par p. KORNET Vétérinaire Inspecteur Général...
par p. KORNET
Vétérinaire Inspecteur Général
Directeur du Laboratoire Fédéral
de lIElevage
Si la maladie reste, en genéral,
aussi bien chez l'homme
que chez l'animal, l'obstacle majeur au developpement
de 1'
Afrique, l'incidence pathologique des parasites sanguicoles, en
particulier,
est pour les animaux domestiques une cause de péjo-
ration importante.
Leur nombre, leur variét4,
leurs répertiussions sur la
,-santé du bétail et l'eoonomie de son élevage, constituent des
problèmes extrêmement complexes.
Il faut souligner aussi que llinfestation
latente par
les hémiztozoaires est si rëpandket a une telle influence sur
l'équilibre physiologique des sujets, qu'on pourrait dire, para-
phrasant Jules ROWLINS et son Dr. KNOCM I 1113n +-Iîriquc: Tropicale,
tout animal sain est un malade qu'on ignore".
Le sujet qui nous occupe aujourd'hui exigerait des déve-
loppements importants, Nous nous en tiendrons à l'essentiel, et
examinerons successivement et brièvement les hématozooses anima-
les, la carence protidique des populations humaines, les réac-
tions des premières sur la seconde et les remèdes à apporter &
cet état de choses.
Parmi les diverses espèces animales hébergeant des hérna-
tozoaires7
nous nous attacherons à celles qui concourent partie!
lièrement à l'alimentation humaine : bovins, ovins, caprins,
porcins,
Et pour les hematozoaires,
nous ne retiendrons que ceux
dont l'action pathogène est bien déterminée et ltevolution éta-
blie : piroplasmes et trypanosomes.
Nous ne ferons pas état des $ ptospires, de pathogénéitc
controversée,
des leucocytozoon, hémogrégarines, microfilaires.
à action infestante apparemment bénigne, des rickettsia, mal
classées et â localisations variées, etc.,.

-2-
PIROPLASMOSES
REPARTITION -
Pratiquement,
tout le continent africain est
infesté, puisque l'arthropode transmetteur des piroplas-
mes? la tique (famille des Ixodidés), est pArtout répan-
du. Les différentes espèces d'ixodides n'interviennent
pas dans la transmission de tous les parasites et il y
c.
a une certaine t9spécialisationV'. Mais, en fait, il n'c-
xiste pas de zone d'élevage qui ne soit pas contaminée
. \\
par l'une ou 1 'autre espèce de piroplasme.
Et l'importance de l'infestation
est encore ac-
crue par le fait qu'en beaucoup de régions les tiques se
reproduisent presque toute l'année grâce aux conditions
permanentes de chaleur et humidité, et sont aptes en tout
temps à transmettre la maladie (Soudan français, par
exemple).
Il est cependant des périodes de V1pointes99 dans
l'infestution
cofncidant avec les mois de plus grdnde
multiplication des tiques (saison des pluies).
CLASSIFICATION DES PIROPLAWIES -
Si les formes parasitaires sont bien connues, par
contre leur classification a soulevé beaucoup de discus-
t?
sions et aucune n'est unanimement acceptée.
Nous adoptons provisoirement celle de l'Institut
.
1
Pasteur d'Algérie.
Piroplasmes (sensu lato) des bovins
Piro@asmidés -
---- -m-----s
- Piroplasma bigeminum
SMITH et KILBORNE 1893
- Babesiella berbera
Ed.SERGEWT & coll. 1924
Theileridés -
-----------
-Theileria parva
THEILER 1903
- Theileria dispar
Ed.SERGDNT & coll. 1924
- Theileria mutans
THEILER 1907

.
-3-
Anaplasmidés -
----------s.-
- Knaplasma centrale
THEILER 1910
- Anaplasma marginale THBILER 1910
Piroplasmes (sensu lato) des ovins et caprins
Piroplasmidés -
-------------
- Piroplaama ovis
LESTOQUARD 1925
*r
- Babesiella ovis
BABES 1892
. i
Theileridés -
-----------
- Theileria ovis
LITTLEWOOD 1914
- Theileria recondita IXSTOQUARD 1929
Anaelasmidés -
a-- -.m------
- Anaplasma ovis
LESTOQUARD 1924.
Piroplasmes du porc
Piro@asmidés -
-m-m --------
- Piroplasma trautmanni
KNUTH et DU TOIT 1921
- Babesiella perroncitoi CERRUTI 1939
V’
Certains de ces parasites sont peu ou pas patho-
gènes : Theileria mutans, Theileria rccondita, Anaplasma
l
R
centrale. D'autres, très voisins morphologiquement et
biologiquement,
ont une virulence plus ou moins accentuée
Theileria parva, responsable de la fièvre de la CGte
Orientale (East Coast E'ever) est nettement plus pathogè-
ne que Theileria dispar mise en évidence par Ed.SERGENT
et coll. en Afrique du Nord, et retrouvée dans diverses
régions africaines au nord de l'équateur (A.O,F, par
exemple).
PATHOLOGIE -
Si toutes les piroplasmoses se traduisent par
des signes cliniques comiiiuns o la fièvre, l'anémie par
exemple, il est d'autres symptômes tenus pour classiques

qui apparaissent de façon variable : l'ictère, l'hémo-
globinurie. Quant aux signes nerveux, ils sont surtout
la conséquence de l'invasion cérébrale des parasites
(Theileria parva, Babesiella berbera) plutôt que la con-
séquence de l'ictère.
Et on ne peut point dire que l'anémie soit un
guide tres sûr pour le diagnostic, étant donne qu'elle
est fréquente en zones tropicales où le parasitisme, sous
toutes ses formes, est très répandu,
Il faut d'ailleurs tout de suite distinguer entre
les piroplasmoses du bétail autochtone et celles des ani-
maux importés d'l3urope pour améliorer ou remplacer le pre-
mier.
Le békil d'Europe9
dont l'acclimatement en Afri-
que est toujours délicat, est très réceptif aux diverses
piroplasmoses.
Etant en état de moindre résistance du fait du
climat, des circumfusa9
d'une alimentation souvent insuf-
fisante qualitativement lorsqu'elle ne l'est pas quanti-
tativement, il prtisente le plus souvent le faisceau cli-
nique caractéristique.
Par contre, chez les animaux autochtones accoutu-
més aux conditions adverses des pays tropicaux, prémunis
dès le jeunc âge par des infestations répétées et cumula-
tives, il s'établit, si l'on peut s'exprimer ainsi, un
"modus vivendi" organisme-parasite,
sans manifestations
bien nettes, Cet Equilibre n'est pds obtenu sans une
excitation très grande des défenses organiques et est
assez précaire. A l'occasion de l'intervention de facteurs
variés : sous-alimentation, maladies intercurrentes,
vac-
cination par vaccins "vivants", tout le système mis en
oeuvre par l'organisme s'écroule, en particulier lorsque
Iles memes tissus sont Sollicites par des causes morbides
différentes.
C'est le cas des "sorties" parasitaires consécu-
tives à la vaccintition contre la peste bovine par les pro-
cédes infestants.

-5-
Le même résultat est particulièrement obtenu par
la splénectomie. En ii,O.F., cette opération déclanche
autom;ttiqueme.nt la. sortie, dans le sang périphérique, de
Piroplasma bigertinum et Theileria mutans.
Ainsi donc, en ce qui concerne le bétail, le
tableau symptomatologique est variable suivant qu'il s'a-
git d'animaux pr&munis naturellement ou d'animaux ttneufsU.
Quelles sont les conséquences de cet état de cho-
ses sur les sujets atteints ?
Animaux neufs : le tableau classique de la maladie
développe un amaigrissement marqué, la sécrétion lactée se
tarit, la mort est fréquente. Et si la guérison intervient,
elle laisse le sujet atteint en mauvais é-kit pendant un lap!
de temps plus ou moins long.
Animaux naturelienent prémunis : lors de Usortiest*
parasitaires,
l'image clinique est semblable à la précé-
dente. En dehors de cette rupture de la prémunition, qui
n'es-t,
en principe, que l'exception dans la vie de l'ani-
mal, le comportement des sujets semble normal. Mais il est
bien certain que les etats de maigreur fréquemment consta-
tés, les hypertrophies ganglionnaires si souvent notées,
les anémies ~1 caractérisées, relèvent fréquemment de cette
infestation latente. La rusticité naturelle des animaux
aux conditions d'une vie rude est amoindrie par ces héma-
tozooses. C'est en somme la rançon de la prémunition.
Les piroplasmoses du porc? par suite probablement
du mode de vie plus sédentaire de cet animal, sont moins
répandues que celles du bétail.
Et si elles sont signAlées en de nombreuses par-
ties de l'Afrique (en lkythrée, en Guinée française, etc..)
leur incidence pathologique est moindre. Elles ne nous re-
tiendront pas.
. . . / ..*

-6-
TRYPANOSOMES
REPARTITION -
La repartition des trypanosomese8du gros et du
petit bétail, et des porcins, se confond pratiquement avec
celle des tsé-tsés qui les transmettent.
Nos connaissances sur l'aire de distribution des
glossines ont peu varié depuis la mise au point de HEGH
d 9,
(1929)
l
Récemment les cartes de répartition sont mises
,
.
à jour par POTTS (1954)(l). Sur ces bases, nous notons
que la limite septentrinnale passe, en partant de la Côte
occidentale, au niveau du 14O de latitude nord (avec une
pointe vers le 15 O dans la région de Dakar), longe le cours
inférieur du fleuve Niger puis s'infléchit au sud de la
boucle de ce fleuve, en suivant toujours le 14O jusqu'à
Niamey. Elle descend ensuite vers le 12O et atteint le sud
du Lac Tchad. Elle se dirige enfin vers le Nil qu'elle
rejoint vers le 5O, traverse l'extrême sud de l'Ethiopie,
et s'éteint vers le 4O au nord du Kenya. En Somalie, on
rencontre quelques foyers peu etendus et peu denses. La
limite meridionale s'etend du sud de l'Angola(vers
le 14O
de latitude sud) au nord de B&chuanaland,
traverse la Rho-
désie du Sud ;iu sud du Zambèze et atteint le Zoulouland
œ.
(2g" de latitude), seule région infestée de l'Union Sud
Africaine.
l
I
On peut, en résumé, affirmer que plus des deux
tiers de l'Afrique au sud du Sahara sont infestés..
CLASSIFICATION -
Nous n'aborderons pas la discussion dogmtique
concernant la classification des trypanosomes suivant leur
polymorphisme ou leur monomorphisme, la position du
.0. /.0*
-----------------------------------
_-------_---_I---__-_c_I_
(1) Distribution of tsetse species in africa par W.H. POTTS

-7-
kinétoplaste,
la présence ou l'absence de flagelle mais
nous énumérerons simplement les trypanosomes dont l'ac-
tion pathogène est bien connue dans la maladie naturelle
comme dans l'affection exp&men-tale (exception faite pour
les parasites du porc).
Trypanosomes des bovins
l .
Trypanosoma theileri (1)
LAVURAN 1902
Trypanosoma congolense
BRODEN 1904
*.
Trypanosoma vivax-cuzalboui ZIEMANN 1902
Trypanosoma brucei
BRUCE 1895
Trypanosoma evansi (2)
EVANS 1880
Trypanosomes des ovins et caprins
Trypanosoma mclophagium (‘) ?i?Lu 1908
Trypanosoma congolense
Trypanosoma vivax-cazalboui
Trypanosoma brucei
Trypanosoma evansi (2)
Trypanosomes du porc
En ce qui concerne les trypanosomes du porc9 la
l !
confusion règne sur leur affiliation ou leur spécificité.
Il y aurait deux espèces de trypanosomes chez le
6 .
porc, également pL:thogènes.
TrypL:nosoma s:imiae
BRUCE et coll. 1912
(groupe T.congolense ?>
Trypanosoma suis
OCHNKNN 1905
(groupe T.brucei ?)
PuTHOLOGIB -
Elle est extr&mement complexe et varie suivant
l'espéce de trypanosome infestant et la souche, la rL%ce
(1
peu ou pas pathogène
(2 1 exceptionnel

-8-
(bovins en particulier), les individus .eO
Bovins -
---mm-
Les signes géneraux sont sensiblement les memes
avec les divers trypanosomes : fièvre plus ou moins éle-
véeP plus ou moins régulière, amaigrissement, poil piqué,
anémio, 12rmoiement, p étechies et oedèmes (inconstants),
opacité de la cornée (inconstante).
CI,
Les formes aiguës sont surtout observées avec
l'infestation
à T,congolense ; T.vivax-cazalboui et
.
T,brucei donnant une affection généralement chronique.
Mais la variabilité de virulence des souches est
très grande. DG m&me la réceptité des races : les bovins
sans bosse NIdama?
do la Guinée française, sont réputes
trypano-tolérants {expression préférable à celle de try-
pano-résistants) ce qui leur permet de vivre dans les
régions 2~ glossines.
Mais cette tolérance, en réalité une premunition,
n'est que relative.
Il est des infestations B trypanosomes comme des
infestations â piroplasmes, l'équilibre organique peut
être rompu dans les mêmes conditions : sous-alimentation,
maladies intercurrentes, fatigue consécutive 2~ de longs
déplacements (exportz~tion des animaux sur pied etc.,.)
l .
Les conséquences pathologiques sont également
superposables : maigreur, anémie, suppression de la secré-
l .
tion lactée, décheance organique, mortalité plus ou moins
élevée.
Et mÊme lorsque l'infestation
est tolerée, elle
n'est pas sans nuire â l'état géneral du sujet.
Ovins et caprins -
----------------
La chronicité est frequente pour les trypanosomes
des moutons et chèvres. Et les signes cliniques diffèrent
peu de ceux notes chez les bovins,

-9-
Porcins -
----m--
La trypanosomose du porc peut être aiguë OU
chronique. Llevolution, dans le premier cas, est rapide o
hyperthcrmie, congestion, dyspnée, et mort en quelques
jours.
Les formes chroniques sont les plus fréquentes :
la fi&re est inconstante, les animaux maigrissent, les
truies avortent, l'a&mie stinstalle puis la parésie.
.&a
La mort survient dans le marasme.
De nombreux élevages sont ainsi décimes et la
. .
Guinée française trouve en cette affection un des prin-
cipaux obstacles à, l'élevage du porc.
Qu'il s'agisse de piroplasmoses, de trypanosomo-
ses ou de tout autre infestation à hématozoaires, l'exa-
men du sang permet seul d'assurer un diagnostic, souvent
incertain. Et le réflexe du praticien qui, systématique-
ment, fait un prélèvement de sang, quels que soient les
signes cliniques, est le fruit d'une longue expérience :
tout animal malade en Afrique tropicale doit être soup-
conné de parasitisme, essentiel ou secondaire.
CARENCE FROTIDIQUE DES I?OPULATIONS HUMAINES
. .
La carence protidique des populations humaines
des régions tropicales et sub-tropicales est connue de
l ,
longue d&te et a été évoquée sous ses divers aspects à
la C!onférence Interafricaine sur 1lAlimentation
et la
Nutrition de DSCWNG (1949).
A cette Réunion, l'accord est unanime sur l'in-
suffisance des apports en protéines. Les belges déclarent
qu'en ce qui concerne lllléquilibre du régime alimentaire,
la carence proteique est un des facteurs dominants. Mal-
gré le caractére aléatoire des évaluations que l'on peut
faire quant à la situation alimentaire d'ensemble de la
Colonie, il paraît certain que l~approvisionnument
moyen
en proteine ankmale par habitant est à, coup sQr inférieur
à 5 grammes par jour".
.o. / . . .

- 10 -
A ce déficit protidique, il faut ajouter la
pauvreté en matières grasses du régime alimentaire des
africains, 1'insuf:fisance en Ca et 1 . . .
Les representants des territoires de la Gold
Coast? du Nigéria, de l'Ouganda, et des autres pays
africains confirment ces données de base.
Le delégué de 1lU.O.F.
insiste sur la diversité
des régions de la Fédération (sub-desertiques,
sahélien-
8%
nes, de savanes, forestières . ..>. sur l'influence du
mode de vie des populations, des croyances9 des interfits
.
alimentaires.
Au Cameroun, cette carence protidique est égale-
ment perceptible et varie du nord au sud. Le nord, de
climat soudanais, dont l'élevage est très florissant,
a des possibilités protéiques convenables ; par contre
le sud, largement approvisionné en plantes feculentes
(tubercules et rhizomes), ne possède comme ressources
en viande qu'un petit élevage familial (quelques volail-
les et cabris).
J3n somme, le nord a une alimentation en glucides,
lipides et protides (végétaux et animaux) correcte, le
sud, inversement, a une consommation en glucides excessi-
ve suffisante en lipides, insuffisante *en protides.
Les zones de savane ont une alimentation interme-
, .
diaire,
superposable à leur situation géographique.
PILLE (1954) ré sume de façon extrgmement nette
. .
nos connaissances sur l'alimentation outre-mer.
Dc! quel ordre de grandeur est la carence proti-
dique ? Il est plus facile de constater les effets de cet-
te carence que de fournir des précisions chiffrées. Un
essai a été cependant tente par les Belges à lloccasion
de l'établissement du Plan décennal d'équipement.
La population du Congo Belge étant de II millions
d'habitants du poids moyen de 40 kgs, les protéines néces-
saires par an seraient 0
40 x 11 x 365 = 160.600 tonnes
dont 1/4 en protéines animales :
= 40.000 tonnes.

- II -
Or, les calculs, basés sur la consommation de
viande d'élevage, de viande de chasse, de poisson frais
et seché,
de bestioles diverses (chenilles, termites,
petits mammifères, oiseaux, reptiles . ..>. font ressor-
tir un disponible global de 18.500 tonnes de protéines
animales.
Le déficit reste donc important.
Pour les territoires fransais, sous une forme
d.
simplifiée, on a essayé de determiner le disponible en
viande d'élevage (y compris volailles) par habitant et
1 1
par an (FEUNTEUN 1949).
Il serait :
Pour 1'A.0.FS9
le chiffre a été modifié en 1953.
Le tonnage de viande estime 9 qui était de 83m~1 tonnes
par an, est passé it 109.500 tonnes soit 6,4 kgs par ha-
bitant. (La population étant de 1'7 millions d'habitants).
Comparativement : la Gold Coast consommerait 2,5 kgs,
le Congo Belge, 0,9 kg.
Il faut souligner que ddns le chiffre de 6,$ kgs
de viande par habitant pour l'A.O.F., n'est pas comprise
la consommation de poisson9 importante dans certaines
*
I
regions, de viande de chasse, et divers (sauterelles,
termites etc.,.)
.
*
Il n'est pas non plus fait ktat des apports en
lait et beurre fixes très approximativement, à :
A,O.F.
Lait, laitages .00.~~O~0O
80.000 tonnes
Bourre .aOOOOOOOOaOOO.OOD
800 tonnes
A,E.F.
Lait, laitages .O.DDOOO.. 50.000 tonnes
Beurre ..000D.0DOe0*S6a..
500 tonnes
CAMEROUN
Lait, laitages .0000.0.0. 10.000 tonnes
Beurre .sOe..eO.eSOOOOO,.
100 tonnes
/
l eO . . .

- 12 -
Mais, à notre avis, ces quantités, faibles, ne jouent
qu'un rôle modeste dans l'alimentation des africains.
Il est évident qu'aucun auteur n'a la prétention
de détenir la verité. Il ne s'agit que d'approximations
sur lesquelles il serait trop facile d'épiloguer.
Il est certain par ailleurs que toute moyenne
donne une vue assez fausse du problème. Il y a de très
grandes différences suivant les zones9 beaucoup plus
fortes que dans la Métro;lole,
**
Il est indéniable en tout cas que l'Afrique est
loin des taux de consommation en viande d'autres pays
L .
(France = 54,2 kgs).
MANIFESTATION DE Lu CARENCE PROTIDIQUE
Chez l'adulte, les signes de carence protidique
ne sont pas univoques.
Bien des manifestations enregistrées appartien-
nent aussi bien à la SOU~,-alimentation qu'à la malnutri-
tion : croissance retardée, apathie, moindre résistance
aux agressions morbides, paucinattilité etc...
PILLE souligne qu'en Afrique les oedèmes par
hyponutrition chez l'adulte sont plus rarement observés
qu'en Asie.
. l
Le problème est différent chez l'enfant, en pé-
riode de sevrage.
a ,
Chez ce dernier apparaît fréqucmmant le syndrome
appelé kwashiorkor.
BROCH et AUTRET (1952) ont essayé de condenser
les divers éléments qui peuvent être intégres ou ont été
intégrés sous cette dénomination.
Il paraît indiqué de citer ces auteurs :
IV Nous admettons qu'à l'heure actuelle le syndrome
ne peut être exactemont défini et qu'il a des points com-
muns avec d'autres syndromes nutritionnels, tels que
l'athrepsie et la dystrophie des farineux (Mehlnahrschaden),
mais nous estimons que sa frequcnce et son importance
..*
/.Q.

- 13 -
justifient la définition suivante :
Un syndrome (ou des syndromes) nutritionnel ren-
contré chez les africains et caractérise pdr :
a) un retard de la croissance chez l'enfant & la
fin de la période de l'alimentation au sein, pendant et
après le sevrage, avec
b) altérations de la pigmentation de la peau et des
cheveux,
c) oedème,
a.
d) infiltration graisseuse, nécrose cellulaire ou
fibrose du foie,
. ”
e) une mortalité élevée en l'absence d'un traitement
diététique approprié,
f) association fréquente de différentes dermatoses.
Le syndrome a certains caractères fondamentaux et
d'autres qui sont si fréquents qu'ils sont dominants, si-
non fondamentaux. Ces caractères sont :
10) Retard de la croissance à la fin de la période
de l'alimentation au sein 9 pendant et après le sevrage. Ce
caractère est fondamental mais, bien entendu, appartient
également à d'autres états, tels que la sous-nutrition
(manque de calories), l'athrepsie, et l'atrophie, qui ne
sauraient être compris sous le nom de kwashiorkor.
2) Dyspigmentation des cheveux et, à un moindre de-
gré, dd la peau. Ce caractère, qui sera discuté en détail,
c .
doit être soigneusement défini. La dyspigmentation est
souvent légère, et pdrfois inexistante.
l .
3) Oedème genéralement associé à l'hypoalbuminémie.
4) Altérations du foie, comprenant un ou plusieurs
des caractères suivants : infiltration graisseuse, necrose
et fibrose.
5) Mortalité élevêe lorsque le syndrome n'est pas trai-
té ou est traité incorrectement.
6) Uno gamme de dermatoses nutritionnelles variées,
mais qui peuvent e-tre absentes.
7) Troubles gastro-intestinaux divers, comprenant
un ou plusieurs des signes suivants : anorexie, embarras
gastrique, diarrhée, légère stéatorrhée,

- 14 -
8) Apathie mentale et irritabilité,,
9) Anémie normocytique legère ou faiblement macro-
cytique. En general,
l'anémie n'est sévère que si elle
se complique d'infestation parasitaire. Sous l'influence
des pertes chroniques de sang9 principalement dans l'an-
kylostomiase,
elle peut devenir hypochromique.
10) Atrophie des acini du pancréas, entraînant une
réduction de l'activite enzymatique du contenu duodénaltl.
INFLUENCE DPS HEM.ATO%OOSES ANIlVïïLES
SUR 1;~ CARENCE PROTIDIQUE DES POPULATIONS HUMiINES
On pourrait concevoir a priori que les hématozooses
animales interviennent indirectement ddns l'alimentation
humaine au même ti-tre que les autres affections animales :
en diminuant la quantite de viande, lait etc . . . dispo-
nible.
En réalité
e:Lles ont une action plus etendue et ce
9
pour diverses raisons :
a) elles sont beaucoup plus répandues
b) elles affectent souvent une forme latente qui
"fragiliset8
l'organisme animal de façon quasi-permanente
tout en diminuant ses capacités productives.
Quelle est tout d'abord leur action sur l'élevage ?
1") Elles interdisent l'élevage bovin dans de nom-
breuses zones, en particulier dans celles où la densité
des tsé-tses est telle que m$me les animaux trypano-tolé-
rants ne peuvent y séjourner*
20) Elles amènent souvent une péjoration de l'éle-
vage autochtone, surtout dans les regions de type guinéen
ou forestier : croissance retardée des animaux, avortements,
stérilité, productïon lactée insuffisante (nous faisons la
part évidemment de la sous-alimentation frequente).
Il est en tout cas certain que les races améliorées
importées sont incapables de se maintenir et encore moins
de prospérer dans une grande partie de l'Afrique au sud du
Sahara.

- 15 -
30) Elles privent l'homme de quantités énormes
de viande et de lait.
40) Elles soustraient à l'agriculture des tonna-
ges importants de :fumier, nécessàirti aux cultures pour
l'alimentation humaine.
5O) Enfin l.es journées de travail qu'on pourrait
obtenir des animaux (pour la traction : charrois' labou-
rage) et permettraient d'augmenter les étendues cultura-
les sont très faibles, d'autant que la période des travaux
9.
des champs cokcide souvent avec celle de la disette ali-
mentaire annuelle qui réduit leur potentiel : un effort
. I
tant soit peu prolongé provoque des sorties hémoparasi-
taires, pczrfois fatalcs o-t toujours asthéniantes,
Il n'est pas possible de donner des chiffres m%me
approximatifs des pertes directes ou indirectes consécuti-
ves aux hématozooses. Elles sont, à notre avis, extrême-
ment importantes, et conditionnent pour uno grande part
l'avenir de l'élevage en Afrique,
MJGI'LZNTATION DE LH PRODUCTION AZOTEE
D'ORIGINE ANIMADE
Il n'est évidemment pas d'autre remède à la caren-
* t
ce protidique que d'augmenter la production azotée.
Les populations africaines, dev;znt la pauvret6 de
a .
leurs ressources protidiques, ont le réflexe alimentaire
consistant à compléter leur nourriture habituelle.
c'est ainsi qu'elles consomment de la viande de
ckasseg
des bestioles diverses (chenilles, termites, sau-
terelles), des oiseaux' des rongeurs, des reptiles .*.
Le chien de "boucherie" lui-meme est largement
exploité. En AoO.Fo par exemple, il est consommé en cer-
taines régions de Haute Volta,
du Soudan méridional, du
Sénégal (Casamance), dc Côte d'ivoire etc .QO On a voulu
voir dans ces sacrifices des rites fétêchistes mais il
est bien certain que l'insuffisance azotée fut le point
de départ de sembkbles pratiques qui n'existent, souli-
gnons le, que ddns les zones où l'élevage est médiocre.
../*..

- 16 -
Si l'on pouvait additionner le tonnage des ali-
ments protidiques "non classiqucstt consommés par les au-
tochtones, on slapercevrait qu'il n'est pus négligeable.
BODENHEIMER (1951) donne d'ailleurs dans son ou-
vrage I'Insects as human foodl', des renseignements fort
intéressants sur llcntomophegie
et la valeur nutritive
élevée de certains; d'entre eux,
Nous n'avons p.~s tonté d'obtenir pour 1'A.O.F.
mêmti une approximation, nos bases de calcul étant vrai-
ment trop fragiles. luis, au Congo Belge, ce travail a
eté effectué
: le chiffre global indiqué pour la consom-
mation des bostioks est fixe a 30.000 tonnes, représen-
tant 22.500 tonnes d'aliments consommables soit 4.500 ton-
nes de proteinas (base de calcul : 20 $ de protéines),
Mais on ne peut évidemment concevoir l'avenir de
l'Afrique sur de semblables ttmenusll.
Bc~ucoup plus intéressante tist la consommation de
poisson : poisson d'eau douce frais ou séché, poisson de
mer frais ou sale séche ou fumé. La chair du poisson
(TEREOINE 1936) présente en effet une v,zleur d'utilisation
digestive égale à colle de la viande.
JACQUOT et CRBAC'H montrent qu'il n'existe, au
point de vue Lmino-acide,
aucune différence significative
entre poisson ot vknde.
Toujours eu Congo-Belge, le tonnage de poisson
consommé ost ostir& à :
30.000 tonnes do poisson frais
10.500 tonnes de poisson sec
Il nous a été impossible de réunir pour 1'A.O.P.
une documentation
suffisamment complète. On peut avancer
cependant quo lu consommation en poisson frais d'eau douce
est superieure à 50.000 tonnes, celle de poisson frais de
mer depasse 25.000 tonnes.
Il n'est pas notre propos aujourd'hui d'indiquer
les mesures propres à developper la pêche maritime et flu-
viale pour accroître le disponible azoté.
Par conire,
il nous appartient d'énoncer un program-
me succinct, sans avoir trop d'illusions sur les possibili-
tés de réalisation prochaine, de protection du cheptel bovir
/

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et porcin contre lLs hématozooses pour préserver et aug-
mentor cette ressource azotée primordiale.
Il pourr.<it s'exposer en deux points :
1") Amélioration quantitative et qualitative de
l'alimentation
animale et ptirtant des proüuctions animales.
20) Traitement et prophylaxie des hématozooses.
Nous n'insisterons pas sur le premier point qui
soulève des problèmes complexes, sociaux, agricoles, éco-
nomiquos.
Le deuxième est théoriquement plus simple.
Piro-@dsmoses
-
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Lo trtzitoment et la prophylaxie sont9 en Afrique9
d'intér6t mineur, sauf pour quelques animaux de valeur9
importes ou sélectionnés.
La lutte pour uno action de masse, seule efficace
en élevage extensif, doit tendre essentiellement à dé-
truire les arthropodes transmetteurs, les tiques. Et les
moyens les plus couramment employés sont : les bains ou
les pulvérisations insecticides.
TryEanosomoses
-
--- ----------
La destruction ds l'insecte vecteur, la glossine,
est hérissée de difficultés et certains spécialistes fran-
çais l'estime illusoire.
Chez l'homme comme chez l'animal, la chimio-prophy-
laxie (préconisée pczr IXJNOY il y a de nombreuses annees)
est la meilleure arny6.
Il est, en plus, à la disposition des eootechni-
tiens une methode, très efficace, c'est la vulgarisation
des races bovines trypano-tolerantes
dans les zones où les
zébus ne resistent pas. Plusieurs
territoires l'ont ex-
périmentee : le Congo belge, ~'A.E.F,, le Nigéria, avec
d'excellents résultats.
Nos propositions sont surtout valables pour l'éie-
vage du gros et du petit bétail, beaucoup moins pour lvé-
levage porcin.
Cet élevage se heurte à plusieurs difficultés :
1") l'interdit musuLlan (pro parte)
.*. / .a.

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20) la chimie-prophylaxie des trypanosomoses
porcines n'est pas encore au point.
3”) le porc est un concurrent direct de l'homme
pour sa nourriture, et ce dernier ne dispose pas9 la plu-
part du temps, d'excédents alimentaires lui permettant
d'entretenir convenablement un élevage.
Il importe cependant de s'attacher à CG >rob&èmc
dont la solution contribuerait à augmenter sensiblement
les apports azotés.
CONCLUSIONS
Les hématozooses animales, par leur vaste répar-
tition géographique, leur diversité, leur large infesta-
t-ion des différentes espèces animales, leur pathogênéité
et les lllatencess"
qu'elles engendrent, constituent un des
aspects les plus graves de la pùthologie animale.
Par les pertes qu'elles entra9nent aussi bien en
nombre de te-tes do gros et petit bétail, de.porcins, qu'
en productions économiques, elles ont des conséquences
extr&mement graves dont la plus apparente est la carence
protidique des populations humaines.
Cette carence est decelable dans 51. peu près tous
les territoires africain-L> au sud du Sahara et exige que la
prophylaxie des hématozooses reste ou passe au premier
plan de nos préoccupations.
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