INSTITUT SENEGALAIS DE RECHERCHES i AGRICOLES...
INSTITUT SENEGALAIS DE RECHERCHES
i
AGRICOLES (ISRA)
LABORATO-IRE NATIONAL M L’ELEVAGE
ET DE RECI-IERCHES VETERINAIRES
DAKAR - HANN
PROPOSITIONS POUR W-JE POLtTIQUE DE
SAUVEGARDE MS TROUPEAUX DURANT LES MFU’itERS M3lS
M LA SAISON SECHE.

GENERAL i TES
La pluviométrle du dernier hivernage a 6% gravement- déf ici-taire
dans la p iupart des régions du Sénégal. Dans le domaine pastoral, les zones
les plus sinistrées paraissent être : la vallée du Fleuve, la région du Cap-
V e r t , ce1 les de Thtas et Louga, et en partie ceiio du Sine-Saioum. Là plus
particul I Brement, le renouveau de la végétation a 6th tras faible et déja
les animaux commencent
8 souffrir de la faim, ce qui laisse présager une
situatfon trés difficile pour les derniers mois de la saison sèche.
Un certain nombre de cons6quencss de cet état de chose, compte
tenu des pkiodes de sécheresse antérieures, sont d6jà prévlsibies.
Du point de vue commercial, on risque d’assi ster B un destockage
Important entratnant un effondrement des cours, l’abattage d’animaux d’un
très faible poids correspondant à une perte sensible pour l’éleveur, et sur
le plan national une perspective de pénurie en viande dans les annees à ve-
n i r .
Du point de vue cheptel, une forte mortal i t6 risque de frapper les
animaux les plus vuir&rabies, jeunes tout particuli&rement et femelles au
moment de la mise bas.
Tout cccl correspond a un appauvrissement grave du monde rural qui
se relevait à peine des catastrophes climatiques antérieures.
Pour parer à cette situation , un certain nombre de mesures semblent
nkessalres. Elles ressortent essentiellement d’une voiont6 politique et
d’ un effort d’organ i sat i on.
VOLONTE POLITIQUE
Dans ce premier domaine, il est nécessaire de dkider la mobiii-
sat i on de toutes les ressources en aliment du bétail du Sénegai
Parmi elles, trois ne sont pratiquement pas utillsées à l’heure
actuel l e . i i s ’ a g i t d e l a tiiasse, de I a graine de coton et de i a paille de
r i z ,
La mf3lasse :
est un produit précleux pour l’alimentation an maie
qui permet de faf re consommer avec profit de nombreux déchets tel lu 10s ques
(pailles, coques d’arachide, débri ts végétaux de toutes sortes). El le
en-
tore I ‘avantage, chez le ruminant, de rendre possible i’uti iisation de i ’ urée
ccmme principale source azotée de sa nutrition.
. . ./ .,.

-2-
A l'heure actuel!e Richard-Toll produit 8.000 tonnes de ce prcduit
par campagne correspondant 3 6 millions d'UF.
La graine de coton constitue par sa conposition et sa digestibi-
lité un des compl&wnts alimentaires les mieux utilisés par l'animal Bleve
sur pâturage. La distribution d'un kilogramme de graines de coton (1 UF +
125 g WI)) associee à un faible pâturage perwttrait la survie de la plu-
part CE?S troupeaux. La production peut Ztre estimfie cette annd; a 22.000
tonnes do graines correspondant à 22 300 000 d'UF.

La paille de riz : dans la conclusion d'un article intitulé "la
paille de riz dans l'alimentation animale au SCSnfgal" les auteurs estimaient
3 150 C!Og tonrrs la paille de riz disponible et concluaient qu3 ce fourrage
correctement compl&entta en azote et sels sin6raux pourrait contribuer t la
preparation Souch&e de olus de 100 333 têtes de bPtai1. Or qu'en est-il à
l'heure actuelfe ? Pans la r6gion du fleuve la paille de riz non bottel&
par manque du moyens est difficilement &vacuee de la rizi&e -t doit 2tre
le plus souvent hrûltle oour permettrr la remise en culture.
En Casamance
oil la moisson se fait en @%&a1 3 la main0 seule la panicule rst ticolt&
et la paille reste sur place jusqu'aux labours suivants. Un tonnage impor-

tant de fourrage, dans l'un et l'autre cas, n'est p3s utlis ce qui est dom-
mageable en annee normale ot devient scandaleux au moment des grandes penu-
ries. On peut rappeler qu'n France, lors de la s@chcresse de 1976, les au-
toritGs ont interdit le brûlage des pailles et organise, avec l'aide de
l'armee, leur ramassage :?t leur distribution.
%ais d'autres sous-produits disponibles x Senegal devraient être
mobilises pour la sauvegarde des troupeaux. Il s'agit essentiellement de lu
coque d'arachide encore peu ou mol WilisZe pour l'alimentation animale.
Un concentti donnf seul 9 un animal et dont la panse est vide est
en g&%ral faiblement utilisé. Incorpor@ par moiti? à de la coque d'arachi-
de, son transit intestinal est plus lent et son essimilation bien meilleure.
Toute suppl6mentation de survie, pour %re efficace, devrait comporter un
aliment de lest et un concentr6. D%is de nombreux cas,
la coque d'arachide
pourrait constituer l'aliment
de lest indispensable à une bonne utilisation
des concent& qui seront distribu6s. Il conviendrait donc d'inventorier
des que possible le stock de coque d'arachide pouvant être mis 3 la dispo-
sition des Eleveurs.

. . ./ . . .

Quant aux concentrds a utiliser, c'est le noment de souligner qu'
ils doivent Gtre constitués essentiellement d'elhnents EnergGtiques. Le
tourteau ne peut constituer qu'un des composants & ces concentres utile
pour certaines catCgories de betail, les jeunes en pnrticulizr.

EFF3RT D’QRGA~!ISP~TI!lN
A notre avis les qraves pr>judices pour les 6leverirrs et pow la
production nationale qui rksulteront dz cette nouvelle annfte $2 skheressc,
seront liés au gaspillage de viande suivant un destockage hâtif rt irration-
nel et is. la dispersion des c:fforts d'aliwntetion qui daivent essentielle-

ment 6tre concentres sur les dl&wts PmAuCtifS du troupeau, garant de sa
reconstitution ult5rieure (femelles pleines, lactantes et jeunes).
Idc ces considérations dbcoulent les pronasitians suivantes :
1) Ctiation CU rcnise en service d'ateliers d'embouche subvantionn3s partout
air existent des disponibles ?linwMires et la oil ils peuvent Stre fwci-
lement achemines {en particulier pr& des grands centras dr consommation).
Ces ateliers recevront les animaux dont l'éleveur essaiera de se debarras-
ser et dr>nt l'abattage, du fait 62 leur état ou leur jeune Sge, constitue
un saspillage de viande. Les carcasses de qualit obtenues pwwnt Gtrz
congelees et conservrUes au froid pour assurer un volant rlgulateur du

march& lors de la penurie qui risquiq de s'installer l'an prochain, Cbs
ateliers devraient être etroitement surveill& par les divers services
techniques.

2) Partout 09 restent des traces de p5turagL3p supplementation des femelles
pleines et des jeunes avec des aliments apprnprik.
Voila esquissé 1 'ossenti. des mesures qui nous pariissent pouvoir
limiter les consgquences sur le betnil du SMgal, de la dernière skheresse.
Il s'agit de mesures lourdes et cxceptinnnelles qui font pressen-
tir la n5cessit6 de mettre en place un dispositif permanent do skuritf ca-
pable d'ztre mis en service automatiquement lorsqu'une nouvel12 fois le
besoin s'en fera sentir.

DISPOSITIONS 3E SAUVEGARDE DU CHEPTEL
Elles interessent essentiellement le cheptel bovin. Elles sent
/
. . . . . .

etablies sur les bases wjvantes :
A) Ht-çions int&essSes
- Les rrgions tic Casamsncc, SGnEgsl Oriental, !liwrbel parais-
sent les moins tmchc5es et devraient subvenir 3 leurs besoins 3 l'aide de
leurs propres ressources.

- La r2giw ~OU Sine-S313um bGn5ficicra des pr3scntes dispcsi-
tions pour une partie de son chept-1.
- Les @ions tic Lot.~?, Fleuve9 Thi@s D Cap-Vert bM#icieront
a plein du progranmc d'aide.
8) Situation des effectifs intéressGs
Les estimations ci-&ss3us sent Gtnblies il'npr& les statisti-
ques de la Direction do 1'Elwagv (an@ 1975).
1) L'embouche sera rfialisk sur la moitiF Lit~ disponible tctal
des ri?gions concernGe5 ) corraqxmlant a ?a production de la pWicde ccnsi-
&Me. El12 sera ex&cut& essentiellement sur les lieux d'abdtagc, 16 ofi

existent des possibilites de stockage A3 carcasses ou des -lispon++~litCs
en sous-produits.

2) Le sauvetage des mPres se fera sur place et sur la base des
estimations suivantes : les vaches rGpr<scntant en moyenne 43 % dz l'c:ffec-
tif et se repartissant par moiti:5 rn vaches suit& et vaches pleines, les
animaux a sauver constituent environ 20 % des effectifs pour la p5ri& con-=
sid5rGc.

3) Les jeunes à sauver reprsscntent environ 22 % de l'effectif.
L'intervention se fera sur place.
Sur ces bases, les actions de sauvegarde int&esseront les effec-
tifs suivants :
.
.
/
.
.0.

Cheptel
Abattages
Operation d'embouche
Sauvetage des /
animaux
bovin
contr6les
i
RGgions
Effectifs
Disponible théoriques
Embouche
l
recense
annuels
Vaches 1
theorique
à engraisse effective
Jeunes
I
i
i
kp-Vert,......
12,500
50.000
1.250
600
40.000
3.000
2.500 1
Flcuvc.........
486.000
3.700 48.690
24.300
2.000
137.000
98.500 1
LCWJC.
" I.. . . . . . .
366.500
36.600
18.300
-
81.000
75.000 i
Sène-Saloum....
489.000
16.100 48.900
25.000
25.000
3s.000
34.000 j
1';r-i es . . . ...*...
124.000
14.000 12.400
6.200
7.000
28.000
25.000 !
Effectifs inte-
l
ÿ"-:ssts par les
1.478.000
74.000
255.000 235.000 1
interventions
49 zTm-----1
I
l
I
564.000
I
C) Composition des diffrtrents aliments distribu&
--.....
I
I
~
Coque

Tourteau Sons de
Paille Sons de
Sraines
1 Aliments
arachide %lasse
rie
Sorgho de
CMV
iarachide
arachide
blo
riz
mals
coton
l r-
/!iliment 1

2 2
I
!:.liment 2
30
I
c
28
i.'ilimcnt 3
60
.Y iwnt 4
7 8
.
i Al Iraient 5
100
Ces compositions ont étd Etablies :
- en tenant compte des experiences deja réaliGes et des re-

.suTtats obtenus soit pbur l%mbouche, soit pour la sauvetage des ani-
maux3
/
l ., .,.

- 6 -
- en fonction des disponibilités locales,
- en tenant compte de l’aspect transport, lorsque les disponibilités
locales insuffisantes imposent l’introduction d’aliments.
D) Besoins qlobaux
l- Embouche
Aliment 1
Aliment 2
RB9 i ons
Rat i ons
Ses0 i ns
Besoins
Rations
Besoins
Besoî ns
j o u r n a l i d - individu-
journal i è-
individu-
i ntéressees
t-es
e l s
globaux
res
e l s
9 lobaux
Kg
Kg
T
Kg
Kg
T
Fleuve . . . . . . . . . . . . . . .
1 5
1 800
3 600
Sine - Saloum.. . . . . . .
1 0
1 200
30 ooo
Thiès . . . . . . . . . . . . . . . .
1 0
1 200
8 400
Cap-Vert . . . . . . . . . . . . .
1 5
1 800
16 200
1 0
1 200
37 200
Tctal besoins embouche .
19 800
75 600
Z- Sauvetage
Aliment 3
Al iment 4
Al imont 5
/
RQg i ons
Rat i onb i Besoins Besoins Rations Besoins Ses0 i ns Rations i3esoi ns Besoins
intéressées
journa+ . fndivi-
journa- i n d i v i -
journa- indivi-
I ières
duels
g l o b a u x 1. i è r e s d u e l s
globaux
globaux
_-
-4
I ières
duels
Fi euve . . . . . . . . . .
2
300
54 150
6
720
18 000
Louga...........
2
300
46 800
-
- I
sine - Saloum.. .
1
150
1 0 500
Ïhi &s.. . . . . . . . . .
135
225
11 925
Cap-Vert, . . . . . . .
2
300
1 650
-
Total besoins
18 000
22 425
sauvetage (tonne
I 102 600 I
..a / . . .

l
r-
E) Estimations des besoins régionaux
I
EMBOUCHE (en tonnes)
SAUVETAGE (en ton‘nes 1
. .
. . .-
Rggions
Effet-~ Coque
Sons
Effec-
Sons
P a i l l e
ara-
Melasse Sorgho Tourteau de
CMV
d e
Tourteau Coton CMV
de
blé I asse
tifs
chide
b l é
t i f s
maïs
r i z
FI euve
2 003: 1 620
900
-
180
792
108 180 500 32 490
18 952
-
2 708 -
-
2 5 0 0 0
-
3 0 0 1 5 0 0 0
3Ouc
Louga
156 000 2 8 080
1 6 380
-
2 340 -
-
Sine-Saloum
125 300 ~11 7001
-
/ 8 4001
-
j 9 0001
9001 70 OCj
-
i
-
/ 10 5001
-
/
-
1
-
I
1
Thiès
7 c-x) 3 276
-
2 352
-
2 520
252
53 000
-
11 925 - -
-
I’
Cari-Vert
131 WI14 5081
--r
-
110 4161
-
111
16011
1161
II
IlIl
PT0
7 2 9 0
4 050
-
810
3 564
486
5 ‘j@Jl
990
578
-
82-
-
TOTAL
74 000 38 394
4 950 2 1 168
990 2 7 036 2 862 490 000 6 1 560
35 910 22 425 5 430 15 000
3 OOC
Récapitulation :
Animaux touchés 9 564 000
Tourteaux
= 36 900
Coque arachide = 38 394 t.
Sons de ble
= 27 036 t.
Mé 1 asse
=
7 950 7.
Sorgho
=
2 1 168 t .
Sons de maTs
= 61 560 t.
Gra i nes coton
* 22 425 t.
CMV
= 8 2 9 2 t .
P a i l l e d e r i z = 1 5 000 t .

-a-
FI Observation
Si on se réfore aux estimations de dispon i b l e s calculés dPapr&
le5 prév isions de récolte, on constate qu’une bonne part le des él&nents des
rations proposées existent au Sdnégal : il convient de l es mobiliser et de
les répartir. Seuls devraient faire Igobjet d’importation :
- le sorgho,
- les sons de maTs et de blQ,
- le CMV (compl&nent minéral vitaminé)
COf~CLUS ION
Ces propositions appellent les observations suivantes :
l- Nécessité de prendre des dispositions d’urgence, destinées à
protéger le capital bovin du pays et à limiter I’inftuence de la sécheresse.
2- N,kessi té de préparer un pl an d’ intervention dont I v app l ica-
tion deviendrait automatique d&s la constatation d’un déficit pluviométri-
que important (type plan ORSEC+.
3- Etablissement de mesures permanentes applicables même en années
normales pour la mise à la disposition du bétail d’au moins une partie des
sous-produits disponibles.
Ceci pourrait se traduire ainsi :
Mesures exceptionnel les dvurgence
- Interdiction dvexportation des sous-produits (tourteaux...)
- Interdiction d’usinage des sous-produits (graines de coton,
mélasse...)
- Reservation dPun quota des sous-produits habituellement brûles
(coque d’arachide, bagasses... ). Cette disposition suppose la
recherche, pour I ‘aven i r, d’une part dvune régionalisation des traitements
industriels pour libérer localement les sous-produits et éviter les trans-
ports coûteux , d’autre part de l’util isation d’une source d’énergie de
remplacement dans certaines situations critiques.
- Mise à la disposition des Eleveurs, de la totalité des sous-
produ i ts r&serv6s.
- Réservation d’un quota des superficies irrîgables pour la pro-
duction fourragère, dans les zones où cela est possible.
. . ./ .,.

- 9 -
- Rhqui si tion des moyens de transport de I *armée et des entre-
prises pour l’acheminement des aliments du bétail, le ramssage e-l- la ré-
partition des sous-produits.
- Interdiction de l’abattage des animaux produisant des carcasses
inférieures à 140 Kg.
- Importation des sous-produits ou aliments du batail mkessaires
à sa survie. Ceci implique la création ou l’extension des ateliers d’em-
bouche dans les grands centres.
- Fixation d’un prix des sous-prodults r&serv& à l’élevage sur
I a base des cours mondiaux.
L’applîcation de ces mesures implique des incidences financikes :
dépensas de transports, achats, manque B gagner au ni veau des Industries de
transformation supposant des subventions, infrastructures etc... Les aides
ext?kieures sensibi I is60s à ces problèmes doivent être sol 1 icitées.
L’établ issement d’un plan d9 intervention pourrait s9inspirer des
mesures cl-dessus qu’il suffit de chiffrer à partir des tableaux précèdents
et d’actualiser selon les situations.
Mesures permanentes
L’uti Iisatlon massive de certains sous-produits ou produits sup-
pose la mise en service de mesures permanentes :
. Pai Ile de riz :
- techniques de récolte permettant la rGcup6ration de cette paille,
- équipement des sociétés d’intervention (SAED, SODAGR! etc...)
en ramasseuses presse à “haute densi té” p remorques, tracteurs routiers pour
le ramassage de cette paille, hache-paille pour cession aux Qleveurs,
. Mélasse :
6qui pement de I a SAED en ci ternes pour son transport
. Product lors fourragères : Équipement d e s sociét6s dPlntervention
en matériels de récolte des fourrages.
Ces dlspositlons devraient également int6resser les aides exté-
rieures puisqu’elles doteraient les Sociétés d’intervention de moyens leur
permettant d’assurer en permanence la survie d’une partie du betail des
régions les plus exposées (Fleuve en particulier).