ETUDE DES CAUSES DE MORTALITE DES AGNEAUX PEUL-PEUL...
ETUDE DES CAUSES DE MORTALITE DES AGNEAUX
PEUL-PEUL ET TOUABIRE AVANT SEVRAGE
DANS LA ZONE SYLVO-PASTORALE AU SENEGAL
STUDY OF CAUSES OF PRE-WEANING MORTALITY
OF PEUL-PEUL AND TOUABIRE LAMBS
IN THE SYLVO-PASTORAL AREA IN SENEGAL
G.P. GONGNET*
M. MBAYE ; C. Mb. BOYE**
M. SECK ; S.R; SOW***
RESUME
L’influence de divers facteurs sur la mortalité des agneaux Peul-Peu1 et Touabire avant sevrage a été étudiée sur
756 mises-bas qui ont eu lieu de 1983 à 1987 à Dahra en zone syvo pastorale au Sénégal.
Le taux cumule de mortalité avant sevrage est de 17,8 %. Les taux respectifs de 1 % ; 12,l % ; 3’3 % ; 0,l % et
2,4 % sont obtenus pour la mortalité à la naissance, entre O-3 jours, 4-7 jours, 1 mois et entre l-4 mois.
La période entre O-3 jours apparaît comme celle où la viabilité des agneaux dans ce troupeau est la plus
compromise. L’incidence des caractéristiques du système alimentaire des troupeaux dans la zone géographique et
climatique concernk est discutée.
L’influence de l’année et de la saison de naissance, de la race, du sexe et du type de naissance sur les taux de
mortalité est significative de même que celle du poids des agneaux à la naissance.
MOTS-CLES : Mortalité néonatale, agneaux Peul-Peu1 et Touabire, Sénégal.
SUMMARY
The effect of environmental factors of the pre-wearing mortality of Peul-Peu1 and Touabire lambs was studied of
756 lambings between 1983 to 1987 in Breeding Research Center of Dahra situed in the Syvo-pastoral area in
Senegal.
The total rate of pre-weaning mortahty is 17,8 %. The iosscs were 1 % at the birtb and reached 12,l %, 3,3 %,
0,l % and 2,4 % for the periods O-3 days ; 4-7 days ; 1 month and l-4 months
The effect of the birth-weight of lambs the year and the season of lambing, of the strain, of sex and of type of
birth of the mortality-rate is significant.
KEY-WORDS : factors, pre-weaning mortality, Peul-Pcul and Touabire lambs, Senegal.
Sci. VA. Méd. Comp., 1996, 98,133-142
* Ecole Inter-Etats des Sciences et Médecine Vétérinaires de :Dakar
Service de Zootechnie-Alimentation - BP 5077 - DAKAR (SENEGAL)
* ISRA - Laboratoire National de lElevage et de Recherches Vétérinaires de Hann - BP 2057
l
DAKAR (SENEGAL)
*** TSRA - Centre de Recherches Zootechniques de DAHRA (SENEGAL)
- 133 -

JNTRODUCTION
Le Sénégal, comme la plupart des pays sahéliens, a des impératifs de développement parmi
lesquels l’autosuffisance alimentaire : le comblement du déficit en protéines animales occupe
une place de choix dans ce domaine de préoccupations. ‘Face à cette situation, le Sénégal est
appelé à développer son élevage. Dans ce créneau, les ovins constituent un recours
incontournable.
Cette espèce, à cycle plus court que les bovins et les chamelins, a fait preuve de son adaptabilité
au milieu sahélien lors des grandes sécheresses des années 1970-1976.
Des résultats antérieurs montrent clairement que plus de 60 % des cas de mortalités se situent
chez les jeunes avant sevrage, tous petits ruminants confondus (SOW, 1982 ; TRAORE,
1984).
En zone sahélienne comme dans tout le milieu tropical, l’élevage est profondément influencé par
un environnement hostile.
Cette étude s’est fixée comme objectifs spécifiques :
- de précisr les taux de mortalité des agneaux Peul-Peu1 et Touabire à divers classes d’âge avant
sevrage ;
- d’identifier certains facteurs environnementaux ayanl une influence significative sur la
mortalité de ces agneaux.
MATERIEL ET METHODES
La zone syvo-agro-pastorale du Sénégal est caractérisée par une faible pluviométrie
(383 mm/an) avec des précipitations irrégulières s’étalant de juin à octobre.
Les données ont porté sur la mortalité des agneaux avant sevrage enregistrée au niveau du
troupeau ovin du Centre de Recherches Zootechniques (CRZ) de Dahra. 227 brebis de races
Peul-Peu1 et Touabire ont été concernées par cette étude, pour la période de 1983 à 1987. Un
suivi des mises-bas a été mis en place : enregistrement des cas de mortalité, identification des
agneaux survivants à l’aide de boucles auriculaires portant des numéros puis instauration d’un
contrôle sanitaire (maladies, mortalité) et zootechnique (performances de croissance). Ainsi,
756 mises-bas ont été traitées jusqu’au sevrage des produits. Le mode d’élevage est semi-
intensif. L’essentiel de l’alimentation est basé sur les pâturages naturels du centre, avec une
complémentation en fin de saison sèche.
L’abreuvement de brebis se fait deux fois par jour (le matin et dans l’après-midi). Par contre,
les agneaux restent en permanence à la bergerie et disposent d’eau à volonté. Avant le sevrage
qui a lieu à 4 mois, leur alimentation est lactée, avec toutefois une supplémentation à partir de
deux mois. Les luttes ont généralement lieu en avril et mai afin d’obtenir les agnelages en fin de
période des pluies.
La méthode de reproduction la plus utilisée est la saillie naturelle sur oestrus naturel. Toutefois,
en 1983, deux traitements, synchronisation et flushing, furent mis en place. L’objectif était la
comparaison de certains paramètres de reproduction entre femelles traitées aux hormones et
celles soumises au flushing avec comme témoins des oestrus naturels.
- 134-

Les chaleurs sont induites par la méthode des éponges vaginales contenant 40 mg de
chronolone (acétate de fluorogestone) et de l’injection de PMSG à la dose de 400 U.1 (figure 1)
(DIALLO et MBAYEZ, 1984).
Les Femelles sont soumises à un traitement alimentaire approprié (flushing) afin de stimuler le
déclenchement de l’oestrus naturel avec superovulation. Ce traitement a duré du 25 avril au 7
juin, temps pendant lequel les brebis ont requ 500 g de concentré par tête et par jour au retour
des pâturages.
Les brebis sont soumises à des saillies naturelles sur oestrus naturels sans aucun traitement. Les
luttes ont duré 45 jours (du 16 mai au ler juillet).
Le troupeau est soumis à des déparasitages internes et externes systématiques avant et après les
saisons des pluies. Les vaccinations contre la peste des petits ruminants (PPR), la pasteurellose
et la clavelée ont lieu régulièrement. La collecte des données a consisté à recueillir les
enregistrements des performances individuelles des animaux. Les agneaux ont été pesé tous les
les 20 jours à partir de la date de naissance des premiers individus. Les poids et dates de pesées
permettent de calculer les poids à âge-type par interprétation linéaire. Le sevrage a lieu à 4 mois
et les évènements pathologiques de la naissance à cette date sont notés.
Les informations ainsi obtenues à partir des carnets d’agnelage concernent :
- le numéro du produit
- la date de naissance
- la race
- le sexe
- le mode de naissance (simple ou multiple)
- le numéro d’agnelage, les poids à âge-type : naissance, un, deux, trois et quatre mois, la date
de sevrage, les mortalités et leurs causes éventuelles, le mode de lutte et les ascendances
maternelle et paternelle. Concernant la préparation du fichier, la saisie et la gestion des données
préalablement codées sont effectuées sur micro-ordinateurs IBM avec le logiciel D BASE III
plus.
Le fichier ainsi créé compte 23 informations pour chacune des 756 naissances recensées dans le
cadre de ce travail.
L’analyse de l’influence des paramètres codés sur les diverses catégories de mortalité est
effectuée par le biais de la méthode des moindres carrés mise au point par Harvy (8). Le modèle
d’analyse de variante à effets fixes est le suivant :
Yijklmno = lu + Ai + Rk + Pl = Tm + Nn + Mo -t. Eijklmno
P
= effet fixe commun à toutes les variables indépendantes ou moyenne générale
Ai
= effet fixe de l’année de naissance de l’agneau
Sj
= effet fixe de la saison de naissance
Rk
= effet fixe de la race
Pl
= effet fixe du sexage
Tm
= effet fixe du type de naissance
Nn
= effet fixe du numéro d’agnelage
Mo
= effet fixe du mode de lutte
Eikklmno représente les effets résiduels aléatoires.
- 135 -

-
-..
Au vu des informations sur la couverture sanitaire du CRZ de Dahra-Djoloff, les trois premières
causes paraissent improbables. L’explication la plus plausible de la forte mortalité enregistrée en.
1985 semble être un faible disponible fourrager en saison sèche chaude (SSC) de la même
année, conséquence de la faible pluviométrie en 1984 qui a été de 217 mm contre une moyenne
annuelle de 383 mm.
L’effet de la saison de naissance sur la mortalité des agneaux a été signalé par divers auteurs.
De leurs travaux, il ressort que les causes avancées diffèrent sensiblement selon les zones
climatiques.
Dans les zones à forte pluviométrie NDAMUKONG (1985) au Cameroun et FALL et al. (1982:’
à Kolda au Sénégal indiquent que les taux de mortalité les plus élevés sont obtenus lors des
agnelages survenant en saison de pluies. FALL et al. (1982) ont même établi une corrélation
entre la mortalité avant sevrage et la pluviométrie dont chaque millimètre supplémentaire de
pluie s’accompagne dune augmentation de 1,4 % du taux de mortalité.
Dans la province de l’Est-Cameroun au climat du type équatorial, où la température et la
pluviométrie moyennes se situent respectivement à 23,s’ C et 123 mm par mois, GONGNET et
MINGOAS-KILLEKOUNG (1994) ont observé les taux de mortalité de 20,l et 56,l %
respectivement chez les ovins et chez les caprins dans la tranche d’âge de 0 à 6 mois pour la
période de janvier à avril 1992.
En environnement sahélien, deux saisons sont jugées très défavorables :
- la saison sèche froide (1990) ;
- la saison sèche chaude, qui, selon cette étude, est la moins propice aux agnelages.
Ce résultat est confirmé par TRAORF (1984), qui conclut que la cause majeure de la mortalite
des agneaux avant sevrage est la malnutrition.
En effet, la productivité et la qualité nutritive des pâturages tropicaux varient considérablement
en fonction des saisons. Or, selon DOUTRESSOULE (1947), l’état nutritionnel et
physiologique des brebis est très dépendant des disponibilités fourragères.
La saison sèche chaude (SSC) (mars-avril-mai) offre de ce point de vue des possibilités
médiocres. L’herbe rare est inappétante, ne fournit pas plus de 0,3 UF/Kg de matière sèche et
en moyenne 4 % de protéines brutes dans la matière sèche. Or, les besoins énergétiques et
azotés de la brebis augmentent considérablement en fonction de son état physiologique
(gestation, lactation, etc..). Il faut à cet effet ajouter environ 0,4 UF/jour et par brebis aux
besoins d’entretien (0,6 UF par jour et par brebis) pendant les 6 dernières semaines de la
gestation et 0,5 UF de lait lors de la lactation.
Au CRZ de Dahra, la complémentation mise en oeuvre en fin de saison sèche devrait en
principe permettre la couverture des besoins. Mais il ne faut pas perdre de vue que même en
élevage semi-intensif, les problèmes nutritionnels se posent aussi en terme de disponibilité
annuelle des fourrages et de sous-produits agro-industriels et de leur qualité.
La malnutrition dont sont victimes les brebis en SSC compromet sérieusement la viabilité des
agneaux surtout à deux niveaux :
- mortalité périnatale par le faible stade nutritionnel des brebis en fin de gestation dont le
principal facteur est la dystocie (NDAMUKONG, 1985 et SMITH, 1977). Or, selon SMITH
(1977) et DALTON et al. (1980), les dystocies constituent la première cause de mortalité
périnatale ;
- mortalité postnatale du fait que l’alimentation des agneaux est presque entièrement tributaire du
lait maternel avant l’âge de deux mois. La sous-alimentation des brebis entraînant un
tarissement précoce compromet indirectement la survie des produits. Par ailleurs, la période
.
_
. _.^- .- . .
. .
. .
.

Figure 1. - Schéma de la conduite de la reproduction de la brebis Peu1 et Toubïre (3).
II
c
x
m
0
-

Les catégories de mortalité sont des facteurs dits dépendants. Elles sont fonction d’un ou
plusieurs facteurs dits indépendants (race, sexe, mode de lutte, année et saison de naissance,
type de naissance, numéro d’agnelage) qui constituent les sources de variation.
L’analyse de variante par la méthode des moindres carrés permet de tester, puis de quantifier
l’effet pondéré de chaque facteur indépendant sur la mortalité.
PESULTATS
D’une façon générale, la mortalité totale de la naissance au sevrage est de l’ordre de 17,8 %. Le
taux de mortinatalité n’est pas intégré dans ce calcul. Le tableau 1 présente les moyennes
estimées par la méthode des moindres carrés pour la mortalité par classe d’âge.
Le taux moyen le plus élevé est obtenu entre O-3 jours, soit 63 % de la mortalité totale. En effet,
84,8 % des cas de mortalité avant sevrage surviennent durant cette période.
Dans le tableau 1 est présentée l’influence des facteurs environnementaux sur les diverses
catégories de mortalité.
1. &hrtalité entre O-3 h
Le taux moyen de mortalité enregistré pour cette classe d’âge est de 12,l t 2,6 %. Les
influences significatives des facteurs suivants ont été relevées (tableau 2).
La race : la différence entre le taux de mortalité de 13,8 & 2,7 % enregistré chez les agneaux
Touabire et celui de 10,3 -1: 2,8 % obtenu chez les agneaux Peul-Peu1 est significative (P<O,O5).
L’annëe de naissance : le taux de mortalité varie de 4,5 + 3,l % en 1987 à 28,2 t- 3,4 % en
1985. Cette variation est statistiquement significative (P < 0,OS).
La saison de naissance : la différence entre les taux de mortalité obtenus en saisons sèches
chaudes (22,l k 3,8 %) et en saisons prépluviales (3,7 i 1,9 %) est hautement significative
(P < 0,001).
C’est également les cas de l’influence du poids à la naissance sur le taux de mortalité
(P<O,OOl). Il existe une régression linéaire entre le poids à la naissance et les taux de mortalité
des agneaux entre O-3 jours dont le coefficient de régression est de - 5,8 + 1,4 %. Cela signifie
qu’à chaque fois que le poids à la naissance augmente d’un kilogramme, le taux de mortalité
entre O-3 jours diminue de 5,8 %.
Tableau 1 : Taux de mortalité par classe d’âge
CLASSE D’AGE
TAUX DE MORTALITE (%)
Morts-nés
1 + 0,4
Morts O-3 jours
12,l * 2,6
Morts 4-7 jours
3,3 + 1,7
Morts 8 jours - 1 mois
0,l + 0,o
Morts l-4 mois
2,4+ 1,5
- 137.

i/
Degré de
CARRES MOYENS X 105
--.-
-
Source de variation
Ii berti:
Morts-nés
Morts
Morts
Morts 8
Morts 1 mois-
Il
O-3 jours
4-7 jours
jours- 1 mois
sevrage
Race
1
163
17077
13 413
308
2712
Année de naissance
4
94
15126**
2912
215
502
Saison de naissance
2
g44****
56569****
390
4682
717
Sexe
1
138
3257
7428””
398
840 1
Mode de naissance
1
1
3287
9064**
5591
110
Numkro d’agnelage
4
8
1 1 9 6 6
42444 1
1072
Mode de lutte
2
6 4
3134
678
372
381
Régressions
.Poids naissance
1
99814:“*+*
43820
1783
870
.Puids ! mois
11
3613
655
.Poids 2 mois
1
10719
Résiduelle
1
136
5662
2361
6 6 1
1421

2. jVIortal/té entre 4-j iours
La race, le sexe et le type de naissance influencent significativement le taux de mortalité des
agneaux entre 4-7 jours (P < 0,05) (tableau 2). Dans cette classe d’âge le poids à la naissance a
un effet très significatif (P < 0,001) sur le taux de mortalité.
3. Mortalité entre 8 iours-1 moi5
Le taux de mortalité dans cette classe d’âge (0,l + 0,l %j est de loin très bas. La saison de
naissance a un effet hautement significatif (P < 0,001). Le taux de mortalité observé au niveau
des naissances survenant en saisons sèches chaudes, de l’ordre de 4,3 + 1,5 %, est très
supérieur & la moyenne générale. Ceci confirme les résultats obtenus dans les deux premières
classes d’âge à savoir l’effet très néfaste de cette saison sur les agnelages.
L’année et le type de naissance influencent très significativement (P c 0,Olj la mortalité des
agneaux entre 8 jours et 1 mois. Le plus faible niveau d’influente est obtenu avec le poids à
l’âge d’un mois avec (P < 0,OSj.
Par contre ni la race, ni le sexe, ni !v mode de lutte, ni le numéro d’agnelage ou le poids à la
naissance n’ont d’influente sur la mortalité à cet âge.
4. ]Mortalité entre l-4 mois
Le taux moyen de mortalité pour cette classe d’âge est de 2,4 + 1,5 %. Les influences du sexe
et du poids à 2 mois sur la mortalité sont significatives avec respectivement P c 0,05 et
P < 0,Ol. Les autres paramètres n’ont aucune influence significative sur la mortalité dans cette
classe d’âge.
Le taux de mortalité totale avant sevrage de 17,8 % au niveau du troupeau ovin du CRZ de
Dahra, est supérieur à ceux de 1,5 et 12,8 % rapportés respectivement par MATTHERWMAN
(1977) au Nigéria ; mais est inférieur aux taux de 20,3 et 33 % rapportés respectivement par
SACKER et TRAIL (1976) en Ouganda et FALL et al. (1982) à Kolda au Sénégal.
Il est important de souligner que tous ces auteurs ont travaillé soit sur les moutons à tête noire
d’Afrique de l’Est, comme SACKER et TRAIL (1976), soit sur les moutons Djallonké comme
MA’ITHERWMAN (1977) et FALL et al. (1972).
L’adoption du schéma décrit par EALES et al. (1983) et HAUGHEY (1983) facilite la
confrontation de nos résultats avec ceux obtenus ailleurs, les mortalités survenant dans les trois
jours suivant la naissance sont dites périnatales et celles qui interviennent plus tard, postnatales.
Il apparaît dans notre étude que les taux de mortalité péri et postnatales évoluent à deux
vitesses : le pic est atteint entre O-3 jours (12,l %j, puis il s’ensuit une forte baisse entre 3 jours
et le sevrage (5,7 %j.
FALL et al. (1982,) font la constatation inverse, à savoir la prédominance de la mortalité
postnatale (28,l %j sur la mortalité périnatale (5,l %j sur les moutons Djallonké au CRZ de
Kolda.
L’impact de l’année de naissance sur la mortalité des agneaux est relevé par certains auteurs tels
que FALL et al, (1982), KHOMRE (1985) et TRAORE (1984). Des causes ponctuelles sont à
chaque fois avancées : épidémie de pestes de petits ruminants, forte incidence de la
pasteurellose, augmentation du parasitisme en rapport avec la pluviométrie.
- 139-

Au vu des informations sur la couverture sanitaire du CRZ de Dahra-Djoloff, les trois premières
causes paraissent improbables. L’explication la plus plausible de la forte mortalité enregistrée en
1985 semble être un faible disponible fourrager en saison sèche chaude @SC) de la même
année, conséquence de la faible pluviométrie en 1984 qui a été de 217 mm contre une moyenne
annuelle de 383 mm.
L’effet de la saison de naissance sur la mortalité des agneaux a été signalé par divers auteurs.
De leurs travaux, il ressort que les causes avancées diffèrent sensiblement selon les zones
climatiques.
Dans les zones à forte pluviométrie NDAMUKONG (1985) au Cameroun et FALL et al. (1982)
à Kolda au Sénégal indiquent que les taux de mortalité les plus élevés sont obtenus lors des
agnelages survenant en saison de pluies. FALL et al. (1982) ont même établi une corrélation
entre la mortalité avant sevrage et la pluviométrie dont chaque millimètre supplémentaire de
pluie s’accompagne d’une augmentation de 1,4 % du taux de mortalité.
Dans la province de l’Est-Cameroun au climat du type équatorial, où la température et la
pluviométrie moyennes se situent respectivement à 23,5’ C et 123 mm par mois, GONGNET et
MINGOAS-KILLEKOUNG (1994) ont observé les taux de mortalité de 20,l et 56,l %
respectivement chez les ovins et chez les caprins dans la tranche d’âge de 0 à 6 mois pour la
période de janvier à avril 1992,.
En environnement sahélien, deux saisons sont jugées très défavorables :
- la saison sèche froide (1990) ;
- la saison sèche chaude, qui, selon cette étude, est la moins propice aux agnelages.
Ce résultat est confirmé par TRAORF (1984) qui conclut que la cause majeure de la mortalité
des agneaux avant sevrage est la malnutrition.
En effet, la productivité et la qualité nutritive des pâturage.s tropicaux varient considérablement
en fonction des saisons. Or, selon DOUTRESSOULE (1947), l’état nutritionnel et
physiologique des brebis est très dépendant des disponibilités fourragères.
La saison sèche chaude (SSC) (mars-avril-mai) offre de ce point de vue des possibilités
médiocres. L’herbe rare est inappétante, ne fournit pas plus de 0,3 UF/Kg de matière sèche et
en moyenne 4 % de protéines brutes dans la matière sèche. Or, les besoins énergétiques et
azotés de la brebis augmentent considérablement en fonction de son état physiologique
(gestation, lactation, etc..). Il faut à cet effet ajouter environ 0,4 UF/jour et par brebis aux
besoins d’entretien (0,6 UF par jour et par brebis) pendant les 6 dernières semaines de la
gestation et 0,5 UF de lait lors de la lactation.
Au CRZ de Dahra, la complémentation mise en oeuvre en fin de saison sèche devrait en
principe permettre la couverture des besoins. Mais il ne faut pas perdre de vue que même en
élevage semi-intensif, les problèmes nutritionnels se posent aussi en terme de disponibilité
annuelle des fourrages et de sous-produits agro-industriels et de leur qualité.
La malnutrition dont sont victimes les brebis en SSC compromet sérieusement la viabilité des
agneaux surtout à deux niveaux :
- mortalité périnatale par le faible stade nutritionnel des brebis en fin de gestation dont le
principal facteur est la dystocie (NDAMUKONG, 1985 et SMITH, 1977). Or, selon SMITH
(1977) et DALTON et al. (1980), les dystocies constituent la première cause de mortalité
périnatale ;
- mortalité postnatale du fait que l’alimentation des agneaux est presque entièrement tributaire du
lait maternel avant l’âge de deux mois. La sous-alimentation des brebis entraînant un
tarissement précoce compromet indirectement la survie des produits. Par ailleurs, la période
comprise entre deux mois et le sevrage est tout aussi difficile à gérer sur le plan nutritionnel en
s s c .
- 140-

La viabilité semble meilleure chez les animaux de race Peul-Peu1 que chez ceux de la race
Touabire, Cela confirme les observations de DENlS et al. (1976). La rusticité observée chez
cette race peut eu-e la conséquence de la présence de 1’HbA carrelée à une forte rusticité (SOW,
1982). L’origine étrangère attribuée à la race Touabire serait aussi la cause dune moindre
adaptabilité aux conditions locales.
La mortalité est plus élevée chez les jumeaux que les simples. Ce résultat est conforme à ceux
obtenus par FALL et al. (1982) et ND.AMUKONG (1985). Les causes les plus souvent
avancées sont le faible poids à la naissance et la subvitalité des doublons.
Le poids a la naissance doit être considéré comme le facteur-clé de la survie des agneaux avant
sevrage (OSUAGWOH et al. 1981 et SMITH, 1977).
Les agneaux nés faibles sont souvent victimes d’inanition à cause de leur incapacité de téter
(HARVEY, 1984). Selon ROBINSON (1981), la diminution de la vitalité des agneaux en
fonction du faible poids à la naissance serait due à la faible teneur en lipides totaux de leur
organisme. Or ces lipides représentent la principale source d’énergie des nouveaux-nés avant la
première tétée. Il préconise comme remède l’administration directe de colostrum dans l’estomac
des agneaux à l’aide d’un cathéter ou d’une seringue.
Les poids à 1 et 2 mois mettent en exergue le parallélisme entre la viabilité des agneaux et une
évolution pondérale normale. La croissance anormale pourrait ainsi être considérée comme
facteur d’alerte aux risques de mortalité à un âge relativement avancé.
Le mode de lutte et les numéros d’agnelage sont les seuls facteurs environnementaux étudiés
dont l’influence sur la mortalité avant sevrage n’a pas été mise en évidence.
Toutefois, FALL et al. (1982) ont souligné l’impact des numéros d’agnelage ; selon eux, la
mortalité des agneaux augmente considérablement lors des primoparturitions et à partir du Sème
agnelage de la brebis.
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