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PÔLE REGIONAL CORAF DE RECHERCHE
SUR LES SYSTEMES IRRIGUES SOUDAN0 SAHELIENS
PSI-CORAF
ETUDE D’OPTIMISATION DE LA GESTION DES RESERVOIRS DU
FLEUVE SENEGAL
Impacts potentiels de la gestion des réservoirs du fleuve Sénégal
sur l’élevage de la Vallée et du Delta
Christian CORNIAUX
Mai 1999
COORDINATION NATIONALE DU PS1 AU SENEGAL
ISFWFleuve -BP 240 St Louis --~F$I : (221) %l-17-51 -fax : (221) 961-18-91

PÔLE REGIONAL CORAF DE RECHERCHE
SUR LES SYSTEMES IRRIGUES SOUDAN0 SAHELIENS
PSI-CORAF
Projet d’optimisation des réservoirs du fleuve Sénégal
Impacts potentiels de la gestion des réservoirs du fleuve Sénégal
sur l’élevage de la Vallée et du Delta
Christian CORNIAUX
PSI-Sénégal / CIRAD-EMVT. B P 7 4 4 St Louis Sénégal. Té1 : ( 2 2 1 ) 961 1 7 5 1
E-mail : corniauxk3teleconwlus. sn ou corniaux@cirad. fr
Mai 1999
Cette étude a été réalisée par le PS1 dans le cadre de la phase 2 du u Projet
d’0ptimisation de la Gestion des ouvrages du fleuve Sénégal », que mène l’Institut de
Recherches pour le Développement (IRD) pour l’Office de Mise en Valeur du fleuve Sénégal
(OMVS).

SOMMAIRE
no page
INTRODUCTION
1
1. L’ELEVAGE DANS LA VALLEE ET LE DELTA DU FLEUVE
2
SENEGAL : CONTEXTE
1. Limites de la zone étudiée
2. Le milieu physique
3. La population
4. Le cheptel
5. Les productions animales
II. EAUX DU FLEUVE SENEGAL ET ELEVAGE : RELATIONS
1. Ressources fourragères
11
2. Eaux du fleuve et abreuvement des animaux
19
3. Aspects sanitaires et vétérinaires
2 0
III. IMPACTS DE LA SECHERESSE ET DES AMENAGEMENTS
2 1
HYDRO-AGRICOLES SUR L’ELEVAGE
1. Situation avant 1970
2 1
2. Effets de la sécheresse
2 1
3, Effets des aménagements hydro-agricoles
2 2
4. Vers une nouvelle stratégie des éleveurs
2 4
IV. CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS
2 6
1. Synthèse des situations en fonction des départements
2 6
2. Etudes complémentaires nécessaires
2 8
3 Recomnandat ions de gestion
2 8
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
Annexe 1 liste des cartes, tableaux et figures
Annexe 2 : liste des personnes rencontrées

Liste des principaux sigles utilisés
AGETA : Association Générale des Groupements d’llxploitants et Eleveurs pour
I’Etude et 1’Emploi des Techniques Améliorées Agricoles et Animales (Mauritanie)
CIRAD : Centre de coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le
développement
DEAR : Direction de l’Environnement et de l’Aménagement Rural (Mauritanie)
DIREL : Direction de 1’Elevage (Sénégal)
DRAP : Direction du développement des Ressources Agro-Pastorales (Mauritanie)
ENDA : Environnement et Développement du Tiers Monde
FAO : Organisation des Nations Unies pour 1’Alimentation et l’Agriculture
GERCOM :
IRD : Institut de Recherches pour le développement (ex ORSTOM)
OMVS : Organisation pour la Mise en Valeur du fleuve Sénégal
PDRG : Plan Directeur de développement intégré pour la Rive Gauche de la vallée du
fleuve Sénégal
POAS : Plan d’Occupation et d’mectation des Sols
PS1 : Pôle Systèmes Irrigués
SAJZD : Société Nationale d’Aménagement et d’Exploitation des Terres du Delta du
Fleuve Sénégal et des Vallées du fleuve Sénégal et de la FalémC (Sénégal)
SOGAS : Société de Gestion des Abattoirs du Sénégal
SONADER : Société NAtionale pour le Développement Rural (Mauritanie)
SPAi : Sous-Produits Agricoles et agro-Industriels

Projet d’optimisation de la gestion des réservoirs du fleuve Sénégal
Impacts potentiels de la gestion des réservoirs du fleuve Sénégal
sur l’élevage de la ValICe et du Delta.
Christian CORNIAUX
PSI-Sénégal / CIRAD-EMVT. BP 744 St Louis Sénégal. Té1 : (221) 961 17 51,
E-mail : comiaux@telecomplus.sn ou comiaux@cirad.fi
L’objectif de cette étude est de donner une vision globale pertinente de l’élevage dans la
Vallée du fleuve Sénégal (de Kayes au Delta), de sa dynamique, de sa place dans l’économie
des populations, de son lien avec les ressources générées par le Fleuve et de l’impact potentiel
de la gestion du Fleuve sur ce secteur d’activité.
La zone d’étude s’étend de Kayes au Delta avec une attention plus marquée pour la
zone de Bakel au Delta (moyenne vallée de Bakel à Podor, basse vallée de Podor au Delta) où
les effets de la gestion du Fleuve sont les plus sensibles. La situation de l’élevage est traitée
aussi bien en rive gauche (Sénégal) qu’en rive droite (Mauritanie). Le travail s’est appuyé sur
une synthèse bibliographique, sur des visites de terrain et des entretiens directs réalisés avec
des personnes ressources du thème.
‘Après avoir présenté le contexte de l’étude, nous décrirons les relations existant entre
les eaux du fleuve Sénégal et l’élevage. L’évolution de la stratégie des éleveurs au cours des
dernières décennies, notamment face aux effets des périodes de sécheresse plus ou moins
prononcée et des aménagements hydro-agricoles, sera alors abordée. Sur cette base de
connaissances, nous nous attacherons à préciser les impacts potentiels sur l’élevage de la
gestion des eaux du fleuve Sénégal puis à en dégager des recommandations,
1

1. L’ELEVAGE DANS LA VALLEE ET LE DELTA DU FLEUVE SENEGAL:
CONTEXTE ET SITUATION ACTUELLE
1. Limites de la zone étudiée
Le fleuve Sénégal s’étend sur plus de 700 km de la frontière du Mali à son embouchure.
11 mirque la limite des territoires du Sénégal (rive gauche) et de la Mauritanie (rive droite) (cf
carte 1). Sur le plan géographique, il est possible de distinguer deux grandes entités : la Vallée
(de Bakel à Richard Toll) et le Delta (de Richard Toll à St Louis).
Compte tenu du système d’élevage extensif et généralement transhumant pratiqué dans
cette région, il n’est pas possible de réduire notre secteur d’étude uniquement aux zones
humides (wnnlo), en liaison directe avec le fleuve - tout au moins pour les effectifs animaux
concernés par les ressources (eau et fourrages) de la Vallée et du Delta. Aussi, notre zone
d’investigations comprend :
- en rive droite : les régions ou wilaya du Trarza (1) (notamment les départements ou
mozq$ntaa de Keur Macène, Rosso et R%iz), du Brakna, du Gorgol et de Guidimaka
- en rive gauche : la région de St Louis (départements de Dagana, Podor et Matam) et le
département de Bakel dans la région de Tambacounda.
2. Le milieu physique
* le climat
Le climat, de type sahélien, comprend trois principales saisons : l’hivernage ou saison
des pluies (juillet à octobre), la saison sèche froide (novembre à mars) et la saison sèche
chaude (avril à juillet ) ou (( période de soudure » difficile pour les troupeaux en raison de la
raréfaction de la nourriture.
La pluviométrie de la Vallée et du Delta est caractérisée par des pluies faibles,
irrégulières (intra et inter-annuelles) et réparties sur une courte période entre mi-juillet et mi-
octobre. Elles sont de l’ordre de 300 à 400 mm/an dans la Vallée, de 200 à 300 mm/an dans le
Delta. Les zones les plus arrosées sont situées en amont du fleuve.
Les températures sont peu variables pendant la saison des pluies mais contrastées entre
le jour et fa nuit en saison sèche. Les minima sont de 12 à 16°C en saison sèche fi-oide. Les
maxima sont autour de 35 à 40°C en saison sèche chaude, voire plus en mai. Les températures
augmentent au fur et à mesure que l’on s’éloigne de l’influence océanique, du Delta vers
l’intérieur de la vallée.
* les sols
Le découpage morpho-pédologique peut être présenté sous deux grands ensembles : le
waalo et le diéri avec une zone de transition, dans la vallée, nommée diediegol
Tout d’abord, les cuvettes de décantation, près du fleuve, appelées hollaldé, sont de
vastes zones dépressionnaires plates et argileuses. Elles forment le wuulo avec les levées
fluvio-deltaïques inondées appelées fondé. Notons ici le caractère salé de nombreuses
dépressions du waalo, notamment en aval (jusqu’à 200 km à partir de l’embouchure). Enfin,
le diéri correspond à des zones dunaires non inondables.
(1) l’absence de certaines données statistitiques de base nous a souvent contraint à considérer la totalité de
la région du Tnrza alors qu’il aurait été souhaitable de ne considérer que les trois départements pr&cités.
2

rl< I ‘hydrologie
Le fleuve a un régime tropical caractérisé par une crue de juillet à octobre et un étiage
de février à juin. La décrue s’amorce en octobre-novembre et les étiages sont atteints en mai-
juin.
Depuis 1968, le fleuve connaît une série d’années très dêficitaires, dues à la diminution
des pluies dans le haut bassin en zone guinéenne et dans l’ensemble des zones soudaniennes
et sahéliennes d’Afrique de l’ouest, Ces années déficitaires se sont traduites par une moindre
extension des inondations et une diminution de la biomasse végétale naturelle (forêts,
paturages) et cultivée (cultures de décrue). Afin de lever diverses contraintes, deux barrages
ont été construits sur le fleuve dans le cadre de I’OMVS : Manantali en amont (Mali,
hydroélectrique, 1988) et Diama en aval (30 km de St Louis, anti-sel, 1986) Il faut souligner
qu’avec le barrage de Diama et les endiguements des rives droite et gauche, le rélèvement du
plan d’eau dans le Delta a sensiblement amélioré les disponibilités en eau de surface,
notamment pour l’alimentation des lacs de Guiers (Sénégal) et de R’Kiz (Mauritanie). Par
ailleurs, la crue est pour moitié aujourd’hui maîtrisée, le barrage de Manantali étant construit
sur le Bafing qui fournit environ 50 % des eaux du fleuve Sénégal (ENDA, 1986). Le Bakoye
et la Falémé, qui font la jonction avec le Sénégal en aval du barrage de Manantali, engendrent
toujours en saison des pluies une crue d’intensité réduite.
* ressources fourragères I localisation des aménagements hydre-agricoles et des zones
pastorales (cartes)
Schématiquement, par les aménagements hydro-agricoles qui y ont été conçus, le waalo
permet l’agriculture irriguée (riz, maraîchage). On y trouve également les cultures de décrue.
Pour l’élevage, cette zone est aujourd’hui particulièrement intéressante pour ses parcours
post-culturaux,
notamment dans le Delta. Les parcours de décrue (Echinochloa SP.,
Sporobolus robwtrts . ) et l’utilisation des zones à gonakiés (Acacia nilotica) restent
importants dans la Vallée. Il faut également souligner les potentialités en sous-produits
agricoles et agro-industriels destinés à l’alimentation animale dont recèle le waalo. Ces sous-
produits sont variés : pailles (riz, sorgho), sons (riz), fanes (patate douce, niébé, arachide),
mélasse (canne à sucre), drèches (tomate). Bien qu’ils soient très diversement utilisés, ils sont
essentiels dans l’alimentation des troupeaux en saison sèche. Les cultures fourragères, en
revanche, sont quasiment inexistantes.
Le diéri a, quant à lui, essentiellement bénéficié de forages à exhaure mécanique,
destinés à l’abreuvement des troupeaux. En hivernage, l’agriculture pluviale y est importante
(mil, .ai,achide, niébé . .). Les pailles et les fanes sont utilisées par les animaux après la
récolte. Les parcours herbacés (Clenchnrs bljlortrs, Aristide sp, Schoenefeldia gracilis . . . ) sont
également abondants et de bonne qualité jusqu’au début de la saison sèche. En saison sèche,
seuls les fourrages aériens (Acacia sp., Balanites aegyptiaca . ,) sont disponibles, notamment
pour les caprins et les camelins.
Ce dernier point sera développé plus largement dans le second chapitre (II. 1.).

3. La population
Nous invitons le lecteur à se référer au rapport H Population H de l’étude générale pour
davantage de détails.
* rive droite (Mauritanie)
Tableau 1 : population dans les régions limitrophes du fleuve Sénégal (Source : Office
National de la Statistique - Annuaire statistique de la Mauritanie. Année 1996 - ONS, Service
de la conjoncture, mars 1998)
Région
recensement 1988
projection 1996
Trarza dont
202 596
206 801
Keur Macène
21250
21 585
Rosso
52 501
62 928
R’KiZ
44 854
45 179
Méderdra
27 202
22 759
Brakna
192 157
225 531
Gorgol
184 359
211 865
Guidimaka
116436
141350
Total des 4 régions
695 548
785 747
D’après le recensement de 1988, la population urbaine s’établissait comme suit :
- 27 783 personnes à Rosso soit 13,7 % de la population du Trarza
- 9 635 personnes à Aleg soit 5,0 % de la population du Brakna
- 30 5 15 personnes à Kaédi soit 15,9 % de la population du Gorgol
- 11 530 personnes à Sélibabi soit 9,9 % de la population de Guidimaka.
La rive droite du fleuve Sénégal est donc essentiellement rurale. Malgré l’absence de
statistiques officielles de la répartition ethnique de la population (tableau 1), il semble que les
maures (beydanes et haratines) et les halpulaars (peuls et toucouleurs) soient majoritaires. Or
il s’agit traditionnellement de peuples d’éleveurs. Ceci laisse supposer qu’une frange très
importante de la population mauritanienne riveraine du fleuve Sénégal est impliquée dans
l’élevage. Elle est probablement supérieure à celle directement concernée par les cultures
irriguées.
4

‘Tableau 2 : population rurale et urbaine dans la Vallée du fleuve Sénégal (Sources :
DirectiOn de la Prévision et de la Statistique - Recensement général de la population de 1988 ;
Annuaire des Statistiques de la Vallée du Fleuve Sénégal - Ed 199Y1996 - SAED)
Département
1988
1996
Dagana
population rurale
56 744
98 889
population urbaine (1)
179 541
312 896
total Dagana
236 285
411 785
Podor
population rurale
88 237
153 775
population urbaine (2)
16 100
28 058
total Podor
104 337
181 833
Matam
population rurale
109 059
190 062
population urbaine (3)
12 864
22 419
total Matam
121923
212 481
Bakel
population rurale
30550
53 240
population urbaine (4)
7 959
13 871
total Bakel
38 509
67 111
Total
population rurale
284 590
495 966
population urbaine
2 1 6 4 6 4
377 245
TOTAL
501 0 5 4
873 211
(1)
Communes de St Louis, Richard Tell e( Dagana
(2)
Communes de Podor et Ndioum
(3)
Commune de Matam
(4)
Commune de Bakel
Le tableau 2 présente le recensement de la population de 1988 (DPS, 1988) et une
estimation réalisée en 1996 (SAED, 1997). On constate une augmentation sensible de la
population en 8 ans, avec un taux d’accroissement de l’ordre de 2 % par an.
Le groupe majoritaire est l’ethnie haljndaar (peuls et toucouleurs), traditionnellement
tournée vers l’élevage, en particulier dans les départements de Podor et de Matam puisqu’elle
y représente 90 % de la population, soit plus de 60 % du total de la Région de St Louis. Dans
le département de Dagana où l’urbanisation et la culture irriguée sont les plus développées, les
wolofs forment environ les 2/3 de la population. Enfin, dans le département de Bakel, les
soninkés sont les plus nombreux.
. En raison de l’importance démographique des halpulaars dans la Région de St Louis, il
n’est pas surprenant de noter que 75 % de la population avaient comme première ou seconde
activité l’élevage (DPS, 1988). En gardant ce taux inchangé pour 1996, on peut par
conséquent considérer que 650 000 personnes sont directement intéressées par cette activité
sur lsrive gauche du Sénégal. A titre de comparaison, ce nombre est sensiblement supérieur a
celui des personnes impliquées dans la culture irriguée, estimé en 1996 sur la même zone à
500 000 personnes (SAED, 1997).

4. Le cheptel
Nous nous intéresserons ici essentiellement aux ruminants domestiques (bovins, ovins,
caprins) et aux camelins en raison de leur importance numérique et de l’interaction entre ces
productions animales et la gestion de l’eau du fleuve (1).
Comme nous l’avons constaté précédemment, le sud de la Mauritanie et le nord du
Sénégal, zones riveraines du fleuve Sénégal, sont traditionnellement des régions d’élevage.
Les chiffres qui sont présentés dans ce paragraphe ne feront que confirmer l’importance,
sociale et économique, de cette activité majeure.
* rive droite (Mauritanie)
La Vallée et le Delta du fleuve Sénégal représentent respectivement pour les bovins, les
petits ruminants (ovins et caprins) et les camelins 33 %, 44 % et 23 % du cheptel national
(FAO, 1993). La figure 1 et le tableau 3 présentent les effectifs animaux des régions
riveraines du fleuve Sénégal. Ils montrent l’importance numérique des troupeaux de petits
ruminants (ovins et caprins) comparativement aux bovins et aux camelins, notamment dans le
Brakna et le Gorgol.
Il persiste néanmoins une grande incertitude sur les données concernant les petits
ruminants et les camelins, pour lesquels il n’existe pas de recensement ni même de campagne
de vaccination (base de l’estimation des effectifs bovins). En outre, il n’est pas possible de
discerner les ovins des caprins.
Dans la région du Trarza, selon les agents du Service de 1’Elevage de Rosso, les
effectifs bovins seraient en 1998 de 15 000, 25 000 et 37 000 têtes respectivement dans les
départements de Rosso, R’Kiz et Keur Macène. Ils seraient de 100 000 têtes dans toute la
région. Ce chiffre est sensiblement supérieur à l’estimation de 65 000 têtes proposée dans le
tableau 3 d’après les données du DRAP (1997) et de la FAO (1993)
--.-~_ . .._ . . .._
0 camelins
q bobins
aiocins et captins
J!@ure 1 : effectifs (nombre de têtes) par espèce dans les régions du Trarza, du Brakna,
du Gorgol et de Guidimaka (d’après DRAP (1997) et FAO (1993)).
(1) Avertissement : compte tenu de la méthode de recensement utilisée, basée principalement sur .le
nombre d’animaus vaccinés par les Services de I’Elevage. et de la difiïcult~ d’obtenir des donnk exactes en
système extensif et transhumant. il faut rester prudent quant à la fiabilité des effectifs présentés dans ce
paragraphe, notamment en rive droite.

* rive garlche (Sknkga~
La Vallée et le Delta du fleuve Sénégal représentent respectivement pour les bovins, les
petits ruminants et les cameiins 25 %, 21 % et 41 % du cheptel national (Direction de
l’élevage, 1997). La figure 2 présente les effectifs par espèces et par département. Il faut
souligner l’importance quantitative des départements de Podor et de Matam par rapport à
celui de Dagana. Les ovins sont majoritaires dans le département de Matam alors que les
effectifs en ruminants domestiques (bovins, ovins, caprins) sont sensiblement égaux dans le
département de Podor.
0 Quins
n sains
q boHns
0 caplins
q odns
Figure 2 : effectifs (nombre de têtes) par espèce dans les départements de Dagana,
Podor, Matam et Bakel en 1997 (Source : Service de 1’Elevage et Direction de I’Elevage,
1997)
Notons également que, côté sénégalais, les camelins ne représentent que quelques
centaines de têtes dans chacun des départements. La volaille est en revanche une production
développée avec 600 000 animaux estimés en 1997 dans la Région de St Louis (Service de
I’Elevage, non publié, 1998). Néanmoins, elle est actuellement indépendante de la gestion des
eaux du fleuve, notamment en ce qui concerne les moyens de production et les intrants
majoritairement importés (poussins, aliments, produits vétérinaires .),
5. Les productions animales
Comme dans le paragraphe précédent, nous nous focaliserons ici essentiellement sur les
productions bovines, ovines, caprines et camelines : viande, lait, cuirs (bovins) et peaux
(petits ruminants).
Nous devons par ailleurs attirer à nouveau l’attention du lecteur sur les difficultés
d’obtenir des données fiables dans ce domaine. Par conséquent, nous devons rester prudents
quant à leur interprétation.
Dans ce paragraphe, nous n’aborderons pas l’importance de la fumure ni de la traction
animale pour lesquelles les statistiques sont trop partielles.

* rive droite (Mauritanie)
Tableau 3 : effectifs et potentiel de production des troupeaux des régions du Trarza, du
Brakna, du Gorgol et de Guidimaka (d’après DRAP (1997) et FAO (1993)(*))
.Region
Trarza
Brakna
Gorgol
Guidimaka
effectifs (nombre de têtes)
bovins
6 4 8 6 0
9 7 2 9 0
108 0 0 0
8 6 480
ovins et caprins
8 2 6 5 6 0
1 7 5 6 440
1 3 4 3 160
6 1 9 9 2 0
camelins
122 5 4 0
6 6 8 4 0
11 140
55 7 0 0
potentiel de production de viande (en t/an)
bovins
9 7 3
1 4 5 9
1 6 2 2
1 2 9 7
ovins et caprins
3 100
6 5 8 7
5 0 3 7
2 3 2 5
camelins
1 9 8 5
1 0 8 3
180
9 0 2
potentiel de production de lait (en t/an)
bovins
7 8 2 2
11733
1 3 0 3 7
1 0 429
ovins et caprins
2 480
5 269
4 0 2 9
1 8 6 0
came1 ins
2 2 167
12 091
2 0 1 5
1 0 0 7 6
potentiel de production de cuirs et de peaux (en unités/an) (88)
bovins
6 486
9 7 2 9
1 0 8 1 0
8 6 4 8
ovins et caprins
2 0 6 6 4 0
4 3 9 110
3 3 5 7 9 0
154 9 8 0
camelins
1 1 0 2 9
6 0 1 6
1 0 0 3
5 0 1 3
(*) d’aprk F.40 (1993). la répartition des effectifs selon la région est respectivemat pour les bovins, les petits ruminants et les camelins de
6.86 11 % pour le Trarza, 9, 17 et 6 o;O pour le Brakna, 10, 13. 1 o;O pour le Gorgol et 8, 6 et 5 OO pour Guidimaka par rapport au total
mauritanien.
(**) le potentiel eTloitable des cuirs et peaux est estimé à partir d’animaux abattus pour la consommation en Mauritanie, soit 56 % du total
des bovins commercialisés. 79 % des petits ruminants et 70’% des camelins.
Les filières de production sont relativement mal organisées à l’exception notable de
l’usine de collecte de lait de Rosso dépendant de « La Laitière de Mauritanie )). Sa capacité de
collecte est de 20 000 1 lait /j. Néanmoins, la collecte actuelle est de l’ordre de 9 000 à 10 000
litres de lait par jour dont les % sont du lait de vache. Le dernier ti est essentiellement
constitué de lait de (( chamelle )), la production de lait de chèvre étant à ce jour symbolique.
Sur l’année, cela représente un total de 3,5 à 4 milliers de tonnes de lait. Ce chiffre représente
près de la moitié du potentiel du Trarza en lait de vache d’après les données du tableau 3.
II faut noter également que l’ensemble des cuirs et peaux collectés en rive droite (hors
circuits artisanaux) le sont par la Société de Gestion des Abattoirs du Sénégal. En l’absence
de tannerie en Mauritanie, le traitement est donc effectué au Sénégal.
* rive gauche (Séit&aJ
Sur la rive sénégalaise, la filière lait est informelle, en ce qui concerne la production
locale. L’autoconsommation, le don ou le troc de lait sont développés. Les études en cours
(Corniaux, PSI-Sénégal, 1999) donneront probablement une idée plus fiable des volumes et
des circuits de commercialisation dans le Delta. Dans l’attente de ces résultats, il est possible
de donner une estimation de la production potentielle de lait de vache avec les hypothèses
suivantes : (1) 25 % des animaux du troupeau sont des vaches laitières en production, (2)
chaque animal en lactation produit 500 à 600 kg lait / an.
8

Tableau 4 : Estimation de la production potentielle de lait de vache et de viande bovine
dans la région de St Louis et le département de Bakel.
Département
Dagana
Podor
Matam
Bakel
Effectifs bovins (*)
43 000
167 050
120 000
280 790
Vaches en lactation
10 750
41 500
30 000
70 200
Production de lait
5.4 à 6.5
2 1 à25
1 5 à 1 8
3 0 à 3 5
(en milliers t/an)
Production de viande
6 4 5
2 5 0 0
1 8 0 0
4 2 0 0
tovine (**) (en t/an)
(‘) d’aprés les donnhs de I’hspedim Régionale de I’Elwage (1997) pour Dagana, Podor et Matam de la Direction de I’Elevage
(1997) pour Bakel.
(**) sur la base d’un taus d’eqloitation de 10 Oo (Toumnd. 1993) et d’un rendement carcasse de 50 Oo (poids vif à L’abattage de
300 kg).
Contrairement aux idées reçues, la production de lait n’est pas négligeable quand on la
compare aux importations de produits laitiers dans la Région de St Louis estimée en 1998 à
21.6 mille tonnes (GERCOM, com. pers., 1999).
La filière viande est elle aussi informelle, à l’exception des abattages contrôlés
présentés dans les figures 3 et 4. Elles montrent une variabilité interannuelle pour les
abattages des petits ruminants (chèvres et moutons) et une relative stabilité des abattages
bovins depuis le début des années 1990. Les effectifs abattus de façon contrôlée sont
relativement faibles et probablement très inférieurs à la réalité (tableau 4), notamment pour
les petits ruminants sacrifiés lors des fëtes religieuses. A titre d’exemple, en 1996, ces
abattages représentaient en poids N carcasse » pour la Région de St Louis environ 800, 150 et
200 tonnes respectivement pour les bovins, les ovins et les caprins (d’après DIREL, 1997).
Enfin, l’importation de viande semble limitée dans la zone si l’on excepte toutefois les achats
d’animaux sur pied en provenance des autres régions du Sénégal, de la Mauritanie et du Mali.
Figure 3 : abattages contrôlés à St Louis (commune)

I
7000 1
.--
.
Figure 4 : abattages contrôlés à Podor
Cnfin, la filière (( peaux et cuirs )) est intimement liée à la filière des abattages contrôlés.
Elle est relativement H discrète D. A titre d’exemple, le nombre de peaux relevé en 1998 à
l’abàttoir de la commune de St Louis est de 2 578, 6 554 et 4 895 respectivement pour les
cuirs de bovins, les peaux d’ovins et de caprins (SOGAS, non publié, 1999).
10

II. EAUX DU FLEUVE SENEGAL ET ELEVAGE : RELATIONS
1. Ressources fourragères et alimentation des animaux
L’élevage des ruminants domestiques et des camelins est globalement de type extensif
dans notre zone d’étude (cf chapitre III.). Dans les conditions sahéliennes, l’alimentation y est
la contrainte majeure (Comiaux, 1998a ; Tourrand, 1993 ; Détoubab, 1995). Cette
alimentation est basée sur l’alternance et la complémentarité de :
- l’utilisation de pâturages communautaires de diéri (pâturages d’hivernage) de bonne
valeur alimentaire d’août à octobre mais dépendants de la pluviométrie
- afin d’éviter les transhumances longues et contraignantes, l’utilisation, en saison
sèche, de la végétation sur les zones de waalo inondées par la crue du fleuve (parcours de
décrue, parcours post-culturaux, cultures fourragères, végétation arborée) dépendante de
l’ampleur de la crue et de l’articulation avec les autres activités du waalo (cultures de décrue,
périmètres irrigués).
La gestion des eaux du fleuve par les ouvrages (barrages, endiguement, périmètres) a
essentiellement un impact sur l’extension des crues et donc de la biomasse végétale disponible
pour l’élevage dans les zones de waalo. Dans ce paragraphe, nous allons nous intéresser par
conséquent prioritairement à ces derniers.
Nous définirons comme N pâturages » l’ensemble des espaces libres utilisés pour
l’alimentation des animaux ou susceptibles de l’être (Détoubab, 1995). Ces espaces
comprennent :
- les pâturages naturels ou parcours du bétail qui constituent l’ensemble des espaces
libres naturels traditionnels destinés à la pâture des animaux, généralement propriété de I’Etat,
_ - les jachères ou espaces cultivables laissés au repos ou non exploités,
- les pâturages artificiels post-culturaux constitués par les restes de sous-produits
agricoles (pailles, fanes ), par les repousses et adventices éventuelles ainsi que par les
espaces herbacés séparant les champs,
- les prairies artificielles aménagées pour la production de fourrages.
Ces différents types de pâturages, principale ressource fourragère en système extensif,
seront décrits ici. Toutefois, nous signalerons également l’importance des sous-produits
agricoles et agro-industriels utilisables dans les rations des animaux.
* ressources fourragères liées à la décrue dtrcfleuve
- parcours de décrue, bourgoutières (l), abords des mares temporaires et forêts à
gonakiés
Traditionnellement, ces parcours ont toujours participé à l’équilibre fourrager des
systèmes d’élevage liés au fleuve Sénégal, en fournissant aux troupeaux, de retour des
pâturages du diéri exploités en hivernage, une alimentation riche et abondante en saison
sèche. Au cours des trente dernières années, la sécheresse, la construction des barrages,
l’endiguement du fleuve et le développement des aménagements hydro-agricoles ont
totalement bouleversé cet équilibre spatio-temporel (cf III). Dans cette évolution, .la
sécheresse a davantage touché la Vallée en réduisant la crue et les surfaces inondées, Les
pâturages (( naturels )) du Delta sont toutefois les plus affectés en raison de l’ampleur des
aménagements liés au développement de la riziculture. Les parcours de décrue restent
toutefois une ressource importante comparativement aux autres ressources fourragères
pâturables. En outre, ils sont majoritaires dans la Vallée (figure 5, tableau 7). Ils sont
11

particulièrement présents autour des lacs (Guiers, R%iz, Aleg, Mâl) et des grandes cuvettes
non aménagées (Trois Marigots, Ndiaël, Djoudj, forêts à gonakiés de la vallée .).
Directement liés à la crue du fleuve, les parcours sont conditionnés par la hauteur de
cette dernière. Comme pour la crue, et en dépit de sa régularisation par les barrages, ils sont
donc sujets à des variations annuelles conséquentes. C’est pourquoi, la gestion des eaux du
fleuve permettrait probablement de stabiliser cette ressource fourragère. En Mauritanie, des
lâchers d’eau en avril permettent d’ailleurs de remettre en eau certaines zones du Delta et
autour du Gorgol afin de favoriser les repousses d’herbes avant la fin de la saison sèche.
(1) par bourgoutière. on entend la formation graminéeme d’excellente valeur fourragère. infhdée aux
terrai+ argileux peu ou ps salés. subissant l’alternance d’inondation / exondation (peyre de Fabrègues et Besse.
1994). Les espèces constitutives majeures sont Echinochloa stagnina et F’ossia cuspidata. On les rencontre
essen!iellement dans le Delta en rive droite (zone du Gouère. cuvette d’El Wessa ‘a).
- parcours post-culturaux
Les parcours post-culturaux de décrue concernent essentiellement l’utilisation des
pailles sur pied de sorgho et de maïs, après récolte des grains (février-mars). Ils sont
développés dans la Vallée et plus spécifiquement dans les départements de Matam et de Podor
(tableau 6). La coupe des pailles est fréquente également quand elle est destinée aux élevages
de case, qui concernent généralement les moutons. Le stockage se fait alors dans des greniers
édifiés dans de nombreuses concessions du waalo de ces deux départements. Sur la rive droite
de la Vallée, les chaumes de riz, de mil, de sorgho et de maïs ainsi que les fanes de patates
douces et de niébé sont également régulièrement coupés et distribués à l’auge, notamment
dans la région de Kaédi.
Comme pour les parcours (( naturels » de décrue, leurs surfaces varient
considérablement d’une année à l’autre. Cela mériterait également, à l’avenir, une meilleure
gestion des crues, d’autant qu’une activité traditionnelle agricole en dépend,
* ressources fourragères liées à I ‘irrigation
- parcours post-culturaux (céréales : riz, sorgho et maïs)
Ils sont essentiellement issus de la culture du riz et sont particulièrement développés
dans le Delta (tableau 6, cartes 2 et 3). Après la récolte, les animaux, généralement les bovins,
entrent dans les casiers pour y exploiter la paille, les repousses de riz et les adventices. Ainsi,
les troupeaux pénètrent dans les périmètres en janvier-février, après la récolte d’hivernage, et
en juillet-août, après la récolte de contre-saison. Dans le Delta, cette ressource est donc très
importante pour les éleveurs en début et en fin de saison sèche (Tourrand, 1993 ; Corniaux,
1998a).Malgré la législation en place (décret 80-268 au Sénégal, ordonnance 83-127 du 5 juin
1983 en Mauritanie), ce pâturage est souvent source de conflits entre les éleveurs et les
agriculteurs, sur des terres qui étaient autrefois des lieux de transhumance traditionnelle en
saison sèche. Les éleveurs reprochent généralement aux agriculteurs une occupation
anarchique de l’espace sans références à leur activité ancestrale. Ces derniers accusent en
revanche le bétail de divagation, de destruction des diguettes et des canaux ou encore de
transport de semences d’adventices par le biais des déjections. En outre, l’accès à ces
pâturages est parfois interdit par la construction d’aménagements hydro-agricoles. Le
développement de la double culture sur certains grands périmètres jouent également en
défaveur des parcours post-culturaux en raison d’un calendrier cultural qui réduit fortement le
temps de pâture possible. La paille est alors brûlée quasiment de façon systématique.
12

A ces parcours, notons que vient s’ajouter l’utilisation régulière par les troupeaux des
fourrages naturels disponibles le long des canaux. Bien que quantitativement modestes, ils
peuvent participer à la survie des animaux en période de soudure.
- sous-produits agricoles et agro-industriels (SPAL)
Liés aux productions agricoles, les SPAI sont particulièrement importants sur la rive
gauche où des filières se sont organisées. Il s’agit des sous-produits du riz (son et farine, 25
000 ha), de la canne à sucre (mélasse, 6 700 ha), de la tomate (drèches, 1 200 ha) et de fanes
de culture (arachide, patates douces, niébé). Le Delta du fleuve est le plus riche en ces sous-
produits compte tenu du développement important de ces cultures irriguées dans cette zone
(carte).Les quantités produites (tableau 5), leur qualité et surtout leur utilisation par les
troupeaux de la Vallée et du Delta du fleuve Sénégal sont cependant très variables en fonction
des types de SPAI considérés (Corniaux et Diallo,1998b). A titre d’exemple, la mélasse de la
CSS à Richard Toll est quasi totalement exportée et n’est pas utilisée par les animaux de la
zone. Les drèches de tomates sont en revanche exploitées en priorité par les riverains de
l’usine de Savoigne (SOCAS), en raison des faibles quantités disponibles et de la politique de
l’usine. Le son de riz est plus communément utilisé par les éleveurs, notamment en période de
soudure ou pour des animaux en production (embouche ou lait). L’utilisation de sous-produits
en dehors de la fin de la saison sèche est d’ailleurs plus systématique dans le Trarza
(Mauritanie) où la production laitière est organisée autour de l’usine de collecte de lait de
Rossa.
1 3

Tableau 5 : potentiel de production en sous-produits agricoles et agro-industriels en rive
gauche de la Vallée et du Delta du fleuve Sénégal
r
Type de
Dag= (1)
Podor
Matam
Bakel
Total
Sous-produits
(en t MF/an) (en t MF/an) (en t MIVan) (en t MI%)
paille de riz
60 500
18 800
4 100
1 600
85 000
son de riz artisanal
12 500
3 900
850
330
17 580
E:N
son de riz industriel
550
150
35
0
735
farine de riz
1 950
600
130
0
2 680
IIRRICUE
drèches de tomates
190
0
0
0
190
(’“1
mélasse de canne
35 000
0
0
0
35 000
fanes d’arachide
(***)
14
249
?
3
fanes de niébé
600
600
fanes de patates
2 100
2 100
paille de sorgho
0
650
1 600
750
3000
paille de maïs
20
1 100
750
200
2 070
fanes d’arachide
?
?
?
7
?
E:N .
fanes de niébé
0
0
250
250
Il)ECRUE fanes de patates
380
1 200
700
2 280
tk* )
paille de sorgho
1900
9 500
39 000
0
50 400
paille de maïs
10
0
4 200
5 000
9210
MF : Matière Fraîche
(*) d’apres SABD/DPDR, Banque de Données, 1995-96 (SABD, 1997).
(**) d’après Inspection Régionale de l’Agriculture (96-97)
(***) cultures en bordure du lac de Guiers non comprises
(1) d’après Corniaus et Diallo (1998b) pour les sous-produits du riz, de la tomate et de la canne S sucre
(hivernage 97 a hivernage 98)
En rive gauche, faute de statistiques fiables, nous n’estimerons ici que les sous-produits
issus du riz (en tonnes/an):
Type de sous-produits
Trarza
Vallée
Paille de riz
5 0 0 0 0
15 000
Son artisanal
2 8 0 0
5 0 0
Son industriel
3 2 0 0
6 400
Drêches de tomates
0
0
Mélasse de canne
0
0
d’après GLG Consultants, Sonader (1998)

m
cultures fourragères
Faute d’organisation des filières de productions animales (lait notamment), les cultures
fourragères sont quasiment inexistantes en rive gauche du fleuve (tableau 6). En revanche, on
constate une émergence certaine dans le Delta en rive droite. Ceci est lié à l’intensification du
système d’élevage accompagnant la structuration de la filière lait autour de l’usine de collecte
de Rosso. Le contexte actuel (dévalorisation de la monnaie locale face au Fcfa) est par ailleurs
défavorable à l’importation massive de sous-produits agricoles en provenance du Sénégal
(tourteaux d’arachide, son de riz) pour à l’alimentation des vaches laitières. Les cultures
fourragkes, en substitution à ces sous-produits, deviennent par conséquent économiquement
viables, De plus, elles apparaissent comme une alternative à la monoculture du riz.
* syilthèse des ressources fourragères
A. surfaces Dâturables
Les tableaux 6 et 7 ainsi que la figure 5 présentent les potentialités des différents types
de surfaces pâturables du waulo en rives gauche et droite, décrites ci-dessus.
Tableau 6 : inventaire par département des ressources fourragères pâturables
potentielles (en ha) en rive gauche du fleuve Sénégal (zone du waalo)
Type de ressources
Dagana
Podor
Matam
Bakel
Total
Parcours de décrue, mares
19 000 ha (1)
39 650 ha (2)
24 000 ha (2)
?
‘?
tempo-ires. forêts à gonakiés (*)
Casier? aménagés non
25 137 ha (3)
7 978 ha (3)
4 340 ha (3)
813 ha (3)
38 268
ehyloités
Parcours post-culturaw
- riz (en irrigué)
16 394 ha (3)
5 376 ha (3)
1 178 ha (3)
457ha (3)
23 405
- sorgho, maïs (en irrigué)
8ha(3)
888 ha (3)
1 168 ha (3)
480 ha (3)
2 544
- sorgho. maïs (en décrue)
969 ha (4)
4 783 ha (4)
21 561 ha (4)
4 539 ha (4)
31852
Cultures fourragères
E
E
0
0
E
Total (en ha)
61 508 ha
58 675 ha
52 247 ha
?
(*) dont les forêts ciassbes
(1) Tourrand (1993). hors Parc du Djoudj
(2) GERSAR / PDRG (1990)
(3) SAED/DPDR Banque de Données, 1995-96 (SAED, 1997)
(4) Inspection Régionale de l’Agriculture de St Louis, année 19%-97
Signalons ici que les données relatives aux parcours post-culturaux de décrue sont
relevés dans le tableau 6 pour la campagne 1996-97 et ne peuvent pas être considérées commé
une moyenne interannuelle. Nous proposons au lecteur de se référer au rapport sur les cultures
de décrue pour de plus amples détails.
15

Figure 5 : inventaire par département des ressources fourragères pâturables potentielles (en
ha) en rive gauche du fleuve Sénégal (zone du waalo)
-.---~
70000 y
60000 i_geerq_--.-- _~~-
~.--
;
j
0 0 0 - -
c--------j I’ L-----
1
~. -
i
I
000 )
000
000
%.
OOO-
: - - - -
0 B,
_-
--/
Dagana
Podor
----
Cl parcours décrue
Ocasiers non exploités -.~~
Cl c@3rs riz
Illcasiers sorgho et maïs
; /
Odecrue sorgho et mai3
- ~..~-
_._. - _.
- - - -
Tableau 7 : inventaire par département des ressources pâturables potentielles (en ha) en rive
droite du fleuve Sénégal (zone du waalo)
Trarza
Brakna
Gorgol
Guidimaka
Total
Potentiel irrigable
47 300
49 700 38 300
8 200
137 400 ha
(FAO, 1995)
Parcelles aménagées 28 603
4 200 7 458
500
40 261 ha (4)
(SONADER 1994)
Parcelles cultivées
13 600
mm-e ~~~~~--~~__m---~ 3 825 e-_-e-___________
17 425 ha
(SONADER 1998 ; campagne 96/97)
Potentiel de décrue
18 000
19 100 25 000
4 000
66 100 ha
(FAO, 1995)
Potentiel forêts
8 500
9 000
4 500
2 500
245OOha
(FAO, 1995)
Cultures fourragères
démarrage
E
E
0
E
TOTAL (**)
55 100 ha 32 300 ha
37 000 ha
7oOOha
(*) en 1998. elles sont estimées à 45 000 ha d’après la SONADER
(**) parcelles amhagées + potentiel forêts + potentiel de décrue + cultures fourragères
Le potentiel de décrue estimé dans ce tableau par la FAO (1995) nous paraît surévalué
(66 100 ha) dans la mesure où il ne prend en compte que les cultures. Une donnée de l’ordre
de 40 000 ha nous semble plus proche de la réalité (y compris les parcours pastoraux de
décrue, tels que les bourgoutières). Nous invitons le lecteur à se référer au rapport spécifique
sur les cultures de décrue pour mieux appréhender cette évaluation.
B. Potentiel fourrager et potentiel productif
Le tableau 8 présente une estimation du potentiel fourrager du waalo déterminé à partir
des tableauj< 6 et 7. Nous nous sommes ici volontairement limités au potentiel lié directement
à la décrue (l’irrigué et les sous-produits agro-industriels ne sont pas comptabilisés). Nous
avons en effet voulu évaluer le nombre de bovins, animaux les plus présents dans cette zone,
16

capables de passer la saison sèche (janvier à juillet) sur ces ressources alimentaires. On
parlera donc ici essentiellement de besoins d’entretien du cheptel. Pour les besoins de
production, on pose comme hypothèse que les pâturages de diéri en hivernage et les sous-
produits du riz et agro-industriels, voire les achats d’aliments du bétail (tourteau d’arachide
dans le Delta mauritanien, « jarga )) en rive gauche), y subviennent.
Sur la base d’une année de crue moyenne (1996-97), le tableau 8 montre que 250
000 à 300 000 bovins peuvent passer la saison sèche sur les ressources de décrue en rive
gauche et 150 000 à 200 000 en rive droite. Traduit en termes de productions animales,
cela correspond sur une année à un troupeau laitier fournissant 55 à 60 tonnes de lait
frais (*) et 45 000 têtes abattues (**). Avec un prix du lait frais variant de 300 B 350 Fcfa
et le prix du vif de 75 000 à 100 000 Fcfa, le chiflre d’affaires (CA) induit est donc
respectivement de 3.5 à 4.5 millions de KFcfa pour le lait et de 17 à 20 millions de KFcfa
pour la viande. On peut facilement comparer ce chiffre d’affaires à celui du riz dans
toute la Vallée où, avec 50 000 ha cultivés, on peut espérer un CA de l’ordre de 20
millions de KFcfa. Les charges en Elevage étant sensiblement plus faibles que celles de la
riziculture, il est par conséquent facile de considérer l’importance économique de
l’élevage dans la Vallée et, en corollaire, le rôle très important du maintien d’une crue
artificielle pour l’ensemble des éleveurs de la zone.
(*) avec comme hypothèse, 25 % de vaches laitières dans un troupeau et 500 kg
lait/vache par lactation
(**) avec un taux d’exploitation de 10 % du troupeau,
17

Spe de resssour~~
Dagana
Podor
Matam
BaM
Rive gauche
surface
potentiel
nb t&s
surface
potcnti~l
nb tacs
surface
poltiiel
nb thes
surfaœ
polcnliel
nb tètes
total nb t&s
tic gauche (**PI)
(m ha)
(en 1 MS)
en SC
(a ha)
(en t MS)
msc
(m ha)
(en t MS)
al SC
(a ha)
(m t MS)
a-l SC
en SC
arcours dc d&ue, mares
19 000
47 500
43 182
39 650
99 125
90 114
24 000
60000
54 545
?
?
?
187 811 (hors Hakcl)
anporaires, for& A gonakic%
‘as& aménag& non exploC&s
25 137
12 569
11 426
7 978
3 989
3 626
4 340
2 170
I 973
813
406.5
370
17 395
arcouTs post-a~lturaux
sorgho, maïs (en dtkaue)

969
1 938
1 762
4 783
9566
8 696
21 561
43 122
39 202
4 539
9 078
8 253
57 913
Sous-total (etiarge permise)
56 370
102 436
95 720
?
TlWZa
BrakM
Gorgol
Guidimaka
Rivedroite
surfsœ
patczitiel
nb tt%es
surface
potentiel
nb tèlea
surf=
pOlU&l
nb tètes
surface
miel
nb thes
ïotalnbtêtes
hvc dro&e (Mauritanie)
(a ha)
(en t MS)
el SC
(81 h-4
(en t MS)
msc
(a ha)
(en t MS)
msc
(a ha)
(en t MS)
en SC
enSC
dedel de fwè&
8500
21250
19 318
9000
22 500
20 455
4500
Il 250
10 227
2500
6 250
5 682
55682
deati& de parcours ~OS-
18000
36000
32 727
19 100
38 200
34 727
25000
50 ooo
45 455
4000
8000
7 273
120 182
dturaux de déaue
Sous-total (charge pennlse)
52 045
55 182
55682
12 955
Tableau 8 : Estimation du nombre de bovins pouvant pâturer en saison sèche (SC)* le potentiel fourrager du waafo issu d’une crue artificielle **
(hors cultures irriguées et sous-produits agricoles et agro-industriels)
(*) : de janvier A juillet ; (**) : données estimées à partir des cultures de décrue de l’ann& 1996-97 en rive gauche et du potcnticl estim6 par la FAO (1995) en ricï: droite (cf tableaux 6
et 7) ; MS : Ma&re S&che
Le potentiel fourrager est estimé comme suit : 23 t MS/ha/an pour les parcours de décrue ou les forêts. 2 t MS&a/an pour les parcours post-culturau~ de maïs ou de sorgho, 0.5 t
MS/ha/an pour les casiers aménagés non exploités.
Le pâturage des bovins est r&atti sur toute la saison &che (SC, 7 mois) sur la base d’une consommation de 5 kg MS/têteIj (ITEB, 1989). soit 1.1 t MS/tête pour les 7 mois.

Estimation du nombre de bovins pouvant pâturer en saison sèche
le potentiel fourrager du waalo issu d’une crue artificielle
zone hiimide
route bituminée
-
-
-
route non bituminée
limite départementale
Kilomètres
\\GlJIDIMAKA i
MATAM
,:
Dakar

2. Eaux du fleuve et abreuvement des animaux
Nous nous intéresserons ici essentiellement aux ressources en eau localisées dans le
wcmZ0 en raison de leur diversité et de leur relation directe avec le fleuve.
* ressources en eau pour 1 ‘abreuvement des troupeaux
Les ressources en eau pour l’abreuvement des troupeaux sont variées dans le waalo. Le
fleuve et ses principaux défluents et affluents représentent toute l’année des points d’eau
répartis sur toute la vallée et le delta (cartes 2 et 3). Il en est de même pour les canaux des
aménagements hydro-agricoles particulièrement denses en aval. Mais, paradoxalement, si
cette ressource est présente toute l’année et quasiment sur l’ensemble du wualo, elle est
également difficilement accessible pour les animaux. D’abord, parce que les aménagements
agricoles ont rarement tenu compte des pistes à bétail, ce qui a de fait coupé l’accés aux
points d’eau du fleuve. Ensuite parce qu’en période de culture, la présence des troupeaux est
interdite dans les périmètres irrigués, localisés le long du fleuve. Enfin, parce que même en
dehors des périodes de culture, l’arrivée de troupeaux près des aménagements pour
l’abreuvement est source de conflits avec les agriculteurs, au même titre que pour l’utilisation
des parcours post-culturaux. Enfin, lorsque l’accès est permis, il est parfois dangereux pour le
bétail en raison des berges relativement abruptes dans la vallée (Détoubab, 1995).
Aussi, les éleveurs ont souvent recours à d’autres points d’abreuvement. Il s’agit des
mares temporaires et des marigots qui ont été alimentés en eau par les pluies d’hivernage
et/ou la crue du fleuve. Le réseau est complexe et est l’objet actuellement d’études sur leur
importance spatio-temporelle. Quoiqu’il en soit, cette ressource s’épuise au cours de l’année
pour disparaître progressivement en saison sèche. En outre, la stagnation de l’eau, l’apport
éventuel d’eaux de drainage et les remontées de sel, surtout en aval, augmentent
considérablement les risques sanitaires en cas d’utilisation.
Par ailleurs, sur le diéri, le maillage des forages à exhaure est insuffisant notamment
dans le: département de Dagana, le jèrlo de Matam et en Mauritanie, ce qui rend difficile
l’exploitation de vastes espaces pâturables.
* complémentaritè avec 1 ‘alimentation
Si la recherche de points d’eau apparaît aux dires des éleveurs comme beaucoup moins
problématique que la recherche de nourriture (Corniaux, 1998a), de nombreux problèmes
persistent tels que leur accès, la gestion de leur qualité ou la densité trop faible de forages
dans le diéri. Il faut également être conscient de la nécessité pour l’éleveur de trouver en
même temps (1 journée) et en un même lieu (rayon de quelques dizaines de km) de l’eau et du
fourrage pour ses animaux. Toute la stratégie d’occupation de l’espace par l’éleveur découlera
de cette bonne adéquation qu’il devra gérer au quotidien et sur l’année (transhumances
courtes et longues).
C’est à ce niveau que nous devons d’ailleurs insister sur la complémentarité du diéri (en
hivernage) et du waulo (en saison sèche) qui peuvent ofiir aux troupeaux eau et nourriture
sur un cycle annuel.
19

3. Aspects sanitaires et vétérinaires
S’il existe un impact de l’eau du fleuve clairement identifié comme négatif pour
l’élevage, il s’agit bien des problèmes sanitaires qu’engendrent la présence de plans d’eau,
plus ou moins stagnants, disséminés tout au, long du waalo. Ils représentent en effet un
excellent milieu de développement pour les parasites et autres organismes pathogènes ou leurs
vecteurs (en premier lieu, les moustiques). L’homme et l’animal sont d’ailleurs menacés au
même titre.
La zone la plus sensible est le Delta en raison notamment de son réseau hydrographique
complexe, de la construction du barrage de Diama et de l’ampleur des aménagements hydro-
agricoles. Ainsi, des plans d’eau sont persistants toute l’année (soutien des étiages) et
représentent un milieu extrêmement favorable à la multiplication d’agents pathogènes et des
moustiques. En outre, certains d’entre eux reçoivent des eaux de drainage chargées en sel, en
engrais et en pesticides (lac de Guiers . .). Il faut noter qu’à ce jour aucune étude de grande
ampleur n’a été menée sur ce thème afin de mesurer les teneurs exportées en ces différents
éléments ou substances chimiques et d’évaluer les risques pour le bétail. Néanmoins, à
certaines périodes de l’année, les éleveurs abandonnent certains sites, tels que le Noar (Delta,
rive gauche), réputés dangereux (risques d’empoisonnement) lors de l’abreuvement des
troupeaux. Le Delta est également évité par les éleveurs en hivernage à cause de la
prolifération des moustiques. Cela coïncide aussi avec le déplacement vers le diéri proche
pour l’exploitation des parcours d’herbes vertes. Pourtant, malgré les risques sanitaires et le
manque à gagner qu’ils représentent, certains éleveurs ne quittent pas la zone. 11 s’agit en
particulier des éleveurs bovins de Keur Macène (Mauritanie) qui trouvent dans la cuvette d’E/
Wessa’a un pâturage gratuit et un lieu d’écoulement aisé de leur production de lait vers
l’usine de collecte de Rosso.
S’ils sont moins cruciaux que dans le Delta, les problèmes sanitaires existent également
dans la Vallée. On y relève le même type de maladies parasitaires (trématodoses) telles que la
distomatose, la paradistomatose, la bilharsiose et la télériose. Elles touchent toutes les espèces
mais les moutons sont particulièrement sensibles (douves du foie). Depuis la mise en eau des
barrages, on assiste également à la réapparition d’anciennes maladies telles que la
shistosomose (Consere, 1997). Des foyers de la fièvre de la vallée du Rifl ont par ailleurs été
relevés en rive droite et une épidémio-surveillance est depuis lors mise en place en rive
gauche.
L’incidence de ces maladies parasitaires se ressent essentiellement en termes de perte de
poids ou de mortalité chez les animaux touchés. Le déficit en production laitière est toutefois
réel èt important pour le Delta en rive droite. La prévalence peut atteindre des taux très élevés
(62 % pour la distomatose ovine survenue en bordure du lac de Guiers). Le manque de
personnel vétérinaire sur le terrain ne permet d’ailleurs pas, actuellement, d’endiguer
significativement toute épizootie.
20

.
HI. IMPACTS DE LA SECHERESSE ET DES AMENAGEMENTS HYDRO-
AGRICOLES SUR L’ELEVAGE
1. Situation avant 1970
Le Delta et la Vallée du fleuve Sénégal étaient originellement une région dévolue quasi
exclusivement à l’élevage extensif (Audru, 1966). Ce dernier, pratiqué par les peuls et les
maures, exploitait en saison sèche les abondants parcours de décrue libérés par le retrait des
eaux du fleuve Sénégal, et pendant l’hivernage, les pâturages du diéri pourvus en cette saison
d’un tapis graminéen de qualité.
Ainsi, pour ceux résidant le long du fleuve, les maures blancs (Beidmes) étaient
essentiellement des pasteurs et commerçants transhumant, Ies haratines des bergers qui
pratiquaient l’agriculture pluviale et de décrue. Les hal’ulaars associaient élevage
transhumant et agriculture pluviale et les wolofs étaient avant tout des agriculteurs ou des
pècheurs (Jamin, 1986a).
Mais la situation de 1’Elevage tout au long de la vallée du fleuve Sénégal a été
profondément modifiée au cours des trente dernières années. Cette évolution est bien sûr
étroitement liée à la sécheresse qui sévit depuis 1972 et plus particulièrement en 72-73 et 83-
84, ainsi qu’au développement des cultures irriguées et des aménagements hydro-agricoles
qui les ont accompagnées (barrages, digues, canaux . .) (Tourrand, 1993). Mais, bien d’autres
facteurs expliquent ces changements notoires. Il s’agit notamment :
- de la mise en place de forages à exhaure dans le diéri depuis les années 50
- de l’installation de parcs nationaux (réserves de faune et de flore) et de forêts classées
- des modifications du droit foncier sur les terres de parcours et de cultures pluviales
- du développement d’un tissu agro-industriel pourvoyeur de sous-produits agricoles
utilisables dans l’alimentation du bétail
- de la mise en place récente d’un réseau de collecte de lait (Delta, rive droite)
- des évènements tragiques frontaliers de 1989.
Tous ces facteurs, souvent interconnectés, ont agi ou agissent encore sur une évolution
plus ou moins rapide de la stratégie des éleveurs de la Vallée du fleuve Sénégal. Dans ce
chapitre, nous nous intéresserons néanmoins qu’aux aspects directement liés à la gestion de
l’eau : les sécheresses et les aménagements hydro-agricoles, qui sont probablement les deux
élérirents majeurs et moteurs de cette évolution.
2. Effets de la sécheresse
Depuis plusieurs décennies, la pluviométrie dans le Sahel a été nettement affectée par
des épisodes de sécheresse plus ou moins sévères. Ils l’ont été particulièrement en 1972-73 et
1983-84 dans la région du fleuve Sénégal.
Ces sécheresses ont touché de plein fouet les cheptels de la zone, en diminuant d’abord
et avant tout le potentiel fourrager : peu de parcours d’hivernage, limitation des parcours de
décrue (naturels ou post-culturaux), pas ou peu de cultures pluviales. Ainsi, Santoir (1992)
rapporte que les pertes en bovins du Galodjina, à l’ouest du lac de Guiers, s’élevèrent à 60 %
des effectifs totaux de 1972 à 1973. Tourrand (1993) note une baisse de 30 % des troupeaux
ovins et caprins du Delta, en rive gauche, entre 1965 et 1985. Dieng (1984) considère que les
troupeaux bovins et de petits ruminants ont été réduits respectivement de près de 50 % et de
25 % au cours de la sécheresse de 1972-73 dans la région du fleuve (rive gauche). Entre 1982
et 1984, les mortalités par sous-nutrition représenteraient près de la moitié de cette réduction
alors que fa vente et les abattages en constitueraient environ le tiers (Tourrand, 1993). Le
21

restant serait à mettre sur le compte des migrations. En effet, face à cette sécheresse, tous les
éleveurs n’ont pas adopté la même stratégie. D’abord certains d’entre eux ont migré. C’est
notamment le cas de pasteurs peuls qui se sont, par la suite, établis dans le Ferlo (Santoir ;
Tourrand, 1993). D’autres se sont tournés vers les réserves fourragères, en stockant
notamment les pailles de riz (Jamin, 1986b). D’autres enfin, inféodés aux forages à exhaure
du ditki, et ayant par conséquent perdu leurs capacités de mobilité face à ce type
d’événements, ont été souvent durement touchés (Santoir, 1992). Certains sont d’ailleurs allés
grossir le nombre de migrants urbains. Parallèlement à ces aléas climatiques, le
développement de la riziculture et des structures agro-industrielles a également amené des
éleveurs, généralement peuls, à se tourner résolument vers l’agriculture irriguée ou vers une
activité salariée (ex : CSS de Richard Toll), c’est-à-dire vers la sédentarisation (Santoir,
1993 ; Tourrand, 1993).
Si tous les éleveurs n’ont pas été affectés au même titre, les espèces animales se sont
également comportées différemment face à la sécheresse. Ainsi, comme nous venons de
l’indiquer, les bovins ont été particulièrement sensibles alors que les chèvres et les
dromadaires ont pu échapper plus facilement au déficit fourrager par leur physiologie et leur
comportement alimentaire (utilisation des ligneux fourragers).
La baisse très nette de la pluviométrie a également perturbé gravement les cultures en
pluvial, traditionnellement pratiquées par les peuls, et l’équilibre pastoral entre le diéri et le
waalo. La valeur fourragère des parcours d’hivernage a en effet été notablement réduite.
Quelques espèces pérennes et annuelles ont disparu et le surpâturage de certaines zones,
autour des forages ou dans les forêts classées, couplé aux pratiques des charbonniers, a
entraîné une diminution qualitative et quantitative des ressources pastorales, même si elle
n’est pas obligatoirement irréversible (Boudet, 1989 ; Salem-Murdock et al, 1994). C’est
pourquoi la compétition pour les pâturages et l’eau est devenue plus intense aujourd’hui,
notamment entre les troupeaux des nomades ou des transhumants du diéri lointain et ceux des
sédentaires ou des éleveurs du proche diéri. Cette situation peut bien sûr être propice à la
multiplication de conflits entre éleveurs et agriculteurs. Ainsi, en Mauritanie, des dromadaires
ont causé des dégâts énormes aux cultures tout le long du fleuve (Frankenberger et al, 1986).
Beaucoup de troupeaux nomades ont pénétré plus loin dans le sud mauritanien (régions du
Gorgol et de Guidimaka), où l’on trouve désormais les animaux en transhumance, en quête de
pâturages. Des éleveurs du diéri de Matam ou de Podor laissent également divaguer certains
animaux dans le waalo en saison sèche.
Les répercussions durables sur les effectifs sont toutefois limitées. Le déstockage
effectué pendant les sécheresses a en effet épargné au mieux les femelles et les jeunes,
assurant ainsi un redressement rapide des effectifs, sachant que le taux d’exploitation est
faible (période de capitalisation). Et si certains éleveurs avaient, dans un premier temps,
privilégié les troupeaux de petits ruminants, plus résistants, le ratio avec les bovins se
rééquilibre aujourd’hui (Tourrand, 1993 ; Santoir, 1996 ; Corniaux, 1998a et c). Il n’en reste
pas moins que l’élevage de case, et prioritairement de moutons, s’est sensiblement développé
dans le waalo, marque d’un élevage intensifié relativement indépendant des aléas climatiques
(Santoir, 1996).
3. Effets des aménagements hydro-agricoles
En trente ans, l’aménagement des terres et le développement des cultures irriguées ont
eu des répercussions considérables sur l’économie agricole du wualo, sur l’organisation
sociale du monde rural et sur l’espace pastoral traditionnel (ENDA, 1986 ; Jamin, 1986b ;
Tourrand, 1993). Nous nous focaliserons ici essentiellement sur ce troisième point,
22

Compte tenu des surfaces potentiellement aménageables (cf 11.2.), le Delta est la zone la
plus concernée par ces changements. Le grand bouleversement de la physionomie du waalo
fut provoqué par la construction, entre 1961 et 1964, de la digue périphérique ceinturant le
Delta. Depuis 1969, des pompes couplées aux ponts-barrages permettent le remplissage des
défluents même lorsque la crue est faible. Les aménagements rizicoles ont suivi et se
poursuivent actuellement, même si les politiques en rives droite et gauche s’orientent
davantage aujourd’hui vers une réhabilitation des aménagements plutôt que vers leur
extension. La mise en fonction des barrages de Diama (1986) et de Manantali (1989) a permis
de disposer d’eau douce pour l’irrigation tout au long de l’année. Parallèlement à la mise en
place des casiers rizicoles, il faut également noter que les infrastructures routières ont favorisé
le désenclavement de nombreuses zones du waalo et l’implantation de villages pionniers.
-Les effets négatifs pour l’élevage induits par ces aménagements sont nombreux. Ils sont
d’ailleurs systématiquement rappelés par les éleveurs qui regrettent amèrement la non-prise en
compte, jusqu’à un passé récent, de leur activité traditionnelle dans les plans d’occupation et
d’affectation des sols. Ces effets négatifs sont les suivants :
- la réduction sensible des parcours de décrue. Elle résulte soit de l’assèchement
d’anciennes zones inondées (Ndiaël en rive gauche) ou de l’occupation des terres par les
cultures irriguées. Le Delta est particulièrement concerné par cette transformation. Ainsi, on
peut estimer que sur 110 000 ha de parcours naturels de décrue, il ne reste plus que 10 000 ha
de mangroves, 7 000 ha sur la berge ouest du lac de Guiers et 2 000 ha dans les cuvettes de
Ngalam et Merrgrreye (Tourrand, 1993 ; GERSAR, 1990). La multiplication de champs
irrigués, notamment pour la production de patates douces, tout au long de la bordure ouest du
lac de Guiers tend d’ailleurs depuis 5 à 10 ans à isoler les cuvettes de Malla et de Djilmet
(Corniaux, 1998a) dont l’accès est de plus en plus problématique.
- l’augmentation des problèmes sanitaires (cf II.3.), la prolifération des moustiques tout
au long de l’année et la multiplication des plantes semi-aquatiques telles que les cypéracées,
les typhas et autres roseaux (Typha azrstralis, Phragmites vulgaris) rarement appétées par le
bétail. Ces plantes ont tendance, depuis la mise en fonction du barrage de Diama, à se
substituer aux parcours de Sporobohrs sp. et d’EchitzochZoa
sp. (bourgoutière) en raison
d’inondations prolongées et de la suppression des crues salées (Peyres de Fabrègues, 1994).
- !a limitation ou l’interdiction des accès au fleuve, aux points d’eau ou aux parcours
après l’installation des casiers rizicoles, des digues et des canaux.
-- la concurrence exacerbée pour l’utilisation de terres affectées à des agriculteurs,
généralement non originaires de la région du fleuve. Cette concurrence génère des situations
conflictuelles latentes ou déclarées entre les éleveurs transhumant et les agriculteurs, Les
décisions de justice prises généralement en faveur des agriculteurs ne font d’ailleurs que
développer un sentiment de spoliation exprimé par les éleveurs (Détoubab, 1995).
Néanmoins, des points positifs viennent nuancer cette vision pessimiste de l’impact des
aménagements hydro-agricoles sur l’élevage. Il s’agit notamment de :
- la disponibilité croissante en sous-produits agricoles et agro-industriels (cf 11.2.)
utilisables en alimentation animale. Dans la zone irriguée, les principaux sous-produits sont
issus de la culture du riz (paille et son), de la canne à sucre (mélasse) et de la tomate
(drèches). Dans le Delta, les potentialités de production en SPAI viennent nettement
compenser le déficit en parcours de décrue (Jamin, 1986b). Ainsi, chaque année, 1 hectare de
riz fourni environ 4 tonnes de paille et 600 à 900 kg de son, voire le double si l’agriculteur
mène une campagne de contre-saison (Comiaux, 1998b). Or un parcours de décrue a une
productivité de l’ordre de 3 tonnes/ha/cycle (Peyres de Fabrègues, 1994). En terme fourrager,
23

les sous-produits agricoles issus des cultures irriguées ont donc un grand intérêt d’autant
qu’ils permettent de s’affranchir des variations climatiques inter-annuelles, Mais, si le
potentiel est important, même si il est actuellement moindre comparativement au début des
années 1990 (Corniaux, 1998b), l’utilisation des sous-produits in sitzr n’est pas acquise.
D’abord parce qu’il faut payer pour les obtenir ou louer les parcours (rive droite et dans la
vallée en rive gauche), alors que dans le système traditionnel l’accès était gratuit. Ensuite, la
mélasse de canne à sucre est quasiment totalement exportée et les pailles de riz sont encore
régulièrement brûlées par les agriculteurs (notamment dans le Delta en rive gauche). En
revanche, le son de riz produit au Sénégal est parfois exporté dans le Delta en rive droite pour
y nourrir les vaches laitières.
- la possibilité de pratiquer des crues artificielles. Ce type de lâchers pour provoquer une
repousse des prairies naturelles est plus courant en rive droite (dans le Delta ou le Gorgol).
- la professionnalisation de certains secteurs de l’élevage. Dans le sillage des autres
producteurs de la zone, les éleveurs se sont souvent regroupés en GIE (Groupements d’intérêt
Econoinique), ce qui leur permet d’avoir accès aux crédits. Beaucoup d’opérations
d’embouche ont ainsi pu être financées (Tourrand, 1993). Des magasins d’alimentation pour
le bétail ou de produits vétérinaires ont également pu voir le jour. Il faut néanmoins
reconnaître un tassement certain de cette professionnalisation dans le secteur de l’élevage
aujourd’hui, à l’exception notable de la région de Rosso-Mauritanie et de son marché organisé
autour de la filière laitière. Il entraîne, de fait, l’organisation des circuits des sous-produits
agricoles (y compris ceux de la rive gauche.. .).
- le désenclavement du waalo suite à la construction d’intiastuctures routières. La zone
est ainsi accessible toute l’année, sauf localement en hivernage. Les circuits de vente des
produits animaux s’organisent donc plus aisément aujourd’hui.
Enfin, il faut bien sûr évoquer la situation de sédentarisation de certains éleveurs,
généralement peuls. Il est diffkile de juger s’il s’agit d’un effet positif ou négatif des
aménagements hydro-agricoles. Quoiqu’il en soit il est clair que ce phénomène a un impact
certain sur l’organisation sociale de ces groupes de population, de leur perception du foncier
et de leur utilisation de l’espace pastoral, basée autrefois sur la transhumance (Santoir, 1993).
4. Vers une houvelle stratégie des éleveurs
Comme précisé précédemment, de nombreux facteurs ont influencé l’évolution des
compdrtements des éleveurs dans la vallée du fleuve depuis une trentaine d’années, même si
la skheresse et le développement de la culture irriguée restent des aspects déterminants.
Aussi, il est difficile de dégager des généralités dans cette évolution tant les contextes peuvent
être différents. Néanmoins, une typologie sommaire peut être proposée selon les critères
ethniques et géographiques. Nous laissons au lecteur la possibilité d’avoir davantage de
précisions en se référant à Jamin (1986b), Tourrand (1993) et Corniaux (1998a) pour les
éleveurs du Delta du fleuve Sénégal en rive gauche, Santoir (1993) pour les éleveurs de la
Vallée en rive gauche, Jamin et Tourrand (1986a) pour les éleveurs du Gorgol, Frankenberger
(1986) pour les éleveurs de la rive droite, Peyre de Fabrègues (1994) et Gueye (1995) pour les
éleveurs du Delta en Mauritanie.
Dans le Delta, au Sénégal, l’ampleur des aménagements hydro-agricoles est
considérable, y compris sur la bordure ouest du lac de Guiers. Les peuls, pour qui l’élevage
reste une activité prioritaire, se sont ainsi souvent impliqués dans la riziculture, et presque
toujours dans un schéma d’utilisation des parcours post-culturaux. Ainsi, contrairement à la
vallée, ils ont pour la plupart abandonné la transhumance longue au profit de transhumances
24

courtes qui visent à exploiter au mieux les ressources du waah et du di&i au cours d’une
année. Chez les wolofs, l’élevage du mouton de case est quasi généralisé. Il semblerait que la
capitalisation ou l’embouche de bovins soit également de plus en plus pratiquée, Apres les
évènements sénégalo-mauritaniens, l’élevage maure a considérablement régressé, Le cheptel
semble toutefois avoir été récupéré par les peuls du waalo (Tourrand, 1993).
Dans la Vallée, en rive gauche, les peuls du diéri pratiquent toujours la transhumance
longue et ont peu d’interactions avec le fleuve. Les peuls du waalo exploitent en revanche à la
fois les parcours d’hivernage du diéri et les parcours, naturels et post-culturaux, du wuulo. Les
pèuls sures sont en revanche sédentarisés. Leur système d’exploitation ressemble à celui des
toucouleurs avec une forte implication dans l’agriculture (irriguée et de décrue). L’utilisation
et le stockage des sous-produits agricoles sont fréquents.
Dans le Delta, en Mauritanie, l’existence d’un marché structuré et fonctionnel du lait a
incité depuis dix ans les éleveurs (maures et peuls) à intensifier leur élevage en utilisant
systématiquement des sous-produits agricoles et agro-industriels en complément des parcours
natuieis ou post-culturaux. Afin de pouvoir vendre leur lait toute l’année, ces éleveurs se sont
également sédentarisés le long des voies de communication.
Enfin, dans la Vallée, en rive droite, l’élevage nomade maure reste très extensif mais
plus concentré dans les départements du Gorgol et de Guidimaka. Des espèces comme la
chèvre et le dromadaire y ont fait leur apparition en masse depuis les épisodes de sécheresse.
L’élevage des caprins est également très développé. Les haratines et les toucouleurs, tout
comme au Sénégal, se sont sédentarisés et pratiquent généralement un élevage de case
affouragé par les résidus de culture. La vente de sous-produits ou la location des terres après
récolte aux éleveurs nomades est par ailleurs de plus en plus courante.
Tout ceci traduit non pas une disparition de l’élevage face aux aménagements hydro-
agricoles, tel que certains l’avaient prévu (ENDA, 1986), mais une adaptation raisonnée aux
nouvelles conditions de production. On constate globalement une intensification de l’élevage :
sédentarisation de certains éleveurs, utilisation de SPAI, production de lait, embouche ovine,
capitalisation. Elle reste toutefois modeste à l’échelle de la vallée du fleuve Sénégal où
l’élevage est toujours mené de façon relativement extensive. En outre, tant que des marchés
rémunérateurs des produits animaux. (lait, viande, cuirs) ne seront pas structurés, il est
probablement illusoire de prêcher pour un élevage intensif ou pour une association réelle avec
l’agriculture dans la vallée du fleuve Sénégal. A ce titre, l’expérience menée par La Laitière
de Mauritanie est exemplaire. Elle montre la faculté des éleveurs (maures et peuls
notamment) à adapter rapidement (10 années) leur système d’élevage vers un système
productif et spéculatif, alors que bien des observateurs peu avertis considèrent leurs animaux
comme simple capital ou, pire, comme « objet de contemplation ».
Cette évolution révèle également, et une nouvelle fois, la complémentarité entre
ressources du waalo et du diéri. L’intégration agriculture-élevage s’inscrit d’ailleurs
davantage à ce niveau de terroir plutôt qu’au niveau de la parcelle. En effet, même chez des
producteurs qui sont à la fois éleveurs et agriculteurs (riziculteurs), hormis pour les animaux
de case, la tendance consiste à séparer ces deux activités dans l’espace et le temps, souvent
d’ailleurs pour éviter des conflits. En revanche, l’équilibre des ressources se vérifie à l’échelle
du terroir.
25

IV. CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS
1. Synthèse des situations en fonction des départements
Le tableau 9 présente une synthèse des tableaux et figures qui illustrent ce document,
Simplificateur, il ne reprend qu’imparfaitement la variété et la complexité des situations
rencontrées tout au long du fleuve Sénégal. Le lecteur devra par conséquent se reporter aux
tableaux sources, notamment au tableau 8, ou aux données bibliographiques référencées
correspondantes pour avoir une idée plus précise et plus juste de la réalité des faits.
-4 partir de ces situations contextuelles, de la bibliographie consultée et des nombreux
entretiens obtenus sur le terrain, nous avons pu cerner les impacts potentiels de la gestion des
eaux du fleuve Sénégal depuis une trentaine d’années sur I’Elevage, tout au long de la vallée,
Leur identification s’exprime cependant essentiellement en termes qualitatifs. Les données
quantitatives fiables sont relativement rares. Dans ces conditions, il serait probablement
présomptueux de vouloir proposer des plans de gestion des eaux dans l’avenir proche
(scénarios selon les besoins des différents types d’animaux et selon la zone visée), En
revanche, il faudra bien tenir compte des besoins des éleveurs dans ce domaine, en raison de
l’importance de leur activité dans la vallée.
Aussi, dans la suite de ce chapitre, nous proposons des études complémentaires à
réaliser afin d’atteindre l’objectif d’un plan de gestion, qui prendrait raisonnablement en
compte l’activité Elevage. Ensuite, nous présentons les recommandations, sur des bases
généralement qualitatives, pour une complémentarité optimale entre la gestion des eaux du
fleuve Sénégal et l’Elevage, notamment dans le waalo.
26

Tableau 9 : synthèse (principales caractéristiques) des situations en fonction des départements le long de la vallée du fleuve Sénégal.
f
r
p
k!gion
pluviométrie population
animaux
ressources fourragères
ressources en eau
conditions sanitaires
annuelle
en 1996
(spécificités)
dans le waalo
pour l’abreuvement
tlauritanie
Trarza (Delta)
150-250 mm
210 000
vaches laitières
parcours post-culturaux nombreuses, parfois
critiques en hivernage
dromadaires
Bourgoutières, SPA1
accès limité
mauvaises toute fannée
manque de forages
Brakna
150-250 mm
225 000
nombreux
parcours de décrue
manque de forages
mauvaises en hivernage
caprins et ovins
forêts à gonakiés
sur le C%I%
berges a bru ptes
GOQOI
250-350 mm
210 000
petits ruminants
parcours de décrue
manque de forages
mauvaises en hivernage
(chèvres)
forêts à gonakiés
sur le di&i
Guidimaka
300400 mm
140 000
tous types
forêts à gonakiés
manque de forages
mauvaises en hivernage
dromadaires
sur le dtiri
berges abruptes
Méga1
Dagana (DeIta) 150-250 mm
410 000
bovins
parcours post-culturaux
nombreuses mais
difficiles toute l’année
ovins de case
SPAI
difficiles d’accès
problèmes avec les eaux
ou qualité médiocre
de drainage
Podor
1 XI-250 mm
180 000
petits ruminants
parcours post-culturaux
nombreuses, parfois mauvaises en hivernage
ovins de case
parcours de décrue
accès limité, berges
bovins
forêts à gonakiés
abruptes
Matam
250-350 mm
215 000
nombreux ovins
parcours de décrue
manque de forages
mauvaises en hivernage
forêts à gonakiés
sur le dk9-i
berges abruptes
5akel
300-400 mm
70 000
bovins
parcours de décrue
manque de forages
mauvaises en hivernage
nombreux caprins
sur le dit%
berges abruptes
27

2. Etudes complémentaires nécessaires
Ces études ont une importance inégale en fonction de l’objectif recherché. Néanmoins,
si nous devons définir des priorités, il semble judicieux de s’investir dans :
- une estimation fiable ou, mieux, un recensement sérieux des effectifs animaux en
fonction de leur localisation et de leur mode d’alimentation ou de conduite. Le travail est
ébauché en rive gauche (Service Régional de I’Elevage, études spécifiques) et très incomplet
en rive droite.
- une zonation des espaces. Ce travail est en cours. La SAED possède un SIG (Système
d’Informations Géographiques) très riche pour le waalo des départements de Dagana et de
Podor et en cours d’élaboration pour ceux de Matam et Bakel. Le Bureau des Affaires
Foncières (Mauritanie) possède également de nombreuses informations, surtout au niveau du
Delta en rive droite. Notons enfin que 1’OMVS élabore son propre SIG qui présentera le gros
avantage de combiner les informations des deux rives.
- une évaluation du remplissage des dépressions pendant la crue. Ce travail est en cours
et est pris notamment en charge par l’équipe IRD de P. Vauchel (Dakar, Hann). Des études
plus ciblées ont par ailleurs été effectuées, en particulier dans le Delta (Gouère : Peyre de
Fabiègues, 1994 ; Ndiaël : Mbengue, 1999).
Ensuite, il sera nécessaire de s’attacher à mieux comprendre l’utilisation de l’espace par
les éleveurs en axant nos efforts sur les transhumances courtes et longues (effectifs concernés,
localisation, niveaux de prises de décision), sur l’établissement de POAS (Plan d’Occupation
et d’AfTectation des Sols) en collaboration avec les autorités locales (Communautés Rurales
). Pour obtenir des données précises sur la gestion des eaux, il ne sera en effet pas possible
de faire l’économie d’un travail relativement fin au niveau de chaque cuvette ou périmètre
irrigué. Les relations sociales entre les différents acteurs de la vallée devront d’ailleurs être
traitées à ce niveau.
3; Recommandations de gestion
Dans l’état actuel des connaissances, nos recommandations seront qualitatives. Comme
nous l’avons précisé ci-dessus, les données bibliographiques quantitatives sont à ce jour trop
sommaires pour permettre de proposer un programme d’actions précises dans le temps et dans
l’espace. En outre, il est nécessaire de s’investir dans des études fines de terrain avant de
prendre toute décision d’aménagement du terroir. A ce titre,, le travail actuel du PSI-Sénégal
est exemplaire dans sa démarche auprès de la Communauté Rurale de Ross Béthio, qui
pourr&t disposer sous peu d’un véritable Plan d’Occupation et d’Aménagement des Sols
(d’Aquino, 1998).
Il est probablement illusoire, voire économiquement absurde, de vouloir à tout prix
garder des zones exclusives pour un élevage extensif peu productif dans des zones à fortes
potentialités agricoles et, d’autant plus, lorsque ces terres se prêtent à un aménagement
irrigable en zone sahélienne. Mais il n’est pas moins vrai qu’il est politiquement dangereux
d’ignorer totalement les activités d’élevage, et par conséquent toute une frange d’une
population qui en dépend, sous prétexte que cette activité semble moins rentable que les
productions irriguées. Des conflits très sérieux émergent en effet inévitablement de ce qui est
ressenti par les éleveurs comme une spoliation de leurs terres au profit exclusif des
agriculteurs (Détoubab, 1996).
28

Or, le recul par rapport à l’expérience du Delta le prouve, l’aménagement hydro-
agricole poussé d’une zone traditionnellement vouée à. l’élevage n’entraîne pas
inéluctablement la disparition de ce dernier, contrairement aux prévisions pessimistes de
certains auteurs (ENDA, 1986). L’importance socio-culturelle, religieuse et économique
(capital) de cette activité est en effet primordiale aussi bien en Mauritanie qu’au Sénégal,
quelle que soit l’ethnie considérée. De plus, la faculté d’adaptation de ces éleveurs est
indéniable (Jamin, 1986b ; Tourrand, 1993 ; Santoir, 1996). Dans un système qui reste
globalement extensif, sauf pour l’élevage de case, on assiste ainsi à une intensification de
certaines pratiques qui permettent l’intégration, au niveau d’un terroir, des activités Elevage et
Agriculture. Encore faut-il favoriser les comportements positifs pour une meilleure
complémentarité entre les ressources du diéri et celles du waalo. C’est d’ailleurs
malheureusement souvent le non respect de ces quelques règles qui ont généré ou qui entraîne
encore des situations conflictuelles entre des acteurs qui cherchent à valoriser au mieux et â
leur profit les ressources offertes par les zones riveraines du fleuve Sénégal.
Aussi nos recommandations s’orientent essentiellement vers une préservation ou une
amélioration des ressources pour l’élevage (fourrages, eau) issues d’une gestion directe ou
indirecte des eaux du fleuve Sénégal, en adéquation avec les autres activités de la vallée.
a. maintien d’une crue artificielle pour l’agriculture de décrue et la sécurbation de
la production fourragère du waalo.
Cette mesure vise essentiellement la Vallée du fleuve et permettrait probablement un
équilibre plus durable des activités agriculture irriguée - agriculture de décrue - élevage
(Lapeyronie, 1975 ; GERSAR, 1990 ; Salem-Murdock, 1994 ; AGRER, 1994). En effet un
arrêt brutal de la crue artificielle entraînerait probablement des perturbations socio-
économiques graves. Le développement de la culture irriguée pourrait, à moyen terme,
représenter une alternative possible, au moins partielle, comme elle l’a été dans le Delta.
Cependant, les ressources fourragères qu’elle génère risquent d’être difficiles d’accès pour les
éleveurs, voire sources de conflit, Il s’agirait par conséquent d’une solution peu satisfaisante
pour beaucoup d’éleveurs qui utilisent actuellement les parcours de décrue en saison sèche.
Aussi, il nous semble judicieux d’éviter la suppression totale de la crue artificielle.
La maîtrise de la crue ofiirait aux animaux un potentiel de fourrages (pâturages
naturels ou post-culturaux de décrue) et d’eau pour une bonne partie de la saison sèche,
indépendamment de la pluviométrie annuelle. L’équilibre nécessaire entre ressources du
waalo et celles du diéri serait ainsi sécurisé, pour peu que cette mesure n’attire pas davantage
d’animaux dans les bas fonds et que l’accès à ces ressources soit garanti. Cela suppose par
conséquent une législation consensuelle, respectée sur le terrain (sanctions, informations,
personnel d’exécution . . .). En outre, l’abandon de la crue et l’appauvrissement fourrager du
waalo entraîneraient une pression accrue sur le diéri et une dégradation ouvrant la voie à la
désertification. Rappelons enfin que le maintien d’une crue de l’ampleur de celle décrite dans
le tableau 8 pourrait permettre, selon nos estimations, le pâturage en saison sèche de 400 à
500 000 bovins, ce qui représente un chiffre d’affaires non négligeable de 20 à 25 millions de
KFcfa.
Ce maintien des activités « traditionnelles » est d’ailleurs relativement bien compris,
semble-t-il, au niveau des organismes chargés de la mise en valeur des terres agricoles. La
SAÈD (Sénégal), I’AGETA ou la SONADER (Mauritanie) favorisent en effet aujourd’hui
davantage la réhabilitation de casiers rizicoles abandonnés plutôt que leur extension sur des
terres exploitées actuellement en décrue.
Des embryons d’actions voient même le jour actuellement pour permettre le captage des
eaux de crue ou de pluie (Détoubab, 1996). Elles méritent d’être poursuivies,
29

b. diffusion d’informations anticipées sur l’ampleur et la durée de la crue
La mise à disposition auprès des organisations d’éleveurs ou des services vétérinaires
d’informations relatives aux prévisions de l’ampleur et de la durée de la crue artificielle serait
une aide précieuse. Elle pourrait en effet orienter les décisions de ces organismes en matières
de conseil auprès des éleveurs pour l’utilisation de l’espace (calendrier fourrager à l’échelle
des départements) ainsi que pour privilégier des actions de stockage de ressources voire
d’achat d’aliment de sauvegarde du bétail pour le passage de la saison sèche.
Cette recommandation est à mettre au même niveau qu’une information météorologique
anticipée sur la localisation et l’ampleur des premières pluies.
i. aménagements du diéri (Ferlo, Aftout Es Saheli . . .)
_ Afin de limiter la pression animale sur les espaces du waalo, il est nécessaire de
développer sa complémentarité avec le diéri en exploitant plus rationnellement les fourrages
après la disparition des mares temporaires. C’est en effet le moment où de nombreux
troupeaux se déplacent en raison de l’absence de points d’eau. Aussi, plusieurs auteurs
s’accordent à demander un développement des forages à exhaure pour les dbpartements de
Matam et Bakel (ENDA, 1986 ; Détoubab, 1996), du Brakna, du Gorgol et de Guidimaka
(CPA, 1997) et de 1 ‘Aj?out Es Sahéli (Gueye, 1995). La mise en place de pare-feux constitue
généralement une mesure d’accompagnement.
Afin de maintenir le plus longtemps possible les animaux dans le diéri et, ainsi, de
mieux valoriser ses potentialités pastorales, les techniciens de la DEAR (Mauritanie)
préconisent également le curage (désensablement) autour des lacs d’Aleg et de Mâl. Côté
sénégalais, cette idée est reprise mais dans des proportions bien plus ambitieuses pour la
remise en eau de la vallée fossile du Ferlo, à partir du lac de Guiers. Cette décision politique,
si elle est adoptée, aura des conséquences évidentes, au moins sur un plan quantitatif, sur la
gestion de l’eau des réservoirs du fleuve Sénégal.
d. aménagement des berges du fleuve Sénégal ou de ses amuents dans la Vallée.
Même quand l’accès direct au fleuve ou à ses affluents et défluents est possible, il est
souvent rendu difficile par des pentes abruptes qui rendent dangereux le déplacement des
troupeaux (risques de fractures). Des aménagements sommaires et peu coûteux (travaux de
terrassement) pourraient ainsi être proposés (Détoubab, 1996).
e. préservation de zones refuges ou d’aires protégkes pour l’élevage dans le waafo.
Comme nous l’avons déjà précisé auparavant, il est vain de vouloir préserver un élevage
extensif dans une zone potentiellement aménageable pour l’agriculture irriguée. Pourtant, que
ce soit en rive droite ou en rive gauche, les autorités locales et nationales ont su prendre des
décisions fermes pour sauvegarder certains espaces, notamment pour des raisons
environnementales. Nous pensons bien sûr aux Parcs Nationaux (Diawling et Djoudj en
premier lieu), mais également aux autres réserves intégrales et surtout aux forêts classées. Les
aménagements hydro-agricoles y sont, en principe, interdits (cf cartes). L’élevage y est en
revanche toléré avec un accès réglementé, à l’exception des Parcs Nationaux où l’entrée des
animaux est strictement interdit. C’est probablement dans ces zones qu’il est possible de
développer davantage encore les expériences de gestion de terroirs, qui veulent préserver à la
fois la biodiversité de ces terroirs mais également les activités humaines. Une approche
participative avec une gestion directe par les acteurs locaux semble la solution la plus durable.
Dans ces conditions il est alors envisageable de gérer également des crues artificielles
dans ces dépressions afin de permettre la régénération et la croissance des gonakiés mais aussi
de favoriser la pousse de ressources pastorales utilisables selon un calendrier fourrager
pré&bli et respecté par les populations riveraines. Certaines de ces actions ont cours dans la
30

Vallée, comme à Diamandozr (Détoubab, 1996). D’autres sont proposées dans le Delta, en
particulier pour une remise en eau du Ndiaël (Diop, 1993), des Trois Marigots (Mbengue,
1999) et de la périphérie du Parc du Djoujd (Corniaux, 1998c), et pour la préservation des
bourgoutières du Gouère (Peyre de Fabrègues, 1994). Notons toutefois que, pour ce dernier
auteur, l’efficacité d’une remise en eau en termes de repousse de végétation n’est pas prouvée
dans de nombreuses situations.
f. délimitation, préservation ou rkhabilitation des pistes à bétail.
La préservation des pistes d’accès aux points d’eau ou aux pâturages concerne surtout la
Vallée et la bordure du lac de Guiers, alors que la réouverture est limitée au Delta (Djigo,
1992). Lors des aménagements hydro-agricoles passés, il a rarement été tenu compte de ces
pistes, pourtant essentielles pour l’abreuvement des troupeaux. Les conflits pour cause de
divagation d’animaux dans les casiers se sont alors beaucoup alimenté de cette situation. Afin
d’éviter tout problème, il est d’ailleurs recommandé d’aménager les accès avec une ceinture
d’arbustes tels que Prosopis sp. (Détoubab, 1995).
g. amélioration des conditions sanitaires du cheptel (et des populations)
- Le suivi sanitaire de la qualité des eaux de certains réservoirs paraît indispensable, en
particulier dans le Delta (lac de Guiers). 11 permet ou permettra d’avoir une cellule d’alerte
pour les populations ou le bétail.
Plus spécifiquement pour l’activité Elevage, la nécessité de multiplier les agents et les
pharmacies vétérinaires sur le terrain est nette. La prise de fonction de vétérinaires privés,
surtout au Sénégal, est un phénomène qui doit être encouragé et aidé (facilités administratives
et financières pour leur mise en place).
h. développement des cultures fourragères
Cette orientation correspond à une intensification véritable de l’élevage. Cela suppose
par conséquent un débouché assuré et rentable pour des productions animales. Cette situation
ne se rencontre concrètement, actuellement, que dans le Delta en rive droite avec la filière lait.
Toujours à l’état embryonnaire, ces cultures pourraient avoir un essor certain dans les cinq
années à venir. En effet, la dépréciation de la monnaie locale face au Fcfa rend les
importations de sous-produits agricoles provenant en masse du Sénégal relativement cher, ce
qui les met directement en concurrence avec les fourrages implantés. En outre, la technicité
des éleveurs a indéniablement progressé ces dernières années, notamment dans le domaine du
rationnement des animaux, et certains d’entre eux souhaitent maintenant sécuriser leur
exploitation et produire du lait tout au long de l’année (Peyre de Fabrègues, 1994). De plus,
les cultures fourragères se substituent généralement au riz et permettent une diversification de
la production ou l’occupation de casiers abandonnés (salinité trop importante). Enfin, elles
permettent une réelle intégration des activités agriculture et élevage.
Toutes ces recommandations demandent généralement des mesures d’accompagnement
notamment en ce qui concerne la sensibilisation et la formation des éleveurs et autres
utilisateurs de l’espace. Pour une véritable réussite des différents investissements et actions
envisagés, il faudra également plus qu’une formation des éleveurs mais une véritable prise de
conscience de leur importance socio-économique dans la Vallée du fleuve Sénégal. Cela les
mènera probablement vers la professionnalisation de leur activité, ce qui, de fait, permettra
une meilleure prise en compte de leurs souhaits, désirs voire exigences, Il va de soi,
également, que ces différentes mesures devront s’accompagner d’un contrôle strict des
effectifs ayant accès au waalo.
31

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ANNEXE 1
Liste des cartes, tableaux et figures
Carte 1 : bassin versant du fleuve Sénégal
Carte 2 : localisation des aménagements, des forêts classées et des zones inondables
dans le secteur du Delta du fleuve Sénégal (rive gauche)
-Carte 3 : localisation des aménagements, des forêts classées et des zones inondables
dans le département de Podor (rive gauche)
Tableau 1 : population dans les régions limitrophes du fleuve Sénégal (Source : Offtce
National de la Statistique - Annuaire statistique de la Mauritanie. Année 1996 - ONS, Service
de la conjoncture, mars 1998)
Tableau 2 : population rurale et urbaine dans la Vallée du fleuve Sénégal (Source :
Direction de la Prévision et de la Statistique - Recensement général de la population de 1988 ;
Annuaire des Statistiques de la Vallée du Fleuve Sénégal - Ed 1995/1996 - SAED)
Tableau 3 : effectifs et potentiel de production des troupeaux des régions du Trarza, du
Brakna, du Gorgol et de Guidimaka (d’après DRAP (1997) et FAO (1993))
Tableau 4 : Estimation de la production de lait de vache et de viande bovine dans la
région de St Louis et le département de Bakel.
Tableau 5 : potentiel de production en sous-produits agricoles et agro-industriels en rive
gauche de la Vallée et du Delta du fleuve Sénégal
Tableau 6 : inventaire par département des ressources fourragères pâturables
potentielles (en ha) en rive gauche du fleuve Sénégal (zone du waalo)
Tableau 7 : inventaire par département des ressources pâturables potentielles (en ha) en
rive droite du fleuve Sénégal (zone du waalo)
‘Tableau 8 : estimation du nombre de bovins pouvant pâturer en saison sèche le potentiel
fourrager du waalo issu d’une crue moyenne
Tableau 9 : synthèse (principales caractéristiques) des situations en fonction des
départements le long de la vallée du fleuve Sénégal
Figure 1 : effectifs (nombre de têtes) par espèce dans les régions du Trarza, du Brakna,
du Gorgol et de Guidimaka (d’après DRAP (1997) et FAO (1993)).
Figure 2 : effectifs (nombre de têtes) par espèce dans les départements de Dagana,
Podor, Matam et Bakel en 1997 (Source : Service de 1’Elevage et Direction de 1’Elevage)
Figure 3 : abattages contrôlés à St Louis (commune)
Figure 4 : abattages contrôlés à Podor
Figure 5 : inventaire par département des ressources fourragères pâturables potentielles
(en ha) en rive gauche du fleuve Sénégal (zone du waalo)

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1 Forêt classée
1 Aménagement Hydro-Agricole
1 Hydrologie
Zone inondbe/humide
1 Coursd’eau d’hivernage
( Point d’eau d’hivernage

ANNEXE 2
Liste des personnes rencontrées ou consultées
Nom
organisme
coordonnées
Abeiderrahrnane Nancy
La Laitière de Mauritanie
BP 2069 Nouakchott
Directrice
Mauritanie
té1 :
Ba Amadou Djiby
Maison des Eleveurs de la Région de St Louis
St Louis
Pr&ident
Sénégal
tel: 2219613401
Cheikhna O/ Mbare
DEAR : Direction de l’Environnement
et de
BP 170 Nouakchott
1’Amenagement Rural
Mauritanie
Chef du Service Protection de la nature
té1 : 222 2 591-83
Chey Soeun
DEAR : Direction de l’Environnement
et de
BP 170 Nouakchott
l’Aménagement
Rural
Mauritanie
Ingénieur Agronome et Forestier
té1 : 222 2 591-83
Cissé Paly
Service départemental de I’Elevage
BP 7 Ourossogui
Vétérinaire. chef du Service de Matam
S&tégal
té1 : 221 966 10 04
Chia Eric
DRAP : Direction du Développement des
BP 7005 Nouakchott
Ressources Agro-Pastorales
Mauritanie
V&érinaire,
Conseiller du Directeur
té1 : 222 2 556 %
Cogels Olivier
OMVS : Organisation pour la Mise en Valeur
Dakar
du fleuve SCnégal
Sént!gal
Geographe
té1 :
Dia AiJadou Tidiane
CNERV : Centre National dElevage et de
BP 1333 Nouakchott
Recherches Véterinaires
Mauritanie
Chercheur, Cellule Environnement
té1 : 222 2 527 65
Diallo Abdoulaye
SAED
BP 74 St Louis
Agro-zootechnicien
Sénégal
tel : 221961 15 33
El Hacen O/ Taleb
GNAP : GroupementNationaldes Associations
BP 20 12 Nouakchott
Agro-sylvo-Pastorales
Mauritanie
Président
té1 : 222 2 539 46
Estrade Pierre
MIXE : Ministère du Développement Rural
BP 5 113 Nouakchott
et de l’Environnement
Mauritanie
Bureau des Alfaires Foncières
té1 : 222 2 916 55
Giniès Paul
MDRE : Ministère du Développement Rural
BP 5 113 Nouakchott
et de l’Environnement
Mauritanie
Conseiller du Ministre
tel : 222 2 916 55
Leye Maguette
Service départemental de 1’Elevage
Podor
ITE, chef du Service de Podor
Séncgal
té1 : 221965 12 30

Leye Serigne
PRODAM
Matam
Cellule Gestion des ressources naturelles
Sénégal
ttl : 221966 63 53
Maubuisson Jacques
AGETA
BP 43 Rosso
Conseiller du Directeur
Mauritanie
té1 : 222 69190
Mohamed O/ Abderrane
MDRE : Ministère du Développement Rural
BP 5 113 Nouakchott
et de l’Environnement
Mauritanie
Bureau des Affaires Foncières
té1 : 222 2 916 55
N’Diaye Baba
SAED
Podor Nianga
Sénégal
Agro-zootechnicien
té1 : 222 965 12 47
N’Gaëde M.
SONADER : Société Nationale pour le
BP 32 1 Nouakchott
Développement Rural
Mauritanie
té1 : 222 2 518 00
N’Gam Oumar
CNRADA : Centre National de Recherches
BP 22 Kaédi
Agronomiques et du Développement Agricole
Mauritanie
Coordinateur National du PS1
té1 : 222 353 77
Salem Mohamed
Délégation de l’Agriculture de Rosso
Rosso
V&érinaire
Mauritanie
Sa11 Cheikh
ISRA : Institut Sénégalais de Recherches
BP 24-l St Louis
Agronomiques
Sénégal
Chercheur, agro-zootechnicien
tél:22196151 17
Sarr Oumar
CNRADA : Centre National de Recherches
BP 22 Kaédi
Agronomiques et du Développement
Agricole
Mauritanie
Chercheur, Cultures Fourragères
té1 : 222 353 78
Seck Sidj
PS1 : Pôle Systèmes Irrigués
BP 244 St Louis
Coordonnateur National
Sénégal
tél:22196151 17
Sène Atxioulaye
Eaux et Forêts
BP 229 St Louis
Inspecteur Régional
Sénégal
tCl:221961 1170
Vauchel Philippe
IRD : Institut de Recherches pour le
Dakar Hann
Développement (ex ORSTOM)
S&@a1
Hydraulicien
té1 : 221832 34 80
Yade Aladji
Service Régional de 1’Elevage
St Louis
Inspecteur Régional
SénQal
tél: 221961 11 16
Nous tenons à remercier également pour leur collaboration :
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dans notre recherche bibliogmphique les services de la SAED (bibliothèque de N’Diaye), du Prowalo (St
Louis) et de 1’Ambassade de France à Nouakchott.
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dans notre recherche cartographique les services de la SAED (St Louis). du Bureau des Affaires Foncières
(Nouakchott) et de I’OMVS (Dakar).