EFFET DE L’INFECTION TRYPANOSOMIENNE SUR LES...
EFFET DE L’INFECTION TRYPANOSOMIENNE SUR LES PERFORMANCES AU TRAVAIL
DU BETAIL NDAMA TRYPANOTOLERANT EN ZONE SUB-HUMIDE DU SENEGAL
THE EFFECT OF TRYPANOSOME INFECTION ON WORK OUTPUT OF NDAMA CATTLE
IN SUB-HUMID ZONE OF SENEGAL.
M T. Seck’ , A Fall’ , A Diaité’
.-
Avec la collaboration technique de A. DIOKOU’ et M. DIENG’
1. Institut Sénégalais de Recherches Agricoles (ISRA), Centre de Recherches Zootechniques de
Kolda
(CRZ/Kolda), BP 53, Kolda - Sénégal. Tel: (223) 996 1 l-52
Fax: (221) 996-l l-52
2. Institut Sénégalais de Recherches Agricoles (ISRA), Laboratoire National d’Elevage et de
Recherches
Vétérinaires (LNERV) de Dakar-Hann, BP 2053, Dakar - Sénégal
Résumé:
SECK (M.T.) ’ , FALL (A.)’ , DIAITE (A) 2 ,DIOKOU (A) ’ , DIENG (M)’ . Effet de l’infection
trypanosomienne sur les performances au travail du bétail Ndama trypanotolérant en zone sub-humide du
Sénégal.
Cette étude avait comme objectif de mesurer l’impact de l’infection trypanosomienne sur les performances
au travail du bétail Nd‘ama trypanotolérant en zone sub-humide du Sénégal. L’étude avait été menée sur huit
bovins Ndama castrés ayant un poids moyen de 288 f S,2 kg et ~tn âge moyen de six (6) ans, Le traitement
appliqué aux animaux expérimentaux consistait à l’état infectieux:
- animaux sains, indemnes d’infection trypanosomienne,
- animaux infectés artificiellement par Trypanosoma congolense (dose infectante = 10” trypslml par
voie intra dermique).
Les animaux étaient dressés individuellement (monoboeuf). Le dispositif expérimental consistait d’abord à
tracter les animaux sains sur un parcours avec une charge équivalente à 12% de leur poids corporel, pendant
cinq (5) heures par jour, ensuite les infecter artificiellement pour le même travail, L’expérience a dure pour

2
chaque traitement quatre (4) semaines avec une période de repos de trois (3) semaines entre les deus
traitements.
L’infection trypanosomienne a eu un effet significatif sur la puissance développée (pu 0,001). la vitesse de
travail @~:0,001), la distance parcourue @h O,OOl), le travail fourni @ 0,U01), le volume du culot de
centrihgation (pc::0,05) et la consommation d’dndropogan gayanus (P*c 0.01). Par contre, l’infection
trypanosomienne n’a pas eu un effet significatif sur la force de traction et le poids des animaux. Les résultats
ont montré que les animaux sains sont plus performants au travail que les animaux trqpanotolérants infectés
par les trypanosomes. Ces résultats suggèrent des recommandations en matière de soins sanitaires et de
prophylaxie trypanosomienne pour améliorer les performances au travail du bétail Ndama trypanotolérant
utilisé pour le trait.
Mots clés: Trypanosomose - Performances au travail - Bétail Ndama tqpanotolérant - 7r~;unnosomo
congolense.
summary:
SECK (M.T.) ’ , FALL (A.)’ , DIAITE (A) ’ , DIOKOU (A) ’ , DIENG (M) ’
. The effect of
trypanosome infection on work output of Ndama cattle in Sub-humid zone of Senegal.
The study described here was initiated to assess the effect of trypanosome infection on work output
of trypanotolerant cattle in Sub-humid zone of Senegal. It was conducted using eight castrated Ndama males
ageing approximately 6 years and weighing approximately 288 + 5.2 kg.
Prior to the experiment a11 eight animals were ascertained well-trained for pulling weights with single
harnessing. They were then divided into 2 groups of 4 cattle each group 1 was artifïcially challenged with
Ttypanosoma congolense, whilst animals of group 2 were left uninfected as for control. The infection was
realised via syringe by subcutaneous injection of a dose of 10’ trypanosomes/animal. Work output of groups
1 and 2 was successively assessed during a 4 week period each. A resting time of 3 weeks separated the two
periods that both groups were successively used. Each animal was to pull a charge representing 12 % of its
body weight during 5 hours daily on a flat area.

The study gave evidence of a significant effect of trypanosome infection on Power (P 0. &Ii), Speed
(P<O.O01), Distance (PGI.OOI), Work (B.O.O01), Packed blood red Ce11 Volume percent (P 0.05) and
feed intake ofAndropogoiz gayanus (~1~0.01). However, no significant effect was found on draught force
and weight of animals. T~US, these results have shown the depriving effect of tqpanosome infection on work
output of trypanotolerant cattle. This suggest recommendations of prophylaxis of trypanosomosis in the
management of draught Ndama cattle in the Sub-humid zone of Senegal.
Kev words: Trypanosomosis - draught animal power - Ndama cattle - Trypanosome congolense.

4
INTRODUCTION
La région de Casamance, située au sud du Sénégal, a adopté la traction animale un peu plus tard par rapport
au reste du pays. Cependant, pendant très longtemps, la traction bovine avec la Ndama a: en effet, été la seule
forme appropriée possible de mécanisation agricole dans ce milieu où la trvpanosomose et d’autres
parasitoses des zones sub-humides empêchaient l’utilisation d’animaux trypanosensibles. Mais, la traction
bovine voit ses applications à la zone sub-humide du Sénégal limitée par un certain nombre de contraintes,
L’infection par les trypanosomes est une de ces contraintes (5). Les bovins trypanotolérants utilisés pour la
traction peuvent devenir vulnérables et pourraient voir leurs performances au travail affectées, En effet, la
trypanotolérance étant relative, elle peut céder dans certaines circonstances lorsque les infections sont
fréquentes et arrivent à déborder les défenses immunitaires de l’animal.
L’effet de la trypanosomose sur les performances au travail reste mal connu. Bien que nous savons que les
animaux infectés soient moins performants que les animaux sains, aucune étude n’a été menée de manière
précise avec des résultats scientifiques. Cependant des études épidémiologiques dans la zone sub-humide du
Sénégal ont montré une incidence mensuelle de la trypanosomose de l’ordre de 7 % pour les animaux utilisés
pour la traction animale (7). L’objectif de cette étude est d’évaluer l’impact de l’infection trypanosomienne
sur les performances au travail des bovins Ndama utilisés pour la traction en vue de définir des mesures
sanitaires à appliquer pour une amélioration des performances au travail de ces animaux de trait.
MATERIELS ET METHODES
1 - Animaux
Huit (8) bovins Ndama trypanotolérants ont été utilisés. Il s’agissait de mâles castrés ayant un poids (P)
moyen de 288 -t 5,2 kg et un âge moyen de six (6) ans. Ces animaux étaient dressés individuellement
(monoboeuf) afin d’éviter lors du test l’effet conjugué des deux animaux si une paire était utilisée.
L’alimentation des animaux était à base d’An&opogon gnyanus comme aliment de lest, et de graine de
coton comme supplément et un complexe minéral et Vitaminé afin de couvrir les besoins d’entretien et de
travail. L’Andropogon est fauché au jour le jour et distribué ad-libitum. La graine de coton est distribuée à
raison de 22 g/kg/P”,75 par animal et par jour. Avant le début des tests, une période d-adaptation de deus

5
semaines avait été observée pour habituer les animaux à la nouvelle ration alimentaire. Le matin, avant le
début des travaux, la graine de coton était distribuée aux animaux. Au retour du travail, l’/lnu’ropogon sewait
d’alimentation jusqu’au lendemain. Chaque jour, les quantités d’aliment distribuées et refusées étaient
mesurées. Les animaux étaient abreuvés matin et soir.
Avant le début des tests, les animaux ont subi un déparasitage interne avec du Tartrate de Morantel
(Exhelmnd 750 mg) à la dose de 7,5 m&g de poids vif, et un déparasitage externe (Bayticol) enpour-on,
puis une mise sous antibiotique (Terramycine Longue Action: oxytétracycline) avant d’être vaccinés contre
les maladies suivantes: péripneumonie contagieuse bovine, pasteurellose bovine, et charbon bactéridien.
Le système d’hamachement des animaux était constitué par les mêmes pièces de harnais que celles décrites
par DRAWER (4) et HOPFEN (8). Elles sont constituées de “jougs simples” , de colliers et de guides.
Cependant, quelques modifications avaient été apportées sur ces pièces pour mieux les adapter aux animaux.
Toutes ces pièces étaient conçues à partir des matériaux locaux: bois, tissus, métal et cordes.
2- Infection des animaux
Le choix de l’espèce de trypanosome était porté sur Trypanosoma congolense. Cinq des huit bovins
expérimentaux ont subi une infection artificielle avec une dose unique de 10’ trypanosomes par ml. Chaque
animal a reçu cette dose répartie en quatre points (0,25 ml par point), deux au niveau de chaque coté de
l’encolure. L’injection s’est faite par voie intra dermique. Avant de procéder à l’infection artificielle des
animaux, ils ont tous été traités à I’Acéturate de Diminazène (Bérénilnd) à la dose de 7 mgkg de poids vif
(solution aqueuse à 7%) en respectant le délai d’élimination du produit.
3- Dispositif expérimental
3-l- Type de travail
Des traîneaux ont été confectionnés pour contenir la charge à tracter lors du travail. Ce travail consistait à
faire déplacer, durant cinq heures, les animaux tractant un traîneau chargé sur un parcours de quatre
kilomètres par des aller et retour. Les traîneau. portaient une masse qui engendrait une force de traction fixée
à 12 % du poids corporel et maintenue constante toute la semaine.
3-2- Traitements

6
Deux types de traitement sont appliqués aux animaux soumis au travail: animaux sains, indemnes de
trypanosomes, et animaux infect& artificiellement par les trypanosomes. Avant le démarrage de l’expérience,
il a été procédé à une phase dite de standardisation pour déterminer la masse à tracter afin d’uniformiser la
force tirée qui était de 12 % du poids corporel. A cet effet, un dynamomètre est utilisé pour mesurer la force
requise pour tirer des charges variables le long du parcours. Ensuite, une régression de la masse tractée sur
la force a été opérée et l’équation suivante a été obtenue:
M ckgJ = 6,34 + 1,72 * Forcetkti
avec M = Masse à tracter
3-2-l- Phase de non infection
Au cours de cette première phase de 4 semaines, tous les animaux sont sains, indemnes de trypanosomoses.
Afin de minimiser les risques d’infection naturelle, des pièges biconiques sont posés tout au long du parcours
pour capturer les glossines. Les huit animaux travaillent cinq jours par semaine, en raison de cinq heures par
jour: de 8 heures à 13 heures 30 minutes, intercalé d’un repos de 30 minutes à 11 heures. Des pesées
hebdomadaires sont organisées, pour corriger la charge tractée par chaque animal.
3-2-2- Phase de repos
Une période de repos de trois semaines était observée, afin de dissiper les effets résiduels du travail accompli
au cours de la première phase, et permettre aux animaux de compenser le poids perdu. Au cours de cette
période, les animaux sont soumis à un travail léger, un jour sur trois, pour éviter la nécessité d’un autre
dressage à la reprise du travail.
3-2-3- Phase d’infection artificielle
Un tirage au sort a été effectué pour sélectionner cinq animaux qui seront infectés artificiellement, les trois
autres servant de témoin. Les animaux ont été infectés trois jours avant le démarrage de cette phase.
3-3- Mesures et observations
Durant les deux phases de travail, les observations et les mesures ont porté sur:
- le prélèvement de sang dans des tubes capillaires tous les jours sur chaque animal pour déterminer la
valeur de l’hématocrite,
- la détermination quotidienne de la parasitémie pour contrôler l’état de santé des animaux vis à vis des

7
trypanosomes par la méthode décrite par MURRAY (1 l),
- le temps mis pour parcourir différentes sections (1000 mètres) du circuit à l’aide d’un chronomètre,
- la distance parcouruequotidiennement par chaque animal,
- les quantités d’aliment offertes et refusées quotidiennement,
- le poids hebdomadaire des animaux, de même que la charge à tracter par animal,
3-4- Analyses de laboratoire
3-4-l- Parasitologie et sérologie
Les animaux utilisés dans cette expérience étaient neufs, indemnes d’infection trypanosomienne à
Trypanosoma congolense au cours de la première phase. Pour ce faire, des prélèvements de sang étaient
effectués sur ces animaux et avaient fait l’objet d’analyses parasitologique et sérologique. L’analyse
parasitologique était faite après centrifugation du sang dans une centrifugeuse micro hématocrite, la présence
éventuelle de trypanosomes est recherchée par examen du “buffv coat” par microscope en contraste de phase
(10). Ces premiers résultats parasitologiques étaient confirmés par une deuxième analyse sérologiquc: test
ELISA/antigène trypanosome (6). Ce test était appliqué aux animaux négatifs lors de l’analyse parasitolo-
gique. Le témoin négatif est constitué par des sérums provenant d’animaux neufs originaires de Dahra (zone
sylvo-pastorale indemne de tsé-tsé et de trypanosomose à Tcongolense). Le choix définitif des animaux de
l’exp&irnentation est basé sur la valeur de la densité optique de leur sérum. Tout animal dont le sérum a une
densité optique égale ou supérieure à la moyenne de la densité optique du sérum des témoins plus deux
écarts-types (M+2sdv) était impropre pour l’expérience à mener.
3-4-2- Bromatologie
Des échantillons d’aliment distribué (Ana’ropogon gayanus) étaient collectés tous les jours et la matière
sèche déterminée. Ces différents échantillons sont bien mélangés et des sous-échantillons collectés pour
déterminer les différents éléments suivants: Neutral Detergent Fibre (NDF), Acid Detergent Fibre (ADF),
Azote (N) , matières minérales (MN), matières cellulosiques et la matière organique (MO).
3-5- Analyses statistiques
La puissance développée, le travail fourni, la vitesse de travail, la force de traction. la distance parcourue, le

8
VCC, la consommation alimentaire et le poids corporel ont été analysés avec le logiciel SAS ( 12) en utilisant
les procédures G.L.M (General Linear Model). Les facteurs inclus dans l’analyse de variante sont les
suivants: le traitement (animal infecté ou non infecté), l’animal niché dans le traitement, la semaine, et
l’interaction entre ces termes.
RESULTATS
l- Effet de l’infection trypanosomienne sur les niveaux de consommation et sur les performances
pondérales
L’ingestion d’aliment (Andropogon gayanus et graine de coton) selon le traitement est présentée dans le
tableau 1. L’infection trypanosomienne n’a pas eu un effet significatif sur la consommation de l’aliment de
supplémentation (graine de coton). Cependant, l’effet du traitement est significatif @ 0.05) pour la
consommation journalière d ‘Andropogon gayanus L’ingestion moyenne d ‘Andropogon gnynnzts est de
54,7 g MS/kg P”,75 chez les animaux infectés, alors qu’elle est de 74,5 g MS/kg Pu*75 chez les animaux sains,
Le tableau II montre que l’évolution du poids des animaux au cours de quatre semaines n’était pas affectée
par le traitement appliqué. Les animaux sains ont maigri en moyenne de 7.95 kg par semaine et les animaux
infectés de 6,76 kg par semaine.
2- Effet de l’infection trypanosomienne sur le volume du culot de centrifugation (VCC) et la
parasitémie
La figure 1 montre l’évolution du VCC au cours des différentes périodes de travail. Les animaux sains
avaient un VCC moyen plus élevé (36,59 f 0,45 *A) que les animaux infectés (30,37 f 0 37 Oh). L’écart du
VCC des animaux sains et des animaux infectés artificiellement (6,22 %) montre un effet significatif
@<0,0.5) de l’infection trypanosomienne sur le volume du culot de centrifugation. Il y a eu une diminution
progressive du VCC au cours du travail, moins importante chez les animaux sains (0.96 % par semaine) par
rapport aux animaux infectés (2,5X % par semaine). Au cours de la phase d’infection, la parasitémie 2+ est
apparue en moyenne au huitième jour après infection. Durant toute cette période. la parasitémie a augmente
sans pour autant dépasser la valeur 5-t.

9
3- Effet de l’infection trypanosomienne sur le travail fourni
L’écart du travail fourni (1809 KJ) entre les animaux sains et les animaux infectés montre un effet significatif
(p<O,OOZ) de l’infection trypanosomienne sur le travail total. La moyenne du travail fourni est plus
importante chez les animaux sains ( 6072 f 69,40 KJ), que chez les animaux infectés ( 4263 f. 8 1.23 KJ)
(P&ure 2). Le travail fourni est fonction de la force de traction et de la distance parcourue. En moyenne, les
animaux sains et les animaux infectés ont parcouru respectivement par jour de cinq heures de travail, une
distance de 185 f 0,21 km et 13,6 f 0,25 km (Tableau III). L’infection trypanosomienne a eu un effet
significatif (pc 0,001) sur la distance parcourue. La force de traction ne diffère pas significativement entre
les animaux sains et les animaux infectes artificiellement. Ces derniers ont développé au cours du travail une
force de traction moyenne de l’ordre de 3 13 -t 0,88 N (Newton), celle des animaux sains étant de 327 + 0,75
N (Tableau III).
4- Effet de l’infection trypanosomienne sur la puissance développée
La puissance développée est fonction de la force de traction et de la vitesse de travail. 11 existe une différence
significative @.0,001) de la vitesse d’avancement ou de travail et de la puissance développée entre les
animaux sains et les animaux infectés artificiellement. Ces derniers ont généré respectivement une puissance
et une vitesse moyennes de 254,O f 2,30 W et 0,80 f 0,007 m/s (Tableau IV). Les animaux sains se sont
déplacés plus rapidement avec une vitesse moyenne de 1,09 f 0,005 m/s et ont généré une puissance plus
élevée de 357,5 f 1,67 W.
DISCUSSIONS
Le choix de l’espèce de trypanosome pour l’infection des animaux a été portée sur Trypanosome congolense.
qui est une espèce très pathogène et virulente. Dans la zone de Kolda, 64,9 % des infections t>panosomien-
nes étaient dues à Zcongolense (5). Pratiquement, toutes les infections par les trypanosomes décelées à
Kolda chez les glossines sont dues aux T. congolense ou 7: vivax. En moyenne, 2,9 % des mouches sont
infectées chaque mois par T.vivax ou Tcongolense. L‘infection due à Tcongolen,se (1.59 %) est plus
fréquente que celle due à Tvivax ( 5).
Les résultats de cette étude indiquent d’une part une influence significative de l’infection trypanosomienne

10
sur les niveaux de consommation d’An&opogon gayanus, et d’autre part un effet non significatif sur 1‘
évolution pondérale des animaux de trait. L’effet de l’infection sur le poids est conforme aux résultats
obtenus par I’ILRAD (9):“ la trypanosomose ne semble pas avoir affaibli le poids, ni le gain de poids chez
les Ndama”. La différence de consommation de 1’Andropogon gayanus (473 gMSikgP0,75/j) entre les
animaux sains et les animaux infectés peut être due d’une part à des facteurs internes propres aux animaux.
et d’autre part à des facteurs externes propres à l’aliment. Les facteurs liés à la qualité du fourrage consommé
peuvent être écartés, car la composition chimique de 1’Andropogon gayanus fauché au jour le jour, n’a pas
présente de différence significative entre les deux phases de l’expérience (Tableau V). Les dernières fauches
ont généré relativement les mêmes valeurs que les premières fauches. Par contre l’état de santé des animaux
aurait probablement joué un rôle prépondérant dans la consommation du fourrage. Les animaux affaiblis
par l’infection trypanosomienne auront tendance à moins consommer que les animaux sains qui ont présenté
les mêmes amplitudes (22 kg) de diminution du poids que ceux infectés. Les animaux ont probablement
utilisé leurs réserves corporelles pour effectuer le travail. Les chutes de poids peuvent probablement relever
de l’effet du travail accompli.
L’hématocrite qui révèle l’anémie, pourrait être un indicateur utile de la trqpanosomose (3). Les résultats
obtenus ont mis en évidence une influence significative (p ‘. QO.5) de l’infection trypanosomienne sur la
valeur de l’hématocrite. Les animaux ont présenté au cours du travail des VCC moyens élevés montrant leur
capacité à résister à l’infection. Ce qui peut probablement être lié aux conditions alimentaires particulières
qu’ils étaient soumis (ration alimentaire riche). Le VCC des animaux infectés par les trypanosomes a diminué
en moyenne de 2,58 % par semaine, comparé à celui des animaux sains (0,96 % par semaine). Ces résultats
différent de ceux obtenus par AGYEMANG (1) dont le VCC du bétail infecté avec des trypanosomes
diminue en moyenne de 4 unités comparés à celui du bétail non infecté (05 unité). Ces écarts peuvent relever
de la différence d’activité menée par les animaux. Le travail en soi, aurait un effet sur l’évolution du VCC,
car même les animaux sains ont montré une diminution de leur VCC au cours du travail. Ces derniers qui ont
néanmoins un VCC plus élevé, ont présenté les meilleures performances au travail. Ces résultats conduisent
aux mêmes conclusions (2): les animaux capables de maintenir leur hématocrite à des niveaux élevés

11
s’avèrent toujours plus productifs que ceux présentant un hématocritc faible.
Le travail fourni est fonction de la force de traction et de la distance parcourue. L’infection trypanosomienne
a eu un effet significatif sur la distance parcourue. Les animaux sains ( 18,s km par jour) ont parcouru une
distance plus longue que les animaux infectés (13,6 km). Cette différence moyenne de distance parcourue (4,9
km par jour) entre les animaux sains et les animaux infectés se traduit par des pertes de surfaces cultivées
ou labourées pour le paysan qui utilise des animaux infectés par des trypanosomes. Contrairement à la
distance, l’infection trypanosomienne n’a pas montré un effet significatif sur la force de traction. La force
fixée équivalente au poids vif de l’animal (non influencé par l’infection trypanosomienne), a été constante
au cours des deux phases du dispositif expérimental. Il apparaît logique que l’infection ait un effet
significatif sur le travail fourni. Les animaux sains ont fourni 6072 KJ et les animaux infectés 4263 KJ.
L’écart du travail (1809 KJ) obtenu en comparant les performances de ces deux types d’animaux correspond
à 30 % et génère un manque à gagner si des animaux infectés sont attelés.
La puissance développée est fonction de la force de traction et de la \\ itesse de travail. Les résultats de cette
étude ont montré que les animaux sains avançaient plus vite (1,09 m/s) que les animaux infectés (0,X0 m/s).
La puissance développée par les animaux sains (357 W) étaient plus élevée que celle développée par les
animaux infectés artificiellement (254 W). Cet écart (103 W) entre ces deux types d’animaux est due à leur
différence de vitesse de déplacement. Il s’en déduit que l’infection tc,panosomienne des bovins Ndama de
trait entraîne une diminution de 29 % de la puissance développée. Cette contre-performance des animaux
infectés peut probablement s’expliquer par une diminution ou un amoindrissement de leur trypanotolérance
due à l’infection trypanosomienne, associée au travail qui peut être un facteur de stress, d‘autant plus que la
trypanotolérance n’est pas absolue.
CONCLUSION
Les résultats obtenus de cette étude ont montré que l’infection des bovins Ndama de trait par Trypanosomn
congolense a eu un effet significatif sur les paramètres suivants: la puissance développée @ 0,001). la
vitesse de travail @~O,OOf), la distance parcourue (@?,001), le travail fourni (p,. O,OOl), le volume du culot
de centrifugation (p=0,05) et la consommation d’hdropogon guymus (p-0.01). Par contre, l’infection ne

1 2
semble pas affecter la force de traction, et le poids des animaux. Ces résultats mettent en évidence les
meilleures performances au travail des animaux sains par rapport aux animaux infectés par les trypanosomes.
Il apparaît ainsi nécessaire de formuler des recommandations en matière de protection sanitaire contre
l’infection trypanosomienne afin d’éviter des contre-performances. Un mois avant le début de l’hivernage.
les animaux de trait sont blanchis à la trypanosomose. L’Acéturate de diminazène (Bérénilnd) qui a une
protection de trois semaines environ peut être utilisé à la dose de 7 mgkg (solution aqueuse à 7 %). Pendant
la période d’hivernage, le Chlorhydrate de Chlorure d’Isométamidium (Trypamidium”“) qui a une protection
en moyenne de quatre mois peut être utilisé à la dose de 0,5 à 1 mgkg de poids vif pour couvrir toute la
période de la campagne.
REMERCIEMENTS
Les auteurs remercient la CEE par l’intermédiaire du Réseau Ouest Africain de la Traction Animale
(ROATA) qui a financé la première phase du projet, I’ILRI qui a financé la deuxième phase, et tous ceux
qui les ont aidés dans la réalisaton de ce travail.
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Tabled Consommation d’Andropogon gayanus et de graine de coton chez les animaux sains et les
limaux infectés
Animaux sains
Animaux infectés
Variables
Semaines
g MSk
g MS/ 100 kg
g MS&
g MS/ 100 kg
0.75/J
PV/J
p” 15/J
PV/J
1”
74,5 f 4,5
1802 f 111,3
59,7 f ?,7
1461 f 92,6
Andropogon
2”
71,l f 3,7
1745 f 92,6
48,0 f 3,7
1199 * 92,6
3”
75,7 f 3,7
1875 rfr 92,6
56,7 f 4,6
1409 * 113,4
4O
76,7 f 3,7
1899 f 92,6
54,4 f 4,6
1360 f 113,4
Moyenne*
74,5 f 2,0
1830 + 48,s
54,7 f 2,l
1357 f 53,s
1”
12,9 f 1,3
313&33,3
16,O f 1,l
389 f 27>7
Graine de coton
2”
14,2 f 1,l
348 f 27,7
15,3 f 1,l
38 1 zt 27,7
3”
14,4 f 1,l
357 f 27,7
18,0 f 1,3
439 rt 33,9
4”
17,5 -I: 1,l
434 f 27,7
16,5 f 1,3
412 * 33,9
Moyenne”
14,s f 0,6
363 f 14,6
16,3 f 0,6
406 f 16,0
Consommation
89,3
2193
71,0
1763
totale de MS
*p<o,o5
ns = non significatif
Tableau II; Evolution du poids des animaux
Variables
Semaines
Animaux sains
Animaux infectés
l0
288 III 5,2
278 zk 5,2
Poids(kg)
2”
275 f 5,2
256 * 5,2
3”
265 + 5,2
261 f 6,0
4”
266 f 5,2
256 i 6,0
Moyenne “’
274 f -2,6
263 f 2,s
ns = non significatif

Tableau 111; Effet de l’infection trypanosomienne sur la distance pacoLUW, et la force de traction.
Variables
Semaines
Animaux sains
Animaux infectés
l0
18,l 0,43
13,s f 0,43
Distance jour (km)
par
2"
19,5 f 0,42
14,O * 0,42
3O
17,8 f 0,43
14,Of 0,52
4O
18,5 f 0,41
12,5* 0,52
Moyenne * * *
18,5 f 0,21
13,6 f 0,25
1”
346k 1,54
329* 1,54
Force(N)
2"
330 -I 1,50
307 f 1,50
3"
319 f 1,54
311+ 1,84
4"
319xt146
305 zt 1,84
Moyenne “’
327 f 0,75
313* 0,88
***p<o,oo1
ns = non significatif
Tableau Iv: Puissance et vitesse moyennes de travail des animaux sains et infectés au COUTS de 4
semaines de travail
Semaine
Vitesse (mis)
Puissance (w)
Animaux sains
Animaux infectés
Animaux sains
Animaux infectés
artificiellement
artificiellement
l0 1,os f 0,o 1
0,84 f 0,Ol
373 *3,36 281 zt 3,95
2"
1,14
f
0,Ol
0,8 1 f 0,Ol
377+3,24
25Oi
3,84
3"
1,08
rt
0,Ol
0,80 f 0,Ol
345
=t3,49
252*4,69
4*
1,05 f 0,Ol
0,75 k 0,Ol
334*3,25
233&4,93
Moyenne*** 1,09 f 0,005
o,ao* 0,007
357 f 1,67 2545 2,30
*** p<O,OOl
Tableau V: Composition chimique de 1 ‘Andropogon gayanzrs au cours de l’expérience.
Composant analysé
Phase de non
Phase de repos
Phase
infection
d’infection
matières sèches (g/kg produit brut)
926
911
908
matières minérales @‘kg matière sèche)
5 5
53
44
matières organiques (gkg matière sèche)
945
947
956
matières cellulosiques @‘kg matière sèche)
388
395
404
matières protéiques (gkg matière sèche)
5 9
8 3
6 0
NDF @/kg matière sèche)
779
776
790
ADF (g/kg matière sèche)
430
464
467

Fiwe 1: Evolution du VCC chez les animaux sains et infectés
35
semaine1
semaine 2
semaine 3
semaine 4
période
.--* --
animaux sains
d-
animaux infectés

Figure 2: Variation du travail fourni au cours de 4 semaines
3000 + -. -
1
semaine 1
semaine 2
semaine 3
semaine 4
période
- - a - -
animaux sains
- - -
animaux infectés