs beaucoup d’esceptions.
Un inconvénient de ce procédé d’immunisation est la nécessit6
d’avoir constamment ;It sa disposition de la sérosité péripneumo-
nique, donc des malades, puisque cet exsudat ne se conserw
guère plus de quelques jours dans les conditions normales de In
pratique.
Il est possible de. pallier I’nbwnçe de malades par la production
cxpérimentalc d’rx:clkne péripneumonique sur des sujets neuf5
grâce à l’injection sous-cutanée de sérosité. Mais c’est, l& un pro-
cédé onéreux, d’autant que la quantité de liquide ainsi recueillitk
est parfois faible.
La culture du virus 1~6ril)“e.l~~“o”iquc, d’abord tn sacs de col-
lodion introduits dans lc péritoiuc de lapins (Fiocn~o et Ror~x.
1895), puis en bouillon sérum, tbt, la constatkon de DUJARIIIK-
Ek4tiwrrz sur In similitude des Ibi;ions produites par la culture et
la sérosit6 permet dc rkutlre nisbmcnt cc prnbli~nr~.
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(1) Ins6rk sui la proposition de Y. VERGE.
(2) P. MORNET. La péripneumonie bovine en A.O.F. Donnhs anciennes et acquisitions
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- 11,. 1~~ P,.~ .~~ -~ ,..,... ~.... -2 II.. A.‘....,‘.. ^1^ ,,< n r,, ,o,-

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B U L L E T I M I>F. L’ACAl>lkMII-.
Cependant, In virulence de la sérosité comme de la culture est
souvent excessive et, malgré le choix de la r6gion d’inoculation
(extrémité de la queue oi1 la. densité du tissu conjonctif limik la
réaction locale), les accidents graves sont fréquents.
C’est alors que ~~ALKER, au Kenya, en ,1920, démont& l’a&-
nuation des cultures par repiquages : tandis que 1~ premiers repi-
quages ont une virulence égale à celle du virus souche, vers la
2ci” génération et pendant une vin@aine de générations succes-
sives, les réactions sont nettement moins m;vquGci: ct, engendrent
cependant l’immunité.
Tels sont t.rè;s rapidement Gnoncés les principes qui régiwenl la
prophylaxie vaccinale par cultures de virus atténué.
Nous possédons actuellement. un dossier très imporlant tl’obser-
vations sur les vaccinations opérées cn A.O.F. et les suites dc ces.
interventions,
NOUS voulons aujourd’hui limiter le sujet, et attirer l’attention
sur un point particulier des réaclions post-vaccinales.
***
Dès 1942, notre attention avait 6th attirée SUI Ics rtkctions
tardives enregistrees et signal6es par la plupart de nos c:onfrEres.
Habituellement, les réactions vaccinales sont mnrqu4es locnlr-
ment par un léger œdEmc sans tendance ù l’extension, intervenant
dans les ci S, 12 jours qui suivent l’inoculation.
Or, assez fréquemment, on nots des rfaclions tardives, au bout
de 3 semaines CL 4 mois. Qui plus est, certaines réactions normales-
ou tardives, aprEs une atténuation ou une disparition que l’on
peut croire définitive, se manifestent. R nouveau et revt:tent par-
fois une allure gra,w.
Nous avions (1) provisoirement appelé CPS réactions ‘CC para-
doxales )), ce qui n’explique rien.
A la lumière d’expériences récentes, nous pensons pouvoir
donner une explication de certains de ces phénomknes et devoir
publier nos observations, car elles sont, intéressantes du point de
vue immunologique.
PREMIkRE SÉRIE D’OBSERVATIONS.

\\~RUS PI~W'~EU~~NIQIJE
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veau no 4 : fait, à partir du 5” jour,
e
une petite réaction locale qui evolue
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+ntcmeIlt p~ur atteindre la grosseur d’un œuf de poule, Puis diminue lente-
ment pour ,dcvenir négligeable le 48 août.
Veau no 2 : Mme réaction.
Vea~~..n~ 3 : Réaction nulle.
.
Avant enregistre ces rdaultats et ayant besoin de sujets d’experiene Pour
tester diverses souches de charbon bactéridien, VWcind ou non, nous rePr’e
11011s les m&mes animaux, sans idée préconçue.
*
Veatl no 4 : Le 49 août, cet animal est inocule SOUS la peau, du e&é opposé
:i relui choisi pour l’inoculation péripneumonique, avec 40 CC. de vaccin anti-
.charbonneux de. l’Institut Pasteur de Paris (test d’innocuite).
Des le‘lendemain, on constate au point d’injection la présence d’un œdbme
&aud, douloureux, de la grosseur du poing. Cet œdéme augmente légèrement
les jours suivants, puis diminue assez rapidement. Le 27 août, il ne reste plus
à l’endroit de l’inoculation qu’une petite induration. La réaction thermique
est assez peu marquee et ne depasse gubre 39% le soir du 4” jour. Elle reste
en hausse pendant environ 3 jours, puis redevient normale. Les symptomes
genéraux sont Peu alarmants.
Dans le même temps, à partir du 24 aoilt, la N tumeur 1) péripneumonique,
iusignifiante, recommence B augmenter. Le 22, elIe atteint 40 cm. sur 45, le
25, 43 cm. sur 20, le 27, 20 cm. sur 20, en même temps que son volume s’est
accru consid&rablement,. En son centre, un point de nécrose apparaft et s’éiar-
git, les jour% suivants.
Lc 34 aoilt, le veau est trés amaigri, les ganglions préscapulaire et précural,
du &,ti de la lésion péripneumonique, sont hypertrophiés. TrBs affaibli, l’ani-
mal meurt le 2 septembre à midi.
A,l’autopsie, rien de particulier à signaler, si ce n’est la cachexie et la lkion
locale specifique habituelle de la péripneumonie expérimentale..
*
Les frkttis de ratc pour déceler l’existence possible de bacteridies sont néga-
iifr, de même l’ensemencement à partir de la moelle osseuse.
L’animal est sans nul doule mort des suites de la réaction péripneumonique.
Veàu 5-P .2 : reçoit, le 43 août, en injection intradermique sous-caudale,
ljg GC. d’une culture de bactéridie charbonneuse très atténuée (d’autres veaux
,rl’ont pas succombe avec des doses de 4/2 et 4 cc.).
DPs le 24 août, la lkion périprwumoniquc
semble avoir reçu N un coup da
fouet,.?). Elle augmente rapidement. Le 24, elle mesure 25 cm. sur 20, le “26,
‘30 cm. sur 20 avec infiltration des parties declives.
La rktion locale au charbon se ‘traduit parallelement
par un petit ademe
.au pli caudal, chaud, douloureux les premiers jours, qui se résorbe lentement.
La fièvre est peu elevee, les symgtomes généraux peu accuses.
L’animal maigrit et s’affaiblit rapidement. Il meurt le 28 août.’
Le8 CirCOnStanCeS n’ont pas Permis de faire l’autopsie immediatement. La
moelle osseuse, ensemen&, ne donne rien.
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Veau no 3 : Le 49 août, CSt inoculé avec 40 cc. de vaccin anticharbonneux
(2 vaccin : origine, Institut Pasteur de Tunis). Il rt?agit a ce vaccin de la même
manibre que le veau .n” 4. Aucune manifestation à l’endroit de l’inoculation
?
de la culture de virus péripneumonique.
n .seIyble donc bien que l’inoculation de charbon bactdridien,
VaCCiU,i!il’OU non, faite postérieurement B l’in@ction de virus p$ri-
*
pneumonique, ait provoqu6 un réveil de ce virus et l’issue fatale

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471)
BULIJXIN I>l? T.‘AC.iDII:MIB
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DEUXIÈME SÉHIE D'OBSERVATIONS
Pour confirmer cette CC rhtivation N du virus péripneumo-
nique h la suite de I’injwtion de germes vivants vaccinaux, une
sOrio d’expériences est mise en train en 1947, associant iz l’inocu-
lation de virus p6ripneumonique la vücçinaticm par virus capri-
pstique.
Sous cxtrayonu de ces expciri,ences trois cxcmplcs typiques.
II s’agit do trois veaux ayanl reçu le 27 juin, cn injection sous-cutanée, Y ce.
I!V In souche de virus p&ipncnmonique
B XI, 29” gPnérnIion (1). Celte souche.
;i la ‘%Y génération, testEe au laboratoire de Bamako, n’avait donné aucune
rt’mtion sur les wmtx d’eqhience. Elle semblait donc très att.t!nu&.
Confirmant cela, deux des veaux inoculés, les no 8 et 19, ne manifestent
aIl!Wne &cti«n locale du 27 juin au 45 juillet, soit pendant J8 jours.
Seul Ic II~ 10 préscntr, h partir du 10 jnillcl, un petit. wdibnw, stationnaire.
La i6 juillet, ces animaux reçoiveni chacun, VII injection sous-cutanée, 1 CV.
~IV virus capripcsbiqne, dose normalement employce pour la vaccination (SUP-
p:~nsion de rote virulente <!esséchée
dans lc vide et & basse température).
lx: virus capripesticjuc at&nuC (sang ou rate) est, actuellement utilisé pour
J’immunisatiou
des Bovins contre la peste bovine, conformkmenf.
aux conclu-
abs des travaux d’EDW.UtDS @930), au laboratoire de Mktesar (Tndes).
JJ d’agit d’on virw bovipestique, qui, par passage ?uwcrsif S~I c*hiw’c, w
inr&rt~ aH,i?Bu~ pour les Bovins et vaccinant,. LcY signes réaclionne po51-
wwinaux sont discrets (chez les zébus) : faible hyperthermie
nvw o u saw
Iarmoiemcnt,
diarrhée IégEre..., cn somme, symptdmcs
mineurs de peste.
&II jetant un raup d’oeil sur les feuilles de température, on remarque :
I;eatm 8 et $9 : en m&ne Icmpq que la pows6 fébrile, le 0 dbpart a) de 13
lirion p&pnrumonique
qui va S’acc>entuant et enlrafne la mort.
INte micn%station
dPbute J~our le veau no 8, 94 jours aprè?s l’inoculntio~~
cl’im virus p&ripneumonique
très atténué, et pour le veau 19, 23 jours apr&s.
\\;eau no 10 : l’wdème péripne.urnoniyue,
stationnaire,: est. repris d’une acli-
\\ il}: nouwlle des 1~ 18 aocit et ses dimensions vont dbpwsnnt mOme netlemrnl
cdltrri atteintw par lea suj4ti.s 8 et 19. Il est wcrifié i9l ezlrenlls le 29 aotrt.
I u‘t0p.sili.s.
-- Le wau 8 présente les lésions ordinaires de cachexie. A Ifw-
tiroit de l’i~~o~~ulation,
comme d ‘hbilude, large placard lardacé se irrminaul
il la pérq4:érir cl; d a n s les parlies déclives p a r u n cedbmc &o-fibriwux.
Liquide séro-fibrinwx dans le mkdiastin.
Le UÜQU 10 r*st cn awez bon t%nt généraL On nolc nnr II+ ~rossc plarJw
1~1rtJacPe au point d’inoculation avec infiltration sdro-fibrineose
du fanon et ~IV
(1) Dana no:! üslSrknce8 tic laboratoire, Ics roucbes vrrccinal~s do charbon comme eellw
(!e péripneumonie !:ont inoeulécs par voie Eons-cutanée,
au niveau do 13 poitrine, en arrièrf)
du coude. Mous avons abandonné la voie intradermique (pli rsudsl) pour 1s charbon, Sand
:rvantage immunisant, et l’injection dans 10 tissu conjone?iI de l’rxtrknité do la queue
I~our 1s péripneumonie. Pour ccttc dernikc affection, lc contrôle do la virulence des GUI-
Uwes permet actuellement dc pratiquer les injections au niveau des renions (poitrine par
exemple) sppoJ& par BOUL& CC
dkendue ~1 La prat,ique rn brousse-et l’élëvsge erten-
,lJ exigent dea méthodes d’a.pplication facile et d’cxkeution rapide. Pour la vaccination
:~otichsrbonncuse, eu particulier, nous n’avons aueunc illusion, la nluuart des vaeein**inn~
)n;!-qiu~o <l;inu ,. :_II_- II^~~.

VIFCUP PiXlP~EUMONIQl:E
4.71
_ .,_. ~_-_- -.-..--- .__...._ ._.
--.--,..-._.
.-~-.
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1 ‘abdomen. Liquide s&o-fihrineux dans le mf,diaslin. Lnfiltrat ion Go-libriuew ~
dc la railktte et. de l’intestin, péritonite Iég6.w.
Le vcxu 19 est cachectiquc. La cavité thoraciqw (4 1~ pt;ricardr: son1 René-
plis d’une sérosité séro-fibrineuse, légPremwt, ht:morrngiqut. Inflammatiw
Il&e des pl$vres pariéialcs, poumons normaus, plaque* Iardnc~% il11 point d’ino-
3
( -ulation .
Toutes IXS lésions n’ont rien d’anoro~al et sont. ~YCP dw variantes indivi-
duelles, la cons6quenre de l’injection sous-cutanée dc virup ~i’ripnelm>oniq~~~~.
/
Ces exemples illustrent miens encore qw Icu prGc6dents l’in-
fluence u exaltante 11 d’un virus vivani vaccinal sur un antre virw,
6~nkmcnt vnccinnl. inoculb nntérienremcnt.
.
coNcr,~won-
4’ Lf3 virus p0ripIltl~unc)nicruc’ dc culture vaccinal 011 très att6nuG
injecti dans lc tissu ronjonctM’ sous-cntan& pcul rwtrr vivant,
.
sans se manifestxr. au moins 20 jours.
2” 11 est capahlr~ Pendant~ cc laps tif! Icmps, A la suite de vacci-
nixtions par germes vivants, tk 51: r&vcilkr, del s’cxnllcr ci tl’tlri-
traîner des conséquences fâchcuscs anta,nt, qu’inattcnduw .
3’ II wl probable que, en dehors do l’intervention du vacci-
nnteurF ks mêmes phGnom+nes peuvonl, w produiw lors d’infcc-
tiens ou inffstnl%Jns surajoutEes.
~~drlwnloi~rc (‘c~tlrai d e ï‘filrcaye tle Dalkw).