/) /OTE PRELIMINAIRE CONCERN$3T Lt APPARITION ...
/) /OTE PRELIMINAIRE CONCERN$3T Lt APPARITION
D’UNE NOUVELLE AFFECTION AVIAIRE AU SENEGAL :
.
LA MALADIE DE GU?BORG
----.m-N.I-m.--
,Par D r F .
SAGNA’
R E S U M E
. .
1 a
Affection naguère inconnue au Sénégal, la Maladie de GUMBORO vient d’y
*
*
être identifiée pour la première fois.
En effet, son diagnostic nécropsique a pu être établi de manière certaine,
sur des poussins et de jeunes poulets, a partir de cadavres frais,et de sujets
malades qui ont dû être sacrifiés.
Ces volailles appartenaient :
- Soit à la race américaine Rhode Island Red, et provenaient toutes des incubations
faites à ?4bao au Centre national d’Aviculture (CNA) ;
--’
- Soit 5 la race Leghorn blanche, et faisaient partie des lots destinés aux
expériences du service de Virologie du Laboratoire national de l’Ele\\age et de
Recherches vétérinaires, lesquels avaient séjourné dans le bâtiment des animaux
inoculés, simultanément avec les sujets de Mbao, et dans les mêmes locaux que ces
derniers.
+ Chef du Laboratoire de Pathologie
. . . / . . .

2
I- LA PREMIERE SEI?IE DE CAS : SUJETS PROVENANT DES COUVOZRS DE Mbao
1’) Service de 1’Elevage de Saint-Louis : Ferme de Mbakhana
Le 19 février 1975, il a été porté Zi notre Laboratoire, par les soins
de 1’Inspection régionale de 1’Elevage et des Industries animales de Saint-Louis I
5 poussins agonisants et 5 cadavres de poussins provenant de la ferme expérimen-
tale de ?%bakhana, dans la Région du Fleuve.
Ces 10 élèves faisaient partie d’un lot de 750 sujets expédies à Saint-
Louis par les soins du C.N.A. de Vbao, et étaient issus de l’éclosion qui s’était
produite dans ce Centre le 30 janvier 1975.
Il nous a été précisé que les signes cliniques majeurs observés étaient o
la prostration et la paralysie.
L’autopsie de l’ensemble de ces 10 poussins a permis de déceler les
lésions suivantes :
- présence de liquide d’ascite dans l’abdomen;
- pétéchies sur les papilles de la muqueuse du proventricule pouvant faire penser
à de la Pseudo-Peste aviaire ;
- hémorragies en nappes siégeant sur les muscles de la poitrine, des cuisses et des
jambes, comme dans le syndrome hémorragique lié à l’avitaminose K ou bien B des
intoxications d’origine alimentaire ou chimique.
2”) Elevage A.B.D., de Rufisque:
- Le 21 février 1975, c’est au tour de l’aviculteur sénégalais : A.B.D., de
Rufisque, de nous présenter, pour consultation, 3 poussins agonisants fai-
sant partie d’un lot de 200 poussins provenant également du C.N.A. de Mbao,
issus eux aussi de l’incubation du 30 janvier 1975 mentionnée plus haut.
L’autopsie a montré, sur un seul de ces 3 sujets :
- des suffusions sanguines sur le coeur ;
- et surtout une très nette hypertrophie de la bourse de Fabricius, organe lym-
phoide jouant le même rôle physiologique que le thymus, et qui subit, dans les
conditions normales, la même involution que ce dernier, pour disparaître chez
les adultes.
-.
. .
/
. l *.

- 3
3”) Elevage A.D. , de Dakar :
- Le 24 f2vrier 1975, un second aviculteur sénégalais : A.D., demeurant à
Dakar, est venu nous présenter 11 poussins malades, pour examen.
A l’instar de ceux de Saint-Louis et de Rufisque, ils étaient de race
Rhode Island Red et provenaient du C.N.A. de Mbao, mais faisaient partie
d’un lot de 150 sujets qui lui avaient été livrés par ce Centre, à l’issue
de l’éclosion du 6 février 1975.
Parmi eux, 7 ont été immédiatement sacrifiés, puis autopsiés, les autres
étant mis en observation. Sur 3 cadavres, les lésions observées ont été les
suivantes :
- hémorragies en nappes sur les muscles des cuisses ;
- larges suffusions sanguines à l’union du proventricule et du gésier ;
- hypertrophie de la bourse de Fabricius.
4”) Poussins ramassés par le C.N.A. de Vbao
A la suite des 3 observations précédentes, faites à 48 heures d’intervalle,
et toutes relatives à des poussins :
1 -- de même race (la Rhode Island Red, en l’occurrence) ;
2- issus des mêmes couvsirs (C.N.A. de Ybao) ;
3- ayant sensiblement le même âge (3 1 semaine près) ;
4- présentant les mênes lésions inflammatoires de type aigu (muscles et jonction
proventricule-gésier)
j,
5 -* et surtout extériorisant avec une constance remarquable la même lésion
hypertrophiante de la bourse de Fabricius ç
et qui, de surcroît, n’avaient très certainement pas reçu les mêmes types d’ali-
ments aussi bien à Saint-Louis, à Rufisquc qu’à Dakar, nous avons prévenu la
Direction du C.N.A. de ?!bao de l’existence de tous ces incidents et accidents, en
lui demandant de procéder au ramassage de tous les poussins (malades, agonisants
et cadavres frais) provenant des éclosions des 31 janvier 1975, 6 février 1975 et
13 février 1975, qui se trouveraient encore chez des aviculteurs privés ou dans
les centres régionaux avicoles dépendant de la Direction du Service de l’Elevage,
afin de nous les expédier, pour des examens systématiques.
. . /
. ..a

- 4
Ta coopération attendue du CNR de Mbao s ‘est montrée exemplaire et
efficace puisque, le samedi ler mars 1975, 30 poussins malades nous étaient
livrés par ses soins.
Les autopsies qui ont été faites sur l’ensemble de ces sujets nous ont
permis, pour 4 d’entre eux, d’observer la lésion caractéristique et constante de
la ?!aladie de Gumboro que constitue l’hypertrophie de la Bourse de Fabricius,
invariablement associée aux lésions inflammatoires aiguës siégeant sur les mus-
cles et à la jonction du gésier et du proventricule, ainsi qu’à l’hypertrophie
des reins.
II - LA DEUXIEME SERIE DE CAS : SUJETS PZWJENANT DE LA VIROLOGIE
.
. .s
Les sujets examines, provenant du service de Virologie de notre Labora-
toire, concernent 23 poulets d’expérience, ayant cohabité avec les poussins de
f4bao.
Les cadavres de ces 23 poulets nous ont été livrés par petits lots, selon
le calendrier ci-après :
.. le 28 mars 1975 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. cadavres de poussins ;
- le 29 mars 1975 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
5 cadavres de poussins ;
- le 3 avril 1975 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
4 cadavres de poussins ;
- le 12 avril 1975 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
2 cadavres de poussins ;
- le 16 avril 1975 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
3 cadavres de poulettes;
- le 23 avril 1975 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
2 cadavres de poussins ;
- le 39 avril 1975 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
4 cadavres de poulettes.
Parmi eux, seuls 3 sujets, faisant partie des livraisons du 29 mars 1975, du
16 avril 1975 et du 30 avril 1975 (soit 1 sujet par livraison) ont présenté, pour-
chacun d ’ eux, l’ensemble des lésions pathognomoniques de la Maladie de Gumboro
que constituent :
- la constante hypertrophie de la bourse de Fabricius et celle des reins -,
I- les phénomènes inflananatoires aiguës aboutissant aux hémorragies dans les mus-
cles et dans le proventriculeouckla partie unissant cet organe au gésier ; tan==
-
-
dis que tous les autres ont présenté, de façon incomplète, les mêmes lési%
diversement associées, avec, dans tous les cas et sans aucune exception, l’hy-
pertrophie de leurs bourses de Fabricius.
. . . / . . .

-5
III - LA TROISIEME SERIE DE CAS : ELEVAGE Y.S., de UANN
Le 8 avril 1975, Monsieur U.S. nous apporte 2 cadavres de poulettes, ayant
fait partie d'un lot de 300 sujets âgés de 2 mois et demi.
Après autopsie, nous avons observé :
- des hémorragies sur les muscles des cuisses et des jambes;
-* l'hypertrophie de la bourse de Fabricius et celle des reins, l'ensemble de ces
lésions concernent les 2 sujets.
IV - LA QUATRIEXE SERIE DE CAS : ELEVAGE Mme C., DE MECKI-IE
Le 26 avril 1975, Mme C. nous a fait parvenir 15 cadavres de poulets qui
avaient fait partie d'une bande de 500 sujet% âgés d'environ 3 à 4 semaines.
Les résultats de l'autopsie ont été les suivants et concernent 2 cadavres
seulement :
- hémorragies sur les muscles de la poitrine, des cuisses et des jambes ;
- hypertrophie de la bourse de Fabricius.
Toutes ces observations nous ont permis de montrer sur quelles considgra-
tions nécropsiques ont été basées nos diagnostics de maladie de Gumboro.
Il va sans dire que9 toutes les fois que cette maladie sera suspectée au
sein d'un élevage avicole, et cela uniquement à partir des renseignements fournis
par l'autopsie, on devra systématiquement procéder au diagnostic différentiel
d'avec surtout :
- la pseudo-Peste aviaire ;
*.. les avitaminoses K et les autres syndromes hémorragiques ;
- les coccidioses intestinales.
Si le pronostic médical de la Maladie de Gumboro n'est pas grave chez les
poulets âgés de plus de 6 à 8 semaines, il demeure toujours grave pour les poussins
chez lesquels cette .affection sévit sous une forme très meurtrière,et constitue de ce
fait une entrave sérieuse à l'élevage industriel, par suite de la destruction possible
de bandes presque entières.
. .
/
. a.*

- 6
Par contre , son pronostic économique reste dans tous les cas très grave
pour ne pas dire catastrophique. En effet, s’agissant de la maladie qui atteint
les jeunes sujets, principalement les poussins et poulets de chair de moins de 2
semaines d’ âge, elle entrave fortement la croissance de ces derniers, faisant de
ces élèves des non-valeurs sur le plan économique, tout en occasionnant des pertes
&vères par mortalité au sein des élevages à forte concentration de volailles,
du type industriel.
Cette affection originaire des Etats-Unis d’Amérique où les premiers
cas décrits l’ont été par COSGROVE en 1962, précisément dans la ville de GUMBORO,
de 1’Etat de DELEWARE, où cette maladie était pourtant connue des professionnels
de l’aviculture depuis 1957, s’est répandue à travers le monde entier.
Ce caractère universel de la Maladie de Gumboro,qui s’explique par les mou-
vements commerciaux, est dû à la nécessité pour certains pays d’augmenter leur
production de protéines “nobles”, c’est-à-dire animales, par le biais de 1’ intros.
duction de races étrangères de volailles à haut rendement (poulets de chair et
pondeuses).
Comrae il n’est pas question de revenir sur cette politique, tout au moins
en cette période cruciale de déficit mondial important et croissant en protéines
animales (déficit qui vient d’être aggravé,pour les pays sahéliens,par 8 à 10
années ininterrompues de sécheresse), la seule manière efficace pour lutter contre
ce fléau (mises à part les méthodes classiques de prophylaxie sanitaire, et
surtout celle plus draconienne du “Stanping outr’ que l’on pourrait pratiquer en
fonction de l’étendue des dégâts constatés), demeure pour le moment la prophylaxie
médicale, basée sur la vaccination, En effet, si tous les traitements connus
utilisant les antibiotiques et les sulfamides sont demeurés B ce jour inefficaces,
il existerait par contre aux Etats-1Jnis d’Amérique, un vaccin vivant qui permettrait
d’immuniser contre cette maladie, avec toute la sacurité voulue. Nous proposons
que ce vaccin américain soit importé au Sénégal, dans un premier temps exclusi-
vement par le Laboratoire national de 1’Elevage et de Recherches vétérinaires de
Hann. De cette manière, on pourra :
-* d’abord tester en Laboratoire son innocuité et son efficacité, ce qui permettra
d’éviter que l’emploi anarchique d’un tel vaccin (vivant encore une fois 0)
n’aboutisse à la dissémination de la Maladie de Gumboro à travers tout le pays ;
.., /. . .

- 7
- ensuite opérer, sous le strict contrôle du Laboratoire de Hann, des vaccina-
tions au sein d’élevages avicoles parfaitement indemnes de maladies, au titre de
contrôle de ses essais antgrieurs , avant de passer aux vaccinations de masse g
?J~US poursuivrons nos travaux sur la Maladie de Gumboro, en nous concentrant sur
les domaines prioritaires que sont :
- l’isolement, la purification et l’identification du virus responsable de cette
affection redoutable ;
- les essais de reproduction expérimentale de cette maladie, sur des poussins et
des poulets neufs;
- les applications pouvant résulter de la découverte de cette maladie au Senégal,
notamment la possibilité de préparer un vaccin qui soit efficace.
Si tous ces buts étaient pleinement atteints, nous serions en droit
d’émettre de sérieuses réserves quant à la nature des épizooties, sévères sur le
plan médical,et particulièrement graves sur le plan économique, qui se sont pro-
duites courant fin 1972 et en 1973, lesquelles avaient été imputées uniquement
à la pseudo-Peste aviaire, peut-être à tort :
‘-- au Si!&&& (Laboratoire de 1’Elevage de Hann, Centre national d’hviculture de
Kbao, et nombreux élevages avicoles privés ou officiels) i
.- au Yali (notamment au Centre national d’Aviculture de Bamako -SOTUBh, ainsi que
dans les élevages privés situés autour de la Capitale malienne) ;
- en Haute-Volta (Centre avicole national et élevages privés) ;
- en Mauritanie (Services avicoles et élevages privés) :
- en Côte d’ivoire (Centre national d’Aviculture de Bingerville, et très nombreux
élevages avicoles privés) p ainsi que celle, encore toute récente (année 1974),
qui a durement éprouvé au Togo la ferme Béthania, située près d’Avétonou.
Dans cette perspective, il nous semble urgent qu’il faille étudier com-
parativement,
au Laboratoire, ces 2 maladies 3 la fois particulièrement meurtrières
et d’incidences économiques très graves3 afin de pouvoir les combattre avec le
maximum de cglérité et d’efficacité > pour permettre l’essor d’une aviculture floris-
sante au Sénggal.