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=xmJama
Rev. Elev. Méd. Vét. Pays trop., 1979, 32 (3) : 277-284.
Crise pondérale des zébus sahéliens
lors de l’installation des premières pluies
Etude expérimentale des causes et des moyens de lutte possibles
par J. P. DENIS (*), J. BLANCOU (**), P. 1. THIONGANE (*)
(avec la collaboration technique de A. DOUCOURE)
RESUMÉ
La perte de poids des zébus sahéliens constatée tout au long de la saison
sèche s’accentue en début de la saison des pluies, où elle peut atteindre 50 p. 100
de la perte totale des six mois précédents. De leurs observations, les auteurs
concluent que ce phénomène rtsulte, suivant le cas, soit d’une sous-consomma-
tion marquée de la paille qui, mouillée par les premières pluies, fermente puis
moisit, soit d’une carence « en facteurs de croissance » de la population micro-
bienne du rumen. La distribution d’un aliment sec mis à l’abri des pluies dans
le premier cas et l’addition de « facteurs de croissance » sous forme de culture
bactérienne fraîche dans le second ont permis ‘de réduire respectivement les
pertes pondérales de 5,5 p. 100 et de 8,2 p. 100.
INTRODUCTION
jeunes, on rencontre le plus souvent une forte
diminution, voire un arrêt total de la croissance.
II est bien établi que les pertes de poids des
Cette chute de poids peut atteindre, en 1 mois et
bovins en élevage extensif, durant la saison sèche,
selon les races de zébus, de 31 à 63 p. 100 de la
sont un des obstacles majeurs au rendement éco- perte totale enregistrée durant les 7 mois de
nomique de ce type d’élevage en zone tropicale
saison sèche (7), ce qui lui a valu, au Nord-
sèche (4, 6, 7, 10).
Sénégal, la qualification de « Crise de juillet ».
Les zones d’élevage du Nord-Sénégal ne font
C’est ce phénomène particulier que l’on s’est
pas exception à cette règle et les pertes qui en
proposé d’étudier et le présent document rap-
résultent pour l’élevage national sont très éle-
porte les résultats relatifs aux expériences réali-
vées ; elles ont été quantifiées tant en élevage
sées en 1976 et 1977.
extensif traditionnel (6) qu’en station expérimen-
L’idée de départ a été de déterminer l’époque
tale (7) et des solutions ont été proposées et expé-
de la chute de poids par rapport aux phénomènes
rimentées pour les réduire (5, 6, 8).
Cependant, cette perte de poids n’est pas uni-
climatiques naturels, l’intensité de cette chute, les
facteurs qui en sont la cause. Le poids moyen
forme pendant la saison sèche et on assiste, au
diminue et plusieurs hypothèses se présentent à
mois de juillet, c’est-à-dire à l’époque où com-
l’esprit : l’a.nimal ne mange plus, ou consomme
mence à s’installer la saison des pluies, dans le
quelque chose qui s’oppose à une utilisation cor-
cas de la zone considérée, à une chute pondérale
recte des aliments, le transit intestinal est accé-
spectaculaire chez les animaux adultes. Chez les
léré... L’observation du comportement des ani-
maux expérimentaux montre qu’ils consomment
(*) Laboratoire National de YElevage et de Recherche
peu de paille mouillée ou humidifiée ; cette paille
Vétérinaires, B. P. 2057, Dakar-Hann, Rép. du Sénégal.
(**) Adresse actuelle : C. E. R., Domaine
sent le moisi et lorsqu’on l’analyse, on y trouve
de Pixéré-
court, B. P. 9, 54220, Malzéville.
des quantités importantes de mycotoxines.
- 277 -

Bien que l’adjonction de divers aliments
-- Le lot témoin A est nourri exclusivement
entraîne une atténuation de la perte de poids,
sur le pâturage naturel ;
l’action observée n’est pas complète et la pré-
-- Le lot B dispose du pâturage naturel et
sence de ces m:ycotoxines pourrait en être res-
d’un aliment sec distribué à volonté ;
ponsable.
Les travaux projetés à la suite de ces résultats
-~- Le lot C suit le même régime que le lot B,
consistent donc à étudier de façon détaillée les
auquel est ajoutée une supplémentation minérale
espèces fongiques en cause, leur mode d’action
et azotée.
éventuel et les moyens à mettre en œuvre pour les
En 1977, il s’agit de 3 fois 20 femelles zébus
éliminer ou dirninuer et mieux, supprimer les
Gobra âgées de 2 à 3 ans et pesant, en moyenne,
conséquences de leur présence.
215; kg en début d’expérience. Le choix des
femelles a été fait dans l’intention d’observer à
plus long terme les effets du traitement sur les
1. MATÉRIEL ET MÉTHODES
productions du troupeau.
1.1. LES HYPOTHÈSES DE TRAVAIL
Les lots se décomposent comme suit :
- - Le lot témoin A est alimenté exclusivement
En 1976, les hypothèses relatives à la perte de
sur le pâturage naturel ;
poids étaient les suivantes :
- - Le lot B reçoit le pâturage naturel et un
- diminution de la consommation (herbe
supplément minéral et azoté identique à celui
mouillée partiellement fermentée, ensuite herbe
distribué en 1976 ;
très jeune) ;
- - Le lot C, quant à lui dispose du pâturage,
- diminution des facultés de transformation
d’un aliment sec, non concentré, abrité des pluies,
(modification cle la population du rumen) ;
et enfin de «facteurs de croissance ».
- accélération du transit intestinal entraî-
nant un état de déplétion du tractus digestif.
1.3. INFRASTRUCTURES
En 1977, il S’$agit, d’une part, de confirmer les
résultats précéclemment obtenus, d’autre part,
compte tenu de ces résultats, d’aller plus loin
Les différents lots sont répartis dans 3 parcelles
dans l’analyse du problème. Ainsi les buts de ce
de pâturage nature1 du C. R. Z. de Dahra, clôtu-
nouvel essai visent à définir l’utilité pratique de la
rées,
sensiblement équivalentes en surface
distribution en fin de saison sèche d’un aliment
(200 ha) et en couverture végétale. Dans 2
sec non concentré, d’un supplément minéral
d’entre elles, des abris clôturés et couverts ont
et azoté, de facteurs favorisant la croissance de la
été aménagés afin de protéger les aliments des
population microbienne du tractus digestif.
pluies éventuelles. L’abreuvement est à volonté
Les « facteurs de croissance » (2) qui ne sont
constitué d’eau pure en 1976 et d’eau additionnée
pas connus avec certitude, ne sont ni titrés, ni
de « facteurs de croissance » (3) e; 1977. Cette
conservés. Ils sont élaborés extemporanément au
boisson est offerte aux animaux dans 16 demi-
sein d’une culture bactérienne développée direc-
fûts métalliques de 100 1.
tement sur un substrat placé dans l’eau de bois-
son du ruminant. Cette culture, menée selon la
1.4. ALIMENTATION
technique décrite en 1.4. donne naissance, sous
la chaleur tropicale, à un mélange complexe de
La composition des aliments et suppléments
métabolites intermédiaires (acides aminés, acides
distribués à volonté a été choisie en fonction des
organiques, acides gras volatils, purines, pyri-
résultats précédemment acquis (6) en zone sahé-
midines, vitamines) utilisables immédiatement
lienne (tableau 1).
par les micro-organismes de la panse.
L’aliment sec distribué est différent de celui
prévu initialement qui devait être de la paille de
1.2. ANIMAUX
brousse, récoltée sèche et distribuée donc sous
._Nk
abri ; ce qui aurait permis de comparer l’utilisa-
En 1976, 3 lots sont constitués de 3 fois
tion de cette même paille soit sèche, soit humidi-
20 zébus Gobra. mâles âgés de 3 à 6 ans, pesant
fiée par les pluies. D’autre part, l’aliment utilisé
en moyenne 315 kg en début d’expérience :
(1976) est relativement concentré, ce qui est assez
- 2 7 8 - -

TABLEAU 1. - Composition.
- une période de maintien ou d’amélioration
des aliments distribués (en p. 100)
de poids jusqu’au 15 juillet ;
- une 2” période de perte rapide du poids
Aliment sec
Supplément
durant 15 jours jusqu’à la fin du mois de juillet ;
minéral et azoté
1976
1977
- enfin, une 3” période durant laquelle les
poids augmentent régulièrement jusqu’à la fin
Coque d’ara-
Coque de grai . ,Chlorure de so-
1de l’essai.
chide
51 ne de coton
dium
40
Son de blé
4 5
Phosphate bi-
calcique
20
Carbonate de
Phosphate alu-
chaux
2
minocalcique 20
Chlorure de
sodium
2
Pr.larir
critiquable puisque à valeur UF égale (soit 45
à 5,2 par tête et par jour), il aurait fallu que les
bovins consomment 18 à 20 kg de foin sec pour
conserver le même bénéfice pondéra]. C’est pour-
quoi, dans l’essai 1977, l’emploi de coque de
graine de coton, de valeur sensiblement égale à
celle du foin sec de Dahra (0,25 UF/kg) a été
préféré.
Les facteurs de croissance sont apportés par la
boisson offerte aux bovins. Elle est constituée
par le mélange fermenté spontanément après
24 h d’exposition au soleil, de 100 1 d’eau addi-
.
tionnée de 6.50 g de gros sel et de 2 kg de coque
d’arachide (titre final = 109,4 bactéries par ml).
G R A P H I Q U E 1 - E v o l u t i o n p o n d é r a l e a u cours d e
l ’ e x p é r i e n c e 1976
1.5. MÉTHODES DE TRAITEMENT DES
Période II
DONNÉES
Pendant cette période, le lot témoin (A) main-
Le principe de l’analyse repose sur le calcul
tient son poids alors que les 2 lots supplémentés
des différentes droites de régression relatives à
montrent des gains significatifs de 286 à 502 g
l’évolution des poids moyens dans les 3 lots ;
par jour, la. différence étant significative entre les
la signification des différents coefficients de
lots B et C, le lot B supplémenté uniquement à
régression (pentes) est testée par analyse de
l’aide de l’aliment sec ayant le meilleur gain.
variante, les comparaisons entre eux se font à
Période 2
l’aide d’un test de t et par analyse de variante
et le coefficient moyen est éventuellement calculé
Durant cette période de 14 jours, le lot témoin
ainsi que son intervalle de confiance.
(A) perd du poids d’une manière significative
(1,75 kg par jour) par rapport aux autres lots qui
perdent respectivement 0,83 (B) et 1,16 (C) kg/j.
II. RÉSULTATS ET DISCUSSIONS
Période 3
11.1. EXPÉRIENCE 1976
Les animaux des 3 lots présentent des gains de
poids significatifs. Il n’y a pas de différence signi-
i
11.1.1. Résultats
ficative entre les 3 lots et il est donc possible de
calculer un coefficient de régression commun
A) Evolution pondérale
dont la valeur est 1,446 -t- 0,277. Ce gain de
A la lecture du graphique no 1, il apparaît
poids se poursuivait au moment de l’arrêt de
3 périodes :
l’expérience.
- 279 -

B) Consommation des aliments
La chute de poids est donc apparemment bien
La consommation moyenne journalière de
due au fait que les animaux ne consomment pas
complément (43 j) est d’environ 5,2 kg par tête,
la paille de fin de saison sèche lorsqu’elle est
soit 4,5 UF. Il faut, cependant, remarquer que
mouillée. D’ailleurs, au moment des prélève-
du 18/7 au 30/7, soit pendant 14 jours de chute
ments effectués à cette période, une odeur carac-
brutale du poids, la consommation s’est élevée à
téristique de moisi a été observée. Il est fort
6 kg par jour, soit 5,2 UF/jour.
probable que les animaux n’apprécient pas cette
Le foin recueilli au C. R. Z. de Dahra vaut
odeur. La présence de moisissures devient évi-
environ 0,30 UF. Il faudrait, par conséquent,
dente dans les pailles couchées par les pluies
de 15 à 17,5 kg de foin pour que l’animal bénéfi-
8 jours après l’humidification : elle est le corol-
cie d’un apport énergétique équivalent, soit 13,5
laire des fermentations bactériennes qui, en
à 15,8 kg de MS (rapport MS/UF = 3,6 à 3,0).
abaissant le pH, favorisent le développement des
mycéliums. L’identification et le titrage des
C) Consommation du complément minéral et azoté
mycotoxines éventuelles ont été effectués par le
La consommation du complément n’est pas
Laboratoire de Pharmacologie et Toxicologie de
constante dans le temps. Très élevée au début
1’1. N. R. A. à Toulouse. Les résultats complets
(112,5 g/j), elle diminue régulièrement pour se
sont présentés en annexe. Il en ressort qu’il existe
fixer approximativement à une trentaine de
un important développement d’une «flore de
grammes par jour à la fin de l’essai.
champ » à caractère phytopathogène (1, 2, 3, 4)
et saprophytique (5, 6,7, 8) suivi très rapidement
de l’apparition d’espèces de stockage thermo-
II.1.2. Discussion
tolérantes (9, 10, 11, 12). Sur le plan purement
Soixante-trois jours après le début de l’expé-
toxicologique, l’emploi d’un tel fourrage serait
rience, les animaux témoins n’ont gagné que
déc:onseillé selon les normes françaises en raison
18,25 kg, soit environ 290 g par jour alors que les
du nombre d’espèces susceptibles d’élaborer des
lots expérimentaux ont gagné 34 (C) et 31,45 kg
métabolites toxiques, et de leur abondance.
(B), soit environ 540 et 500 g par jour, ce qui
Les fermentations bactériennes puis, éventueI-
représente un peu moins du double de la crois-
lement mycéliennes, entraînent donc une baisse
sance du lot témoin.
de la consommation de matières sèches. Ce phé-
L’examen du graphique montre que la crise
nomène, déjà décrit pour les produits de l’ensi-
pondérale a pu être très sérieusement amortie
lage (baisse de 20 à 30 p. 100) a été redémontré
dans les lots expérimentaux puisqu’en moyenne,
expérimentalement au L. N. E. R. V. (11). Ainsi,
on a pu éviter 5,55 p. 100 de pertes par rapport
sur 10 moutons consommant de la coque d’ara-
aux témoins.
chide, la consommation passe de 694 g/tête/jour
L’étude du comportement des animaux permet
à 576 g/tête/jour lorsque la coque est mouillée
de préciser certaines questions. Dès la première
48 h auparavant, soit une diminution de la
pluie marquante (28 mm le 15/7), les animaux
consommation de 17 p. 100. La même expérience
commencent à ne plus consommer la paille de
effectuée sur fane d’arachide entraîne une réduc-
façon régulière et la chute de poids commence à
tion de consommation de 10 p. 100.
se manifester. Dès le 18/7, 51,6 mm sont tombés,
Il faut remarquer que les lots supplémentés,
ce qui suffit pour assurer un démarrage normal
bien que la perte ne soit pas significative, perdent
de la poussée des graminées. On compte 4
aussi du poids. La supplémentation a prouvé son
ou 5 jours pour la levée et une dizaine de jours
efficacité durant la période précédente, mais le
pour que les plantules atteignent une dimension
poids diminue tout de même et ce, malgré une
suffisante pour être happées convenablement par
consommation supérieure.
les bovins. On peut donc noter que les animaux
commencent très tôt la consommation de l’herbe
II. 1.3. Conclusions
et que dès qu’elle commence, la chute de poids
cesse. La reprise de poids étant immédiate, il
n’apparaît donc: pas d’effet dépressif supplémen-
Les conclusions à tirer de cette 1” expérience
taire dû à la consommation d’une herbe verte,
sont les suivantes :
s
jeune, aqueuse, riche en protéines et en potassium
(l) La supplémentation alimentaire compense,
tel qu’il est observé en Europe à l’occasion de la
en partie seulement, le fait que les animaux ne
classique « crise de la mise à l’herbe ».
consomment plus la paille mouillée ou humidifiée.
- 280 --

Il est probable que la consommation de toxines
verte nouvelle. La chute de poids semble bien due
est en plus une entrave au bon fonctionnement du
au fait que les animaux :
tractus digestif. L’opération est, cependant, ren-
- ne consomment pas ou très peu la paille de
table après la remontée des poids des animaux
fin de saison sèche lorsqu’elle est mouillée ;
(fin du mois d’août) et très rentable pendant la
- n’assimilent pas ou assimilent peu les
période de poids minimal (fin juillet). En effet,
1
quantités d’aliments absorbés.
d’une esquisse économique sommaire de l’opéra-
tion, il ressort que le coût du kg supplémentaire
observé chez les animaux supplémentés en fin
II.2. EXPÉRIENCE 1977
d’expérience est d’environ 140 F. Mais, la
remontée des poids des animaux témoins ne rend II.2.1. Résultats
pas évidente la différence entre ces animaux et les
supplémentés sur le plan de la conformation. Par
- Evolution pondérale (graphique no 2)
contre, si les résultats sont analysés au plus bas
Là encore, 3 périodes peuvent être identifiées :
de la chute de poids, on note alors l’intérêt
majeur de l’apport alimentaire au moment où les
Période 1
animaux présentés sur le marché sont classique-
Aucun des lots ne présente de pente significa-
ment au plus bas de leur forme, (le coût du kg tivement différente de 0, donc on peut considérer
supplémentaire devient alors de 44 F environ).
que les poids restent statistiquement constants.
De plus, à cette période, les animaux supplé-
mentés n’ont pas un aspect aussi éprouvé que les
Période 2
témoins.
Le lot ci recevant supplément et additif ne
b) Il ne semble pas exister d’effet dépressif
montre pas de modification du poids, par contre
supplémentaire dû à la consommation d’herbe
les lots A et B en perdent d’une manière non
--- L o t A (temoin)
2 0 0
. . . . . . . Lot 6
++++Lot c
- H a u t e u r s d ’ e a u c u m u l é e s
2 5 0 K
/
, Jour:
6
2 0
3 0
1017
2 0
3117
10
2 0
3 1 8
1018
GRAPHIQUE II - Evolution pondérale au cours de l’expérience
1977.
- 281 -

-
significativement différente. 11 est donc possible
faible (0,5 p. 100 d’écart entre les lots A et B) sans
de calculer un coefficient de régression commun
signification statistique, comme en 1976 (mais il
b,, = 0,539, soit une perte de poids de 539 g/j.
s’a.git ici d’une valeur ajoutée à une alimentation
dé.jà améliorée).
Période 3
En ce qui concerne les facteurs de croissance, il
Les 3 coefficients sont significativement diffé-
semble qu’ils aient produit un effet particulier
rents de 0, mais pas significativement diffé-
d’economie de la ration, puisque l’indice de
.’
rents entre eux.
Il est donc possible de
consommation, relevé en 1977, est 4 à 5 fois
a
calculer un coefficient de régression commun
moindre que celui observé en 1976. La compa-
b
raison stricte est évidemment impossible, mais un
ARC
= 0,830 k 0,175, soit un accroissement de
poids de 830 g/j.
essai ultérieur doit permettre d’étayer ou non
cette hypothèse.
Le comportement des animaux dans les diffé-
17.2.2. Discussion
rents lots ne diffère en rien de celui observé en
1976. On remarque, cependant, que la chute des
Quatre-vingt-douze jours après le début de
poids est plus progressive suivant en cela I’instal-
l’expérience, les animaux ont gagné respective-
lation plus lente des pluies, en particulier entre le
ment 88 kg soit 95 g par jour dans le lot témoin
14/7 et le 14/8 (34 p. 100 de quantité d’eau
(A) 9,2 kg, soit 100 g par jour dans le lot (B)
tombée en moins en 1977).
et enfin 27,55 kg, soit 299 g par jour dans le
lot (C). II faut remarquer qu’à l’image de la pre-
mière expérience, la croissance journalière des
animaux est la même dans les 3 lots au cours de la
III. CONCLUSION GÉNÉRALE
3” période et la supériorité finale obtenue dans le
lot supplémenté (C) est due à une diminution de
la perte des poids observée pendam la 2” période.
La première expérience (1976) fondée sur la
On peut donc en conclure qu’il y a intérêt à sup-
première hypothèse (sous-consommation de la
_
plémenter les animaux uniquement en fin de
paille mouillée) a permis de réduire la chute pon-
saison sèche au moment de l’installation des
deraie de 5,5 p. 100, mais non de l’annuler.
I
premières pluies. Cette supplémentation devient
La seconde expérience (1977) fondée sur
inutile une fois que l’herbe nouvelle commence à
l’hypothèse supplémentaire d’une carence en
être consommée.
facteurs de croissance de la population micro-
La crise pondérale a, semble-t-il, été mieux
bienne du tractus digestif a pratiquement annulé
maîtrisée qu’en 1976. Par ailleurs, le coût du trai-
la chute de poids, et porté l’écart à 8.23 p. 100
tement, compte tenu du faible prix de revient de
(entre A et C).
la coque de gra.ine de coton, tombe à 12 F par kg
Dans les 2 cas, l’opération s’est avérée finan-
vif conservé 2 mois après le début de l’expérience
cièrement rentable. Cette rentabilité est parti-
(période optimale de commercialisation).
culièrement élevée dans la seconde expérience du
Les effets respectifs des traitements appliqués
fait de l’utilisation d’un a!iment peu coûteux et
peuvent être appréciés de la manière suivante au
de la réduction très nette de l’indice de consom-
moment de leur impact maximal (12 août).
mation.
L’effet du traitement complet est obtenu en com-
Plusieurs enseignements peuvent être tirés de
parant les poids pondérés du troupeau expéri-
ces 2 observations : les plus importants sur le
mental (C) et ceux du troupeau témoin (A). Cet
plan pratique semblant être, d’une part, que la
écart est de 823 p. 100 en faveur du troupeau
distribution d’un complément alimentaire à des
traité.
zébus disposant d’un pâturage naturel non totale-
L’effet du traitement aliment sec (coque de
ment dégradé, n’a d’efficacité économique que si
graine de coton) et des facteurs de croissance est
elle est pratiquée lors des premières pluies ;
obtenu en comparant l’écart entre les poids pon-
auparavant, elle conduit à un gaspillage. D’autre
dérés du troupeau (B) et ceux du troupeau
part, que la supplémentation minérale et azotée
témoin (A). Cet écart est de 7,73 p. 100 en faveur
semble devoir être faite sur une longue période
du troupeau traité. On constate à l’occasion de
(6) : elle perd son efficacité si elle est faite trop
cette comparaison que l’effet du seul supplé-
tard.
ment minéral et azoté, est apparemment très
II SC confirme enfin que la mise à la disposition
- 2 8 2 -

de « facteurs de croissance » à la population
Enfin, et c’est l’apport le plus nouveau de ces
microbienne du tractus digestif semble agir plus
observations, il semble qu’on puisse attribuer
comme élément d’économie de la ration en abais-
une grande part des phénomènes observés à des
sant considérablement l’indice de consommation
agents responsables bien identifiés : des toxines
que comme ayant une unique action de maintien
d’origine fongique. C’est donc sur ce point que
ou d’amélioration du poids.
les recherches devront se poursuivre.
S U M M A R Y
Weight crisis in Sahelian zebu cattle at the begirming of the rainy season.
Experimental study of contributing factors and of possible control means
Weight loss in Sahelian zebu cattle during the dry season, increases at the
outset of the rainy season and it cari reach up to 50 p. 100 of the total loss of
the 6 previous months.
From these observations, the authors conclude that the weight loss is the
result of either a marked underconsumption of hay which has been soaked by
the first rains, and has formented then mildewed, or a deficiency in growth
elements of the microbial population of the rumen.
The distribution of a dry meal ration which has been stored in a dry place
in the first case, and in which growth elements have been added, such as fresh
bacterial cultures in the second case, have reduced respectively the weight
losses by 5.5 p. 100 and 8.2 p. 100.
RESUMEN
Modification de peso de 10s cebus sahelianos
durante la instalacion de las primeras lluvias
Estudio experimental de las causas
y de 10s medios posibles de lucha
La perdida de peso de 10s cebus sahelianos a lo largo de la estacion seca
se acentua a1 principio de la estacion de las lluvias, en que puede alcanzar
50 p. 100 de la perdida total de 10s seis meses precedentes.
Segim sus observaciones, 10s autores concluyen que este fenomeno pro-
viene segun 10s casos ya de un subconsumo acentuado de la paja que, mojada
por las primeras lluvias, fermenta, luego enmohece, ya de una carencia de
« factores de crecimiento » de la poblacion microbiana de la panza.
La distribution de un alimento seco preservado de las lluvias en el primer
caso y la adicion de « factores de crecimiento » bajo forma de cultiva bacteriano
fresco en el segundo permitieron reducir respectivamente las perdidas de peso
de 55 p. 100 y de 8,2 p. 100.
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10. LHOSTE: (P.). Comportement saisonnier du bétail
beef calves on semi-desert range. J. anim. Sci.. 1961.
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femelles adultes : comparaison de la race locale aux
5 . CALVET (H.), FRIOT (D.), CHAMBON (J.).
métis demi-sang brahma. Rev. Elev. Méd. vét. Puys
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trop., 1967, 20 (2) : 325-342.
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et de Recherches vétérinaires, Dakar, 1975.
Méd. vét. Pays trop., 1972, 25 (3) : 397-408.
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6 . CALVET (H.), FRIOT (D.), GUEYE (1. S.). Supplé-
grazing on veld. Rhod. J. agric. Res., 1968,6 (2) : 93-
mentations minérales, alimentaires et pertes de poids
101.
- 283 -
5

ANNEXE
Résultats de l’analyse mycologique
effectuée sur du pâturage naturel de Dahra
Récolte 15 jours après le début des pluies
(29-7-76)
Espèces fongiques
Abondance (*)
1. Curvularia sp . . . . . . . . . . . . . .
. . .
10%
2. Helminthosporium
sp. . . . . . . .
. . .
10%
3. Eusarium rigidiusculum
. . . . . .
. . .
5 x lOb/g
4. Fusarium sp. . . . . . . . . . . . . . . .
. . . .
3 x 106/g
5. Stachybotrys atra. . . . . . . . . . .
. .
2 x 1oqg
6. Acremoniella atra. . . . . . . . . . .
. .
1o‘vg
1. Cladosporium herborum. . . . . .
.
2 x 106/g
8. Cladosporium cladosporioides ~
. . .
2 x 106/g
9. Aspergillus ochraceus. . . . . . . .
. .
2 x 106/g
10. Aspergillus niger. . . . . . . . . . . .
. *
lO’/g
11. AsperKillus
nidulans.
. . . . . . . .
1 os/g
12. Aspergillus Jiavus. . . . . . . . . . .
. .
1 O”h
13. Penicillium
sp . . . . . . . . . . . . . .
. . .
3 x lOS/g
(*) Habituellement exprimée en croix. Ici, la plupart
des espèces dépassaient la gamme habituelle utilisée au
Laboratoire.
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