SEMINAIRE PRODUCTION ANIMALE 24 - 26 MARS 1981 ...
SEMINAIRE PRODUCTION ANIMALE
24 - 26 MARS 1981
CONSIDERATIONS SUR LES CONTRAINTES
PATHOLOGIQUES D'ORIGINE-: BACTERIENNE ET
MYCOPLASMIQUE CHEZ LES HERBIVORES
Par M. P. DOUTRE
Docteur vétérinaire
Chef du Service de Bactériologie du LNERV
REF. No 0341MICROBIO
MARS 1981

Toute production animle sous-entend -et c'est une lapalissade- non
seulemsntunanimalvivant,mais
encore enbonne santé, etceciquelles
que soient l'espèce considérée et la production envisag6e... Une poule
mrte nepondplus,une poule-de faitder&meoupondmins... Si
l'on excepte la production des foies gras et celle du veau blanc -incon-
nues danslespays tropicaux-, la maladie n'a jamais cmstitué un para-
mètre d'intensification du développemmt d'une production animale . . . Aus-
si traiter des contraintes pathologiques dans le développement de l'éleva-
ge équivaut à enfoncer avec force élan une porte entreb&llée... Chose que
nous allons néanmoinsaccarnplir . . . en nous limitant, en raison de noté
spécialité professionnelle, aux mladies infectieuses provoquées par les
bactéries et les mycoplasmas,chez les herbivores domestiques.
Nous voudrions, d'e&lée, dissiper une affirmation entendue plusieurs
fois au cours des années passées, à savoir : "au Sénégal, les problèmes pa-
thologiques sont désormais résolus, attzmuons-nous mintenantauxactions
qualifiées de "développemnt" "... En fait, les problèmes pathologiques ne
sont nullement r&olus, mis ce que l'on peut avancer c'est que des solu-
tions, scientifiques et rwtkmnelles, à apporter sontleplus souventcon-
nues, ce qui ne signifie nullement qu'elles soient applicables ou appliquées
et ceci pour maintes raisons que nous allons essayer de dégager en nous at-
tachant à quelques exemples P*is.
Nous nous placerons tout d'abard dans les conditions les plus favora-
bles en évoquant la péripneumonie contagieuse des bovidés,. Grâce awc cam-
pagnes nationales annuelles de vaccinatim, la maladie a disparu du pays.
En 1980, aucun cas n'a été signalé et la situation ne pourrait être plus
satisfaisante... et pourtant que s'achève l'action pmphylactiq,ue réguliè-
remznt menée et l'affection réapparaFtm... Elle est actuellemnt présente
dans tous les pays voisins et peut êlme r6ntroduîte quotidiennemnt à l'oc-
casion des rmuvemnts d'animaux aux frontières... Que cessent les vaccina-
tions pratiquées par 1'Admînistration et de nouveaux foyers éclateront...
La couverture prophylactique doit donc être maintenue, avec ses charges,
aussi longtemps que la situation sanitaire n'aura pas atteint un niveau
équivalent dans les états qui jouxtent le Sénégal.
/
l . . ,..

-2
Avec les charbons, symptomatique et bact'kidien, nous aborderons un
nouveau "niveau" de contrainte... Pour ces deux maladies, 1'Administmtion
ne procède pas à des campagnes de vaccination annuelles, mis n'intervient,
aux frais de l'éleveur, que lorsque les foyers sont déclar&, c'est-à-dire
que lorsque des cas sont apparus chez l'animal, bovin ou muton, ou m%~
chez l'hcmm pr&entant des pustules charbonneuses contractées lors de
transport de carcasses contamir&es ou IT&-E atteint de charbon intestinal,
lors de consomation de viande charbonneuse (J. PUECH et J.C. AUVERG&4T.
-Persistance de l'endémie de charbon humain en Basse-Casamnce : Médecine
tropicale, mi - juin 19'78, 38 (3) : 279 -
-
280). Ainsi la prophylaxie 16
dical.e n'est mise en oeuvre q.ue si l'éleveur signale l'apparition d'une af-
fection mrtelle dans son troupeau et que s'il consent à payer . . . Le man-
que d'tiomtion, la nkonnaissance des dangers de propagation, la crainte
de devoir débourser font que le propriétaire peut informr, avec un retard
plus ou mins grand, l'autorité responsable qui dispose pourtant d'un vac-
cin dont l'efficacité n'est mise en doute par personne... Arme absolue, cer-
tes... si llAdministration effectuait des campagnes de vaccination annuelles,
efficaces mis coûteuses... Ou si, en dehors de l'apparition de tout foyer,
l'éleveur, sensibilis6 à la mnace qui p&e sur ses animaux, faisait de lui
~~IIE, en temps voulu, procéder à la vaccination...
Il n'existe pas de vaccin contre la dermtophilose (ou streptothricose),
affection cutanée bien connue qui appar& avec la saison des pluies <Cap-
Vert, Sine-Saloum, Casamnce, etc . ..) et qui constitue une entrave à la trac-
tion animale et un facteur de déprkiation des peaux. Mais, à la fexm de
Sangalkam, des animaux importés, particulièrement sensibles, ignomt la ma-
ladiecarlepouvoir rémanant des insecticides, utilisés lors des séances
hebdomadaires de détiquage (spray) pratiquées pour des mtifs divers., fait
que les microtra~s cutanés, provoqués par les insectes piqueurs, sont for-
temmt dimir&s et ~$RE annul6s... De plus, l'apparition d'une lésion minim
de dex-mtophilose SUI? tout animal déclenche une intervention im&iate : l'u-
tilisation à dose massive et répétée, si besoin est, d'antibiotiques appm-
priés (unique ou associés). Au niveau des c omrmautés rurales, il est actuel-
lemmt difficile d'envisager le passage de tous les animaux sensibles dans un
0.. /
.
.
.

-3
dip ou sous un spray. Quant au traitemnt, il doit être pr&oce, appli-
qué avant toute généralisation des lésions, il est coWeux, il exige des
doses massives d'antibiotiques, pratiquement non disponibles en milieu ru-
ral. Aussi, la streptothricose se maintient dans les troupeaux en fonction
des fluctuations climitiques... la sécheresse lui étant défmrable . . . et
seuls les animux suivis de quelques centres se voient protégés efficace-
mnt contre la n-aladie.
Avec la brucellose bovine, nous abordons un exemple encore plus éloi-
gné, si j'ose dira, de l'action. Les études épidémiologiques ont rmntr6 que
la maladie connafit une grande extension en Casarrance et dans une partie du
Sine-Saloum, les taux d'infection ont été déterminés, l'agent causal camc-
térisé jq'au niveau du biotype, mis il y a encore quelques ankes, en
milieu vétérinaire, on discutait pour savoir si, en pays tropical, la bru-
cellose avait la même importance sur le croît du troupeau que dans les pays
industriels, européens par exemple... Certains soutenaientqueles femelles
supportaient finalerrent très bien leurs brucelles et que ces dernières n'em-
pêchaient nullement la production de veaux. Il a fallu des enquêtes plréci-
ses, au niveau de l'éleveur, mis en confiance, pour garantir un fait : l'u-
nicité de l'effet de Ekucella abmtus en matière d'avortement, et ceci en
Afrique tropicale aussi bien qu'ailleurs... Alors que faire ? Jusqu'à ce
jour les éleveurs . . . come les bovins vivent avec la brucellose et seuls
des responsables vétérimires s'interrogent sur l'action prophylactique
éventuelle àrrmer : dépistage sérologique préalable, abattage de certains
sujets, indemnisation du propriétak, utilisation de tel ou tel vaccin
suivant l'âge de l'animal, op&ation localisée à une r6gion limitée ou gé-
néralisée, recherche de sources de financement, etc... k problèm est dé-
sor7r&is posé... Des solutions cmt 4% envisagées déjà au Tchad et en C&e
d'ivoire... Elles doivent constituer un stinuïlant, mis jusqu'alors, seuls
les CRZ de Ikhra et Kolda, le CRA de Bambey sesont inquiétés de l'impact
possible de la brucellose sur leurs animaux.
Péripneunmie, charbons, demtophilose, brucellose constituent des 2-
mladies que tout agent de la D.S.P.A. doit pouvoir diagnostiquer, ou tout
au moins des affections pour lesquelles il sait ce qu'il doit faire pour
. . /. ..,

-4
prkiser son diagnostic, en recow33n-t à l'analyse bactériologique ou sém-
logique accomplie au laboratoire. Mais peut-on reprocher au r&me agent
sénégalais d'ignorer l'agalaxie contagieuse de la chèvre ? Selon le ni-
veau des études qu'il a suivies, il n'a, soit jamais entendu prononcer
le nom de la maladie, soit appris que l'affection était inconnue en Afri-
que de l'Ouest, mais que par contre, elle était comume dans les pays du
bassin r&ditemanéen. Or un foyer typique d'agalaxie contagieuse vient
d'être décrit, en novembre 1980, dans la &gion de Thiès <village de E?m-
dia) et cela pour la première fois au Sénégal. L'étude détaillée du foyer
et de l'agent causal un mycoplasme (Mycoplasm agalactiae) a été rendue
possible @ce à l'observation effectuée par un fonctionnaire subalterne,
q,ui suspectait certes la brucellose, mais qui éprouvait néanmins des dou-
tes quant à la conclusion mmentanée à laquelle il était parvenu... Intel-
lectuellerraent motivé, cet agent a perçu qu'il y avait là peut-être quel-
que chose de nouveau... Ne craieant nullemnt "de perdre la face*' en éta-
lant une erreur, ou un manque de connaissance, il s'est tourné vers d'au-
tres qu'il supposait, à plus ou moins juste titre, détenir la "vérité"...
et le hasard aidant, l'agalaxie contagieuse est venue allonger la liste,
déjà trop longue, des maladies connues au Sénégal. L'éleveur mlheureuse-
ment n'a guère profité de tout ce zèle., car le coût du traitement, très
aléatoire, dépassait nettement la valeur des animaux atteints (photogra-
phies).
Ainsi des affections nouvelles apparaissent, des maladies jusqu'alors
circonscrites g&graphiquenmt voient leur zone d'extension se modifier en
fonction des muverrmts d'animauxg liés eux-m&res à des contingences variées,
par exemple climtiques,ccmm la sécheresse...
On ne peut mentionner le déficit pluviométrique et l'apparition de ma-
ladies nouvelles, sans faire une br&e allusion au botulisme qui, à la fin
des années 60, décim pour la première fois les troupeaux du Fer10 et fût
égalerrent responsable de foyers limités en d'autres points du Sénégal. Ncm
pensons en effet que le déficit pluvicmétrique a joué un rôle essentiel dans
le déclenchement de la maladie en mdifiant les conditions d'abreuvemnt
des chats harets et des petits mmnifères sauvages qui sont venus se noyer
. . . / . . .

-5
dans les anciens puits traditionnels ou dans les rkervoirs et abreuvoirs
des forages. Les deux schémas suivants que nous allons projeter perrne-ttrmt
de prkiser cette hypothèse.
Pour terminer avec les possibilités d'apparition de maladies nouvelles,
nous tenons à attker l'attention sur le fait que toute mdification,appor-
tée aux conditions d'élevage tmditionnel,peut être à l'origine d'affections
jamis jusqu'alors rencontrées : entémtoxémie chez des rmutons recevant une
alimentatim hyperprotidique, chez la même espèce, affections respirstoires
causées par des mycoplasms chez des sujets vivants concentrk en bergerie,
mmites chez les vaches laitières des fermes expérimentales, affections du
pied, etc...
Pour conclure, nous dirons que pour limiter les contmintes pa-thologi-
ques en matière d'élevage, il est nécessaire de faire porter un effort sou-
tenu sur plusieurs plans :
- awntatîon des myens mis à la disposition des agents qui exercent une
activité sur le terrain, et contr6le rigoureux de l'utilisation de ces
mryens 3
- accroissement de l'informtion de l'éleveur par le biais des différents
organismes d'encadremn t dont le personnel doit recevoir une formtion
scientifique suffisante, mais aussi être in&ress6 par l'action de déve-
loppemnt à laquelle il participe,
- poursuite de toutes les activités de recherches qui permet&& pmgressi-
vemnt de mieux cerner les problèmes et d'apporter des solutions rklistes
et suivies, et ceci en liaison avec les organismes de développeront.