8ème COJ!7FERENCE TECHNIQUE DE L'C.C.C.G.E. - ...
8ème COJ!7FERENCE TECHNIQUE DE L'C.C.C.G.E.
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(Ram&0 " Avril 1968)
LA TRICRIMOSE: DES CARIJIVORES ET SUIDES SAWAGES DAPTS LE
L
DELTA DU FLEUVE SEKPXXL
S.GRETILLAT, Docteur Vetérinaire, chef du service de parasitolo$ie
Laboratoire national de lPElevage et de Recherches
vétérinaires
. I.F.M.V.T. . DAKAR
G.VASSILIAD%, biologiste, Laboratoire national de l'??levage et d e
Recherches vétérinaires 1 I.E,M,V.T+ -. DAKAR
Au cours de l'année 1967* une souche de Trichinella spiralis
(Owen ,1835 ) 9
isolée au Sénégal 2 partir d'un chacal et de trois phacochères a été testée au La-
boratoire sur chat? chien, porc domestique, lapin, rat, souris, rat de Gambie, co-
baye, hérisson et singe.
Cette souche a des caractkzs biologiques très nettement différents de
ceux reconnus pour les souches européennes et am&icaines.
Le chat domestique est l'hôte de choix pour cette souche qui n'infeste
que très difficilement le porc domestique. Le rat et la souris sont de très maw
vais hôtes, le laain ne peut être retenu comme animal de laboratoire, de meme que
le cobaye chez qui les formes larvaires ne s:enkystent que très tardivement.
La trichinose des carnivores et des suidés sauvages du Sénégal est donc
une parasitose existant à l'état endémique parmi ces mammifères mais avec une pré-
dilection marquée pour les Félidés.
Expérimentalement, le singe est trk sensible à. cette souche très patho-
gène pour les primates puisque de très faibles doses infestantes sont mortelles.

LA TRICHINOSE DES CAR>JIVORES ET SUIDES SAWAGES DANS LE
DELTA DU FLEUVE SENEGAL
Simon GRETILLAT & Georges VASSILIADES
Xise en évidence et isolée en janvier 1967 & partir d'un chacal (Canîs
adustus) et de trois phacochères (PhacccJoerus aethîopicus), une souche de Trîchî-
nella spîralis (Owen, 1835) est entretenue et conservge au Laboratoire national de
leElevage et de Recherches vétérinaires de Dakar.
Abattus dans la région du Delta du Fleuve Sénégal, ces deux mammifères
sauvages sont les deux seuls hôtes actuellement reconnus comme naturellement infes-,
tés par cette souche appelée de par son origine 'lsouche ouest-africaine'. (Grétillat
et Vassîliadès, 196'7)Q
La trîchînose qui nvétait jusqu'alors connue que du Kenya et de la Tanza-
nie dans les pays d'Afrique au sud du Sahara (Forester et coll., 1961 et Sachs et
Taylor, 1966)~ existe aussi en Afrique de l'Ouest où sa présence pose des problèmes
d'ordre économique et sanitaire, cette zoonose étant tr?s pathogène pour 1'Homme.
Existant à l'état endémique chez les carnivores et suidés sauvages au
Sénégal, il y avait lieu de rechercher dans quelle mesure elle ne présente aucun
danger de transmission aux mammifères domestiques et partîcuiîèrement au porc r4pu3
té extrêmement sensible 2 cette infection parasitaire et source de contamination
pour 1'Homme.
Réservoirs de parasites ou hôtes 6ventuels ou vicariants pouvant assurer
le cycle du parasite et la pérennit6 de l'helminthe en hébergeant pour des durées
plus ou moins longues des kystes larvaires dans leurs muscles, les petits carnivo-
res et rongeurs sauvages présents au S6négal devaient @tre testés au point de vue
r&eptivité et sensibilité à la souche ouest-africaine de T.spîralis.

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Dans les lignes qui suivent, nous ne ferons que donner l"essentie1 des
résultats obtenus au cours de l'année 19% 51;~ Laboratoire, en infestant expérimen-
talement : le chat domestique, le chien, le porc domestique, le rat blanc, la sou-
ris blanche, le lapin, le rat de Gambie (Cricetomys gambianus), le hérisson (Atele-
rix albiventris), le cobaye et le singe. Le détail de cette expérimentation réalisée
sur 51 chats, 21 chiens, 36 porcs9 19 lapins, 42 rats, 36 souris, 21 rats de Gambie,
9 hérissons, 150 cobayes et 3 singes (soit 385 animaux) est exposé dans quatre arti-
cles originaux 8. paraître ou en cours d'impression et dont les titres figurent en
fin de rapport dans la rubrique "bibliographie'..
Pour la clarté de l'exposé chaque espèce testée au Laboratoire fera lpob,-
jet d'un chapitre où seront examinés et commentés les résultats obtenus.
CHAT DOMESTIQUE
Particulierement réceptif et sensible à cette souche, il sert à sa con=
servation et à sa multiplication au Laboratoire. Les taux d?infestation musculaire
sont toujours proportionnels aux doses infestantes et le chat résiste très bien &
une infestation massive.
11 peut heberger pendant de longs mois des kystes vivants et infestants
de T.spira1i.s. C'est l'hôte de choix pour la souche ouest-africaine.
CHIEZ DOMESTIQUE
Trk bon hôte, mais ne pouvant être retenu comme animal dsexpérience, Il
s'infeste en effet de mani& irrégulière, C"est un moins bon hôte que le chat,
PORC DOMESTIQUE
Espèce très sensible aux souches européennes et américaines de T.spiralis,
cet omnivore est très peu réceptif, voire m&e réfractaire à la souche ouest-afri-3
Caine.
Il existe chez ce mammifère une "ibarrière
intestinale"qui détruit en grand
nombre les larves infestantes et une "barrii?re
musculaire87 qui provoque une calci
fication précoce des kystes larvaires.

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Pour l'instant, tout au moins, il ne peut être considéré comme un chaînon
.
possible dans l'épidémiologie de la trichinose en Afrique de l'Ouest.
FUIT et SOURIS
Ces deux rongeurs de laboratoire habituellement utilisés pour la conser-~
vation des souches de trichine et les essais biologiques ou thérapeutiques, ne sont
pratiquement pas sensibles & cette souche. Certains spécimens sont vraiment refrac,,
taires; calcification et non enkystement des larves aboutissent à des taux aFin-,
festation très faibles et parfois nuls.
RAT DE GAmIE (Cricetomys gsmbianus)
Très commun au S&égal, ce rongeur sauvage ntest pratiquement pas récep-
tif à la trichinose, nais son polyparasitisme élevé (cestodes, nématodes et tdrna-.,
todes divers), le rend tr&s vulnérable à des doses infestantes même relativement
faibles. Infesté légèrement, il réagit fortement ii. l'enkystement des larves qui
finissent par se calcifier au bout de quelques semaines.
LAPIN
S'il est sensible au premier passage, le lapin a un taux de réceptivité
qui diminue brusquement dès le second passage (90 p.100 des kystes larvaires calci'
fi&). Malgrl tous les avantages qu'il présente, le lapin ne peut servir & 19entrec-
tien et à la multiplication de la souche ouest;=africaine de T.spira1i.s au labora-
toire.
SINGE ( Erythrocebus patas et Papio papio)
Ces deux primates sont très réceptifs et sensibles. Des doses très faibles
pour le chat (600 kystes) sont mortelles pour un jeune singe, La symptomatologie est
identique à celle observée chez l'homme, avec cependant une phase intestinale ini-
,,
tiale moins spectaculaire, les signes alarmants : hyperthermie, myalgies, débacle
intestinale, abattement, anorexie, oedème de la face, des membres et du bassin,
n9apparaissant que vers les 35 à 40èmes jours après l'infestation.
. ./ . .

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COBAYE
Si ~elson entretient à. Londres, sur cobayes, la souche de T.spiralis
qu'il a isolée au Kenya en 1363 (Nelson et Xukundi,
1963), les essais que nous avons
faits à Dakar pour fixer la souche ouest-africaine sur ce petit rongeur de 12bora-
toire se sont soldEs par des échecs, En effet, quelle que soit la dose infestante,
un pourcentage important %dr lerves ne peuvent s'enkyster même 757 jours après le dé-
but de lPexpdrimentation. Il existe tout comme chez le pore domestique une 9'barri&e
musculzire" qui limite l'infestation musculaire.
HERISSON (Atelerix 2lbiventris)
Tous les ess2is se sont soldés Dar des échecs, les larves de T.spiralis
ne pouvant s'enkyster que très difficilement dans les muscles de cet insectivore.
En conclusion, il semble bien que la souche ouest-africaine de Trichinella
spirnlis soit parfaitement adaptée aux carnivores et particulièrement aux Félidds.
En ce qui concerne la r&eptivite et la sensibilité du phacoch&e, seule
source actuelle de contamination de lqHommc par consommation de chair de jambon salé
et fumé, seuls les chiffres recueillis ii l'examen des muscles de phacochères abattus
au Sénégal peuvent donner une réponse,
Le faible pourcentage d'animaux reconnus positifs et les taux d'infestation
relativement bas j placeraient cet omnivore sauvage aux côtés du porc domestique,
c'est-à-dire comme un hôte tr& faiblement ou très rarement rkceDtif. En effet, si
l'on considère les moeurs et le mode d'alimentation du phacochère, ce ne peut être
qu'une très faible réceptivité qui peut expliquer le très petit nombre d'animaux
parasités.
Institut d'l?levage et de M6decine
vétérinaire des Pays tropicaux
?laisons--Alfort
Laboratoire national de 1'Elevage
et de Recherches vétérinaires
Dakar
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