’ INSTITUT SENEGALAIS DE RECHERCHES AGRICOLES ...
’ INSTITUT SENEGALAIS DE RECHERCHES
AGRICOLES (1 .S,R.,A.)
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DIRECTION DE RECHERCHES SUR LA
I EMVT - FRANCE
SANTE ET LES PRODUCTIONS ANIMALES
B . P . 2 0 5 7
I R Z - CAMEROUN
DAKAR - HANN
(Sénégal 1
LA RECHERCHE SUR LvUTILISATION
FOURRAGERE
DU NIEBE AU SENEGAL
P a r
G. ROBERGE et C. PERROT
SEMINAIRE DE NGAOUNDERE : 16 - 20 NOVEMBRE 1987
NOVEMBRE 1987
S e r v i c e C u I t u r e s F o u r r a g è r e s
LNERV/DAKAR/%négal.

LA RECHERCHE SUR L’UTILISATION FOURRAGERE
DU NIEBE AU SENEGAL
G. ROBERGE, C. PERROT
1. Le niébé (Vigna unguiculata)
Une espèce aux qualites multiples.
Légumineuse annuelle largement répandue sous les tropiques (en Afrique :
zones sahélienne et soudanienne), mais dvorigine incertaine (Inde, Chine, Afrique)
(21, le niébé est une culture traditionnelle au Sénégal (40 000 ha avec un rendo-
ment en graines de 288 kg/ha en 1985 (5)).
Elle présente une forte variabilité intraspéclflque en ce qui concerne les
cycles (de 35 à 60 jours du semis à la floraison, de 60 à 90 jours pour Io cycle
complet), le port (érigé, grimpant-volubile, rampant), le développoment végGtatif
(classiquement opposé à la production grainière). Ce qui explique qu’on puisse
la trouver dans une vaste gamme dvutllisatlons
: en culture pure grainière avec
&u sans récolte de fanes, fourragère (cultivee pour la vente au Niger), Iégumière
(pdur les feuilles voire les gousses), mais aussi associée (avec des céreales ou
de l’arachide) et dérobée quand la durée do la saison des pluies et la réserve en
eau des sois le permettent, ceci dans des zones très dfvorses, Peu exigeante en
matière de sols, elle supporte assez mal l’excès d’eau mais résiste bien à la
sécheresse.
Les besoins en eau varient en fonction de la longueur du cycle, de la
zone et du stade dvutilisation : 230 - 280 mm pour un foin à la floraison à
Sangatkam (presquvTle du Cap-Vert), 280 - 300 mm pour un cycle complet, Ils peu-
vent atteindre 500 mm sur le fleuve (3) forte ETP .
. . /. ..*

- 2
II. Deux axes de recherche pour Itutilisatlon fourragère
. la culture fourragère pure
. la culture “mixte” (graines f fanes)
pure ou associée avec des céréales
Une méthodologie commune : recherche variétale, étude des itinéraires
techniques en station, test en milieu paysan avec recherches complementairos sur
les problemcs soulevés.
1. La culture fourragère pure
1 . 1 - Recherche variétale
Trois cri-Mes de choix ont été retenus :
- un développement végétatif important (ce qui va souvent de pair avec un cycle
long)
- la résistance aux maladies afin d’obtenir un feuillage très sain
l - des tiges fines,
un bon rapport feuillos/tiges pour la facilité et la rapidité
de la fenaison et une bonne valorisation fourragère (ingestibitité, digcstibi-,
1 ité1.
A partir dsune collection de 64 varié-t& issues du CNRA de Bambey, du CSIRO
et du CIAT, nous en avons isolé une dizaine (6648, 6677, 60-1, 58107, 58109, TN
Z-78, 14988, 12153, BRANDON) dont nous allons tester la productivité par rapport
au témoin vulgarisé 5874 (Bambey).
1.2 - ItinGraires techniques
- Place dans une rotation culturale
Le niébé est sensible aux nématodes, i I faut donc prendre garde à la monocu I -
tut-e ou aux précédents sensibles.
Lorsque la pluviométrie n’est pas le facteur limitant, certains auteurs on-t
pu mettre en évidence un effet sur la rendement de la culture cér&elièrc qui suit
( f i x a t i o n d9azotoI.
. . . / ..,

- 3
- Le semis
A quel le date ? LPobjectif est de faucher au stade floraison à la fin de la
saison des pluies (pour la réussite du fanage),
sans perdre de vue la difficultc
dsimplanter une culturt3 en milieu de saison des pluies (enherbement), dvoù un
choix de vari8tés à cycle long.
Par une étude fréquenticlle sur la pet-iode 1975-1986 des résultats dc simula-
tions de bilans hydriques, nous avons d&i-et-miné une date de semis optimala-compro-
mis entre la satisfaction des besoins en eau et les risques de pluie 3 la fenaison,
pour Sanga I kam,
la date retenue est la première pluie d’août.
A quel le densité ? Par des essais en station, nous avons montre que les meil-
leurs Zcartemonts et-aient de 50 cm entre les lignes et de 10 cm sur la ligne soit
200 000 poquets/ha, ce qui permet d’obtenir une densité de peuplement do 100 000
pieds/ha. A une graine par poquet ou au semoir, la dose de semis correspondante
est de 25 kg/ha.
- L a f e r t i l i s a t i o n
La fertilisation a pour but essentiel de couvrir les besoins en phosphore
en sol carencd. Dvaprès certains auteurs (11, 45 N/ha inhibe la nodulation, La
fertilisation conseillée est de o-50-80.
- Le desherbage
Un dGsherbage
chimique a étE? testG avec succès en utilisant le Stomp F34
[pendimethaline
(4)) à 4 I/ha (2 300 F CFA/11 en prélovee post-semis. Sinon deux
binages manuels classiques à 15 et 30 jours du semis nécessitent à chaque fois
de 8 à 10 journées de travail.
- La récol te
La fauche est effectuée au stade 50 % floraison (50 % des pieds portent des
fleurs), qui est considére comme le meilleur équilibre entre la valeur alimentsir;
et la rendement en matière sèche (vérification en cours).
. . /
. ..e


On obtient de 28 à 35 tonnes de matière verte par hectare à 14 % de MS (4 (2
5 t MS/ha) en 55 jours. Le foin obtenu est de bonne qualité :
i n g e s t i b i i i t é
: 90 g/kg Po,75
d i g e s t i b i l i t é : 5 7 %
UF : 0,5 kg/MS
MAD : 110 kg/MS
PDIE : 78
kg/MS
..
PDIN : 96
kg/MS

Les premiers résultats de 1987 montrent qu’en attendant 75 jours, on gagne
25 % de MS/ha
La durée du fanage, fonction de 17humidité de l’air, dure de 3 à 5 jours,
e t les manipulations nécessaires provoquent la chute de nombreuses familles.
1.3 - Prévulgarisation
Les premiers essais ont Ci-6 effectu6s avec des éleveurs chez lesquels ii
n’y avait pas de problèmes de concurrence avec les cultures vivrières cn ce qui
concerne l e t r a v a i l (eicvages i n t e n s i f s d e Montbéliardes). L e s r é s u l t a t s tochniqu?T
obtenus sont bons (4 à 5 t MS/ha). Le prix de revient du fourrage étant de 10 à
15 F CFA/kg MS, 20 à 30 F/UF, prix couramment dépassé par la fane d9arachide et
autres sous-produits agro-industriels.
IIe nouveaux ossais vont être lancés avec des éleveurs pouvant vuiorisor cette
culture fourrager-e par une production animale spéculative : l’embouche ovine.
2. La cui tut-e “mixte”
Pour d?autres agro-pasteurs qui comptent avant tout produire pour se nourrir,
nous avons envisage d’améliorer la quaiitë et la quantité des “résidus de culture”.
. . . / ,..

- 5
2.1 - La recherche var i éta I c
Nous recherchons un bon compromis entre production grainière et fourragère:
(développement végétatif), ce qui nous oriente vers des variétés plus pracoces
(75 jours). Une chute des feuilles tardive et minimale est souhait%c, ce qui va
de pair avec uno maturité étal&,
uno grande souplesse dsutilisation (r&clte
do graines plus ou moins prolongée, fauche plus ou moins tardive) et I’Glimination
des variétés très précoces.
Sans oublier de noter les sensibilités aux maladies du feuillage, des gouss&
ci- le problème crucial de Ifabscission florale sous l’action des insectes (thrips
notamment)
De la collection citée plus haut, nous avons isolé une dizaine de variatcs
(TVX l843- lC, 45588, 58-16 t, 58-107, 58-109, 58- 1 6 2 , 58-191, 59-12, 60-1, 60-8,
66-77) dont nous allons tester les potentialités face aux témoins Mougne ot 58-74,
2.2 - Les Itinéraires techniques
Ils se rapprochent très largement de co qui a été établi pour le niébé
91gt-aInes1f par exemple par 1s CNRA de Bambcy,
La date de semis sera calcul%e pour calor Io cycle dans la saison des pluies
afin de maximiser le taux de satisfaction des besoins en eau (ETR/ETM). La sirnuls.
i-ion de bilans hydriqucs nous a permis de dé-t-or-miner la meilleure pluie do semis :
pour Sanga I kam, la première pluie postérieure au 10 juillet.
Ce raisonnement nvest valable que pour la zone sahaliennc ou l’eau est 10
facteur limita;-‘G pl.;liLipcJi do la production. En zone soudanienne, d9autrcs con-
traintes ou objectifs peuvent intervenir (si l’on recherche une récolte précoce
des gra i ries, il faudra semer tôt, en revanche, si l’on cherche ZI limiter les
risques pathologiques, le semis sera plus tardif).
Four la récolte, deux solutions sont Qtudiées :
- une récolte de graines puis fauche de fanes encore bien vertes,

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- p l u s ieurs recoltes successives de graines (pendant trois sema nos à un mois)
puis fauche .
La seconde solution permet à prlori dqobtenir plus de grai es mais moins de
fanes (chute des feuilles) et une moins bonno qualité fourragère.
Les avantages et inconvénients do ces deux pratiques seront mesur& et dis-
cut&s c e t t e snnée.
Les premiers résultats de 1987, concernant la comparaison entre fauche à la
floraison (à 55 jours) et après une récolte de graines (à 74 jours), donnent les
résultats suivants : dans le second cas on obtient 4,8 t MS/ha (19 % de MS), soit
un rendement plus elevé de 25 % que pour la fauche à 55 j (où la teneur en matière
sèche n‘était que de 14 $1.
2 . 3 - Prévulgarisation
Nous avons travaillé sur deux pôles. :
la region de Louga en mi lieu sahéi ienp
chez des peuls sédentaires et celle de Kolda en zone soudanienne,
Louga sous 200 - 300 mm de pluie
Les objectifs de IqEloveurs avec lequel nous avons collaboré étaient dqobte,
nir des graines et une r&erve ,fourragère de saison seche de bonne quaiitB. II a
pratiqué une culture pure de nieb3,
en soi sableux, ce qui est courant dans la
rdgion.
Les rGsultats
- Par rapport aux variétés de ni6bG précoces et grainières qu’il cultivait
déjà8 l e ni8bé v u l g a r i s é s ’ e s t caractérisG p a r :
- un très bon d&wioppement végétatif
- un feuillage remarquablement abondant et sain (alors que celui des autres
varlétés meurt rapidement)
/
. . . . . .

- 7
- une production grainière satisfaisante grâce à la maturation étalGo qui a permis
une nouvelle floraison après un passage de puccrons alors que les rendements
des vari&& précoces ont été médiocres.
Par rapport à i ‘arachide :
- un développement végotatif plus important donc plus de fanes à 19hcctat-c,
- un pourcentage de feuilles beaucoup plus important car le niébé ne subit pas
de battage donc probablement une mcillcure valeur alimentaire.
Kol da sous 900 - 1 000 mm de pluie
Le niébé est très répandu dans la rogion mais en constante regression à
cause des problèmes phytopathologiques qu’il rencontre. Trois modes de culture
t r a d i t i o n n e l l e c o e x i s t e n t :
- un niébé utilisé comme plante de soudure y semé en juin et récolte en aoOt,
- U n Wtre, s e m é e n j u i l l e t , r6coité e n septembre,
- un troisieme cultivé en dérobé après la rGcoite du ma’is, fin août.
Le niébé est très fréquemment associé à des céréales ou de l’arachide,
Les objectifs actuels de I a vingtaine dgéleveurs avec lesquels nous avons
collaboré sont dlobtenir un aliment de soudure et des réserves fourragères de
saison sèche. On a ainsi un antagonisme entre un objectif de récolta précoce, un
bo, déroulement des cultures (on rencontra de nombreux problèmes pathologiques
quand la formation des gousses a lieu en periode tr8s pluvieuse) et une production
fourragère de qualité (la fauche nsest possible quPen fin de saison des pluies,
cfest-à-dire à un stade très avancé de la culture).
De plus, le niébé doit rester unc culture secondaire pour laquelle on cherche
à minimiser le temps de travail. Ainsi, certains sèment l’association maTsp sorgho,
sanio, niébé dans un même semoir, d’autres prefèrent c u l t i v e r l e niébG e n p u r
p o u r f a c i l i t e r l a recolte.
. . . / *e.

-8
Les résultats
ils sont médiocres en production grainièro à cause des problèmes pathologiqza~:
rencontrés. Peut-être faudrait-il essayer la culture dérobee, mais le niobé par-
drait alors ses qualités de plante de soudure.
Ils sont en revanche intk-ossants pour la production fourragère, la recolte
simultanée des pailles de céréales et des fanes de ni6bé donne un fourrage d!inges,
tibillté et de digcstibilite bien supériouros aux résidus de cultures des céreales
seules.
C O N C L U S I O N
Nous voudrions souligner ici les avantages et les inconvénients de cette
cul tut-o.
,l) Une culture à large spectre dOutilisation
- CPest une culture mixte, utilisable tant par Ifhomme que par I~animal,
suivant des modes de culture tr5s variés.
- Le niGbG est très rkistant à la sécheresse, a de faibles besoins en cauJ
on le trouve jusquven Basse Casamsnco (1 300 mm de pluie), en culture derob&,
21 Un fourrage dc qualité.
3) Une plante fixatrlce dvazote.
L e s i n c o n v é n i e n t s
1) Sensibilit5 aux insectes et aux maladies à tous les stades (végétatif, florai-
son, grenaison, conservation).
21 Résiste mal à Ifexcès dPeau.

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:'Les l@gumineuses fourragères tropicales". Collection FiG :
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tic? r'~ ni63 pour- !a zozc sahélienne : cas du programme national ssn~g~iais"',
in Cc! pfO,-ci)CO inti:rna4ior?;~Ie sur la recherche sur le niobé dans
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