c. R. Acad. SC. Paris, t. 266, p. 1139-1141 (11 mars...
c. R. Acad. SC. Paris, t. 266, p. 1139-1141 (11 mars 1968)
Série D
-~
PARASITOLOGIE. - Réceptivités comparées du Chat et du Porc domestiques à
la souche ouest-africaine de Trichinella spiralis (Owen, 1835). Note (*) de
MM. Simon Grétillat et Georges Vassiliades, présentée par M. Clément Bressou.
Chez 6 chats et 5 porcs infestés expérimentalement avec la souche ouest-africaine de T. spirulis,
le nombre de larves migratrices dénombrées par cm3 de sang circulant durant la période d’envahis-
sement de l’organisme est beaucoup plus élevé chez le Chat (9 à 20) que chez le Porc (0,9 à 1,3). Il est
ainsi démontré que chez celui-ci une « barrière intestinale » arrête en grande partie la transformation
des larves infestantes en adultes, et qu’une « barrière musculaire » provoque une calcification précoce
et rapide des kystes larvaires.
Le Chat domestique est un hôte excellent pour la souche ouest-africaine de
Trichinella spiralis (Owen, 1835), que nous avons mise en évidence et isolée en jan-
vier 1966 à partir de Phacocherus æthiopicus et Canis adustus (‘).
A quelques différences près, elle a des caractères très proches de celle isolée
par Forlester et coll. en 1961 au Kenya, sur Felis serval (“). En particulier, elle n’in-
feste que très difficilement le Porc domestique où un taux parasitaire très faible
s’accompagne d’une calcification précoce des kystes larvaires.
De telles particularités nous ont incité à comparer chez ces 2 hôtes :
a. Le nombre d’adultes présents dans l’intestin par rapport à celui des kystes
infestants ;
b. Le devenir des adultes ;
c. Le nombre moyen de larves migratrices par unité de volume de sang cir-
culant pendant la phase d’envahissement de l’organisme. Ce nombre étant logi-
quement proportionnel au nombre de femelles adultes ainsi qu’à la cadence et à la
longueur de leur période de reproduction.
MATÉRIEL ET PROTOCOLE EXPÉRIMENTAL. - 6 chats adultes et 5 porcs (Large
White) pesant de 25 à 40 kg sont infectés à des taux identiques (182 kystes pour
100 g de poids vif d’hôte, soit 3 à 5 x 10+3 kystes par chat et 45 à 75 x 10+3 kystes
par porc). Autopsie de 2 chats et de 2 porcs du 15e au 22e jour, pour évaluer la
densité des mâles et des femelles dans l’intestin grêle de l’hôte [Méthode de Nelson
et coll. 1966 (“)].
Ponctions cardiaques pour examen de sang circulant du 4e au 55e jour et faites
entre 5 et 15 jours d’intervalle. Chaque animal subit de 1 à 5 prélèvements de 5
à 20 cc. suivant le cas.
Sous anesthésie générale, le cœur droit est ponctionné suivant la technique
classique à l’aide d’une seringue et d’une aiguille préalablement rincées avec une
solution d’héparine à 5 000 U. I./cm3. Le sang prélevé est traité suivant la technique
1
utilisée par Nelson et coll. 1966 (3), pour la recherche des larves migratrices de
/
T. spiralis chez le Rat. Le sang dilué au l/lOe dans une solution d’acide acétique
à 3 ‘A, est centrifugé à 3 000 t/mn pendant 3 mn. Le surnageant est jeté. Le culot
remis en suspension dans un même volume d’acide acétique à 3 %, est centrifugé
Y----
- - - - - - - ~-

(2)
dans les mêmes conditions. Après une 3e opération, le culot est prélevé et examiné
entre lame et lamelle.
Les larves dont la cuticule et les organes internes sont parfois très abimés par
l’acide acétique, sont quand même très reconnaissables sans avoir recours à une
coloration complémentaire. Elles se détachent relativement bien sur le fond clair
de la préparation.
Les animaux sont autopsiés pour contrôle 33 à 66 jours après l’infestation
pour contrôle trichinoscopique.
+
+
Résultats ponctions cardiaques
(coordonnées semi-logarithmiques!
f
++
l
I
I
I
I
*
10
20
30
40
50
Nombre cfe jours aprës in festation
RÉSULTATS. - Le nombre d’adultes de T. spiralis trouvés dans l’intestin grêle
du Chat 15 jours après l’infestation est plus élevé que chez le Porc. Dans le sang
circulant les larves migratrices apparaissent très tôt et sont très nombreuses, pour
ne disparaître que vers les 45e à 55e jours alors qu’elles sont beaucoup plus rares
chez le Porc où elles apparaissent plus tard pour disparaître plus tôt (45e jour environ).
Dans les muscles du Chat l’enkystement larvaire est normal, mais un processus
précoce de calcification détruit un grand nombre de larves (60 à 100 %) dès leur
arrivée dans les muscles du Porc ou sitôt après leur enkystement.
INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS ET CONCLUSION. - Le milieu intestinal du
Chat est propice à l’évolution de la larve infestante en adulte qui se reproduit dans
les meilleures conditions et lache dans le sang circulant de nombreuses larves migra-
trices qui s’enkystent admirablement dans les muscles. Tout se passe autrement

(3)
dans l’espèce porcine où existe pour la souche ouest-africaine de T. spiralis une
(( barrière intestinale )) ne permettant pas à toutes les larves de devenir des adultes.
En conséquence, les larves migratrices sont plus rares dans le sang circulant. Enfin
une K barrière musculaire » diminue ou annule le taux de parasitisme musculaire
par calcification précoce des kystes larvaires.
Un essai d’interprétation mathématique donne comme coefficient de réceptivité
du Porc (s = Sus) par rapport au Chat (f = Felis) &; Rs étant le taux de. réceptivité
du Porc et Rf celui du Chat, calculés de la manière suivante :
Si ns et nzsont respectivement le nombre de kystes larvaires infestants adminis-
trés au Porc et au Chat, le nombre théorique de femelles issues de ces larves doit
2 ns
2 nf
être égal respectivement à ~
3 et 3- suivant les données classiques de pourcentage
des sexes qui admettent 1 0” pour 2 Q. Le taux de réceptivité étant égal au rapport
des femelles présentes dans l’intestin grêle Ns et Nfavec celles devant théoriquement
s’y trouver
Ns
Nf
~ -
2 n/3 et 2 n/3
le coefficient de réceptivité du Porc par rapport au Chat serait égal à :
RS
Nsnf< I
Rf= rfii
pour la souche ouest-africaine de T. spiralis.
(*) Séance du 12 février 1968.
(1) S. GR~ILLAT
et G. VASSILLIADES, Comptes rendus, 264, 1967, Série D, p. 1297-1300.
(2) A. T. T. FORLESTER, G. S. NELSON et G. SANDER, Trans. Roy. Soc. Trop. Med. Hyg., 55 (6), 1961,
p. 503-513.
(3) G. S. NELSON and E. J. BLACKIE, Trans. Roy. Soc. Trop. Med. Hyg., 60 (4), 1966, p, 471-480.
(Insfituf &Elevage ef de Médecine vétérinaire des Pays fropicaux,
10, rue Pierre-Curie, Maisons-Alfort, Val-de-Marne ;
Laboratoire national de /‘Elevage et de Recherches vétérinaires,
Dakar, Sénégal.)