Bull. Org. mond. Santé Bull. Wld Hlth Org....
Bull. Org. mond. Santé
Bull. Wld Hlth Org.
1962,26, 67-14
T
6
Un molluscicide (zira le) actif contre les formes
larvaires le Culicidae
ETILLAT l
La toxicité du zirame (dit
hyldithiocarbamate de zinc) pour les larves de Culicidae
a été découverte fortuitement L
:Ours de tests sur les propriétés molluscicides de ce produit.
Les essais de laboratoire r
ttrent qu’à des concentrations de l-5 p.p.m., le zirame ne
détruit que 20-800/~ des larve>
rais que les autres meurent au bout de trois à vingt jours,
ù l’état de formes naines ou m
:trueuses, ou de nymphes incapables de donner des imagos.
Traitées à 10 p.p.m., les es
c d’un marigot et d’un bassin en ciment (gîtes à Taenio-
rhyncbus sp. et à C. fatigans)
taient encore toxiques pour les larves de Culicidae 30 jours
après leur traitement.
Le zirame détruit les plant
aquatiques du genre Pistia.
A la fois molluscicide et / vicide, le diméthyldithiocarbamate de zinc permettrait de
grouper en une seule interven
Y les prophylaxies antibilharzienne et antipaludique.
I N T R O D U C T I O N
en utilisant ce dérivé organique de synthèse comme
larvicide.
La présence de larves de Culicidae dans les g
5
à mollusques vecteurs de bilharzioses est fréque
II serait donc intéressant, au point de vue des I
ESSAIS AU LABORATOIRE
phylaxies antibilharzienne et antipaludique, d’al
ï
Matériel et techniques
à sa disposition un produit à la fois molluscicids
t
Les tests ont été réalisés dans des aquariums en
larvicide.
verre de 6 1, utilisés pour l’élevage des mollusques
Parmi les recherches entreprises dans cette v
3
au laboratoire, avec un fond recouvert d’une couche
il y a lieu de citer les travaux de Castro (1954),
de matières organiques d’une épaisseur de 2-3 cm,
le vert de Paris et ceux de Halawani & Latif (15
;
milieu convenant parfaitement à la croissance nor-
sur le bêta-nitrostyrène, actif en particulier COI
:
male des larves de C. fatigans avec lesquelles ont été
les larves de Culex pipiens.
faits les essais.
C’est au cours des expériences que nous venom
:
réaliser au laboratoire sur les propriétés mollu
L’eau employée fut celle que nous utilisons pour
nos élevages de mollusques : eau de gîte à mollusques,
cides du diméthyldithiocarbamate de zinc (Greti
,
1961) .que nous avons découvert, d’une man
filtrée sur bougie poreuse, de pH voisin de 6,4, et
:
à la température du laboratoire, 23-2X.
tout à fait fortuite, la toxicité de ce produit ~OUI
s
larves de
N’ayant pas d’élevages de
Culicidae. C’est en effet dans un aquar.
Culex à notre disposi-
1
d’essai contenant du zirame à 5 p.p.m., et où
tion, nous avons opéré de la manière suivante pour
s
nous procurer des larves: les adultes de C. fatigans
adultes de Culex fatigans Wiedemann étaient ve
9
déposer leurs pontes, que nous avons pu remarc
sont très nombreux dans le Parc Forestier de Hann,
c
chez les larves de cette espèce, des symptô
voisin du laboratoire; ils y représentent, en décembre,
9
janvier et février, la majeure partie de la faune culi-
d’intoxication suivis de mort.
cidienne. Il nous suffisait de placer nos aquariums
Nous donnons ci-après les premiers résultats,
:
nous avons obtenus au laboratoire et sur le terr
remplis d’eau, le soir sur le bord d’une fenêtre, pour
>
recueillir le lendemain matin de nombreuses pontes
de Culex.
1 Chef du Laboratoire d’Helminthologie, Laborai
e
Pour vérifier l’effet du zirame sur chaque stade
national de Recherches vétérinaires de Dakar, Républ
e
du Sénégal.
larvaire, nous avons fait sur chacun d’eux une série
67 -

68
S . GRETILLAT
de tests avec des concentrations croissantes: 0,l;
un diamètre inférieur à 40 CL, parmi lesquelles 90%
0,25; 0,5; 1; 2; 3; 4; 5; 6 et 10 p.p.m.
ont un diamètre inférieur à 10 p et qui renferme
Dans les tests contre les larves du premier stade, le
90% de diméthyldithiocarbamate de zinc. Elle est
produit a été ajouté aux aquariums le jour suivant
légèrement soluble dans l’eau (65 mg/l).
les pontes, alors que pour ceux contre les larves de
stades II, III, IV et les nymphes, il n’a été respecti-
vement distribué que vers le 3e, Y, 70 et ge jour après
R É S U L T A T S
l’éclosion des larves et suivant le rythme normal des
Ils sont résumés dans le tableau ci-dessous.
‘L
mues.
La figure 1 représente les courbes d’activité du
Pour chaque série d’essais, un aquarium témoin
diméthyldithiocarbamate de zinc pour chaque stade
non traité permettait le contrôle du développement
larvaire de C. f&gans en fonction de sa concentra-
normal des formes larvaires dans les conditions de
tion en parties par million. Les voici:
.e
l’expérimentation.
Les contrôles d’activité et les pourcentages de
1. Le zirame, même à la concentration de 10 p.p.m.
mortalité ont été observés et calculés sur 100-150
n’empêche pas l’éclosion des œufs de C. futigans.
larves ou nymphes.
2. Des doses de 0,l; 0,25; et 0,5 p.p.m. retardent
Le produit expérimenté a été le même que celui
l’évolution et espacent les mues chez les larves du
utilisé précédemment pour les tests molluscicides.
stade 1, (la première n’ayant lieu que 4, 5, 6, 7 ou
C’est une poudre micronisée dont les particules ont
parfois 8 jours après leur éclosion.)
MORTALITÉ (%) DE FORMES LARVAIRES DE CULEX FATIGANS AUX DIFFÉRENTS STADES SOUS L’EFFET DE ZIRAME
A DIVERSES CONCENTRATIONS, EN AQUARIUM o
Zirame
Stade I
Stade II
Stade Ill
Stade IV
N y m p h e s
b.p.m.)
l
/
I
I
(41
80
%
1 0 à 50
2
,m
-
I 0
r
0,25
90
580 à 70
10
s
2
-
3
0,50
100
.g
1 00
1
1 0 0
0
100
av)
-
Ee
2
1 0 0
cias
1 0 0
E2
.B 0
-
3
100
g.g
1 0 0
100
100
100
100
100
100
100
10
1 0 0
FE
100
1 0 0
0
0 (2”. à
0 (4m.à
0 (5”. à
0 (7m.à
5"' jour)
7”’ jour)
8”’ jour)
(tzloln~
3m*jour)
c Trois tests, de 100 specimens chacun, ont éte faits pour chaque stade larvaire ou nymphal. Les pourcentages de mortalité
représentent donc des moyennes.
Les annotations qui accompagnent les pourcentages de mortalité sont relatives aux larves et aux nymphes qui survivent a~
traitement dans le cas d’une mortalite inférieure a lOO%, ou à l’État que presentent un certain nombre de larves avant de mourir,
dans le cas d’une mortalité égale à 100%.
Les indications données dans la colonne temoin correspondent à la periode moyenne d’apparition des differents
stades dans les
aquariums temoins non traites au zlrame.

MOLLUSCICIDE
F CONTRE LES CULICIDAE
69
FIG. 1
De 0,5 p.p.m. à 3 p.p.m., 80 à 90% des larves
ACTIVITÉ DU ZIRAME SUR LES FORMES LARVAIF
meurent dans les 24 heures qui suivent le traitement
CULEX F A T I G A N S
de l’eau. Celles qui résistent sont incapables de muer
et meurent 8-10 jours après (formes naines, fig. 2).
Dans un milieu renfermant 4 p.p.m. les larves de
stade 1, sont toutes détruites en moins de 24 heures.
4. Pour les larves du stade II, il faut atteindre
0,5 p.p.m. pour que leur évolution en nymphes soit
inhibée; 1, 2, 3 p. p.m. rendent les mues impossibles.
L’activité est de 100x, mais un petit nombre de
larves survivent pendant 10 et même 20 jours encore,
mais sans avoir eu la possibilité de muer.
De 3 à 10 p,p.m., les larves qui ne meurent pas
dans les premières 24 heures, se transforment peu à
peu en individus plus ou moins monstrueux (fig. 3),
présentant parfois une hypertrophie de la tête, un
thorax étroit, un siphon de forme aberrante, une
hypertrophie des trachées qui apparaissent forte-
ment pigmentées (à comparer avec les figures 4 et 5).
2
4. Les larves de stade III, beaucoup plus résistantes
sont pourtant sensibles à des doses de 0,25 et 0,5
1
p.p.m. qui retardent leur évolution et en tuent un
petit nombre. Il faut cependant une concentration de
lI
I
l
I
I

III1
2 p.p.m. pour empêcher la mue de se produire et tuer
0.1
0,25
0.5
1
2
3
4 5 6
Concentration de riroma an p.p.m. (échelle logarithmique)
100% des larves.
-
Au-dessus de 2 p.p.m., les spécimens qui ne
meurent pas dans les 24 heures, présentent, en géné-
FIG. 2
ral, une pigmentation très accusée de la tête, des
LARVE DE C. FATIGANS APRÈS UN SÉJOUR DE 9
DANS UN MILIEU TRAITÉ AU ZIRAME A 1 P.P.M. (NA
branchies, des trachées et du siphon respiratoire. Il
y a souvent hypertrophie des trachées.
5. Des doses de 1 à 3 p.p.m. ne font que ralentir
l’évolution et retarder l’époque des mues chez les
larves de stade IV, qui se nymphosent et donnent des
adultes au bout de 4-8 jours seulement au lieu de
2-3 jours dans les aquariums témoins.
A partir de 4 p.p.m. la nymphose est tellement
retardée que les imagos qui naissent de ces nymphes
sont souvent monstruwx (taille inférieure à la
normale, ailes de dimensions réduites), ou meurent
dans les 24 heures qui suivent leur naissance. Nous
avons par deux fois essayé de faire gorger et faire
pondre des C. fatigans nés dans ces conditions, mais
n’y avons jamais réussi. Quelques femelles se gorgent
mais meurent avant d’avoir pondu.
Avec 6 et 30 p.p.m. la nymphose ne se produit plus
chez les larves qui ne meurent pas dans les premières
24 heures. C’est ainsi que nous avons pu conserver
6 des larves du stade IV, dans un milieu à 6 p.p.m.
pendant 20 jours sans qu’elles n’aient jamais pu se
nymphoser.

70
S. GRETILLAT
FIG. 3
larves de stades II et 111 chez lesquelles on observe
LARVE DE C. FATIGANS APRÈS UN SÉJOUR DE 20 JOURS
des troubles très variables dans le temps et qui vont
DANS UN MILIEU TRAITÉ AU ZIRAME A 10 P.P.M. (MONS-
de l’hyperexcitation à l’insensibilité la plus totale.
TRE A TETE HYPERTROPHIÉE, DÉVELOPPEMENT ANOR-
MAL DES TRACHÉES, SIPHON ABERRANT)
Dans les quinze premières minutes de contact, les
larves sont comme affolées. Le diméthyldithiocarba-
mate de zinc semble provoquer chez elles de l’hyper-
excitation nerveuse. Elles montent et descendent dans
le milieu, sans pratiquement jamais s’arrêter dans un
endroit déterminé.
Passé cette période, au lieu de remonter rapide-
ment vers la surface de l’eau, elles se déplacent avec
des mouvements de queue très lents, s’arrêtent en
chemin comme pour se reposer du très gros effort
qu’elles viennent de fournir. Ces signes de fatigabilité
apparaissent chez un très grand nombre de larves,
(60~90%) au cours de la deuxième demi-heure et ne
vont qu’en s’intensifiant.
Pendant la deuxième heure de contact, l’ensemble
des larves présentent des symptômes que l’on peut
attribuer à un manque d’oxygénation. Toutes sont
en surface, et si, dérangées par une excitation méca-
nique quelconque (agitation de I’eau par exemple),
elles abandonnent cette position, elles y reviennent
quelques secondes après, même si la surface de l’eau
continue a être agitée. Les plus intoxiquées com-
mencent à présenter de l’insensibilité passagère, au
point qu’il est possible de les recueillir avec une
petite spatule sans qu’elles cherchent à fuir. Ces
moments d’inertie, de courte durée au début,
deviennent de plus en plus longs et fréquents au fur
et à mesure que se prolonge le temps de contact.
Ils aboutissent en quelques heures à la mort de la
larve, en général à la surface de l’eau.
Les larves qui ne sont pas tuées au cours des pre-
mières 24 heures de contact, présentent des troubles
identiques, mais moins accusés, et leur devenir a été
exposé précédemment.
Rémanente de l’activité larvicide du zirame et smsi-
Quant aux nymphes, elles ne semblent guère affec-
bilité aux rayons solaires
tées par des doses inférieures à 4 p.p.m. 11 est néces-
saire d’avoir recours à des concentrations de l’ordre
Nous avons testé la rémanente dans un aquarium
de 6-10 p.p.m. pour obtenir chez elles une mortalité
contenant 2 1 d’eau avec un fond recouvert d’une
appréciable, (15-75%) et pour constater que si un
épaisse couche de matières organiques. Il est traité
certain nombre de nymphes ne meurent pas, elles
avec du zirame à raison de 6 p.p.m. Le pH de l’eau
donnent naissance à des imagos trop faibles pour
est de 6,4 et sa température est celle du laboratoire,
pouvoir sortir de leur dépouille nymphale, OLI à des
23”-26” C. Fermé par une gaze moustiquaire, l’aqua-
adultes qui meurent en quelques heures.
rium est placé sur le bord d’une fenêtre exposée au
soleil pendant l’après-midi.
Symptômes d’intoxication des larves
Deux tests de rémanente sont faits au bout de 30
Pour une bonne observation du comportement des
et de 75 jours en déposant dans l’aquarium des
formes larvaires dans un milieu contenant du zirame,
pontes de C. fatigans après l’avoir réajusté à 2 1
nous avons choisi la concentration de 3 p.p.m. et des
pour compenser les pertes par évaporation.

MOLLUSCICIDE AC’I
CONTRE LES CULICIDAE
FIG. 4
FIG. 5
LARVE DE C. FATIGANS DE 4 JOURS, NON TRAITÉE
LARVE DE C. FATIGANS DE 7 JOURS (STADE IV) NON
ZIRAME
TRAITÉE AU ZIRAME
Ce point d’eau dont la surface est presque entière-
ment recouverte par des Pistia stratiotes L., est un
gîte à Taeniorhynchus sp. et à Ficalbia sp. dont les
siphons respiratoires sont fixés aux racines de ces
plantes aquatiques. Ce marigot est traité au zirame
Dans le milieu vieux de 30 jours, les larves éclose1
à 10 p.p.m. le 29 décembre 1961, en vue de tester sur
mais meurent en 24-48 heures sans avoir pu mue
le terrain l’activité molluscicide de ce produit.
Dans celui vieux de 75 jours, 80% environ
Cet essai va nous permettre de reconnaître qu’en
larves sont détruites en 48 heures, les autres
plus de ses propriétés molluscicides et larvicides, le
ment très lentement et se transforment au bou
diméthyldithiocarbamate de zinc est phytocide pour
20 jours en formes naines ou monstrueuses, se d
les plantes aquatiques du genre Pistia. Cinq jours
çant avec une extrême lenteur dans le milieu.
après le traitement du marigot, les Pistia, qui étaient
En aquarium le pouvoir rémanent du zirame
très verts, jaunissent, puis deviennent grisâtres et se
donc été de 2 mois et demi malgré une exposition a
dessèchent au bout de 8-15 jours. Si on prélève une
rayons solaires.
de ces plantes, on s’aperçoit que ses racines sont
pourries et se détachent du collet, et que seule, la
collerette de feuilles desséchées flotte à la surface de
ESSAIS SUR LE TERRAIN
l’eau. Tous les Pistia se trouvant en pleine eau pré-
Essai 1. Marigot de Sangalkam (27 km de Daka
sentent ces accidents toxiques et sont détruits en
Ferme du Laboratoire National de Recherches vét
8-15 jours. Par contre, ceux placés le long des bords,
rinaires de la République du Sénégal).
et dont les racines s’enfoncent profondément dans la

72
S. GRETILLAT
vase, jaunissent légèrement, puis reverdissent au bout
l’aide d’un nouveau prélèvement d’eau. Les larves
de 15 à 20 jours.
évoluent jusqu’au stade II, mais ne peuvent se trans-
C’est donc vraisemblablement par absorption
former en larves de stade III. La vidange du bassin
radiculaire que le diméthyldithiocarbamate de zinc
interrompt la poursuite de l’expérimentation.
est toxique pour les Pistia.
En résumé, pendant une période d’un mois, dans
Au sujet de son pouvoir phytocide, nous tenons à
un bassin en ciment, le zirame à 10 p.p.m. a tué les
faire remarquer que le zirame n’a aucun effet létal ou
larves de C. fatigans et a entravé leur évolution.
corrosif sur les végétaux terrestres. Pendant deux
Signalons d’autre part, que dans ce même bassin, le
-
mois en effet, l’eau du marigot traité, a servi à
zirame à 10 p.p.m. s’est révélé toxique pour les
l’arrosage d’un champ de choux fourragers sans que
larves de Psychoda sp.
l’on observe sur leurs feuilles le moindre effet de
brûlure ou un retard dans leur croissance.
Essai 3. Marigot de Bountounko (Sénégal Oriental)
Au point de vue rémanente de l’action larvicide du
Le 3 février, nous traitons ce marigot très fangeux,
zirame, ce n’est que 35 jours après le traitement du
gîte permanent de Bulinus guernei, au zirame à
marigot que nous avons pu trouver quelques jeunes
1 p.p.m. pour un essai molluscicide sur le terrain;
larves de Taeniorhynchus fixées aux racines de Pistia
nous remarquons à sa surface de très nombreuses
ayant résisté sur les bords à l’action destructrice du
larves et nymphes d’dnopheles sp.
produit.
Le 15 février, nous constatons lors de la visite de
En résumé, pendant environ un mois, le milieu n’a
contrôle d’efficacité, l’absence totale de nymphes.
pas été viable pour les larves de Taeniorhynchus.
Les seules larves d’anophèles trouvées sont trés
jeunes, et, fait remarquable, il est très facile de les
Essai 2. 11 a été fait dans un bassin en ciment de
recueillir à la surface de l’eau sans qu’elles aient la
12 m3, fermé par des trappes étanches et servant à la
force de fuir en descendant vers le fond. Elles pré-
décantation des eaux vannes de nos salles d’élevage.
sentent tous les symptômes de fatigabilité et d’intoxi-
Le pH de l’eau est de 8,2 et sa température de 20” C.
cation remarqués expérimentalement au laboratoire
Le 7 janvier 1961, les trappes du bassin sont
chez les larves de C. fatigans traitées au zirame.
ouvertes pour permettre aux Culex de venir y pondre.
Cet essai, qui n’est qu’une simple constatation
Le 10 janvier, nous constatons la présence d’un
étant donné l’absence de contrôles journaliers,
nombre considérable de larves des stades 1 et II à
montre cependant que dans un milieu très fangeux et
la surface de l’eau. Le bassin est traité le jour même
exposé tout le jour au rayonnement solaire, le dimé-
avec 120 g de diméthyldithiocarbamate de zinc
thyldithiocarbamate de zinc à 1 p.p.m. peut perturber
(10 p.p.m.) et les trappes sont refermées.
et même enrayer l’évolution normale des formes lar-
Le 11 janvier, le nombre de larves a considérable-
vaires d’anophèles.
ment diminué et de nombreux cadavres flottent en
surface. Un prélèvement montre que les larves qui
DISCUSSION ET CONCLUSION
vivent encore se déplacent avec des mouvements extrê-
mement lents. Le 13 janvier, mêmes constatations,
Contrairement à la plupart des autres produits
mais le nombre des larves vivantes a encore diminué.
employés à l’heure actuelle dans la lutte antilarvaire,
Le 20 janvier, nous ne récoltons que quelques
et dont l’action est en général rapide et brutale, le
spécimens encore vivants ayant une taille égale à
diméthyldithiocarbamate de zinc n’agit que lente-
celle de larves du ‘stade II et présentant pour la plu-
ment, en rendant le milieu impropre au développe-
part des monstruosités: tête et trachées hypertro-
ment normal des larves de Culicidae.
phiées, siphon aberrant, thorax plus étroit que la
Dans un milieu saturé en zirame (65 mg/l), les
tête, forte pigmentation des branchies. Le 28 janvier,
larves du stade III de C. fatigans vivent pendant lO-
nous trouvons encore quelques larves monstrueuses
15 minutes, celles de Psychoda SP., 30-40 minutes.
qui n’ont presque plus la force de se déplacer.
L’absorption du produit semble donc être très lente.
Ayant prélevé 3 1 d’eau, nous essayons d’y élever
Nous avons essayé de voir si le zinc pouvait à lui
des larves de C. fatigans. Les pontes éclosent norma-
seul être responsable des accidents toxiques observés.
lement mais Ics larves mcurcnt trois jours après sans
Dans un aquarium d’essai traité avec du sulfate de
avoir pu muer.
zinc à 20 p.p.m., nous avons observé chez des larves
Le 10 février, soit un mois après le début de
de C. fatigans Ies mêmes symptômes d’intoxication
l’expérience, nous faisons un autre essai d’élevage à
qu’avec une solution de zirame à 3 p.p.m. L’ion zinc

MOLLUSCICIDE AC1
CONTRE LES CULICIDAE
7 3
est donc toxique pour les larves de Culicidae, mi
buccale pendant 8 jours à un ovin de 30 kg, sans
son association avec un radical organique renfor
observer aucun trouble général chez cet animal.
peut-être son action létale contre les larves de mol
Pour les représentants de la faune aquatique, le
tiques. Le mode d’action du zinc et les voies
zirame, comme les sels de zinc en général, présente
pénétration chez les larves demandent des rechercl
une certaine ichtyotoxicité. Lloyd (1960) estime que
supplémentaires.
l’arrêt des mouvements respiratoires au bout de 5
Employé à raison de 10 p.p.m. dans des gîtez
heures de contact est un bon critère d’évaluation du
mollusques et à larves de Culicidae, le diméthyldith
seuil de toxicité des sels de zinc chez les poissons.
carbamate de zinc, qui est pratiquement sans toxic
En adoptant ce critère, nous avons trouvé pour
pour l’homme et les animaux domestiques, devr
Tilapia melanopleura (espèce très commune dans les
permettre d’associer prophylaxies antibilharzienne
rivières, marigots et mares au Sénégal), pour Caraus-
antipaludique.
sius auratus et Epiplatis SP., les résultats suivants:
Son emploi est tout indiqué aussi pour la destn
tion des Pistia stratiotes qui encombrent parfois c
DL (P.P.~.)
taines retenues d’eau en Afrique, et qui sont autl
T. melanopleura
5-10
de gîtes à Taeniorhynchus et à FicaIbia.
C. auratus
5-10
Son pouvoir rémanent qui est pratiquement sur
Epiplatis sp.
0,5-0,75
terrain de 30 jours à 10 p.p.m., permet de le clas
parmi les meilleurs larvicides à activité rémanen
Les alevins sont en général beaucoup plus sensibles
Au point de vue de la toxicité du zirame pc
au zirame que les adultes.
l’homme, les animaux domestiques et la faune aqr
Pour les autres représentants de la faune aqua-
tique des gîtes, les travaux de Hodge et al. (19.
tique, nous avons fait sur le terrain les remarques
montrent que la dose létale de ce produit (DL&
suivantes :
voisine de 1450 mg/kg de poids corporel. Chez
Batraciens : Des doses de 10 p.p.m. ne les tuent
chien, une dose de 25 mg/kg/jour pendant un m
pas et ne les font pas quitter leur gîte. En revanche,
et per os ne provoque aucun accident toxique. 1
leurs larves sont tuées par des doses de 3-5 p.p.m.
mêmes auteurs ont cependant observé un ralentis
Insectes aquatiques : Aucune toxicité pour les
ment de la croissance chez des souris nourries PI
coléoptères adultes. Les larves d’odonates (libel-
dant un mois avec des rations contenant 0,Ol %
lules) sont tuées à partir de 2 p.p.m.
zirame. Nous avons donné 25 mg/kg/jour par la v
Nématodes aquatiques : Aucune toxicité.
REMI
CIEMENTS
Nous remercions la Société Rhône Poulenc de P;
> qui nous a fourni le produit nécessaire à cette expérimen-
tation, commercialisé sous le nom de C.
ST
[MARY
Zinc dimethyldithiocarbamate (ziram), whose effecti
or above. At a concentration of 10 p.p.m. 75% of the
ness as a molluscicide has recently been proved, has b#
pupae were killed and the remaining 25% gave rise to
discovered to be an excellent larvicide as well. It k
adults that were incapable of feeding or egg-laying.
the larval forms of the Culicidae by retarding or I
In field tests, ziram at a dosage of 10 p.p.m.
venting the process of metamorphosis.
effectively controlled the larvae of Taeniorhynchus sp. for
In laboratory tests, concentrations of 0.5-3 p.p
one month after application and, for the same
ziram were found to destroy or impede the non
length of time, prevented the normal development
development of the first-, second- and third-stage lar
of C. fatigans larvae, which died before they could
of Culex fatigans, while the fourth-stage larvae, which
develop into adults. Moreover, when applied at the
far more resistant, were killed at concentrations of
comparatively low dosage of 1 p.p.m., ziram killed the
order of 5 p.p.m.
larvae of Anopheles sp.
The lethal effect of ziram on the pupae of the sa
Another property of ziram is its toxicity to aquatic
species was appreciable only at concentrations of 6 p.p
plants such as Pisfia, which it destroys in 8-15 days.

74
S. GRETILLAT
Practically non-toxic to man and domestic animals,
and larvicidal properties makes it possible for control
ziram is worthy of inclusion among the substances used
measures against both bilharziasis and malaria to be
for larval control and its combination of molluscicidal
carried out in a single operation.
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