REPUBLIQUE DU SENEGAL ------------ MIN STERE DU...
REPUBLIQUE DU SENEGAL
------------
MIN STERE DU DEVELOPPEMENT RURAL
mm----------
INST TUT SENEGALAIS DE RECHERCHES
AGRICOLES (I.S.R.A.)
:
-----------
TOIRE NATIONAL DE L'ELEVAGE
DAKAR-JlANN
PROGRAMME "EAU ET SANTE"/ORSTOM
RAPPORT SPECIAL
BILHARZIOSE INTESTINALE A RICHARD-TOLL
PROSPECTION MALACOLOGIQUE
DU 23 MARS AU 02 AVRIL 1990
- RAPPORT -
O.T. DIAW, G. VASSILIADES, M. SEYE et Y. SARR
(Service de Parasitologie)
REF. No 33/PARASITO.
AVRIL 1990

I- INTRODUCTION
Suite à l'endémie de Bilharziose intestinale qui sévit à Richard-TO11
depuis janvier 1989, une étude malacologique a été effectuée afin d'étudier
l'épidémiologie de cette affection et de déterminer les principaux sites
de transmission.
A Richard-Tell, le réseau hydrographique est très dense. Il est constitué
par :
- le Fleuve Sénégal qui longe toute la ville,
- le marigot de la Taouey dont le tracé a été rectifié pour la construc-
tion du canal de la Taouey reliant directement le Fleuve au Lac de Guiers,
- les canaux de la Compagnie Sucrière Sénégalaise (CSS), surtout le canal
principal parallèle au Fleuve (cf. carte).
Ces trois points d'eau sont essentiels pour la population de Richard-TO11
et ils connaissent une très forte fréquentation humaine (bain, travaux ménagers,
lessive, etc...) et animale (abreuvage, toilette, etc...).
Le Fleuve, la Taouey (marigotet canal) et les canaux de la C.S.S. consti-
tuent les 3 systèmes épidémiologiques où il faut rechercher le Biomphalaria
pfeifferi responsable de la transmission afin de focaliser les zones à risques.
A partir de ces données, des plans de lutte pourront être proposés.
II -MATERIEL ETMETEiODE
Les prospections malacologiques sont faites en fonction de la situation
géographique des
divers
quartiers de Richard-Tollpar rapport aux différents
points d'eau. Ainsi, les quartiers suivants ont été choisis :
1") -NDiaw,NDiangué et Escale qui sont bordés par le Fleuve et le Canal
principal d'irrigation de la CSS qui sont très fréquentés par les populations.

-2-
2") - Campement,Ndombo Alarba et Ndombo où les populations fréquentent
le marigot de la Taouey, une partie du canal secondaire de la CSS et une partie
du canal de la Taouey.
3") - Khouma et Galle Malick qui ont accès aux canaux de la CSS (canal
principal et drain pour Khouma, et canal secondaire et drain pour Galle Malick).
4") -
Thiabakh, un nouveau quartier, n'a accès qu'au canal de la Taouey.
5") -
Le village Ntiago, ne fait pas partie de la commune, les populations
n'ont accès qu'au canal de la Taouey. Il a été choisi pour comparer les sys-
tèmes épidémiologiques : Marigot de la Taouey et Canal de la Taouey.
Au niveau de ces quartiers, les différents sites de contact "Homme-Eau"
ont été visités et le choix des sites de prospections a été dicté par la
facilité d'accès à l'eau et surtout la fréquentation humaine.
Les Mollusques sont recherchés au niveau de la végétation et des diffé-
rents supports possibles (débris végétaux et divers) pendant 30 minutes. Au
niveau de chaque quartier, les récoltes sont groupées par site et par zone
aquatique (Fleuve, Canal ou Taouey).
Tous les Mollusques récoltés sont ramenés au Laboratoire pour être iden-
tifiés, comptés, et pour étudier leur infestation (exposés individuellement
dans des pilluliers avec de l'eau distillée sous la lumière d'une' lampe élec-
trique pendant 15 à 30 minutes pour l'émission des furcocercaires).
Au niveau d'un quartier, l'ensemble des Mollusques des différents sites
et milieux aquatiques constitue l'abondance relative.
Les prospections ont eu lieu dans 76 sites qui se répartissent ainsi :
31 au niveau du Fleuve, 18 au niveau de la Taouey (Canal et Marigot) et
27 dans les canaux de la CSS (surtout le canal principal).
. . . / . . .

-3-
111 - RESULTATS
Au niveau du Fleuve, le pH est de 7, le cours est régulier et le débit
est faible. La végétation est presque nulle sauf à certains endroits où on
trouve des herbes sauvages,des pistia et quelques nénuphars.
Le canal principal d'irrigation de la Taouey est assez profond, ses
bords sont très riches en végétation (graminés, Pistia, nénuphars et surtout
des Typha, etc.). En général, le débit est faible. La pH varie de 7 à 7,5 .
LP marigot de la Taoueya un lit sinueux avec de nombreux
méandres. Le
débit est très faible, à certains endroits, l'eau stagne et semble polluée. La
végétation est dense sur les bords (Pistia, nénuphars, Typha, etc...). Le pH
varie de 6 à 7,5.
Le canal de la Taouey a ses bords rectilignes, la végétation est moins
importante que dans le marigot (Pistia, nénuphars et, à quelques rares endroits,
des Typha). Le pH est de 7 à 7,5.
Les différents Mollusques rencontrés sont : Biomphalaria pfeifferi,
BMinus truncatus, Bulinus forskalii, Lymnaea naqalensis et des Bellamya
unicolor, Melanoïdes tuberculata
et quelques bivalves (Corbicula SP.).
Dans le cadre de ce travail, on ne parlera que des Biomphalaria pfeifferi
hôtes intermédiaires de S. mansoni agent de la Bilharziose intestinale humaine.
Les Biomphalaria pfeifferi sont comptés, groupés par quartier et les taux
d'infestation évalués (Cf. tableau 1 ; graphiques 1 et II).
Le nombre de Mollusque varie d'un quartier à l'autre et ceci est en
relation avec les zones aquatiques avoisinantes. On constate qu'au niveau
du Fleuve aucun Biomphalaria pfeifferi n'a été récolté. Seuls la Taouey (marigot
et canal) et les canaux de la CSS (Canal principal) interviennent dans l'épi-
*.. /. . .

démiologie de la Bilharziose intestinale.
En répartissant les Mollusques dans les différentes zones aquatiques et en
considérant leur taux d'infestation, on définit 3 systèmes épidémiologiques
actifs ainsi que les zones de transmission (Cf. tableau 2 ; graphiques III et IV).
IV - DISCUSSION
On est en présence d'une nouvelle colonisation des réseaux hydrographiques
de Richard-TO11 par les Mollusques d'eau douce surtout Biomphalaria pfeifferi.
Ce Mollusque n'a été signalé qu'à Dakar-Bang0 (Delta) et à Keur Momar Sarr,
Ngnit et Mpack (Lac de Guiers) et ce en très faible quantité pendant plusieurs
prospections antérieures.
C'est au niveau des quartiers de Campement, Ndiaw, Ndiangué et Escale que le
plus grand nombre de Mollusques ont été récoltés. Mais les taux d'infestation
des Mollusques les plus élevés se rencontrent à Campement, Ndiangué, Escale,
Galle Halick et Thiaback. (Cf. tableaux 1 et 2 et graphiques 1, 2, 3 et 4).
La transmission se fait au niveau de tous les quartiers avec des taux d'i n-
festation de 9 % à 64 %.
Les zones de transmission ou zones à risques sont constituées par le canal
de la Taouey avec 7 % des Mollusques et un taux d'infestation de 28 %, le Marigot
de la Taouey qui avec 21 % des Mollusques, a un taux d'infestation de 38 %, et
le canal principal de la CSS qui offre le maximum des Mollusques 72 % avec une
infestation de 47 %.
Le rôle de la végétation est essentiel dans l'écologie des Mollusques et
constitue un facteur favorisant.
C'est au niveau des populations humaines fréquentant le canal de la CSS
et le marigot de la Taouey que se trouvent les plus fortes prévalences. En effet,
les résultats d'une enquête parasitologique* menée dans les différents quartiers
montrent des prévalences de 22 à 58 %.
. . . / . . .
* Enquête effectuée par le Service de Parasitologie de la Faculté de Médecine
(23 mai - 2 juin).

TABLEAUN" 1 : DENSITE DE BIOMPEWaARIA PFEIPPERI DANS LES DIFFERENTS
QUARTIERS ET LEUR TAUX D'INFESTATION
Les zones de transmission
Mollusques
et les taux d'infestation
(cas positifs)
Nombre
Cas
%
Taouey
total
positifs
d'infestatior
Canal CSS
Fleuve
Canal + Marigot
lampem nt
217(l)
86/201(l)
42,78
0/7
861194
110 si es)
0 %
soit
f
44,32 %
Idombo
5138
38
5138
13,15 %
soit13,15 %
2123
idombo
26
2123
8,6 %
12 sit s)
soit 8.6 %
IDiaw
471159
173
471159
29,5 %
118 si es)
soit
Négatif
29.5 %
IDian é
221
931221
42,08 %
931221
:15 si es)
soit
Négatif
42.08 %
kcale
354
2251352
63,9 %
224/350
112
+
:ll si es)
soit
soit
Négatif
64 %
50 %
21173
&OUma
73
21173
28,7 %
15 sites)
soit28.7 %
17137
40
17137
45,9 %
soit45.9 %
13/26
34
13/26
50 %
soit50 %
3124
34
3124
12,5 %
soit12.5 %
1 210
51211 153
44,36 %
1) 217 récoltés, mais 201 testés, les 16 étant morts avant.

TABLEAUNO 2 : LES ZONES DE TRANSHISSION AVEC LES DENSITES DE MOLLUSQUES
ET LEUR TAUX D'INFESTATION
Canal de la Taouey
Marigot de la Taouey
Canal principal de la CSS et Drains
l
Nombre de
Localité
Nombre de
Cnfestation
Localité
Infestation
Localité
Nombre de
I
Mollusques
Mollusques
Mollusques
Ndombo Alarba
19
3119
Campement
210
861194
Campement
7
0/7
I
Thiabakh
13126
Ndombo Alarba
19
2119
NDiaw
173
471159
3124
Ndombo
26
3123
NDiangué
221
931221
Scale
2
1/2
Scale
352
2241350
KhOUlEl
70
21170
RhOUlE3 (drains
3
W3
TOTAL
Gallo Malick
: 87 Mollusques sur un total de
TOTAL : 257.Mollusques sur un total
31
16/31
1 210 soit 7,19 %
de 1 210 soit 21,23 %
Gallo Malie
9
116
(drains)
Le taux d'infestation est 1
27,53 %
Le taux d'infestation est
38,23 %
TOTAL : 866 Mollusques sur un total
de 1 210 soit 71,57 %
Le taux d'infestation est
47,46 %

-7-
Cette situation n'est pas surprenante compte tenu de la configuration des
points d'eau et de leur fréquentation presque obligatoire dans certains cas.
Parmi les 45 sites prospectés en dehors de ceux du Fleuve, 2 seulement n‘ont pas
de Biomphalaria et 39 ont des Mollusques positifs. Ainsi, la transmission se
fait presque partout, ce qui explique les prévalences élevées au niveau de tous
les quartiers.
Dans certains quartiers,Jes facteurs socio-culturels (la présence de bornes
fontaines,
le ravitaillement en eau et l'existence de robinets)permettent d'ex-
pliquer les faibles prévalences alors que les Mollusques sont fortement infestés.
Le village de Ntiago situé sur le canal de la Taouey offre peu de Mollusques
avec un taux d'infestation de 12,5 %. De même, le quartier de Thiaback avec le
même nombre de Mollusques a un taux de 50 %. A Ntiago, les conditions de vie
sont meilleures (existence de pompe éolienne) et les contacts Homme-Eau sont
moins fréquents.
A Richard-Tell, toutes les conditions épidémiologiques favorables étaient
réunies sauf la présence du Mollusque hôte intermédiaire.
Les conditions écologiques sont devenues maintenant propices à l'installation
de Biomphalaria pfeifferi et à sa pullulation, ce qui se traduit par ces flambées
de Bilharziose intestinale. Richard-TO11 est un carrefour des circuits des tra-
vailleurs saisonniers venant de toutes les régions du Sénégal. Ces mouvements
de populations seront à l'origine de la diffusion de cette maladie.
La situation à Richard-TO11 est alarmante et nécessite une action immédiate
afin d'abaisser les prévalences et de diminuer, voire de supprimer la trans-
mission.
V- LUTTE ET REXOMMANDATIONS
L'épidémiologie de la Bilharziose étant complexe, il est nécessaire d'en-
visager une lutte intégrée en agissant sur l'Homme, le vecteur et l'environnement.
. . . / . . .

-8-
La connaissance du mécanisme de la transmission et de l'épidémiologie
doit dicter les moyens les plus efficaces et les plus adaptés.
Le contrôle des populations de Mollusques reste l'un des moyens essen-
tiels pour réduire la transmission. Cette lutte malacologique peut se faire
en utilisant plusieurs méthodes chimiques, biologiques ou écologiques.
---> Mesures urgentes
Après le dépistage et le traitement des malades, les actions suivantes
doivent être entreprises :
1”) - Désherbage rigoureux et régulier au niveau des canaux de la CSS et
de la Taouey (marigot et canal). Cette action aboutit à la destruction de
l'habitat des Mollusques et donc des Mollusques eux-mêmes. Il faut surtout
veiller à enlever toutes ces herbes et végétation coupées qui pourraient
servir des supports et/ou d'aliment pour les Mollusques.
2”) - Education sanitaire auprès de toute la population en expliquant
l'épidémiologie de la bilharziose.
3") -
Réduction des contacts "Homme-eau" en ciblant les zones à risque.
Le Fleuve étant moins dangereux car indemne pour le moment.
---> Mesures à court terme
Ces mesures urgentes n'auront un impact positif que si elles sont suivies
de certaines réalisations urbaines :
- Amélioration du réseau de distribution d'eau courante en augmentant
le nombre des bornes fontaines et en facilitant les branchements individuels.
- Augmenter les réserves d'eau en construisant un chateau d'eau plus
grand afin de réduireou d'éviter les coupures d'eau.
. . . / . . .

-9-
- Construire de nouvelles latrines.
- Une surveillance malacologique régulière doit être de rigueur : pros-
pections au niveau des différents sites de transmission pour évaluer la densité
de Mollusques ainsi que le contrôle de zones indemnes.
Toutes ces actions combinées agiront en synergie et contribueront à la
diminution de la transmission pour abaisser la prévalence et réduire la mort-
bidité.
En plus de ces actions, il faut envisager la possibilité d'utiliser des
molluscicides. Actuellement, il existe des molluscicides très efficaces mais
qui risquent d'avoir quelques conséquences néfastes sur la faune non ciblée
(Poissons par exemple).
Toutes les autorités locales et nationales doivent être sensibilisées
sur la gravité de cette épidémie de Bilharziose intestinale qui risque de
s'étendre davantage et d'avoir des conséquences très nuisibles pour la santé des
populations du Sénégal.

-lO-
R E S U M E
Une prospection malacologique a été effectuée à Richard-TO11 en relation
avec la Bilharziose intestinale humaine qui sévit dans la zone depuis 1989.
Dix quartiers ont étéétudiés, et des Mollusques récoltés dans les diffé-
rents points d'eau de ces localités. Un total de 1 210 Biomphalaria pfeifferi
hôtes intermédiaires de cette Bilharziose ont été récoltés avec un taux global
d'infestation de 44,86 %. Les zones de transmissions ont été identifiées :
le canal de la Taouey avec 27,53 % de Mollusques infestés, le marigot de la
Taouey avec 38,23 % d'infestation et le canal de la CSS la plus dangereuse
avec 47,46 % de Mollusques infestés.

Des méthodes de lutte sont proposées en plus du traitement des malades
et d'autres mesures d'hygiène générales afin de diminuer la transmission et
d'abaisser la prévalence de la maladie.
MOTS CLES : Bilharziose intestinale - S. mansoni - Mollusques - Biomphalaria
pfeifferi - Richard-Toll - Fleuve Sénégal.


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COMMDNE DE RICHARD-TOLL
Ech. : 1/20000
TAEGENDE
(1) Ndiaw
(6)
Ndombo
b
Canal principal
(2) Ndiangué
(7)
Thiabakh
de la CSS
(3) Escale
(8)
Khanma
(4) Campement
(9)
Gallo Malick
(5) Ndombo Alarba
(10)
Vers Ntiago
Canal principal
Habitations