Extension des trématodoses du bétail après la...
Extension des trématodoses du bétail
après la construction des barrages
dans le bassin du fleuve Sénégal

O.T. Diaw 1 G. Vassiliades 1 Y. Thiongane 2
M. Seye ’ Y. San- l A. Diouf l
Mots-clés
Résumé
Bovin - Caprin - Ovin - Fasciola
Après la mise en service du barrage de Diama (1985-86) et la multiplication
gigantica -
Schistosoma bovis -
des aménagements hydro-agricoles, il a été constaté au niveau du bassin du
Paramphistomum sp. - Epidémiologie -
fleuve Sénégal un développement des trématodoses animales, particulière-
Barrage - Delta - Lac - Sénégal.
ment la fasciolose à Fasciola gigantica, les schistosomoses à Schistosoma
bovis et à 5. curassoni et la paramphistomose à Paramphistomum sp. Cette si-
tuation épidémiologique des triimatodoses chez le bétail s’est manifestée par
une augmentation des prévalences au niveau d’anciens foyers (Richard-Tell,
Ross-Béthio, Mbane et Keur Momar Sarr). Les taux d’infestation chez les bo-
vins sont passés de II à 27 p. 100, de 20 à 30 p. 100 et de 15 à 27 p. 100
respectivement pour la fasciolose, la paramphistomose et la schistosomose.
Chez les petits ruminants qui semblaient être épargnés, des prévalences de
2 à 62 p. 100 pour la fasciolose ont été enregistrées, alors que la paramphisto-
mose, plus fréquente, avait un taux de 25 à 30 p. 100. Parallèlement, à partir
de 1989-l 990 de nouveaux foyers de trématodoses sont apparus : d’une part,
au niveau du delta à Tilène, Pont Gendarme et Takhembeut avec des préva-
lentes de 3 à 20 p. 100, 4 à 20 p. 100 et 5 à 36 p. 100 respectivement pour la
fasciolose, la schistosomose et la paramphistomose ; d’autre part, au niveau
du lac de Guiers à Temeye, Thiago et Senda avec des prévalences de 5 à
86 p. 100, 5 à II p. 100 et 5 à 33 p. 100 respectivement pour la fasciolose, la
schistosomose et la paramphistomose. Au niveau de ces nouveaux foyers, des
prévalences de 2 à 55 p. 100 pour la fasciolose et de 5 à 25 p. 100 pour la
paramphistomose ont été enregistrées chez les petits ruminants. La schistoso-
mose était moins fréquente avec des prévalences de 2 à 4 p. 100. Cette nou-
velle situation épidémiologique de trématodoses dans le bassin du fleuve
Sénégal à partir de 1988-1989 était surtout remarquable par les prévalences
très élevées de ces affections, les fortes charges parasitaires et par un polypa-
rasitisme associant douves, schistosomes et paramphistomes.
n
INTRODUCTION
Cette mise en service des barrages a permis le développement de
l’irrigation et la multiplication des aménagements hydro-agricoles
(de grands périmètres d’irrigation sont actuellement aménagés tan-
Dans le contexte évolutif lié aux modifications de l’environne-
dis que des périmetres anciens sont peu à peu remis en état).
ment, la vallée du fleuve Sénégal a connu de grands bouleverse-
Cette mise en fonction des barrages ainsi que les aménagements
2
~
ments durant ces dix dernières années.
hydro-agricoles associés ont pour corollaire des perturbations éco-
m.
logiques telles que la création de lacs de retenue, de biefs, de ca-
%
* Après la série des années de sécheresse de 1972-74 et 1982-84,
naux d’irrigation, de drains et de vastes surfaces permanentes
$
1 deux barrages ont été construits sur le cours du fleuve Sénégal :
d’eau douce. Tous ces points d’eau constituent des habitats favo-
>
j celui de Diama en 1986 et de Manantali en 1990. Le premier est
rables au développement des mollusques aquatiques hôtes inter-
0h
/ un barrage anti-sel situé à 33 km en amont de Saint-Louis. Il per-
médiaires de trématodes.
2.
met d’arrêter la remontée de la langue salée qui arrivait jusqu’à
a
250 km en amont de Saint-Louis et de constituer une réserve d’eau
La mise en valeur de ressources hydrauliques et le développement
,g
douce pendant toute l’année. Le second, construit en 1989-90,
des mollusques sont des conditions favorables bien connues
<
renforce le premier et régularise le cours du fleuve.
pour ce qui concerne l’apparition de trématodoses humaines 2
(bilharzioses), mais ces conditions ont été peu évaluées pour les
s
trématodoses animales. Dans ce contexte de bouleversement après
4
la mise en service des barrages (1988-1989), les auteurs ont étudié
‘;
1. Service de parasitologie, Lnervhra, BP 2057, Dakar-Hann, Sénégal
l’évolution et l’extension des trématodoses animales au niveau du
2
2. Service de virologie, Lnervhra, BP 2057. Dakar-Hann, Sénégal
bassin du fleuve Sénégal, dans le delta et le lac de Guiers.
2
113

Spread qf tremutodoses in the Senegal River basin
De 1972 à 1984, du fait de la sécheresse, les trématodoses ani-
Les sites de l’étude
.r
males en général et la fasciolose en particulier ont fortement
régressé. Dans le delta, les prévalences sont passées de 58 à
Les sites de l’étude les plus anciens étaient localisés au niveau des
12 p. 100, alors qu’au niveau du lac de Guiers la prévalence la
localités de Richard-Tell, de Ross-Béthio (delta), de Mbane et de
plus élevée enregistrée dans les années 1980 était de 5 p. 100
Keur Momar Sarr (lac de Guiers). C’étaient les principaux foyers
(16, 17 et statistiques du Service régional de la santé animale de
de trématodoses animales connus avant la construction des bar-
Saint-Louis).
rages (figure 1).
Puis, à partir de 1988, après la construction du barrage de Diama il
Après les modifications de l’environnement liées aux barrages
a été constaté de nombreux cas de trématodoses animales dans le
dans les années 1988- 1990. de nouveaux foyers de fasciolose et de
delta et le lac de Guiers avec souvent de fortes prévalences allant
schistosomose animale sont apparus dans le delta à Tilène, Pont
de 35 à 50 p. 100 chez les bovins et les petits ruminants.
Gendarme et Takhembeut et dans le lac de Guiers à Thiago,
Temeye et Senda.
Cette situation épidémiologique n’a cessé de s’aggraver et de 1990
à 1994 de nombreux foyers de trématodoses (fasciolose et schisto-
somose) ont été enregistrés.
Logique de l’étude
Les pathologies, notamment les bilharzioses urinaire et intestinale,
L’objectif était de montrer l’évolution et l’extension des trémato-
consécutives aux bouleversements écologiques ont été bien étu-
doses animales en relation avec les modifications du milieu consé-
diées pour ce qui relève de la santé humaine. Les problèmes sani-
cutives a la construction des barrages qui ont entrainé une
taires causés par les trématodoses concernent également la santé
prolifération des mollusques hôtes intermédiaires de trémato3es (7).
animale mais n’ont pas été suffisamment pris en compte dans
l’épidémiologie parasitaire animale en Afrique.
Ceci s’est traduit à partir de 1989, après la mise en service des bar-
L’objectif de cette étude était de déterminer la prévalence et l’in-
rages, par l’augmentation des prévalences et de I’intensitti de ces
affections au niveau des anciens foyers et par l’extension de ces
tensité des principales trématodoses animales (fasciolose, schisto-
trématodoses dans de nouveaux foyers.
somose et paramphistomose) dans le bassin du fleuve Sénégal
(delta et lac de Guiers) et de montrer leur extension favorisée par
les modifications actuelles de l’environnement, particulièrement
Enquêtes parasitologiques et malucologiques
après la construction des barrages.
Enquêtes parasitologiques au niveau des anciens foyers
n MATERIEL ET METHODES
Des enquêtes parasitologiques ont été effectuées chez le bétail au
niveau des anciens foyers de Richard-Toll, de Ross-BFthio, de
t
Mbane et de Keur Momar Sarr. Elles ont permis de connaitre la si-
Le milieu
tuation épidémiologique des trématodoses dans le bassin CU fleuve
Sénégal (16, 17). Les prévalences ont été établies par sondages co-
A l’exception de la zone côtière Nord, l’ensemble du bassin du
prologiques (8) et par étude des animaux abattus aux abatmirs.
fleuve Sénégal est situé dans la zone sahélienne caractérisée par
une longue saison sèche de novembre à juin et une pluviométrie
L’échantillonnage en grappe a été choisi comme méthode de son-
particulièrement défavorable (385 mm à Saint-Louis, 300 mm à
dage. Des troupeaux ont été sélectionnés et des prélèvements de
Podor).
Fèces ont été faits sur tous les animaux. La taille des troupeaux a
varié de 10 à 100 animaux.
Le climat chaud et sec est soumis une grande partie de l’année à
I’harmatan. La végétation est réduite à des arbustes peu nombreux,
Au niveau des abattoirs de Saint-Louis et de Richard-Tell, les pré-
épineux pour la plupart. En hivernage, l’herbe pousse en tapis
valences des principales trématodoses ont été établies er recher-
continu de graminées et constitue l’essentiel des pâturages pour le
chant les trématodes localisés au niveau du foie (observation
bétail.
macroscopique des canaux pour la récolte de Fusciola g& antica et
de Dicrocoeliunz hospes), de la panse (mise en évidence des
La zone d’étude est constituée par le delta ou région du bas
paramphistomes) et des mésentères (mise en évidence des schisto-
Sénégal (de Saint-Louis à Dagana) auquel est associé le lac de
somes). L’examen microscopique du parenchyme hépatique a
Guiers qui communiquait avec le lit principal du fleuve Sénégal au
révélé la présence d’ceufs de Schistosoma bovis, de S. curussoni
‘1 niveau de Richard-TOI1 par le marigot de la Touey. Le tracé du et de Dicrocoelium.
marigot a été rectifié et remplacé par un canal rectiligne de
Richard-TO11 au lac de Guiers assurant un meilleur remplissage de
Enquêtes parasitologiques au niveau des nouveaux foyers
ce dernier.
De 1988 à 1994 de nouveaux foyers ont été observés au niveau du
Le cheptel est constitué de zébus Peuh sénégalais ou Gobras.
delta (Tilène, Pont Gendarme et Takhembeut) et du lac de Guiers
L’élevage est très développé et plus intensif au niveau du lac de
(Temeye, Thiago et Senda). Les enquêtes ont été effectuees au ni-
Guiers que du delta qui est surtout aménagé pour l’agriculture
veau de ces sites à la suite de nombreux cas de mortalité et/ou de
(irrigation pour le riz principalement).
morbidité chez les animaux. Lors de ces enquêtes tous les animaux
Depuis l’avènement des barrages, cette région dispose d’eau douce
présentant des troubles cliniques ont été observés et des prélève-
toute l’année, tant au niveau du delta que du lac de Guiers où le ni-
ments de fèces ont été faits pour des analyses coprologlques (8).
Le nombre d’animaux a varié en fonction de la taille des trou-
veau de l’eau varie peu. La disponibilité permanente d’eau douce
peaux.
permet de meilleurs remplissages annuels et une plus grande stabi-
lité du niveau du lac. Ces nouvelles conditions onl entraîne I’adou-
Certains animaux en phase terminale ont été sacrifiés, plis autop-
cissement progressif des eaux du lac et une forte régression des
siés, pour compléter le diagnostic (observation des lésions, prélè-
variations annuelles de la salinité autrefois importantes (4).
vements d’organes, récolte de parasites, etc.).
114

Extension de trématodoses dans le bassin dujleuve Sénégal
*
Nouveaux foyers de trématodoses
Figure 1 : delta du fleuve Sénégal et lac de Guiers - foyers de trématodoses du bétail.
Enquêtes malacologiques
n
RESULTATS
Parallèlement aux enquêtes parasitologiques, des prospections ma-
lacologiques ponctuelles ont été effectuées au niveau de ces sites
dans les zones de pâture et aux points d’abreuvement des animaux
Situation épidémiologique dans les anciens foyers
(mares, marigots, fleuve, lac, etc.).
du delta et du lac de Guiers
Les mollusques ont été recherchés dans la végétation, dans la boue
et au niveau des différents débris pouvant servir de supports. La
Situation avant l’avènement des barrages
recherche s’est effectuée à l’aide d’une épuisette munie d’un
manche de 15 m de long. Les mollusques ont été récoltés et
En 1971, les enquêtes au niveau du delta et du lac de Guiers dans
conservés dans des pots de prélèvement puis ramenés au labora-
ces quatre principaux sites établissaient l’existence de la fasciolose
toire pour être examinés. Les différents mollusques ont été identi-
dont la prévalence variait de 58 à 60 p. 100 chez les bovins. Les
fiés selon la clé de Mandahl Barth (12) et de Brown (3), puis
paramphistomoses avaient une prévalence de 34 p. 100 et la schis-
groupés par espèce pour les dénombrer.
tosomose, plus faible, de 5 p. 100 (16).
Afin d’étudier leur infestation, ces mollusques ont été mis dans
Un suivi aux abattoirs de Saint-Louis en février, mai et octobre
des piluliers avec de l’eau distillée et exposés individuellement à
1978 ont permis de constater la diminution de la prévalence de
la lumière du soleil ou celle d’une lampe pendant 10 à 15 min pour
la fasciolose avec respectivement des valeurs de 16, de 6 et de
favoriser la sortie des cercaires. Ces dernières ont été récoltées et
7 p. 100.
identifiées selon la clé de Frandsen et Christensen (9). Ces para-
sites peuvent aussi être déterminés par chétotaxie (13) et I’identifi-
De 1974 à 1984, les données statistiques fournies par les agents
cation est confirmée par des infestations expérimentales de
des secteurs de l’élevage au niveau des abattoirs de Saint-Louis,
rongeurs (identification des adultes et des œufs après 30 à 45
de Richard-TO11 et de Dagana ont permis d’établir la situation des
jours).
trématodoses animales dans le delta et le lac de Guiers. Ainsi,
a-t-il été rapporté en 1985 une forte baisse des principales trémato-
Ainsi pour chaque espèce de mollusque récoltée on détermine la
nature et le taux d’infestation parasitaire ce qui permet d’établir
doses. Les niveaux moyens des prévalences étaient de 11, de 15 et
son rôle épidémiologique dans la transmission des trématodoses.
de 20 p. 100 respectivement pour la fasciolose, la schistosomose et
La densité malacologique est exprimée par le nombre de mol-
la paramphistomose (statistiques du Service régional de la santé
lusques récolté par une personne pendant une heure.
animale de Saint-Louis).
Ces enquêtes malacologiques, ponctuelles et transversales ont été
Chez les petits ruminants, les prévalences étaient presque nulles et
effectuées au niveau des anciens foyers et des nouveaux sites.
quelques rares cas de paramphistomoses ont été signalés.
115

Spread of trematodoses in the Senegal River hasin
Situation après hz mise en service des barrages
Sur un total de 150 limnées récoltées dans trois sites, une infesta-
Des sondages coprologiques effectués au niveau de Richard-TO11
tien globale de 15 p. 100 a été relevée avec F. gigant,‘ca (1).
de Ross-Béthio et de Mbane en janvier 1989 et octobre 1991 su;
De même des Bulinus truncatus (25 sur 100) étaient Forteurs
150 bovins ont montré une forte évolution des prévalences des tré-
de cercaires de paramphistomes identifiées comme étant
matodoses (figure 2, tableau 1).
Paramphistomum phillerouxi (2, 13).
A Mbane, il faut signaler en juillet 1988 une importante épidémie
A Keur Momar Sarr, depuis 1990, de nombreux cas de fasciolose
de fasciolose ovine, la première enregistrée au niveau du bassin du
bovine ont été signalés. Ainsi une enquête en janvier 1992 portant
fleuve Sénégal, avec une prévalence de 62 p. 100 (15).
sur six troupeaux de 30 à 80 bovins a révélé de fortes prévalences
variant d’un élevage à l’autre : fasciolose 20 à 35 p. 100, schisto-
Au niveau des abattoirs de Richard-TOI1 et de Saint-Louis, entre
somose 15 à 23 p. 100 et paramphistomose 20 à 27 p. 100. Chez
1989 et 1991, les agents d’élevage chargés des inspections ont en-
les petits ruminants (100 sujets) des prévalences de fascioiose de
registré une augmentation des cas de fasciolose ovine dont la pré-
12 à 15 p. 100 et de paramphistomose de 25 à 30 p. 100 ‘ont été
valence variait de 2 à 11 p. 100. Les caprins étaient faiblement
enregistrées.
infestés (0,5 p. 100) (statistiques du Service régional de la santé
Cette situation n’a cessé d’évoluer et en 1994 un foyer de !ascio-
animale de Saint-Louis).
lose est apparu. Une enquête a été effectuée en mars 1994 et a per-
En 1992, sur un total de 250 petits ruminants de la zone de Ross-
mis d’enregistrer une prévalence globale de 47 p. 130 de
Béthio, les analyses coprologiques ont révélé une prévalence de
fasciolose sur les 350 animaux observés fréquentant le lac de
15 p. 100 pour la fasciolose et de 25 p. 100 pour la paramphistomose.
Guiers. De plus, des cas de schistosomose (27 p. 100) et de param-
phistomoses (37 p. 100) ont été observés.
Des prospections malacologiques au niveau des principaux points
d’eau (points d’abreuvement) fréquentés par les animaux de ces
Dès lors, les bergers connaissant les dangers du lac n’y condui-
sites ont montré une forte prolifération des mollusques surtout
saient plus les petits ruminants, ces affections leur ayanl ainsi
dans les marigots et le lac de Guiers. Des mollusques pulmonés,
été épargnées (aucun cas de trématodose sur les 150 analyses
particulièrement les limnées qui colonisent un plus grand nombre
coprologiques).
de sites, pullulaient et une augmentation des bulins a également
Devant cette situation épidémiologique, une expérience a été ten-
été enregistrée.
tée afin de montrer la permanence des risques de transmission de
la fasciolose au niveau du lac et aussi la réceptivité des petits ru-
minants (introduction d’animaux traceurs). Ainsi, en septembre
1994 des « animaux de case » (trois chèvres et trois moutors) in-
demnes de trématodoses ont été introduits dans la zone du lac au
Delta
T
niveau du village de Louboudou. Une fois marqués (boucle à
l’oreille), ils ont été confiés à un berger du village et, comme les
6 0
(Richard-Tell
& Ross-Béthio)
autres animaux de la zone, ont fréquenté le lac pour s’abrewer et
ont utilisé les pâturages qui le bordaient. Après un séjour de 30 à
45 jours, une chèvre et un mouton sont morts atteints de fnscio-
lose. A l’autopsie, de jeunes douves ont été récoltées dans le foie.
Les autres animaux ont été transférés à Dakar dans une étable du
service de parasitologie pour y être suivis. Après 75 jours, les
quatre animaux restants ont été sacrifiés. A l’autopsie, un second
mouton et une deuxième chèvre se sont révélés infestés. D:s lé-
sions au niveau du foie et la présence de douves dans les canaux
--Il3‘**
hépatiques ont été observés. Sur les six animaux exposés, cuatre
ont été infestés (deux moutons et deux chèvres).
1
Cette étude expérimentale a montré que le lac de Guiers était une
q
zone à haut risque de transmission de la fasciolose, ce qui explique
Fasciolose
” .,”a”
1986 1989 1991
9 9 2
1986 1989
Période
q Schistosornose
m Paramphistomose
les fortes prévalences de cette affection chez le bétail exposé.
Moyenne des prévalences au niveau des sites
Des bulins, des Biomphalaria et des limnées (Lymnaea nataknsis)
Figure 2 : évolution des trématodoses du bétail dans le bassin
ont été récoltés, mais seules ces dernières ont révélé une inlèsta-
du fleuve Sénégal. Prévalences chez les bovins au niveau des
anciens foyers (1988- 7 994).

tion par Fuscinla gigantica (1) avec un taux de 25 p. 100 (28/102).
Tableau I
Evolution des prévalences de trématodoses chez les bovins à Richard-Tell, Ross-Béthio et Mbane
.
(enquêtes coprologiques en janv. 1989 et oct. 1991 sur 150 bovins)
% de fasciolose
% de schistosomose
% de paramphistomose
Wriodes et prévalences
Janv. 8 9
Oct. 9 1
Janv. 89
oct.91
Janv. 8 9
oct. ‘91
Richard-TOI1
10
15
8
3 3
1s
43
Ross-Béthio
8
3 2
8
25
8
60
Mbane
1 5
31)
10
2 0
6
1 5
16

Extension de trématodoses dans le bassin du fleuve Sénégal
De 1988 à 1994, les données obtenues concernant les trémato-
100
100
doses du bétail au niveau des sites du delta (Richard-TO11 et Ross-
Delta
Lac de Cuiers
Ï---
Béthio) et ceux du lac de Guiers (Mbane et Keur Momar Sarr) ont
8 0
Tilène
80
montré une progression des prévalences de la fasciolose, de la
Pont Gendarme
Takhembeut
schistosomose et de la paramphistomose.
ô
;60 -
60
Concernant les petits ruminants, c’est à partir de 1988, juste après
c
n I
la construction du barrage de Diama, que les premiers cas de fas-
:
,240 -
ciolose et de schistosomose ont été enregistrés.
ôI
Situation épidémiologique
dans les nouveaux foyers de trématodoses
Tilène
Pont Gendarme rakhembeut Senda
Temeye
Thiago
Foyers de trématodoses
C’était la première fois que des cas de trématodoses animales
0 Fascioloie
flSchistosomose
WParamphistomose
étaient signalés au niveau de Tilène, Pont Gendarme et
Moyenne des prévalences au niveau des sites
Takhembeut dans le delta, et de Senda, Temeye et Thiago dans le
lac de Guiers (figure 3). Jusqu’en 1985-1986 (avant la construc-
Figure 3 : nouveaux foyers de trématodoses dans le delta du
tion des barrages), les enquêtes antérieures n’avaient jamais
fleuve Sénégal et le lac de Guiers. Prévalences de la fasciolose,
de la schistosomose et de la paramphistomose chez les bovins
reporté l’existence de ces foyers de trématodoses (16, 17).
(1990-I 993).
Situation dans les foyers du delta
récolter les mollusques suivants : Lymnaeu nutulensis (30 spéci-
. Foyers de Tilène et de Pont Gendarme
mens), Bulinus truncutus (50 spécimens), B. globosus (25 spéci-
mens) et B. forskulii (15 spécimens). L’étude de ces mollusques au
En février 1990, des sondages coprologiques ont été effectués sur
laboratoire a montré les taux d’infestation suivants : 50 p. 100
quatre des sept troupeaux de bovins qui existaient à Tilène.
chez Lymnuea natalensis avec F. giguntica, 25 p. 100 chez B.
De même, des prélèvements de fèces ont été faits sur trois des cinq
truncatus avec S. bovis et 5 p. 100 chez B. globosus avec S. curas-
troupeaux de Pont Gendarme. La taille des troupeaux a varié de
soni (9).
10 à 30 animaux. Les analyses coprologiques ont révélé la pré-
sence de trématodes : Fusciola gigantica, Schistosomu bovis,
. Foyer de Takhembeut
S. curassoni et Puramphistomum sp. C’était la première fois que
des trématodoses étaient signalées dans cette zone du delta. Les
En mai 1993, des cas de mortalité ont été enregistrés dans la zone
prévalences ont varié d’un troupeau à l’autre et d’un site à l’autre.
des trois marigots à Takhembeut, Mengueye et Teff mais n’ont
A Tilène 80 bovins et 110 petits ruminants et à Pont Gendarme
concerné que les bovins (104 sur 5 10, soit 20 p. 100 des animaux
65 bovins et 90 petits ruminants ont été observés. Les prévalences
des troupeaux visités). Les petits ruminants ont été épargnés car ils
enregistrées au niveau des deux sites se sont présentées ainsi : fas-
ne fréquentaient pas cette zone de transhumance et utilisaient des
ciolose 3 à 20 p. 100, schistosomose 4 à 10 p. 100 et paramphisto-
pâturages éloignés des points d’eau.
mose 5 à 36 p. 100.
Cinq troupeaux et campements d’éleveurs ont été visités ainsi que
Chez les petits ruminants ces mêmes affections ont été signalées,
les points d’eau environnants qui font partie d’un ensemble consti-
mais avec des prévalences plus faibles : la fasciolose a varié de 2 à
tué par des mares temporaires et par la zone des trois marigots.
8 p. 100, la schistosomose de 2 à 4 p. 100 et la paramphistomose
de 5 à 10 p. 100 (tableau II).
Les études coprologiques sur 100 bovins ont montré une préva-
lente de 20 p. 100 de schistosomose à Schistosomu bovis et de
Tous les animaux de Tilène et de Pont Gendarme fréquentaient le
20 p. 100 de paramphistomose (tableau II). Les trématodoses
marigot Lampsar.
étaient dominantes avec souvent des associations parasitaires.
La prospection malacologique effectuée au niveau du marigot
Dix pour cent d’animaux hébergeaient des schistosomes et des
Lampsar dans les zones d’abreuvement des animaux a permis de
paramphistomes.
Tableau II
Prévalences des trématodoses au niveau des nouveaux foyers apparus à partir de 1990
chez des bovins et des petits ruminants (PR) du delta et du lac de Guiers
% de fasciolose
% de schistosomose
% de paramphisfomose
Foyers de trématodoses
Bovins
P R
Bovins
P R
Bovins
P R
Tilène (1990)
5à20
2à8
5 à 10
2à4
20 à 36
5 à 1 0%
Pont Gendarme (1990)
l à 5
1 àa
5 a20
Takhembeut (1993)
négatif
négatif
20
négatif
20
négatif
Senda (1991-l 992)
5à15
20 a 50
4àlO
négatif
24 à 30
15à25
\\’
Temeye (1992)
86
28
6
négatif
2 9
1 5
Thiago (1992)
50
11
33

Spread of trematodoses in the Senegal River basin
L’autopsie d’un bovin malade sacrifié a révélé la présence de
A Temeye, sur les 200 bovins observés, les prévalences s&rantes
Schistnsoma bovis avec de fortes charges parasitaires (200 schisto-
ont été enregistrées : fasciolose 86 p. 100, paramphistamose
somes au niveau des mésentères et du foie) et une panse entière-
29 p. 100 et schistosomose 6 p. 100. Un polyparasitisme chronique
ment tapissée de paramphistomes, Paramphistomum phillerouxi
a été observé avec des cas d’association parasitaire comme
(2) (confirmation par Dr Otto Sey, Comm. pers.) et de Qumyerus sp.
F. giganticu et Parumphistomum sp. (26 p. 100). Concernant
les petits ruminants, sur les 100 ovins observés, une prévalen’ce de
Aucun cas de trématodose n’a été enregistré sur les 150 analyses
28 p. 100 pour la fasciolose et de 15 p. 100 pour la paramphisto-
coprologiques de moutons et de chèvres (tableau II).
mose a été enregistrée (tableau II).
Les mares alimentées par les marigots du Djeuss étaient à sec à
A Thiago, les analyses coprologiques sur 150 bovins ont révélé les
partir de décembre. En 1993 il y a eu des lâchages d’eau depuis le
prévalences suivantes : fasciolose 50 p. 100, paramphistomose
barrage de Diama, ce qui a permis de réalimenter ces mares, créant
33 p. 100 et schistosomose 11 p. 100 (tableau II). Plusieurs types
des conditions favorables pour les mollusques. Ainsi l’eau et les
d’association parasitaire ont été observés chez ces animaux :
,
maigres pâturages autour de ces mares ont retenu les animaux,
F. gigantica et Paramphistomum sp. (28 p. 100). F. gigantrca et
particulièrement les bovins, dans cette zone.
Schistosoma bovis (11 p. 1 OO), et F. gigantica, Paramphistomum
sp. et Schistosoma bovis (6 p. 100). Les animaux étaient fortement
Deux mares ont été prospectées dans la zone de Takhembeut et
infestés.
seuls Bulinus truncatus (35 spécimens) et Lymnaea nalalensis (15
spécimens) ont été recoltés. Les densités étaient faibles et aucune
En février et en avril 1993, des prospections malacologiques au ni-
infestation n’a été révélée.
veau des différents points d’abreuvement ont permis de récolter de
nombreux mollusques hôtes intermédiaires : Biomphaluria ,$eif-
,feri, Lymnaea natalensis, Bulinus truncatus et B. forskalii Les
Situation dans les foyers du lac de Guiers
Lymnaea et les Biomphaluria étaient majoritaires avec des densi-
I
tés respectives de 146 et 86. Dans la zone du lac, à Temeyc et à
, Foyer de Senda
Thiago, les LJmnaea étaient infestées par Fusciola gigantica avec
un taux de 15 p. 100.
Senda est une localité située entre Mbane et Temeye. En octobre
1991, un premier sondage coprologique réalisé sur 80 petits rumi-
Entre Temeye et Thiago il y avait des zones où le lac n’était pas
nants et 100 bovins a permis aux auteurs de constater l’existence
accessible au bétail (terres réservées aux cultures). Ainsi des mares
de trématodoses dans cette zone. Les prévalences enregistrées
artificielles ont été aménagées à certains endroits pour l’abreuve-
étaient les suivantes :
ment du bétail et étaient alimentées en eau par pompage à partir du
lac. Ces mares étaient indemnes de mollusques et les animaut qui
- 5 p. 100 de fasciolose et 20 p. 100 de paramphistomose chez les
les fréquentaient n’étaient pas atteints par la fasciolose.
bovins ;
i
- 20 p. 100 de fasciolose et 15 p. 100 de paramphistomose chez les
petits ruminants (tableau II).
Cette situation épidémiologique a évolué et en janvier 1992 de
n DISCUSSION
t
nombreux cas de mortalité ont été signalés chez les petits rumi-
nants (100) au niveau de cinq troupeaux.
Depuis les années 1970. des conditions écologiques défavorables
En mars 1992, une enquête a été réalisée à Senda sur un total de
(période de sécheresse qui a duré une dizaine d’années) avaien ré-
200 petits ruminants et 1.50 bovins. Les analyses coprologiques
duit très fortement les populations de mollusques, ayant ainsi en-
ont donné les résultats suivants :
traîné la disparition progressive de la fasciolose devenue très rare
dans le bassin du fleuve Sénégal, ainsi qu’une baisse sensible de la
- 30 p. 100 de fasciolose et 40 p. 100 de paramphistomose chez
schistosomose et des paramphistomoses. De 1974 à 1984, les pré-
les bovins ;
valences enregistrées aux abattoirs de Saint-Louis, Richard-TII11 et
- 55 p. 100 de fasciolose et 25 p. 100 de paramphistomose chez
Dagana ont confirmé la diminution de ces trématodoses : fascio-
les petits ruminants (tableau II).
lose 11 p. 100, schistosomose 15 p. 100 et paramphistomose
30 p. 100 (16, 17). Cette forte diminution des prévalences de:; tré-
mFoyers de Temeye et de Thiago
matodoses, particulièrement la fasciolose, de 1971 à 1985 était
l’une des conséquences des dix années consécutives de sécheresse.
En octobre et en novembre 1992, de nombreux cas de mortalité
Actuellement, les modifications du milieu induites par la mise en
ont été signalés parmi des troupeaux de bovins et de petits rumi-
service des barrages ont créé des conditions favorables à la prolifé-
nants à Thiago et à Temeye dans la zone du lac de Guicrs.
ration de mollusques hôtes intermédiaires de trématodes (7).
Suite à cette situation, une enquête a été effectuée en janvier 1993
Ainsi, la période de 1988 à 1994 a été marquée par un développe-
et a permis de dénombrer 300 bovins morts au niveau de deux
ment et une extension des trématodoses animales (fasciolose,
troupeaux comprenant un total de 850 animaux, soit 35 p. 100.
schistosomose, paramphistomose) avec une très forte progre.;sion
des prévalences des maladies (figure 2) et la multiplication de
Seuls les animaux qui utilisaient les parcours jouxtant le lac de
nouveaux foyers de fasciolose et de schistosomose (figure 3) Les
Guiers ont été atteints. Ceux qui vivaient hors de cette zone n’ont
bovins étaient les plus atteints, mais il faut cependant signaler dans
pas été touchés.
cette zone la prévalence de ces maladies chez les petits ruminants
Les enquêtes coprologiques réalisées au niveau des différents trou-
avec des taux d’infestation souvent très élevés (15).
peaux et les autopsies d’animaux malades ont révélé l’importance
Les trématodoses principales étaient la fasciolose à Fasciobz gi-
de la fasciolose à Fusciola gigantica comme cause principale de la
gantica, les paramphistomoses et les schistosomoses. Schistoxma
morbidité et de la mortalité observées chez les animaux.
bovis était plus fréquent que S. curassoni (6) en raison de la plus
118

Extension de trématodoses dans le bussin dujleuve Sénégal
vaste distribution de son hôte intermédiaire B. truncatus.
4 CONCLUSION
Cependant, il faut enregistrer la nouvelle colonisation du marigot
Lampsar par B. globosus (19, 20), hôte potentiel de ,S. curassoni.
En effet, après la mise en service du barrage de Diama, une plus
Cette nouvelle situation épidémiologique découle des bouleverse-
grande distribution des bulins, avec souvent de fortes densités, a
ments écologiques survenus ces dernières années au niveau du
été constatée dans le delta et le lac de Guiers (7).
bassin du fleuve Sénégal et du lac de Guiers. On assiste à un déve-
loppement et à une extension des foyers de fasciolose et de schis-
Cette évolution des trématodoses était bien plus nette au niveau du
tosomose animales ainsi que de ceux de hilharzioses humaines.
lac de Guiers, particulièrement avec la fasciolose et les paramphi-
Cette situation est d’autant plus préoccupante pour le Sénégal
stomoses. Cependant il faut souligner qu’au niveau des deux zones
qu’elle peut concerner des projets en cours, tels la remise en eau
(delta et lac de Guiers), les prévalences étaient plus élevées que
des vallées fossiles et le creusement du canal du Cayor, canal à
celles observées en 1985, particulièrement à partir de 1990-91 (fi-
ciel ouvert devant relier le lac de Guiers à Dakar, à 200 km plus au
gure 2). C’est effectivement à cette même période que sont appa-
sud.
rus les nouveaux foyers dans les deux zones.
Une surveillance épidémiologique et malacologique constante
Au niveau des nouveaux foyers, les prévalences de la fasciolose et
ainsi qu’un plan d’urgence de lutte contre les trématodes et les
des paramphistomoses observées chez les animaux du lac de
mollusques vecteurs sont nécessaires dans tout le bassin du fleuve
Sénégal où les conditions écologiques sont très favorables à l’ex-
Guiers étaient plus élevées que celles enregistrées au niveau du
tension des trématodoses.
delta (figure 3).
L’extension de ces trématodoses s’est produite suivant un axe
nord-sudlsud-ouest au niveau du lac de Guiers (de Richard-TON à
Keur Momar Sarr) et du delta (de Ross-Béthio à Saint-Louis).
Les taux actuels des trématodoses étaient équivalents sinon supé-
BIBLIOGRAPHIE
rieurs à ceux révélés dans le bassin du fleuve Sénégal avant les an-
nées de sécheresse.
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Cette situation d’évolution et d’extension des trématodoses ani-
argyrophiles superficiels du miracidium et de la cercaire de Fasciola
males est intimement liée à la prolifération des mollusques pulmo-
gigantica (Cobbold,
1855) (Prematoda : Fasciolidae) et sur
nés observée dans le delta et le lac de Guiers après la mise en
I’épidémiologie de ce parasite. Ann. Parasitol. (Paris), 55 : 541-552.
service des barrages de Diama et de Manantali. Cette pullulation
2. ALBARET J.I.., BAYSSADE-DUFOUR CH., DIAW O.T., VASSILIADES
d’hôtes intermédiaires de trématodes constitue une des premières
C., SEY O., CRUNER L., 1981. Description des organites argyrophiles
superficiels du miracidium et de la cercaire de Paramphistomum
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évolutive a été favorisée par certains facteurs écologiques et épidé-
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miologiques tels que :
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Bulinus dans la transmission des schistosomiases humaines et animales
au Sénégal. Re,vue méd. Côte d ’ Ivoire, 20E année, (75) : 183.
du niveau d’eau dans le lac de Guiers ;
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- la pullulation des mollusques vecteurs et la colonisation de nou-
de mollusques et incidence sur les trématodoses dans la région du delta
veaux points d’eau ;
et du lac de Ciuiers après la construction du barrage de Diama sur le
fleuve Sénégal. Revue Elev. Méd. vét. Pays trop,, 43 : 499-502.
- la forte concentration du bétail autour des points d’eau ;
8. EUZEBY J., 1958. Diagnostic expérimental des helminthoses
- la forte crue du fleuve Sénégal de l’année 1994 qui a favorisé
animales. Travaux pratiques d’helminthologie vétérinaire. Paris, France,
Vigot frères.

l’extension des mollusques vers d’autres zones transportant ainsi
les métacercaires et la distomatose.
9. FRANDSEN F., CHRISTENSEN N.O., 1984. An introductory guide to
identification of cercariae from African freshwater snails with reference
De tous ces facteurs, le plus déterminant est la prolifération des
to cercariae of trematode species of medical and veterinary importance.
Acta trop& 41: 181-202.
mollusques (7), en particulier les pulmonés, hôtes intermédiaires
de trématodes (5).
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1993. Etude anatomo-clinique d’un cas de polyparasitisme à
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Le fait le plus remarquable au niveau de ces foyers est le polypara-
gigantica et à Schistosoma bois chez un zébu Peulh au Sénégal. Revue
Méd.vét, 144:759-765.
sitisme chronique, dominé par des trématodes, la pathologie domi-
nante sévissant chez le bétail dans la zone du delta et du lac de
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L’incidence de ces trématodoses sur la santé et les productions
animales est considérable, allant d’une simple perte de poids à la
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mort des animaux les plus atteints. et entraîne des pertes écono-
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119

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Reçu le 142.97, accepté le 17.8.98
Summary
--~-
Resumen.
Diaw O.T., Vassiliades G., Thiongane Y., Seye M., Sarr Y.,
Diaw O.T., Vassiliades G., Thiongane Y., Seye M., Sarr Y.,
Diouf A. Spread of cattle trematodoses after dam building in
Diouf A. Extension de las infecciones por trematodos en el
the Senegal River basin
ganado, después de la construction
de represas en la cuenca
del rio Senegal
After Diama dam became operational in 1985-1986 and
many hydro-agricultural points were set up, an increase in
Después del inicio del funcionamiento de la represa de
animal trematodoses was observed in the Senegal River basin.
Diama (1985-l 986) y de la multiplication de las obras hidro-
It concerned in particular Fasciola gigantica, Schistosoma
agricolas, se ha constatado, a nivel de la cuenca del rio
bois, S. curassoni and Paramphistomum sp. The cattle
Senegal, un desarrollo de las infecciones animales por
trematodosis epidemiology showed itself in the disease
trematodos, particularmente la fasciolosis por Faas:iola
prevalence increase in existing foci (Richard-Tell, Ross-
gigantica, las esquistosomosis por Schistosoma bovis y por S.
$
Béthio, Mbane et Keur Momar Sarr). Infestation rates in cattle
curassoni y la paranfistomosis por Paramphistomum sp. Este
increased from 11 to 27%, 20 to 30% and 15 to 27% for
cuadro epidemiologico
de 10s trematodos en el ganado se ha
fasciolosis, paramphistomosis and schistosomosis, respec-
manifestado por un aumento de las prevalencias a nival de
I
tively. In small ruminants, who had seemed spared, 2-62%
10s antiguos focos (Richard-Tell, Ross-Bethio, Mbane y Keur
)
fasciolosis prevalence rates were recorded, whereas they were
Momar Sarr). Las tasas de infestacion en 10s bovinos pacaron
25-30% for paramphistomosis. In a parallel manner, new
de II a 27%, de 20 a 30% y de 15 a 27% para la fasciorosis,
trematodosis foci appeared starting in 1989-I 990: 1) at the
la paranfistomosis y la esquistosomosis respectivamente.
En
delta level in Tilène, Pont Gendarme et Takhembeut with
10s pequefïos rumiantes, que parecian ilesos, se registraron
3-20, 4-20 and 5-36% prevalence rates for fasciolosis,
prevalencias de 2 a 62% para la faciolosis, mientras q>Ae la
schistosomosis and paramphistomosis, respectively; and 2) at
paranfistomosis, mas frecuente, tuvo una tasa de 25 a 30%.
the Guiers Lake level in Temeye, Thiago et Senda with 5-86,
En forma paralela, a partir de 1989-l 990, aparecieron nL evos
5-l 1 and 5-33% prevalence rates for fasciolosis,
focos de trematodos: por un lado a nivel del delta en Tilene,
schistosomosis and paramphistomosis, respectively. In these
Puerto Gendarme y Takhembeut, con prevalencias de 3 a
new foci, 2-55 and 5-25% prevalence rates were recorded in
20%, 4 a 20% y de 5 a 36% respectivamente pa.a la
small ruminants for fasciolosis and paramphistomosis,
fasciolosis, esquistosomosis y paranfistomosis. Por otro lado, a
respectively. Schistosomosis was not as frequent with 2-4%
nivel del lago de Cuiers, en Temeye, Thiago y Senda, con
prevalence rates. This new trematodosis epidemiology in the
prevalencias de 5 a 86%,
de 5 a 11% y de 5 a 33%
Senegal River basin starting in 1988-I 989 was chiefly
respectivamente para la fasciolosis, esquistosomosis y
remarkable by very high infection rates and parasite burdens,
paranfistomosis. En estos nuevos focos, a nivel de 10s
and by a polyparasitism which combined Fasciola gigantica,
pequetïos rumiantes, se registraron prevalencias de 2 a 55%
Schistosoma bois, S. curassoni and Paramphistomum sp.
para la fasciolosis y de 5 a 25% para la paranfistomosis. La ;
esquistosomosis fue menos frecuente, con prevalencias de 2 a
Key words: Cattle - Goat - Sheep - Fasciola gigantica -
4%. Esta nueva situaci& epidemiol@ica
de 10s trematodos
1
Schistosoma bois - Paramphistomum sp. - Epidemiology -
(fasciolosis, csquistosomosis y paranfistomosis) en la cLenca 1
Dam - Delta - Lake - Senegal.
del rio Senegal, a partir de 1989 1990, es importante
principalmente por las altas prevalencias de estas afecciones,
las fuertes cargas parasitarias y por un poliparasiiismo
asociado a fasciolas, esquistosomas y paranfistomos.
Palabras clave: Ganado bovino - Caprino - Ovino - Fasciola
gigdntica - Schistosoma bovis - f’aramphistomum

jp. -
Epidemiologia - Represa - Delta - Lago - Senegal.