INSTITUT D’ELEVAGE ET DE MEDECINE VETERINAIRE DES...
INSTITUT D’ELEVAGE ET DE MEDECINE
VETERINAIRE DES PAYS TROPICAUX
REVUE D’ÉLEVAGE
ET DE
*
MÉDECINE VÉTÉRINAIRE
DES PAYS TROPICAUX
Contrôles trichinoscopiques des viandes
de phacochères au Sénégal
par Ci. VASSILIADES
Tome XXVI (nouvelle série)
No 1 - 1973
VIGOT FRERES, EDITEURS
23, rue de I’Ecole-de-Médecine, Paris-VI”
Rev. Elev. Méd. vét. Pays trop., 1973, 26 (1) : 89-92
Contrôles trichinoscopiques des viandes
de phacochères au Sénégal
par G. VASSILIADES (*)
RESUME
Après 440 analyses trichinoscopiques de viandes de phacocl$res
effectuées au laboratoire d’helminthologie, de 1967 à 1972, on peut estlmer
que le pourcentage d’infestation par Trichinella spiralis des phacochères
sauvages du Sénégal est de l’ordre de 4 p. 100.
La trichinose a été diagnostiquée au Sénégal
res abattus par les chasseurs amateurs, très
pour la première fois par GRETILLAT et
nombreux au Sénégal, et tous friands de jam-
VASSILIADES en 1967 (6) chez le phaco-
bon cru.
chère (Phacochoerus aethiopicus) et le chacal
Le service d’helminthologie du Laboratoire
(Cunis aureus), dans la région du delta du
national de YElevage et de Recherches vétéri-
fleuve Sénégal. Les recherches de ces auteurs
naires de Dakar a pu, dès 1967, organiser une
avaient été orientées dans cette voie à la suite
unité d’analyses trichinoscopiques qui fonction-
d’une petite épidémie en mai 1966, au cours
ne chaque année pendant la saison de chasse,
de laquelle 9 Européens de Dakar furent
de décembre à avril. A la fin de la saison
atteints plus ou moins gravement de cette para-
1971-1972, soit après 6 ans de contrôles, le
sitose (ONDE et CARAYON, 1968) (10). Ces
nombre de phacochères examinés s’élève à 440.
malades avaient consommé du jambon cru
d’un phacochère en provenance de Boundoum.
Nous pensons utile de présenter les résul-
tats complets de toutes ces analyses.
Le Sénégal devenait ainsi le 3” pays africain
au Sud du Sahara où la trichinose était mise
en évidence, après le Kenya (FORRESTER,
PRATIQUE DE L’EXAMEN
NELSON et SANDER, 1961) (2) et la Tanza-
TRICHINOSCOPIQUE
nie (SACHS et TAYLOR, 1966) (11).
L’examen trichinoscopique fait appel à l’uti-
Dès lors, il devenait nécessaire de mettre
lisation de lames porte-objet spéciales (a Tri-
en garde la population du Sénégal contre les
chinae Counting Slides ))). Ces lames sont cons-
risques de contamination de l’homme par con-
tituées de 2 pièces : 1 lame support rectangu-
sommation de viande de phacochère crue ou
laire, en verre épais (23 cm X 5 cm X 0,7 cm),
insuffisamment cuite, ce qui fut fait immédiate-
divisée en 28 cases (2,5 cm X 1 cm), et 1 lame
ment par voie de presse, et d’organiser un con-
couvercle de mêmes dimensions, que l’on peut
trôle systématique de la viande des phacochè-
serrer sur la lame support par un système de
2 vis de serrage.
(*) I.E.M.V.T., Laboratoire national de 1’Elevage
A partir de l’échantillon de viande à analy-
et de Recherches vétérinaires, B.P. 2057, Dakar-Hann,
Sénégal.
ser, dont le poids minimal a été fixé à 300 g,
- 89 -
.‘T
sont effectués des prélèvements musculaires par
RESULTATS
ji
grattage au bistouri, en plusieurs points de
l’échantillon à contrôler. Après hachage, les
Tous les résultats, par année, de 1967 à
prélèvements sont répartis sur la lame support
1972, sont donnés dans les tableaux 1 et II.
jusqu’à la recouvrir complètement, puis étalés
par compression après vissage de la lame supé-
rieure sur la lame support.
COMMENTAIRES
Si la viande est salée (jambon cru en cours
Il ressort de l’analyse des résultats portant
de maturation), on ajoute un peu d’eau aux
sur 6 années de trichinoscopie, que la trichi-
fragments prélevés pour les réhydrater.
nose du phacochère est une zoonose parfaite-
ment établie au Sénégal avec un pourcentage
La lame porte-objet absorbe environ 3 g
d’infestation de l’ordre de 4 p. 300, ce qui,
de viande hachée. Pour chaque échantillon à
du point de vue épidémiologique, peut être
analyser, au moins 6 lames trichinoscopiques
considéré comme une infestation assez impor-
sont examinées à la loupe binoculaire, à un
tante pour constituer un danger permanent.
fort grossissement (objectifs 25 ou SO).
En effet, dans la plupart des pays européens
Les éléments parasitaires recherchés sont les
où la trichinose est considérée comme endémi-
,: ’
kystes trichiniens renfermant des formes lar-
que, les taux d’infestations du porc, principale
vaires infestantes de Trichinella @rulis Owen,
source de contamination en Europe et en Amé-
1835. Ces kystes ont généralement la forme
rique du Nord, sont moins élevés qu’au Sénégal.
d’une navette ou d’un citron et mesurent 450 1~
Par contre, aux U.S.A., les taux d’infestation
à 800 p de long sur 200 à 250 p de large; leur
sont nettement plus forts. Voici à titre d’exem-
paroi est mince et transparente et les pôles sont
ples quelques chiffres indiqués par EUZEBY
souvent coiffés par quelques petits globules
(1961) (1) : « en Allemagne (1954) : 0,003 p.
graisseux. A l’intérieur, la larve, fortement en-
1.000; en Norvège : 0,02 p. 1.000; en Pologne,
roulée sur elle-même, occupe la région centrale
en Roumanie et en Grèce : 0,2 à 0,6 p. 1.000.
du kyste; elle mesure 860 u à 1 mm de long
Aux U.S.A. : 1 à 2 p. 100 chez les animaux
sur 22 à 30 p de large (GRETILLAT et
recevant une nourriture bien cuite; 20 p. 100
VASSILIADES, 1967) (6).
chez ceux nourris de résidus d’abattoirs ou de
déchets alimentaires non cuits ».
Cependant, il convient d’attirer l’attention
sur le fait qu’un processus de calcification plus
Si l’on considère la répartition géographique
ou moins avancé peut rendre le diagnostic plus
des cas positifs au Sénégal, on pourrait être
difficile. En effet, une fois calcifié, le kyste
tenté de localiser cette affection à la région
devient opaque, plus ou moins ovalaire ou sans
du Fleuve. En fait, cela tient probablement à ce
forme caractéristique, granuleux, de couleur
que la région du Fleuve est, au Sénégal, la
jaune brunâtre à marron foncé; à l’intérieur,
zone de prédilection des chasseurs qui trouvent
il est parfois difficile de reconnaître la larve
dans cette région abondance de gibier et un
réduite à un petit filament noir, parfois frag-
terrain de chasse favorable à la réalisation de
menté.
safaris au phacochère. Il est donc normal que
la plupart des phacochères analysés provien-
Néanmoins, la présence d’un seul de ces
nent de cette région et partant, que le nombre
kystes, comme dans le cas où les kystes obser-
de cas positifs y soit le plus élevé.
vés sont encore en bon état, suffit à considérer
la viande comme trichinée et à la déclarer im-
Les recherches sur l’épidémiologie de la tri-
propre à la consommation.
chinose au Sénégal et sur les caractères biolo-
giques de la souche ouest-africaine de Trichi-
Dans la mesure du possible, et notamment
nella spiralis ont donné lieu à de nombreuses
dans les infestations importantes, le nombre de
études [GRETILLAT et VASSILIADES, 1968
kystes par gramme de viande analysée est
a (7), b (8), c (9)], [GRETILLAT et CHE-
compté pour apprécier le degré de l’infestation.
VALLIER, 1969 (4), 1970 (5)1, [GRETIL-
Chez le phacochère, les chiffres varient de
LAT, 1971 (3)] d’où il ressort principalement
1 à 57 kystes au gramme, suivant l’animal et
que le réservoir naturel de cette anthropozoo-
la région anatomique considérée.
nose est constitué par les carnivores sauvages
- 90 -
TABLEAU No I
1968
1969
1970
1971
1972
Regions d'origine
-
-
-
-
- - - - - -
-
-
- -
des phacochères _
+
T
-
+
T
+
T
+
T
T
+
r
-
-
-
-
-
- -
-
- -
-
-
- -
égion du Fleuve
. non précisée
20
0
20 18
0
18
19
0
19
2
0
2
7
5
1
9
145 20
0
20
10
0
10
2
1
0
. Delta
136
. Lac de Guiers
21
1
22 5
1
6
8
0
8
3
0
3
1
2
0
. Boundoum
17
1
18
10
0
10
8
0
8
4
8
0
2
. Ras-Béthio
a
0
a
3
0
3
6
0
6
4
0
. Richard-Tell
4
0
4
2
0
2
2
0
2
4
4
0
. Savoigne
5
1
6
. Djeuss
2
0
2
3
1
4
5
0
5
. Léona
7
7
3
0
3
. KOSSO
c
4
1
2
0
2
. mgana
1
0
1
-
-
- -
- - -
-
-
-
-
-
-
-
tégion du Sine-Saloum
. non pr6cisée
2
0
2 1
0
1
3
1
4
2
0
. Nioro du Rip
1
0
1
2
0
1
0
1
1
0
-
-
- -
- - -
-
-
-
-
-
-
iutres régions
. non précisée
0
6
3
0
0
1
1
0
-
-
- -
- - -
-
-
-
-
-
-
rotaux
18f
10
196 8i5
4
8
4E
2
5(
41
0
411
29
1
3c)
33
1
--
-
- 1
1
-
-
-
-
- -
-
-
Pourcentages annuels
4,0 p.100
0,0p.100
3,3 p.100
d'infestation
5,l p.100
4,4 p.100
2,9
Nombre total de phacochères analysés : 440
Pourcentage général d'infestation : 4,0 p.100
(- : nombre de phacochères à trichinoscopie négative; + : nombre de phacochères à trichinoscopie positive;
T : nombre total de phacochères examinés).
TABLEAU N"I1
Récapitulation
Années
Cas négatifs
Cas positifs
T o t a u x
Pourcentages
d'infestations
1967
186
190
5,l p.100
1968
85
89
4,4
"
1969
48
50
4,0
"
1970
41
41
0,o
"
1971
29
30
3,3
"
1972
33
34
2,9
"
Totaux
422
440
4,0
"
chez qui la souche est particulièrement bien
basé sur la transmission de la trichinose par
adaptée. Le phacochère ne peut être considéré
le porc domestique.
que comme un hôte accidentel, de même que
Cependant, bien que l’infestation naturelle
l’homme. Il s’agit d’un cycle naturel sylvatique
du porc domestique n’ait pas encore été cons-
différent du schéma épidémiologique classique
tatée au Sénégal, il a été possible, en labora-
- 91 -
toire, de réaliser expérimentalement I’infesta-
bon de Bayonne B) ou insuffisamment cuite.
tion du porc par une souche sénégalaise de
Fort heureusement, la population du Sénégal,
Trichinella spiralis. Aussi la trichinose des ani-
à majorité musulmane, par ses habitudes culi-
maux sauvages, au Sénégal, doit-elle être con-
naires et des interdits religieux est à l’abri de
sidérée comme un danger latent devant les
tels accidents (cuisson prolongée des viandes,
risques de dispersion de cette zoonose, dans les
interdiction de consommer du porc et autres
élevages de porcs.
suidés sauvages, etc.).
Pour ce qui concerne la trichinose humaine,
Par contre, les amateurs de safaris, pour la
dont on sait qu’elle est une des affections à
plupart des Européens résidant au Sénégal ou
nématodes les plus graves chez l’homme, puis-
touristes de passage, doivent être mis en garde
que souvent mortelle, l’infestation naturelle du
et protégés contre cette affection qui, si elle
phacochère représente un danger certain du
est relativement rare, n’en demeure pas moins
fait de la consommation de viande crue (« jam-
d’une extrême gravité.
SUMMARY
Survey on trichinosis of wart-hogs in Senegal by trichinoscopy method
In Senegal, from 1967 to 1972, 440 wart-hogs were examinated by
trichinoscopy method. 4 p. 100 of them were found to be infested with
Trichinella spiralis.
RESUMEN
Controles triquinoscopicos de las carnes de facoquerios en Senegal
Después de 440 analisis triquinoscopicos de carnes de facoquerios
efectuados en el laboratorio de helmintologia de Dakar, de 1967 a 1972.
se puede estimar que el porcentaje de infeitacion por frichinella spiralii
de 10s facoquerios salvajes de Senegal es de unos 4 p. 100.
BIBLIOGRAPHIE
1. EUZEBY (J.). Les maladies vermineuses des
Delta du Fleuve Sénégal. C.R. Acad. Sci. Paris,
animaux domestiques et leurs incidences sur la
1967, 264 : 1297-1300.
pathologie humaine. T. 1, fasc. 1, 1961, 473 p.,
7. GRETILLAT (S.) et VASSILIADES (G.). Parti-
Paris, Vigot Frères.
cularités biologiques de la souche ouest-africaine
2 . FORRESTER (A.T.T.), NELSON (G. S.) et
de Triclzinella spiralis (Owen, 1835). Réceptivité
SANDER (G.). The first record of an outbreak
et sensibilité de quelques mammifères domes-
of trichinosis in Africa south of the Sahara.
tiques et sauvages. Rev. Elrv. Méd. vét. Pays
Trans. Rov. Soc. Trou. Med. Hvn.. 1961. 55 (6):
_-_
,
trop., 1968 : 21 (1) : 85-99.
503-513. .
8. GRETILLAT (S.) et VASSILIADES (G.). Ré-
3. GRETILLAT (S.). La. trichinose des animaux
ceptivités comparées du chat et du porc domes-
sauvages en Afrique doit être considérée comme
tiques à la souche ouest-africaine de Trichinella
une zoonose d’avenir. Econ. Méd. anim.. 1971.
12 (2): 113-116.
spiralis. C.R. Acad. Sci. Paris, 1968 b, 266: 1139-
1141.
4. GRETILLAT (S.) et CHEVALIER (J. L.). Récep-
9
tivité du phacochère (Phacochoerus aethiopicus)
’ GRETILLAT (S.) et VASSILIADES (G.). La
à la souche ouest-africaine de Trichinella brulis.
trichinose expérimentale du singe (souche ouest-
C.R. Acad. Sci. Paris, 1969, 269: 2381-2383.
africaine de Trichinella spiralis (Owen, 1835).
5. GRETILLAT (S.) et CHEVALIER (J. L.). Note
Bull. Soc. Path. exot., 1968 c, 61 (2) : 246-251.
préliminaire sur I’épidémiologie de la trichinose
10. ONDE (M.) et CARAYON (A.). Cas dakarois de
des animaux sauvages en Afrique de l’ouest. Bull.
trichinose. Bull. Soc. Méd. Afr. Noire Lgue fr.,
Org. mond. santé, 1970, 43: 749-757.
1968, 13 (2) : 332-336.
6. GRETILLAT (S.) et VASSILIADES (G.). Pré- 11. SACHS (R.) et TAYLOR (A.S.). Trichinosis in
sente de Trichinella spiralis (Owen, 1835) chez
a spotted Hyaena (Crocuta crocuta) of the Seren-
les carnivores et suidés sauvages de la région du
geti. Vet. Rec., 1966, 78: 704.
- 9 2 -
VETERINAIRE DES PAYS TROPICAUX
REVUE D’ÉLEVAGE
ET DE
*
MÉDECINE VÉTÉRINAIRE
DES PAYS TROPICAUX
Contrôles trichinoscopiques des viandes
de phacochères au Sénégal
par Ci. VASSILIADES
Tome XXVI (nouvelle série)
No 1 - 1973
VIGOT FRERES, EDITEURS
23, rue de I’Ecole-de-Médecine, Paris-VI”
Rev. Elev. Méd. vét. Pays trop., 1973, 26 (1) : 89-92
Contrôles trichinoscopiques des viandes
de phacochères au Sénégal
par G. VASSILIADES (*)
RESUME
Après 440 analyses trichinoscopiques de viandes de phacocl$res
effectuées au laboratoire d’helminthologie, de 1967 à 1972, on peut estlmer
que le pourcentage d’infestation par Trichinella spiralis des phacochères
sauvages du Sénégal est de l’ordre de 4 p. 100.
La trichinose a été diagnostiquée au Sénégal
res abattus par les chasseurs amateurs, très
pour la première fois par GRETILLAT et
nombreux au Sénégal, et tous friands de jam-
VASSILIADES en 1967 (6) chez le phaco-
bon cru.
chère (Phacochoerus aethiopicus) et le chacal
Le service d’helminthologie du Laboratoire
(Cunis aureus), dans la région du delta du
national de YElevage et de Recherches vétéri-
fleuve Sénégal. Les recherches de ces auteurs
naires de Dakar a pu, dès 1967, organiser une
avaient été orientées dans cette voie à la suite
unité d’analyses trichinoscopiques qui fonction-
d’une petite épidémie en mai 1966, au cours
ne chaque année pendant la saison de chasse,
de laquelle 9 Européens de Dakar furent
de décembre à avril. A la fin de la saison
atteints plus ou moins gravement de cette para-
1971-1972, soit après 6 ans de contrôles, le
sitose (ONDE et CARAYON, 1968) (10). Ces
nombre de phacochères examinés s’élève à 440.
malades avaient consommé du jambon cru
d’un phacochère en provenance de Boundoum.
Nous pensons utile de présenter les résul-
tats complets de toutes ces analyses.
Le Sénégal devenait ainsi le 3” pays africain
au Sud du Sahara où la trichinose était mise
en évidence, après le Kenya (FORRESTER,
PRATIQUE DE L’EXAMEN
NELSON et SANDER, 1961) (2) et la Tanza-
TRICHINOSCOPIQUE
nie (SACHS et TAYLOR, 1966) (11).
L’examen trichinoscopique fait appel à l’uti-
Dès lors, il devenait nécessaire de mettre
lisation de lames porte-objet spéciales (a Tri-
en garde la population du Sénégal contre les
chinae Counting Slides ))). Ces lames sont cons-
risques de contamination de l’homme par con-
tituées de 2 pièces : 1 lame support rectangu-
sommation de viande de phacochère crue ou
laire, en verre épais (23 cm X 5 cm X 0,7 cm),
insuffisamment cuite, ce qui fut fait immédiate-
divisée en 28 cases (2,5 cm X 1 cm), et 1 lame
ment par voie de presse, et d’organiser un con-
couvercle de mêmes dimensions, que l’on peut
trôle systématique de la viande des phacochè-
serrer sur la lame support par un système de
2 vis de serrage.
(*) I.E.M.V.T., Laboratoire national de 1’Elevage
A partir de l’échantillon de viande à analy-
et de Recherches vétérinaires, B.P. 2057, Dakar-Hann,
Sénégal.
ser, dont le poids minimal a été fixé à 300 g,
- 89 -
.‘T
sont effectués des prélèvements musculaires par
RESULTATS
ji
grattage au bistouri, en plusieurs points de
l’échantillon à contrôler. Après hachage, les
Tous les résultats, par année, de 1967 à
prélèvements sont répartis sur la lame support
1972, sont donnés dans les tableaux 1 et II.
jusqu’à la recouvrir complètement, puis étalés
par compression après vissage de la lame supé-
rieure sur la lame support.
COMMENTAIRES
Si la viande est salée (jambon cru en cours
Il ressort de l’analyse des résultats portant
de maturation), on ajoute un peu d’eau aux
sur 6 années de trichinoscopie, que la trichi-
fragments prélevés pour les réhydrater.
nose du phacochère est une zoonose parfaite-
ment établie au Sénégal avec un pourcentage
La lame porte-objet absorbe environ 3 g
d’infestation de l’ordre de 4 p. 300, ce qui,
de viande hachée. Pour chaque échantillon à
du point de vue épidémiologique, peut être
analyser, au moins 6 lames trichinoscopiques
considéré comme une infestation assez impor-
sont examinées à la loupe binoculaire, à un
tante pour constituer un danger permanent.
fort grossissement (objectifs 25 ou SO).
En effet, dans la plupart des pays européens
Les éléments parasitaires recherchés sont les
où la trichinose est considérée comme endémi-
,: ’
kystes trichiniens renfermant des formes lar-
que, les taux d’infestations du porc, principale
vaires infestantes de Trichinella @rulis Owen,
source de contamination en Europe et en Amé-
1835. Ces kystes ont généralement la forme
rique du Nord, sont moins élevés qu’au Sénégal.
d’une navette ou d’un citron et mesurent 450 1~
Par contre, aux U.S.A., les taux d’infestation
à 800 p de long sur 200 à 250 p de large; leur
sont nettement plus forts. Voici à titre d’exem-
paroi est mince et transparente et les pôles sont
ples quelques chiffres indiqués par EUZEBY
souvent coiffés par quelques petits globules
(1961) (1) : « en Allemagne (1954) : 0,003 p.
graisseux. A l’intérieur, la larve, fortement en-
1.000; en Norvège : 0,02 p. 1.000; en Pologne,
roulée sur elle-même, occupe la région centrale
en Roumanie et en Grèce : 0,2 à 0,6 p. 1.000.
du kyste; elle mesure 860 u à 1 mm de long
Aux U.S.A. : 1 à 2 p. 100 chez les animaux
sur 22 à 30 p de large (GRETILLAT et
recevant une nourriture bien cuite; 20 p. 100
VASSILIADES, 1967) (6).
chez ceux nourris de résidus d’abattoirs ou de
déchets alimentaires non cuits ».
Cependant, il convient d’attirer l’attention
sur le fait qu’un processus de calcification plus
Si l’on considère la répartition géographique
ou moins avancé peut rendre le diagnostic plus
des cas positifs au Sénégal, on pourrait être
difficile. En effet, une fois calcifié, le kyste
tenté de localiser cette affection à la région
devient opaque, plus ou moins ovalaire ou sans
du Fleuve. En fait, cela tient probablement à ce
forme caractéristique, granuleux, de couleur
que la région du Fleuve est, au Sénégal, la
jaune brunâtre à marron foncé; à l’intérieur,
zone de prédilection des chasseurs qui trouvent
il est parfois difficile de reconnaître la larve
dans cette région abondance de gibier et un
réduite à un petit filament noir, parfois frag-
terrain de chasse favorable à la réalisation de
menté.
safaris au phacochère. Il est donc normal que
la plupart des phacochères analysés provien-
Néanmoins, la présence d’un seul de ces
nent de cette région et partant, que le nombre
kystes, comme dans le cas où les kystes obser-
de cas positifs y soit le plus élevé.
vés sont encore en bon état, suffit à considérer
la viande comme trichinée et à la déclarer im-
Les recherches sur l’épidémiologie de la tri-
propre à la consommation.
chinose au Sénégal et sur les caractères biolo-
giques de la souche ouest-africaine de Trichi-
Dans la mesure du possible, et notamment
nella spiralis ont donné lieu à de nombreuses
dans les infestations importantes, le nombre de
études [GRETILLAT et VASSILIADES, 1968
kystes par gramme de viande analysée est
a (7), b (8), c (9)], [GRETILLAT et CHE-
compté pour apprécier le degré de l’infestation.
VALLIER, 1969 (4), 1970 (5)1, [GRETIL-
Chez le phacochère, les chiffres varient de
LAT, 1971 (3)] d’où il ressort principalement
1 à 57 kystes au gramme, suivant l’animal et
que le réservoir naturel de cette anthropozoo-
la région anatomique considérée.
nose est constitué par les carnivores sauvages
- 90 -
TABLEAU No I
1968
1969
1970
1971
1972
Regions d'origine
-
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des phacochères _
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T
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+
T
+
T
+
T
T
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égion du Fleuve
. non précisée
20
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0
18
19
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19
2
0
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5
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0
20
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10
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1
0
. Delta
136
. Lac de Guiers
21
1
22 5
1
6
8
0
8
3
0
3
1
2
0
. Boundoum
17
1
18
10
0
10
8
0
8
4
8
0
2
. Ras-Béthio
a
0
a
3
0
3
6
0
6
4
0
. Richard-Tell
4
0
4
2
0
2
2
0
2
4
4
0
. Savoigne
5
1
6
. Djeuss
2
0
2
3
1
4
5
0
5
. Léona
7
7
3
0
3
. KOSSO
c
4
1
2
0
2
. mgana
1
0
1
-
-
- -
- - -
-
-
-
-
-
-
-
tégion du Sine-Saloum
. non pr6cisée
2
0
2 1
0
1
3
1
4
2
0
. Nioro du Rip
1
0
1
2
0
1
0
1
1
0
-
-
- -
- - -
-
-
-
-
-
-
iutres régions
. non précisée
0
6
3
0
0
1
1
0
-
-
- -
- - -
-
-
-
-
-
-
rotaux
18f
10
196 8i5
4
8
4E
2
5(
41
0
411
29
1
3c)
33
1
--
-
- 1
1
-
-
-
-
- -
-
-
Pourcentages annuels
4,0 p.100
0,0p.100
3,3 p.100
d'infestation
5,l p.100
4,4 p.100
2,9
Nombre total de phacochères analysés : 440
Pourcentage général d'infestation : 4,0 p.100
(- : nombre de phacochères à trichinoscopie négative; + : nombre de phacochères à trichinoscopie positive;
T : nombre total de phacochères examinés).
TABLEAU N"I1
Récapitulation
Années
Cas négatifs
Cas positifs
T o t a u x
Pourcentages
d'infestations
1967
186
190
5,l p.100
1968
85
89
4,4
"
1969
48
50
4,0
"
1970
41
41
0,o
"
1971
29
30
3,3
"
1972
33
34
2,9
"
Totaux
422
440
4,0
"
chez qui la souche est particulièrement bien
basé sur la transmission de la trichinose par
adaptée. Le phacochère ne peut être considéré
le porc domestique.
que comme un hôte accidentel, de même que
Cependant, bien que l’infestation naturelle
l’homme. Il s’agit d’un cycle naturel sylvatique
du porc domestique n’ait pas encore été cons-
différent du schéma épidémiologique classique
tatée au Sénégal, il a été possible, en labora-
- 91 -
toire, de réaliser expérimentalement I’infesta-
bon de Bayonne B) ou insuffisamment cuite.
tion du porc par une souche sénégalaise de
Fort heureusement, la population du Sénégal,
Trichinella spiralis. Aussi la trichinose des ani-
à majorité musulmane, par ses habitudes culi-
maux sauvages, au Sénégal, doit-elle être con-
naires et des interdits religieux est à l’abri de
sidérée comme un danger latent devant les
tels accidents (cuisson prolongée des viandes,
risques de dispersion de cette zoonose, dans les
interdiction de consommer du porc et autres
élevages de porcs.
suidés sauvages, etc.).
Pour ce qui concerne la trichinose humaine,
Par contre, les amateurs de safaris, pour la
dont on sait qu’elle est une des affections à
plupart des Européens résidant au Sénégal ou
nématodes les plus graves chez l’homme, puis-
touristes de passage, doivent être mis en garde
que souvent mortelle, l’infestation naturelle du
et protégés contre cette affection qui, si elle
phacochère représente un danger certain du
est relativement rare, n’en demeure pas moins
fait de la consommation de viande crue (« jam-
d’une extrême gravité.
SUMMARY
Survey on trichinosis of wart-hogs in Senegal by trichinoscopy method
In Senegal, from 1967 to 1972, 440 wart-hogs were examinated by
trichinoscopy method. 4 p. 100 of them were found to be infested with
Trichinella spiralis.
RESUMEN
Controles triquinoscopicos de las carnes de facoquerios en Senegal
Después de 440 analisis triquinoscopicos de carnes de facoquerios
efectuados en el laboratorio de helmintologia de Dakar, de 1967 a 1972.
se puede estimar que el porcentaje de infeitacion por frichinella spiralii
de 10s facoquerios salvajes de Senegal es de unos 4 p. 100.
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