Reprint fronn “TRACE MINERAL STUDIES WITH...
Reprint fronn
“TRACE MINERAL STUDIES WITH ISOTOPES
IN DOMESTIC ANIMALS”

LES PROBLEMES ACTUELS
DE LA RECHERCHE SUR LA PRODUCTION
ET LA SANTE ANIMALES AU SENEGAL

H. CALVET
Laboratoire national de l’élevage et de recherches vétérinaires,
Dakar-Hann, Sénégal
Abstract - Résumé
Le Sénégal, Etat de 1’ Afrique de 1’ Ouest, constitué par un- population
aux ethnies diverses (où dominent les Ouolofs, les Séreres, les I~cull~s),
compte 3 millions d’ habitants. Le peuplement se répartit au sein de cinq
zones essentielles auxquelles la climatologie et les activités dominantes
donnent une physionomie particulière.
a) La zone du Cap-Vert, au climat sub-canarien, est dominée par
3
1’ attrait considérable qu’ exerce 1’ agglomération de Dakar.
.I proximité
et bordant la côte ouest-atlantique s’ étend une étroite région à écologie par-
ticulière constituée par des bas-fonds argileux très fertiles allorlgés de
;e
D a k a r à St-Lou.is,
qu’une terminologie locale a. baptisée«ré$on des Niayes .>
Les Kiayes s’apparentent au Cap-Vert par leur haute densité hunlainc.
b) La région du fleuve, qui constitue la frontière nord et nord-est du
Sénégal, se caractérise par une évolution économique rapide lige & 11 amé-
nagement de régions irriguées rendant possible la culture du riz et de la
canne à sucre.
Au sud de fleuve s’ étale une large bande sahElienne que
traverse la vallée fossile du Ferlo, où domine 1’ activité pastorale rendue

1 2 2
CALVET
1
c) En lisière du Ferlo c:t dès que les précipitations deviennent plus
abondantes commence la zone arachidière qui permet au Sénégal de se classer .
parmi les grands producteurs d’ arachides.
d) Enfin, au sud-est et au sud du Sénégal, le climat soudanien beaucoup
plus humide favorise une diversification des activités agricoles et humaines.
Malgré un gros effort dl industrialisation poursuivi surtout dans la
région du Cap-Vert et autour des principales villes, l’économie du Sénégal
est encore, et pour longtemps,, essentiellement agricole. Le troupeau, es-
timé à plus de 2 millions de bovins et 1 million et demi d’ovins, nt occupe
*
pas encore la place qui lui revient de par son nombre dans la production
agricole.
Cet état de fait semble tenir à plusieurs facteurs dont les prin-
cipaux paraissent être:
4
a) La rigueur des conditions climatiques et en particulier 1’ existence
dans la moitié nord du pays, où la concentration des troupeaux est la plus
élevée, d’une longue saison sèche. Il en résulte pour les animaux un
rythme annuel rigoureux comportant une courte période dl abondance et quatre
à cinq mois de disette. A ce rythme, les zébus n’ ont pu SI adapter qu’ au prix
d’une faible productivité.
b) Les techniques dl élevage traditionnelles, qui sont essentiellement
de deux sortes:
Dans les zones sahéliennes, les troupeaux constitués par des zébus
appartenant à des Peulhs profi.tent de l’expérience séculaire de ces éleveurs
exclusifs.
Mais la science du pasteur se borne, la plupart du temps, au
,
choix des zones de Pâtu:re et àla conduite des animaux ailleurs, quand les
herbages sont épuisés. Le troupeau est donc exclusivement tributaire du
milieu naturel variable cl’ une année à 1’ autre suivant 1’ abondance et la
répartition des pluies. La constitution de réserves fourragéres, la com-
-
plémentation alimentaire constituent des notions tout à fait récentes d’une
utilisation actuelle très réduite. Ces usages paraissent incompatibles avec
une exploitation plus poussée du troupeau et constituent un frein même
pour son développement numérique; le pourcentage très élevé des pertes
observées chez les jeunes en porte témoignage.
Dans la zone arachidière au Sénégal oriental ou en Casamance les
troupeaux, quisont le plus souvent constitués par des taurins ou des métis
zébu-taurins, comportent un nombre beaucoup plus réduit de têtes; ils sont
confiés par leur propriétaire àdes Peulhs qui les poussent dans la journée
dans les jachères avoisinantes. Le soir les animaux retournent dans des
.
parcs aménagés autour du village. Ces troupeaux sont surtout destinés à
fournir du lait très recherché par les populations rurales et âprement disputé
aux jeunes veaux. L’ état général et sanitaire de ces troupeaux va s’ aggra-
2
vant chaque année en raison de la réduction des espaces pâturables devant
1’ extension des cultures.
c) La menace toujours présente des maladies microbiennes et parasi-
taires est aggravée depuis quelques années par l’apparition de «maladies
d’ évolution» ou de civilisation résultant dt une sédentarisation progressive
des troupeaux.

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d) Les méthodes et les circuits de commercialisation traditionnels
sont peu favorables aux producteurs.
Devant ces perspectives, la recherche vétérinaire au Sénégal poursuit
et étend son rôle dans la sauvegarde et 1’ amélioration des troupeaux, en
s’ attachant particulièrement à augmenter leur production et leur rôle dans
1’ économie nationale.
Lt infrastructure essentielle est représentée par le Laboratoire national
de l’élevage et de recherches vétérinaires de Dakar-Hann.
Cet établissement,
dans sa forme actuelle, a commencé de fonctionner en 1953. Prévu à
l’origine pour satisfaire aux besoins de la recherche et de la production de
\\t
vaccins de 1’ ancienne fédération de 1’ AOF, il est maintenant un établissement - .*
ont la gestion a été confiée par le Gouvernement du Sénégal à
levage et de médecine vétérinaire des pays tropicaux de Paris
(IEMvT).
Disposant de deux points d’ appui essentiels, 1’ un situé en zone sahélienne,
le Centre de recherches zootechniques de Dara, et l’autre dans les Niayes,
la ferme de Sangalkam, ils concourent en étroite collaboration. avec la direction
11
e.y‘~..%.%“*~~
du Service de l’élevage àl’execution des programmes définis par les plans
.
‘-
quadriennaux du développement du Sénégal.
Comportant des sections de pathologie, bactériologie, virologie, para-
sitologie, physiologie et physiopathologie, zootechnie et agrostologie, il est
à même dl aborder tous les problèmes concernant l’élevage dans le pays.
Quel est l’état actuel de ces problèmes?
Un des plus anciens objectifs, qui, même SI il a perdu un peu de son
acuité en raison des progrès réalisés, reste toujours actuel, est la protection
des troupeaux contre les grandes endémies animales tropicales, microbiennes
ou parasitaires.
La lutte contre les affections microbiennes ou virales, qu’ il s’ agisse
de la peste bovine, de la péripneumonie, du charbon bactéridum ou sympto-
matique, des pestes aviaires, du choléra, etc, repose essentiellement sur
la prophylaxie sanitaire. Le laboratoire foyrnit cfiaque année dl importantes
quantités de produits biologiques utilisées par les agents du Service de
1’ élevage au cours de campagnes de vaccination systématiques.
En ce qui concerne la peste bovine, depuis 1962 les pays dl élevage
des zones sahéliennes, dont le Sénégal, ont entrepris une campagne de
vaccination coordonnée grâce à 1’ aide financière du FED et de 1’ USAID.
Le succès de cette entreprise conjointe peut laisser espérer un contrôle
rapide de cette maladie avec, à plus longue échéance, 1’ allégement ou la
suppression des interdictions de commercialisation avec les autres continents.
La péripneumonie reste, sans conteste, 1’ affection microbienne la plus
difficile à combattre. Cela tient essentiellement au caractère sournois de
son apparition, à sa contagiosité peu prévisible, à la biologie encore in-
suffisamment connue de 1’ agent causal, Mycoplasma mycoïdes, dont les
souches affectées de mauvaises qualités antigéniques s1 avèrent instables,
provoquant des réactions inégales chez les différentes races ou espkces.
Les maladies parasitaires jouent également un rôle important, tout
particulièrement dans les régions chaudes et humides du Sénégal. Dans ces
zones. les trvnnnnnomianpn
nnimilen
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,337

1 2 4
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.
indispensable avec son cortège dl inconvénients: répétition fréquente, prix de
revient élevé effets mal connus sur la santé et la productivité des animaux.
L,es maladies à trématodes ou nématodes contribuent également, et tout
spécialement chez les ovins, à entretenir une morbidité sinon une mortalité
importante.
La plupart de ces parasites sont maintenant bien connus, de
même que leur cycle biologique, ainsi que les mesures capables de les
combattre.
Une page plus récente de pathologie a été ouverte par l’apparition des
maladies~.~~rï~~~e~l~s~ qu’ on peut considérer, en quelque sorte, comme
des « rnaladies d’évolution>>sinon de civilisation.
-----__ >_
Leur importance est apparue
au Sén&gal après. l-es &udes du Laboratoire national de recherches vétéri-
naires de Dakar, portant E;U~- une grave affection atteignant depuis plusieurs
années les élevages extensifs du nord du Sénégal. Les pertes importantes,
affectant parfois de 10 à 15% des effectifs, se sont avérées être le fait du
botulisme (Clostridium botulinum, Type C).
La contamination des animaux
est due au pica et en particulier à l’ostéophagie qui pousse les individus à
consommer les cadavres dl espèces domestiques ou sauvages mortes en
brousse.
Le trouble nutritionnel responsable de ces aberrations alimentaires
semble dominé par une carence en phosphore.
Il est certain que le botulisme constitue la manifestation la plus évidente
de cette carence minérale. Mais cette déficience ne saurait se limiter à
ce rôle, les retards de croissance, le manque de précocité, l’insuffisance.
des lactations, la forte mortalité chez les jeunes, et, d’une manière générale
la faible production du troupeau ressortent de la même cause.
Cette pathologie récente peut être qualifiée de <<maladie d’ évolution» car
elle semble liée à une transformation des techniques dans cette région
dl élevage.
Le Ferlo était autrefois occupé par les troupeaux seulement
durant la saison des pluies et jusqu’ au tarissement des mares.
Les animaux,
ensuite, transhumaient clans différentes directions en effectuant, la plupart
du temps, de courts séjours dans des zones aux sols et aux cours d’eau forte-
ment minéralisés, séjours correspondant à de véritables cures salées. A
1’ heure actuelle, les travaux hydrauliques ont transformé la physionomie
de cette région. De nombreux forages équipés demoteurs d’exhaure, puisant
dans les nappes phréatiques profondes, permettent 1’ abreuvement des animaux
durant toute 1’ année. Il en résulte une sédentarisation relative des popula-
tions pastorales, indispensable à leur progrès social, mais dont la rançon
semble être la nécessité d’ une intervention humaine dans 1’ alimentation des
troupeaux.
Il devient indispensable, en effet, dl apporter à 1’ animal les
éléments que la monotonie des pâtures et leur usure accentuée ne leur
permet plus de trouver. La supplémentation alimentaire apparaît donc comme
la contrepartie de la sédentarisation. Une fois de plus la rupture dl un
équilibre naturel se traduit par des charges supplémentaires que 1’ homme,
1’ éleveur en 1’ occurrence, doit assumer.
Tels sont donc à 1’ heure actuelle les différents aspects de 1’ élevage au
Sénégal.
La recherche intervient alors dans chacun des problkmes évoqués.
C’est ainsi que dans le domaine de la prophylaxie des maladies contagieuses
un gros effort est effectué dans le but dl améliorer 1’ efficacité des vaccins
,... . . . . *
. .
,.

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1 2 5
En ce qui concerne la peste bovine, par exemple, l’emploi du vaccin de
culture cellulaire vient dl être généralisé. Mais la nécessité de sa conser-
vation à basse température depuis le laboratoire producteur jusqu’à 1’ animal
receveur implique de lourdes contingences pour le service de l’élevage qui
1’ utilise,
Les recherches actuelles visent donc à susciter la thermo-
résistance des virus-vaccins.
Pour la péripneumonie, de nombreuses lacunes restent à combler, qui
concernent:
- le perfectionnement des méthodes de diagnostic qui utilisent encore des
techniques sérologiques délicates, réalisables seulement en laboratoire;
- la sélection des souches stables et dl efficacité reconnue et 1’ augmentation
de la durée antigénique des vaccins;
- les zones à trypanosomiase sont maintenant bien limitées; 1’ assainissement
des régions étroitement définies, par destruction des gîtes à glossines, a
fait l’objet de protocoles qui, grâce à des sources de financement exté-
rieures,vont pouvoir être exécutés;
- la sélection de trypanocides moins toxiques fait également l’objet d’études
actuelles; un projet d’utilisation des radioisotopes dans ce domaine est
en voie de réalisation. Il s’agit, après marquage du Bérénil, trypanocide
de faible toxicité, dl étudier 1’ action de ce produit sur les parasites, de
déterminer sa vitesse de disparition du territoire de localisation des
trypanosomes, d’ inventorier le rôle des divers émonctoires dans 1’ élimi-
nation du produit;
- un programme ultérieur envisage de préciser, après marquage des
glossines, leur cycle vital et leur aire de dispersion.
Pour se familiariser avec le maniement des radioisotopes, un chercheur
du laboratoire est actuellement en stage à l’université de Hanovre.
Lt action prophylactique contre les nématodes et les trématodes, orga-
nisée surtout contre les mollusques, hôtes intermédiaires, a fait 1’ objet de
campagnes dl assainissement démonstratives. Dans ce domaine également
les méthodes sont connues, leur généralisation exigeant des sources de
financement importantes.
Un sujet retient actuellement particulièrement 1’ attention des chercheurs
dans ce domaine: la thélaziose, fréquente dans les régions humides sous
forme dl enzooties de kératite opacifiante responsables de pertes importantes.
Enfin, le complexe pathologique associant l’hypophosphorose et le
botulisme est maintenant en voie de régression grâce à la vaccination par
une anatoxine préparée au laboratoire et la distribution dans les élevages
extensifs de sels minéraux sous forme de pierre àlécher.
Dans le domaine de la pathologie, la recherche continue donc à avoir
un rôle important mais c1 est finalement dans celui de l’amélioration de
la production que se situe essentiellement son avenir.
Ce développement de la production s1 avère urgent quand il apparaît
qu’ avec son cheptel le Sénégal est incapable de couvrir ses besoins actuels
en viande. Un tiers de la consommation, soit environ 5000 tonnes,doivent
provenir des états voisins (la République de Mauritanie essentiellement).
Le besoin en produits laitiers est également satisfait par de l.arges importa-
tions pesant lourdement sur la balance commerciale.
Ces conditions
existent alors que la consommation par habitam en protéines animales reste
faible et que tout progrès économique et social passera, comme partout
ailleurs, par une alimentation plus abondante en produits carnés.

Pour parer à cette situation plusieurs types dc mesures sont à envisager
dans le domaine de la production de viande.
Il convient de réduire d’urgence les pertes de jeunes animaux, qui
restreignent de façon considérable les disponibilités pour la commerciali-
sation.
Il faut ensuite trouver le moyen :Le plus économique dl éviter ou tout
au moins de diminuer la perte de poids annuelle que subissent les animaux
au COL~S de la saison sèche.
Il faut enfin donner à l’éleveur et au chevillard la notion de l’animal
boucher.
En effet, continuer à conduire à 1’ abattoir 1’ animal tout venant,
trop jeune OLI en mauvais état., implique un manque à gagner important pour
l’éleveur et de la viande de mauvaise qualité pour le consommateur.
Dans le domaine de la production laitière, un des premiers objectifs est
de supprimer la compétition entre les deux consommateurs de lait, l’homme
et le jeune animal. Le compromis actuel SI avè-re préjudiciable à 1’ un et à
1’ autre. Il en résulte en effe-t une malnutrition (du veau, les faibles quantités
de lait qu’ il prélève diminualIt dl autant les quantitks disponibles pour la
consommation humaine ou la commercialisation.
Nais la solution pour l’a.pprovisionnement des centres en produits
laitiers paraît résider dans la création de fermes laitières exploitant, sui-
vant des méthodes modernes, des races spécialisées dans cette production.
Les moyens dl atteindre ces divers objectifs et de développer la pro-
duction appartiennent essentiellement à trois types de méthodes: 1’ amé-
lioration du milieu, de 1’ aninlal, de son alimentation.
- L’ amélioration du milieu fait l’objet de travaux activement poursuivis
depuis plusieurs années par le service dl agrostologie.
L,a connaissance
et l’inventaire des principaux types de pâturage a conduit à l’établissement
de cartes qui couvriront bientôt les principales zones d’élevage et faci-
literont une meilleure et plus complète exploitation des ressources en
herbage.
En collaboration avec la recherche agronomique, des essais sont
poursuivis qui visent à l’introduction et au développement de nouvelles
espèces fourragères intéressantes. Des mesures de rendement en matière
verte portant sur le sorgho, les maïs fourragers, les Stylosanthes et les
Pennisetum, les Panicum, sont tentées en vue de déterminer les espèces les
plus productives, en fonction des sols et des façons culturales.
- A 1’ amélioration de 1’ animal sont consacrés, ‘à l’heure actuelle, deux
projets essentiels. La sélection du zébu gobra et l’introduction de zébus
pakistanais, Red sindhi, Sahiwal et brésiliens (Guzera).
L’étude des caractéristiques pondérales du zébu gobra a permis de
chiffrer les performances de l’ensemble du troupeau et de révéler des
lignées aux performances supérieures à la moyenne qui ont conduit à la
constitution de troupeaux dl animaux sélectionnés. Lt accroissement progres-
sif des poids moyens aux différents âges enregistrés depuis cinq ans permet
de laisser bien augurer des résultats d’une sélection continue tendant à
dégager un animal aux capacités de production en viande nettement supérieures
à la moyenne des troupeaux locaux.
Lt importation de zébus pakistanais et brési.liens est encore trop récente
pour qu’on puisse en tirer des conclusions. Ces races semblent s’être bien

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ment supérieure à celle des zébus locaux peut laisser espérer, dans ce
domaine, un bon effet des croisements.
- L’ amélioration de 1’ alimentation animale constitue, sans .conteste, le pro-
blème le plus urgent et aussi le plus difficile à résoudre.
Cette action
constitue réellement la clef de tout développement de la production.
Vu sous son jour théorique ou par un esprit mal informé des réalités
africaines, les solutions ne semblent pas soulever de difficultés importantes.
Il suffit, en effet, dl ktablir une ration complémentaire capable dl assurer une
nutrition correcte des troupeaux lorsque le milieu naturel devient insuffisant.
Pour constituer cette ration, le Sénégal dispose, sur place et en abon-
dance, de tourteau dl arachide provenant des huileries, de sons, de brisures
de riz ou de farines basses, déchets des rizeries. L’industrie sucrière,
dl apparition plus récente, laisse un gros disponible en mélasses.
Enfin,
les fanes dl arachides et les chaumes de riz constituent des fourrages
dl appoints intéressants.
Les obstacles sont cependant dl importance.
Le premier est constitué
par la tradition pastorale qui depuis des millénaires confie le sort et 1’ ali-
mentation du troupeau à la fatalité des conditions naturelles. De tout temps,
1’ animal SI est nourri lui-même, 1’ exploitation du troupeau pour 1’ éleveur
correspondant à une espkce de «cueillette>> plus ou moins bonne suivant 1’ an et
les conditions climatiques.
La notion de profit et de bénéfices qu’ on peut tirer de 1’ élevage ne corres-
pond d’ailleurs pas aux objectifs majeurs de la plupart des éleveurs.
Le
nombre seul compte, car c1 est 1’ importance numérique de son troupeau qui
donne à l’éleveur son rang et son prestige social. La commercialisation
n1 intervient la plupart du temps que comme un <<accident>> résultant dl un
besoin en numéraire urgent, tel que le paiement des impôts. Elle ne saurait
donc faire l’objet d’une prévision ou d’une préparation. Telle qu’ elle est
pratiquée, avec ses multiples intermédiaires, elle amène à 1’ éleveur une
rémunération insuffisante peu apte à stimuler son désir de vendre et son
goût pour les beaux produits.
Bref, un très gros travail dl éducation reste 3 faire pour accomplir cette
révolution des modes dl élevage en vue d’une réelle production.
Mais un handicap dl un autre ordre est constitué par le bas prix de la
viande. Au Sénégal, en effet, l’animal sur pied est vendu entre 40 et 60 F
le kg, ce qui réduit de façon considérable les possibilités de supplémenta-
tion alimentaire. Dans ces conditions, en effet, toute intervention dans
1’ alimentation animale présente le danger d’ être d’un prix de revient supé-
rieur au bénéfice escompté.
Les conditions économiques draconiennes dominent toutes les recherches
effectuées actuellement dans le domaine nutritionnel.
Ces recherches visent
deux buts :
dl une part, 1’ établissement d’une ration économique à effica-
cité maximale en fonction des disponibilités de chaque région, dl autre part
la large expérimentation et la vulgarisation de ces rations.
Le premier objectif exige des études préalables importantes, qui sont
poursuivies au Laboratoire de Dakar depuis plusieurs années. Elles portent
dl abord sur la connaissance des divers aliments disponibles.
Un dossier
dl analyses important commence à apporter des lumières dans ce domaine.
Il convient ensuite de déterminer la valeur biologique de ces divers
produits alimentaires. Le Laboratoire p0ursui.t cette étude par les tech-

1 2 8
CALVE’T
Les recherches portent enfin sur les processus métaboliques des
espèces animales présentes au Sénégal en vue de déterminer leurs particu-
larités et leurs besoins réels. Des travaux sont entrepris visant à 1’ étude
des processus biochirniques au niveau du rumen en fonction des affourage-
ments de base possibles et d(.,
xc espèces animales (zébus et taurins).
Ce type de recherche serait également susceptible de tirer profit de
l’utilisation des radioisotopes. Il est en effet un facteur qui handicape toutes
les recherches en matière de physiologie aninlale: 1’ absence d’un élément
de rél%rence auquel rapporter toutes les données. Le poids, en effet, et tout
particulièrement chez le ruminant, compte tenu de 1’ important développe-
ment du tube digestif, est emachk dl imprécision.
En particulier, lors de
1’ expérimentation dl une ration, la nature exacte du gain de poids est inconnue.
SI agit-il de formation de graisses, de muscles, OLI. de rétention d’eau?
Une
mesure rapide des compartiments hydriques par les radioisotopes, 1’ évalua-
tion de la masse cellulaire active par le radiopotassium pourraient apporter
une réponse à ces questions.
Le Laboratoire de l’élevage de Dakar, qui abordera les techniques radio-
isotopiques par des études de parasitologie, envisage, si les moyens lui en
sont donnés, dl étendre leur utilisation aux problèmes de physiologie et de
nutrition.
Ces études préalables concernant 1’ animal et 1’ aliment doivent conduire
à 1’ établissementde rations fic:onomiques
qui, grâce à leur équilibre et leur
caractère dl adaptation à 1’ animal, à la saison, au milieu, présenteront les
plus grandes garanties dl efficacité.
Ces conditions sont indispensables pour
bien augurer de la rentabilité de ces rations, qui nt est cependant pas
dl emblée assurée.Des essais ultérieurs réalisés dans les diverses régions
dl élevage et sur des troupeaux représentatifs auront pour but de chiffrer les
bénéfices que ces méthodes pourraient apporter.
Pour favoriser l’éducation des éleveurs et effectuer ces essais de
rentabilité, la recherche en association étroite avec le Service de 1’ élevage
a établi un large projet intitulé <<Valorisation du cheptel bovin du Sénégal
par une alimentation rationnelle».
Sa mise à exécution et son succès
peuvent constituer le début de cette révolution des techniques qui doit con-
duire le cheptel sénégalais à prendre une importance réelle dans 1’ économie
du pays.
nIais dé;jà, au-delà des l>roblèmes immédiats à résoudre, doit se dégager
une politique générale dont LUI des schémas directeurs pourrait être celui-ci:
La zone sahélienne, à vocation pastorale, peuplée des grands trou-
peaux entretenus en extensif, pourrait constituer une zone de naisseurs.
Pour elle, les hypothéques à lever sont: les carences minérales, la morta-
lité des jeunes, le probl&me des réserves fourragères et des suppléments
sélectifs au moment de la saison sèche.
-q partir de cette zone et approvisionnés par elle se constitueraient des
élevages spécialisés, intermédiaires indispensables entre 1’ éleveur et les
divers stades commerciaux.
C1 est ainsi qu’à la périphérie des grands
centres pourraient naître des fermes laitières h partir d’ animaux spécialisés,
entretenus en race pure ou bien en métis de première génération.
C e s
élevages devraient mettre en oeuvre les techniques les plus évoluées dans
le domaine de la production intensive de plantes fourragères.
Dans la production de viande, CI est encore les naisseurs qui fourniraient
le matériel animal à deux types dl entreprise: 1-e ranch dl embouche basant la

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1 2 9
ateliers dl engraissement qui, par un traitement intensif de courte durée,
auraient pour vocation la production de viande de haute qualité pour la
clientèle locale ou 1’ exportation.
Une troisi&me spécialisation pourrait résider dans l’élevage et le
dressage des boeufs de labour.
Les fermes dl élevage évoluées créées de toute pièce auraient 1’ avantage
dl échapper à 1’ emprise de la tradition. Elles pourraient profiter de 1’ enca-
drementtechnique de cadres sortant des diverses écoles vétérinaires ou
agricoles du Sénégal.
Cette symbiose entre les élevages traditionnels, difficilement perfec-
tibles, et des types nouveaux dl élevage à caractère plus perfectionné pourrait
laisser espérer à brève échéance un relèvement du niveau de la production.