COLLOQUE SUR L'IWEWIIAIRE ET LACARTWW'HIEDES...
COLLOQUE SUR L'IWEWIIAIRE
ET LACARTWW'HIEDES PlYllJRAGES
TROPICAUX AFRICAINS
Trra;E: LES PATURAGES NATURELS DE LAZONE SYLVO-
PASTORALE DU SAHEL SEYEGALAIS VI%I' ANS
APRESLEuRMSEmVALEuR
Auteur : JeanV~*
Référence : 3-2.
Vingt ans après la mise en valeur de la zone sylvo-pastorale du S6négal.
(Fer101 par cr6ation de points d'abreuvement pements, on peut considérer que les
@turages naturels de type sahélien - sahélo-soudanien n'ont subi dans leur ensemble
que peu de modifications en dehors de celles dûes à la pluviométrie.
Seule la partie -située à l'intérieur d'un cercle d'environ 3/4 km de
rayon autour des abreuvoirs a été transforr&e, voire m&e améliorée mais PS dégradée.
Il y a eu remplacement d'un type par un autre de qualité et valeur au moins équiva-
lente.
Le nouvel écosystème pâturé pouvant être en équilibre instable, il importe
d'en surveiller et contrôler l'évolution dans le temps et l'espace.
It cari be considered, twenty years after development of the "sylvo pastoral"
area of Korthern Senegal (Fer101 by establishment of permanent watering tronghs that
sahelian/sahelo soudanian natural grasslands have undergone in the whole few charges,
if those due to rainfall are excepted.
Only the inside zone included in a 3/4 kilome&rs radius circle around
the drinking places has been transformated or even improved, but no-t destroyed. Then
a substitution of a pasture type by an other one of quality and value at least alike
took place.
So the permanent study and the supervision in time and space of its
évolution must be carried out with tare,
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.
*Docteur vétérinaire. Agrostologue - Laboratoire national de 1'Elevaee et de Recher-
ches vétérinaires - (1.S.R.A - Dakar-Hann).

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Jusque vers 1954/55, la tigi.on sylvo-pastorale du Sénégal que certains
appelaient "le désert du Fwlo" était fdquentée par les horruws et le bétail en
saison des pluies et tout début de saison sèche seulement (juillet à novembre).
L'absence de points d'eau permanents était la raison principale sinon la seule de
leur départ vers des &gions plus favorables,
On peut donc considérer que la végétation était alors en équilibre avec
les différentes composantes du milieu.
Parcourant cette zone en 1953, ADM écrivait .
"il est remarquable pour le S&égal où la culture de l'arachide a transformé la
végétation naturelle des sols sablonneux, de pouvoir observer, encore loin des
points d'eau, une végétation climatique subclimacique non bouleversée par les cul-
tures, à peine Chang&e par le pâturage puisque celui-ci ne s'effectuait, jusqu'à
ces dernières années, que pendant quatre mois d'éti3, en pleine végétation et à
proximité des mares".
A partk de 1954/55, des forages profonds dans la nappe maestrichienne
furent crGés et mis en service dans le Fer10 autorisant, grâce à une mise à la
disposition permanente des animwx d'eau d'abreuvement, l'exploitation pendant tout;
l'année des pâturages naturels de type sahélien/sahélo-soudanien. Ces forages et
leurs abreuvoirs attirèrent un nombre de plus en plus important d'animaux entraî-
nant une sédentarisation relative des populations et des troupeaux.
De meilleures conditions alimentaires jointes à une prophylaxie sanitaire
renforcée ont entraîné un accroissement du cheptel. Le paysage s'est alors trans-
formé, principalement autour des forages dont l'approche est marquée, dès la saison
sèche, par une destruction progressive de la strate herbacée qui deviendra totale
aux abords. ADAN écrivait en 1957 : "la mise en valeur du territoire bouleversera
dans les années futures la flore et les groupements végétaux, ,.. mais il est très
possible, par exemple, contrairement à ce qui a été pensé, que les abords des
forages au lieu de se dégrader sous le piétinement,
deviendront une pgpinière com-
pacte, dont les graines auront été apportées par les déjections du b&tail".
\\
D'une façon gfkérale, l'exploitation des pâturages du Fer10 est actuelle-
ment la suivante : les campements des pasteurs se tiennent à environ 6/7 km au rroins
des forages ; les animaux s'abreuvent pour la plupart aux mamrs, en général de peti-
tes surfaces, qui se forment pendant la saison des pluies ; ils exploitent alors
les pâturages environnants. Un très petit no&re continue à venir au forage. Dès la
fin des pluies et au fur et à mesure que les mares s'assèchent, les animawc arrivent
de plus en plus nombreux au forage.
Dès novernke/décernbre, ils y viennent tous et
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. . . l . .

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rapidment lvabreuvemnt n'a lieu que tous les deux jours en raison de distance à
parcourir entre le pâturage et l'abreuvoir. On peut donc considé=r que le pâtu-
rage naturel sur un rayon de quelques kilom&tres autour d'un forage est exploité
avec une charge -Hante et croissante à mir du mis d'octobre, Dans de telles
conditions, il est très rapidemnt détruit, faisant penser quand on circule dans le
Fer10 en pleine saison sèche qu'il est dégradé. En saison des pluies, par contre,
l'impression recueillie par observation ggnérale de la végétation spontanée à
l'interieur du m&e cercle est contraire ; la strate herbacée paraît plus fournie,
de meilleure composition botanique et de plus grande valeur fourragère. Au-delà et
au fm et à mesure qu'on s'éloigne du forage, le @turage est de nains en &.ns
exploité pour ne l'être pratiquement plus ou très peu quand on se trouve à une
quinzaine de kilomètres. On peut alors considérer la végétation cm-me cllrracique.
tir-s àe la r&lisation de "l'étude des pâturages naturels du noKf
Sénégd'i entre 1969 et 1972, le Dr A.K.?XALLO et moi-&m, utilisant pour en dresser
la carte de r&artitions une couvertme aérienne datant de 1953, donc antérieure
à la mise en valeur de la zone, avions considérii: que la végétation caractérisant
chawn des types de pâturages repr&entés était alors en équilibre avec les dif-
f&entes composantes du nouvel écosystèm pastoral, d'autant plus qu'en myenne
25 à 30 km sépa??ent les forages des uns des autres ; l'influence de chacun d'eux
su‘ la v@étation par suite d'une forte exploitation dès le début de la saison
sèche était limitée à un cercle de 5 km de rayon.
D-ms son "Etude d'un écosyst&re subdésertique" entre les forages de
Mbidi et Tatqui, BILLE estime "que le kilorr&tre 10 doit être considéti comme une
limite r&lle et le seul point où lvon puisse parler d'une bien mdeste dégradatior:
de la formation végétale si elle existe . .."
Parlant du forage de LABG@, NAEGELE pense que "la détérioration de la
végétation naturelle des abords du forage n'est pas importante. La zone dégradée
fom autour du point d'eau un cercle dont le rayon n'atteint pas ou n'excède pas
un kilomètre'~ .
En septembre 1974, donc après les années de sécheresse qlli ont plus ou
mins rmrqué la zone sahélienne sénégalaise une étude plus précise de la strate
herbacée de quatre types de pâturages pami les plus &$andus et les meilleurs et
centrés sur trois forages a été entreprise.
Voici un bref &S~I& des premières
observations.
.., /
..*

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QueQue soit la pluviom&rie de la zone, le type de @turage et ceux des
sols qui les supportent, on constate à partir des abreuvoirs, point 0, :
- la p&sence d'une végétation essentiellement nitrophile, pratiquent non consom-
mée par le bétail sur un rayon de ZOO/250 m ;
- une augmentation régulière du pourcentage de graminées avec parallèlement une
diminution de celui des légumineuses jusqu'au kilomètre 2/2,5 ;
- une diminution de la densité de la végétation jusqu'à la R&E distance ;
- au-delà, tendance des graminées à diminuer plus ou rrûins et des légumineuses
à augmenter, toutes atteignant rapidement les paliers qui caractérisent le
type de pâturage ;
- au-delà également augmentation puis stabilisation de la densité ;
- parmi les légumtieuses,
variation plus ou moins importante selon les cas des
pourcentages des deux plus importantes,
Zornia glochidiata et Alysicarpus
Ovalifolius (celle-ci dominerait durant les premières centaines de mètres) ;
- parmi les graminées, remplacement des espèces dominantes au fur et à mesure qu'on
s'éloigne du point 0. ainsi Cenchrus biflorus ou dactylocténium aegyptium domine
largementsurunkilomètre,
remplacé progressivement et selon les types par
chloris prieurii, Eragrotis trémula, aristida mutabilis et/ ou Schonéfeldia
gracilis ; au-delà de 3/3,5 km celles caractérisant un type varient peu. A partir
du kilomètre 3,5/4, les quelques différences de composition botanique que l'on
peut noter sont dGes le plus souvent 3. la proximité d'un campement d'éleveurs ou
à des variations topographiques.
Il nga pas été fait de ptilèvements systématiques de vég&ation pour
étude de la productivité et de la valeur alimentaire ; tis les quelques analyses
bromatologiques effectuées font actuellement apparaître une plus forte teneur en
matières azotées totales de la matière sèche r&oltée dans un rayon 0,5/1 km qu'au-,
delà, traduisant bien le fait que les pieds le légumineuses sont d'une plus belle
venue, m%e si leur nombre diminue.
Une telle situation est tis cerGinemznt la conséquence d'une fumure
organique importante et croissante dans les premières dizaines de centim&res
d'épaisseur du sol par les diff&entes déjections animales. Son effet est peut-être
encore plus sensible les années sèches.
. . ./ . . .

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Peut-on alors parler de déEgradation de gturage quand les espèces dominaw
tes qui le composent (principalement des graminées> sont remplacées par d'autres
.
aussi bien consom&es par le betail et que l'on y trouve une forte proportion de
légumineuses app-ararrunent plus productivea c ? Transformation, modification du pâturage
ou remplacement d'un type par un autre sont des termes qui conviennent mieux. On doit
réserver celui du dégradation à la zone comprise dans un cercle de 200/250 m autour
des abreuvoirs, ce qui ne repAsente qu'une infime partie du Ferlo.
Mais il est certain que ce facies de transformation voire d'amélioration
du pâturage naturel est appelé à être très vite détruit dès la fin des pluies en
raison de l*augmentation rapide du nombre d'animaux se rendant au forage et de l'in-
tensité croissante du piétinement.
Bien qu'il soit difficile de chiffrer le pourcen-
tage de cette biorrasse herbacée utilisée par le bétail, il ne semble pas qu'il puissu
excéder 10/X %, (Dans les conditions normales, BILLE estime à 35/40 % au maximum
la fraction exploitable par l'anin-al).
Il est donc indispensable qu'un mcde d'exploitation rationnel de cet
important stock de matières vertes de bonne ou très bonne valeur fourragère soit mis
en place au lieu de le voir perdre ; fauche et fannage de ce pâturage '9am&lio&"
sont une solution qui paraît applicable, Ce serait 12 une excellente façon de sauve-
garder sinon récupérer un tonnage mrtant de viande produit pendant la saison
des pluies.
Ainsi donc, vingt ans après le dérrwrage d'un prograrsne d'hydraulique
pastorale qui se compl&e d'an& en année, les pâturages naturels de la zone sylvo-
pstorale sénégalaise et plus particulièrement ceux de la partie occidentale ou
"sableuse" du Ferlo, n'ont semble-t-il subi que de légères modifications de leur
cwsition botanique ; elles sont vraisemblablement plus la conséquence de varia-
tions pluviométriques (principalement de la répartition des pluies) que celle d'une
exploitation continue par un cheptel de plus en plus nombreux. Ce n'est que dans un
rayon de quelques kilomètres autour des points d'abreuvemant permanents que l'on
peut noter une influence de cette mise en valeur,
influence que l'on peut considé-
rer comrw bénéfique, wur la strate herbacée uniquemnt.
Rejetant le terme de dégradation des pâturages., nous p&f&ons employer
celui de transfo~tion, de remplacement d'un type par un autre et peut-être mêmt3
d'dlioration.

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Mais on ne peut être certain évidemment que ce nouvel &osyst&ne soit
en équilibre et on doit toujours craindre qu'il n'&olue dêfavorablement, surtout
si aucun chCmgemnt des modes d'exploitation et de gestion des troupeaux appelés
à s'accroître n'intervenait. Il est absolwnt indispensable de maintenir un équi-
libre entre la productivité du pâturage et le cheptel qu'il nourrit. Or cette
prcductivit6 varie d'une année à lsautre selon la pluviom&rie et tout accroisse-
ment inconsidéré de la charge en bétail, bien que louable, ne peut qu'entraîner un
dés6quilibre qui, s'il se prolongeait, pourrait aboutir alors 2 une dEgradation.
La sécheresse de ces dernières ann&s a rxx-k& la fragilité de cet
&quilibre, de ce nouvel kzosystème.
Il importe donc d'en surveiller et contr6ler
de quelque manière que ce soit,
les variations et évolutions dans le temps et
l'espace pour en assurer au rfoins le maintien avant qu'il ne soit trop tard.

B I B L I O G R A P H I E
J.C. BILLE. - Etude d'un kosysteme subdésertique. L'écosystème sahélien de FEIE-
OLE : Essai de bilan au niveau de la production primaire nette annuel-
le. Etude ORSTOM - INKAR-HANS - I%i 1973.
A, PWGELE. - Etude et a&lioration de la zone pastorale du nord Sénégal FAO 1971,
J, VALENZA et A.K. DIALLO. - Etude des pâturages naturels du nord Sénégal. Rapport
et car-tes. Etude agrostologique IENVT n034, juin 1972.
J.G. AINPI. - Elements de politique sylvo-pastorale au Sahel Sénégalais - Contribu-
tion à l'étude floristique des flturages du Sénégal. Service des
Eaux et Forêts. Dakar 1957.