Bull. epiz. Dis. Afr. (1959), 7, pp....
Bull. epiz. Dis. Afr. (1959), 7, pp. 265-286.
PARTICULARITES DE LA RAGE DANS L’OUEST AFRICAIN*
--.----
G. THIERY
Laboratoire de I’Elevage de Dakar-Hann
- - - - - -
Dans l’Ouest Africain, la rage persiste toujours à l’état enzootique ;
elle revêt exceptionnellement le caractère d’une véritable épizootie limitée
dans l’espace et dans le temps.
Malgré la fréquence relative de cette
affection et, parfois, l’absence de traitement antirabique lors de morsures
par des carnivores, la rage humaine demeure rare. 11 y aurait là un paradoxe
si l’on continuait à considérer la rage selon les conceptions qui en ont été
données dans les pays tempérés ou asiatiques. L’étude expérimentale chez
les carnivores et les animaux de laboratoire conduit à réviser certaines
données classiques.
Nous nous permettons néanmoins d’insister dans cette introduction
sur le danger qu’il pourrait y avoir à généraliser les notions qui vont être
exposées.
S’il est probable que certaines d’entre elles pourront être
appliquées à d’autres régions, il faut au contraire se garder de considérer
la rage, malgré l’unicité reconnue de son virus, comme une maladie offrant
les mêmes caractéristiques sous toutes les latitudes.
A. LA RAGE CHEZ L’ANIMAL
Espèces affectées. - S’il est admis que tous les mammifères
terrestres peuvent être affectés de rage, dans la région qui nous occupe le
nombre d’espèces spontanément enragées est relativement réduit. Le
/
1
Espèce
1954
1955
1956
1957 / 1958
~~
,-
Chien . . 48
84
/
93
118 i 97
Chat , . ---q-q~j-Tjy
Chacal . .
1
~~
/
~~~
Panthère . . ~~~
/

I
Bovins . .
1
/
Ovins . . ----------J-
-~L . - - . - - - - - -
Gazelles . . --~
I
/
Equins . .
!

~
Total . . -++i++-
52
* Article présenté à la Réunion des Spécialistes sur les Maladies à virus et les

tableau ci-dessous montre la répartition par espèce animale des cas de rage
positive diagnostiqués au Laboratoire Central de 1’Elevage de Dakar au
cours des cinq dernières années.
Ce tableau appelle quelques commentaires. En effet, comme dans une
grande partie du monde, le chien vient largement en tête et représente plus
de 90”(, des animaux morts de rage .l Le chat n’est que très peu affecté.
Quant aux autres animaux, ils ne sont qu’exceptionnellement atteints.
Si le chien errant joue un rôle majeur dans la dissémination de la
maladie, les animaux sauvages n’y participent que pour une très faible part.
Nous avons à maintes reprises étudie le système nerveux de genettes, de
civettes ou même de rats de Gambie sans réussir à isoler le virus rabique.
Cependant nous avons pu identifier une fois d’une manière certaine la
contamination d’un chien par la morsure d’une genette dont le cadavre
a été détruit sans examen. Nous avons aussi recherché le virus rabique
dans l’encéphale de chauve-souris fructivores sans pouvoir déceler sa
présence.
On pourrait objecter à ce tableau que tous les cas de rage ne sont pas
connus et que les animaux sauvages peuvent mourir en brousse sans que
leur cadavre soit retrouvé et examiné. Mais, lorsqu’un animal sauvage est
atteint de rage il ne craint plus l’homme et son comportement le fait assez
souvent suspecter. C’est ainsi que, dans la région de Dakar, des chacals
enragés, dont l’un d’entre eux a été abattu au cours de l’année 1954, n’ont
pas craint de s’approcher des habitations et de mordre des chiens et un
humain.
La rage sylvatique ne joue donc qu’un rôle insignifiant dans
l’extension de l’affection. Précisons à ce sujet que la panthère notée dans
le tableau ci-dessus était un animal domestique.
Epidémiologie
Comme il vient d’être mentionné dans l’introduction, la rage dans
l’Ouest Africain revêt un caractère enzootique. Nous avons pu néanmoins
observer à Dakar une petite épizootie à la fin de la saison des pluies, en 1954.
Le nombre de cas de rage est passé brusquement de I ou 2 par mois
jusqu’à 10, pour redescendre lentement à sa proportion habituelle par
l’application, modérée d’ailleurs, des mesures règlementaires de police
sanitaire.
Il est très difficile de faire intervenir le rôle des saisons, car le nombre
des observations ne reflète que d’une facon imprécise l’extension de la
maladie. En outre, un facteur saisonni,er assure périodiquement au moment
du rut un plus grand contact des animaux. Tout au plus peut-on parler
d’une fréquence un peu plus grande de la rage à Dakar à la fin de la saison
des pluies.
1 L’importance de la rage sylvatique vient d’être soulignée récemment par Tierkel

I
Symptomatologie
La symptomatologie de la rage est très intéressante à considérer en
raison de ses particularités.
Nous mentionnerons les caractéristiques
observées par nous-même à Dakar, en laissant de côté les aspects bien
connus, décrits dans les manuels classiques.
CZ) La rage du chien. - On peut observer chez le chien les formes
suivantes : furieuse, paralytique, atypique, récurrente, fruste, inapparente.
La rage furieuse véritable est rare et le chien agressif ne l’est souvent
que pendant une brève période.
La rage classique de l’Ouest Africain
correspond à la rage dite paralytique bien qu’il s’agisse d’une paralysie
souvent discrète et d’un type particulier. Quelquefois le premier signe, qui
peut apparaître 48 heures avant toutes les autres manifestations, consiste en
une modification généralement fugace du timbre de la voix.
Si nous nous
.I
permettons d’insister sur ce caractère malgré sa difficulté d’observation,
c’est qu’il traduit, comme on le verra, l’atteinte primitive du système
nerveux de la vie autonome.
De même, tous les prodromes de la rage furieuse classique sont
habituellement décelables à un degré variable sous forme de troubles de
la vie autonome (salivation excessive, légère diarrhée, mydriase). La
gastrite et la gastro-entérite font leur apparition avec une assez grande
*
régularité chez les sujets adultes avant que ne se manifeste le premier signe
de paralysie. Celle-ci s’installe soit sous l’aspect clinique du syndrome de
Landry, soit comme lors de rage mue avec une paralysie de la langue et
des masseters. C’est au cours de cette période, en général, que le chien
présente les caractères que l’on peut rapporter à l’agressivité. Le “ signe
du chien “, c’est-à-dire le déclenchement de la crise furieuse par la vue
d’un congénère, n’est qu’atténué ou inconstant. L’évolution de la maladie
à partir de l’apparition des paralysies, qui s’accompagnent généralement
d’un amaigrissement considérable, se fait habituellement en 4 jours comme
dans les pays tempérés.
Les caractères de la paralysie permettent souvent de l’identifier.
Il ne s’agit pas d’une paralysie complète. Dans le cas de l’atteinte des
membres, l’animal n’a plus la force de se supporter ; mais si on l’aide il
peut encore marcher ; s’il est couché et qu’on l’excite, il agite fort bien
ses membres.
Il est asthénique.
Lors de la paralysie des masseters,
l’animal ne peut plus commander à ses muscles ; il ouvre fort bien la
bouche pour aboyer ou pour mordre involontairement, alors qu’au début
il fait des efforts pour essayer d’attraper une nourriture qu’il ne peut
.
saisir ; par la suite il ne cherche même plus à manger. Le caractère
essentiel de cette “ paralysie rabique ” du chien est la suppression du
déclenchement volontaire des actes, alors que les muscles conservent leur
contractilité ; ils répondent aux excitations réflexes.
Ceci rappelle les
.
apraxies de la médecine humaine. La mort se produit par l’épuisement de
l’organisme, par asphyxie compliquée parfois par une broncho-pneumonie

.
a
ou une infection d’origine intestinale. Malheureusement, si la forme
précddente est la plus c&ramment rencontrée et d’un diagnostic aisé, les
formes atypiques sont relativement fréquentes. Elles sont constituées
soit par l’un seulement des signes cliniques (gastro-entérite, par exemple)
suivi d’une brève paralysie précédant la mort, soit par des signes
encéphaliques avec crises épileptiforrnes et clonies, simulant la maladie de
Carré, soit par la forme consomptive avec amaigrissement progressif et
mort, soit enfin par l’absence totale de symptômes ou par des signes si
discrets qu’ils ne sont pas observés par le propriétaire de l’animal.
La rage récurrente peut se rencontrer dans l’Ouest Africain. Nous
en avons observé un exemple chez le chien. Il s’agit d’un animal qui, trois
ans de suite, à la même époque (début de la saison des pluies), après une
fugue, présente une faiblesse du train postérieur qui guérit spontanément
les deux premières fois. Mais la troisième fois, il lui fait suite une paralysie
et la mort survient après l’évolution d’une rage typique. Cette maladie
n’ayant pas été soupconnée lors des premières fugues, aucun examen de
laboratoire n’a confirmé l’affection à ces époques. Mais la répétition de
signes cliniques classiques de la rage furieuse (fugue, faiblesse du train
postérieur), identiques les trois fois et :se terminant par un syndrome complet
de rage avec agitation, modification de la voix, paralysie du train postérieur
et du pharynx, autorise à penser que les premières manifestations étaient
bien dues à cette affection. Le fait que nous ayons observé des formes de
rage récurrente certaine chez des an.imaux de laboratoire inoculés plaide
également en faveur de cette affection chez le chien.
La rage fruste n’est certainement pas exceptionnelle, si l’on en juge
par le peu d’extension de la maladie malgré la faiblesse des mesures de
police sanitaire mises en œuvre.
Citons le cas d’un chien infecté expkrimentalement après sa guérison
d’une maladie de Carré. Sept jours après l’inoculation de virus des rues
dans les muscles de l’épaule, on note un net changement des habitudes de
l’animal. Naturellement méchant et agressif, il reste dans son coin et
cherche à fuir. Il continue à aboyer et à manger, mais une légère faiblesse
du train postérieur apparaît et le neuvième jour, il ne peut se déplacer que
difficilement. 11 lèche sa viande mais n’arrive plus à manger. Le dixième
jour, il redevient gai, la gêne de la démarche s’atténue et disparaît totalement
en deux jours, la possibilité de manger revient rapidement. 11 s’agit bien
de rage, car la réinoculation un mois plus tard par voie sous-cutannée de
5oo.000 L D , , souris de virus des rues ne déclenche pas la maladie, mais
entraîne l’apparition dans le sérum sanguin d’un taux très élevé d’anticorps
spécifiques. Cet animal a resisté, un an plus tard, à l’inoculation dans
l’espace sous-occipal de I.OOO.OOO LD,, souris de virus fixe. Un mois plus
tard, il a été impossible de retrouver ce virus dans le système nerveux, ce
qui traduit la valeur exceptionnelle de l’immunité. Le sérum sanguin de

ce chien avait un taux de neutralisation de virus rabique supérieur à celui
du sérum hypérimmun standard préparé sur cheval.
Nous avons, à plusieurs reprises, noté des signes discrets et transitoires
de parésie chez des chiens mordus antérieurement par un chien errant et
non abattu. On peut se demander en l’absence d’examen de laboratoire,
s’il ne s’agit pas de rage fruste.
Enfin, il existe des porteurs sains, constituant la rage inapparente,
tels ceux qu’Andra1 et Serié (1957) ont signalé en Ethiopie. Il s’agit ici de
l’observation d’un chien mordeur, en parfaite santé, qui a transmis une
rage confirmée, par morsure, à un autre chien.
Malheureusement le
*
propriétaire inquiet a fait abattre son animal sans qu’il ait été possible de
rechercher le virus dans le cadavre.
La symptomatologie de la rage du chien apparaît ainsi très variée.
*
Le diagnostic clinique en est bien souvent très difficile ou impossible.
Dans certains cas le diagnostic expérimental de routine a permis l’identifica-
tion de rage non soupconnée.
b) La rage naturelle des autres animaux. - La rage du chat est
moins bien connue que celle du chien en raison du petit nombre d’observa-
tions.
Cependant l’infection obtenue par morsure artificielle avec des
pinces recouvertes de salive virulente permet l’étude d’une maladie
pratiquement naturelle.
Le chat enragé présente le plus souvent une
paralysie des masseters et du pharynx, ce qui ne l’empêche pas de miauler
et parfois de mordre ses congénères. Mais l’agressivité, lorsqu’elle existe,
ne dure généralement que 24 heures. L’éréthisme cutané est modéré et
se traduit par la gêne ou la fuite devant le courant d’air, et non la crise
furieuse. L’animal se cache dans un coin ou parcourt des kilomètres dans
sa cage.
Il meurt très amaigri, épuisé ou asthénique. La paralysie en
dehors de celle du pharynx ou du larynx ne précède la mort que d’un petit
nombre d’heures. La maladie évolue en 4 à 6 jours, en général.
La rage du chacal semble présenter régulièrement une période pendant
laquelle l’animal est spontanément agressif, principalement vis-à-vis du
chien, mais également à l’égard de l’homme. Si, en 1954, nous n’avons
étudié qu’un seul cerveau de chacal, plusieurs de ses congénères dans la
même région ont contaminé des chiens.
Leurs cadavres n’ont pas été
retrouvés.
La rage des équidés paraît s’accompagner assez régulièrement d’une
période au cours de laquelle l’agressivité est accusée, alors que chez les
ruminants la paralysie semble la règle. (Une gazelle a présenté néanmoins
une période d’agressivité.) Mais ici, comme pour le chacal, le nombre
réduit des observations ne permet pas de tirer de conclusions définitives.
Le porc, si l’on se rapporte aux quelques rares observations antérieures,
fait une rage paralytique sans agressivité.
c) La rage des animaux de laboratoire. - Le lapin présente lors

de l’inoculation une rage classique avec: une vraie paralysie, exceptionnelle-
ment des crises d’encéphalite analogues à celles que produit le virus Flury.
Par contre le cobaye ne présente pas de forme furieuse. Il manifeste
en général un éréthisme cutané intense se traduisant par des sauts, des
ruades et la fuite lors du toucher de la peau, principalement au niveau du
point d’inoculation du virus.
Le rat fait une rage toujours paralytique débutant par le train
postérieur.
La souris, animal d’expérience utilise régulièrement pour les diag-
nostics courants de rage, fait une maladie de forme paralytique. Le premier
signe consiste habituellement dans un éréthisme cutané ; le courant d’air
provoque des sauts anormaux suivis parfois de crises tétaniformes. Le fait
de tenir la souris par la queue peut également déclencher cette crise. Par
la suite se manifeste de l’incontinence urinaire, puis la paralysie qui débute
habituellement au niveau du train postérieur. Selon la saison et selon les
virus, la paralysie dure de 24 heures à 3 jours. Mais il nous a été permis
d’observer chez le rat, plus rarement chez la souris, des formes de rage
récurrente, et chez le rat, le cobaye et la souris, des formes de rage fruste
se terminant par la guérison de la maladie.
La rage apparaît ainsi, par ses symptomes, d’une relative bénignité,
puisque des animaux peuvent en guérir sans le moindre traitement, et le
fait d’observer chez le chien une rage à forme essentiellement paralytique
ne traduit pas, contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’action d’un
virus à virulence renforcée. Ce qui sera précisé par l’étude de la I~D50 et
de la durée d’incubation chez l’animal d’expérience.
Lésions
L’étude des lésions de la rage permet d’identifier celles qui con-
ditionnent l’aspect clinique.
a) Anatomie pathologique. - Il n’existe pas, pas plus dans l’Ouest
Africain qu’ailleurs, de lésions macroscopiques spécifiques de la rage ;
cependant, on remarque assez fréquemment une gastrite parfois accom-
pagnée d’ulcères hémorragiques. Chez le cobaye, les foyers congestivo-
hémorragiques siègent sur le caecum. L’entérite vraie est rare et tout au
plus catarrhale. Il existe fréquemment une hypersécrétion des glandes, et
non une lésion inflammatoire. Pourtant, chez le chat, la rage s’accompagne
assez souvent d’une dissémination dans l’organisme de Salmonelles qui
souillent les prélèvements. Notons enfin l’hypertension accusée du liquide
céphalorachidien dans les formes agressives de la rage.
b) Histopathologie. - Alors que: l’étude des lésions macroscopiques
de la rage n’offre qu’un intérêt minime, celle des lésions histologiques est
Y
riche d’enseignements. Les lésions du système nerveux sont classiques dans
,
lx,- ~~ -1. ,>:.-L-.--:-.:LI --e..‘eL,. _..^_ ,-- ,---, :^-L:---

La rage se traduit par les lésions, spécifiques ou non, habituellement
rencontrées dans les pays tempérés, mais il existe également des malades
chez lesquels il est impossible de déceler la moindre lésion.
Entre ces
extrêmes, on trouve tous les intermédiaires.
Les lésions histologiques siègent presque uniquement dans le système
nerveux ; cependant quelques aspects fonctionnels de glandes endocrines
conditionnent les perturbations macroscopiques. Disons, afin de n’y pas
revenir, que les micro-hémorragies interstitielles de la surface de la
muqueuse gastrique sont sous la dépendance, en dehors de l’état
du chorion muqueux, d’une part de l’activité surrénalienne à l’agres-
sion, d’autre part
de l’activité des îlots de Langerhans du pancréas.
Cette lésion correspond tantôt à des îlots constitués principalement de
cellules, très actifs /3 (richesse des cellules en phosphatases alcalines),
tantôt à des îlots moins actifs mais pratiquement dépourvus de cellules cc.
Dans les deux cas, il en résulte une hypoglycémie. En dehors de ces
facteurs endocriniens, la richesse du chorion muqueux en mastocytes
conditionne la lésion vasculaire lors de la libération d’histamine pendant
le stress.
Ces divers aspects ne sont donc que la manifestation d’une
agression non spécifique. Aussi ne sont-ils pas plus constants dans cette
virose que dans les autres affections stressantes.
On peut également observer, en dehors du système nerveux, des
infiltrats cellulaires dans la médullosurrénale et dans les glandes salivaires
à la périphérie des canaux excréteurs. Dans les amygdales, on rencontre
souvent une infiltration de polynucléaires neutrophiles tandis que I’hépi-
thelium recèle quelques inclusions cellulaires dont il va être question
à propos de l’étude des corps de Négri.
Les lésions du système nerveux sont les plus importantes à considérer
car elles peuvent être spécifiques. 11 convient néanmoins de distinguer les
lésions du système nerveux central de celles du système sympathique et
parasympathique.
Dans le système nerveux central, les lésions non spécifiques consistent
en une encéphalite virale très discrète au niveau de tout l’encéphale.
Presque toujours absentes des cornes d’Amman, l’infiltration cellulaire et
la périvascularite se rencontrent au niveau du rhinencéphale. La zone
supraoptique qui, lorsqu’elle est fortement lésée, est responsable de
l’agressivité, Bonvallet et col. (1949), se présente généralement indemne.
Les méninges montrent une légère inflammation, principalement dans les
formes agressives.
Alors que l’encéphale ne présente que des lésions discrètes, la moelle
épinière, notamment au niveau de ses renflements, montre habituellement
quelques infiltrats périvasculaires qui, s’ils sont souvent à peine ébauchés,
constituent néanmoins un témoin de l’atteinte du virus.
Au contraire du système nerveux central, on note dans les ganglions

L
de la rage.
La neuronophagie est généralement accusée. (Micro-
photographie I .)
L’étude des lésions spécifiques repose essentiellement sur la recherche
des corps de Négri. Nous avons ado,pté, de préférence à toute autre, la
technique de coloration de Sellers sur coupes de paraffine de pièces fixées
à l’alcool à 80”.
Après déparaffinage des coupes, au sortir de l’alcool,
effecteur une coloration de IO secondes et un rinçage à l’eau, le colorant
est fixé par du formol à 10% renfermant 1% de chlorure de calcium.
Un nouveau rinçage de la coupe et son essorage précèdent le montage au
baume. Cette technique offre sur toutes celles qui sont proposées habituel-
lement un avantage considérable : les corps de Négri sont colorés en rouge
tandis que les nucléoles nucléaires apparaissent bleu foncé. On peut dès
lors, à l’aide d’un grossissement suffisant, identifier en toute certitude les
inclusions cellulaires intranucléaires ou intracytoplasmiques.
(M’lcro
photographie 2.)
Il est possible en cas de besoin d’appliquer la technique de Sellers
sur un frottis de substance cérébrale incluse dans la glycérine à 50%.
L’emploi du microscope à contraste de phase pour la recherche des
corps de Négri n’est pas pratique en raison de la fixation parfois tardive
des prélèvements. Il en résulte une rétraction du bord des cellules qui
peut gêner l’interprétation des coupes.
Les corps de Négri de la rage naturelle apparaissent principalement
dans les cellules de la corne d’Amman (cytoplasme des cellules pyramidales,
parfois noyaux des cellules de la névroglie), moins souvent dans l’hippo-
l
campe, les cellules de Purkinje du cervelet, le bulbe. Ils sont presque
toujours de grande taille, intracytoplasmiques, accompagnés d’inclusions
intranucléaires plus petites. On les rencontre chez le chien dans environ
75% des cas de rage et toujours chez les herbivores. Leur nombre est
parfois considérable (plus de IO corps de Négri sur la coupe de cellule de
Purkinje du cervelet).
En dehors des localisations précédentes, les corps de Négri sont rares
dans les ganglions sympathiques, le ganglion de Gasser et les ganglions
rachidiens.
On observe, dans quelques cas, l’apparition de formations
granulaires de Koch et Rissling, cytopl.asmiques,
colorées en bleu foncé au
Sellers. On peut les retrouver, mais très rarement, dans les ganglions du
plexus myentérique gastro-intestinal.
Nous avons recherché s’il existait des inclusions cellulaires dans
d’autres localisations et nous avons effectivement noté la présence d’inclu-
sions cytoplasmiques dans l’épithélium amygdalien du chien, plus rarement
*
du chat, du lapin et du cobaye, dans les entérocytes au-dessus des formations
lymphoïdes voisines de la valvule ileo-caécale du lapin et du cobaye et
exceptionnellement dans les cellules endothéliales des capillaires lympha-
*
tiques. En dehors de l’amygdale, la recherche de ces inclusions est difficile,
., . . . .
. .
.
*,. .
* . .
. . . .

FIGURE I .--Ganglion de C;asser d’un chien enragé dont les cornes d’Amman sont dépourvues
de corps de Négri (Hématoxylinc-éosine X 220). 11 ne persiste que trois cellules nerveuses
ganglionnaires. I,a neuronophagie SC traduit par la présence de nodules de VAS GEHLTHTEX.
F~(;IXE z.-Morphologie des corps de Négri sur les coupes à la paraffine colorées au Sellers
..-..I- C_.^L:^- 2 1’” ,--,., n (2-0 Ir”n..sa cl’ Ammnn rl’..n ,.l.o+ a”*c,mY Y **nn \\

2
3
4
5
6
0
1
2 3
4
5
0
1
2
3
4
5
6 MIans
1956
1957
1958
Graphique 1 : RPpnrtitinn -i_p 1~ rqc Cn~+n
ILL _..

b.1 Ç >-A:-.-
101 C-L,“‘, de ;‘âgc.
20
0
1
2
3
4
5
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0
1
2
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5
0
1
2
3
4
5
6
>6ans
1956
1957
1958
Graphique II : Répartition de la rage canine en fonction de l’âge et du sexe.

erreurs d’interprétation. Leur explication est délicate, car l’on peut toujours
se demander si l’on n’a pas à faire à une lésions due à un virus latent que la
rage aurait fait sortir. En effet, dans les amygdales chez le chien on trouve,
lors de forme respiratoire de la maladie de Carré, des inclusions de même
nature, mais si elles sont intracytoplasmiques, dans certains cas elles
peuvent être à la fois intracytoplasmiques et intranucléaires. Le fait de
les retrouver dans les amygdales d’animaux non affectés d’amygdalite
à virus plaide en faveur de leur spécificité.
Ainsi, en accord avec Gastaut, Milleto (1955) et Armoult (1956), la
rage apparaît dans l’Ouest Africain comme une rhinencéphalite exclusive
et non une encéphalite banale, mais les lésions de cette partie du système
nerveux sont beaucoup plus discrètes que dans les pays tempérés. En
outre, il existe une perturbation précoce des ganglions nerveux sur laquelle
il n’est pas inutile d’insister, puisqu’elle permet de comprendre les signes
cliniques du début de la maladie.
Il convient enfin de mentionner que, si l’on rencontre des cas de rage
dans lesquels existe une méningo-encéphalite avec corps de Négri, il en
est d’autres dans lesquels l’une ou l’autre de ces deux manifestations ou
bien les deux peuvent manquer. Cependant, on retrouvera dans le cerveau
quelques images de pycnose cellulaire et nucléaire avec hyperchromaticité
du cytoplasme et dans quelques ganglions nerveux des infiltrats cellulaires
ou des nodules de Van Gehuchten. Il est intéressant de remarquer que
Pellissier (1955) en A.E.F. a observé, lui aussi, des rages sans méningo-
encéphalite et sans corps de Négri, mais l’étude du système sympathique
et des ganglions rachidiens n’a pas été faite.
Diagnostic
Le diagnostic de la rage est toujours délicat chez l’animal vivant, mais
presque toujours possible sur le cadavre.
CZ) Diagnostic sur l’animal vivant. - Chez le chien, en dehors de
la forme furieuse et de la forme paralytique, le diagnostic est pratiquement
impossible si l’on ignore l’existence d’une morsure antérieure et l’on doit
avoir recours au laboratoire. La rage peut être confondue avec la maladie
de Carré du chien ou une gastro-entérite banale, avec les diverses épilepsies,
avec la toxoplasmose dont nous n’avons observé qu’un cas à Dakar en
5 ans, avec la maladie d’ilujeszky dont nous n’avons pas encore noté
l’existence à Dakar, avec la présence d’un corps étranger dans les premières
*
voies digestives, avec les intoxications, et certaines toxinfections engendrant
des troubles nerveux.
Chez le chat, la leucopénie infectieuse des félins et l’intoxication par
1’HCH simulent très nettement la forme paralytique ou la forme encéphali-
que de la rage.
Dans les autres espèces, l’agressivité, au moins transitoire, constitue
,. ~
_ _.

b) Diagnostic sur le cadavre. - Un certain nombre de techniques
de laboratoire peuvent contribuer au diagnostic de la rage. Ce sont : l’examen
histologique, l’électrophorèse du sérum sanguin, la précipitation en milieu
gélifié, l’immuno-électrophorèse, la déviation du complément et surtout
l’inoculation expérimentale.
L’examen histologique constitue une épreuve très utile car elle permet
un diagnostic précoce. Elle s’effectue sur des coupes de la corne d’llmmon
avec recherche des corps de Négri.
Dans 75% des cas, leur présence
confirme le diagnostic. Pendant la période des pluies, la proportion des
;
cas de rage accompagnée de corps de Négri est encore plus élevée.
Lorsque l’autopsie de l’animal enragé a lieu au laboratoire, un examen
par frottis ou écrasement d’une partie de la corne d’Amman, suivi de
coloration classique de Sellers, permet un diagnostic encore plus précoce.
Cette méthode est appliquée aux cornes d’Amman de souris mortes de
rage afin de confirmer le diagnostic expérimental.
Comme il est impossible d’eeectuer en brousse la coloration de
Sellers sur les frottis de corne d’Am.mon que l’on a laissé sécher à l’air, la
coloration ultérieure par la méthode de Sellers s’est révélée excellente.
Nous examinons la possibilité de l’errvoi de telles préparations non virulentes
avec les prélèvements habituels afin de donner, si possible, une réponse
encore plus rapide aux demandes de: diagnostic.
Dans un cas, nous avons pu déceler dans la corne d’Amman des
protistes ayant la morphologie des toxoplasmes. Lors d’intoxication par
l’HCH, on décèle dans les noyaux des cellules pyramidales une ou plusieurs
vacuoles caractéristiques.
L’électrophorèse du sérum sanguin des animaux enragés préconisé
par Chabaud, Andral et Serié (1955 et 1957) met en évidence une
augmentation nette des cx2 globulines. Cette particularité du sérum rabique
est beaucoup plus nettement apprkiée sur le glycogramme que sur le
protéinogramme dans les cas favorables. Malheureusement, si la réaction
semble régulière en Ethiopie, dans l’Ouest Africain elle est inconstante.
Bien plus, nous avons pu l’observer vers le sème jour de la paralysie d’un
lapin pour la voir disparaître vers le @me jour.
L’augmentation des o2
globulines s’observent dans la maladie de Carré, cette méthode ne peut
servir pour le diagnostic de la rage.
Elle permet seulement l’étude de
l’évolution de la maladie lorsque le sérum a été examiné avant l’inoculation.
Comme nous l’avons spécifié dans l’introduction à cette étude, nous ne
critiquons nullement la méthode. Nous remarquons simplement que les
ii
réactions des animaux sous le climat tropical envisagé sont différentes de
celles des memes animaux vivant dans d’autres régions. Ayant constaté
un cycle saisonnier de l’activité des organes à Dakar, nous nous proposons
c
de rechercher si la réaction n’est valable qu’à certaines périodes.
La précipitation en milieu gélifié, recommandée par Villemot et
- . ,
.,.
.
n. 1,
A.

assez régulière pour le diagnostic de la rage du lapin, et principalement
avec le virus fixe, elle est inconstante lors de l’étude de la rage du chien et
du chat et pratiquement toujours en défaut avec les souris enragées. Nous
avons du abandonner les sérums hyperimmuns bruts préparés sur chien
en raison de précipitations non spécifiques.
Etudiant par comparaison
des sérums de chien et de chats normaux ou affectés antérieurement
d’affections diverses, nous avons pu observer fréquemment chez le chat
une précipitation importante due à une infection salmonellique.
Cette
précipitation précoce masque la réaction spécifique éventuelle.
Utilisant le sérum hyperimmun purifié de l’Institut Pasteur de Paris,
L
nous avons obtenu de bonnes réactions, malheureusement très inconstantes
chez le chien et le chat.
L’immuno-électrophorèse étant susceptible d’améliorer la réaction de
précipitation en milieu gélifié, nous l’a<ons expérimentée en effectuant
l’électrophorèse à pH 8,4 ou 7 du broyat de cerveau, puis en mettant en
présence le sérum hyperimmun. Dans quelques cas une précipitation très
nette a pu être obtenue, mais n’étant qu’au début de cette étude nous ne
pouvons pas encore apporter des résultats définitifs. Notons simplement
que le pH 7 semble donner de meilleurs résultats qu’un pH plus alcalin.
La déviation du complément n’a pas été utilisée au laboratoire en raison
des résultats peu encourageants rapportés par Depoux, Merveille (1956) et
Orio (1958) sur des animaux vivant en Afrique équatoriale.
L’inoculation expérimentale est la méthode appliquée obligatoirement
*
en l’absence de lésion histologique. Nous l’employons systématiquement
pour tout prélèvement suspect de rage. Elle consiste en l’inoculation intra-
cérébrale à 6 souris blanches suisses âgées de 4 semaines, d’une suspension
de substance nerveuse. Nous utilisons des souris très jeunes, car chez
l’adulte la résistance spontanée est importante lors du premier passage.
La durée de l’évolution de la rage subit une légère variation en fonction
de la période de l’année, elle est plus courte en octobre et novembre, de
l’ordre de IO à II jours en moyenne, plus longue dans le reste de l’année
avec 13 jours. Il existe une faible diminution en mars et avril (12 jours).
Le maximum s’observe aux mois de juin et juillet (14 à 15 jours). Cette
variation de la durée d’incubation confirme les travaux de Dodero (1939)
sur le lapin au Tonkin.
Une difficulté survient parfois lors de l’étude de prélèvements princi-
palement s’ils proviennent de chats enragés, par suite de la présence de
*
salmonelles qui tuent les souris en un ou deux jours. Nous avons rencontré
également d’autres entéro-bactéries (Proteus) résistant à l’association
pénicilline-streptomycine et nécessitant l’emploi de suspension de chloram-
w
phénicol. La souillure des prélèvements par le bacille pyocyanique ne
permet pas, en général, malgré les antibiotiques, le diagnostic par inoculation
intra-cérébrale :
les animaux meurent avant l’évolution de la rage
. . . . .
.
. ,

l
.
Quoi qu’il en soit, la souillure de l’encephale et parfois des glandes salivaires
par les entéro-bactéries, alors que l’animal est tué pendant la période
agonique, montre que le virus rabique fait véritablement sortir ces germes
comme l’a deja mentionné Nazarov (1954) par suite de l’arrêt des défenses
de l’organisme.
Un contrôle est effectué de temps en temps sur le virus rabique sous
forme de détermination de la L.D.50 et du test de séroneutralisation
classique.
L’étude des diverses méthodes de diagnostic montre que dans l’Ouest
Africain seules sont valables les méthodes les plus anciennes c’est-à-dire
l’examen histologique, complété s’il y a lieu par l’inoculation expérimentale.
L’influence des saisons sur les animaux se traduit par une variation de la
durée de l’évolution chez la souris. Nous avons, par ailleurs, montré,
Thiers (KLFB), 1e retentissement des facteurs climatiques sur les tissus et,
par voie de conséquence, sur les humeurs. Il n’est pas interdit de penser
que les particularités de la maladie et les variations humorales qu’elle
engendre et qui conditionnent certaines epreuves servant au diagnostic,
sont sous la dépendance des mêmes facteurs. C’est ce qui expliquerait les
bons résultats de l’électrophorèse en Ethiopie, alors qu’ils sont médiocres
à Dakar où le climat est différent ; de même la réaction de précipitation en
milieu gélifié est utilisable au Tchad, comme la déviation du complément
l’est au Japon, alors qu’elles sont inconstantes respectivement en Ouest
Africain et en Afrique équatoriale.
Etiologie
Il n’est pas inutile d’examiner les particularités des matières virulentes,
de la résistance du virus et de la réceptivité. animale.
a) Les matières virulentes sont constituées par le système nerveux et
les glandes salivaires.
Le développement du virus dans le cerveau est sensiblement le même
que dans les pays tempérés ; ainsi la L.D.50 du virus des rues est en
moyenne de IO- 3,5 chez la souris par voie intra-cérébrale. Elle atteint au
maximum Iom4g5.
Les glandes salivaires ne sont virulentes que dans un
nombre limité de cas.
Le total de nos observations est encore trop
insuffisant pour donner un chiffre exact, mais il apparait déjà que la rage
“ fermée “, c’est-à-dire sans excrétion salivaire de virus, est assez fréquente.
Toutefois, comme nous y reviendrons 21 propos de l’étude de la pathogénie,
nous nous demandons s’il s’agit toujours d’une vraie rage “ fermée ” ou
s’il n’y a pas eu autostérilisation de la glande salivaire comme cela se
produit dans le système nerveux.
Parmi les glandes salivaires, les parotides renferment moins souvent
-
du virus que les glandes sous-maxillaires, lorsque la rage n’a pas evolué
pendant une trop longue période. La durée d’incubation et d’évolution de
L ---- -1. .~ 1
. . .,
. .
_
-

courte que celles des souris inoculées avec la substance cérébrale. Nous
n’avons pas encore déterminé s’il s’agit d’une plus grande richesse du
prélèvement en virus ou d’une variation de la virulence.
Il convient de signaler enfin le comportement différent du virus
lorsqu’il provient de glandes salivaires ou de substance nerveuse lors de
l’inoculation expérimentale.
Alors que dans le premier cas l’excrétion
salivaire du virus est très fréquente, dans le second cas on obtient rapide-
ment par passages (parfois au premier passage) une rage de type “ fermée “.
6) Résistance du virus. - Le virus rabique se montre assez fragile.
Sa virulence, malgré l’immersion dans la glycérine à 500/~, s’atténue lors
du transport à température élevée (le transport peut durer plus d’une
semaine). Le rôle du pH de la glycérine est important à considérer. Nous
avons déjà insisté, Thiery (1957), sur ce point : le virus peut être tué par
l’immersion dans une glycérine trop acide. En l’absence de corps de Négri,
le diagnostic sera erroné. La putréfaction, si elle ne détruit pas toujours la
virulence du virus rabique, empêche en général, malgré les antibiotiques, le
diagnostic de la rage.
c) La réceptivité animale à la rage est très importante à considérer.
On a vu que tous les animaux d’une même espèce ne présentent pas la
même sensibilité à la rage. Indépendamment de la gravité de la morsure
et de son siège, la réceptivité en fonction de l’espèce n’offre à considérer
aucune particularité. II n’en est pas de même de l’âge et du sexe.
- Influence de l’âge - L’étude des cas de rage canine confirmés en
fonction de l’âge, rassemblés sur le graphique 1, montre que les cas de
rage positive peuvent se répartir ainsi :
1956 : 21 cas positifs dont 16 de moins de 2 ans et
5 de plus de 2 ans.
1957 : 48 cas positifs dont 42 ‘de moins de 2 ans et 6 de plus de 2 ans.
1958 : 42 cas positifs dont 32 de moins de 2 ans et IO de plus de 2 ans
Nous n’avons fait état dans ce graphique, parmi les diagnostics
possibles, que des animaux pour lesquels l’âge a été précisé, ce qui élimine
un nombre important d’animaux. En détaillant le graphique, il ressort que
les chiens âgés de moins de 6 mois sont un peu plus sensibles que ceux
âgés de 6 mois à I an. Ensuite la réceptivité diminue progressivement pour
tomber brusquement après l’âge de 2 ans.
Si la réceptivité était connue en fonction de l’âge chez les muridés,
à notre connaissance il n’avait jamais été établi une démarcation aussi nette.
Nous avons contrôlé les données précédentes chez le rat blanc et montré,
Thiery (1958, 1959), qu’après 30 jours la réceptivité diminue progressive-
.
ment, la démarcation apparue sur le graphique se situant vers l’âge de
4 mois. Mais il a été également constaté que si l’inoculation est faite avec
.
une dose suffisante de virus, il n’y a plus de différence de réceptivité en
fonction de l’âge. On doit donc admettre que la quantité de virus inoculée
par la morsure naturelle d’un chien enragé est limitée à une quantité qui
. . , . . . .
.,
.
n . ,1
1
1.

mordu, adulte, qui ne fait pas la rage, acquiert une certaine immunité qui
pourra être renforcée par d’autres morsures infectantes.
- Influence du sexe - En dehors de l’âge, le sexe joue un grand
rôle comme le montre le graphique 2.
Une petite correction doit être
apportée en ce qui concerne les chiens des européens habitués à conserver
les sujets mâles plutôt que les femelles. En outre, le terme générique
“ chien ” désigne aussi bien le mâle que la femelle, et, malgré les précisions
du questionnaire accompagnant les demandes de diagnostic de rage, il
n’est pas certain que quelques erreurs ne se soient pas glissées. Il semble
que, avant l’âge de 2 ans, le mâle soit plus réceptif que la femelle.
Nous avons déjà mentionné l’influence de la folliculine, Thiery (1956),
comme facteur favorisant l’éclosion de la rage.
Dans l’expérimentation
faite sur les rats blancs, les femelles se sont montrées plus réceptives que
les mâles après l’âge de 4 mois.
Les variations de la réceptivité en fonction de l’âge sont comme nous
l’avons démontré, Thiery (1958-59) sous l’influence des y globulines non
spécifiques du sérum sanguin. La résistance de l’organisme s’accroît avec
leur augmentation. Il est vraisemblable que ce n’est pas le seul facteur en
cause, aussi poursuivons-nous l’étude de tous ceux qui sont susceptibles
d’intervenir.
Pathogénie
Jusqu’à ces dernières années, il était admis que le virus rabique des
rues gagnait le système nerveux par la voie des neurones.
Boecker et
Krause (1956) ont demontré en 1956 que le virus se transmet par la voie
lymphatique neurale. L’étude de l’action des y globulines non spécifiques
sur le virus fixe et le virus des rues nous a montré, Thiery (195%59), que
le virus subit leur action au cours de son cheminement depuis le point
d’inoculation périphérique jusqu’au système nerveux central, ce qui est en
faveur de la thèse précédente.
L’étude histopathologique des premiers
stades de la maladie fait apparaître que les lésions du système nerveux
sympathique précédent celles du systizme nerveux central. 11 semble que
le virus des rues affecte d’abord ce sy:&me. Il en résulte la mortification
des cellules et leur lyse car les défenses de l’organisme n’ont pu être mises
en jeu, alors que le virus fixe, adapté aux cellules du systéme nerveux
central, attaque d’abord les cellules pyramidales qui, ne pouvant réagir,
sont lysées en produisant les lésions dites du virus fixe. Le corps de Négri
traduit la défense de la cellule ; la cellule pyramidale qui renferme des
corps de Négri possède habituellement tous les critères d’une cellule bien
vivante.
Si l’étude histopathologique nous montre une relation entre l’appari-
t
tion des lésions et la progression du Crus, elle permet également de noter
une corrélation entre l’intensité des lésions et la disparition du virus,
*
. .
. . .
_._.
-

mortelles, Levadili et coll. (1928). N ous avons pu constater, en effet, que
le virus disparaît en premier des ganglions sympathiques et rachidiens,
lorsque l’infiltration leucocytaire est suffisamment importante. De même
la moelle épinière, lors d’infection périphérique par le virus des rues,
devient stérile avant la mort, si l’affection se prolonge pendant 8 jours.
Dans ce cas, la périvascularité est notable et la réaction gliale modérée.
Bien plus, lors de septinévrite rabique les glandes salivaires ont une virulence
plus élevée que le système nerveux central (durée d’incubation plus courte
chez les souris inoculées) et l’infiltration lymphocytaire de la glande est
nulle, ou peu marquée. Au contraire, lorsque cette infiltration est impor-
tante, la virulence décroît par rapport au système nerveux central et par
rapport à la moyenne.
On peut dès lors se demander, en présence d’une glande salivaire
stérile, si l’on est en présence d’une rage fermée ou d’une glande auto-
stérilisée.
Le recours à l’histopathologie devient indispensable pour
effectuer la distinction.
Ainsi apparaît le rôle des lymphocytes dans le processus d’auto-
stérilisation. Il est probable que ces cellules ne sont pas seules à intervenir,
ainsi qu’il résulte des travaux de Constantinesco et Birzu (1959). Mais
c’est ce qui permet peut-être d’expliquer la guérison sans sequelles des
chiens observés par Andral et Serié (1957) et par nous-mêmes. Si l’auto-
stérilisation se produit dans les ganglions sympathiques avant que le virus
ait gagné les cellules pyramidales, il n’y aura pas de signes cliniquement
décelables, à moins que ces animaux ne présentent une immunité cellulaire
naturelle ou provoquée par un autre virus. Notons enfin qu’il disparaît
une certaine quantité de phosphatases alcalines des parois vasculaires et
des cellules au cours de l’autostérilisation.
Prophylaxie médicale
Si la prophylaxie sanitaire est actuellement pratiquement inapplicable
dans l’Ouest Africain, la prophylaxie médicale est utilisée pour sauvegarder
les chiens auxquels sont attachés les propriétaires. Au Sénégal et dans la
plupart des pays limitrophes, on a recours au vaccin phéniqué de type
Fermi, préparé par l’Institut Pasteur de Dakar, mais les doses vaccinales
utilisées sont importantes, pour ne pas dire considérables. Le vaccin à 5%
de substance cérébrale est injecté par deux fois à 15 jours d’intervalle à la
dose de 40 ml. chez le chien adulte, et à demi-dose pour le chien âgé de
.
moins de 6 mois.
Cette pratique nous a permis d’identifier, dans la région de Dakar,
quatre accidents de vaccination dont un contrôle fut effectué pour deux
*
d’entre eux.
Il s’agissait d’un virus rabique (test de séroneutralisation
positif) qui tuait le lapin en 5 ou 6 jours par voie intracérébrale et produisait
I
II.
1. ~~ -~: ~~~- cm.- Je-- le- ^_-_^^ A,,& _ _ _ _ A., ,,,:, 1 * Td.-,,,

t
se transmet facilement par voie sous-cutanée chez de jeunes souris et de
jeunes lapins. Il convient de mentionner que la rage vaccinale n’a été
observée que chez des chiens âgés de moins de 6 mois (le contrôle du virus
a été fait pour deux chiots de 4 mois). Les premiers symptômes se sont
manifestés dans tous les cas 2 ou 3 jours après la deuxième injection
vaccinale. Ces accidents ne sont pas exceptionnels si l’on en juge par ceux
que relate Hecke (1953) : 0,0470/; des cas de rage à virus fixe après la
vaccination de 29.558 chiens avec un vaccin glycérophénique et un cas sur
8.429 chiens vaccinés dans les mêmes conditions. 11 n’est malheureusement
pas fait état de l’âge des vaccinés. La proportion d’accidents est bien plus
élevée à Dakar, mais il s’agit toujours de très jeunes animaux chez lesquels
le vaccin a été injecté à forte dose bien qu’en deux points séparés du corps.
Pour mettre à l’abri de la rage vaccinale les jeunes chiens, il serait
préférable d’employer un vaccin tué ou, comme le fait Hecke, un vaccin
absorbé sur hydroxyde d’alumine ou bien encore d’injecter préventivement
du sérum hyperimmun.
La vaccination antirabique du chien n’est que rarement en échec,
malgré l’absence très fréquente de revaccination après contamination par
un chien enragé, Lauzerte et coll. (1958). Nous n’avons pu étudier qu’une
fois les glandes salivaires d’un chien vacciné, enragé par contamination
naturelle. Celles-ci renfermaient du virus rabique. Il ne s’agissait pas de
rage “ fermée ” comme cela s’observe habituellement, Ceccaldi et coll.
l
(1957). Cette notion montre le danger que constitue toujours la rage, que
l’animal mordeur ait été vacciné auparavant ou non.
i
Ainsi la rage des animaux présente dans l’Ouest Africain des caractères
qui lui sont propres, en est-il de même chez l’homme ? c’est ce que nous
allons brièvement indiquer.
B. LA RAGE CHEZ L’HOMME
L’étude de la rage animale fait ressortir un risque de contamination
relativement peu élevé pour l’homme, la rage canine étant souvent de type
“ fermé “. C’est ce qui ressort également du fait qu’en brousse le traitement
n’est pas systématiquement appliqué lors de morsure.
De nos jours, la rage humaine est rare dans l’Ouest Africain.
Delahousse et coll. (1959), rapportant deux observations, précisent, en
effet, qu’il n’y a eu que 5 cas reconnus au Sénégal au cours des dix dernières
années. Cependant, on doit tenir compte du fait que tous les cas de rage
i
humaine ne sont pas signalés aux au.torités médicales. Pour notre part,
nous avons eu connaissance au cours des 5 dernières années de 3 cas de
rage humaine, cliniquement typiques,, et pour lesquels l’existence d’une

morsure infectante ne faisait pas de dout.e. Quoi qu’il en soit, cette affection
PPC rJlrP

Symptomatologie
La symptomatologie de la rage humaine est classique dans son
ensemble.
La fièvre, l’inquiétude, l’excitation sont presque constantes ;
l’hydrophobie constitue un signe habituel de la maladie. De même que
chez le chien, les formes atypiques ne sont pas exceptionnelles et les auteurs
qui relatent les observations insistent généralement sur la difficulté du
diagnostic clinique, Boizon et coll. (1953), les troubles nerveux n’autorisant
nullement à affirmer une étiologie rabique. La durée de l’évolution de la
rage est généralement courte, 3 ou 4 jours, mais on a observé au Sénégal
un cas de,rage ayant evolué en 12 jours.
Lésions
Si les lésions habituelles de la rage peuvent se rencontrer dans le
névraxe, la même anomalie que chez le chien est constatée : c’est l’absence
totale de lésions histologiques, Boiron et coll. (1953). Il n’est malheureuse-
ment pas fait état des lésions pouvant siéger dans le système sympathique.
Diagnostic
Comme il ressort de l’étude des symptômes, le diagnostic devient aisé
lorsque les troubles pharyngés et l’hydrophobie sont apparus. Dans la
rage atypique, le diagnostic expérimental s’impose. Dans l’observation de
Boiron et Camain (1953), le diagnostic histologique était totalement
négatif et, sans les circonstances qui ont amené le malade à l’hôpital, la
rage n’aurait pas été soupconnée.
Traitement
Il n’existe pas encore de traitement de la rage déclarée.
Les travaux
de Constantinesco et Rirzu (1958 et 1959), s’ils sont prometteurs, ne
permettront un espoir que sur les individus qui auront reçu un traitement
de type pasteurien. Notons cependant l’effet heureux du viadril, alors
que la déconnection par le cocktail lytique habituel n’a pu être obtenue,
Delahousse et coll. (1959).
Il n’a pas été possible de noter par l’étude des publications une
réceptivité plus marquée du jeune âge comme chez le chien. Néanmoins,
les faux échecs de traitement, lorsque celui-ci est appliqué dans de bonnes
conditions, concernent toujours des enfants dans les observations relatées
en A.E.F. par Depoux et ses collaborateurs (1958), alors que les faux
d
échecs mentionnés chez les adultes ont pour origine un traitement appliqué
tardivement après la morsure (19, 28, 41 et 74 jours). Cette notion doit
conduire, en Afrique comme ailleurs, à l’application très précoce du
.
traitement.
Mentionnons toutefois que dans l’Ouest Africain, il n’y a pas
eu, à notre connaissance, d’échecs ou de faux échecs du traitement anti-
mh;n,,e 31, c-rn,re ,im in ri,=rn;&r,=c annbpc

CONCLUSION GENERALE
La rage présente dans l’Ouest .4fricain des caractères particuliers.
L’animal vecteur habituel est le ch.ien.
La rage qu’il contracte est
heureusement souvent de type “ fermé “, ce qui limite l’extension de la
maladie, au contraire de celle du chat, beaucoup plus rare.
La symptomatologie peut être atypique, aussi bien chez l’homme que
chez le chien, et l’on peut déceler chez ce dernier des formes frustes dont
l’animal guérit et des formes inapparentes (porteurs sains de virus). La
plus grande réceptivité du jeune chien se trouve partiellement sous la
dépendance de la faible teneur de son sérum en y globulines.
Les lésions de la maladie sont toujours plus discrètes qu’en pays
tempéré, ce qui est très heureux, car le jour où un traitement de la rage
déclarée sera possible, comme le laissent entrevoir certains travaux récents,
la “ restitutio ad integrum ” du système nerveux sera possible ;
les
séquelles seront minimes.
Nous souhaitons que des recherches aussi prometteuses aboutissent
le plus rapidement possible.
Article reçu pour publication le fr Juin rg5g.
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Villemot, J. M., et Provosf, A. b) Rev. Elev. Med. vet. Pays trop. (1g58), II,
387-397,
Summary.
The author is of the opinion that rabies infection manifests different
characters, which are associated with climate and geographical latitude. From
observations made at Dakar on both domestic and fera1 animals, he affirms that the
classical facts in rabies are no longer valid in West Africa.
The disease in this area is of an enzootic character very rarely becoming
epizootic. There, as elsewhere, the dog is the animal most frequently infected
(90y0 of total).
The author relates the epizootology of the disease in each species with reference
to the special characters which have been noted in West Africa.
In dogs, rabies is most frequently manifested by mild paralysis of a particular
type, of which the main characteristic is a suppression of the act of voluntary
contraction although the contractile power of muscle is not affected. Atypical
forms are relatively frequent presenting probably only one of the recognised
clinical signs, e.g. gastro-enteritis followed by a short paralytic state just prior to
death, or by symptoms of encephalitis with epileptic fits resembling distemper, or
again in a consumptive form with progressive emaciation and death, and again in
an asymptomatic form or with such mild signs, unnoticeable even to the owner.
Recurrent rabies may affect an animal three years in succession at the same
season of the year (at the beginning of the rains). After a period of straying there
is hind-leg weakness with spontaneous recovery on the first two occasions. At the
third attack, paralysis and death supervene the normal syndrome. Without doubt
recurrent rabies has been noted in laboratory animals and this fact appears to
validate the observation in dogs.
Transient rabies is not exceptional. The case of an experimentally infected
dog is cited. Seven days after inoculation, there were symptoms of aggression
followed by paralysis. By the tenth day there was evidence of recovery, and two
days later the animal was normal.
A month later, it was challenged with
500,ooo LD50 mouse doses, without producing the disease, but with a considerable
rise in antibody titre in the serum. One year later, it resisted a challenge with
I,OOO,OOO LD50 mouse doses of fixed virus.
On several occasions, symptoms of mild and transient paralysis have been
i
noted in dogs bitten by stray and undestroyed dogs.
Lastly there are the healthy carriers of inapparent rabies infection. The
author has studied natural infections with rabies in such hosts as the cat, jackal,
3
equines, ruminants and the pig, and experimental rabies in laboratory rabbits,
guinea pigs, rats and mice.
Rabies may reveal the habitua1 histopathological lesions recorded from
. .
4 . .
F
1.
1
.,..
~---*1.1- Le ,.L_-‘.

the least lesion. Lesions elsewhere than in nerve tissue, such as interstitial micro-
haemorrhages on the surface of the gastric mucous membrane, are due on the one
hand to suprarenal activity and on the lsther hand to activity of the islands of
langerhans in the pancreas, but are not specific for rabies.
On the contrary, lesions characteristic for rabies in the C.N.S. are noted in
the sympathetic and rachidien ganglia.
Negri bodies of natural rabies appear
principally in Ammons horn, and less frequently in thc hippocampus
and the
Parkinge cells of the cerebellum.
They are usually of a large size, intracyto-
plasmique, and accompanied by smaller intra-nuclear inclusion bodies. They are
seen in dog rabies, in nearly 75% of cases, and always in bovine cases. Other than
the predilection sites quoted, Negri bodies are rarely seen in the sympathetic and
rachidien ganglia and the ganglion of Gaeser. In a few cases, the granular forma-
tions of Kock and Riesling have been seen.
Studies on the various diagnostic methods have shown that in West Africa,
the only valid ones are the most ancient, viz. histological esamination followed if
necessary by a biological test. Electrophoresis of serum, gel-diffusion, immuno-
electrophoresis have not proved as satisfact ory to the author as claimed elsewhere.
Insofar as etiology is concerned, the virulent tissues are the C.N.S. and the
salivary glands, the latter in only a limited number of cases.
It appears that
“ closed rabies ” i.e. where the salivary glands are not involved in the virus
infection is fairly frequent. Amongst the salivary glands the parotids are less
frequently infected than the submaxillaris. Experimental inoculation with virus
from salivary glands provokes an early excretion of virus from the salivary glands
of the experimental host, while infected nervous tissue, provokes rapidly by
passage the closed type of rabies.
Receptivity varies with age. Dogs under six months old are more receptive
to infection than those over this age. Subsequently receptivity decreases steadily
to two years of age after which there is a marked reduction.
The higher receptivity
of the Young dog is in parallel relationship with degree of y globulinés in the serum. ’
Pathogenesis.
Study of the histopathology of the early stages of infection
indicate that lesions appear in the sympathetic net-vous system before showing in
the central nervous system. Negri bodies are the sign of a defence mechanism at
work. A pyramidal ce11 enclosing Negri bodies shows a11 the critera of a very vital
state.The author completes his review by brief reference to the disease in man,
saying that since rabies in dogs in West Africa is frequently of the “ closed type ”
infection of man is unfrequent.
W. G. B.