SEMINAIRE PRODUCTION ANIMALE 24 - 26 MARS 1981 ...
SEMINAIRE PRODUCTION ANIMALE
24 - 26 MARS 1981
PROMOTION LAITIERE CHEZ LES
PAYSANS DU CAP- VERT
Par J. P. DENIS
Docteur vgtérinaire
Chef du Service de Zootechnie du LNERV
REF, No 058/ZOOT.
MARS 1981

I- INI'RODUCI'ION
DePuis 1977 une action de promotion laitière chez les ~ysans de la
zone de San@.kam a été entreprise par le LNERV en collabomtion avec la
DSPA. Au dém, il s'apissait d'essayer de définir les modalités d'in-
tervention dans le milieu paysan pur la promotion des activités d'éle-
vage. Dans ce cas, nous avons choisi la pmduction laitière puisq,u'il
existait déjà d'une part une production commialisée, d'autre part
un mrché potentiel important en l'occurence l'a@o&ration dakaroise.
Cette promtion a été définie autour de deux idées maîtresses : l'in-
tensification de la moduction et la spécialisation de l’élevage (lait).
II - HISTORIQUE DE L'OPERATION
Le terrain de travail est situé au niveau des différents villages
entourant la ferma de SangGam.
Dans un premier temps des enquêtes sur les troupeaux ont été mnés.
Elles avaient un double but :
- conna!ître les troupeaux de ces villages ;
- surtout prendre contact avec tous les paysans de la zone et en trouver
-un certain nombre susceptible de travailler de concert avec le Labo-
mtoire.
Au dé?rt il faut reconnaftre que dans l'ensemble l'accueil n'a pas
été très favorable car les éleveurs de la zone avaient été plusieurs fois
sollicités pour des op&ations diverses, plus ou n'oins comencées et vite
abandonnées. AT-J& un certain nombre de visites et de &mions,quelques
éleveurs ont accepté de se lancer dans notre o~ration dont les thèms
essentiels étaient les suivants :
- surveillance sanitaire des animaux,
- vente d'aliments destinés aux animaux suivis,
- mise au point de rrmures capables d*a.m%orer ,l'hygiène de la Y'écolte
et la comercialisation du lait,
. . /. .*.

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- mise en nlace d'une utilisation rationnelle des déchets de cultures
maraîchères et des cultures follmaqères.
De ?~US une &lioration &Gtique était p&ue, faisant appel à
l'utilisation de géniteurs de race pakistanaise.
14 éleveurs se sont lancés avec enthousiasme dans l'opération mis
très vite les contraintes liées 3 la création d'un élevage un peu Dlus
intensif en ont amené un certain nombre (54 p.100) à nous abandonner.
III - LES RESULTM'S DES ENQUETES
1) La population et ses activités
Les unités suivies sont essentiellement d'ethnie pexilh (71,4 p.100).
Entre 78 et 80, on note une diminution imortante du nombre d'habitants
des carrés (32 p.100).
Le gardiennage des animaux est effectué RU? les enfants du cd
chez les Fulhs et des bergers peulhs chez les Ouolofs. La plumrt des
paysans suivis m?aticpe le maraîchage.
1.1. L'élevage
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Jusqu'à l'encadremnt par le projet, les activités d'élevage étaient
r6duitesà la vente du lait pendant l'hivernage. Ce lait, conm en témi-
ment les analyses pratiq,u&s,peut être considéré ccxme impropre à la
cmscmwtion selon les normes classiques. La comrcialisation est assu-
&e par les femes, soit sous forme de lait frais, la ?lup.rt du temps
sous fom de lait caillé. Les ventes s'effectuent jusqu'à Dakar (30 km
en myenne) .
Les bovins ne sont en genéral Tratiquemnt Das comrcialis&, Les
ventes portent essentiellement sur les ca'x5n.s et les ovins.
1.2. Le. mîcha~e
--e---..-----i-
Pour certains, le marabhage constitue l'activité productrice de
revenus majeure.
..e/ .
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Les cultures pratiquées sont très variées : piment (toutes les ex-
$oitations), haricots, navets, oignons (71 n.lOO), pon-ms de tem (57
p.lOO), persil et choux (29 ?.lOC), torrates et poireau (1 seule).
Ces cultures rapprtent (1979) environ 200.000 F par exploitation
dans l'année.
2) Effectifs et comsition des troupeaux
Entre 1978 et 1980 on constate une diminution des effectifs. La di-
minution étant $US conséquente chez les files (38,3 p.100) que chez les
femalles (15,6 p.100). Le nombre des animaux de mins de 2 <ans augmente
de 27 p.100.
En composition globale le notire de falles est de 74 à 77 p.100.
IV - ACTIONS M!DEES
Il est apmu que la nremière action à mener concernait l'alimanta-
tion des animaux.
Les rations calculGes et fabriquges v le LNERV ont la composition
suivante : coque d'arachide, r&lasse, son de blé, tourteau d'arachide,
sor,&o, gmnicalcium et sel. Pour les adultes CO,56 UF/kp: et 75,6 MPd/kg)
(4 kp/j). Une ration de valeur équivalente a été aussi établie : coque de
graine de coton, mélisse, son de blé, tourteau d'arachide, carbonate de
chaux. Pour les veaux la ration distribuée (2 kp/j) est la suivante : son
fin de blg, sorgho, mis, tourteau d'arachide, farine de poisson, rr&asse,
bicalcique, calcium, CMV bovin, huile de foie de morue CO,89 UF et 128,5p
MPd/kp). Ces deux rations étaient vendues à 15 F le kg aux éleveurs.
Chez les différents mysans 2 lots ont éte constitués : 1 lot de fe-
melles (accompappées de leur veau) reçoit une s~@émentationY l'autre lot
constitue le lot témin.
Four toutes les femlles traites des moyens sont mis à la disposi-
tion des berpers pour assurer une traite la plus hy!$énique possible.
..* /
.*.

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V - IIESULTATS TFXXNIQUES ET ECONOMIOUES
1) Evolution pondérale
- Jeunes : .
---v-s
suivis 164 &j ; . témoins 78 g/j.
Il existe des variations entre éleveurs tenant à la qualité des pâ-
turages ?mches et à celle du berger.
- Adultes :
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le poids moyen des vaches suivies est en myenne de '283kg
sur l'année (216 observations), Chez les témins, ce poids est de
267 kg (197 observations). La perte de poids en saison sèche est in-
férieure chez lestivis (12 contre 10 p.100).
2) Production laitière
Les résultats moyens sont les suivants :
Femelles suivies : productiori, gls&+ale : 602 1
durée
: 262 j
soit
: 2,3 l/j
Femelles témins : F'mduction globale : 108 1
durée
: 235 j
soit
: 0,46 l/j
Le rapport est de 1 à 5. Ce qui est considérable vu le faible apport
alimentaire des 4 kg de concent& distribués (2,2 UF/j).
On note d'autre part que le pic de lactation ne se situe en général
pas pu? rapport à la date du vélage mais apparait toujours en hivernage,
période correspondant à des conditions alimentaires plus famrables.
Sur le plan économique, les résultats ont beaucoup intéressé les éle-
veurs puisque la dépense effectuée pour lPalimmtation complémentaire de
la vache et de son produit est couverte par la vente d'un litre de lait.
Dans les exploitationssuivies, la vente du lait a rapporté par exem-
ple en sept&= 1979 entre 100 et 120.000 F suivant les éleveurs (en
moyenne 10 vaches en lactation). Les frais alimentaires ont été décor@&
de ces sorrmes.
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VI - LESPROBLEMESRENCONTRES
1) Technico - économiques
a) Dans les conditions normles, la production laitière est très fai-
ble et le reste même am&io&e (2,3 1).
b) L'alimntation reste le facteur limitant essentiel.
c) Cependant il appamit que certaines vaches nGrre supplérm&es ne
montrent pas d'amélioration de leur production ce qui laisse sup-
poser un niveau génétique faible.
dl La ccm@&nentztion a eu dvindiscutables effets sur la production
laitière mis peu sur l'état dventretien ou la croissance des ani-
maux. Les vaches suppl&tentées, du fait des fëcilités de subsistan-
ce qui leur étaient offertes ont mmt& une certaine désaffection
pour le pâtumge, il est vrai pauvre.
e) Chez les jeunes la complérrmtation n'a pas toujours été suivie
d'une amélioration de la croissance nettement marquée. Il con&mt
de wttre au point des aliments mieux adaptés à leur physiologie.
f) Même pour un aliment vendu à 15 F le kg les paysans ont souvent fait
des difficultés pour inégler les scmes qu'ils devaient. Mais les
raisons tiennent essenti&llement à lvorganisation sociale.
g) Le problème de l'identification des animaux doit être étudié de
près car nombreuses sont les marques qui disparaissent rapidement.
h) Les paysans acceptent relativement facilemnt les contraintes au
niveau des animaux suivis, mais ccmprertrmt ml la nécessité &ns
un premier temps) des animaux témoins. Pour eux si lvamélioration
ccnstatée ne fait pas de doute tout le troupeau doit être traité
de la n&me façon.
2) Sociologiques
Sans qu'une étude sociologique proprement dite ait été faite, un
certain nc&re d'enseignements ont pu être tirés des différents contacts
avec les paysans.
a.. / . . .

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Tout d'abord de no&xwx paysans sont prêts à accepter toutes les
innovations qu'on veut bien leur proposer à partir du moment où la tech-
nique proposée peut leur rapporter une certaine somw d'argent, car habi-
tant une zone proche d'une grande agglomération ils sont pfaitemnt rm-
nétarisés.
On pourrait s'étonner que nous ayons accepté de voir disparaître de
notre suivi 54 p.100 des effectifs de départ. Ces paysans n'ont rien vou-
lu changer de leurs habitudes, bien que ce changement soit susceptible
de leur apporter un gain supplémentaire. Ils ont p&fé& examiner ce qui
se passait chez leurs voisins et certains d'ailleurs après un certain
temps, ont rejoint de nouveau le projet.
A vrai dire ces disparus étaient surtout d'ethnie ouoloff, employant
des bergers peulhs. C'est ici qu'on se rend compte du problk des rela-
tions entre bergers et propriétaires au niveau du troupeau. Elles sont
complexes.
En situation de départ, le propriétaire ne désire qu'une chose,
c'est que son cheptel existe et qu'il se maintienne en vie. Par consé-
quent pour lui, le critère numérique est esse&tiel. La productivité des
animux l'htkeS6e relativement peu, d'autant que 1s commercialisation
du lait est assurée par les fermes et que par conséquent le profit rm-
nétaire de cette opération ne le touche pas : libre à lui, bien entendu,
de décider de vendre un animl pour effectuer une dépense quelconque.
Les bergers, outre leur attachement légendaire aux animux, ne re-
çoivent en général aucune rémnération pour leur service et se trouvent
donc payés par la production laitière uniquement. lknc pour eux il appa-
mit que la productivité en lait constitue un point important. Et ils ont
été les premiers à manifester leur satisfaction devant les améliorations
réalisées dans le cadre du projet. (Il est à noter qu'ils se réservent
la production du matin qui est meilleure que celle obtenue le soir).
Lorsque le pmgrarms d'a&2ior&ion alimentaire suppose l'achat
d'aliments, se pose la question : qui M payer les aliments ? Les bergers
dont le lait est ccmerGalisé d'une façon r@ulière ? Les--pmpri&aims
qui possèdent les animaux ? ks fermes ? En période faste cet aspect
If
. . . . . .

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des choses est facilement mis en sormail, mis lorsqu'arrivent les diffi-
cultés, le problème devient tout différent.
Nos essais de conciliation des 2 points de vue ont en général abou-
ti à des échecs : nous avons proposé en particulier l'adoption du princi-
pe de la &mnération du berger par le propriétaire, la mesure ayant
l'avantage de clarifier la situation kmomique de chacun.
Chez les éleveurs peulhs le problème est différent puisque c'est en
général un membre de la famille qui assure le gardiennage des animaux.
Cependant il existe une difficulté à trouver un interlocuteur pour ap-
pliquer pratiquement les techniques proposées. En etfet, il n'existe pas
de responsable fixe du troupeau. Nous avons propos6 la désignation d'une
des personnes du cam6, proposition qui a été acceptée par certains.
D'une manière g6nérale il n'existe pas d'épargne et malgré les con-
seils prodigués, les dépenses sont effectuées au fur et à msure des en-
trées d'argent. Par exemple rien n'est pr&u au moment de l'hivernage
pour couvrir les difficultés de saison sèche. Les d6penses effectuées ne
sont évidement pas inutiles : aklioration de l'habitat, du rratériel
ménager, . . . Le compte d'épargne n'est pas pst d'être accepté (de part sa
distance psycholopiq.ue) aussi avons nous proposé l‘institution de bons
d'aliments, ou de semences, ou de services, provenant d'une tiserve faite
sur les gains au mn-ent de la période faste de comercialisation du lait.
Cette comrcialisation est assurée par le projet mur le ramant, nous
avcms cherché dans un des villages (par exemple Niaga situé au bout d'une
route goudronnée) une vocation de ramasseur de lait mis jusqu'ici sans
succès.
En &néral, les paysans tipugnent .à se débarasser de leurs femelles,
vieilles ou stériles. Cependant quelques résultats encourageants ont été
obtenus chez certains.
Dans certaines unités du fmier a été produit, mais avec quelques
difficultés car le manque d'eau est un problème crucial.
. . /
. . . .

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VII - CONCLUSION
De ce bref aperçu il apmit que la solution aux différents pmblè-
RES abordés ne T?WFKB être trouvée que w une mdification profonde de la
structure de l'exploitation. Mieux csest une exploitation nouvelle qu'il
convient de mttre en place. Cette emloitation doit tenir compte des
possibilités de la r&ion et des paysans. Sur un plan pur le mment
théorique mis longuemnt discuté avec les paysans il apparaît qu"une
emloitation associant les productions laitières, foumagèrw, mai-
chères et fruitières sous irrigation adapt6e constitue pur la zone le
milleur type de structure Tmposable. Un projet de recherche-développe-
ment élabxé en cormun F le LJERV, les paysans et la DSPA a été rropo-
sé dans ce sens, mlheureusemnt son financerru3nt n'est pas encore assu&.