104 . LA RECHERCHE VETERINAIRE ET ZOOTEXHNIQUE ...
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LA RECHERCHE VETERINAIRE ET ZOOTEXHNIQUE
EN A,O.F,
par P.MORNET
VrStérinaire Inspecteur Géngral
Directeur du Laboratoire Central de 1'Elcvage
i
*lGeorgcs Curasson"
Dakar-Hann
- b

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LA RECHERCHE VETERINAIRE ET ZOOTECHNIQUE EN A.O.F.
La recherche vétérinaire et zootechnique a pour but d'étudier
l'animal (domestique), sain ou malade, dans son milieu, de promouvoir
les méthodes et techniques pour accroPtre et améliorer ses productions
tout en le protégeant contre les facteurs d'agression.
Et ceci s'applique à toutes les espèces animales domestiques.
Cette conception, très large, rejoint, sur un autre plan,
celle de Ll3RICHE pour la recherche médicale : IlLa médecine, écrivait-il
en 19.51, n'est plus seulement l'art samaritain de soigner les malades.
Elle est devenue, p ar la force des choses, la science de la vie humaine,
de toute la vie, du normal au pathologique, la santé n'étant qu'une
position d'équilibre entre l'individu et ce qui l'entoure".
Dans les pays tropicaux sous-développés, d'élevage extensif
ou semi-extensif,
où les règles de l'hygiène ne sont appliquées ou ne
peuvent l'être que de façon rudimentaire, les notions de biologie et de
pathologie sont inséparables, les nombreux échecs de ceux qui ont sous-
estimé cette étroite association en constituant une preuve irréfutable..
et onéreuse.
De nombreux facteurs du milieu dans lequel évolue l'animal
domestique interviennent pour influencer son comportement. On les a
classés en :
facteur abiotiques
(climatiques
(édaphiques
(anthropiques
(techniques dlélevage
(action sanitaire
c
facteurs biotiques
alimentaires
(
(microbiologiques
(pathologiques
(parasitaires
(
Sur eux s'exerce la recherche.
Ainsi se cristallisent ou plut0t s'irradient autour de ce
"substrat", l'animal, une foule de disciplines dont certaines font
partie intégrante de la recherche vétérinaire et zootechnique, alors que
d'autres ne sont qu'apparentées ou n'interviennent même qu'occasionnel-
lement, leur activité normale les dirigeant vers d'autres spéculations.
La plupart s'intègrent dans la physiologie, la zootechnie, la
pathologie.
On a l'habitude en France, et dans un certain nombre de pays,
de séparer le "normal" du "pathologique", le vétérinaire étant presque
exclusivement le médecin de l'animal malade.
/
. . . . . .
evees par la
HISTORIQUE

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LA RECHERCHE VETERINAIRE ET ZOOTECHNIQUE EN A.O.F.
La recherche vétérinaire et zootechnique a pour but d'étudier
l'animal (domestique), sain ou malade, dans son milieu, de promouvoir
les méthodes et techniques pour accroftre et améliorer ses productions
tout en le protégeant contre les facteurs d'agression.
Et ceci s'applique à toutes les espèces animales domestiques.
Cette conception, très large, rejoint, sur un autre plan,
celle de LERICHE pour la recherche médicale : "La médecine, écrivait-il
en W51, n'est plus seulement l'art samaritain de soigner les malades.
Elle est devenue , par la force des choses, la science de la vie humaine,
de toute la vie' du normal au pathologique, la santé n'étant qu'une
position d'équilibre entre l'individu et ce qui l'entoure".
Dans les pays tropicaux sous-développés, d'élevage extensif
ou semi-extensif, où les règles de l'hygiène ne sont appliquées ou ne
peuvent l'être que de façon rudimentaire, les notions de biologie et de
pathologie sont inséparables, les nombreux échecs de ceux qui ont sous-
estimé cette étroite association en constituant une preuve irréfutable..
et onéreuse.
De nombreux facteurs du milieu dans lequel évolue l'animal
domestique interviennent pour influencer son comportement, ûn les a
classés en :
facteur abiotiques
(climatiques
(édaphiques
(anthropiques
(techniques d'élevage
/
(action sanitaire
facteurs biotiques
>alimentaires
\\
(pathologiques
(microbiologiques
(parasitaires
(
Sur eux s'exerce la recherche.
Ainsi se cristallisent ou plutôt s'irradient autour de ce
"substrat", l'animal, une foule de disciplines dont certaines font
partie intégrante de la recherche vétérinaire et zootechnique, alors que
d'autres ne sont qu'apparentées ou n'interviennent même qu'occasionnel-
lement, leur activité normale les dirigeant vers d'autres spéculations.
La plupart s'intègrent dans la physiologie, la zootechnie' la
pathologie.
On a l'habitude en France, et dans un certain nombre de pays,
de séparer le "normal" du "pathologique", le vétérinaire étant presque
exclusivement le médecin de l'animal malade.
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M. le Doyen BINET a fort bien montré ce que cette barrière a
de fragile. "En effet, écrit-il, le médecin ne peut avoir la prétention
d'étudier, d'analyser, d'approfondir les rbactions de l'organisme malade
que s'il connaît bien le fonctionnement de l'organisme normal. La mede-
cine a cessé d'être empirique : elle est devenue biologique, et il est
indispensable que le medecin ait une formation physiologique".
Le parallélisme existant entre les deux médecines dans le
domaine biologique devient divergent si l'on se place dans le cadre des
préoccupations administratives et financières; l'art m&dical relève du
llsocialt', le vétérinaire de ltltéconomiquell. Et c'est en termes de "va-
leur", l'production", "rendement", "rentabilité" qu'on juge le second.
Si le cheptel, en A.O*F., ne représente pas, comme celui de
la Métropole, des centaines de milliards et que sa production ne se
chiffre pas annuellement à plus de mille milliards soit quatre à cinq
fois plus que les industries lourdes, telles que la sidérurgie, l'auto-
mobile etCo., il est ind&niable que sa "capitalisation" est très impor-
tante et son potentiel de production bien supérieur aux ressources appré.
ciables qu'il fournit aux populations et aux budgets.
On ne saurait cependant négliger le côté social, moins évident
sans doute qu'en médecine humaine, de la recherche véterinaire et zoo- ,
technique; elle conditionne la vie et l'cvolution des populations aussi
bien par l'apport de protéines de qualité (viande, lait, oeufs...) que
par l'aide accardé c aux travailleurs des champs (traction animale, fu-
mure... >*
Ce préambule nous permet de poser le problème de la recherche
en outre-mer et de fnire comprendre son orientation qui date de l'arrivée
des premiers vét6rinaire.s dans ce pays, il y n environ cinquante ans.
On conçoit qu'un programme aussi vaste, aussi ambitieux, reste
sur bien des points encore à l'état de projet, compte tenu de l'immensi-
té du territoire, do la multiplicité et de la variCt6 des questions sou-
levées par la biologie tropicale, de la faiblesse des moyens.
HISTORIQUE
Il est possible d'envisager trois périodes (1) dans l'évolu-
tion de la rechcrchz
vétGrin?ire et zootechnique :
- du debut du siècle à 1930
- de 1930 à 1952
- de 1952 à 1959
hu cours de la première p&riode,
les rcchcrches sont fcrchnent
linit&es
iar lc nombre des v&terinaires dont l'effectif est squelettique '
.*a / *a*
-----w-------------- --3-----1-----_--------------------------~-----------
(1) l'indication des ann6es ne doit pas être prise littéralement

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(un seul vétérinaire pour le territoire du Niger, d'une superficie dou-
ble de celle de la France). Los dtudcs zootechniques ne constituent que
des inventaires fragmentaires. L'activité essentielle est d'ordre sani-
taire; on court au plus pressé, c'est-à-dire qu'on essaye d'enrayer les
épizooties meurtrieres qui ravagent periodiquement
le cheptel (la peste
bovine principalement),
Le centre de la recherche ost fix6 à Bamako où CURI'SSON, fai-
sant preuve d'un dynamisme et d'un enthousiasme fbconds, cree un labora-
toire, instruit las premiers techniciens africains, met au point un vac-
cin efficace contre la peste bovine (vaccin tissulaire formolé) et jette
les bases de l'infrastructure du s'Scrvice Zootechnique et des Epizooties",
appelé depuis l'Service de 1'Elevagc et des Industries animales".
3u cours de la deuxième periode,
les crzdits obtenus sur fonds
d'emprunt permettent de construire un nouveau laboratoire à Dakar, puis
dos Etablissements plus modestes dans la plupart des Territoires de la
Fédération. Le nombre de véterinaires augmentant et les services d'appli-
cation &tnnt pourvus, on antrevoit la possibilité de former des équipes
de chercheurs. Mais la guerre de 1939-1945 remet tout en question.
Au cours de la troisième p&riode,
et gr$ce aux crédits FIDES,
llinfrnstructurc
sanitaire et zootechnique est complétec. Et des Etablis-
semants importants sont iiliS en route : 1~ Laboratoire Central de lIEleva-
ge de Dakar-Hnnn ct le Centre de Recherches Zootechniques de Bamako-
Sotubn.
Des specialistes,
formas dans la Métropole, sont affectss à
ces Etablissements et ont la charge de disciplines bien dhfinies.
Soulignons cepondant que la rechcrchc vétCrinnire et zootech-
nique en A,O.F. correspond à une forme d'activit8 dirigte mais n'est pas
une entito codifiée : elle n'a pas de statut d'ensemble, le cadre des
chercheurs n'existe pas et sa planification n'est pas encore r&alis&e.
Le technicien actuellement en service dans un Etablissement scientifique
peut suivre le sort de ses camarades des services d'application et passer
d'une activité à l'autre sans recours possible. Il s'est cependant etn-
bli un modus vivendi et les spécialistes, depuis 1950, sont-maintenus
par "tacite reconduction" dans leur spécialite,
En 1958, la rbunion , pour la première fois, d'un Comité de
Coordination des Recherches scientifiques et techniques concernant les
productions végstnles et animalcs en A.O.F., permet une orinntation des
travaux des divers Etablissements,
Enfin le Haut Commissariat genérnl en A.O.F. soumet au Grand
Conseil de l'A.O.F.,
en janvier 1959, une proposition de rattachemont
du Laboratoire Central de lIElevage et du Centre de Recherches Zootech-
niques de l'A0 O.F. à lsInstitut d'Elevage et de MCdecine Vct&rinairc des
Pays Tropicaux, à Paris, La recherche pour l'Ouest Africain aurait ainsi
le même statut que la recherche du Centra Afrique, déjà réalis&e,
--. ---
-

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ORGANISATION
La recherche dépend du Haut-Commissariat général en A.O.F.,
Service de la Lutte contre les Epizooties,
Elle est principalement concentrée dans deux Etablissements :
le Laboratoire Central de lIElevage de Dakar-Hann et le Centre de Re-
cherches Zootechniques de Bamako-Sotuba (avec ses annexes de Dara (Séné-
gal) et Minankro (Côte dllvoire).
Les autres laboratoires ou stations
régionales n'ont qu'une activité réduite en matière de recherche, par
suite de leur dotation très insuffisante en personnel et matériel.
LABORATOIRE CENTRAL DE L'ELEVAGE DE DAKAR-HANN
Il a succédé à un laboratoire créé en 1935 à Dakar. L'exten-
sion accélérée de la ville
et les besoins croissants de 1'1"L.O.F.
obligent en 1947 à établir de nouveaux plans pour l'installation d'un
Centre important dans la banlieue, à Hnnn, les locaux existants, situés
sur un emplacement exigü, n'offrant pas de possibilitéûde
developpement.
Les Laboratoires de Hann, commencés en 1950, sont achevés fin
1952. Ils codtent 'lç0 millions de francs C.F.lt. dont 27 millions d'équi-
pement et sIetendent sur 6 hectares. Grâce à ces mêmes crédits, une
Ferme est édifiée à Sangalcam (40 km de Dakar), vouée à l'élevage des
animaux d'expdrience (gros et petits). E sont effectuées également di-
verses observations de physiologie et des essais thérapeutiques.
Le Centre de Hann comprend des services d'administration et
de documentation, des laboratoires spécialisés, des annexes (boxes
d'expérience, atelier d'entretien, magasins...) et une partie des habi-
tations du personnel.
Les laboratoires sont divisés en services : Virologie,
Microbiologie,
Histopathologic, Parasitologie,(à
trois sections :
Entomologie, Helminthologic, Protozoologie), Physiologie, Biochimie,
(à deux sections : Chimie alimentaire et Chimie biologique).
Le programme de llEtnblissement
comporte, outre la fabrication
des produits biologiques sur laquelle nous ne nous étendrons pas :
- l'étude des affections microbiologiques et virologiques économiquement
graves ou ayant un intérêt scientifique majeur : péripneumonie bovine,
pleuro-pneumonie contagieuse caprine, streptothricose cutanée bovine,
nocardiose bovine, peste bovine, peste des petits ruminants, maladie
de Newcastle...
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- l'&tude histopnthologique et histochimique de la rage et des affections
faisant l'objet des rcchcrches microbiologiques, et parasitaires. Est
en cours également l'examen histochimique syst&mntique, en fonction du
climat, des tissus de cestnifies espèces animales.
- l'invent?Arc dos hclninthes parasites, l't:tudc du cycle biologique de
certains d'entre eux et le contrôle curatif ou prophylactique
des hcl-
ninthinses les plus rCpzndues.
- les recherches sur les coccidioses,
les piroplasrzoscs et les trypano-
somiase s .
'- les &tudes entomologiques sur les vecteurs d'ugcnts morbides : glossi-
nos, tiques 00e
- lsétude des n6canismcs vitaux et leurs modificzttions sous l'influence
des agents p,nthogèncs ou dos m&dications,
- l'étude de la composition du sang, et de certains de ses 6Knents en
fonction des varir,tions physiologiques (race, 9gc, sexe, gestation,
lcct,ztion,
saison) et pzthologiqucs,
et des excrctzt.
- l'atu& des aliments d'origine vGg&tale (fourrages, graines, tubercules,
sous-produits industriels (tourteaux) et animale (huiles de poissons,
fcrincs de pcissons, farines de vinnde, autolysnts,, .) entrant clans
l'~.linentation animale (ou humcrine) D
Le personnel scientifique actucllcment
en service est composé
de 10 vGtérinaires inspecteurs, un pharmacien capitaine du Service de
Sant8 des T.C,, une phnrmûcicnne,
une licenciée ès-sciences, trois vété-
rinaires africains.
Le personnel technique (numGriquement
insuffisant) comprend :
deux laborantirws, un assistant, quinze aides de laboratoire ou assimi-
16S,
CENTRE DE RECI-IERCHES ZOOTECRNIQUES
DE L',L.O,F,
Il est formé pcLr trois centres localis6s dz-ns les grandes zones
climatiques dc l'A,OOF.
Bamako-Sotuba (Soudan)
: zor,e soudanienne
Bounké-Minnnkro
(Ci;te d'ivoire) : zone guinéenne
Darn (SCnGgzJ)
: zone snhililienne
Le montant total des crcdits m5tropolitz.ins (FIDES), investis
pour la construction ct I'Jquipomcnt,
s'Q1èvc à 269 millions C.F.AI,,
rhpnrtis ninsi :
Bamako-Sotubn : 135.0000000
BouakG-Minnnkro
:
20.00G,000
Dara
: 114.500.000

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6
1
Le Centre de Bamako-Sotuba, le plus important, est installé -'
dans une zone de pâturages et de cultures fourragères de 1.100 hectares
et il est achevé depuis 1953. Les installations comprennent :
a) des bâtiments scientifiques :
- un laboratoire de botanique fourragère
- un laboratoire de chimie biologique
b) des bâtiments techniques :
?
- quatre étables,
- une porcherie,
- une bergerie,
- une laiterie poste de traite,
- une station d'aviculture,
- une fabrique d'aliments composes.
, I
Le programme general des divers Centres est le suivant :
- étude des différentes espèces et races domestiques de 1'A.O.F. en ce
qui concerne leurs caractéristiques, leurs rendements (viande, lait,
oeufs, etc...);
- détermination des possibilités de perfectionnement des animaux par
croisement, étude des qualités de m6ti.s;
- étude de l'acclimatation de races étrangères;
- essais d'implantation dlespèccs fourragères étrangères;
- étude, à tous points de vue, et en particulier de celui de leur com-
position, des plantes fourragères de l':i.OoFa;
- étude des maladies par carence;
- étude des modalités de fixation, de développement et do perfectionne-
ment de l'élevage en milieu ddfavornble;
- étude économique des productions animales et possibilités de création
d'élevages industriels.
Le personnel,
p our les trois Centres, est lc suivant : six
vétérinaires inspecteurs, un pharmacien commandant du Service de Santé
des T.C., un chef de travaux des Laboratoires de L'Agriculture, un ingé-
nieur des Travaux de lIElevage,
un chef de culture et plusieurs assis-
tants ou aides do laboratoire.
RESULTATS
De n:.;lbreux uspects de la rcchorche vJtGrinaire et zi--Jtechni-
que ont été envisagés, tant dans le domaine de la recherche fondamentale
que dans celui de la recherche appliquée.
a..
Les rGsult;Lts obtenus peuvent être r6su::;Gs ainsi (1). *en / .e*
-e-----------
--------------------------------------------------"----"---
(7) Voir la liste des Publications 1952/1958 dans le Rapport n0i14.

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Epidémiologie
Trois affections graves, sur le plan économique et social, ont
fait l'objet d'enquêtes géneralcs et d'investigations approfondies : la
tuberculose, la streptothricose cutanee bovine, le farcin (nocardiose)
du boeuf. La brucellose constitue un de nos prochains objectifs, son
incidence dans la pathologie ouest-africaine étant considérée jusqu'à
présent' à tort probablement' comme secondaire, son étude a été particl-
lc!ïcnt YiffCrEe.
Microbiologie-Virologie
Les recherches microbiologiques ont éte dirigées essentielle-
ment vers la péripneumonie bovine, la streptothricose cutanée bovine,
le farcin du boeuf.
Pour la première affection, on s'est surtout attaché à l'étude
sérologique et à la culture sur oeuf cmbryonné d'lstcrcoccus
mycoides
en vue de l'obtention d'un vaccin.
Les recherches sur la streptothricose se poursuivent depuis
quatre ans. Elles portent sur l'étiologie, l'histopathologie, la patho-
génie, l'étude du germe et la transmission à Jiverses animales domesti-
ques. La synthèse des résultats orientera la thérapeutique et la prophy-
laxie de cette maladie, économiquement grave.
Le farcin, reconnu récemment, inquiétant par sa chronicité et
l'échec des thérapeutiques, est au programme des travaux.
En virologie, la peste bovine reste au centre de nos préoccu-
pations. En effet la difficulté d'appliquer les mesures sanitaires, dont
l'efficacité est indéniable, oblige à recourir à la vaccination générale
des effectifs.
Des progrès sérieux ont étc enregistrés dans le domaine des
virus-vaccins : le virus bovipestique lapinisé a fait l'objet de rccher-
ches multiples et il est maintenant possible de mettre à la disposition
des services d'applicatior
un produit lyophilisé, d'une haute valeur
nntigBnique et d'un prix de revient abordable, Parallèlement, la techni-
que de préparation du virus-vaccin cnprinisé a ét& améliorée et simpli-
fiée.
L'adaptation à l'oeuf embryonné de divers virus pestiques modi-
fiés : lapinisé-avianisé (LA) et bovipestiquc avianisé (SA), offre une
gamne étendue de vaccins applicables aux races bovines les plus sensibles.
Enfin la découverte de l'immunité croisée entre la maladie de
Carré et la poste bovine , phénomène innunologique inattendu, ouvre à la
recherche fondamentale des horizons nouveaux et à la recherche appliquée
la possibilité de mettre au point un vaccin vivant doué d'un pouvoir
immunigène élevé, sans risque de contagion.
*.* / . . .

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-
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-
. . . .
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Histopathologie
Les techniques histologiques ont été misesen oeuvre systéma-
tiquement pour l'étude des 16sions de peste bovine, de peste des petits
ruminants (affection apparentée à la peste bovine), de streptothricose
cutanée bovine , pour le diagnostic de la rage. Elles autorisent des
interpretations
étiopathogéniques qui seraient malaiséessans leur intcr-
vention.
Physiologie
Quatre problèmes ont été etudiéa ou sont à l'étude :
- la lactation : courbes, vitesse de chute et composition chimique sui-
vant la saison, l'espèce animale, le stade de lactation; action des
extraits posthypophysaires à activité ocytocique sur la rétention
physiologique du lait chez les fonelles bovines;
- la température corporelle des zébus et des boeufs sans bosse; corré-
lation entre la température, le rythme respiratoire, le pouls, les
caractéristiques climatiques;
- les besoins en eau des zébus et des boeufs sans bosse;
- la composition chimique du sang des bovins.
Thérapeutique-Chimiothérapie
Le traitement de la péripneumonie bovine, la chimiothérapie
et la chimioprophylaxie des trypanosomiases animales, en particulier
bovines, constituent l'essentiel des recherches actuelles.
Entomologie
Une enquête générale sur la répartition géographique et la
biologie des tiques dans l'ouest africain est en cours. Les travaux
sont déjà très avancés et des observations très intéressantes ont été
effectuées.
Protozoologie
Nous limitons nos travaux à l'étude de la trypanosomiase :
répartition géographique , pathogénicité suivant les espèces animales
des trypanosomes pathogenes de l'ouest-africain, Biologie de Trypanosoma
vivax-cazalboui et T.evansi,
Helminthologie
Un inventaire des helminthes parasites est en cours.
Biochimie-nutrition-alimentation
Les divers problèmes relevant de ces disciplines sont extrê-
mement variés :
- celui des pâturages en forme l'essentiel : mise au point des principes
d'études, de l'échantillonnage, de l'analyse floristique. Ecologie.
Essais de classification. Intégration des prairies artificielles dans
l'assolement. Variations saisonnières des constituants chimiques de
.
. . . /.a

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quelques plantes fourragères tropicales.
Piais nous avons abordé également :
- la composition chimique des sous-produits industriels et des farines
de poissons, ainsi que leur utilisation;
-L la conservation de la viande par l'auréomycine en milieu tropical.
Zootechnie
De nombreuses recherches énumérees plus haut auraient pu être
passées en FCVUB sous cette rubrique. Nous en av?ns restreint la portée
pour insister plus particulièrement
sur les travaux publiés ou en cours
de publication :
- influence de l'amélioration des conditions d'entretien sur le rende4
ment en viande et en lait d'un troupeau de bovins;
- qualités bouchères des boeufs sans bosse N'Dama, des zébus peuls et
des moutons Djallonkés;
- croissance des boeufs NIDama.
DIFFICULTES RENCONTREES PAR LA RECHERCHE VETERINAIRE
ET ZOOTECBNIQUE - SON AVENIR
Nous n'insisterons pas sur les problèmes politiques et sociaux
que posent aux territoires les nouvelles institutions et qui ne sont pas
sans bouleverser la recherche. Les établissements scientifiques à voca-
tion féderalc sont pratiquement coupés de leurs sources d'études.
Il faut esp4rer que cette situation est transitoire et que la
Communauté scientifique pourra à nouveau s'épanouir.
Les difficultés rencontrées avant ce nouvel état de choses, et
qui ne sont évidemment pas modifides, sont de divers ordres. Elles por-
tent sur la coordination des recherches, la gestion des établissements,
le personnel.
Coordination des recherches
Les liens entre les divers etablisscments
"fédéraux" ou régio-
naux sont insuffisamment précisés et l'absence d'un Conseil supérieur
de la Recherche Vétcrinnire et Zootechnique est regrettable.
Gestion des établissements
La gestion des Ctnblissemcnts
de recherche manque de souplesse,
aussi bien en ce qui concerne les crédits de fonctionnement que le per-
sonnel. Et par ailleurs, les dotations budgetaires sont insuffisantes,
Personnel
Le personnel de base est constitué par des vétérinaires ins-
pecteurs de la Franco d'outre-Mer. Leur recrutcmcnt est arrêté depuis
--
-.-

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10
l'application de la loi-cadre. De ce fait la formation de spécialistes
métropolitains par l'Institut d'Elevage et de Médecine Vétérinaire des
Pays Tropicaux, à îLlfort, est très ralentie,
La recherche ne pourra dorénavant être alimentée que de trois
façons :
- par des vetérinnires metropolitains
contractuels, spécialistes, mais
ce recrutement dans le passé a toujours été num6riquement
insuffisant.
Il est probable qu'il en sera encore ainsi.
- par des vet&rinaires originaires d'Afrique diplômés des Ecoles d'Al-
fort, Lyon ou Toulouse et ayant suivi pendant un, clr+ux ou trois ans,
suivant la discipline, des cours post-scolaires de spécialisation,
Mais il n'est pas douteux que pendant encore un certain temps ces
apports permettront seulement de combler les vides de plus en plus
nombreux des services d'application.
- par des chercheurs non vétérinaires , pour certains services : Chimie,
Physiologie, Parasitologic.,. Cette évolution est déjà commencée en
ce qui concerne les chimistes, les agronomes.
Ce groupement de chercheurs d'origines diverses donne d'ail-
leurs de bons résultats. Il faut veiller simplement à ce que l'impulsion
et l'orientation des recherches relèvent des véterinaires, l'imprégnés"
des buts économiques de l'exploitation du cheptel. Sans pour cela qu'ils
soient tenus éloignés de l'enseignement des sciences fondamentales. Tous
nos entomologistes v&tdrinaires, par exemple, sont formés par 1lORSTOM.
Le temps d'arrêt que marque actuellement le rccrutcment des
spécialistes ne saurait se prolonger sans compromettre gravement l'avenir
de la recherche, qui n'avait pas encore fait le plein, tant s'en faut,
et commençait
seulement à se dsvelopper.
Cette situation alarmante se complique du fait que le personnel
des techniciens et des aidcs de laboratoire est
lui-même insuffisant.
Les Lycées techniques de l'ouest africain ne forment à l'heure actuelle
qu'un petit nombre d'aides de laboratoire (titulaires du C.A.P. > mais
absolument pas d'agents d'un niveau supérieur.
Nous essayons de pallier cette difficulté en engageant sur
place des laborantines d'origine métropolitaine mais le problème n'est
pas résolu pour autant, car il s'agit là de techniciens dont la vocation
n'est généralement pas de faire carrière dans ce pays.
Les assistants d'élevage et les infirmiers VétGrinûires sont
aussi utilisZs dans les laboratoires et les centres zootechniques, mais
ils sont plutôt destinés aux services d'application qu'aux services
scientifiques.
En conclusion, des réformes profondes sont indispensables pour
que la recherche v6tQrinairc
ct zootechnique puisse s'epanouir.
Une seule mesure d'ordre gk-ieral est provue. C'est son ratta-
chement, à partir de 1959-1960, à l'Institut d'Elevage et de Médecine
VétGrinairc des Pays Tropicaux, organisme doté do la personnalit5 civile
et do l'autonomie financière,
..-.-. --- .-

104
ASPECTS DE LA RECHERCHE
VETERINAIRE ET ZOOTECHNIQUE
DANS D'AUTRES P;AYS
---

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104
Ii
ASPECTS DE LA RECHERCHE DANS D'kUTRES PAYS
Nous indiquerons ici quelques particularités de la recherche
,
en France, en Grande-Bretagne, en Afrique (Nigeria, kfrique orientale,
/
Union Sud Africaine), à titre de comparaison.
France
Nous ne pouvons mieux faire que de citer des extraits du
Rapport de M. LONGCHLMBON (1957), Président du Conseil supérieur de la
Recherche Scientifique et du Progrès Technique.
"L'importance de la production animale justifie un effort par-
ticulier dans les deux domaines de recherche qui permettent son amilio-
ration : la rechorchc zootechnique, étroitement liée à la recherche agro-
nomique, qui applique à 1 'animal sain les donnees dos sciences fondamen-
tales (génétique '
, physiologie de la nutrition, de la production et du
développcmcnt),
en tenant coriptc des conditions de l'économie agricole
(problèmes relatifs aux pSturagcs, aux plantes fourragères, aux élevages
industriels), et la recherche véterinaire plus spécialement axée sur la
pathologie animale. Ces deux recherches doivent être en relation ccns-
tante.
La recherche zootechnique a benaficié,
dans le cadre de l'Ins-
titut National de la Rccherchc Agronomique, d'un effort important qu'il
faut d'ailleurs largement poursuivre en fonction dos besoins des utili-
sateurs.
La recherche vdtérinairc est par contre sous-développée actuel-
lem.ent'*. (1)
Ainsi donc l'autour du rapport sépare nettement la recherche
vétérinaire de la recherche zootechnique,
Il passe ensuite 2n revue les moyens de la recherche vétéri-
naire : le Laboratoire Central de Recherches Vétérinaires, à Alfort, et
les Laboratoires associés (régionaux),dont
la thche est actuellement
orientée surtout vers le diagnostic des maladies ct le contrôle plutôt
que vers la recherche, maisencore
les laboratoires des Ecoles Natio-
nales Vétérinaires.
Il envisage enfin les reformes souhaitables : crktion d'un
Institut National de la Recherche V6térinairc (la rechcrchc zootechnique
étant toujours confide à la recherche agronomique) ou d'une section de
recherche vétérinaire dépandant d'un comité scientifique spécial au sein
de l'Institut National de la Rcchorche Agronomique (I.N.R.L.).
A notre connaissance, cc problème n'a pas encore reçu de solu-
tion et nous ne pouvons pas tirer d'enseignement d'une situation aussi
fragile et sans bases assurées.
. . ../. l *
--------------_-----__e___l_________
,,,,,,,,,,,,,------,,i,,-,,--,,c
-----....-.
. .
(1) SoulQné par le rapporteur.
a-.

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Cet état de choses regrettable a été souligné en 1946 par
M. le Professeur BRESSOU, Directeur de 1'Ecole Nationale Vétérinaire
d'hlfort, en 1956 par M. le Professeur RAIdON, Directeur de l'Office
International des Epizooties et par M. le Professeur GODFRAIN de llEcole
Véterinnire de Toulouse.
Grande-Bretagne
Nous avons choisi ce pays européen parce qu'il utilise des
voies diverses mais instructives pour résoudre les problèmes de recher-
che. Les principaux centres d'études sont :
- le Laboratoire Vétérinaire de YJeybridge (banlieue de Londres)
- le Laboratoire Vétérinaire de Lasswade (Ecosse)
- le Centre Reading d'Elevage de Bovins
- le Centre d'Elevage de Bovins à Ruthin (Pays de Galles)
- le Bureau de la Santé Lnimnle du Comnonwealth
- l'Institut de Recherches(l) sur la fièvre aphteuse et les virus
Pirbright (Surrey)
- l'Institut de Recherches de Pathologie Animale,,LonJres
- l'Association
pour les Recherches sur les )Ialadies Animales, Edimbourg
- la Station Expérimentale du Conseil des Recherches Agricoles, Compton
- le Département de la Santé iinimale, Collège de l'université du Pays
de Galles
- l'Institut de Recherches Rowett, Bucksburn (Ecosse)
Depuis la fin de la guerre, est apparue une fondation originale
The Animal Health Trust. Patronnée par le duc de Norfolk, pourvue d'un
conseil de direction, d'un comité exécutif, d'un comité scientifique, il'
fonctionne sur fonds privés (dons, collectes...)
Sa formule est dejà peu banale, mais son fonctionnement l'est
égalcmcnt. En effet, les centres de recharches étudient non pas une ou
plusieurs maladies mais l'ensemble de la pathologie intéressant certaines
espèces animales. Il existe ainsi un centre de recherches pour le gros
et le petit bétail, un centre do recherches pour les chevaux, un centre
de recherches pour les chiens, un centre de recherches pour les volailles.
Afrique
Nigeria
La recherche vétérinaire est séparée de la recherche zootech-
nique, confiée à la recherche agronomique. Ce qui ne va pas d'ailleurs
sans doubles emplois : les centres vétérinaires, par exemple, possèdent
des stations avicoles pour y étudier les maladies aviaires mais, en
cette matière, et surtout en regions tropicales, le pathologique et le
normal étant très proches l'un dc l'autre,
les agents de ces centres
sont conduits à pratiquer l'aviculture améliorée, do la même façon que
les centres agronomiques.
..* /
..*
-M------e- -Iw-.m-w.-------em-- -------------------------------------------
(1) Un milliard de francs a et6 investi il y a quelques années pour
réorganiser cet Institut,

104
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Un seul grand laboratoire existe, déjà ancien, celui de VO~.
Mais certaines protozooses, les trypanosomiases, rity sont pas
etudiées, Ces affections font partie des préoccupations de la recherche
medicale,
et des vétérinaires sont intégrés dans le rrpoolt' des chercheurs
pour cette discipline.
Afrique orientale britannique
Un organisme de recherches vdtérinaires, l'East African
Vcterinary Research Organization (EAVRO) rattaché à la recherche scien-
tifique de l'est africain groupant le Kenya, l'Ouganda, le Tanganyika,
et Zanzibar, existe depuis sept à huit ans.
Les laboratoires do 1'EAVRO sont situés à Muguga, près de
Nairobi (Kenya). Ils sont, par leurs bâtiments et leur personnel, plus
iraportants que ceux de Dakar-Hann,
mais les sections spCcialisées sont
prcsque superposables. Ce sont : Virologie, Bact;riologie,
Protozoologie,
Entonologie, Hclminthologie,
Biochimie, Pathologie-Histopathologie,
Physiologie, Nutrition, Génétique.
Les laboratoires régionaux sont naintenus, par exe!Wle Kabete,
au Kenya.
Union Sud-Africaine
La recherche vetérinaire est Concentr&e à l'Institut d'Cnders-
tepoort (Transvaal),
un des plus ir;rportants Etablissements de recherches
dtAfrique et probablcnent du Monde. Les travaux qui y sont réalisés ont
très grande notoriete.
Plusieurs la.borntoirss régionaux conplètent l'infrastructure.
Le budget d'onderstepoort
dépasse plusieurs milliards de
francs (corapte tenu de la production des vaccins).