REPUBLIQUE DU SENEGAL \J \ i'. i, d. \\ ...
REPUBLIQUE DU SENEGAL
\\J
\\ i'. i, d. \\\\
---s-----w
MINISTERE DU DEVELOPPEMENT
RURAL ET DE L'HYDRAULIQUE
----------
INSTITUT SENEGALAIS DE RECHERCHES
AGRICOLES (I.s.R.A)
----e---w
DEPARTEMENTDE RECHERCHES SURLES
PRODUCTIONS ET LA SANTE ANIMALES
-------m-m
LABORATOIRE NATIONAL DE L'ELEXAGE
ET DE RECHERCHES VETERINAIRES
B.P. 2057
DAKAR-EIANN
PRESERVATION ET CONSERVATION DES RACES :
L'EXEMPLE DE LA BANQUE REGIONALE DE GENES
Par
Dr Mamadou MBAYE
Pr. Papa El Hassane DIOP
REF. N"020/ZOOT.
MARS 1991,

PRESERVATION ET CONSERVATION DES RACES :
L'EXEMPLE DE LA BANQUE REGIONALE DE GENES
Par
M. MBAYE (l), P.E.H. DIOP (2)
**********
RESUME
A travers le monde en général et en Afrique en particulier, des races animales,
malgré leur adaptation, leur rusticité et leur aptitude à développer des produc-
tions animales, sont menacées par des politiques d'amélioration de l'élevage
caractérisées par l'introduction des races exotiques.
Ainsi, leur préservation devient une priorité à laquelle s'est attelée la FAO
avec son projet de mise en place de banques régionales de gènes appliquant
certaines biotechnologies que sont l'insémination articifielle et le transfert
d'embryons.
Cette étude, effectuée pour le compte de la FAO, aborde :
. les procédures d'installation et de fonctionnement d'une telle banque en
rapport avec la mission assignée de réception, de stockage et de distribu-
tion de semences et d'embryons,
. les conditions sanitaires et zootechniques à respecter par les pays partici-
pants à cette banque.
MOTS-CLES
Afrique Centre et Ouest - Banque - Gènes - Races animales - Danger - Semences -
Embryons - Insémination artificielle - Transfert d'embryons.
(1) ISRA/LNERV, BP 2057 - Dakar-Hann (Sénégal)
(2) EISMV, BP 5077 - U.C.A.D. - Dakar (Sénégal).

1. INTROJXJCTION
L'Afrique de l'Ouest et du Centre couvre 21 pays et abrite un cheptel varié,
car composé de plus d'une vingtaine de races de bovins, d'une dizaine de races
ovines et caprines et dont les effectifs sont estimés à 30 millions de bovins
et 75 millions de petits ruminants.
Cependant,
au niveau de cette zone, les productions animales se caractérisent
par une faible productivité ne permettant pas une couverture suffisante des
besoins d'une population en croissance, lesquels se situent à 19 - 23 kg de
lait et 9 - 11 kg de viande par tête d'habitant.
Devant cette situation, des politiques de développement de l'élevage sont
adoptées,
elles sont caractérisées entre autres par des introductions de races
africaines et exotiques avec risques, soit de p,erte de la pureté de la race
locale, soit leur disparition. Or, ces races locales, au cours des décennies, ont subi
une sélection naturelle et ont acquis une rusticité, une résistance, une adapta-
tion à l'environnement
et ont pu développer des potentialités permettant le
développement des productions animales dans ces zones écologiques.
Ainsi, leur préservation devient une priorité à laquelle doivent s'atteler
les différents pays pour la bataille pour l'autosuffisance alimentaire en
protéine d'origine animale des populations humaines. C'est à quoi s'est intéressée
la FAO avec le projet de mise en place au niveau de la zone d'une banque de
gènes qui sera abritée par la ferme de Sangalkam de 1'ISRA.
Avec les biotechniques actuellement martrisées,
l'insémination artificielle et
le transfert d'embryons basés sur la congélation du sperme et des embryons, il
existe des moyens permettant de préserver ces espèces. Aussi, la FAO compte les
mettre à profit pour participer à la protection des espèces animales en danger.
La vocation régionale d'une telle banque lui assigne les missions suivantes :
- réception de semences et d'embryons,
- gestion des stocks,
- distribution des semences et des embryons.
La présente étude demandée par la FAO abordera les procédures à suivre pour
l'installation et le fonctionnement d'une telle banque.

- 2
II. INSTALLATION DE LA BANOUE DE GENES
2.1 - Localisation
La vocation régionale de la banque impose quelques impératifs quant à sa
localisation.
Le choix du lieu devant l'abriter doit tenir compte :
- de sa position géographique par rapport aux autres pays qu'elle doit servir :
aussi, il doit :
. être d'un accès facile,
. disposer d'un aéroport international,
. et de posséder des réseaux téléphonique et télégraphique
fonctionnels et branchés sur le réseau international
- de sa tradition en matière d'élevage et de sa règlementation sanitaire 'qui ne
doit pas empêcher la circulation de matériel génétique d'autres pays. En outre,
la situation sanitaire de son cheptel doit être correcte.
2.2 - Sécurité contre les pertes et les accidents
Les conditions de sécurité à appliquer sont d'une extrême importance, Dès lors,
toutes les dispositions doivent être prises au niveau de la banque pour éviter
des accidents pouvant entraîner la perte du matériel génétique.
Aussi, au niveau de chaque région, deux banques seront opérationnelles et
chacune recevant une partie du matériel génétique venant de chaque pays
participant.
2.3 - Participation des pays
Le concept de la banque régionale de gènes est basé sur un esprit de collabo-
ration entre les pays. Sa mise en place et son succès dépendent en grande partie
de l'enthousiasme et la participation des nations à préserver pour les généra-
tions futures la variabilité génétique qu'elles possèdent.
Chaque pays
sera responsable :
- du choix des races à préserver,
- de la collecte, de la préparation et de l'envoi vers la banque.

- 3
III. FONCTIONNEMENT DE LA BANQUE
De part sa vocation, la banque aura à assurer la réception, le stockage et
l'envoi des semences et embryons.
3 . 1 - Origine et préparation de la semence et des embryons
La semence et les embryons doivent provenir de mâles et de femelles appartenant
à des troupeaux répondant aux conditions suivantes :
- indemnes de maladies légalement contagieuses,
- selon les espèces, vaccinés au moins depuis un an contre :
. la peste bovine,
. la fièvre aphteuse,
. la péripneumonie contagieuse bovine,
. le charbon bactéridien,
. le charbon symptomatique,
. la pasteurellose,
. la peste des petits ruminants,
. la maladie de la Vallée du Rift,
. la clavelée ;
- absence de manifestations cliniques de :
. IRR/IPV,
. Trichomonose - campilobactériose.
Le mâle récolté et la femelle donneuse d'embryon doivent :
. avoir subi dans les 12 mois précédent la récolte,avec résultat négatif,
les tests suivants :
- la tuberculose par intra-dermo,
- la brucellose : par SAW ou épreuve à l'antigène tamponé +la F.C.,
- la fièvre Q : F.C.
- la Chlamydiose : F.C
- la trichomonose et la campilobactériose
- 1'EPIVAG.
. . . / . . .

- 4
Ces tests doivent être faits par un laboratoire reconnu par le Gouvernement
du pays siège et ceux des autres pays participants ;
. recevoir un traitement antiparasitaire et une dose trypanocide,
. la femelle doit être fécondée avec de la semence de taureau ayant répondu
aux normes sanitaires prescrites pour l'insémination artificielle,
. être en bon état de santé.
Sur le plan zootechnique, les parents de l'embryon et du mâle récolté doivent
être dûment
identifiés et appartenant à des lignées pures choisies par les
pays eux-mêmes.
Après un traitement de superovulation adéquat, les embryons sont récoltés
dans des conditions d'hygiène satisfaisantes avec du matériel de collecte
(cacheter, milieux de culture...) rigoureusement stérile.
A l'examen microscopique, les embryons doivent être classés excellents ou à
la limite "moyen" et le stade de développement doit être supérieur ou égal à
4 cellules.
En outre, l'embryon doit garder l'intégralité de sa zone pellucide avant et
après lavage et ne pas avoir de matériel adhérant.
La semence doit provenir d'un mâle appartenant à l'une des races (bovine, ovine,
caprine) retenues par les pays participants ayant reçu l'agrément sanitaire et
zootechnique.
Les conditions proposées sont :
Pour la production
. l'exécution d'un ou deux sauts par riicolte, pour les taureaux et de six,
récoltéspour les béliers et les boucs. Il faut 100 doses par géniteurs ;
. assurer une bonne préparation du géniteur ;
. l'emploi de vagin artificiel et de matériels stériles ;
. le respect des conditions de stérilité à chaque étape de cette production.

- 5
Cette production devant être assurée par une structure adéquate tant sur le
plan équipements que sanitaire et zootechnique. Elle doit être bien protégée
de façon à éviter tout contact avec des animaux étrangers et être dotée d'un
centre de quarantaine ;
Pour le traitement : la nécessité de suivre la procédure suivante :
. aussitôt après la récolte, faire l'évaluation du sperme avec :
- l'évaluation visuelle pour apprécier le volume, la couleur (la couleur
normale et laiteuse). La viscosité et la présence de grumeaux ou de fila-
ments glaireux,
- l'évaluation microscopique : effectuée avec un microscope à platine chauf-
fante ; elle permet d'apprécier :
. la motilité massale au grossissement
40
. la motilité totale au grossissement
200
. la motilité individuelle au grossissement 400
- la détermination de la concentration
- : elle est faite avec soit un photo
colorimètre étalonné, soit avec une cellule de Thomas ou celle de Malassy
- l'étude morphologique : effectuée pour déterminer : les anomalies totales
et spécifiques (tête, acrosome, piece intermédiaire, flagelle),les morts
grâce à la coloration éosine nigrosine.
- le pH : sa détermination est faite par un pHmètre.
Par cette évaluation, seules les semences présentant les caréactéristiques
qualitatives suivantes seront retenues :
. motilité massale > 4
. motilité totale > 80 %
. motilité individuelle 21 60 %
. concentration 1 1 200 000 spz (mm3)
. % vivants mobiles L 80 %
. anomalies totales (10 %
. pH : 6,5 - 6,8
*.. /. . .

- 6
- préparation de la semence
. détermination du taux de dilution :: .
a partir de la concentration, le
volume de dilueur est calculé de façon à obtenir 20 millions de sperma-
tozoïdes par paillette de 0,25 ml portant les identifications suivantes :
code du pays, code du centre de collecte, espèce,
race, le numéro et
la date de récolte
- incorporation du dilueur
- conditionnement, grâce à une machine automatique ou manuellement.
Conservation
Elle est faite par la technique de congélation à la température de -196°C.
Vérification de la qualité de la congélation
La vérification de la qualité des doses congelées est impérative. Elle
s'effectue 48 heures après congélation par examen de la motilité, des
anomalies, de l'acrosome après coloration de Han Kook et elle porte
sur des paillettes prélevées au hasard selon la procédure suivante :
. plonger la paillette dans de l'eau tiède,
. après 30 secondes à 1 minute, sortir la paillette et l'essuyer,
. couper la paillette à 1 cm du bord du côté pincé,
. mettre une goutte de semence entre lames et lamelles,
. et observer au microscope.
. . . / . . .

- 7
Endessous des normes suivantes, le lot sera détruit :
. motilité individuelle 1 40 %
. pourcentage de vivants > 40 %
. présence d'anomalies de l'acrosome.
Les lots retenus sont conservés et le stockage se fait à l'azote liquide dans
des récipients cryogéniques.
3.2 - Expédition de la semence et des embryons
Après collecte et congélation, la semence et les embryons d'un même pays sont
expédiés dans deux petits containers contenant de l'azote liquide. L'un d'eux
devant servir de réserve pour la banque de gènes. Ils sont dûment identifiés
et sont accompagnés d'une part d'une fiche standard et d'autre part, d'une
autre fiche relatant les caractéristiques zootechniques et sanitaires du mâle
ou de la femelle récolté.
Les containers sont protégés par une caisse sertie. Auparavant, le pays d'or-
gine avertit la banque de gènes de l'expédition de ces 2 containers 15 jours
avant par télex, ceci dans le but de faciliter les formalités douanières de
réception.
3.3 - Réception
La réception est assurée par un technicien de la banque qui doit au niveau de
l'aéroport en présence d'un témoin (douanier ou agent de frêt) :
- d'abord vérifier la présence de tous les documents,
- constater que le ou les containers sont hermétiquement fermés,
- contrôler l'origine des semences,
- vérification du niveau de l'azote.
Ensuite, il va les acheminer vers les installations de la banque où les contai-
ners sont placés dans le local de la réception en attendant les contrôles
suivants :
. . . / . . .

- 8
. Contrôle des documents
- fiches de suivi,
- certificats sanitaires.
. Contrôle qualitative
Il est identique à celui effectué lors de la vérification de la congélation
avec l'examen de la motilité et des anomalies de l'acrosome après coloration
de Han Kook.
. Contrôle sanitaire
Ce contrôle est assuré par les services de Pathologie du Laboratoire national
de lIElevage et de Recherches Vétérinaires. Il permet, si les résultats sont
négatifs,
à la semence d'avoir le visa sanitaire pour le stockage qui, seul
autorise la banque à conserver le lot ainsi reçu.
Si les deux contrôles sont conformes aux normes, les containers seront ache-
minés dans le local de stockage ; dans le' cas contraire, ils seront gardés dans
le local de stockage de semences non conforme. Ils feront l'objet d'un second
examen une semaine plus tard pour éviter des erreurs d'appréciation.
Si ces examens s'avèrent toujours non conformes, le pays d'origine est averti,
le stock est détruit au bout de 3 mois,.
3.4 - Le stockage
Le stockage a lieu après que la semence ou les embryons soient jugés conformes
sur le double plan zootechnique et sanitaire.
Les deux petits containers d'un même pays pouvant contenir à la fois de la
semence et des embryons sont dirigés vers la salle de stockage divisée en
deux parties, une faisant office de réserve. Les produits sont transvasés
dans des containers moyens.
. . ./ . . .

- 9
Ainsi,
aussi bien dans la salle de stockage que celle de réserve, chaque pays
aura un container moyen renfermant la totalité de la semence et des embryons
de ses différentes espèces et races d'animaux.
Les deux petits containers vont ensuite faire l'objet d'une réexpédition vers
le pays d'origine.
Dans la salle de stockage, un contrôle de niveau d'azote est réalisé tous les
3 mois, tandis que celui de la qualité est effectué tous les 6 mois.
Chaque container est muni d'une fiche sur laquelle seront mentionnées toutes
les diverses manipulations effectuées à l'intérieur.
3.5 - Gestion du stock de semence et inventaire
La gestion du stock de semence congelee de même que l'inventaire se feront par
le biais d'un outil informatique. Aussi, la mise en place d'un programme
informatique est nécessaire.
Sur la base des documents de base des pays, il sera établi des fiches stock.
Semence n
Embryons n
Sorties effectuées
Pays
Quantité
Date
Observa-
d'origine
reçue
réception Quan-
Destina-
Date
Stock
tions
tité
tion
La tenue du fichier stock est à la fois mannuelle et informatisée. Ainsi, il
sera possible de suivre l'évolution des stocks et de procéder à un inventaire
des stocks.

l
.
,
- 10
Semence
E l
Embryon u
Espèce et
Pays
Quantite
Quantité
race
d'origine
Stock
Observations
reçue
cédée
Cette fiche inventaire sera envoyée à tous les pays pour information.
Avant que la banque n'atteigne sa vitesse de croisière, l'inventaire sera
trimestriel, ensuite la fréquence sera mensuelle. 4 chaque fois, les pays
concernés seront informés par télex des différents
disponibles de la
banque de gènes.
3.6 - Distribution
La distribution de la semence ou des embryons en direction d'un pays tiers
est effectuée après accord du pays propriétaire.
Le pays tiers introduit sa requête auprès de la banque de gènes qui se
charge à son tour d'informer le pays propriétaire. L'autorisation est
requise par télex.
La distribution est réalisée comme pour l'expédition dans un petit container
accompagné :
- d'une fiche de renseignements semblable à celle de l'expédition,
- d'une fiche de renseignements zootechnique et sanitaire,
- et des différents tests effectués au niveau de la banque de gènes.
Les frais d'expédition sont à la charge du pays demandeur qui doit accuser
bonne réception du container.