Revue Sénégalaise des Recherches Agricoles et ...
Revue Sénégalaise des Recherches Agricoles et Halieutiques - Vol. 2 - nQ 3-4 -1989
PATURAGE MIXTE
COMPLEMENTARITE DES RUMINANTS DOMESTIQUES
AU PATURAGE l
a) ETUDE COMPARATIVE DES PREFERENCES ALIMENTAIRES
ENTRE OVINS ET CAPRINS EN MILIEU SAHELIEN
Ch. SALW, J. M. GUILLON@), T. NOLAN”), J. CONNOLy(z,
Direction des Recherches sur la Santé et les Productions Animales
(‘) DRSPA
a) AFT - Irlande
R E S U M E
Trois modes de conduite au pâturage sont pratiqués sur des bovins, des ovins, et des
caprins dans le but d’étudier la complkmentarité des ruminants domestiques pour l’utili-
sation des végétaux.
Dans ce premier article les r6sultats portent sur les essais menés sur des parcelles
où des ovins et des caprins pâturent ensemble.
* Cette étude est fmanche en partie par la CEE DXII Science and Technology for development
Subprogram ‘Tropical Agriculture”.


32
Ils permettent de faim des constata sur deux stades :
0 l’évolutial de la végétation
@ le comportement alimentaire des petits ruminants et la valeur nutritive du
régime.
Mots cl& : ovins - caprins - pâturage - graminées - légumineuses - ligneux -
préférence alimentaire - valeur nutritive.
MIXED PASTURE
COMPLEMENTARITY OF DOMJXSTIC RUMINANTS IN PASTURE
a) COMPARATIVE STUDY OF ALIMENTARY PREFERENCES
BETWEEN SBEEPS AND GOATS IN TBE SAHELIAN AREA
SUMMARY
Three models of range management are conducted on cattle, sheep and goats to study
the effect of mixed and separate grazing on animal vegetation relationships.
In this first article, results concem essays carried out on paddocks where grave on
together sheep and goats.
These results allow two levels of notes :
0 vegetation evolution
8 feeding behaviour ‘of shah ruminants and nutritive value of the diet.
Key woods : sheep - goats - pasture - grasses - legumes - browse - dietary
selection - nutritive value.

33
INTRODUCTION
Le pâturage où on associe simultanément ou successivement deux ou plusieurs
espkes animales est pratiqué depuis longtemps.
Les buts vi& dans ce système de conduite sont la préservation et l’amélioration de
la flore, l’augmentation de la production fourragère et des performances zootechniques (3,
10, 11, 13) ; le souci majeur demeurant la recherche dune rentabilité économique.
Le pâturage mixte repose pour l’essentiel sur une valorisation maximale des
ressources fourragères par la complementarité du comportement alimentaire des espèces
animales ; les interactions d’un grand nombre de variables ne sont pas définies.
Les mécanismes qui sont à la base de l’intérêt du pâturage associé par rapport au
pâturage simple ont Cté discutés par plusieurs auteurs tels que Nolan et Connoly (1977).
Le bénéfice apporté par ce mode delevage serait lié à une réduction du parasitisme
interne par “effet de dilution”, à un comportement alimentaire différent entre les espèces
(13) et à une modification du comportement social induite par les relations interspéci-
fiques qui permettent une utilisation plus rationnelle de l’espace.
Etant donné les résultats obtenus dans le domaine de la prtkervation et de l’amélio-
ration des ressources fourragères et des productions animales, ces études pourraient avoir
un grand intérêt pour l’amendement des techniques de gestion des parcours sahéliens.
Le protocole prévoyait l’étude fine du comportement alimentaire d’animaux
exploitant un même pâturage avec des charges et des rations d’espèces variables (bovins,
ovins, caprins) au niveau de Dahra dans la zone sahélienne du Sénégal.
L’objectif premier de nos recherches est de mesurer les effets de la variation des
charges et des rations sur les ressources fourrageres, la valeur nutritive des pâturages, le
comportement alimentaire et les productions zootechniques au niveau de chaque espèce
animale.
MATERIEL ET METHODES
Le milieu d’étude
Les travaux se déroulent au CRZ de Dahra situé dans la zone sahélienne du
Sédgal: 15”30’ W x lY23’ N.
D’après des enquêtes men&es par une équipe de chercheurs dirigés par BARRAL en
1983, la région du Ferlo était une savane soudanienne fortement boisée où poussaient les
herbes vivaces. La zone s’est apr&s sahélistk a cause des déficits pluviométriques enm-
gis& ces années-ci.
Depuis deux decennies. cette phase &che persiste. La moyenne annuelle pluviomé-
trique qui ttait de 535 mm entre 1933 et 1969 est passée a 330 mm entre 1970 et nos
jours (figure 1).
De nombreuse espèces ligneuses sont mortes ou se sont rar&iees telles que Termi-
nalia avicennoides, Starculia setigera, Sclerocarya birrea ou Combretum glutinosum.

3 4
Figure 1 : Diagramme pluvbm6trique
de Dahra-Djobff de 1939 ir 1987
Penmm
1OCt
950
900
850
800
750
700
650
600
550
500
450
400
350,
300,
250.
200.
150.
lOO-
50,
1930 1935 40
45
50 55
60
65
70 75
80

35
D’autres espèces sont restées stables ou sont plutôt en extension :
4 Balanites aegyptiaca
+ Acacia senegal
+ Boscia senegalensis.

Beaucoup d’espèces herbacées à affinité soudanienne semblent avoir nettement
regressé tandis que d’autres plus saharo-sahéliennes semblent avoir profité de la
sécheresse.
Tout cela donne un aspect typique sahélien qui semble s’éterniser ou même s’em-
pirer : une longue saison &che où on ne rencontre que du sol nu parsemé de quelques
arbres et de touffes d’herbes mortes qui n’ont pas été atteintes par la pâture.
Cette dernière, en plus de l’embranchage pratiqué de maniere anarchique, a des con-
séquences qui amplifient les effets de la sécheresse.
Tout espoir n’est pas perdu car des espèces végétales telles que l’Andropogon
gayanus, typiques du climat soudanien se sont réfugiées dans des niches écologiques plus
favorables et pourraient recoloniser le terrain perdu.
Dans un milieu pareil, il est temps pour atténuer cette tendance régressive et pour
sauvegarder ces esp&ces rares, de mettre sur place une technique de conduite des trou-
peaux plus adaptée.
Nos essais se déroulent dans des parcelles clôturées où nous testons de nouvelles
manières de gérer les potentiels fourragers d’un tel environnement.
Les animaux
Trois espèces animales sont utilisées : les bovins, les caprins et les ovins qui sont
les seuls ruminants domestiques conduits au pâturage au Sénégal.
Le troupeau est divise en deux groupes a nombre égal pâturant sur deux types d’aires
inégalement répartis.
Chaque groupe est compose de 4 génisses, 16 moutons et 20 chèvres.
Les petits ruminants sont des métisses maure-peu1 tandis que les bovins sont des zébus.
Leur poids moyen en date d’entrée en essais en novembre 1985 est de :
4 140 kg pour les bovins
4
30 kg pour les ovins
4
16 kg pour les caprins.
Tous les animaux ont été deparasités et vaccinés. Ceux qui sont tombes malades,
ce qui fut le cas, ont été traites.
Méthodes
Schéma expérimental (Tableau 1)
Six parcelles de 1,00 à 3,lO ha sont clôturées en même temps que deux parcs
réserves, l’une à charge faible (24,6 ha) et l’autre à charge forte (18,8 ha).

36
Tableau 1 : Schéma expkrimental
Traitement
Surface des
Charge
Animaux
parcelles
Bovins
Ovins + caprins
1
1,56 ha
faible
4
0
2
1,56 ha
faible
0
16+20
3
3.10 ha
faible
4
16+20
4
1,03 ha
forte
4
0
5
1,OO ha
forte
0
16 + 20
6
2,16 ha
forte
4
16+20
Les animaux sont répartis en deux lots : charge forte et charge faible.
Chacune des 6 parcelles représente un traitement.
Les tests d’adaptation ont eu lieu entre le 3 et le 10 novembre 1985.
Les essais se sont déroulés :
4 pour la première annke, entre novembre 1985 et avril 1986
+ pour la deuxibme année, entre novembre 1986 et mars 1987.
Il n’y a pas eu d’observation pendant l’hivernage à cause des pluies qui changent
le comportement des animaux et gênent l’op&ateur.
En pleine saison sèche chaude (avril, mai, juin), la détermination des herbes
sèches par la méthode de la “Collecte du berger” est très douteuse. Ce qui a été ressenti
dans la 2”“” période de la première année de nos essais où nous avons enregistre beaucoup
de fragments de plantes indéterminées.
La “Collecte du berger”
La technique adaptée est applicable par les bergers qui sont les plus aptes à étudier
le régime des animaux (6). L’opérateur imitant les bouchées de l’animal note sur une fiche
les espèces présentes dans sa pincée. Ce qui revient à déterminer les contacts “bouche
de l’animal-espèce végétale” par unité de temps. L’opérateur renouvelle son geste autant
de fois que possible en changeant de sujet. La méthode est à utiliser avec réserve, ce qui
nous a poussé à utiliser deux bergers pour étudier sa fiabilité.
Chaque jour, six traitements sont effectués. Dans chaque traitement, toutes les espèces
animales sont suivies. Ce qui fait pour les deux bergers un total de 24 opérations de
“collectes” de 10 mn chacune par jour.

37
Des analyses chimiques ont ed faites au niveau des regroupements de collectes.
Mthodes d’&uie de la vkg&ation des parcelles de traitement
Estimation de la composition et du pourcentage de sol nu par la
méthode des points quadrats alignés (4)

Cinq lignes sont effectuées dans chaque parcelle. Chaque ligne correspond à un
double décamétre de long duquel 100 mesures sont faites (20 mm entre chaque mesure).
A chaque point de mesure, les espèces en contact ou non avec une baguette effilée sont
notées en présence-absence. La présence de chaque espèce n’est enregistrée qu’une fois,
même si elle touche plusieurs fois la baguette matkialisant le point de vis&.
Estimation de la production des fourrages
L’estimation de la production de fourrage est effectuée par coupe au ras du sol des
herbes dans 6 carrés de 1 métre de côte, placés de part et d’autre de chaque ligne de points
quadrats.
Estimation du couvert ligneux
Les arbres situés dans les parcelles ont Cté dénombrés. Des mesures sont effectuées
au niveau de toutes les parties de l’arbre :
+ la hauteur de l’arbre
+ la hauteur du sol a la l&” feuille
+ la circonference du tronc
+ le diamètre de la couronne.
RESULTATS ET DISCUSSIONS
Pour la première partie des r&.ultats, nous présentons les données des traitements 2
et 5 qui concernent le pâturage simultané des ovins et des caprins en charge faible et charge
élevée.
Ces traitements sont une première étape vers un pâturage mixte complet qui regrou-
pera bovins, ovins et caprins dans une même aire.
Evolution de la végétation dans les traitements 2 et 5
La végétation est du type de prairie hetérogène. Une soixantaine d’espècrs végétales
consommées quelque soit le degré d’appétabilité, a éte répertoriée dans toute la zone
d’étude (tableau 2) sur les quatre vingts herbackes relevées par les agrostologues.
Des plans de végétation (figures 1 et 2) ont été établis pour les campagnes 1986-
1987. Ils sont differents du point de vue communautés vegétales herbacées (tableau 3).
Cette variation n’est pas notée au niveau des espèces ligneuses bien qu’il y ait un nombre
remarquable d’arbres morts (tableau 4).

38
Tableau 2 : Composition botanique de la zone d’étude
Noms scientifiques
Pël
Wolof
Ligneux
Acacia seyal
bulbi
pnëx
Acacia ataxacantha
namari
ded
Acacia nilotica
gawdi
neb neb
Acacia raddiana
Allllki
sëng
Acacia senegal
Pattuki
werek
Anogessus leiocarpus
Kojoli
Ng=v~
Combretum aculatum
Launaudi
sawat
Combretum glurinosam
Dooki
Ratt
Guiera senegalensis
Gelooki
N-r
Zziphus mauritanica
Jaabi
Deem
Calotroois procera
Bamambi
Paltan
Boscia senegalensis
Gijili
nandam
Capparis a’ecidua
Guumi
Guume
Grewia bicolor
Kelli
Keli
Bauhinia rufescens
naamare
naadi
Feretia apodanthera
Combi
Sanceer
Balanites aegyptica
mucceteeki
Sump
Cammirora africaina
badadi
Ngostoot
Graminées
Shoenefeldia gracilis
Lace1 dawaadi
Ndëw Akdaanu
Cenchrus bijlorus
Hebbere
Xaaxaam
Dactylotenium aegyptium
Burgel
Ruux
Brachinria ramosa
Paggin
Bakkat
Chloris prieuri
Selbere
Geenumbaam
Aristida mutabilus
Selbere
Selbera
Eragrostus tremula
Solboko
Salguuf
Digitaria longijloria
Bruji
Kumba jamgandal
Eragrostis linearis
Cugal jeeri
Buri mocc
Légumineuses
Alysicarpus ovalifolius
mbaamt
Baamat
Indigofera senegalensis
nadnad nde
Xataraan
Cassia obtussifolia
Uulo
nduur
Zornia glochiata
dengo
ndenae
Tephrosia purpurea
tant
camat
Indigofera sp.
Comtarde
sclewlew

39
Noms scientifiques
Pël
Wolof
Autres herbacées
Ipomea coptica
musa ladal
sinum xacc
Ipomea cosinosperma
cawngel
lawlawan
Ipomea vagans
nofil mbaalu
nopp ixar
Ipomea pestigridis
pejel dembi
law law
Merramia aegyptiaca
layri
lawat
Jacquemonta tamnifolia
tirde
mbeefeer
Merremia pinnata
leebel
sanwent
Ceratotheca sesamoides
laala dana
Ndanel
Mamoidica balsamina
yoroxlaan
Portulaca foliosa
takal pooli
tank i pia
Cucumus me10
Danel fonsru
Yembac mbitt
Commelina folskalei
Werehaana
Wereyann
Colocynthis citrillus
Deenrol
beref
Amaranthus spinosus
Kadde mbambi
pudar mabaam
Achyrantes argentea
nofel mbattu
nopp isindae
Maerna oblongilolia
leelèle
Nrin dek
Uibucus asper
foléré
bissab walla
Clexodendrom capoitatum (?)
ndaniraningal
PUteY
Echinochlor pyramidalis
dadere
farwen/sil
Limeum sp.
?
jexët
Mitracarpus scaber
Seluut
ndaatukaan
Rogeria adenophylla
Kul huule
xabuteen
Tribulus terrestris
Tuppere
@33
Boerharia
Kossi geeloji
demigilem
Corchorus tridens
laala sobo
ndattax
Blapharis linanrifolis
Gimgal
gelingël
Borreria verticullata
mola
Euphorbia hiet aegyptiaca
En ende
neew
Cratalaria sp.
Waawore
fuut/nakajoore
Jussia perrenis
mbulel jeeri
-
Cyperus esculentis
hiisel
xeysinlndiir
baheb boje
kafaki
calte
daneeji

40
Tableau 3 : Composition botanique du tapis herbacé en fin d’hivernages 1985 et 1986
au niveau des parcelles N* 2 et N* 5 (%)
Type de végétation*
Parcelle N* 2
Parcelle N* 5
Fin hivernage 1985
Graminbes
53
58
Légumineuses
25
6
Phorbes
22
36
Fin hivernage 1986
Graminées
08
03
Légumineuses
89
86
Phorbes
03
11
*Le tableau ne tient pas compte des micro dépressions où il y a une forte présence de
Chssiu obtusifoh et de plantes rampantes et aussi des sols nus.
Tableau No4 : Espèces ligneuses relevbes e n janvier 1987 dans les parcelles N* 2
,
et N* 5
Espèces ligneuses
Etat
Parcelle N* 2
Parcelle N* 5
Balanites aegyptiaca
vivantes
164
96
mortes
21
20
Acacia senegal
vivantes
22
04
mortes
20
03
Autres acacia
vivantes
02
01
mortes
00
02
Autres ligneuses
vivantes
01
00
mortes
05
00
Total
vivantes
189
104
mortes
46
26

41
Les parcelles étaient mises en défens avant le début des essais durant l’hivernage
de l’année 1986. Une communauté de plantes rampantes (Convulvulacees - Cucurbu-
tac&s, . ..) avait pris une place importante dans le système, surtout au niveau des micro
dépressions.
Selon Ci& (1986), de telles fluctuations au niveau de la végétation sont fi-équentes
dans les zones semi-arides ou arides. Elles sont liées à des facteurs climatiques et à
l’action de l’homme.
Lorsque la concentration des pluies est régulière, les espèces à germination rapide
et à durée de croissance plus longue auraient une force de concurrence vis-à-vis d’espèces
à germination lente. C’est le cas durant l’hivernage 1985 pour les graminées par rapport
aux légumineuses.
Mais s’il y a une rupture de pluies comme en juillet 1986 (tableau 5) et que les graines
sont déjà parvenues à une phase de germination irréversible, il y a mort prégerminative.
Le phénomène contraire se produit. Les légumineuses s’installent en dernier lieu et
dominent toute la végétation.
Bien qu’il n’y ait pas de différence de pluviométrie entre 1985 et 1986, (332,3 mm
contre 333 mm), la végétation à type légumineuses a fourni beaucoup plus de biomasse
que la végétation à type graminees, 2,75 tonnes/ha contre 1,50 tonne/ha
Une autre cause de changement de végétation est que les légumineuses à cycle court
telles que Zornia glochidiatu sont stimulées par la pâture (2). Les semences sont traînées
sur de longues distances par les animaux. Elles sont aussi retrouvées au niveau des fécès.
Préférences alimentaires des petits ruminants et valeur nutritive
des pâturages
Dans l’analyse des résultats de nos essais, nous ne tenons pas compte de la deuxième
période de la première ande. La raison en est que les essais ont été retardés jusqu’en
pleine saison sèche chaude où les herbes complètement sèches, fragmentées et mélangées
sont difficiles à déterminer par la méthode de la “Collecte du Berger”.
Les résultats présentés sont la moyenne des données relevées par les deux bergers
(Tableau 7).
De la première à la deuxicme année, l’évolution de la composition botanique du
régime des petits ruminants est constante. Plus d’une soixantaine d’espèces végétales ont
été consommées d’une manière significative, dont une quinzaine représente près de90%
du régime.
Les graminées sont faiblement consommées bien que dominantes en première année.
L’ingestion de légumineux a augmenté de la première année et aussi de la saison post-
hivernale à la saison sèche. Le Zmnia Ctant météorisant, il est moins consommé quand
il est jeune.
Les autres herbacées, surtout les convulvulacées qui ont fait une forte apparition en
deuxieme année, ont pris une place importante dans le régime des petits ruminants au
détriment des espèces ligneuses. Le degré de présence des herbacées a une influence sur
la consommation de ligneuses. En année de faible biomasse herbacrk, les animaux, plus
particulièrement les caprins augmentent leur ingestion en ligneuses et vice versa ; de 30
à 40 % en Premiere année, elle est passée de 10 à 19 % cn deuxième annee.

42
Tableau5 : Evolution des pluies en 1985 et1986
Hivernage 1985
Hivernage 1986
mois
jours
pluies (mm)
nois
jours
pluies (mm)
juin
22
66
uin
21
26,6
30
0,3
juillet
1
uillet
4
595
9
16,4
13
66
Rupture de pluies
14
traces
II
15
11
096
19
125
If
24
097
II
26
19,l
11
27
02
30
12,3
août
1
1oût
2
31,5
65
18,5
0,3
32,5
10
1
11
539
16
16,7
13
82
19
14,l
21
22
22
11,7
22
5.6
21
11,8
28
46,2
30
23

43
septembre
1
:ptembre
2
027
2
60
3
37,5
4
477
5
326
6
197
8
1-4
9
595
11
493
12
l,l
12
10,l
13
17
15
8493
15
3
18
03
18
33,2
20
19,9
24
095
26
26,5
28
22
29
430
WJ
octobre
1
octobre
1
4
37,3
8
16,5
27 jours 332,3 mm
25 jours 333 mm
Dans tous les cas, la consommation de ligneuses a diminué par rapport à ce que nous
avons remarqué ailleurs (12).
La consommation de ligneux chez les caprins est plus faible dans la petite parcelle.
Cc qui d’un côté est lié à une plus faible présence de ligneux et d’un autre côté à l’in-
fluencc du comportement des ovins.
La présence des ovins qui est plus ressentie dans la petite parcelle par les caprins
conditionnerait leur comportement alimentaire. Leur attitude à la fantaisie, au caprice et
au gaspillage (5) s’attenue. Les caprins ont tendance à brouter l’herbe comme les ovins
bien que la recherche et la consommation des feuilles et fleurs d’arbres et d’arbustes restent
notables.
Contrairement à ce que nous avons trouvé (7) à zone agropastorale où le régime des
caprins est plus riche en azote, il n’y a pas de différence dans la composition chimique
des “collectes de berger” des petits ruminants (tableau 6)
D’une parcelle à l’autre la valeur azotée du régime change au sein dune même espèce
animale : 120 g MAT/kg MS en parcelle à charge faible contre 150 g MAT/kg MS pour
la parcelle à charge élevée.
La valeur azotée du pâturage a augmente en deuxième année avec la forte présence
de légumineuses. Elle reste constante dans la même année mais l’évolution de la lignine

Tableau 6 : Composition chimique du régime des animaux
ler année : 19851986
2ème année : 1986-1987
Animaux
Charge
Du 11 au 23
Du 25 nov.
Du 17 au 22
Du 14 au 26
Du 19 au 22 Du 24 nov. au Du 26janv.au Du 09 au 21
Nov. 1985
au 7 dec.1985
fév. 1986
avr. 1986
nov. 1986
6 déc. 1986
7 fév. 1987
fév. 1987
a) - MAT (g/kg MS)
Moutons
faible
118,2
111,9
120,5
121,7
128,3
95,3
129,4
140,8
Moutons
élevée
128,3
97,4
95,l
103,4
120,o
103,l
137,2
133,2
Chèvres
faible
116,8
105,o
121,7
121,l
134,4
110,5
134,3
111,l
Chèvres
élevée
123,3
969
97,6
115,5
129,9
109,2
122,7
132,3
b) Lignine @/kg MS)
d
d
Tout le
Confondue
troupeau
83,6
102,2
103,2
115
114,3
c) Phosphore (g/kg MS)
Moutons
faible
1,28
1,ll
1,21
1,27
Moutons
élevée
1,47
0,98
0,96
1,07
Chèvres
faible
1,34
0,97
1,16
1,13
Chèvres
élevée
1,41
0,98
0,94
1,19
d) Calcium @cg MS)
Moutons
faible
15,17
9,16
11,7
9,12
Moutons
élevée
13,95
8,34
8,44
8,41
chévres
faible
14,67
10,74
11,76
9,92
Chèvres
élevée
14,17
854
12,80
9,22

45
Tableau 7 : Composition botanique du régime des petits ruminants en 1985-1986 et
1986-1987
Ière Ann&
2ème Année
1 ère p&iode
2ème p&iode
1 ère pkiode
2bme~p&iode
Traitement N” 2 (charge faible)
Graminées
Moutons
0,25
Chèvres
0,25
0,25
Légumineuses
Moutons
61,75
7675
93,75
Chèvres
59
0,25
62,25
83
Autres herbes
Moutons
16,50
0,25
21,75
4,25
Chèvres
19,5
OS0
18,75
0,50
Ligneuses
Moutons
1,25
17,5
1,50
2
Chèvres
9,50
42,0
l
19,00
835
Fragments de plantes sèches non déterminées
Moutons
20,25
82,25
ChEvres
11,75
57,25
Traitement No5 (charge dede)
Graminées
Moutons
0,25
Chèvres
0,25
0,25
Légumineuses
Moutons
49,50
0,50
75,25
88,50
Chèvres
47,75
l,o(J
67,75
86,75
Autres herbes
Moutons
31,50
0,25
24,25
10,50
Chèvres
31,00
0,50
22,OO
7,75
Ligneuses
Moutons
0,75
10,OO
0,50
1900
ChEvres
8,00
30,50
10,25
5,5
Fragments de plantes sèches non déterminées
Moutons
18,00
89,25
Chèvres
13,00
67,75

46
est très élevée de l’hivernage à la saison sèche chaude : de 80 à plus de 110 g de lignine
par kg de Matière sèche de “collecte”. Les pâturages de Dahra sont très pauvres en
phosphore et il y a un déséquilibre entre calcium et phosphore. L’apport de phosphore
comme complément a été testé avec des résultats probants (9) et d’autres essais sont
toujours en cours (5).
CONCLUSION
L’association des ovins et des caprins au pâturage est une première étape vers un
pâturage mixte complet qui doit faire intervenir en plus des deux espZ!ces animales les
bovins, les petits ruminants ayant une aptitude physique presque comparable, même si elle
est différente de celle des bovins.
Les premiers résultats obtenus avec cette “mixité” partielle permettent de faire des
constats au niveau de deux stades :
+ l’évolution de la végétation
4 le comportement alimentaire des animaux et la valeur nutritive du régime.
Les conditions climatiques peuvent faire varier la végétation en zone aride ou
semi-aride dune année à l’autre à de fortes amplitudes.
La pâture y joue un rôle très important. Ce rôle peut être bénéfique si la conduite
du troupeau est contrôlee.
L’association des ovins et des caprins apporte des modifications du comportement
social sur l’une et l’autre espèces animales. Les tendances capricieuses des caprins sont
moins ressenties et l’occupation de l’espace pastoral est meilleure. La valeur nutritive des
régimes est presque la même.
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CAHIERS D’INFORMATION
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POURQUOI
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SE MAINTIEN’I-IL

DANS CERTAINS PAYS
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