Première observation au Sénégal d’une souche de...
Première observation au Sénégal d’une souche de Trypanosoma
vivax (T. V&X) adaptée aux rongeurs de laboratoire: importance
épidémiologique.
A. lIAITE’*; A. GUEYE’, Y. THIONGANE2; M. L02, Mm” T. ND. DIEYE’ et G. VASSILIADES’
1 ISRA LNERV service cie parasifologie
2 ISRA LNERV sewke de Microbiologie
Introduction
Les trypanosomoses sont des affections provoquées par des protozoaires parasites, du genre
Ttypanosoma.
Elles sont transmises par diverses espèces de glossines communément appelées
mouches tsé-tsé. En Afrique au sud du Sahara, cette affection empèche le développement de
l’agriculture, au sens large, sur de vastes étendues de terres fertiles, contribuant ainsi à l’insécurité
alimentaire .
Au Sénégal, la région des Niayes à la périphérie de Dakar, infestée par Glos&a palpalis gambiensis
(Vanderplank, 1949) a été assainie au cours des années soixante dix pour l’implantation d’unités de
production agricole intensive.
Après l’éradication de Glossina palpalis gambiensis de la région, il s’en est suivi d’importants
investissements dans la filière agro-pastorale avec notamment l’importation de vaches laitères et de
races à viande hautement performantes (Jersayaises, Montbeliardes, Holstein, Charolaises ). Ces
animaux qui assurent la couverture partielle des besoins en lait des populations urbaines sont très
sensibles à la trypanosomose animale.
En septembre 1997, des cas de mortalités sont enregistrés à Diacksao Peulh chez les bovins de
races locales (zebus Gobra, metis Djakorés), élevés à proximité d’une grande ferme laitière. Afin de
parer toute extension de cette épizootie, des investigations sont rapidement menées pour le
diagnostic de cette maladie.
Matériel et Méthodes
Des frottis de sang ont été faits sur place à partir de sang prélevé sur un animal (vache zébu) qui
présentait des signes de prostration et de larmoiement; une légère anémie complétait le tableau
clinique.
Un prélèvement de sang dans un tube hépariné effectué sur cette vache zébu est en plus ramené au
laboratoire et inoculé à cinq souris males adultes (Balb/c) à raison de 200 microlitre (~1) en
intrapéritonéale. Aucun examen direct (goutte de sang entre lame et lamelle) n’avait été fait à ce
stade.
Résultats
Les résultats des frottis de sang ont montré que l’animal était fortement parasité par Trypanosoma
vivax (Zieman,l905) Les souris, à partir de ce moment, ne présentaient plus beaucoup d’intérêt
puisque T, vivax ne se développe presque jamais chez des rongeurs de laboratoire.
Cependantquatorze jours après leur inoculation une souris est morte obligeant à l’observation des
quatre autres souris cabord à l’examen direct. Ces souris pour des besoins d’identification sont
marquées T, D, Q, TD . Une des souris était positive et, curieusement, les trypanosomes avaient un
mode de déplacement (d’un bout à l’autre du champs du microscope ) qui incitait à penser à T. vivax.
La souris Q est la première positive (14 jours) suivie en cela un jour après par la souris T. La souris
D est positive plus tard (25 jours) tandis que la souris TD est morte quarante sept jours aprés
inoculation sans jamais avoir été positive à l’examen direct.
Des frottis de sang furent donc confectionnés à partir du sang de la souris positive. Les résultats
(gros kinétoplaste terminal, flagelle libre bien développé) indiquent clairement qu’il s’agit de T. vivax.
1” A qui toute correspondance devra être adressée
** T=tête; D=dos; Q=queue; TD=Tête dos

La parasitémie ayant été suivie de manière quotidienne chez ces souris, cela a permis de constater
de faibles taux chez les souris D et Q et une parasitémie forte intermittente et durable, chez la souris
T (figl). La souche repassée à la chèvre s’est avérée très virulente; elle a été aliquotée et
cryoprésetvée.
Parasïtimie de la souris T @alb/C) inoculée avec T. vivax
6
Jours après inoculation en IP
Fig 1 suivi de la parasitémie chez la souris T
Discussion.
L’observation de ce cas nous semble importante pour trois raisons.
D’abord il semble inédit car les observations antérieures de ce même type de phénomène rapportent
des cas où 7. vivax a été adapté aux rongeurs après immunosuppression de ces derniers grace à
des irradiations sublétales aux rayons gamma (Gathuo et a/., 1987) ou alors des cas de maintenance
difficile grace à des transmissions en série à la seringue à des rongeurs ou par cryopréservation
c’est le cas du stock de T. vivax Y458 isolée à Zaria au Nigéria (Leeflang ef a/. 1976). Ce même
stock, dans une étude différente s’est montré létal chez les jeunes rats avec cependant la guérison
spontanée chez les rats adultes au bout de 15 jours maximum (Joshua, 1987). Des travaux
antérieurs ont fait état de la possibilité de maintenir 7. Wvax chez les rats blancs à condition
d’inoculer aux rongeurs du sang ou du sérum de bovin ou de petits ruminants mais avec là aussi des
parasitémies qui ne duraient pas plus d’un mois (Desowitz and Watson, 1951 a et b). Curieusement
dans notre cas, cette souche se maintient chez une des souris blanches (Balc/C) sans intervention et
même avec des parasitémies notées à quatre croix, ce qui correspond à une infection à 104 voire 5
105 trypanosomes par ml lors d’observation de l’interphase (Murray et a/., 1983).
Les souris ne sont pas prostrées et ne semblent pas prësenter d’altération de l’état général.
Les
périodes de parasitémies sont suivies de périodes de rémission et même d’épisodes
aparasitémiques sans toutefois en arriver à la guédson spontanée.
Ensuite, ce phénomène, s’il se passe dans la nature comme observé au laboratoire, pourrait
constituer une nouvelle dimension dans I’épidémiologie de la trypanosomiase à T. vivax dans cette
région des Niayes où animaux de race locale à priori plus résistants à cette affection sont maintenus
dans des exploitations de type extensif et cotaient des exploitations de type intensif où l’on trouve
des animaux plus sensibles à cette affection.
Les animaux de race locale, en cas d’alerte de

trypanosomose, peuvent toujours être traités et donc l’on peut procéder à l’extinction du foyer
infectieux ce qui ne saurait être le cas avec des rongeurs infectés et apparament porteurs sains.
Enfin, des études très anciennes (Rodhain et a/, 1941) rapportent que la très longue maintenance de
7. vivax dans des conditions de transmission mécanique unique résultait en la perte de sa
transmissibilité par G. Palpa/is. On pourrait, par analogie à cette observation, s’interroger ici sur
l’effet de la transmission mécanique exclusive sur l’adaptation à de nouveaux hôtes.
Bibliographie
Desowitz and Watson, J.H.C. (1951a). Studies on Trypanosoma vivax: Susceptibility of white
rats to infection. Ann. Trop. Med. Parasitol., 45, 207-219
Desowitz and Watson, J.H.C. (1951 b). Studies on Ttypanosoma vivax: Susceptibility of white
rats to infection. Ann. Trop. Med. Parasitol., 46, 92-100
Gathuo, H. K. W., Nantulya, V. M. and Gardiner, P. R. (1987). Trypanosoma vivax:
Adaptation of two East African stocks to laboratory rodents. J. Prototool., 34 (1) 4853.
Joshua, R. A. (1987). Infectivity and virulence of Trypanosoma vivax to rats of varying ages.
Bull. Anim. Hlth. Prod. Afr., 35, 201-205.
Leeflang, P., BU~S, J. and Blotkamp, C. (1976). Studies on Trypanosoma vivax: Infectivity
and serial maintenance of natural bovine isolates in mice. Jnt. J. Parasitol., 6: 413-417.
Murray, M., Trail, J. C. M., Turner, D. A. and Wissocq, Y. éds (1983). Productivité animale et
trypanotolérance: Manuel de formation pour les activités du réseau. ILRAD, ILCA and ICIPE 221 p.
Rodhain, J. Godsenhoven, C.V. et Hoof L.V. (1941). Etude d’une souche de Trypanosoma
cazalboui (vivax) du Ruanda. Mem. Inst. ROY. Colon. Belae (Sect. Sci. Nat. Et Med. 11 (4) 1 In
Hoare: The Trypanosomes of Mammals a zoolonical monowaph Blackwell Scientific
Publication