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REPUBLIQUE DU SENEGAL
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RâINISTERE DU DMLOPPEiAENT RURAL
.
ET DE L’HYDRAULIQUE
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INSTITUT SENEGALAIS DE RECHERCHES
AGRICOLES (1 .S.R.A.)
**********
DEPARTEMENT DE RECHERCHES SUR LES
PRODUCTIONS ET LA SANTE ANIMA~
**********
LABORATOIRE NATIONAL DE L’ELEVAGE
ET DE RECHERCHES VETERINAIRES
BP 2057
DAKAR - HANN
INTRODUCTION AUX METHODES DE SUIVI
DES PARAMETRES DE LA GESTION DES
RESSOURCES FOURRAGERES
Par
Dr Amadeu Tamsir DIOP
Communication présentée à l’atelier
sur les méthodes de suivi au sol des
REF. .W’ ‘48 /AGROSTO.
ressouT<-es pastorales et de leur
JUILLET ‘1990.
gestion du 11 au 16 juin 1990
Bamako

RE!SUME
Cette communication à l’atelier “Formation”, organisé par le CIPEA dans le
cadre du réseau de suivi pastoral, est une introduction aux débats sur les
méthodes de suivi de la gestion des ressources fourragères.
L’auteur définit dans un premier temps les objectifs de ce type de suivi,
donne les paramètres de gestion à suivre et enfin précise les méthodes
susceptibles d’être appliquées.
MOTS-CLES
Suivi - Ressources fourragères - Méthodes - Capacité de charge - Charge
animale - Taux d’exploitation - Fréquence pastorale - Taux de préférence.

1, INTRODUCTION
En zone sahélienne où il y a une grande variabilité de la pluviométrie, la
mise en place de stratégies aptes à permettre une adaptation permanente
entre la productivité primaire et secondaire est plus que nécessaire pour

une préservation des écosystèmes pastoraux.
La mobilité adoptée par les éleveurs pour exploiter les pâturages se justifient
donc largement.
Toutefois, cette grande flexibilité de l’exploitation liée à la variabilité de la
productivité rend très difficile la définition et l’application d’un programme

de suivi de la gestion des parcours. Mais comment pouvons-nous penser
améliorer les ressources pastorales si on n’a pas les éléments nous permettant
de faire le bilan de leur utilisation ?

Notre propos sera donc de réfléchir sur les objectifs et la méthodologie de
suivi de la gestion des ressources fourragères en zone sahélienne.
II. LE!% OBJECTIFS DU SUIVI DE LA GESTION DES RESSOURCES FOURRAGERES
Le suivi de la gestion des ressources fourragères devra être un support pour
une meilleure utilisation des parcours.
Entre autres objectifs à atteindre donc, nous citerons :
- l’information des producteurs et des autorités des zones potentielles de
pâturages ;
- la participation à l’utilisation des autres ressources (sol, eau.. . ) et à
l’amélioration de l’implantation des infrastructures pastorales ;
- la mise en évidence des effets négatifs d’une gestion afin de proposer des
modes d’exploitation permettant une pérennité des ressources fourragères
et une amélioration des productions animales.
. . . / . . .

- 2
III. LES PARAMETRES DE SlJIVI DE IA GESTION
DES lIESSOURCES FOURRAGERES
Parmi les paramètres qui peuvent être retenus dans le cadre du réseau,
nous citerons : la charge, le taux d’exploitation, la fréquence pastorale et
le taux de préférence.
- La capacité de charge (CC) d’un pâturage est définie comme étant la quan-
tité de bétail que peut supporter le pâturage sans se détériorer. II permet
donc de prévoir la charge animale d’un parcours notamment en fin de saison

des pluies.
- La charge animale (CA) désigne le nombre d’animaux présents sur un pâtu-
rage. Elle s’exprime en nombre d’UBT/unité de surface (ha ou km2).
- Le taux d’exploitation (TE) d’un parcours représente la fraction du disponi-
ble fourrager réellement consommée par le cheptel. II évolue selon l’intensité
et la durée de la pâture, les espèces animales présentes et la composition
floristique et I’appéti bilité des espèces végétales.

- La fréquentation pastorale (FP) est l’indice de présence des animaux sur
un pâturage. Elle sera déterminée notamment en tenant compte des zones
de rassemblement du cheptel (points d’eau, lieux de stabulation des animaux.. . )
- Le taux de préférence (TP) est le rapport entre la contribution spécifique
’ d’une espèce dans le régime de l’animal d’une part et dans le pâturage d’autre
part (GUERIN, 1987). II permet de déterminer pour différents types de pâtu-
rages la composition pluri5pécifique du cheptel et la charge permettant de
maintenir la végétation en équilibre ou de l’améliorer, d’optimiser les produc-
tions animales et de déterminer les espèces “utiles”, “menacées” ou “envahis-
santes”.

A côté de ces paramètres de suivi de la gestion des ressources fourragères,
il serait aussi intéressant de noter les facteurs pouvant nous permettre de
comprendre les variations de fréquentation des parcours par les différentes
espèces animales dans un but de prédiction des charges.
. . . / . . .

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Nous citerons :
- la composition floristique (certaines espèces étant considérées comme étant
plus ou moins appétées selon les espèces animales) ;
- le type de sol (les parcours étant plus ou moins considérés comme de bonne
qualité selon la nature de leur sol) ;
- la situation épidémiologique (la présence de vecteurs de maladies peut faire
qu’une zone de parcours soit désaffectée : les tiques, les rongeurs, insectes,
e t c . . . ) ;

- l’état des fourrages (ils sont plus ou moins consommés selon leur état de
verdure, le stade végétatif au moment de leur dessèchement et leur couleur
à l’état sec) ;
- l’importance des autres ressources naturelles (eau notamment) et des infras-
tructures administratives et sanitaires.
IV. METHODES DE SUIVI DES PARAMETRES DE LA GESTIOM
DES RESSOURCES FOURRAGERES
La détermination et le suivi du mode d’utilisation des ressources fourragères
nécessite la combinaison de plusieurs méthodes d’études dont le choix et I’appli-
cation devra se faire en fonction de l’objectif visé.
Plusieurs échelles d’études, allant du site au territoire pastoral, vont servir
de lieux de suivi de la gestion des ressources fourragères.
Le territoire pastoral sera défini comme étant une zone où la gestion des pâtu-
rages se fait de la même façon (zone d’endodromie par exemple).
Selon son étendue et les variantes dans la gestion, il pourra être scindé en
sous-zones composant les sites (zone d’influente d’un point d’eau).

La délimitation de ces différents niveaux d’études se fait par enquêtes auprès
des éleveurs .
/
. . . . . .

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La détermination de la capacité de charge nécessite la connaissance du dispo-
nible fourrager et de la quantité de fourrage ingérée par un animal.
En général, on considère qu’il faut 2,5 kg de MS pour un animal de 100 kg
de poids vif.
Dans la mesure où l’utilisation des pâturages se fait simultanément par plusieurs
espèces animales, I’UBT (animal de 250 kg) sera l’unité de travail.
En dehors des difficultés liées à la conversion des espèces en UBT (par exem-
ple I’UBT bovin varie selon les auteurs de 0,71 à 0,81, ovin de 0,lO à 0,15
et caprin de 0,08 à 0,15), se pose le problème de la détermination de la part
réelle des fourrages (herbacées et ligneux) qui pa,rticipent à l’alimentation du
cheptel.
En effet, en l’absence de pâture, on considère qu’en zone sahélienne, la bio-
masse herbacée utilisable par le cheptel représente à la fin de la saison sèche
le 1/3 de la production fourragère totale ; les pertes de biomasse par dégrada-
tion naturelle peuvent être estimées à 34 % de la biomasse de fin de saison des
pluies d’octobre à décembre, 12 % de janvier à mars et 30 % d’avril à juin.
HIERNAUX, 1989).
La part des fourrages ligneux à inclure dans le disponible alimentaire est aussi
très variable. Elle est fonction notamment de la plante (appétibilité, accessibi-
lité . . .), de l’espèce animale (les ovins consomment plus de ligneux que les
bovins et moins que les caprins) et de la disponibilité en fourrage herbacé

(en cas de déficit de la biomasse herbacée, les bovins peuvent avoir plus de
50 % de ligneux dans leur régime) (SHARMAN et GNI NC, 1983).
Dans la mesure du possible, il est nécessaire de tenir compte de la nature
(viande, lait, travail.. . ) et des niveaux (quantités) de productions à atteindre
dans la détermination de la capacité de charge.
L’appréciation de la charge animale se fera à partir du recensement des effec-
tifs animaux. Au cas où l’unité de gestion est centré sur un point d’eau,
l’appréciation de la charge pourra être faite en fonction de sa fréquentation
par les troupeaux.

. . ./ . . .

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La comparaison de la charge animale à la capacité de charge indique qu’elle
est :
- faible si
CA < CC
- correcte si CA = CC
- excessive si CA > CC
II faut cependant dire que la réalité est plus complexe car les performances
zootechniques sont parfois meilleures sur un pâturage à charge excessive que
sur un pâturage à charge faible.
Le taux d’exploitation est le rapport entre la biomasse consommée (BC) par le
cheptel et la biomasse totale (BT).
BC = biomasse totale (BT) - pertes (P) - biomasse restante (BR).
La biomasse restante est celle des pailles pour les annuelles et celle non consom-
mée pour les pérennes au moment de la détermination du taux d’exploitation ;
on l’appelle biomasse résiduelle si la mesure est faite en fin de saison sèche.

Selon le taux d’exploitation, les classes de pâture suivantes peuvent être
retenues :
*
0 % - - pâturé
* 50 -
75 % - - bien pâturé
*
0 - 25 % - - peu pâturé
* 75 - 100 % extrêment pâturé
* 25 - 50 % - - pâturé
La fréquentation pastorale pourra être appréhendée par l’observation des
empreintes des animaux sur le sol. Dans le cas des pistes du bétail et des
fécès, on pourra procéder par comptage de leurs interceptions avec une ligne ;
on aura ainsi à ‘déterminer le nombre de pistes ou de fécès par unité de longueur
(méthode similaire à celle des points quadrats de DAGET et POISSONNET utilisée
pour l’étude de la composition floristique).
Autre méthode pouvant être utilisée est celle de l’observation des marques de
broutage. Elle demeure toutefois très difficile à appréhender notamment pour
les herbacées pérennes et les ligneux pour lesquels l’effet du broutage ne de-
vient réellement visible que dans les stades ultimes.
. . ./ . . .

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Cette méthode pourrait cependant être combinée à celles déjà citées pour mieux
préciser l’intensité de l’utilisation d’un pâturage.
Les préférences alimentaires des animaux peuvent être étudiées par des métho-
des visuelles de terrain ou par des méthodes de laboratoire.
Les méthodes visuelles consistent à énumérer les espèces et les organes apparem-
ment les plus consommés. Elles permettent de les classer selon leur appétibilité.
La quantification des observations visuelles fait appel à la notion de prise alimen-
taire déterminée à partir du nombre de bouchées ou du coup de dents.
L’analyse botanique des fécès fait partie d’un groupe de méthodes basées sur
l’identification micro-histologique des épidermes (organisation et différenciation
des cellules, poils, stomates, phytolites. . . ), spécifiques à chaque espèce.
Dans un premier temps, la confection d’un atlas décrivant les caractéristiques
anatomiques des plantes présentes sur nos parcours est nécessaire.
Quant à la collecte des données sur la mobilité pastorale, le choix se situe entre :
- le suivi des éleveurs lors de leurs déplacements (ce qui permet d’avoir des
informations complètes sur tous les mouvements des éleveurs suivis mais
exige des moyens logistiques et en personnel relativement importants);
- l’utilisation des enquêtes à leur retour dans leur zone de repli (campement
de saison des pluies par exemple).
La gestion des ressources étant un processus continu, son suivi devrait aussi
se faire de façon continue ou tout au moins sur un certain nombre d’années et
durant les deux saisons (saison sèche et saison des pluies).

Avec la parfaite collaboration de l’agent de l’élevage par exemple, il serait
possible d’obtenir régulièrement, sinon pour certains paramètres (mobilité,
fonctionnement des ouvrages hydrauliques, situation sanitaire, etc.. .) des élé-

ments d’information.
Des modèles de fiche à inclure dans leurs rapports mensuels devront être éla-
borés à cet effet.

. . .l . . .

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V. CONCLUSION
Les éléments de suivi des paramètres de la gestion que nous venons de présen-
ter sont ceux que nous avons jugés les plus pertinents.
La grande variabilité des modes de gestion fait donc qu’ils sont loin d’être
exhaustifs et nous espérons qu’avec l’expérience des uns et des autres qu’ils
seront complétés et enrichis.
Toutefois, nous devons avoir à l’esprit le souci d’être concis et pratique pour
mieux servir le développement.

-8
B I B L I O G R A P H I E
- GUERIN (H.) (1987) - Alimentation des ruminants domestiques sur pâturages
b naturels sahéliens et sahélo-soudaniens : étude méthodologique dans la
région du Fer-10 au Sénégal.
Th. Doct. Ing. ; ENSA : Montpellier ; 211 p.
- HIERNAUX (P. ) (1988) - Le suivi des ressources pastorales et de leur ges-
tion en regard des productions animales qu’elles engendrent au Sahel -
Approche méthodologique - Document de travail à l’atelier sur le suivi des

ressources pastorales au Sahel ; Niamey du 06 au 15 février 1988. -
51 p. + 16 annexes.

- SHARMAN (M.J.) et GNING (M.) (1983) - Comportement du cheptel au
Ferlo - Résultats des suivis quotidiens. - Comm. Coll? sur les méthodes
d’inventaire et de surveillance continue des écosystèmes pastoraux sahé-
liens. Application au développement. - Dakar : 16, 17, 18 novembre 1983 ;
PP : 209-221.