INSTITUT D’ELEVAGE ET DE MEDECINE VETERINAIRE DES...
INSTITUT D’ELEVAGE ET DE MEDECINE
VETERINAIRE DES PAYS TROPICAUX
REVUE D’ÉLEVAGE
ET DE
MÉDECINE VÉTÉRINAIRE
DES PAYS TROPICAUX
Note sur le portage buccal
de « Pasteurella multocida » chez les chats
vivant dans l’agglomération dakaroise
par M. P. DOUTRE, P. PERREAU et M. SANE
*
i
Tome XXVIII (Nouvelle série)
No 1 - 1975
l
..3
.
VIGOT FRERES, EDITEURS
23, rue de I’Ecole-de-Médecine, Paris-VI’
.-- -
--

Rev. Elev. Méd. vét. Pays trop., 1975, 28 (1) : 21-23
Note sur le portage buccal de Pasteurella multocida
chez les chats vivant dans l’agglomération dakaroise
par M. P. DOUTRE (*), P. PERREAU (**) et M. SANE (*)
RESUME
Au cours d’une enquête effectuée dans l’agglomération dakaroise sur
le portage buccal de Pasteurella multocida chez le chat, 25 souches ont
été isolées et leurs caractères biochimiques et sérologiques étudiés. Cinq
souches ont été également obtenues à partir de vingt trois écouvillonnages
recueillis chez le rat. En pays tropicaux, les risques encourus par les per-
sonnes amenées à manipuler des chats pour des raisons professionnelles
ou autres sont les mêmes qu’en pays tempérés.
Le rôle tenu par les morsures et les griffades
hivernale, elt soulignent les incidences de telles
#animaux familiers, tout particulièrement celles
constatations sur les risques encourus par
dues au chat, dans l’origine des affections à l’homme mordu ou griffé.
Pasteurella multocida chez l’homme, est un fait
bien connu.
Dans les agglomérations africaines, si l’on
excepte les individus de compagnie, les chats
En 1970, HUBBERT et ROSEN étudient
se rencontrent en très grand nombre, à l’état
dans deux publications l’infection humaine, due
errant le plus souvent.
à ce germe, survenue soit à la suite d’une
morsure animale (l), soit sans que ce mode
L’animal se procure sa nourriture par ses
de transmission puisse être invoqué (2). En
propres moyens,
aussi ses contacts avec
1972, TINDALL et HARRISSON présentent
l’homme sont-ils rares. A cet égard, on peut
un travail voisin du premier article de HUB-
noter la différence faite, dans les pays de
BERT et ROSEN (4). La même année,
l’Ouest africain de religion musulmane, par les
OUDAR et Collab. attirent l’attention sur la
habitants dans leur attitude vis-à-vis du chien
fréquence des isolements de Pasteurella multo-
et du chat. Sans constituer une espèce (( mau-
cida effectués à partir d’écouvillonnages de la
dite )), comme beaucoup le supposent, le chien
cavité buccale de chats vivant dans la région
est utilisable, à la garde par exemple, mais le
lyonnaise (3). En 1950/51, ces auteurs isolent
propriétaire ne lui manifeste aucune attention
54 souches à partir de 179 prélèvements, en
1970/71, 32 souches sur 58 prélèvements. Ils
particulière, il est tenu à l’écart.. . Ne dit-on pas
concluent que dans 30 à 50 p. 100 des cas,
qu’après avoir touché un chien, il faut se laver
cette espèce animale présente un portage pas-
sept fois. . . Il en va tout autrement du chat,
teurellique rencontré de préférence en période
que l’on apprécie certes pour la destruction
des rongeurs, mais qui peut aussi faire l’objet
d’un attachement d’ordre affectif.. . Des mara-
(*) Laboratoire National de Recherches Vétéri-
bouts maures élèvent des chats.. . En réalité,
naires, Service de Bactériologie, B.P. 2057, Dakar-
Hann, République du Sénégal.
quelles que soient les recommandations reli-
(**) Service de Bactériologie du Siège Central de
gieuses, chiens et chats errants pullulent et diva-
U.E.M.V.T.,
10, rue Pierre Curie, 94700 Maisons-
Alfort.
guent dans les villes et leurs faubourgs, a&
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comme conséquence toujours possible l’entre-
sang, gélose-tryptose-sérum. Après culture de
tien et l’extension des foyers de rage.
24 h à 37” C, les colonies retenues à l’examen
direct sont isolées. La diagnose du germe repose
Chez l’homme, les affections à P. multocida
essentiellement sur l’observation de la morpho-
sont rarement diagnostiquées; le plus souvent
il s’agit d’adéno-lymphangites. En 1971, un
logie après coloration de Gram et des carac-
malade, hospitalisé à Dakar avec des symptô-
tères des cultures en eau peptonée (positive,
mes encéphalitiques, succombait quelques jours
indol + ) et en eau de levure (absence de
plus tard d’une septicémie à P. multocida, sans
culture).
que l’origine de la maladie n’ait pu être précisée.
Il est indispensable de procéder, lors de
Dans ces conditions, il est apparu intéressant
l’obtention du prélèvement, à un écouvillonnage
de rechercher l’existence du portage buccal de
léger, sinon, au moment de l’ensemencement
P. multocida chez les chats de la région du Cap
sur boîte, la prolifération d’une flore buccale
Vert et d’essayer d’évaluer son importance.
microbienne importante rend tout isolement
impossible. En raison de cette considération,
le pourcentage des résultats obtenus ne peut
1. MATERIEL ET METHODES
être que par défaut.
A. Matériel
Des écouvillonnages du palais, de l’espace
II. RESULTATS
glosso-gingival et gnathogingival sont effectués
sur des chats capturés pendant un court instant
A. Nombre de souches de P. multocida
sur les deux marchés les plus importants de
isolées
Dakar (Kermel et Sandaga) où subsiste une
Vingt-cinq souches de P. multocida sont
population errante importante de ces animaux.
isolées à partir des écouvillonnages effectués
Un marquage à l’oreille portant sur les individus
dans la cavité buccale du chat.
déjà saisis évite la possibilité de deux interven-
tions successives sur le même sujet. Quelques
Cinq souches sont obtenues à partir des
prélèvements proviennent de la clinique admi-
prélèvements provenant de R. rattus; mais deux
nistrative où, deux fois par semaine, les étu-
d’entre elles se sont révélées par la suite appar-
diants de l’Institut vétérinaire reçoivent un
tenir à l’espèce P. pneumotropica. Aucune n’a
enseignement clinique pratique. D’autres ont
été isolée de C. gambiunus.
été rendus réalisables par des propriétaires qui
ont mis à notre disposition leurs animaux.
Le pourcentage de porteurs, chez le chat
(36 p. 300), est voisin du chiffre obtenu par
La répartition est la suivante :
OUDAR et Collab. dans la région lyonnaise.
- Marché Kermel . .
18 prélèvements
- Marché Sandaga . . 18 »
B. Etude biochimique et sérologique
- Institut vétérinaire . 14 »
des souches isolées
- Chats d’agrément . . 19 »
l Biochimie
69 prélèvements
Etudiés selon les méthodes classiques, les
caractères positifs suivants sont relevés :
A titre d’information, des prélèvements sont
catalase, d ( + ) glucose, galactose, ribose,
également recueillis dans la cavité buccale de
d (-) lévulose, d (+) mannose, saccha-
23 rats noirs (Rattus rattus) et de 8 rats de
rose, nitrate de potassium.
Gambie (Cricetomys gumbianus) capturés sur
la concession du laboratoire.
Ainsi que les caractères négatifs :
oxydase, glycerol, d (-) arabinose, 1 (+)
B. Méthodes
arabinose, adonitol, dulcitol, meso-inositol,
Les écouvillonnages sont directement ense-
dextrine, amidon, gélatine, urée, eau de
mencés sur boites de Pétri gélose-tryptose au
levure.
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l
Sérologie
puisse toujours être faite sur des colonies
fraîchement isolées.
L’identification du sérotype capsulaire, selon
la méthode de Carter, a montré que les quinze
souches de chat qui ont pu être typées appar-
tenaient toutes au groupe A. La seule P. mzdto-
III. CONCLUSIONS
cidu typable de rat appartenait au groupe D.
Les résultats obtenus à Dakar recoupent les
Plus intéressants sur le plan épidémiologique
données acquises dans les pays tempérés. En
sont les résultats de la recherche des antigènes
zone tropicale, la fréquence du portage pasteu-
somatiques (selon la classification de Namioka)
rellique chez le chat permet de préciser les
pour les quinze souches de chat :
risques encourus par les personnes mordues
- deux sont A : 9,
ou griffées par cet animal familier, en particu-
- quatre sont A : 3,
lier dans l’exercice de la profession vétérinaire.
-
Le rat noir, de même, héberge fréquemment
neuf sont A : 7.
P. multocidu dans sa cavité buccale (3 souches
Le type 7 est donc numériquement le plus
isolées à Dakar sur 23 prélèvements) (1); doit-
répandu chez les chats de Dakar; c’est aussi
on voir là l’origine de l’infection du chat, ou
le type de la souche isolée du cas humain de
considérer tout simplement que bon nombre
septicémie mortelle. Le caractère Rough acquis
d’espèces omnivores abritent ce germe, avec
précocement par certaines souches a rendu leur
beaucoup d’autres, au niveau de la bouche pour
sérotypie impossible; il aurait fallu que celle-ci
des raisons bien difficiles à préciser ?
SIJMMARY
Cats of Dakar urban tenter as buccal carriers of
Pasteurella multocida
A survey, i’n the Dakar urban tenter, on the presence of P. multocida
in the buccal cavity of cats was carried out. Twenty five strains were
isolated and their biochemical and serological characters studied. Also,
5 strains were obtained from cotton swabbings performed on rats. In
tropical as in temperate countries, chances taken by people who handle
cats for professional reasons or others are alike.
RFSUMEN
Nota sobre Ia presencia de Pasteurella multocida en la
boca de gatos viviendo en Ia aglomeracih de Dakar
Durante una encuesta efectuada en la aglomeracion de Dakar sobre
la presencia de Pasteurella multocida en la boca de gatos, se aislaron
25 cepas y se estudiaron sus caracteristicas bioquimicas y serologicas. Se
obtuvieron tambien 5 cepas obtenidas a partir de 23 escobillonares reco-
gidos en la rata.
Los riesgos de infection a 10s cuales se expone la gente en contacto
con gatos por una razon profesional 0 por otra son iguales en paises
tropicales y en paises templados.
BIBLIOGRAPHIE
.
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portage buccal de Pasteurella multocida chez le
multocida infection due to animal bite. Am. J.
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