ALIMENTATION-NUTRITION D. Richard 1 H. Guerin 2 ...
ALIMENTATION-NUTRITION
D. Richard 1
H. Guerin 2
Teneurs en énergies brute
D. Friot 1
et digestible de fourrages disponibles
N. Mbaye 1 I en zone tropicale
RICHARD (D.), GUERIN (H.), FRIOT (D.), MBAYE (N.). Teneurs
mêmes équations que celles utilisées pour les fourra-
en énergies brute et digestible de fourrages disponibles en Lone
ges des zones tempérées.
tropicale. Kewe Élev. Mécl. vét. Pays trop., 1990, 43 (2) : 225-231.
Lors de diverses études menées sur des fourrages
L’énergie brute (EB) de divers fourrages d’origine tropicale a été
mesurée sur les fourrages suivants : Brachiaria mutica en vert et en
d’origine tropicale, les mesures d’énergie brute ont
foin, Chloris ga.vana en foin, Panicum maximum en vert (var. K187 B,
été faites sur des échantillons soit de fourrages de
var. T58) et en foin (var. Cl), SQ/osanthes guyanensis, tapis herbacé
diverses origines, soit de fourrage offert, de fourrage
de pâturages sabéliens, pailles de mil, de riz et de sorgho, fanes
refusé et des fèces correspondantes dans le cas
d’arachide et de niébé. La teneur moyenne en EB de ces aliments est de
4 182 kcahkg MS (de 3 431 à 4 587) et de 4 672 kcabkg MO (de 4 442 à
d’essais de digestibilité. Ceci a permis d’établir des
5 018). La répartition des fourrages en cinq groupes permet d’obtenir
équations de prévision des teneurs en énergie brute et
une relation précise entre les teneurs en EB et en MAT exprimées par
digestible de plusieurs types de fourrages. II a égale-
rapport à la matière organique (ETR = 39 kcabkg MO, r = 0,89,
n = 139). La dieestibilité de l’énergie (DE) de divers fourrages a été
ment paru intéressant de rapporter la valeur calorifi-
mesurée au cou& de 62 essais. Elle-est‘comprise entre 3.5 et ?S p. 100
que des fèces.
(45 et 65 p. 100 pour 74 p. 100 des fourrages). Une relation très étroite
est observée entre la DE et la DM0 (ETR = 0,8, r = 0,996). La teneur

en énergie digestible des fourrages varie entre 1 560 et 3 315 kcallkg
MS, Mots clés : Fourrage - Brachiaria mutica - Chloris gayuna
Panicum maximum Scylosanthes guyanewis - Paille - Fane - Digesti-
MATÉRIEL ET MÉTHODES
bilité - Valeur énergétique - Zone tropicale - Afrique.
Les fourrages
INTRODUCTION
L’énergie brute a été mesurée sur des fourrages
provenant de Côte-d’Ivoire, du Niger et du Sénégal.
Ces fourrages étaient des graminées cultivées récol-
L’apport énergétique est fondamental pour tout mam-
tées en vert ou en sec, des graminées naturelles
mifère. Dans le cas des ruminants des régions intertro-
coupées en vert, une légumineuse cultivée, des fourra-
picales, l’énergie ingérée provient principalement des
ges naturels sahéliens plurispécifiques {graminées,
fourrages. L’utilisation digestive de cette énergie est
dicotylédones) récoltés en saison des pluies et en
très variable suivant la composition chimique des
saison sèche, des pailles de céréales et des fanes de
aliments. La connaissance des teneurs en énergies
légumineuses. La description détaillée est rapportée
brute (EB) et digestible (ED) des fourrages est donc
dans le tableau I où cinq groupes ont été constitués en
une étape importante tant pour l’appréciation de leur
fonction des teneurs en EB.
a
valeur énergétique que pour la précision de la couver-
;
ture des besoins des animaux.
i
En zone tempérée, diverses études rapportent les
Essais de digestibilité
l
teneurs en énergie brute et digestible des aliments (2,
4, 8). En zone tropicale, les données sont plus rares.
Les mesures de digestibilité ont été effectuées au
Par ailleurs, étant donné l’importance des constituants
Sénégal dans le cadre d’un programme franco-séné-
pariétaux des fourrages des régions chaudes, il n’était
galais (IEMVT-CIRAD et LNERV-ISRA) d’étude de la
pas certain que leurs valeurs calorifiques brutes puis-
valeur alimentaire des aliments disponibles pour les
sent être reliées à leur composition chimique par les
ruminants.
Les béliers utilisés, de race Peul-Peu1 et pesant en
moyenne 30 kg, étaient maintenus en cage à digestibi-
1. LNERV-ISRA, BP 2057, Dakar, Sénégal.
lité. Après une période préexpérimentale de 14 jours,
2. IEMVT-CIRAD, 10 rue Pierre Curie, 94704 Maisons-Alfort
les fèces étaient collectées pendant 6 jours. Les
Cedex, France.
aliments étaient distribués en une ou deux fois par
Avec la collaboration de P. LEFEVRE, A. DUCHÉ, A. SYLLA, M.
jour selon le type de fourrage. Les taux moyens de
DIOP et T.M. BA.
refus ont été compris entre 20 et 30 p. 100. Des
Reçu le 28.01.90, accepté le 13.02.90
échantillons quotidiens de fourrages offert et refusé et
Revue Élev. Méd. vét. Pays trop., 1990, 43 (2) : 225-231
225

D. Richard, H. Guerin, D. Friot, N. Mbaye
TABLEAU I Description des groupes de fourrages étudiés.
l’acide benzoïque. Les mesures d’EB ont été éxécu-
tées en double, l’écart entre celles-ci devant être
Nombre de
inférieur à 30 kcal/kg MS.
àroupe
Description
mesures
générale
Fourrages étudiés
Énergie Diges
Analyses chimiques
brute tibilitc
1
Graminées
Brachiaria mutica,
Pour l’ensemble des échantillons, les teneurs en
cultivées et
Panicum maximum,
cendres, en matières azotées totales (MAT = N x 6,:15)
naturelles
var. K 187B,
et en cellulose brute (CB) ont été déterminées selon
exploitées
exploitées en vert
en vert
entre 25 et 63 jours
les méthodes décrites par I’AFNOR (1). Les consti-
de repousse
tuants pariétaux ont été dosés selon la méthode de
Echinochloa
Van Soest, parois (NDF), ligno-cellulose (ADF) et
stagnina,
lignine sulfurique (ADL) sur la majorité des fourrages,
Pennisetum
à l’exception de 11 échantillons.
pedicellatum
Foins de
Brachiaria mutica,
87 38
graminées
Chloris gayana,
cultivées
Panicum maximum,
Analyses statistiques
var. Cl et T58
Fourrages
Tapis herbacé de pâ-
Les données ont été traitées avec l’aide du logicel
naturels
turages naturels de
GENSTAT pour les analyses de variante-covariance et
sahéliens
la zone sahélienne
du logiciel STATITCF pour les autres analyses.
en saison
(Ferlo au Sénégal)
des pluies
fauché au ras du sol
en saison des pluies
2
Fourrages
Tapis herbacé de pâ-
RÉSULTATS
naturels
turages naturels de
sahéliens
la zone sahélienne
en saison
(Ferlo au Sénégal)
sèche
fauché au ras du
1 4
6
sol en saison sèche
Ils sont présentés en fonction des 5 groupes décrits
dans le tableau 1. Ces groupes permettent de prédire
Légumineuse Stylosanthes
cultivée
guyanensis
la teneur en EB de la matière organique (EBIMO) en
fonction de celle en MAT (MATIMO) avec la meilleure
3
Pailles de
Originaires des
précision.
Par rapport à une régression générale
mil et sorgho régions sahélienne et
10
4
soudano-sahélienne
incluant l’ensemble des fourrages étudiés, l’écart-type
résiduel (ETR) de l’équation EB/MO = f(MAT/MO) e:st
4
Fanes de
Fanes d’arachide et
réduit de 25 p. 100 en répartissant les fourrages dans
légumineuses niébé des régions
ces groupes.
sahélienne et
2 0
1 0
soudano-sahélienne
5
Paille de
Paille de riz (culture
8
4
Teneurs en énergie brute
riz
sous irrigation)
Total
139 62
La teneur en EB/MO des 139 fourrages étudiés varie
.
de 4 442 à 5 018 kcal (moyenne : 4 672 kcal/kg MO)
(Tabl. II). Elle est étroitement liée à la teneur en
MAT/MO des différents aliments comme le montre
de fèces individuelles ont été faits. Un échantillon
l’équation 1 d’après
laquelle les variations des -
moyen a été constitué pour le fourrage offert, les refus
MAT/MO (exprimées en g/kg MO) expliquent 79 p. 103
et les fèces en fin d’essai. Les analyses chimiques et
de la variante totale de l’énergie brute :
les mesures d’énergie ont porté sur ces trois échantil-
EB (en kcal/kg MO) : 4 516 + 1,646 MAT + a [l]
lons.
ETR = 39, r = 0,89, n = 139
Le nombre d’essais de digestibilité pour chaque
groupe de fourrages est donné dans le tableau 1.
n = 0 pour le groupe 1
a = + 70 pour le groupe 2
Mesure de l’énergie
n = + 29 pour le groupe 3
Une bombe calorimétrique adiabatique a été utilisée
n = - 39 pour le groupe 4
pour toutes les mesures et a été étalonnée avec de
a = - 93 pour le groupe 5

ALIMENTATION-NUTRITION
TABLEAU II Teneur en énergie brute de la matière orga-
ne permet pas d’améliorer la prévision de I’EB, ce qui
nique et de la matière sèche ; Principales caractéristiques de la
tient peut-être à la qualité chimique peu définie de la
composition chimique des fourrages : moyenne, écart-type et
lignine sulfurique obtenue par la méthode de Van
extrêmes.
Soest, et à sa composition variable. Cette hypothèse
1 semble confirmée par le fait que les fanes d’arachide
et de niébé, malgré leur teneur élevée en lignine, ont
[W
Composition par rapport
a la matière sèche (par kg)
une teneur en EB inférieure aux graminées vertes.
MAT
Lignine
Lignim
Dans le cas du groupe 1, les liaisons entre I’EB, d’une
(9)
(9)
(9)
-
-
part, et les MAT et les différents constituants chimi-
ques de la paroi, d’autre part, ont été calculées. Avec
4 683
101
4 173
891
58
1
a7
(78)
(39)
,2:,
(111)
(22)
(3:)
(21)
une seule variable explicative, les écarts-types rési-
4 534.
4
38-209
33-143
3 758.
808-933
36-183
29-13:
duels sont de 39, 53, 58, 67 et 71 avec, respectivement,
4 a74
4 397
-
-
i
l
----
les MAT, la cellulose brute, I’ADF, le NDF et la lignine,
4 754
104
113
105
toutes les équations ayant un coefficient de corréla-
2
14
(104)
(58)
W)
(31)
tion significatif. La précision n’est pas améliorée en
4 646.
4
1 17-252
79-176
79-161
5 018
5
associant à la teneur en MAT un constituant de la
-
-
paroi comme deuxième variable explicative.
4 615
3
10
(21)
(&
($)
,&
4 588.
4
23-62
65-117
63-I OC
Exprimée par rapport à la matière sèche, la teneur
4 648
moyenne en énergie brute des 139 fourrages étudiés
-
-
est de 4 182 kcal/kg pour une composition moyenne
4 665
114
119
103
4
20
(45)
(28)
(19)
119)
de 933 g de matière organique, 86 g de MAT et 72 g de
4 590.
4
74-181
93-149
82-14:
lignine par kg de MS. Les valeurs les plus élevées sont
4 754
-
-
observées dans le groupe des pâturages sahéliens de
4 500
54
saison sèche et de Sfylosanthes alors que les plus
5
a
(38)
t::
,y:,
(81
faibles sont celles des pailles de riz très riches en
4 442.
4
41-62
53-82
42-66
4 562
matières minérales (Tabl. II). Ces teneurs en EB sont
liées aux teneurs en matière organique et en MAT.
Une relation étroite entre EB et MAT a déjà été miise en
Énergie des fèces
évidence tant avec des fourrages des zones tempérées
(2, 4) qu’avec ceux des zones subtropicale (6) et
Les principaux résultats relatifs aux fèces sont rappor-
tropicale (11).
tés au tableau III.
Parmi les 5 groupes, on peut observer que le groupe 1
comprend des fourrages relativement jeunes : grami-
TABLEAU III Teneur en énergie et composition chimique
nées vertes, foins coupés avant 60 jours de repousse,
moyenne de 62 échantillons de fèces : moyenne, écart-type,
pâturages sahéliens de saison des pluies. Comparées
extrêmes.
aux graminées vertes cultivées en France, celles des
zones tropicales ont une valeur calorifique légèrement
Énergie
Matière
MAT
Lignine
<-
supérieure : + 49 et + 43 kcal/kg MS pour des teneurs
WcaU
organique
en MAT/MO de 7.5 et 150 g respectivement. Cette
(cl)
(9)
(9)
différence pourrait résulter de la teneur plus élevée en
Par kg de
4 266
835
137
,* lignine des graminées tropicales, la lignine ayant une
matière
(2Y>
(58)
valeur calorifique plus élevée (6 219 kcal/kg) (9) que
sèche
32f??764 65t332
61-145
56-276
les autres constituants, excepté les lipides.
Par kg de
5113
118
163
A même teneur en MAT, des teneurs en EB supérieures
matière
(143)
-
(27)
(66)
sont également observées lorsque l’âge des plantes
organique 4 849-5 521
75-182
73-324
augmente et que celles-ci deviennent sèches, ce qui
apparaît dans le groupe 2 avec les pâturages sahéliens
de saison sèche par comparaison au groupe 1 des
graminées vertes ou séchées en foin. Comme pour les
Les valeurs moyennes les plus élevées sont obtenues
graminées des zones tempérées, on peut émettre
sur pâturages naturels sahéliens de saison sèche
l’hypothèse que cette EB supérieure observée dans le
(4 588 kcal/kg MS avec des teneurs moyennes en MO
groupe 2 tient à la teneur importante en lignine.
de 875 g et en lignine de 197 g), alors que les plus
faibles sont celles des fèces d’animaux consommant
Toutefois, la prise en compte de la lignine (ADL)
de la paille de riz (3 359 kcal/kg MS avec des teneurs
comme variable explicative, en complément des MAT,
moyennes en MO de 683 g et en lignine de 80 g).
221

D. Richard, H. Guerin, D. Friot, N. Mbaye
II existe une relation significative entre la teneur en
TABLEAU IV Teneur en énergie digestible (kgcaï) des diffé-
énergie brute de la matière organique des fèces (EBf)
rents groupes de fourrages étudiés : moyenne (m), écart-type
et leur teneur en MAT (MATf en g/kg MO) :
(s), extrêm-es.
EBf (en kcal/kg MO) = 4 623 + 5,155 MATf [2]
Groupe de
fourrages
Matière sèche
Matière organique
ETR = 89, r = 0,79, n = 62
N”
Nombre m
S
Extr.
Comme pour les fourrages, l’introduction de la teneur
en lignine en seconde variable explicative n’améliore
1
3 8
2 507
333
2 014
3 315
pas la précision de l’équation.
2*
6
2 145
262
1 869
2 476
Digestibilité de l’énergie et teneur en
3
4
1 684
100
1 560
1 770
énergie digestible
4
1 0
2 321
264
1 847
2 719
La digestibilité moyenne de l’énergie (DE) est de 55,6
(s = 8,8), les extrêmes allant de 352 (paille de mil) a
78,4 (Brachiaria mutica, repousse de 25 jours en
saison sèche froide). La majorité des résultats se situe
cependant dans une fourchette plus étroite, entre 40
* Les résultats du groupe 2 ne comprennent que des essais de digez tibi-
lit.4 de pâturage naturel sah6lien de saison sèche.
et 72, pour 58 données sur 62.
La DE présente une liaison très étroite avec la digesti-
bilité de la matière organique (DMO). La valeur
moyenne de cette dernière est de 59,2 (s = 8,3,
extrêmes 38-80). L’équation de liaison entre DE et
grande diversité des valeurs et la nécessité de bien
DM0 est la suivante :
connaître cette énergie digestible pour apprécier la
valeur énergétique des fourrages.
DE = - 6,833 + 1,055 DM0 [3]
Les teneurs en ED du groupe 1 vont de 2 014 à
ETR = 0,805, r = 0,996, n = 62
3 315 kcal/kg MS, fourchette voisine de celle rapportée
par BUTTERWORTH (3) : 2 230 à 3 200 kcal pour des
Cette relation étroite résulte du fait que les facteurs de
graminées fourragères tropicales.
variation de ces digestibilités sont les mêmes. A titre
Ce sont les pailles de mil et de sorgho qui présentent
d’illustration, dans le cas de Panicum maximum K187
les teneurs les plus faibles en énergie digestible, ce
B étudié par ailleurs (7), la DE de repousses de saison
qui est en relation avec leur DM0 peu élevée.
sèche chaude et de saison des pluies présente comme
la DM0 des liaisons significatives avec la composition
La teneur en énergie digestible (kcal/kg) des fourrages
chimique et l’âge des repousses dans les deux équa-
est proportionnelle à la teneur en MAT (g/kg MS) :
tions suivantes (J : temps de repousse en jours, MAT
et CB en g/kg MS).
ED = 1705 + 6,792 MAT [7]
ETR = 283, r = 0,68, n = 62
DE = 33,68 + 0,292 MAT [4]
ETR = 3,9, r = 0,80, n = 9
Ceci est en accord avec les observations de MINSON
et MILFORD (6) et de JEFFERY (5), alors que BUT-
DE = - 11,34 - 0,Ol J + 0,335 MAT + 0,116 CB [5]
TERWORTH (3) n’observait aucune relation entre les
teneurs en ED et en MAT. La précision de l’équation
ETR = 3,8, r = 0,87, n = 9
est d’autant plus grande que le groupe de fourrages
est homogène. Pour le Panicum maximum K187 B,
La connaissance de la DE permet de calculer la teneur
I’ETR (kcal/kg MS) est plus faible si la teneur en CB
en énergie digestible (ED) des fourrages :
(g/kg MS) est associée à celle en MAT (g/kg MS) :
ED = EB x DE = EB x (1,055 DM0 - 6,833) [6]
ED = 1386 + 13,23 MAT [8]
ETR = 187, r = 0,79, n 1 9
Pour l’ensemble des fourrages étudiés en digestibilité,
la teneur en énergie digestible varie de 1 560 à
3 315 kcal/kg MS, et de 1 664 à 3 806 kcal/kg MO
E D = - 745 + 15,55 MAT + 5,35 CB [9]
(Tabl. IV). Ces variations importantes montrent la
ETR = 168, r = 0,86, n = 9
228

ALIMENTATION-NUTRITION
DISCUSSION
TABLEAU Y Teneur en énergie brute de quelques organes
de ligneux.
Matière
Énergie
La plage de variation des teneurs en énergie brute de
organique
M A T
Lignine
(kcall
la matière des fourrages disponibles en zone tropicale
(glkg MS) kg MO)
(glkg MO) (@kg MO)
est large puisqu’elle va de 3 431 à 4 587 kcal/kg MS :
elle est plus importante que celle rapportée par
VERMOREL (10) pour les fourrages tempérés : 4 000 à
4 600 kcal. Si les limites supérieures sont semblables,
la limite inférieure est beaucoup plus basse en région
tropicale et tient d’une part à la teneur élevée en
cendres de certains fourrages, d’autre part au faible
contenu en MAT des pailles et de quelques fourrages
Feuilles
des groupes 1 et 2 ; c’est le cas en particulier des
d e Bauhinia
871
5 0 2 2
161
1 3 4
repousses de graminées cultivées âgées de plus de 55
rufescens
jours ou encore des tapis herbacés des pâturages
Gousses
sahéliens de saison sèche.
d e Bauhinia
9 5 7
4 8 7 3
1 1 5
1 8 8
rufescens
Les variations des teneurs en énergie brute de la
matière organique sont plus faibles : de 4 442 à
Feuilles
5 018 kcal/kg MO ; elles sont voisines des limites
d e Guieria
9 6 0
5 0 0 9
1 2 8
1 4 7
habituelles rapportées pour les fourrages, comme par
senegalensis
exemple en zone subtropicale : de 4 470 à 4 950 kcal
(6).
La prévision de la teneur en énergie brute de la
les fourrages de zone tempérée ; pour une DM0 de 45,
matière organique est améliorée si les fourrages sont
la DE des fourrages tropicaux est inférieure de un
répartis en groupes. L’écart-type résiduel (39 kcal)
point. Cette différence s’atténue légèrement (- 0,72)
rapporté pour l’équation EB/MO = f(MAT/MO) est
pour les pailles ayant une DM0 de 45 en appliquant
voisin de celui indiqué par DEMARQUILLY et collab.
l’équation de ANDRIEU et DEMARQUILLY (2).
(4) alors que JEFFERY (5) donne un ETR de 148 kcal
pour l’équation unique établie pour des graminées,
Les teneurs en ED varient dans de larges limites. Les
des légumineuses et des mélanges. De même, dans
valeurs les plus élevées sont comprises entre 3 000 et
l’équation de prévision de MINSON et MILFORD (6),
3 315 kcal/kg MS ; elles sont en moyenne inférieures
les MAT n’expliquent que 70 p. 100 de la variante
de 10 p. 100 aux teneurs les plus élevées des fourrages
totale avec des résultats obtenus sur Paspalum, sor-
de zones tempérées. Ceci est à mettre en relation avec
gho et siratro (Macroptilium atropurpureum),
alors
les DMS et les DM0 toujours plus faibles des fourrages
que dans les présents résultats les MAT expliquem
tropicaux (même exploités très jeunes). Les teneurs
79 p. 100 de la variante.
les plus faibles en ED, voisines de 1 600 kcal/kg MO,
sont celles des pailles de céréales ; elles sont proches
La répartition en groupes des fourrages proposée ici,
de celles rapportées pour les mêmes aliments en zone
*
peut être étendue à des plantes voisines de celles
tempérée. Toutefois, la fréquence des fourrages ayant
étudiées. Par exemple, le Siratro est une légumineuse
une teneur en ED inférieure à 2 000 kcal/kg MO est
à rattacher au groupe 2 comme le montrent les
beaucoup plus importante en zone tropicale.
résultats de MINSON et MILFORD (6). En revanche,
SS certains fourrages non mentionnés dans les groupes
proposes doivent être étudiés avec plus de précision.
C’est le cas des organes des ligneux consommés par
les ruminants en zone tropicale. L’EB de ces plantes
n’est pas proportionnelle à leur teneur en MAT (Tabl.
CONCLUSION
0
La première étape de l’utilisation de l’énergie par le
ruminant est son utilisation digestive. La digestibilité
Les teneurs en énergie brute des fourrages disponi-
de l’énergie est donc importante à connaître. Elle peut
bles en zone tropicale peuvent être connues avec
être prévue avec précision à partir de la digestibilité
précision à partir des équations rapportées ci-dessus.
de la DMO. Cette relation est voisine de celles rappor-
tées par d’autres auteurs : pour une DM0 de 67,
C’est cependant l’estimation de la teneur en énergie
l’estimation de la DE est identique à celle calculée
digestible des fourrages qui est l’étape la plus impor-
avec l’équation de DEMARQUILLY et collab. (4) pour
tante de la prévision de leur valeur énergétique. La
229

D. Richard, H. Guerin, D. Friot, N. Mbaye
relation étroite entre la DE et la DM0 montre qu’une
II faut aussi prendre en compte les pertes d’énergie
bonne prévision de la DE est fonction de la précision
sous forme urinaire, de gaz et surtout d’extra-chaleur
de la DMO. En zone tropicale où les principaux
pour pouvoir quantifier l’énergie disponible pour les
fourrages disponibles (pâturages naturels, sous-pro-
productions. L’analyse des données recueillies sur les
duits agricoles) sont souvent de faible qualité pendant
urines collectées lors des essais de digestibilité devrait
de nombreux mois de l’année, c’est entre I’EB et I’ED
permettre de connaître les pertes énergétiques.
que les pertes énergétiques sont plus importantes.
Par ailleurs, des essais d’alimentation en cours cou-
Dans la présente étude, I’ED représente entre 35 et
plés à l’étude de l’évolution de la composition chimi-
78 p. 100 de I’EB ; pour 51 p. 100 des fourrages, la
que corporelle et des produits animaux aboutiront à
digestibilité de l’énergie est inférieure à 55 p. 100, et
l’évaluation des quantités d’énergie fixée, étape nécos-
pour 3 p. 100 seulement des fourrages elle est supé-
saire à l’élaboration de recommandations en appcr-ts
rieure à 70 p. 100.
énergétiques.
RICHARD (D.), GUERIN (H.), FRIOT (D.), MBAYE (N.). The gross
RICHARD (D.), GUERIN (H.), FRIOT (D.), MBAYE (N.). Conteni-
and digestible energy content of forages available in tropical Africa.
dos de energfa bruta y digestible de forrajes disponibles en zonas
Revue Blev. Méd. vdt. Pays trop., 1990, 43 (2) : 225-231.
tropicales. Ravur Élev. Méd. vét. Pays trop.. 1990. 43 (2) : 225-22 1.
The determination of the gross energy (GE) content of tropical forages
La energia hruta (EB) de diversos forrajes tropicales fue medida para
was carried out using Brachiaria mutica as green forage and hay,
10s siguientes forrajes : Rrachiaria mutica, fresca y en paja, Ch/oris
Chloris gayana as hay, Panicum maximum, var. K187 B and T58 as
ga.vana, en paja, Panicum maximum,, fresco (var. K187 B, var T5P)
green forage and var. Cl as hay, Sfy/osanthes gu.yanensis, grass from
en paja (var. Cl), StU~/osanfhes gu.vanensis, cobertura herhacea de
Sahelian pastures and straws (sorghum, millet, groundnut and niebe).
pastizales sahelinos, payas de millo, arroz y sorgo, cortes de araquida y
The mean CE content was 4 182 kcal/kg dry matter DM (from 3 431 to
niebé. El contenido de EB de estos alimentos es de 4 182 kcal/kg M S
4 587) and 4 672 kcahkg organic matter OM (from 4 442 to 5 018).
(de 3 431 a 4 587) y de 4 672 kcahkg MO (de 4 442 a 5 018). Medianie
The distribution of forages into five groups gives an accurate
la reparticion de 10s forrajes en 5 grupos, se obtuvo una relation
relationship between gross energy (GE) and crude protein (CP)
precisa entre 10s contenidos en EB y MAT, expresados en relation a la
expressed relative to the organic matter (OM) (i.e. GE/OM and
materia organica (MO) (ETR = 39 kcallkg MO, r = 0,89). La
CP/OM) (RSD = 39 kcalikg OM, r = 089, n = 139). The energy
digestibilidad de la energia (DE) de diversos forrajes fue medida en 62
digestibility (ED) was calculated in 62 digestibility trials. It ranged
experimentos. Esta comprendida entre 35 y 78 p. 100 y entre 45 ,Y
from 35 to 78 % and hetween 45 and 65 % for 74 % of the forages. An
65 p. 100 para 74 p. 100 de forrajes. Se observa una estrecha relation
accurate correlation was observed hetween ED and organic matter
entre la DE y la DM0 (ETR -= 0,8, r = 0,996). El contenido en energia
digestibility (RSD = 0.8, r = 0,996). The digestible energy content of
digestible de 10s forrajes varia entre 1 569 y 3 315 kcal/kg MS.
the forages ranged between 1 560 and 3 315 kcal/kg DM. Key words :
Palabras cla\\zes : Forraje - Brachiariu mrrtka - Chloris gayana
Forages - Brachiaria mutica - Chloris gayuna - Panicum maximum -
Panicum maximum - Stylosanthes guyanensis - Paja - Hojarasca ..
Stylosanthes guyanensis - Hay - Straw - Digestibility - Digestible
Digestibilidad - Energia digestible - Zona tropical - Africa.
energy content - Tropical area - Africa.
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PUBLICATIONS 1. E. M. V. T.
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DANS LES SYSTEMES
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INSTITUT D'ELEVAGE
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MEDECINE VETERINAIRE
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L'ELEVAGE EN AFRIOUE
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