LABORATOIRE CENTRAL DE L'ELJWAGE ...
LABORATOIRE CENTRAL DE L'ELJWAGE
--_--___-----------_------------
"Georges Curasson"
----m.es.-----.m.w----
DAKAR.
RAPPORT SURTTS RESULTATS D'UNE ENQUJZE MALACOLQGIQUE
EF'FECTUEE DANS LA REGION DE TAMBACOUNDA (Sénbgal Oriental),
(République du Sénégal)
Mission du 24 Novembre 1960 au 3 Décembre 1960.
1.
Dr, S. GRESILLAT
c
Vétérinaire Inspecteur
*
Chef du Laboratoire d'Helminthologie
1
.
Laboratoire Central de 1'Elevage
B.P. 2057
D A K A R
----------
Dkcembre 1960

.
C'est à la demande du Service des Grandes Endémies
du Ministère de la Santé et des Affaires Sociales de la République du Sé-
négal que le Laboratoire d'Helminthologie du Laboratoire Central de l'Ele-
vage "Georges Curasson ' à Dakar fut chargé d'une enquête malacologique en
région de Tambacounda (Sénégal Oriental),
Dans cette partie du Sénkgal, où les cas de bilhar-
ziose vésfbale humaine sont assez fréquents, il s'agissait de reconnaftre
et de déterminer le ou les mollusques hôtes intermédiaires de Schistosom&
haematobium, les points d'eau où se produisait l'infestation des malades,
les conditions écologiques des vecteurs et, éventuellement, les possibili-
tés pratiques de leur destruction dans le cadre d'une action d'ordre pro-
phylactique.
Le présent rapport contient un certain nombre de
donndes que nous avons pu receuillir sur'place au cours de la prospection
de mares et de marigots, et les résultats obtenus à la dissection des mol-
lusques d'eau douce récoltés dans différents types de gîtes,
Le peu de temps dont nous disposions pour effec-
tuer cette mission, (10 jours), ne nous a permis que la visite d'un petit
nombre de points d'eau, d'ailleurs très éloignés les uns des autres,
mais qui, heureusement, peuvent être, du point de vue hydrologique, clas-
sés en deux groupes, à savoir, des marigots et des mares permanents ou
presque permanents, et des points d'eau non permanents (collections
d'eau de pluie dans une dépression naturelle, ou bas-fond de lit de ruis-
seau s'asséchant completement au cours de la saison sèche). C'est ainsi
que nous pensons pouvoir étendre à l'ensemble de la région du Sénégal
Oriental située au nord de la Gambie, les observations et constatations
que nous avons pu faire sur le terrain au cours de cette tournée de pros-
pection,
Nous sommes reconnaissant à Monsieur le Ministre
de 1'Economie Rurale et de la Coopération du Sénégal, et à Monsieur le
Ministre de la Santé et des Affaires Sociales du Sénégal, de l'opportu-
nité qu'ils nous ont donnée d'accomplir cette mission ainsi que des faci-
lités qu'ils nous ont accordées pour la réaliser.
Toute notre reconnaissance va aussi au Docteur
ORUE, Directeur du Laboratoire Central de 1'Elevage B Dakar, qui a bien
voulu nous permettre d'accomplir cette mission pour le Service des Grandes
Endémies.
Nous tenons à remercier le Docteur LACAN, Chef
du Service des Grandes Endémies à Dakar, qui a eu l'idée de faire procéder
. . . / .**
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à cette enquête malacologique, et d'avoir demandé notre collaboration
pour l'aooomplfssement de cette tournée de prospection.
Nous remercions également le Docteur DAIHEIDA,
Médecin Chef de Tambacounda pour les renseignements et les moyens qu'il
a mis à notre disposition au cours de ce travail.
Enfin, c'est grace à l'amabilité de Monsieur
NIANG EQUNA SEMOU, Chef de l'Arrondissement de Koussanar, qui nous a
fourni les guides nécessaires et nous a facilité notre séjour à Koumpen-
toum, que nous avons pu visiter certains points d'eau très éloignés de
l'axe routier Kaolack-Tambacounda, Nous l'en remercions très vivement.
Notre voyage Dakar-Tambacounda eD retour, ainsi
que les déplacements en brousse ont été effectués grâce à un véhicule et
un chauffeur fourni par le Service des Grandes Endémies.
- P?%ION ?ROSPECTEE -
A part une petite prospection le long de la route
Tambacounda-Velingara, jusqu'à Kouloumbou, sur les bords du fleuve Gambie,
les points d'eau que nous avons visités se situent dans une rdgion au
nord et au sud de la route Kaolack-Tambacounda, entre les agglomérations
de Koumpentoum et Senthiou-Maleme,
- PLAN DE TRAVAIL -
- Visite des marigots et des mares. Prospection et
recherche des mollusques d'eau douce existant dans ces points d'eau,
- Détermination des espèces et évaluation appro-
ximative de la densité malacologique, par mètre carré de surface, et
par espèce,
- Nature du ou des substrats, où se trouvent les
mollusques.
- Evaluation de la densité des pontes.
- Nature deila végétation aquatique, du sol avoi-
sinant le point d'eau et du fond de la mare ou du marigot.
- Renseignements pris pour établir le type du
point d'eau :
Permament ou non
Affluent de la Gambie en période d'hivernage, ou
n'ayant aucune communication avec les marigots de la région
Date approximative à laquelle se produit éven-
tuellement le dessèchement.
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- Mesure approximative du pH de l’eau- (à l’aide
de papier indicateur)
- Mesure de la température de l’eau en indiquant
l’heure de la mesure.
- Dissection des mollusques récoltés pour établis-
sement du genre et du pourcentage de leur infestation par des formes lar-
vaires de trématodes.
Pour faciliter le travail, l’itinéraire des prospec-
tions fut établi de telle sorte que le dissection des mollusques fut
effectuée en général le lendemain de leur capture.
Avant de faire l’exposé détaillé des observations
et résultats trouvés pour chaque gfte où nous avons trouvé des mollus-
ques d’eau douce,nous donnons sous forme de tableau, les principaux carac-
tères propres à chacun d’eaux, ainsi que le genre et le pourcentage d’in-
festation des hôtes intermédiaires qui y ont été récoltes.

CTtesi Type du
1
i Visite
Eau. 1
-1 gîte
Date! Heure/ Temp.; pH.!
Usages
i Végétation /
-.
i
I
1 1 marigot j 25 I 17h. 125 Oc ( 6
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i boue
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i latérite t
llh, !21°C / 6
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Jabreuvoir
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fboisson, bain i dense nénu-/ rocher
: manente i XIII 16h. i $4 OC i 6,5 i l e s s i v e e t
1 phars et
j vase et
; 60 j
i abreuvoir
1 lentilles j latérite. i
i d'eau
I
Légende des abréviations
Sch. =
formes larvaires de Schistosoma haematobium
Str. = formes larvaires de Strigeidae
Ech. = formes larvaires d'Echinostomidae
Par. = formes larvaires de Paramphistomidae
Dens.
M 2 = Densité ou nombre des mollusques
récoltés au mètre carré,
_.. ..~
\\

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MOLLUSQUES RECOLTES
Bulinus guernei
j
Bulinus senegalensis
1
Dens.
Infes-
j Dens, /
iI;ifeS-
; N O M
Pontes' Support;
;Pontes !Support
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i SENTHIOU
i MALEME
-
BouNTouNKo
/
MAKILE

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Dès notre arrivée à Tambacounda nous nous sommes
mis en rapport avec le Service de Santé.
Dans les environs immédiats de la ville, la plupart
des marigots et des mares sont secs à cette époque de l'année. Une grande
collection d'eau située à la sortie de Tlmbacounda, sur la route de la
Casamance, a été drainée et asséchée sur les conseils du Service Médical,
Pour avoir une idée de la faune malacologique exis-
tant dans le fleuve Gambie, nous sommes allés avec le Dr. DALMEIDA, Médecin
Chef de L'HÔpital de Tambacounda, jusqu'au petit village de pkheurs de
KOULOUMBOU, sur le bord de ce fleuve,
A cette époque de l'année la Gambie a encore un
grzs débit et le courant est rapide. Les recherches effectuées sur envi-
ron 200 mètres de bord de rivière, n'ont permis de récolter que des mol-
luques operculés sans aucun intérêt au pointide vue de l'épidémiologie
des afXections à trématodes de l'homme et des animaux domestiques.
C'est alors que nous avons décidé d'orienter nos
recherches vers les mares et marigots des rkgions voisines des villages
de SENTHIOU MALJXME, KOUSSANAR, MALEME-NIANI et KOUMPENTOUM. (Ce dernier
étant à 100 Kms. de Tambacounda sur l'axe routier et ferroviaire de
KAOLACK à TAMBACOUNDA)
- OBSERVATIONS ET RESULTATS RECUEILLIS POUR
-------------------_---------------------
CHACUN DES GITES A MOLLUSQUES PROSPECTES. -
-----------------------------------------
- MARIGOT DE KOUSSANAR - (Gftes no 1 et 11)
GITE N" 1
: Aspect d'une mare (50 à 60 m. de long
sur 30 m'I de large et 0,50 de profondeur) tarissant vers le mois de jan-
vier et qui n'est qu'un bas-fond du lit d'un ruisseau, qui, en époque d'hi-
vernage, se jette dans la CPmbie .
Il est situé en contrebas du pont, à droite de la
route en sortant de Koussanar (400 m.), et en venant de Tambacounda.
Le fond de cette collection d'eau est plus ou
moins vaseaux et les abords en sont argileux.
. . . / ..,
---_-- --_

Ce point d'eau ne sert plus en novembre qu'à l'a-
breuvement du bétail, l'eau étant vraiment trop boueuse pour que les
habitants de Koussanar l'utilise, Ce n'est qu'en période de hautes eaux,
quand le marigot coule, qu'il est utilisé pour le bain. et la lessive.
Les habitants de Koussanar sont alimentés en eau de boisson par le chateau
d'eau de la gare du Dakar-Niger.
Sur les bords désséchés du marigot nous avons
trouvé de très nombreuses coquilles vides de Bulinus guernei Bautzenberg
Aucune végétation aquatique. Le pH de l'eau est
particulièrement acide (6,0)
La température de l'eau est de 25' à 17
,
heures, quoique la nappe d'eau soit entièrement exposée aux rayons solai-
res.
Posés sur la vase, ou attachés à des fragments de
branches ou de troncs plus ou moins pourris emportés par les crues, nous
trouvons, suivant les endroits, de 5 à 10 B. guernei adultes par mètre
carré.dc=surface. Pas de formes jeunes, ni de pontes. Quelques exemplaires
adultes particulièrement énormes, Ce glte ne semble plut propice à la re-
production de ce mollusque,
GITE No 11
: Même allure que le gîte no 1, il
est placé en aval et à gauche de la route dans le lit du même ruisseau,
Les seules différences avec le gii'te précédent
sont un pH de l'eau un peu plus élevé (6,2), et une plus forte densité de
B. guernei au mètre carré, (10 à 15). Là aussi, nous ne trouvons pas de
jeunes formes, ni de pontes,
RESULTATS DES DISSECTIONS
GITE No 1
: Sur 180 B. guernei diss&Jés nous
trouvons :
4 $ des exemplaires infestés par des formes larvaires d'Echinos
tomidae
(rédies très brunesavec quatre expansions latérales). Les mol-
lusques infectés sont ceux dont la grande taille avait été remarquée lors
de la récolte,
GITE No 11
: Sur 97 B. guernei disséqués nous
trouvons :
3 exemplaires infestés par des formes larvaires d'Echinos-
tàmidae et un exemplaire infesté par des rédies et de, cercaires de
Paramphistomidae (C ercaire appartenant au groupe Diplocotyloidea ).
.*. / ..*

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6
1.2 l . .
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MARE DE KIRENGI (G!îte no 111)
Cette mare est située & 12 Kms. et au sud de
KOUPENTOUM, à environ 500 m. du village de KISENGI. C'est un point d'eau
non permanent, (col1 e c t ion d'eau de pluie dans-le fond d'une dépression
naturelle et ne communiquant avec aucun des marigots de la région).
-.-.
Elle tarit vers les mois de février-mars et sert à tous les usages :
Bain , boisson, lessive, abreuvement des animaux, Le puits du village
a 50 mètres de profondeur et les habitants boivent volontiers à la mare.
Cette collection d'eau a, fin n$.wembre,
des dimen-
sions assez importantes : 100 à 120 mètres de long sur 50 à 60 m. de
large et 1 à 1, 50 m. de profondeur, Les abords en sont argileux et le
fond est peu vaseux,
De t&s nombreuses petites lentilles d'eau en re-
uouvrent la surface.
.
Température de l'eau à 15 heures : 30 ' C.
Le pH de l'eau sur les bords est environ de 6,
.
donc nettement acide.
La faune malacologique de cette mare est uniquement
constituée par de très nombreux Bulinus senegalensis Müller , jeunes et
adultes, fixés à des fragments de bois plas.~ow moiG pourris ou*posés sur
la vase du fond, ou attachés aux lentilles d'eau en surface. Les pontes
sont très nombreuses.
Ce gl'te est donc en pleine évolution, et les condi-
tions de milieu semblent être extrêmement favorables à la multiplication
de B. senegalensis.
RESULTATS DES DISSECTIONS
Sur 200 B. senegalensis adultes disséqués :
- 5% des spécimens ont été trouvés porteurs'de
formes larvaires d'Echinostomidae,
- 4% des spEcimens ont été trouvés infestés par des
sporocystes et des furcocercaires de Strigeidea.
MARE DE SILLE (C%e No IV)
La route permettant 'I'accés à cette mare, située
à 27 kms. au nord de KOUMPENTOUM, traverse une région boisée extrêmement
sèche. Cette collection d'eau permanente représente donc pour les'éleveurs
/
l *.
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.
un point d’eau de saison sèche, oh ils conduisent. régulièrement leur
bétail.
Pour leur besoins en eau, les habitants du village
de SILLE, qui est une agglomération importante, située à environ 1,5Km ,
se servent plus volontiers de cette mare que, de leur puits dont la pro-
fondeur moyenne est de 60 à 70 mètres, Elle sert donc à tous les usages :
bain-, boisson, lessive, abreuvement du bétail,
Fin novembre, cette vaste dépression circulaire de
300 à 400 mètres de diamètre,
à fond plus ou moins latéritique, et
entourée d’arbres de toute part, est occupée en son centre par trois
trous contcnsnt de l’eau.
Deux de 08s trous ont 20 à 30 mètres de diamètre
et 1,50 m. de profondeur. Le troisième, beaucoup plus vaste et profond,
(100 m. de long. , 50 m. de large et 2 à 3 m. de profondeur) n’est pra-
tiquement jamais à sec pendant la saison sèche, En début d’hivernage, il
est réduit b une petite excavation de quelques mètres de diamètre au fond
de laquelle reste un peu d’eau, sans doute entretenue par une source,
Une flore extr+Z?mement dense de nénuphars et de
,itentilles d’eau recouvre la surface de l’eau qui est limpide,
Température de l’eau : à 9 heures : 20 * C.
Le pH de l’eau est voisin de 6,2,
Cette mare ne communique avec aucun des marigots
de la région même en période d’hivernage.
La faune malacologique est très dense dans cette
mare,
Attachésaux feuilles, aux tiges et aux pieds de
nénuphars, nous avons pu récolter jusqu’à plu;d:,60 exemplaires de B.guer-
nei par mètre carré de surface d’étang. I l existe.aussi des 3. senegalen-
-
sis mais en beaucoup plus petit nombre,
Les jeunes et les pontes fixées surtout aux tiges
des plantes aquatiques sont extrèmement nombreux,
.
Cette mare présente donc toutes les conditions né-
cessaires la reproduction et à la croissance de ces deux bulins.
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. . . / ..*
8
RESULTATS DES DISSECTIONS
Sur 250 B. guernei disséqués :
- '@ env.desexemplaires
sont infestés par des
formes larvaires attribuées à l'espèce Schistosoma haematobiurn.
- 2$ environ par des formes larvaires de Paramphis-
tomidae (cercaires diplocotyles) peut-être parasites de Batraciens, mais
vraissemblablement pas de Ruminants,
- 4% environ par des formes larvaires d'Echinosto-
midae,
Au point de vue de la faune des Vertébrés existant
dans cette mare, nous avons remarqué la présence de très nombreux batraciens
et, selon les dires des indigènes, quelques crocodiles occupent le trou
central, Il n'y aurait pas de poissons,
CONTROLES BIOLOGIQUES
Essais d'infestation de3 souris ot de 2 rats blancs
avec des furcocercaires attribuées à l'espèce Sch. haematobium et trouvées
chez Bulinus guernei.
MARE DE PETE (Cîte No V) (45 Kms. au nord de
KOUMPENTOUM)
Formée par une dépression à peu prés circulaire
de 100 à 150 mètres de diamètre et de 2 mètres de profondeur environ en
son centre. Cette mare se remplît lors des pluies d'hivernage et tarit
vers la fin décembre, début janvier.
Le sol est argileux, et fin novembre il ne per-
siste que quelques trous d'eau de 20 à 25 mètres de diamètre, qui ser-
vent à tous les usages des habitants de la région ; les puits du village
de PETE, qui est tout proche (500 m.) sont en effet très profonds (60m,)
Un épais tapiw:de petites lentilles d'eau recou-
vre la surface de l.‘eau qui est trouble, dont le pH. est voisin de 6,O
et la temperature de 21" C à 11 heures du matin.
Noua nf6wns trouvé dans ces trous d'eau que d'assez
rares B. senegalensis à différents stades de développement, soit en sur-
face, soit fixés à des fragments.dè bois pourri. Les pontes de mollusques
sont rares.
. . . / ..,

/
. . . / I..
9
Dans deux trous, désséchés seulement depuis quel-
ques jours, et dont le centre était encore un peu humide et vaseux, il
n'y avait aucune coquille de B, senegalensis morts au cours de l'assè-
chement.
Sur 85 B. senegalensis diss%qués :
- 10 $ environ ont Qté trouvés infestés par des
furcocercaires de Strigeidea
- 10 $ environ par des formes larvaires d'Echinos-
tomidae,
J
i
MARE DE P&NAL ( Gîte no VI) 57 kms. au nord de
KOUMPENTOUM.
C'est un ancien point d'eau permanent qui a été
aménagé pour fournir en toute saison de l'eau aux habitants de la région.
Le fond de la dépression ainsi que le pourtour ont été creusés de manière
à conserver l'eau durant toute l'année.
La mare dont le niveau bePsse considérablement en
mai-juin doit être alimentée par une source placée en son milieu, ét
dont la présence se signalait,avant les travaux d'aménagement, par un
trou fangeux inutilisable en fin de saison sèche pour l'abreuvement du
bétail.
Même en plein hivernage ce point d'eau qui est
entouré de petites dunes de sable ne communique avec aucun marigot af-
fluent de la Gambie,
Lors de notre visite, fin novembre, cet étang,
qui a une forme plus ou moins ovalaire, mesure 150 mètres de long sur
100 mètres de large et 5 à 6 mètres devprofondeur. C'est donc un point
d'eau extrêmement important, au point de vue économiQ.de la région et de
très nombreux troupeaux de bétail viennent s'y abreuver, C'est aussi le
seul endroit où les pasteurs peuvent boire et procéder à leur ablutions
dans cette contrée très sèche où l'eau est rare et difficile à se procu-
rer (le petit village de PANAL, à 600 m. possède un seul puits de 60 m,)
Les abords immédiats de la mare sont argileux et
imperméables,
Sur le bord, l'eau est de couleur laiteuse
. . . / . . .
--

. .* / ,,, 10
contenant beaucoup d'argile en suspension (due, sans doute au piétine-
ment du bétail qui vient y boire) ; son pH, est voisin de 6,5 et sa tem-
pérature de 25" C à 14 heures.
La végétation aquatique est inexistante sur les
bords, mais vers le centre poussent des nénuphars.
Pour la recherche des mollusques, nous n'avons pu,
faite d'embarcation, aller nous rendre compte de la faune malacologique
fixée à ces plantes aquatiques,
Sur le pourtour de la mare nous n'avons trouvé que
de rares B. guernei, posés sur la vase, (1 à 2 par m2), et quelques
B. senegalensis, fixés à des fragments de bois pourris. Les pontes de
mollusques sont extrêmement rares, Sur les bords désséchés de l'étang,
nous avons trouvé de nombreux cadavres de B. guernei , mais aucun B. sene-
galensisi
.
RESULTATS DES DISSECTIONS :
-
-
Sur 91 B. guernei disséqués, 2 exemplaires ont
été trouvés infestés @ar des formes larvaires pouvant être rapportées à
l'espèce Schistosoma haematobium,
Tous les B. senegalensis (34) étaient négatifs.
MARE DE PALDAS (Gî?te No VII) à 1.8 kms. environ de
la mare de PANAL, et à 1 Km. environ du village de
SAREBCUELI.
Non permanent, et complètement asséché vers la fin
du mois de janvier, ce point d'eau est le résultat de l'accumulation
des eaux de pluies dans une dépression naturelle peu profonde.
Comme pour SILLSS, les abords et le fond de cette
mare, de dimensions assez réduites fin novembre, (70 m. sur 50 m. environ)
sont latéritiques.
.
Son eau sert à tous les usages pour les bergers qui
viennent y abreuver leur troupeaux.
.I.

/
..,
-~~ -

. . . / ..* 11
La végétation aquatique est uniquement représentée
par des petites lentilles d'eau qui recouvrent entièrement la surface
de l'eau.
Nous n'avons trouvé que des B. EenegalensiA dans
ce glte. De 15 & 20 spécimens par mètre carré de surface, les formes adul-
tes et les jeunes sont fixés à des fragments de bois en décomposition.
Les pontes sont nombreuses. Les conditions de milieu semblent donc favo-
rables à la reproduction et à la croissance de ce mollusque.
RESULTATS DES DISSECTIONS
-..
:
Sur 100 B. senegalensis disséqués, 2 exemplaires
- --
ont été trouvés infestés par des formes larvaires d'Echinostomidae.
MARIGOT DE SENTHIOU MALBME (Gîte no VIII) à 2kms.
l
avant le village de SENTHIOU MALEME, à droite de
la route en venant de Tambacounda.
C'est le bas-Pond d'un ruisseawidésséché, affluent
de la Gambie, qui présente par endroit quelques flaques d'eau boueuse,
et dont l'abord, très vaseux, est assez malaisé.
A cette époque de l'année, l'eau n'est utilisée
qu'à l'abreuvement des animaux, mais quand les eaux sont plus hautes les
habitants de la région se baignent dans ce marigot.
Il n'existe aucune végétation aquatique, le pH, de
l'eau est voisin de 6,2 et la température de 26 ' C. à 16 heures.
Nous trouvons sur Jes bords,
fixés à des fragments
de bois pourri, d'assez rares g. guernei adultes, avec très peu de pon-
tes.
FWULTATS DES DISSECTIC)NS :
Aucun des B. guernei
disséqués n'est trouvé infecté
par des formes larvaires de trématodes.
. . .
/
..a
.-
_-

. . .
/
a..
12
MARIGOT DE BOUNTOUNKO (Gî?te no IX) à 9 Kms. au
-'--- ---,
Sud de KOUSSANAR et a 1 km. du village de
BoumuNKo ,
Point d'eau important, ne tarissant pas au cours de
la ssisan sèche, placé dans le lit du marigot de KOUSSANAR (Gî?te no 1
et G?te no ll), qui se jette dans la Gambie pendant les grandes pluies
d’hivernage,
Début décembre, il a l'aspect d'une mare à bords
très vaseux de 200 mètres de long environ sur 60 mètres de large et
quelques mètres de profondeur. Vers le mois de juinil est réduit à un
petit trou d'eau de quelques mètres de:diamètre où on trouve encore quel-
ques poissons.

Lors de notre visite nous avons pu constater que
les gens de la région viennent s'y baigner, s'y ravitailler en eau de
-
boissons et y abreuver leur bétail, Les chasseurs d'antilopes y ont aussi
installé des postes de gué (sortes de cabanes formées de branches en-
foncées dans le fond du marigot, et où le guetteur se poste, les pieds
.
dans l'eau, pour surprendre le gibier venant à l'abreuvoir).
La flore aquatique est représentde par de très nom-
breux nénuphars.
Le pH. de l'eau est voisin de 6,2 et la tempéra-
ture de 25 ' C à 11 heures du matin.
De nombreux B. guernei, jeunes et adultes sont
trouvés fixés aux feuilles et surtoutaux tiges de nénuphars. Les pon-
tes sont nombreuses. Par contre, les B. sencgalensis sont beaucoup
plus rares et leur pontes faibles.
Sur les bords fangeux du marigot on trouve beau-
coup de coquilles vides de B.guernei
morts à la suite de..la baisse
des eaux, mais aucune coquille de B. senegalensis.
RESULTATS DE DISSECTIONS :
-
-
.
Sur 153 B. guernei
disséqués nous trouvons 3
spécimens parasités par des formes larvaires attribuables à l'espèce
Schistosoma haematobium.
. . . / *..
-
~_~..

.
. . . / *.. 14
É
.
I
I
.
Sur 100 B. senegalensis disséqués nous trouvons :
- 4 % des exemplaires infestés de furcocercaires
de Strigeidea , et 5 % infestés par des formes larvaires d'Echinostomidae
-
-
-
-
MAHE DE MAKILE ( G?te no X) à 57 Kms. au nord de
KOUSSANAH, le village le plus proche étant DAWADY
à 1-g Kms.
L'emplacement de cette mare au centre d'une région
dépourvue de puits, mais où transhument beaucoup de troupeaux rend de
très grands services aux pasteurs plus ou moins nomades qui vont y abreuver
leurs b$tes (bovins, asins), et qui n'ont que ce point d'eau pour leurs
besoins personnels.
Cette dépression naturelle, entièrement recou-
verte d'eau en saison des pluies, a une superficie d'environ 4 à 5 hec-
tares et ne communique avec aucun marigot de la région,
-
-
Son sol est latéritiquc, avec, par cndruits d,s
affleurements rocheux qui donnent à l'ensemble une teinte rougeâtre.
En décembre la mare a une forme à @eu près cir-
culaire de 100 à 120 mètres de diamètre, et une profondeur moyenne de
1 m. à 1 m50, excepté à un endroit où le fond s'enfonce à plusieurs mètres,
correspondant à l'enplacement de la source qui l'alimente.
1
D'après les renseignements fournis par les'éle-
veurs, vers la fin du mois de juin, cette résurgence n'est plus utilisa-
ble comme abreuvoir. La poche d'eau qui persiste est placée dans une
excavation rocheuse prodonde ne communiquant avec l'extérieur que par
un ktroft orifice. Cette collection d'eau souterraine sert alors de
refuge aux crocodiles habitant la mare.
Le pH. de l'eau est environ de 6,5, sa températu-
re à 16 heures en décembre, de 24O C.
L'eau très limpide a sa surface recouverte par
de nombreux nénuphars et par des lentilles d'eau.
. . . / . . .

. . . / . . .
16
La faune malacologique, extrgmement dense, est
représentée par de très nombreux B. guernei, (plus de 50 exemplaires au
EL j tous les stades de développement et fixés soit au fond rocheux,
,
soit aux tiges et feuilles de nénuphars. Les pontes sont très nombreuses.
Les B. senegalensis
sont plus rares (5 à 10 par M2 de surface) et on les
trouve surtout dans les endroits où les lentilles d'eau abondent, soit
en surface, soit au niveau des racines des pieds de nénuphars.
Leurs
pontes sont moins nombreuses que celles de l'autre espèce.
Sur les bords immédiats de la mare, à quelques
mètres de l'eau, on trouve de nombreuses coquilles vides de B. guernei,,
mais aucune de B. senegalensis.
t
,
Ce gfte à mollusques réunit donc toutes les condi-
tions favorables à la reproduction et audéveloppement de ces deux espè-
ces.
I
RESULTATS DES DISSECTIONS :
,
Sur 200 B. guernei disséqués :
- 8% des exemplaires nnt été trouvds porteurs de
sporocystes et de furcocercaires pouvant être rapportées B. l'espèce
a
Schistosoma haematobium
- B ont été trouvés infestés par des formes
'
larvaires de Strigeidea
- 5% ont été trouvés infestés par des rédies et
des cercaires d'Echinostomidae.
Sur 124 B. senegalensis disséqués D
- 5% ont été trouvés infestés par des formes lar-
vaires de Strigeidea.
- 5% étaient infestés par des rédies et des cer-
caires d'Echinostomidae.
l
CONTROLES BIOLQGIQUES :
I
- 3 souris et 3 rats blancs ont été infestés expé-
rimentalement le 2 ddcembre 1960, avec des furcocercaires attibuées à
l'espèce Schistosoma haematobium, provenant de 4 B. guernei récoltés dans
.
la mare de MAKILB.
. . . / . . .

REMARQUES :
Ces animaux d'expérience, comme ceux infestés par
des furcocercaires issues de B. guernei
provenant de la mare de SILLE,
seront autopsiés 50 à 60 jours après la date de leur infestation, pour
confirmation de l'espèce du schistosome en cause.
INTERPRETATION DES RESULTATS TROUVES AU COURS DE CETTE
ENQUETE MALACOLOGIQUE.
1') Résultats obtenus sur le terrain :
-
-
A/ Observations d'ordre hydrologique :
Ies g?tes à mollusques de cette région du Sénégal
sont :
l- des points d'eau non permanents (mares disparaissant au cours
de la saison sèche et formées par l'accumulation des eaux
de pluies dans une dépression naturelle à fond plus ou moins
imperméable) ou (collections d'eau restant dans les bas fonds
d'un ruisseau ;ils finissent par tarir vers les mois de jan-
vier ou de février, mais souvent beaucoup plus tôt),
2 - des points d'eau permanents alimentés par une source, et qui
conservent, jusqu'au début de la saison des pluies, un peu
d'eau ou de vase encore humide.
B/ Observations d'ordre hydrobiologique et écologique :
Elles semblent découler des précédentes.
La végétation aquatique des mares varie suivant
leur régime hydraulique. Alors que les lentilles d'eau sont abondantes dans
toutes,.les nénuphars n'eexisten* que dans les permanentes. Ces derniers,
en effet, ont besoin d'un endroit vaseux pour assurer la perennité de la
plante d'une saison à l'autre, alors que les premières sont capables de
passer toute une saison sèche dans la vase du fond desséché d'un étang,
pour envahir ce dernier dès qu'il se remplit par les pluies. (L'expérience
prouve qu'il suffit de mettre un bloc d'argile sèche dans le fond d'une
mare, dans un r>aquarium rempli d'eau, pour qu'au bout de quelque temps
une végétation épaisse de lentilles d'eau apparaisse. (")
(") Cette expérience a été réalisée plusieurs fois par le Pr.
- Larivière de la Faculté de Médecine de Dakar (Comm. person.) ,.. / ..*

. . . / .,.
18
L

.
,.. / .**
19
f
En ce qui concerne le pH. des eaux de ces mares, il
est particulièrement acide, et diffère en cela, de celui trouvé dans les
gîtes à Physopsis et à Bulinus
de la région de Haute Casamance, où il
est en gZ5al légèrement supérieur ou égal à la neutralité.
Au point de vue faune malacologique des gîtes de
cette région, nous tenons à faire remarquer que Bulinus senegalensis et
Bulinus guernei sont les deux seules espèces que nous ayons trouvées.
Les autres gastéropodes d'eau douce que l'on trouve ailleurs au Sénégal,
Biomphalaria pfefferi, gaudi Ranson, -et Lymnaea natalensis caillaudi Bour-
gimat, manquent. En ce qui concerne cette dernière espèce, l'observa-
tion faite à l'abattoir de Tambacounda, et que Monsieur le Vétxrinaire
SY a eu l'amabilitédonous
communiquer, (absence totale de distomatose des
Ruminants),
confirme celles faites sur le terrain. (")
Au sujet de B. senegalensis, sa présence dans toutes
les mares, permanentes ou non, sans communication avec d'autres marigots
même en saison des pluies, laisse supposer que ce mollusque entre en
diapause en s'enfonçant dans la vase du fond où il reste en anhydrobiose
pendant toute la période où la mare est à sec,
Pour B, guernei la question de son écologie est
d'autant plus importante qu'il est un vecteur de Sch. haematobium, et
que la réussite totale de toute action entreprise sur le terrain en vue
de sa destruction, (lutte antimollusque), est fonction des facteurs écologi-
assurant la perennité de l'espèce d'une saison à l'autre.
En consultant le tableau donnant les résultats gé-
néraux de la prospection, nous voyons que ce mollusque semble être in-
féodé aux points d'eau permanents alimentés par une source, (Mares de
SILLE, PANAL, MAKILIE, marigot de BOUNTOUNKO). Dans le cas où on le trouve
dans des marigots qui s'assèchent complètement (Marigots de KOUSSANAR et
de SENTHIOU MALFME), ce sont des points d'eau, qui vraissemblablement,
ont été repauplés à partir de gîtes permenents comme celui de BCUNTOUNKOTJ,
quand les eaux de la Gambie remontent dans les ruisseaux de la région
pendant les grandes pluies d'hivernage,
Ce qui plaide en faveur de la non résistance de
cette espèce sous forme adulte enfouie dans la vase sèche, ce sont les
(") Nous remercions Monsieur le Vétérinaire SY de nous avoir fourni
ces
renseignements.
. . . / .*.

..a
/
..*
20
innombrables coquilles vides de B. guernei de toutestaillestrouvées
sur
bords desséchés des étangs et'des marigots, alors que l'on ne truuve
aucune coquille de B. senegalensis . La survie de l'espèce ne semble
donc pouvoir s'accomplir que par les exemplaires restant en état de vie
ralentie, soit dans de petites poches d'eau souterraines, soit dans de la
vase plus ou moins humide.
L'existence de Bulins dans des mares aussi isolées
que celles de PANAL, de SILLR ou de MAKILE semble aussi déconcertante.
Ces points d'eau ne communiquent en effet avec aucun cours d'eau de la
région, et on imagine difficilement comment un mollusque tel que B. guernei
puisse passer d'un gîte dans un autre, même à l'occasion de pluies dilu-
viennes. Peut-être s'agit-il d'une faune relicte datant de l'dpoque où
cette région du Sénégal était plus humide ? Le transport d'oeu&de mol-
lusques par des oiseaux aquatiques est peu vraissemblable, et si cela
se produisait, on devrait trouver au moins quelques B. guernei dans
certaines mares non permanentes, ce qui n'est pas le cas.
De toutes façons, nous nous permettons de faire re-
marquer que dans cette région, la présence de nénuphars dans un étang
ou une mare, indique celle d'une source et probablement celle de B. guer-
nei
C'est une observation de caractère empirique, mais nous pensons
zel;e peut être utile dans les recherches et prospections de gîtes à
mollusques que le Service Médical aura éventuellement à faire, avant
toute action à entreprendre sur le terrain, dans le cadre de la prophy-
laxie antibilharzienne.
29 Résultats obtenus à la dissection des mollus-,
ques.
BULINUS SENFGALENSIS : Aucun spécimen n'a été
trouvé infesté par Schistosoma haematobium au cours des dissections.
Quoique ce gastéropode soit considéré par certains auteurs comme pouvant
éventuellement être un vecteur de bilharziose vésicale humaine, nous
pensons qu'il ne joue aucun rôle dans l'épidémiologie de cette affection
parasitaire dans le Sénégal Oriental.
BULINUS GUERNEI :
Il est, comme d'ailleurs
dans d'autres régions du S6néga1, l'hôte intermédiaire de S, haematobium
. . . / .**

..I
..* 21
/
CONSIDERATION SUR L'EPIDEMIOLOGIE DE LA BILHARZIOSE VESICALE
- - -
.~
HUMAINE DANS LA PARTIE NORD OUEST DU SENEGAL ORIENTAL
- m.-
.---L
Points d'eau où s'infestent les habitants :
-___.-
II_.-_I.II_..-w
Seuls les g?tes à B, guernei sont à considérer.
-u_.
: Elles sont vraissemblablement le principal
.
2') Marigots permanents ‘ (Type BOUNTOUNKO) . Ils semblent jouer le même
rôle que les mares permanentes dont ils sont une variante,
3”) Marigots non Eermanents :
._ <.- - - ..I -.
_- .- __- __
(Type KOUSSANAR et SENTHIOU) Ils ne sont
utilisés par les habitants que lorsqu'ils coulent. Le courant limi-
te les chances de pénétration du miracidium chez le mollusque, (aucun
B, guernei
récolté dans ces g$tes n'a été trouvé porteur de formes
larvaires de schistosones). Dans le cas où l’eau viendrait à être
polluée par des furcocercaires, la turbulence de l'eau et l'impor-
tance de sa masse, quand le marigot coule, seraient autant de fac-
teurs limitant les chances d'infestation de l'homme qui s'y baigne.
Plus tard, quand les eaux baissent brutalement, et
que le courant est nul, les marigots trop boueux ne sont utilisés
que pour l'abreuvement du bétail,
En conséquence, nous pensons qu'ils ne sont pas
des foyers d'infestation.
Epoque où doivent être réalisées les conditions optima pour
l'infestation de l'hôte intermédiaire et de l'homme.
Si l'on considère la température de l'eau dans les
g?tes prospectés, on s'explique, en partie, le faible pourcentage de
mollusques infestés par des formes larvaires de schistosomes.
En effet, l'infestation des mollusques par les mira-
cidia de Sch. Haematobium s'effectue d'autant mieux que la température
de l'eau est plus haute.
.*. / . . .

L'infestation des mollusques se produirait, à notre
avis, quand les eaux sont plus basses et plus chaudes - (avril - mai) -
La présence de nombreux 5, guernei
dans un faible volume d'eau favori-
serait aussi leur infestation par les miracidia.
Au sujet de la réceptivité de ce mollusque, et de
sa valeur comme vecteur de bilharziose, le petit nombre de spécimens
infestés pourrait aussi s'expliquer, s'il n'est comme B. tropicus et
B. contortus , dont il est très voisin, qu'un kôte intermédiaire vica-
riant, l'h6te de prédilection pour Sch, haematobium étant Physopis
- -
- - - -
africana .
Au point de vuo infestation de I'Homme, nous pen-
sons qu’elle doit surtout se produire avant l'hivernage, alors que les
eaux sont basses et chaudes, Les furcocercaires ont besoin, en effet,
d'un certain ensoleillement et d'une température assez élevée pour pouvoir
sortir du mollusque.
D'après les renseignements pris auprès des infir-
miers des postes médicaux de la région, les consultations pour bilharzio-
se vésicale sont les plus fréquentes vers les mois de juillet et août.
Ceci confirmerait les hypothèses précédentes, si
l'on considère que l'évolution miracidium-cercaîre
mûre est d'environ 30
à 40 jours chez le bulin vecteur, et que les premiers symptômes mor-
bides apparaissent chez l'homme environ deux mois après son infestation
par les furcocercaires.
MOYENS PRATIQUES A METTRE EN OEUVRE POUR LA PROPHYLAXIE
DE LA BILHARZIOSE VESICALE HUMAINE DANS CETTE REGION DU SENEGAL,
-
-
Nous avons vu que les mares permanentes, (gîtes
permanents à B,ernei)
-
-
sont les principaux foyers d'infestation de
bilharziose.
La lutte prophylactique sur le terrain consiste
donc à détruire le mollusque vecteur dans les gîtes reconnus dangereux.
Certaines conditions laissent supposer qu'une telle

.
..* / .**
23
action peut être particulièrement efficace et économique si l'on tient
compte de l'écologie de l'hôte intermédiaire en utilisant le produit mol-
luscocide quand les eaux sont basses, avant cependant qu'apparaissent
les formes de résistance si elles existent chez B. guernei , L'époque de
l'intervention est i fixer suivant le genre et latopographie
de chaque
point d'eau.
Par exemple, nous pensons que pour des mares du
type de celles de SILLE et de MAKILE, la fin du mois de janvier serait la
meilleure époque. Pour celle de PANAL il y aurait lieu d'attendre un peu
plus tard, en mars ou avril, quand les eaux seront plus basses. Les
marigots du type BOUNTOUNKC seraient traités vers la fin février.
L'isolement de ces foyers, qui, en principe, ne
doivent pas pouvoir se repeupler à partir d'autres gi‘tes permanents voi-
sins, puisqu'ils ne communiquent pas en saison de pluies avec les mari-
gots de la région, permettrait d'aboutir à une diminution considérable de
la densité de leur faune malacologique.
Dans le cas où B. guernei représenterait une faune
.
relicte sans formes de résistance assurant la perennité de l'espèce durant
les conditions difficiles présentées par le dessèchement des mares, on
devrait obtenir, en deux ou trois ans de lutte antimollusques bien compri-
se, Li. la disparition totale du vecteur dans ces g?tes.
Choix du produit molluscocide.
Les conditions que ce produit doit réaliser, sont,
à notre avis, les suivantes :
- Produit bon marché
- Non toxique en emploi courant pour les utilisa-
teurs, et permettant de continuer à utiliser, sans danger, l'eau comme
boisson, bain et abreuvement des animaux.
- Actif contre les pontes de mollusques, ou, tout
au moins, possédant une certaine rémanente suffisant à la destruction des
jeunes, nés dans les semaines qui suivent l'intervention. Cela afin
d'éviter d'avoir recours à un autre épandage de produit quelque temps
. . . / . . .

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-
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-
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I.
3
. . .
/
. . . 24
après le premier, dans des mares qui sont parfois difficilement accessi-
bles,
- Produit occupant un faible volume, et agissant
à des concentrations très faibles, (1 à 100 parties par million), (pro-
blèmes du transport et de l'utilisation sur le terrain).
Produit actif même en milieu très chargé en ma-
tières organiques.
cle fond des mares est en général très vaseux)
- Dans des foyers tels que celui de BOUNTOUNKO, où
il y a des poissons, utilisation d'un produit non toxique pour la faune
icthyologique.
Toutes ces conditions paraissent de prime abord
difficilement réalisables, Cependant, les essais et recherches poursuivies
actuellement à ce sujet au Laboratoire Central de 1'Elevage à Dakar,
laissent présumer que parmi une douzaine de produits antimollusques tes-
tt5.s "in vitro", deux produits pourraient être essayés sur le terrain dans
les mois qui suivent, car ils réunissent & peu pres toutes ces conditions,
Nous proposons pour cela qu'une expérience soit
tentée dans les mares de SILLE et de FAKILE, vers la fin du mois de
janvier ou au début de février. Les résultats obtenus au cours de ces
essais, permettraient de pouvoir mettre sur pied une action de plus
grande envergure ayant pour but l'assainissement des gftes permanents à
Bulinus guernei de cette région du Sénégal.
,.. / ..*

-
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--
_I
,-
--
.- _“_.
*.. /
. . 25
l
RESUME ET CONCLUSION
Dans la partie Nord-Ouest du Sénégal Oriental
(SENTHIOU, MAIXME, KOUSSANAR, MAL.EME NIANI, KOUMPENTOUM) nù le Service
Médical enregistre chaque année de nombreux cas de bilharziose vésicale
humaine, les mares et étangs de la région présentent une faune malaco-
logique comportant deux espèces de Bulinus : Bulinus guernei et Bulinus
stenegalensis.
Au cours de cette enquête, seul B. guernei a été
?
&’
trouvé infesté par des formes larvaires de trématodes pouvant-&re rappor-
tées à l'espèce Schistosoma haematobium , agent causal de cette affection
4
parasitaire. Par contre B. senegalensis ne semble pas être, dans cette
région tout au moins, le vecteur de la maladie,
.t<
B, guernei n'est trouvé que dans des mares permanen-
tes alimentées par une source , ou dans des marigots communiquant avec le
bassin de la Gambie en saison des pluies, Il est introuvable dans les
-.
mares non permanentes,
En tenant compte, du pourcentage d'infestation
trouvé à la dissection du mollusque vecteur, de certains facteurs écolo-
giques, et de la recrudescence du nombre des cas de bilharziose au cours
des mois de juillet et août, l'infestation de l'homme aurait lieu prin-
cipalement vers la fin de la saison sèche, quand les eaux sont basses et
chaudes.
En tant que moyens prophylactiques à mettre en
oeuvre en vue de l'éradication, sinon d'une diminution considérable de
l'endémicité bilharzienne dans cette région, il est proposé l'assain:s-
sement des mares et marigots permanents, par épandage de produits mollus-
.
cocides. La date de l'intervention est fonction du régime hydraulique de
chaque point d'eau à traiter,
#
(un ou deux mois avant l'époque des plus
basses eaux).
f.